

Choses à Savoir HISTOIRE
Choses à Savoir
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Sep 25, 2025 • 2min
Pourquoi La Pérouse hante-t-il encore les océans ?
Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, est l’un des grands explorateurs français du XVIIIᵉ siècle, resté célèbre autant pour ses découvertes que pour sa disparition mystérieuse. Né en 1741 à Albi, il se distingue très tôt dans la marine royale, notamment pendant la guerre de Sept Ans. Courageux, cultivé, apprécié de ses hommes, il attire l’attention du roi Louis XVI, passionné de géographie et d’exploration.En 1785, le souverain lui confie une mission prestigieuse : réaliser une expédition scientifique et cartographique autour du monde, dans l’esprit des voyages de James Cook. À bord de deux frégates, La Boussole et L’Astrolabe, La Pérouse embarque avec des marins, des savants, des ingénieurs et des artistes. L’objectif est triple : cartographier des terres inconnues, étudier les peuples rencontrés, et enrichir les connaissances scientifiques de la France.Pendant trois ans, son voyage est un succès. La Pérouse explore le Chili, l’île de Pâques, Hawaï, l’Alaska, la Californie, le Kamtchatka, le Japon, la Corée, les Philippines, les Samoa et l’Australie. Il décrit avec précision les rivages, les sociétés rencontrées et recueille d’innombrables données scientifiques. Ses lettres et journaux, envoyés au fur et à mesure, passionnent l’Europe éclairée.Mais en 1788, après avoir quitté Botany Bay en Australie, les navires disparaissent. Pendant près de quarante ans, leur sort demeure un mystère. La légende naît : où est passé La Pérouse ? A-t-il sombré en mer, été massacré par des insulaires, ou s’est-il réfugié sur une île perdue ?Ce n’est qu’en 1826 que l’on retrouve des traces de l’expédition. L’explorateur irlandais Peter Dillon découvre des débris aux îles Vanikoro, dans l’archipel des Salomon. Les navires de La Pérouse s’y seraient fracassés sur les récifs. Quelques survivants auraient vécu quelque temps avec les habitants avant de disparaître définitivement.La Pérouse incarne depuis l’archétype de l’explorateur romantique : savant, marin courageux, mais englouti par le mystère. Son nom demeure dans la toponymie mondiale – le détroit de La Pérouse entre Sakhaline et Hokkaidō, ou encore le cap La Pérouse à Hawaï.Aujourd’hui, son destin fascine toujours : à la fois triomphe scientifique et tragédie humaine, son expédition symbolise la soif de découvertes des Lumières, mais aussi les dangers immenses que réservait l’océan au XVIIIᵉ siècle. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 24, 2025 • 3min
Quel est le mystère de l’« affaire de l’Auberge rouge » ?
Cette affaire est l’un des faits divers les plus célèbres et mystérieux de la France du XIXᵉ siècle. Elle mêle crimes sordides, rumeurs terrifiantes et un procès retentissant. Le décor : une auberge isoléeNous sommes sur le plateau du Gévaudan, en Haute-Loire, au début du XIXᵉ siècle. À l’époque, la route reliant Lyon à Toulouse est très fréquentée par des voyageurs, colporteurs et commerçants. Sur ce chemin se trouve une petite auberge isolée, tenue par Pierre et Marie Martin, un couple de paysans. Cette auberge, située à Peyrebeille, va bientôt devenir tristement célèbre sous le nom d’« Auberge rouge » en raison de la réputation sanglante qui l’entoure.Les rumeursTrès vite, des rumeurs commencent à circuler : des voyageurs y disparaissent mystérieusement. On raconte que les aubergistes attireraient leurs clients dans des chambres, puis les assommeraient avant de les dépouiller et de dissimuler les corps. L’imaginaire populaire évoquera même une sinistre méthode : un lit piégé basculant la victime dans une trappe, pour l’achever ensuite. Ces histoires terrifiantes, bien que jamais prouvées, forgent la légende noire de l’auberge.L’affaire éclateEn 1831, un colporteur est retrouvé mort non loin de Peyrebeille. Rapidement, les soupçons se tournent vers les époux Martin et leur domestique, Jean Rochette. L’enquête révèle que plusieurs disparitions pourraient être liées à l’auberge. Le couple est alors accusé d’avoir tué de nombreux voyageurs pour voler leur argent et leurs biens. Le chiffre de plus de cinquante victimes sera avancé par certains journaux de l’époque, mais il repose davantage sur des rumeurs et des exagérations que sur des preuves formelles.Le procèsLe procès s’ouvre en 1833 à Privas. Il passionne l’opinion publique, avide de sensations fortes. Les débats sont marqués par une forte charge émotionnelle et une presse avide de scandale. Les aubergistes sont décrits comme des monstres sans scrupules. Finalement, Pierre Martin, son épouse Marie et Jean Rochette sont condamnés à mort. Ils sont guillotinés le 2 octobre 1833 devant une foule considérable.Mythe ou réalité ?L’historiographie récente nuance beaucoup l’affaire. En réalité, les preuves contre les époux Martin étaient minces. Si leur culpabilité dans un ou deux meurtres paraît probable, l’image de tueurs en série méthodiques relève surtout de la légende, amplifiée par la presse et par l’imagination populaire. L’« Auberge rouge » est ainsi devenue un symbole : celui de la fascination morbide pour les crimes mystérieux dans la France du XIXᵉ siècle.HéritageAujourd’hui encore, l’auberge de Peyrebeille existe, transformée en musée. L’affaire continue d’inspirer livres, films et récits, entre réalité judiciaire et légende noire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 23, 2025 • 2min
Pourquoi Cagliostro est-il célèbre ?
