#461 - Sébastien Bazin - PDG du groupe Accor - Diriger un groupe coté en bourse sans ordinateur
Apr 6, 2025
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Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor, dévoile son parcours impressionnant, passant de veilleur de nuit à leader d'un géant hôtelier. Il partage ses réflexions sur la confiance en soi nécessaire pour diriger, et aborde des enjeux majeurs du secteur, comme le turnover et l'intégration des jeunes. Bazin évoque aussi les différences culturelles liées aux pourboires et l'importance de l'innovation dans un monde post-Covid. Enfin, il souligne la nécessité d'équité dans la rémunération et l'impact des crises sur la dynamique du leadership.
Sébastien Bazin évoque son parcours professionnel varié avant de diriger Accor, illustrant une riche expérience dans divers secteurs.
La transition d'Accor vers un modèle 'Asset Light' reflète une stratégie visant à libérer des ressources pour améliorer l'expérience client.
Bazin souligne la culture d'entreprise d'Accor, qui valorise le respect des employés et intègre des personnes issues de milieux divers.
La vision de croissance à long terme d'Accor repose sur le développement durable et l'expansion vers de nouveaux marchés.
L'importance de l'intelligence émotionnelle dans la prise de décision est un aspect central du leadership selon Bazin, favorisant un climat de communication.
Deep dives
Le rôle de Sébastien Bazin chez Accor
Sébastien Bazin, en tant que PDG d'Accor, souligne la facilité de son rôle comparé à celui d'un petit entrepreneur. Il évoque la vaste structure d'Accor, qui comptabilise environ 6 000 hôtels et 12 000 restaurants à travers le monde, servant chaque nuit des millions de clients. Son approche rassure également, proposant un cadre de management transparent et un désir constant de réinvention, crucial pour la survie d'une grande entreprise face à des défis émergents. Se sentant à la fois comme un bâtisseur et un architecte de son entreprise, Bazin s'engage à diriger Accor à l'avenir en capitalisant sur les forces du groupe tout en s'adaptant aux attentes du marché.
Une confiance en soi inébranlable
Bazin partage sa perception de la confiance en soi, soulignant la difficulté de discerner entre la confiance et l'arrogance aux yeux des autres. Il met en avant son histoire personnelle qui participe à cette confiance inébranlable, affirmant que tant qu'il reste humble, il est capable d'inspirer calme et respect. Tout en restant conscient de ses faiblesses, il déclare qu'il n'a pas la peur du stress et se considère comme un passionné d'ambition, évoluant autour d'un leadership partagé et d'une forte envie de bâtir. Cette autonomie personnelle et professionnelle lui permet de voir les défis comme des opportunités plutôt que comme des obstacles.
La stratégie Asset Light d'Accor
Bazin explique la transition d'Accor vers un modèle 'Asset Light', où l'entreprise se concentre sur la gestion d'hôtels plutôt que sur la propriété immobilière. Ce changement stratégique a permis à Accor de libérer des ressources financières qui peuvent être réinvesties dans l’amélioration de l’expérience client et des technologies. En vendant les murs et en évitant les lourdes dépenses d’entretien, la direction a rendu l’entreprise plus agile et adaptable aux fluctuations du marché. Ce processus de simplification est perçu comme vital pour la croissance future d'Accor dans un environnement de compétition accrue.
Le parcours ecclésiastique de Bazin dans le monde du football
Avant de rejoindre Accor, Bazin a eu une expérience mémorable en tant que stagiaire au Paris Saint-Germain, une période qu'il décrit comme passionnante mais complexe. Avec le recul, il reconnaît qu'il a sous-estimé la charge et la responsabilité que ce rôle impliquait, souvent perçu comme une aventure excitante. Il se remémore les défis rencontrés, tels que la pression médiatique constante et l'attente des performances des joueurs, qui allaient au-delà de ses prévisions initiales. Cette expérience lui a forgé une carapace et a élargi sa compréhension du secteur, tout en lui permettant de réaliser son amour pour le sport.
Le rôle des collaborateurs chez Accor
La culture d'entreprise d'Accor repose sur le respect et la valorisation des employés, avec une attention particulière accordée aux recrutements et formations. Bazin met en avant le fait que 70% des 120 000 nouvelles recrues chaque année n'ont pas de diplôme secondaire, soulignant ainsi l'opportunité offerte à des individus issus de milieux divers. L'accent est mis sur le développement de la confiance en soi des employés, avec un fort engagement à leur enseigner des métiers divers au sein de l'hôtellerie. Cette approche permet à Accor de soutenir les communautés locales et de renforcer sa propre base opérationnelle.
La stratégie de croissance d'Accor
Bazin met en avant une vision de croissance à long terme pour Accor, fondée sur plusieurs piliers : le démographique, l'émergence de la classe moyenne, et l'expansion de l'infrastructure internationale. Il note que l'hôtellerie est un secteur essentiel qui contribue à l'économie mondiale et qu'Accor est bien positionné pour profiter de cette tendance. En inscrivant son développement dans le cadre d'une hospitalité responsable, il vise à créer une entreprise durable qui peut offrir des expériences mémorables aux clients tout en respectant les employés et les partenaires. Cela représente une opportunité d'expansion significative sur de nouveaux marchés et régions.
