

Bookmakers : le making-of de la littérature
ARTE Radio
Lecture, écriture, style : Bookmakers est un podcast littéraire qui propose d’écouter les écrivains et les écrivaines détailler leurs secrets d’écriture. C’est le récit d’un récit, les coulisses de fabrication d’un livre majeur dans la carrière d’un auteur ou d’une autrice, qui dévoile sa discipline, son rythme et ses méthodes de travail. C’est quoi, le style ? Comment construit-on une intrigue, un personnage ? Où faut-il couper ? Tous les deux mois, Bookmakers écoute les plus grands écrivains et écrivaines d’aujourd’hui raconter, hors de toute promotion, l’étincelle initiale, les recherches, la discipline, les obstacles, le découragement, les coups de collier, la solitude, la première phrase, les relectures… mais aussi le rôle de l'éditeur, de l’argent, la réception critique et publique, le regard sur le texte des années plus tard. Animé par Richard Gaitet, écrivain et homme de radio, le podcast Bookmakers détruit le mythe d’une inspiration divine qui saisirait les auteurs au petit matin. Il rappelle que l'écriture est aussi un métier, un artisanat, un beau travail. Bookmakers c’est le podcast d’un lecteur affamé de romans, d’essais, de contes, de poèmes, de pièces de théâtre, de bandes dessinées, de romans policiers, de nouvelles, de scénarios, de chansons, de sketchs, de traduction et qui dévore tous les genres avec gourmandise : fantasy, science-fiction, anticipation, polar, thrillers, aventures, récits de voyage, romans de gare, littérature érotique, épopées, odyssées, best-seller, page turners, chick lit, littérature expérimentale, histoire, roman épistolaire, philosophie, mangas, blogs, drame, autofiction, littérature documentaire, roman naturaliste, littérature jeunesse, fables, romans gothiques, romans d’aventures, roman noir, littérature d’espionnage, journaux intimes, biographies, mémoires, littérature du réel, journalisme gonzo, pamphlets ou littérature de contrainte. Il maitrise aussi l’art de l’interview, du silence, du tempo, de la question que personne n’a vu venir, de celle qu’on n’oserait pas poser, de l’hésitation fructueuse, de la remarque de dernière minute, de l’inspiration, de l’écoute, de la répartie, de l’envolée et du triple saut périlleux, mais toujours avec le sourire. Après avoir écouté Bookmakers, non seulement vous aurez une furieuse envie d’écriture, au point de vous mettre derrière votre clavier, voire de vous acheter un stylo neuf et une ramette de papier, mais vous ferez aussi la fortune de la librairie la plus proche de chez vous et la joie des bibliothécaires du voisinage car vous serez pris d’une irrépressible envie de lecture et vous constituerez chez vous des piles de livres à lire pour plus tard.Avec Bookmakers, Richard Gaitet fera de vous un lecteur ou une lectrice insatiable, un critique littéraire aux arguments aiguisés, un spécialiste capable de repérer les alexandrins cachés dans les paragraphes de prose, un athlète du verbe, un as de la note en bas de page, un corneur de page ou un adepte du marque page, un détenteur d’ex libris, un prescripteur ou une prescriptrice capable d’offrir ou de prêter le livre idéal pour chaque circonstance, un adepte de la citation automatique, un lecteur ou une lectrice qui saura naviguer de Daniel Pennac à Mona Cholet en passant par Chloé Delaume, Alice Zeniter, Justine Niogret, Mohamed Mbougar Sarr, Laura Vazquez, Natacha Appanah, Philippe Jaenada, Constance Debré, Bertrand Belin, Wouajdi Mouawad, Pierre Michon, Nancy Huston, Claude Ponti, Céline Minard, Jakuta Alikavazovic, Andre Markowicz, Laurent Chalumeau, Pierre Christin, Maria Pourchet, Alain Damasio, Nicolas Mathieu, Lola lafon, Dany Laferrière, ou Tristan Garcia.Bref, lecteur et non lecteur, lectrice et non lectrice, écrivain en devenir, autrice en germe, libraire dans l’âme, éditeur ou éditrice en devenir, bibliothécaire ou bibliophile, ce podcast est pour vous, un podcast qui vous chuchote la littérature directement dans vos petites oreilles.