Dans l’Europe du XVIIIᵉ siècle, un nom suscite fascination et crainte : Cagliostro. Derrière ce personnage aux mille visages se cache Giuseppe Balsamo, né à Palerme en 1743. Aventurier, escroc, guérisseur autoproclamé, alchimiste et occultiste, il devient l’une des figures les plus énigmatiques de son temps.Cagliostro se rend célèbre d’abord par son talent à jouer des apparences. Doté d’un charisme certain et d’un verbe flamboyant, il parcourt l’Europe en se présentant comme comte, mage ou médecin. À Londres, à Strasbourg, à Varsovie ou encore à Saint-Pétersbourg, il attire curieux et puissants grâce à ses promesses de guérison miraculeuse, ses séances de magnétisme et ses expériences d’alchimie. Ses remèdes, parfois efficaces, souvent mystérieux, lui donnent une réputation de thaumaturge.Mais ce n’est pas tout. Cagliostro se rapproche des loges maçonniques et fonde son propre rite, la « maçonnerie égyptienne », où il mêle symbolisme, rites initiatiques et pratiques occultes. Dans une Europe avide d’ésotérisme et de secrets, il séduit de nombreux adeptes, renforçant son aura de prophète moderne.Sa célébrité atteint cependant son apogée à Paris, à la fin des années 1780, lors de la fameuse affaire du collier de la reine. Cette escroquerie retentissante, qui éclabousse Marie-Antoinette, alimente les rumeurs et la haine contre la monarchie. Bien que son rôle réel soit resté mineur, le nom de Cagliostro est associé à l’intrigue. Emprisonné à la Bastille puis finalement acquitté, il en sort auréolé d’une réputation sulfureuse. L’opinion publique voit en lui soit un génie des arcanes, soit un charlatan dangereux.Sa fin est moins glorieuse. De retour à Rome, il est arrêté par l’Inquisition en 1789, accusé d’hérésie et de pratiques occultes. Condamné à la prison à vie, il meurt en 1795 dans la forteresse de San Leo.Pourquoi Cagliostro reste-t-il célèbre ? Parce qu’il incarne à lui seul les ambiguïtés de son siècle : entre foi dans les sciences nouvelles et fascination pour l’occultisme, entre rationalité des Lumières et goût pour le mystère. Il symbolise aussi l’Europe d’avant la Révolution française, marquée par la crédulité, la soif de merveilleux et la peur des complots.De Giuseppe Balsamo à Cagliostro, le personnage a inspiré d’innombrables récits, de la littérature romantique aux études historiques. Charmeur, imposteur, guérisseur, mystique… il demeure une énigme vivante, et c’est bien ce qui explique sa célébrité durable. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 22, 2025 • 2min
Pourquoi parle-t-on du “dernier duel” ?
