

Le goût de M
Le Monde
Qu'est-ce qu'avoir du goût ? Qui a bon goût, mauvais goût ? Le goût est-il un héritage, le produit d'une éducation, le signe d'une appartenance sociale ? Ou au contraire, le fruit d'une construction personnelle, une mise en scène de soi ? Comment devient-il, au final, inséparable de ce que nous sommes ?Chaque vendredi, "Le goût de M" part à la rencontre d'une personnalité issue du monde de la culture, de la mode, du design ou de la cuisine, et lui demande de raconter son histoire personnelle du goût. Comment elle l'a constitué, en continuité ou en rupture avec son milieu d'origine, comment il a évolué au cours de sa vie, de ses rencontres, de ses expériences, du goût de l'époque aussi."Le goût de M" est le podcast de M, le magazine du Monde, produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal)Préparé avec l'aide de Diane Lisarelli et Imène BenlachtarRéalisation : Guillaume Girault et Emmanuel BauxMusique : Gotan Project" Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Episodes
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Oct 30, 2025 • 46min
#163 Rebecca Marder, actrice : « C’était inouï d’entrer à la Comédie-Française à 20 ans, après seulement un an d’école »
 C’est l’un des nouveaux visages du théâtre et du cinéma français. Ancienne prodige de la Comédie-Française, qu’elle intègre en 2015 à 20 ans, elle ne tarde pas à être courtisée par le cinéma, qui raffole de son ardeur, de son magnétisme et de son énergie. Elle est Simone Veil jeune, pour Olivier Dahan, Irène, la jeune actrice éprise d’absolu d’Une jeune fille qui va bien, de Sandrine Kiberlain, ou encore l’avocate combative de Mon crime, pour François Ozon. Un réalisateur qu’elle retrouve pour L’Etranger, qui vient de sortir en salles. Dans cette adaptation du chef-d’œuvre d’Albert Camus, Rebecca Marder interprète Marie Cardona – un des seuls rôles féminins du film –, la fiancée de Meursault , qui est jugé et condamné pour le meurtre d’un Arabe.Rebecca Marder, 30 ans, nous reçoit dans un immeuble haussmannien, un deux-pièces du 11e arrondissement, une « zone de transit », dit-elle, puisqu’elle s’apprête à déménager. Comme ses livres ne sont pas encore tous encartonnés, sa bibliothèque témoigne de ses goûts : Fou de Vincent, d’Hervé Guibert, La Cloche de détresse, de Sylvia Plath… « J’aime les livres. Même quand je pars en voyage, j’en emporte beaucoup trop », s’amuse-t-elle. Dans cet épisode du « Goût de M », elle revient longuement sur ses aspirations à monter sur scène, depuis qu’elle a joué au cinéma pour la première fois à l’âge de 5 ans dans Ceci est mon corps, de Rodolphe Marconi, au côté de Louis Garrel. Mais aussi depuis que sa mère, journaliste, l’emmenait voir des pièces dans des théâtres de banlieue, au-delà du 13ᵉ arrondissement où elles habitaient. Elle accompagnait également son père au cinéma aussi bien pour voir un Indiana Jones que des longs-métrages « pas du tout appropriés » comme La Femme des sables (1964), de Hiroshi Teshigahara. « Un film traumatisant », en rit-elle aujourd’hui.--------Cet épisode a été publié le 31 octobre 2025.Depuis sept saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et de Marjorie Murphy, avec Anaïs Reinhardt au son et à la réalisation.Musique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

Oct 23, 2025 • 50min
#162 Pierre Hermé, pâtissier : « La pâtisserie rassemble les gens. Il y a quelque chose de social et de culturel autour du gâteau, parce que c’est la célébration, l’anniversaire, le mariage… »