Episodes
Mentioned books

Feb 19, 2021 • 31min
Marie Desplechin : Où l’on apprend comment poussa la capucine (1/3)
Où l’on apprend comment poussa la capucine
Bookmakers #9 - L’écrivaine du mois : Marie DesplechinNée en 1959 à Roubaix, Marie Desplechin vit et travaille à Paris. Elle écrit depuis près de trente ans des histoires tendres, drôles, inquiétantes ou magiques à destination de la jeunesse – parmi lesquelles, outre les incontournables « Verte » (1996) et « Le Journal d’Aurore » (2006-2009), on recommande avec force « Le Sac à dos d’Alphonse » (1993), « Babyfaces » (2010), « Sothik » (2016, avec Sothik Hok et les illustrations de Tian), « Enfances » (2018, avec les dessins de Claude Ponti) ou « La Capucine » (2020).Adaptée au cinéma, à la télévision ou en bande dessinée, collaboratrice occasionnelle de Robert Guédiguian (« Le voyage en Arménie », 2006) ou de Sophie Calle (« Prenez soin de vous », 2007), elle écrit donc aussi parfois – mais, chut, ne le répétez pas – pour les adultes.En partenariat avec Babelio(1/3) Où l’on apprend comment poussa la capucineElle dit qu’elle écrit souvent « avec une gamine de 9 ans dans la tête » et qu’elle n’est pas « tout à fait adulte ». Depuis 1993 et la sortie du « Sac à dos d’Alphonse », Marie Desplechin s’est imposée tranquillement comme la patronne enchanteresse de la littérature jeunesse hexagonale, recevant en décembre dernier le prix de « La Grande Ourse » pour l’ensemble de son œuvre au Salon du Livre de Montreuil.Deux générations de lecteurs – et ce n’est pas fini – lui doivent leurs premières émotions littéraires, via plus d’une trentaine de romans, contes, fables ou albums, illustrés ou non, où pullulent des lutins facétieux, des phacochères bavards, des maisons-champignons, des fées effrayantes ou une future championne d’athlétisme de la banlieue d’Amiens entraînée par un vigile de supermarché. L’Ecole des Loisirs, qui édite la quasi-totalité de ses ouvrages pour enfants, estime avoir vendu à ce jour 2,3 millions de livres signés Marie Desplechin, dont deux succès maousse costauds traduits dans plus de douze langues : « Verte », écoulé à 860 000 exemplaires, ou sa série « Le Journal d’Aurore » acclamée par (au moins) 267 000 personnes, grandes et petites.Un jour, cette ex-journaliste, fan transie des « Malheurs de Sophie » devenue l’humble héritière des leçons de « vérité » de la comtesse de Ségur, a noté : « L’enfance est une forêt profonde. » Dans ce premier épisode, promenons-nous dans les bois tantôt ténébreux tantôt lumineux de sa prime jeunesse, à Roubaix, au creux des années 60-70, où s’enracine et bourgeonne encore la meilleure part de son imaginaire, marquée par des nuits « d’angoisse » et des peurs « extraordinaires ». On y trouve une plante exemplaire, la capucine, qui lui offrit en 2020 le titre d’un roman d’émancipation ainsi qu’un possible autoportrait. « Les capucines sont des plantes robustes. Il ne faut pas se faire trop de souci pour elles. Elles savent se débrouiller seules. »
Enregistrement janvier 2021 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Jennifer Anyoh, Stella Defeyder, Richard Gaitet, Delphine Saltel Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Percussions Johan Guidou Illustration Sylvain Cabot Remerciements très spéciaux Sofia Girard-Bresson, Vadim Girard-Bresson, Joseph Hirsch, Lou Marcelet Production ARTE Radio

Jan 27, 2021 • 1h 6min
Nicolas Mathieu : Leurs enfants après eux : avant, pendant et après (3/3)
Leurs enfants après eux : avant, pendant et après
Bookmakers #8 - L’écrivain du mois : Nicolas MathieuNé en 1978, Nicolas Mathieu vit et travaille à Nancy. Il est l’auteur de deux romans publiés aux éditions Actes Sud, « Aux animaux la guerre » (2014) et surtout « Leurs enfants après eux » (2018), écrit en dix-huit mois, et qui lui rapporte le Goncourt. Il a depuis signé deux livres : une excellente novella noire de 77 pages, « Rose Royal » (éditions In8, 2019, « histoire d’une quinqua qui boit trop et s’est jurée que plus jamais un mec ne lui mettrait la misère ») et un livre pour enfants, « La grande école », soit les drôles et tendres pensées d’un père célibataire qui regarde pousser son petit garçon, illustré par Pierre-Henry Gomont (Actes Sud, 2020).En partenariat avec Babelio (3/3) Leurs enfants après eux : avant, pendant et aprèsC’est un livre solaire, sensuel et brutal. Une histoire de bécane volée, d’ados « jeunes à crever » et d’amour à sens unique sous l’œil de fer d’un haut-fourneau éteint des Vosges. La tentative réussie, soignée, tendue, de « restituer », dans le bain des années 90, le sentiment d’abandon d’une population de « cocus de la mondialisation » souvent au bord de l’implosion, le temps de quatre étés décisifs, entre « monde finissant de la classe ouvrière » et « vies en devenir » qui bouillonnent de désirs – et, déjà, de désillusions.