Dans la France médiévale, une histoire incroyable se déroule, et elle marquera les esprits pendant des siècles : le dernier duel judiciaire.Tout commence en Normandie, dans les années 1380. Deux hommes, autrefois alliés sur les champs de bataille, deviennent rivaux. D’un côté, Jean de Carrouges, un chevalier respecté mais souvent en conflit avec ses seigneurs. De l’autre, Jacques Le Gris, écuyer brillant, réputé pour son charme et sa proximité avec le comte d’Alençon.Leur opposition prend une tournure dramatique lorsque Marguerite de Thibouville, l’épouse de Carrouges, accuse Le Gris d’un crime terrible : le viol. Dans une société où la parole d’une femme pèse peu, cette accusation fait scandale. Les témoignages se contredisent, aucune preuve matérielle n’existe. Alors, Carrouges décide de réclamer au roi un jugement de Dieu : un duel judiciaire. L’idée est simple, mais brutale. Dieu fera triompher l’innocent.Le 29 décembre 1386, à Paris, sur le terrain de l’abbaye de Saint-Martin-des-Champs, l’événement attire une foule immense. Le roi Charles VI est là, entouré de sa cour. L’enjeu est colossal : si Carrouges perd, il meurt, et Marguerite sera exécutée comme fausse accusatrice. Si Carrouges gagne, Le Gris sera reconnu coupable.Le combat commence. Les deux hommes s’élancent à cheval, lances baissées. Le choc est violent, les armes se brisent. Désarçonnés, ils poursuivent le combat à pied, avec épées, puis haches. Les minutes s’étirent dans un déchaînement de coups, jusqu’à ce que Carrouges prenne l’avantage. Il terrasse Le Gris et le tue sous les yeux du roi. La foule acclame : pour tous, Dieu a parlé.Marguerite est sauvée, et l’honneur de Carrouges est restauré. Mais ce duel restera dans l’histoire comme le dernier duel judiciaire officiellement autorisé en France. Après lui, ce type de jugement par les armes sera interdit, jugé trop archaïque et trop cruel.Cette histoire n’est pas seulement celle d’un combat. C’est aussi un tournant : la justice française commence à quitter le terrain du sacré et de la superstition pour évoluer vers des méthodes plus rationnelles.Le duel de 1386 est donc un symbole : celui d’un monde médiéval où l’épée pouvait encore décider de la vérité… et de la vie. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 21, 2025 • 2min
Quelle maladie tua presque tout l'équipage de Vasco de Gama ?
Quand Vasco de Gama prend la mer en 1497 pour relier l’Europe aux Indes, il écrit l’une des pages les plus marquantes de l’histoire des explorations. Mais derrière la gloire de la découverte se cache un ennemi invisible, bien plus redoutable que les tempêtes ou les pirates : le scorbut.Au fil des mois passés en mer, l’équipage de Gama – environ 170 hommes au départ – commence à montrer d’étranges symptômes. Gencives qui saignent, dents qui tombent, plaies qui ne cicatrisent pas, fatigue extrême… Les chroniqueurs racontent que les marins étaient littéralement rongés de l’intérieur. Le mal est si terrible qu’à leur retour, seuls une soixantaine de survivants fouleront de nouveau le sol portugais.Le scorbut, on le sait aujourd’hui, est une maladie liée à une carence en vitamine C, nutriment essentiel pour la formation du collagène, qui maintient nos tissus solides et nos vaisseaux sanguins intacts. Or, sur les navires du XVe siècle, le régime alimentaire se résumait à du biscuit de mer, de la viande salée et de l’eau plus ou moins croupie. Rien qui ne puisse fournir cette vitamine présente dans les fruits et légumes frais. Résultat : après quelques mois sans apports, les marins s’effondraient littéralement.Pendant des siècles, le scorbut restera la hantise des navigateurs. On estime qu’il a tué plus de marins que toutes les batailles navales réunies, parfois jusqu’aux deux tiers d’un équipage lors d’une expédition longue.La solution n’arrivera qu’au XVIIIe siècle grâce au médecin écossais James Lind. En 1747, il mène l’une des premières expériences cliniques de l’histoire : il donne à certains marins des citrons et des oranges, et constate leur guérison rapide. L’explication biochimique ne sera comprise que bien plus tard, mais dès lors, la distribution de jus d’agrumes devient une arme médicale essentielle dans les marines européennes. C’est d’ailleurs ce qui vaudra aux marins britanniques leur surnom de limeys, à cause du jus de citron vert embarqué à bord.Ainsi, si Vasco de Gama a ouvert la route des Indes, son expédition illustre aussi combien la science médicale était encore balbutiante à la Renaissance, et à quel point une simple vitamine pouvait faire basculer le destin de centaines d’hommes. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 18, 2025 • 2min
Que signifie la "collaboration horizontale" ?