 Ispahan, Mogador, tarte Infiniment vanille, Plénitude ou confiture Satine figurent parmi les créations les plus connues de l’invité du « Goût de M » cette semaine. Pierre Hermé, élu meilleur pâtissier au monde par l’académie des World’s 50 Best Restaurants en 2016, a contribué à faire sortir sa discipline de l’ombre de la cuisine dans laquelle elle est longtemps restée. Son génie, c’est d’avoir compris très tôt que le goût est un langage, et que ses œuvres pouvaient être assemblées chacune comme une architecture. Il s’est ainsi emparé d’un petit biscuit un peu oublié, le macaron, qu’il a réinventé en produit de luxe, en symbole de l’art à la française, et qu’il vend dans des boutiques écrins à travers le monde entier.Pierre Hermé nous accueille dans son vaisseau amiral, un hôtel particulier, boulevard Malesherbes à Paris, où sont conçues et pensées toutes les créations maison. Au premier étage, un bureau et un showroom, où l’homme de 63 ans reçoit et fait goûter les inventions mises au point dans l’atelier au rez-de-chaussée. L’ensemble, qui forme un lieu sobre et chaleureux, a été conçu avec la participation de Sanjit Manku et Patrick Jouin, deux spécialistes du design, un domaine qu’apprécie beaucoup le pâtissier. « J’aime beaucoup cet endroit car la lumière y est très douce, très bien étudiée », précise-t-il, en ajoutant qu’il adore le travail de Philippe Starck.Dans cet épisode résolument sucré, Pierre Hermé fait part de son goût pour la photo, avec des artistes comme Jean-Louis Bloch-Lainé et Irving Penn, et de son admiration pour le chanteur Alain Bashung. Il raconte aussi son enfance dans la boulangerie familiale, à Colmar, quand l’odeur du pain lui flattait les narines au réveil. Son arrivée à Paris, à 14 ans, chez Lenôtre, lui apprend « la rigueur, l’attention aux détails et l’importance de l’organisation pour produire de la qualité ». Après 1986, il débarque chez Fauchon avec le titre de « chef pâtissier », à la tête d’une équipe d’une trentaine de personnes, et commence à travailler sur ces « associations de saveurs » qui vont faire sa renommée.Cet épisode a été publié le 24 octobre 2025.Depuis sept saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), avec Guillaume Girault et Benoît Thuault à la réalisation sonore, préparé avec l’aide de Diane Lisarelli, Marjorie Murphy et Juliette Savard.Musique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

Oct 16, 2025 • 48min
#161 Rebeka Warrior, écrivaine et musicienne : « A la guitare classique, je chantais des poésies. J’avais Baudelaire, Rimbaud sous la main, j’ai chanté tout ce que je trouvais dans la bibliothèque familiale »
 L’autrice de « Toutes les vies », en lice pour le prix de Flore, en tournée dans toute la France avec son groupe Kompromat, est l’invitée du « Goût de M », en accès libre dès le vendredi sur toutes les plateformes.Il s’agit d’une première et remarquable incursion de la musicienne dans la littérature. Dans Toutes les vies, roman d’autofiction, Rebeka Warrior raconte une histoire d’amour, celle qui lie la narratrice à Pauline, atteinte d’un cancer. L’histoire d’amour devient celle d’un deuil impossible puis d’une quête spirituelle. Le titre du livre, que la chanteuse de Kompromat a tatoué sur la peau, est tiré de La Mouette, d’Anton Tchekhov.Rebeka Warrior nous reçoit à proximité du parc de Belleville, dans son appartement parisien au décor minimaliste. C’est un mini-duplex, avec des tatamis et une omniprésence du bois, comme celui du petit bureau où elle aime travailler. Celle qui a étudié aux Beaux-Arts à Nantes après avoir grandi à Saint-Nazaire confie avoir été une lectrice sur le tard : « Je me suis mise à la littérature quand il y a eu beaucoup de livres audio, je suis audiolectrice. »Après les groupes Mansfield.TYA et Sexy Sushi, cette fan de Bérurier noir, des Cure et des compilations Thunderdome (« de la techno hardcore que j’écoutais au réveil ») forme le duo Kompromat avec le musicien français Vitalic. Pour composer, elle dispose, dans son appartement, d’un petit studio avec beaucoup de synthés, où elle a entreposé un taishōgoto, dont elle nous fait écouter quelques notes, et son insigne de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.Elle revient sur la genèse de son roman. Pour son écriture, elle confie s’être entretenue avec son « coup de foudre artistique » : Brigitte Giraud, Prix Goncourt 2022. Toutes les vies figure parmi les cinq titres sélectionnés pour le prix de Flore 2025, remis le 5 novembre. Ce jour-là, elle sera sur la scène du Zénith Paris - La Villette avec Kompromat.--------Cet épisode a été publié le 17 octobre 2025.Depuis sept saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Marjorie Murphy, avec Anaïs Reinhardt à la réalisation sonore.Musique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