« Leurs enfants après eux », second roman de Nicolas Mathieu publié à la rentrée 2018 chez Actes Sud, traverse la « malédiction lente » de ce territoire armé d’une langue rapide, impure et vénère, qui brasse avec fougue argot et verlan, références populaires et punchlines nonchalantes, tout en conservant l’aplomb et le tranchant de ses maîtres franco-américains, mais sans virer à l’exercice de style, sans rouler des mécaniques – l’important, c’est le récit, toujours, riche en rebondissements, de la part d’un auteur qui dit avec joie avoir appris davantage en matant « Les Soprano » qu’en étudiant Tolstoï. Cela lui vaudra l’extrême-onction : le Goncourt, couronne qui, aujourd’hui encore, lui « pèse lourd ». Mais quelle fut sa discipline, pour un tel tour de force ? Comment travaille-t-il, lui qui « n’aime pas écrire, qui préfère avoir écrit ou réécrire », qui déteste « ce moment pénible où il faut arracher de la matière au vide » ? Lui qui, comme beaucoup d’entre nous, doit maintenant gérer aussi sa dépendance aux réseaux sociaux ? « Leurs enfants après eux » : avant, pendant et après, c’est maintenant.Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points.
Enregistrement décembre 20 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Guitare, trompette Fabien Girard Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

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Jan 27, 2021 • 41min
Nicolas Mathieu : Greffier de guerre (2/3)
Greffier de guerre
Bookmakers #8 - L’écrivain du mois : Nicolas MathieuNé en 1978, Nicolas Mathieu vit et travaille à Nancy. Il est l’auteur de deux romans publiés aux éditions Actes Sud, « Aux animaux la guerre » (2014) et surtout « Leurs enfants après eux » (2018), écrit en dix-huit mois, et qui lui rapporte le Goncourt. Il a depuis signé deux livres : une excellente novella noire de 77 pages, « Rose Royal » (éditions In8, 2019, « histoire d’une quinqua qui boit trop et s’est jurée que plus jamais un mec ne lui mettrait la misère ») et un livre pour enfants, « La grande école », soit les drôles et tendres pensées d’un père célibataire qui regarde pousser son petit garçon, illustré par Pierre-Henry Gomont (Actes Sud, 2020).En partenariat avec Babelio (2/3) Greffier de guerre Entre 2005 et 2008, après une pelletée de petits boulots plus ou moins liés à l’écriture, Nicolas Mathieu devient à 27 ans une sorte de greffier industriel : son taf principal est de retranscrire tout ce qui se dit dans des réunions de comité d’entreprise au cours de liquidations ou de plans sociaux. Tôt le matin, l’auteur en devenir débarque alors – avec sa « tête de bobo » et son « petit ordi » – dans des usines du Nord de la France. « Il y avait une dramaturgie intense, les directions qui licencient et des ouvriers qui résistent. Un théâtre cruel, avec ses codes et sa langue brutale : des verbes comme “impacter”, “implémenter”, des expressions comme “je prends note”, formulées face à des mecs en bleu de travail, avec leurs grosses pognes et leurs chaussures de sécu, des braves types qui allaient peut-être perdre leur job. Je me suis vraiment plu en leur compagnie. Je retrouvais des allures, des paroles, des corps familiers : c’était mon père, mes oncles, leurs copains. »De ces retrouvailles adossées au regrettable crépuscule de la classe ouvrière, Nicolas Mathieu tire la matière d’un premier roman publié après quatre ans de travail acharné, dont il puise le titre dans une fable de La Fontaine. « Aux animaux la guerre » conte sur 450 pages la fermeture d’une usine de sous-traitance automobile des Vosges aux airs de « baleine échouée », la lassitude d’un syndicaliste pugnace en butte à de jeunes consultants parisiens aux « chaussures pointues » qui viennent « retailler l’organigramme », les combats d’une inspectrice du travail un chouïa alcoolo et les sévices d’un réseau de prostitution auquel est mêlé un ancien membre de l’OAS, qui fraye avec de violents margoulins...Dans le mille : son style ample et sombre est vite remarqué, le livre se vend au fil des années à 60 000 exemplaires et devient une série sur France 3 avec Roschdy Zem, Olivia Bonamy, Rod Paradot et Tchéky Karyo, qu’il co-écrit avec le réalisateur Alain Tasma. Ce qu’il nous raconte dans ce deuxièmle épisode en réglant son ardoise à l’un des patrons du polar français, Jean-Patrick Manchette (1942-1995), qui l’a aidé à établir « une position de tir ».Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points.