À la Libération, à l’été 1944, la France sort exsangue de quatre années d’Occupation allemande. La joie de la délivrance s’accompagne d’un immense désir de justice. On cherche à punir ceux qui ont collaboré avec l’ennemi, que ce soit par conviction politique, par intérêt économique ou par opportunisme. Cette période est connue sous le nom d’épuration.Mais derrière ce terme général, une forme particulière de répression vise les femmes. On les accuse d’avoir entretenu des relations intimes avec des soldats ou des officiers allemands. C’est ce qu’on appelle alors, avec un mépris certain, la « collaboration horizontale ».Une expression stigmatisanteL’expression joue sur une métaphore triviale : « horizontale », car elle renvoie à la position du corps lors des rapports sexuels. Elle vise donc spécifiquement les femmes, réduisant leur supposée trahison à la sphère intime et sexuelle, en opposition aux formes « verticales » de collaboration, politique ou militaire.Au total, on estime qu’environ 20 000 femmes furent publiquement tondues en France entre 1944 et 1946. Dans des places de villages ou de grandes villes, elles étaient exposées, humiliées, parfois promenées dans les rues, avec une croix gammée peinte sur leur front. Ces scènes, souvent photographiées, ont marqué durablement les mémoires.Une justice genréeCe traitement révèle un double standard. Alors que les hommes soupçonnés de collaboration étaient traduits devant des tribunaux, parfois exécutés, parfois amnistiés, les femmes subissaient un châtiment symbolique et sexué. Leur corps devenait le lieu de la sanction. On ne leur reprochait pas seulement d’avoir « couché avec l’ennemi », mais d’avoir souillé la nation dans son intimité même, en donnant naissance à des enfants métis germano-français.Entre fantasme et réalitéToutes ces femmes n’avaient pas eu de relations amoureuses ou sexuelles avec des Allemands. Certaines avaient simplement fréquenté un soldat pour obtenir du pain, du lait ou du savon dans une période de grande pénurie. D’autres étaient accusées à tort, victimes de règlements de comptes personnels. L’expression de « collaboration horizontale » a ainsi servi autant à dénoncer des comportements réels qu’à canaliser rancunes et frustrations.Une mémoire ambivalenteAujourd’hui, les historiens relisent cet épisode comme un phénomène révélateur du poids des rapports de genre et de la sexualisation de la punition. Derrière le terme ironique de « collaboration horizontale » se cache en réalité une violence publique faite aux femmes, au croisement du patriotisme et du patriarcat. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 17, 2025 • 2min
Qui est le « roi faux-monnayeur » ?
Parmi les surnoms dont l’Histoire a affublé les souverains, celui donné à Philippe IV de France, dit le Bel (1268-1314), est sans doute l’un des plus surprenants : « roi faux-monnayeur ». Cette accusation, qui traverse les chroniques médiévales, mérite pourtant d’être replacée dans son contexte.Un roi en quête d’argent fraisPhilippe le Bel monte sur le trône en 1285. Très vite, il doit faire face à d’importants besoins financiers : guerres contre l’Angleterre et la Flandre, train de vie de la cour, développement de l’administration royale. Or, les impôts directs restent limités et impopulaires. Le roi se tourne donc vers un levier puissant : la monnaie.La manipulation des espècesÀ plusieurs reprises, Philippe fait procéder à des mutations monétaires. Concrètement, il fait frapper de nouvelles pièces contenant moins d’argent fin ou d’or pur que les précédentes, tout en les imposant à une valeur nominale identique, voire supérieure. Le bénéfice revient au trésor royal : l’État encaisse la différence entre le métal précieux réellement utilisé et la valeur faciale.Pour les contemporains, ces pratiques s’apparentent à du faux-monnayage, car elles brouillent la confiance dans la monnaie. Les chroniqueurs, mais aussi des adversaires politiques, n’hésitent pas à qualifier le roi de « faussaire ».Une arme économique et politiqueMais Philippe n’agit pas en simple tricheur. Ces manipulations sont pensées comme des outils de politique économique. Dans un royaume en manque de métal précieux, réduire la teneur en argent permettait de multiplier la masse monétaire disponible. De plus, chaque mutation monétaire s’accompagnait de campagnes de communication et d’un contrôle strict par l’administration royale, preuve que le roi assumait publiquement sa stratégie.Les conséquences et la postéritéCes réformes eurent toutefois des effets négatifs. L’instabilité monétaire entraîna de la méfiance, des hausses de prix et des difficultés pour les échanges internationaux. Les marchands flamands et anglais furent particulièrement critiques. Dans l’imaginaire collectif, Philippe devint alors le « roi faux-monnayeur », un souverain accusé d’avoir trahi la confiance de ses sujets en altérant la monnaie.Pourtant, à bien des égards, il s’agit moins d’une fraude que d’une expérimentation monétaire avant l’heure. De nombreux souverains européens de l’époque ont eu recours à des pratiques similaires. Ce qui distingue Philippe, c’est l’ampleur et la fréquence de ses manipulations, et surtout le souvenir durable laissé dans la mémoire historique. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 16, 2025 • 3min
L'URSS a-t-elle encouragé le polyamour ?