Oct 10, 2025 • 47min
#160 Philippe Starck, designer : « Si on est un peu honnête avec soi-même, autour de soi, on a 85 % d’objets inutiles »
 C’est un esprit singulier, iconoclaste, ultra-prolifique, souvent en avance sur son temps, un homme qui a totalement repensé le goût de son époque et celui de sa discipline, au point d’en devenir l’incarnation la plus évidente. Cet homme, c’est Philippe Starck, designer, qui a œuvré, depuis le début des années 1980, à rendre le design plus démocratique et plus accessible. « Il me paraît inacceptable que des gens dans une famille ne puissent pas s’acheter quelque chose de qualité dont ils ont besoin. L’élégance, c’est le nombre, et grâce au nombre, on peut descendre les nombres du prix », estime-t-il dans ce premier épisode de la septième saison du « Goût de M ».Aujourd’hui âgé de 76 ans, il semble avoir tout inventé, ou presque, avec à son actif plus de 10 000 créations et objets, du plus trivial au plus sophistiqué : brosses à dents, presse-agrumes, robinets, vélos, yachts, et beaucoup de chaises, comme la transparente Louis Ghost… Il a contribué au relooking du Pass Navigo, mais aussi à celui de nombreux lieux, comme le café Costes, ou plus récemment, en 2014, du Caffè Stern, passage des Panoramas à Paris, où il nous accueille.Volubile et malicieux, le designer se confie longuement sur sa jeunesse qu’il qualifie de « terrifiante », tellement il se sentait seul. Elevé seul par sa mère, il se rappelle avoir dormi à même le sol dans sa chambre, et de s’être amusé avec des jouets d’une manière prémonitoire : « Ils ne me satisfaisaient pas, alors je les limais, je les rectifiais, je les cassais. » Plus tard, il fait des rencontres déterminantes dans son choix de carrière, d’abord avec le styliste français Jean-Charles de Castelbajac, puis avec l’agent italien Arturo Del Punta Cristiani, à qui il présente des des projets sous forme de dessins et qui le met rapidement en relation avec des éditeurs de meubles. Acharné de travail (« 12 heures par jour »), il raconte également sa méthode : « Tout nu devant ma table, devant ma feuille blanche ». Une tenue d’Adam en conformité avec son précepte : « Plus il y a de matérialité, moins il y a d’humanité.»--------Cet épisode a été publié le 10 octobre 2025.Depuis sept saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Diane Lisarelli, Marjorie Murphy et Juliette Savard, enregistré par Guillaume Girault et réalisé par Benoît Thuault.Musique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

Jun 19, 2025 • 51min
#159 (LA)HORDE, collectif d'artistes et chorégraphes : « Grâce à TikTok, grâce à ses challenges, on n’a jamais vu autant de jeunes danser, c’est génial »
 Rien que leur nom témoigne de la diversité de leurs inspirations puisqu’il fait à la fois référence à l’écrivain Alain Damasio et à son chef-d’œuvre, « La Horde du Contrevent », ainsi qu’à l’univers du jeu vidéo « World of Warcraft ». Le dernier épisode de la saison du « Goût de M » interroge cette semaine le goût du collectif (LA)HORDE, qui secoue la danse contemporaine depuis une dizaine d’années et dirige, depuis 2019, le Ballet national de Marseille. Composé d’un trio de jeunes artistes multimédia, Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel, (LA)HORDE a déjà collaboré avec Christine and the Queens, Madonna, Sam Smith, et a marqué les esprits avec des pièces fortes comme « Room with a View », dont la musique était composée par Rone.On fait