Enregistrement décembre 20 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Guitare, trompette Fabien Girard Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Jan 27, 2021 • 26min
Nicolas Mathieu : Le petit bleu du Grand-Est (1/3)
Le petit bleu du Grand-Est
Bookmakers #8 - L’écrivain du mois : Nicolas MathieuNé en 1978, Nicolas Mathieu vit et travaille à Nancy. Il est l’auteur de deux romans publiés aux éditions Actes Sud, « Aux animaux la guerre » (2014) et surtout « Leurs enfants après eux » (2018), écrit en dix-huit mois, et qui lui rapporte le Goncourt. Il a depuis signé deux livres : une excellente novella noire de 77 pages, « Rose Royal » (éditions In8, 2019, « histoire d’une quinqua qui boit trop et s’est jurée que plus jamais un mec ne lui mettrait la misère ») et un livre pour enfants, « La grande école », soit les drôles et tendres pensées d’un père célibataire qui regarde pousser son petit garçon, illustré par Pierre-Henry Gomont (Actes Sud, 2020).En partenariat avec Babelio (1/3) Le petit bleu du Grand-Est« C’est très intimidant d’écrire quand on vient d’un milieu modeste », rappelle, souvent, Nicolas Mathieu. On peut considérer sans se gourer que le petit bleu du Grand-Est a vaincu sa timidité. Deux romans, une novella, quelques nouvelles ici ou là et un récent livre illustré pour enfants : en seulement six ans, ce fils d’une comptable et d’un réparateur d’ascenseur syndiqué CFDT a su amorcer une œuvre reconnaissable au premier regard, à la jonction de sa passion libératrice pour le roman noir et des observations sociologiques « au couteau » d’Annie Ernaux. Après « Aux animaux la guerre », écrit au prix d’un burn-out et publié aux éditions Actes Sud en 2014, Nicolas Mathieu fait dévisser l’ascenseur social en remportant le Goncourt à 40 ans pour « Leurs enfants après eux », traduit en vingt langues et écoulé à 530 000 exemplaires.« J’écris à la place de mon père. J’écris pour celui que j’étais à chaque fois qu’on m’a humilié. J’écris pour les esclaves dont je suis et qu’on trouve dans le RER, les usines, les open spaces, ceux dont le temps est dévoré par une mécanique sans queue ni tête qui produit de la bêtise et dévore la terre sous nos pieds. J’écris pour tous ceux qui pourraient se dire en contemplant leur vie : est-ce tout ? », confie aussi celui dont la colère reste l’un des carburants. La colère contre « les mensonges, le tout falsifié », contre « ce que la vie fait à nos corps », mais aussi contre lui-même ; longtemps, Nicolas Mathieu a eu honte de ses origines sociales, puis il a eu honte d’avoir eu honte. Dans ce premier épisode, penchons-nous sur ses années lycée, en Lorraine, à Epinal, où tant de choses se sont cristallisées. Il l’avoue désormais avec fierté : « Tout ce que j’ai détesté pendant des années, eh bien, aujourd’hui, je l’ai dans la peau. Mon métier, c’est de montrer cette ambivalence. »Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points.