Lorsque l’on pense à la Révolution d’Octobre 1917, on imagine d’abord la prise du pouvoir par les bolcheviks, la chute du tsar et les bouleversements politiques. Mais un autre champ de bataille a émergé à cette époque : celui de la vie intime. Et certains en sont venus à se demander si, dans cette Russie révolutionnaire, le polyamour avait été encouragé.Au lendemain de la révolution, les bolcheviks veulent détruire la vieille société « bourgeoise », et avec elle ses institutions jugées oppressives. La famille traditionnelle, fondée sur le mariage religieux et la fidélité, est perçue comme un outil de domination. En 1918, un nouveau code du mariage est adopté : divorce facilité, unions civiles reconnues, égalité accrue entre hommes et femmes. C’est une véritable révolution des mœurs.Dans ce contexte, des figures comme Alexandra Kollontaï, commissaire du peuple à l’Assistance publique et ardente féministe, défendent l’idée d’un amour libéré. Selon elle, les relations amoureuses et sexuelles ne devraient pas être enfermées dans les contraintes du mariage, mais vécues librement, « comme on boit un verre d’eau » disait-elle. Son discours, très radical pour l’époque, valorise des unions multiples, successives, choisies selon le désir, ce qui ressemble fortement à une forme de polyamour.Pendant quelques années, cette libéralisation suscite un climat d’expérimentation. Les jeunes urbains s’essayent à l’« amour libre », les divorces explosent, les couples se forment et se défont rapidement. Dans la presse et les cercles militants, on débat de la fin de la monogamie. On pourrait croire que l’État soviétique encourage ce mouvement. Mais en réalité, il s’agit surtout d’un courant intellectuel et social, pas d’une politique officielle.Très vite, les autorités comprennent que cette effervescence a un coût. La multiplication des divorces et des séparations entraîne une hausse dramatique du nombre d’enfants abandonnés. Les familles deviennent instables, la société désorientée. Dès le milieu des années 1920, le pouvoir cherche à rétablir l’ordre. Puis, dans les années 1930, avec Staline, le virage est brutal : la famille traditionnelle est réhabilitée, le mariage glorifié, la fidélité encouragée. L’État a désormais besoin de stabilité sociale et de natalité forte.En résumé, dans les premières années après 1917, le polyamour a bien été discuté, théorisé et parfois pratiqué, surtout sous l’influence de Kollontaï. Mais il n’a jamais été officiellement promu par l’URSS. La révolution sexuelle des débuts s’est rapidement heurtée au retour du conservatisme. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 15, 2025 • 2min
Pourquoi le Project X-Ray est-il l'un des plus étranges de la Seconde Guerre mondiale ?