leur connaissance au Théâtre de la Ville, à Paris, où ils dirigeaient « Age of Content », une de leurs pièces qui interroge l’absence de frontières entre le réel et le virtuel. Cet après-midi, fin mai, la vingtaine de danseurs du Ballet national de Marseille, de 16 nationalités différentes, et le trio de cofondateurs débriefent la représentation de la veille, avant d’entamer les répétitions. Ce lieu leur tient à cœur puisqu’ils y étaient des « spectateurs assidus » : « Au Théâtre de la Ville, il y a les artistes les plus underground comme les plus célèbres. On a fait beaucoup de notre éducation théâtrale et chorégraphique ici. »Ceux qui désignent l’artiste italien Romeo Castelluci comme leur « maître ultime », reviennent sur leur rencontre au début des années 2010, où, ils passaient « beaucoup de temps dans les milieux queers, notamment à danser ensemble dans des soirées », à côtoyer de jeunes stylistes qui allaient se faire une notoriété quelques années plus tard. Former un trio leur apparaît comme une force puisque « les choses positives sont multipliées par trois et tout ce qu’il y a de plus difficile on le divise par trois ». Dans cet épisode, ils racontent leur méthode pour travailler de concert, leur attrait pour la danse « post-Internet », leur défense des personnes en marge et leur découverte de Bassiani, night-club de Tbilissi, qui a nourri leur spectacle « Marry Me in Bassiani », en y inscrivant des mouvements de danses géorgiennes.(LA)HORDE, collectif à la tête du Ballet national de Marseille, et ses danseurs se produiront au Théâtre des Salins, à Martigues, le 22 janvier 2026, puis à Paris, au Centquatre, du 2 au 4 avril, et à La Villette, du 16 au 25 avril.-----Cet épisode, le dernier de la saison, a été publié le 20 juin 2025.Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et de Juliette Savard, enregistré par Malo Williams. Réalisé en alternance par Guillaume Girault, Emmanuel Baux et Benoît Thuault.Musique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

Jun 12, 2025 • 57min
#158 Yoa, chanteuse : « Sur dix ans de castings, je n’ai eu que des rôles pour des filles qui s’appelaient Lila ou Leïla, des filles qui viennent de banlieue et veulent se réapproprier leur corps par leur sexualité »
 Son premier album, La Favorite, sorti en janvier, l’a positionnée comme l’une des figures montantes de la chanson française. En février, Yoa remportait le prix Révélation scène aux Victoires de la musique. Ses chansons mélangent des rythmes urbains et électroniques qui accompagnent des paroles nourries de littérature et évoquent sans détour les relations, les sentiments qui se délitent et les violences sexuelles – comme lorsqu’elle confronte son agresseur dans Le Collectionneur, dernier morceau de l’album.Elle nous reçoit dans son appartement, où elle vient d’emménager, une « petite grotte un peu chaleureuse » aux confins du 5e arrondissement de Paris. Un deux-pièces où cohabitent un grand canapé en velours blanc et un fauteuil livré sans notice de montage, des lampes Ikea et ses références culturelles : l’album How I’m Feeling Now de Charli XCX, un recueil de poèmes d’Arthur Teboul (vocaliste et parolier du groupe Feu ! Chatterton), Clôture de l’amour, de Pascal Rambert – un « livre de chevet » –, et « Guillaume Dustan, qui est là, dans [s]a chambre ».Dans cet épisode du « Goût de M », Yoa parle de son père, suisse, et de sa mère, camerounaise, qui l’ont fait grandir à Paris au milieu de films, de livres et de musique. A 26 ans, elle mêle allègrement références pop (« Lana del Rey, oh mon Dieu ! »), littérature féministe (Virginie Despentes, bell hooks, Valerie Solanas) et philosophie (Georges Bataille). Elle s’est d’ailleurs imaginée philosophe, puis actrice de théâtre, avant que ses chansons postées sur les réseaux sociaux ne soient repérées par des professionnels de la musique. Elle achève sa tournée cet été et participera à de nombreux festivals. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