Enregistrement décembre 20 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Guitare, trompette Fabien Girard Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Dec 16, 2020 • 53min
Lola Lafon : Gymnastique rythmique (3/3)
Gymnastique rythmique
Bookmakers #7 - L’écrivaine du mois : Lola LafonNée en 1974, Lola Lafon est l’autrice de six romans qui mettent en scène des trajectoires féminines singulières, en interrogeant la violence et les mensonges de la société à leur égard : « Une fièvre impossible à négocier » (2003), « De ça je me console » (2007), « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce » (2011), « La Petite Communiste qui ne souriait jamais » (2014), « Mercy, Mary, Patty » (2016) et « Chavirer » (2020), prix du roman des étudiants France Culture – Télérama.En partenariat avec Babelio (3/3) Gymnastique rythmique« L’écriture est ce compromis entre une liberté, une histoire et un souvenir », dit souvent Lola Lafon en citant Roland Barthes. Le souvenir qui préside à ce troisième épisode est celui-ci : été 1976, Jeux Olympiques de Montréal, une gymnaste roumaine de 14 ans, Nadia Comaneci, subjugue le monde entier via une série de performances en apesanteur, dont le fameux « 10 parfait » dès le premier jour de la compétition. Pour Lola, le mythe qui entoure « Nadia C. » est la somme de toutes ses thématiques fétiches : « le corps féminin, la danse, le mouvement, la confrontation est-ouest... » Elle s’attelle donc à l’écriture d’une « fausse biographie » de l’athlète, composée sans le concours de la principale intéressée, conçue comme une « rêverie » formidablement documentée, au plus près des « silences » de celle dont la « biomécanique » légendaire n’exista qu’au travers de regards masculins (juges, coach, politiques, médias). Ce qui deviendra « La Petite Communiste qui ne souriait jamais », publié en 2014 aux éditions Actes Sud, vendu à 125 000 exemplaires et traduit en douze langues.Voici donc, dans ce troisième et dernier épisode, les coulisses de ce best-seller pour lequel Lola Lafon voyagea de Bucarest à New York, en rouvrant au passage le roman « Blonde » de Joyce Carol Oates sur Marilyn Monroe. Pour Bookmakers, elle s’attarde sur sa discipline quotidienne, ses trois journaux de recherches, son travail de « coupe » de plus en plus drastique, l’enchaînement de ses phrases qu’elle aimerait aussi millimétrées que les acrobaties de la sportive sur la poutre ; ou encore sur la fiction vue comme un « territoire de doute, d’hésitation, de flexion », en un mot : souple.
Enregistrement novembre 20 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Judith Margolin Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Flûte basse Emma Broughton Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Dec 16, 2020 • 31min
Lola Lafon : Pour amie la fièvre (2/3)
Pour amie la fièvre
Bookmakers #7 - L’écrivaine du mois : Lola LafonNée en 1974, Lola Lafon est l’autrice de six romans qui mettent en scène des trajectoires féminines singulières, en interrogeant la violence et les mensonges de la société à leur égard : « Une fièvre impossible à négocier » (2003), « De ça je me console » (2007), « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce » (2011), « La Petite Communiste qui ne souriait jamais » (2014), « Mercy, Mary, Patty » (2016) et « Chavirer » (2020), prix du roman des étudiants France Culture – Télérama.En partenariat avec Babelio (2/3) Pour amie la fièvreLe titre colle encore des suées à notre époque : « Une fièvre impossible à négocier », son premier roman très autobiographique publié en 2003 chez Flammarion et vendu à dix mille exemplaires, vaut à Lola Lafon, 29 ans, d’être immédiatement « repérée » par le gratin germanopratin – elle qui vécut en squat avec l’équivalent du RSA, entourée de militant.e.s anarchistes qui musclaient les rangs des milieux autonomes dans les années 90. « Ce n’est pas qu’elle s’ennuie. Landra n’est pas malheureuse. Elle est juste un peu seule, partout. » Sa narratrice, musicienne, n’est « ni étudiante ni vraiment galérienne », mais « l’engagement politique lui tombe dessus comme la foudre ». Alors cette « gentille petite fille longtemps obéissante » manifeste pour les sans-papiers et les Indiens du Chiapas, contre les cathos intégristes anti-avortement, casse des vitrines ou débarque en masse à l’agence de pub responsable de ce slogan authentiquement écœurant des chocolats Suchard : « Quand vous dites non, on entend oui. »Combats que son alter-ego relate dans une sorte de journal débraillé, souvent furieux, qui démarre comme un reportage en immersion au sein d’un groupuscule nommé « Etoiles Noires Express », qui lui permettra de survivre à l’autre sujet du livre : cette « nuit du 14 septembre » où Landra fut violée par un musicien célèbre d’apparence « cool » et « insoupçonnable », auquel elle rêve d’« exploser la gueule » puisqu’il a fait d’elle « une bombe à retardement ».Dans ce deuxième épisode, prenons le temps de revenir sur cette nerveuse entrée en littérature qui, de tous les côtés, porte en elle l’œuvre à venir, jusqu’à présenter des échos, dix-sept ans plus tard, avec « Chavirer », roman glaçant sur une société secrète de prédateurs sexuels, paru à la rentrée chez Actes Sud et déjà écoulé à 67 000 exemplaires.