La Seconde Guerre mondiale a été un terrain d’expérimentations militaires parfois absurdes. Parmi les projets les plus saugrenus figure sans doute le Project X-Ray, ou « bombe à chauves-souris ».L’idée naît en 1942, aux États-Unis, dans l’esprit du dentiste et inventeur amateur Lytle S. Adams. De retour d’un voyage au Nouveau-Mexique, il est frappé par la quantité de chauves-souris vivant dans les grottes de la région. Ces créatures, minuscules mais nombreuses, capables de voler dans l’obscurité et de se faufiler dans les moindres recoins, lui inspirent un plan aussi audacieux qu’inattendu : les transformer en armes.Le principe est simple — du moins en théorie. On attacherait à chaque chauve-souris une petite charge incendiaire au napalm, placée dans une capsule légère. Les animaux seraient largués par milliers au-dessus des villes japonaises, connues pour leurs maisons de bois et de papier. Les chauves-souris, à l’aube, iraient naturellement se réfugier sous les toits et dans les charpentes. Puis, les détonateurs à retardement déclencheraient des centaines d’incendies simultanés, rendant les quartiers entiers incontrôlables pour les pompiers.Le projet fut présenté à l’armée et, contre toute attente, accepté. Des tests furent menés en 1943 sur une base militaire du Nouveau-Mexique. Et c’est là que la situation prit une tournure comique : plusieurs chauves-souris s’échappèrent accidentellement, déclenchant un incendie… dans les installations mêmes de la base américaine ! Les hangars et même une voiture furent réduits en cendres.Malgré ce fiasco, les chercheurs poursuivirent les essais. Les résultats démontraient que l’idée, bien qu’inhabituelle, pouvait fonctionner. Un rapport militaire estimait même que le Project X-Ray aurait pu détruire une grande partie de Tokyo « plus efficacement que mille bombardiers ». Pourtant, le projet fut abandonné en 1944. La raison ? Il avançait trop lentement, et entre-temps une autre arme « révolutionnaire » accaparait toute l’attention et les budgets : la bombe atomique.Avec le recul, Project X-Ray reste un symbole de l’imagination parfois débridée qui règne en temps de guerre. Mélange de science, d’ingéniosité et de folie, il illustre jusqu’où les stratèges étaient prêts à aller pour obtenir un avantage décisif.En résumé, le Project X-Ray, avec ses chauves-souris incendiaires, incarne l’un des projets les plus insolites et extravagants de la Seconde Guerre mondiale : une idée techniquement plausible, mais stratégiquement abandonnée au profit d’armes plus radicales. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Sep 14, 2025 • 2min
Pourquoi un chien poussait-il des enfants dans la Seine ?
Au tout début du XXᵉ siècle, un chien fit beaucoup parler de lui dans la capitale française. C’était un Terre-Neuve, une race réputée pour sa puissance, son endurance et son instinct de sauvetage. En février 1908, le New York Times relata une histoire aussi héroïque qu’étonnante : ce chien semblait sauver régulièrement des enfants tombés dans la Seine.Le premier épisode paraissait banal. Un jeune garçon, emporté par les eaux glacées du fleuve, fut secouru par l’animal. Le chien plongea, agrippa l’enfant et le ramena sur la berge. Les témoins, admiratifs, acclamèrent le sauvetage. Le père de l’enfant, soulagé, remercia le Terre-Neuve par un repas royal : un steak.Deux jours plus tard, la scène se répéta presque à l’identique. Un autre enfant tomba, un autre sauvetage héroïque eut lieu, et une nouvelle récompense fut offerte. À partir de là, les « noyades accidentelles » se multiplièrent. Chaque jour ou presque, le chien se jetait courageusement à l’eau pour ramener un enfant au sec. La presse s’enflamma, et l’animal devint une célébrité locale.Mais bientôt, l’affaire éveilla des soupçons. Pourquoi tant d’accidents, concentrés dans la même zone ? Les habitants craignirent un criminel qui pousserait les enfants dans la Seine. Une surveillance plus discrète permit enfin de résoudre l’énigme… Le coupable n’était autre que le héros lui-même ! Le Terre-Neuve, ayant compris que chaque sauvetage lui valait un steak, avait élaboré une stratégie redoutable : pousser les enfants à l’eau, puis les sauver aussitôt pour obtenir sa récompense.Le New York Times résuma l’affaire sous le titre ironique « DOG A FAKE HERO » — le chien n’était pas seulement un sauveteur, mais aussi un fin stratège qui avait mis son intelligence au service de son estomac.Cette anecdote illustre parfaitement ce que la science appelle le conditionnement opérant : les animaux, tout comme les humains, apprennent à associer un comportement à une récompense et peuvent reproduire ce comportement de manière opportuniste. Les Terre-Neuve, en particulier, combinent une grande force physique, une aptitude naturelle à l’eau et une intelligence sociale développée. Ils savent évaluer les situations et agir seuls, parfois de manière surprenante.Ainsi, ce chien parisien de 1908, mi-héros mi-filou, rappelle que l’intelligence animale ne se limite pas à l’obéissance : elle inclut aussi l’art de manipuler son environnement — et parfois même les humains. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.