Jun 5, 2025 • 56min
#157 Thomas Lévy-Lasne, peintre : « S’il n’y a plus de futur, à quoi cela sert-il de peindre ? La peinture, c’est pour s’inscrire dans le temps »
 Cette semaine, « Le goût de M » raconte l’histoire d’un peintre qui représente sur toile ce qui l’entoure : les fêtes, les corps qui dansent, les cendriers qui débordent… Thomas Lévy-Lasne, grand défenseur de la peinture figurative, aime « représenter ce qu’il se passe quand il ne se passe rien ». Puis il prend conscience de la « dérive climatique », que le monde autour de lui s’écroule. « Est-ce que je continue de peindre, alors qu’il n’y a plus de futur ? » Ses tentatives de réponse se trouvent dans « La Fin du banal » (éd. Beaux-Arts de Paris, 35 €), paru en avril, sa première monographie, préfacée par Justine Triet, réalisatrice et scénariste, sa grande amie. Il y compile ses œuvres réalisées depuis une vingtaine d’années.Lui qui voulait faire des peintures « simples, très premier degré », nous reçoit chez lui, dans un immeuble ouvrier situé au cœur des puces de Saint-Ouen. Un lieu « pas très confortable, entre la bâche plastique et la lumière de parking ». Au mur de la cuisine ouverte, un grand poster d’un tableau de Titien, « Bacchus et Ariane », son œuvre préférée, où « tout a l’air harmonieux, sain » mais qui cache une certaine violence.Dans cet épisode, Thomas Lévy-Lasne nous raconte sa conscience de la catastrophe à venir et ce que cela soulève chez lui, en tant que peintre. Il revient sur son enfance « privilégiée », son entrée aux Beaux-Arts de Paris à 17 ans, « les doigts dans le nez », évoque son insensibilité à l’art moderne. Il mêle anecdotes biographiques – lorsqu’il « baladait » Clément Rosset, philosophe du rapport au réel, dans des bars malfamés – et piques adressées au monde de l’art, qu’il décrit comme classiste, violent et sexiste. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

May 29, 2025 • 1h 1min
#156 Claire Marin, philosophe : « Il manque à nos sociétés quelque chose qui nous permette d’accepter la fin d’une relation qui soit de l’ordre du rituel »
 Claire Marin s’intéresse aux épreuves de la vie : une rupture, un deuil, une maladie, ou encore la sensation tout à coup de ne plus être à sa place. Elle a signé aux éditions de L’Observatoire Rupture(s) en 2019, devenu un best-seller, Etre à sa place en 2022, puis Les Débuts, édité en 2023 aux éditions Autrement : trois livres qui forment une trilogie des identités mouvantes, sans cesse recomposées. A partir de juin, « In Silentio », une exposition au Lieu unique, à Nantes, entremêlera ses textes aux sculptures tricotissées de Jeanne Vicerial, « un monologue sur ce que c’est que d’être touché par une œuvre ».Elle nous reçoit chez elle, dans le 14e arrondissement de Paris, pas loin de la place Denfert-Rochereau. Au fond d’une cour, au dernier étage, son appartement est lumineux, mais pas suffisamment pour son « côté héliotrope ». Dans sa bibliothèque où, « à peu de choses près [elle s’]y retrouve », se mêlent livres de philosophie, littérature, psychanalyse, art…Cette semaine, dans Le Goût de M, Claire Marin évoque son grand-père agriculteur qui collectionnait en secret des livres de philosophie, cachés dans de vieux placards de cuisine. De sa voix légèrement fêlée, elle liste les auteurs qui nourrissent son prochain ouvrage – Anni Albers, Henri Focillon, Sergio del Molino… –, ceux qui l’ont vue grandir – Maupassant, Steinbeck –, les philosophes qui l’ont marquée, et prolonge sa réflexion sur les ruptures, la peur d’être remplacé et la place de la femme dans le monde universitaire.Cet épisode a été publié le 30 mai 2025.Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et de Juliette Savard, enregistré par Malo Williams.Réalisation : Benoît ThuaultMusique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

May 22, 2025 • 56min