Enregistrement novembre 20 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Judith Margolin Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Flûte basse Emma Broughton Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Dec 16, 2020 • 41min
Lola Lafon : La tempête qui s’annonce (1/3)
La tempête qui s’annonce
Bookmakers #7 - L’écrivaine du mois : Lola LafonNée en 1974, Lola Lafon est l’autrice de six romans qui mettent en scène des trajectoires féminines singulières, en interrogeant la violence et les mensonges de la société à leur égard : « Une fièvre impossible à négocier » (2003), « De ça je me console » (2007), « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce » (2011), « La Petite Communiste qui ne souriait jamais » (2014), « Mercy, Mary, Patty » (2016) et « Chavirer » (2020), prix du roman des étudiants France Culture – Télérama.En partenariat avec Babelio (1/3) La tempête qui s’annonceSix livres, deux albums de chansons et des spectacles, armés de convictions chevillées au corps. « Je suis féministe et ça ne me dérange pas qu'on le dise. Je préfère même anarcho-féministe, ça englobe tout ! », affirme avec joie l’autrice de « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce ». Loin de la « pauvreté du tract », ses écrits n’oublient pas d’offrir à ses lecteurs et lectrices, de plus en plus nombreux, le lyrisme du romanesque pour raconter les violences faites aux femmes, les poisons du capitalisme, le conformisme de la bourgeoisie et les luttes radicales que tout ceci impose. Il lui arrive de dédier ses romans « aux voleurs, aux étranger(e)s à tout, aux poètes roumains, aux pères inoubliables, aux mères sans passé couvertes de roses, aux enfants des morts sur les trottoirs, aux évadées, aux inrésumables, aux proclamés coupables, aux chiens affairés, aux femmes qui s’assoient en tailleur par terre même quand il y a des chaises ». Depuis la sortie en 2003 de son premier roman très énervé, toutes les « fièvres » de Lola Lafon, 46 ans, demeurent « impossibles à négocier ». Mais quelle a été l’école de cette fille de deux professeur.e.s de lettres, qui aime aussi « les plantes, les vestes de survèt’ et les paillettes », le chant bouleversant de Jeff Buckley autant que les révoltes mexicaines du sous-commandant Marcos ? Que reste-t-il, dans son regard sur le monde, de son enfance roumaine ? Quelles leçons a-t-elle tiré, pour écrire, de son apprentissage rigoureux de la danse ? De tout ceci nous parlons, dans ce premier épisode, le temps d’un pas de deux.