L'importance de l'intelligence émotionnelle en leadership
Bazin évoque l'importance de l'intelligence émotionnelle dans la prise de décision, reliant son instinct à sa capacité à réfléchir de manière analytique et émotionnelle. Selon lui, le succès d'un leader ne repose pas uniquement sur la rationalité, mais aussi sur la façon dont il perçoit et gère les émotions de ses collaborateurs. Cette approche lui permet de valoriser les relations humaines dans un environnement souvent difficile, tout en prenant des décisions éclairées. En intégrant cette intelligence dans sa gestion quotidienne, Bazin crée un climat de travail où la communication est essentielle et où chacun se sent entendu.
La majorité contre la minorité dans le CAC 40
Bazin souligne que la culture du CAC 40 est souvent marquée par des conflits d'intérêts au sein de divers actionnaires et managers, soulignant la complexité des décisions prises au sein d'un grand groupe. Il promeut l'idée qu'une bonne gouvernance repose sur la transparence et la communication franche, tant entre les équipes qu'avec le conseil d'administration. De plus, il estime que le respect et l'écoute des employés sont essentiels pour naviguer à travers des défis sociaux ou politiques. En abordant ces enjeux avec ouverture et adaptabilité, il aspire à créer un milieu de travail harmonieux.
Réflexion sur l'avenir
Bazin conclut sur son désir d'un départ planifié de son rôle de leader avec la volonté de laisser derrière lui une organisation solide et résiliente. Interviewé sur son futur et ses aspirations, il exprime son ambition d'explorer de nouveaux horizons après son mandat chez Accor. La perspective d'une nouvelle aventure, après avoir atteint certains objectifs, lui semble excitante, même s'il admet l'importance de respecter les équipes qui ont contribué au succès d'Accor. Cette projection vers l'avenir témoigne d'un désir de croissance personnelle, même en dehors d'un cadre professionnel.
Cet épisode est le premier d’une série avec des patrons de sociétés du CAC 40.
Sur GDIY nous recevons habituellement uniquement des personnes qui se sont lancées par elles-mêmes : des entrepreneurs, artistes, sportifs…
Dans cette série, j’ai pour ambition de découvrir et comprendre comment s’opèrent de tels mastodontes depuis l’intérieur, sur du temps long. Au-delà des éléments de langage, au-delà de la politique, au-delà des clichés.
Pendant ses études, Sébastien Bazin est veilleur de nuit dans un petit hôtel parisien. Il observe les arrivées tardives, prépare des club-sandwichs, veille aux départs matinaux. Un premier contact avec l’hôtellerie, qu’il s’impose sans réel besoin financier, par simple soif d’aventure.
C’est sûrement cette soif qui le définit le mieux.
Celle qui le poussera à multiplier les casquettes avant d’arriver à la tête d’un géant du CAC40. Broker à Wall Street, directeur de banque d’investissement, président du Paris Saint-Germain.. 8 métiers qui ont forgé une carrière prestigieuse mais aussi une forte personnalité.
Brillant pour certains, glaçant pour d'autres, son exigence est parfois peu confortable pour ses collaborateurs.
Il l’admet lui-même :
“J'ai une confiance en moi qui est presque inébranlable, donc ça fout la trouille à tout le monde.”
Aujourd’hui, il dirige Accor, premier groupe hôtelier mondial hors États-Unis et Chine. 6 000 hôtels et 12 000 restaurants qui emploient au total 350 000 personnes dans 120 pays différents.
En 10 ans, il a transformé le groupe avec un pari risqué : se séparer de 180 milliards d’actifs immobiliers pour se concentrer sur l’exploitation des établissements.
Un virage à 180 degrés vers une stratégie “asset light” sans laquelle le groupe n’aurait pas survécu au Covid.
Malgré une croissance stable de 200 nouveaux établissements par an, Accor doit sans cesse se réinventer, diversifier ses activités, pérenniser sa cotation en bourse, faire de la croissance externe…
Un échange passionnant et à bâtons rompus qui nous plonge dans l'univers merveilleux (et impitoyable) de l'hôtellerie à très grande échelle :
Comment gérer 120 000 recrutements par an
Booking, Airbnb : comment sortir vainqueur de la bataille qui bouleverse l’hôtellerie
Pourquoi toujours écouter son instinct avant son cerveau
Les difficultés à se réinventer pour une multinationale de la taille d’Accor
Pourquoi avoir un ancien Président de la République dans son conseil d’administration
Découvrez une discussion sincère, sans détour, avec un homme avant tout guidé par son instinct.
TIMELINE:
00:03:00 : un passage “violent” à la direction du PSG
00:18:49 : comment maintenir une culture d’excellence quand on a 120 000 recrues par an
00:31:01 : le pari qui a sauvé Accor pendant le Covid
00:43:40 : multiplier son panel de marques par 3 en 10 ans
00:55:50 : 120 pays mais un seul tronc commun
01:02:35 : le paradoxe entre celui qui paye et celui qui sert
01:14:12 : les difficultés qu’ont les grands groupes à se réinventer
01:19:21 : les facteurs clé de succès en hôtellerie
01:22:46 : ce que AirBnb et Booking ont changé pour toujours
01:35:22 : écouter son instinct, peu importe l’enjeu
01:41:33 : diriger sans ordinateur
01:50:44 : tenir la barre même à travers la tempête
01:58:24 : masterclass de leadership
02:07:16 : “j’ai hâte de ne plus appartenir aux autres”