#155 Michel Gaubert, illustrateur sonore : « La musique est une espèce de mémoire collective, elle est parfois plus facile à saisir que des collections de vêtements »
 De ses débuts comme acheteur pour Champs Disques, disquaire culte de l’avenue des Champs-Elysées dans les années 1970-1980, à la dernière fashion week parisienne, où il a créé les bandes-son pour les collections de pas moins de six marques, Michel Gaubert s’est imposé comme l’un des illustrateurs sonores les plus célèbres de la planète. Cet expert du son a mis en musique plus de 1 800 défilés Chanel, aux côtés de son ami Karl Lagerfeld, et collaboré avec de nombreuses grandes maisons. Il retrace cette odyssée musicale dans une autobiographie, « Remixed » (Fayard, 22,90 €), qui vient de sortir.Il nous reçoit chez lui, dans son appartement-studio du 16e arrondissement de Paris, avec vue sur la rue, où se côtoient une œuvre du plasticien Cyprien Gaillard, un fauteuil d’Harry Bertoia, « trop confortable » avec son ottoman, et une photographie de Willy Vanderperre pour Margiela. L’illustrateur sonore nous fait découvrir sa bibliothèque et son « bureau secret » : sa « caverne d’Ali Baba », où s’empilent CD et vêtements, où il écoute de la musique et commence les montages.Dans cet épisode du « Goût de M », Michel Gaubert raconte ses nuits à mixer derrière les platines du Palace, club mythique des nuits parisiennes des années 1980, son admiration pour David Bowie et son personnage de Ziggy Stardust, ou encore cette drôle de nuit de 1990, où Karl Lagerfeld l’appelle et lui demande de changer la musique pour le défilé du lendemain alors qu’il a « un somnifère dans les gencives ». Au cœur d’un monde où musique et mode sont intrinsèquement liées, les souvenirs de Michel Gaubert voient défiler les grands de ces deux univers.Cet épisode a été publié le 23 mai 2025.Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et de Juliette SavardRéalisation : Anaïs ReinhardtMusique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 

May 1, 2025 • 56min
#154 Théo Pourriat et Bertrand Grébaut, créateurs de Septime : « On voulait faire un lieu qui va rassembler nos copains et qui va nous ressembler, un restaurant où on a envie d’aller, tout simplement »
 Cette semaine, « Le Goût de M » raconte le goût d’un lieu. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de Septime, l’un des meilleurs restaurants au monde : le 11e en 2024, selon le classement 50 Best. Septime, c’est un bistrot à la cuisine d’auteur, auréolé d’une étoile au Guide Michelin. Situé dans le 11e arrondissement de Paris, il est devenu, depuis son ouverture en avril 2011, une des tables les plus convoitées de la capitale.Septime, dont le nom fait référence au patronyme de Louis de Funès dans le film « Le Grand Restaurant », a été pensé et créé par deux amis : Bertrand Grébaut, le chef, ancien graphiste passé entre autres par L’Arpège d’Alain Passard après avoir fait l’école Ferrandi, et Théo Pourriat, qui s’occupe de tout ce qui ne se mange pas. Tous deux avaient le désir de monter un lieu à l’atmosphère bistrot, loin des nappes blanches, de la moquette épaisse et des carafes en cristal. Un restaurant dans l’esprit du Chateaubriant d’Iñaki Aizpitarte, chez qui ils allaient régulièrement dîner.Ils nous reçoivent à l’intérieur de leur restaurant lumineux, au style industriel, autrefois lieu de réparation pour machines à écrire et magasin de luminaires. Dans ce lieu intime et chaleureux, avec cuisine ouverte, ils reviennent sur les difficultés qu’ils ont rencontrées au début de leur aventure : la pression liée au succès du restaurant comme les hésitations avant de trouver un style unique dans les assiettes, une cuisine fraîche, incisive, épicurienne et engagée.Cet épisode a été publié le 2 mai 2025.Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et de Juliette SavardRéalisation : Emmanuel BauxMusique : Gotan Project Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations. 