Enregistrements novembre 20 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Judith Margolin Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Flûte basse Emma Broughton Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Nov 18, 2020 • 29min
Dany Laferrière : Revers de Sud (3/3)
Revers de Sud
Bookmakers #6 - L’écrivain du mois : Dany LaferrièreNé en 1953 à Port-au-Prince (Haïti), élu en 2013 à l'Académie Française, Dany Laferrière est l'auteur savoureux d'un vaste cycle autobiographique de trente-deux ouvrages, parmi lesquels « Comment faire avec l'amour avec un Nègre sans se fatiguer » (1985), « Vers le Sud » (2006) ou « L'Enigme du retour » (2009), complété aujourd'hui par des ouvrages entièrement écrits et dessinés à la main, dont le titre du dernier, publié cette année, dit beaucoup sur sa vie : « L'Exil vaut le voyage ».En partenariat avec Babelio (3/3) Revers de Sud« J’écris dans mon lit, je lis dans mon bain : je suis un homme horizontal. » Mais ce « spécialiste mondial de la sieste », comme dit parfois Dany Laferrière en parlant de lui-même, travaille tout de même beaucoup. En 1990, cinq ans après la sortie de son sulfureux premier ouvrage, l’écrivain quitte Montréal pour Miami, en famille. Aux Etats-Unis, il écrit dix romans en douze ans, dont le fameux cycle haïtien, l’ossature de son œuvre : « L’Odeur du café » (1991), « Le Goût des jeunes filles » (1992), « Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ? » (1993), « Pays sans chapeau » (1996), « La Chair du maître (1997), « Le Charme des après-midi sans fin » (1997), « Le Cri des oiseaux fous » (2000)…Puis Dany Laferrière est saisi d’une sorte de « fatigue », qui l’empêche d’envisager de nouveaux récits. C’est là qu’il accomplit un geste extrêmement rare, désarçonnant les critiques et les universitaires : il réécrit six de ses romans, augmentés parfois de 150 pages, aménageant des passerelles entre les livres pour découvrir qu’il s’agit en fait d’un seul et même bouquin : son « autobiographie américaine » qui lie le cycle nord-américain et le cycle haïtien. « J’ajoute, j’élimine, je touche au style, aucun scrupule. »En 2009, pourtant, l’inspiration lui revient de la plus bouleversante des manières. Son livre « L’Enigme du retour » s’ouvre sur l’annonce de la mort de son père, contraint à l’exil depuis près d’un demi-siècle du fait de son opposition au régime de Papa Doc. Dany rentre donc au pays pour annoncer à son tour cette nouvelle à sa mère. Dans le carnet noir qui ne le quitte jamais, il note alors « tout ce qui bouge », scène de marché, sommeil d’homme ou mouvement d'insecte, en traversant son île « à la recherche d’une sérénité ». Publié aux éditions Grasset, traduit dans huit langues, ce magnifique roman de deuil et de transmission sous « crépuscule rose », au rythme poétique inouï, d’une simplicité de vieux maître dont « la mémoire se dégèle », s’écoule à 70 000 exemplaires et décroche le prestigieux prix Médicis. Ce retour en grâce l’encourage à s’installer à Paris et, plus tard, à postuler à l’Académie Française. L’audace est payante : en janvier 2013, le petit rêveur de Petit-Goâve devient le « collègue de Voltaire et de Montesquieu » et l’auteur de « Vers le Sud » entre sous la Coupole avec une divinité vaudou sculptée sur son épée, Legba, « celui qui ouvre la barrière pour passer du monde visible au monde invisible. En somme, le dieu des écrivains ».
Enregistrement octobre 2020 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Arnaud Forest, Richard Gaitet, Samuel Hirsch, Annabelle Martella, Emilie Mendy Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Trompette Vincent Défossé Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Nov 18, 2020 • 40min
Dany Laferrière : Peindre ou faire l’amour (2/3)
Peindre ou faire l’amour
Bookmakers #6 - L’écrivain du mois : Dany LaferrièreNé en 1953 à Port-au-Prince (Haïti), élu en 2013 à l'Académie Française, Dany Laferrière est l'auteur savoureux d'un vaste cycle autobiographique de trente-deux ouvrages, parmi lesquels « Comment faire avec l'amour avec un Nègre sans se fatiguer » (1985), « Vers le Sud » (2006) ou « L'Enigme du retour » (2009), complété aujourd'hui par des ouvrages entièrement écrits et dessinés à la main, dont le titre du dernier, publié cette année, dit beaucoup sur sa vie : « L'Exil vaut le voyage ».En partenariat avec Babelio (2/3) Peindre ou faire l'amour« Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer. » En 1985, une jeune maison d’édition québécoise, VLB, publie le premier roman au titre provocateur d’un écrivain haïtien de 32 ans, qui enchaîne depuis près d’une décennie les boulots crevants d’ouvrier en usine (occupé, parfois, à « décapiter des vaches »), quand il ne nettoie pas les toilettes de l’aéroport de Montréal. Mais le soir, ce disciple fasciné de fantaisies sexuelles autofictionnelles signées Henry Miller ou Charles Bukowski s’invente une existence qu’il tape « avec frénésie » sur sa Remington 22. « J’ai mis dans mon livre tout ce qui me manquait dans la réalité : du vin, des copains, des filles riantes, des conversations animées. »Succès d’édition dont il semble impossible, aujourd’hui, de connaître le nombre d’exemplaires écoulés, ce roman « au grand rire jazz », réédité cet automne chez Zulma, dans lequel deux jeunes Noirs fauchés, un été, « philosophent à perdre haleine à propos de la Beauté » tout en recevant dans leurs lits « des éclopées, des soulardes, des poétesses », où les sourates du Coran côtoient Charlie Parker et des séances de « baise carnivore » dans leur taudis, « allume un incendie » sur le chemin de Dany Laferrière. Des associations antiracistes américaines, qui n’ont évidemment pas lu ce livre bardé d’ironie subtile où le mot « nègre » revient parfois sept fois par page, en exigent la censure – faisant par ricochet de son auteur « une célébrité mondiale ». Des lecteurs sénégalais ou ivoiriens lui témoignent de l’admiration et la télévision québécoise l’embauche pour… présenter la météo ; soudain, dit-il, « un Noir annonce les blancheurs neigeuses, avec humour », notoriété qui l’emportera par la suite sur les ondes de Radio-Canada. Ce roman « récréation », célébration joyeuse de l’instant présent et hommage assumé à ses mentors américains qui ne contient pas la moindre trace de ses origines haïtiennes, devient même un film, en 1989, qu’il co-écrit, avec une BO de Manu Dibango. Dans ce deuxième épisode, écoutons l’artificier Laferrière raconter la genèse et faire parler la poudre de sa « petite bombe » de 185 pages.
Enregistrement octobre 2020 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Arnaud Forest, Richard Gaitet, Samuel Hirsch, Annabelle Martella, Emilie Mendy Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Trompette Vincent Défossé Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Nov 18, 2020 • 40min
Dany Laferrière : L’énigme de l’arrivée (1/3)
L’énigme de l’arrivée
Bookmakers #6 - L’écrivain du mois : Dany LaferrièreNé en 1953 à Port-au-Prince (Haïti), élu en 2013 à l'Académie Française, Dany Laferrière est l'auteur savoureux d'un vaste cycle autobiographique de trente-deux ouvrages, parmi lesquels « Comment faire avec l'amour avec un Nègre sans se fatiguer » (1985), « Vers le Sud » (2006) ou « L'Enigme du retour » (2009), complété aujourd'hui par des ouvrages entièrement écrits et dessinés à la main, dont le titre du dernier, publié cette année, dit beaucoup sur sa vie : « L'Exil vaut le voyage ».En partenariat avec Babelio (1/3) L’énigme de l’arrivée C’est l’histoire d’un marmot des Caraïbes aux genoux maigres et « pointus » qui, par la seule force de ses mots malicieux, réussit peu à peu à « faire disparaître l’argent », à voyager et à manger sans débourser un seul centime, à « traverser le monde en sifflotant ». D’un jeune Haïtien qui, fuyant la dictature de François « Papa Doc » Duvalier et les balles des tontons macoutes, débarque sans papiers à Montréal en 1976 et, près de quarante plus tard, accède au statut d’Immortel en devenant le second écrivain noir à rejoindre le cénacle de l’Académie Française. Entre ici, Dany Laferrière !Dans ce premier épisode, ce romancier savoureux de la paresse et de la sensualité, auteur-conteur-dessinateur d’une vaste autobiographie en trente-deux volumes ayant démarré en 1985 par un succès intitulé « Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer », revient à 67 ans sur l’éveil de sa vocation. Via ses premières lectures, ses premières histoires, ses premières lectrices, ses corrections spontanées du quotidien de son île sur la table de la cuisine familiale qui lui ouvrent les portes du journalisme, ou encore sur son exil obligé après une nuit dramatique « dans l’œil du cyclone », qui marque le début de sa « vie en zigzag », catapulté dans une ville où l’hiver rigoureux du Canada lui imposera de s’enfermer dans une chambre « crasseuse et lumineuse » pour écrire, non pas un, mais deux premiers romans.
Enregistrement octobre 2020 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Arnaud Forest, Richard Gaitet, Samuel Hirsch, Annabelle Martella, Emilie Mendy Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Trompette Vincent Défossé Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio


