Bookmakers : le making-of de la littérature

ARTE Radio
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Oct 21, 2020 • 33min

Chloé Delaume : La Sorcière de la Stylistique (3/3)

La Sorcière de la Stylistique Bookmakers #5 - L’écrivaine du mois : Chloé DelaumeRéférence de l'autofiction en France, laborantine exigeante de l'écriture, Chloé Delaume, l'autrice du "Cri du sablier",  des "Sorcières de la République", de "Mes bien chères sœurs " et du tout récent "Le Coeur synthétique", est la cinquième invitée du podcast Bookmakers.En partenariat avec Babelio (3/3) La Sorcière de la StylistiqueLongtemps cantonnée aux tubes à essai de ses livres dits « de laboratoire », Chloé Delaume décide, au mitan des années 2010, d’opérer sa mue : elle souhaite désormais « parler aux copines » et leur donner « des armes, des outils » à travers ce geste qu’elle a longtemps « vomi » : celui de raconter des histoires. Il y aura d’abord « Les Sorcières de la République », son premier véritable roman, paru en 2016 aux éditions du Seuil, sur le bref accès au pouvoir, en France, d’une secte féministe magique, dont les sortilèges s’écoulent à dix mille exemplaires. La démarche s’accompagnera trois ans plus tard d’un essai puissant, « Mes bien chères sœurs », manifeste pour une sororité de combat, qui consigne « l’Apocalypse d’après Weinstein (…), les porcs balancés dans un étang de feu » (…), tout en remixant « Le Chant des partisans » version pétroleuse, un schlass à la main. C’est un succès : vingt mille exemplaires vendus, qui l’encouragent à poursuivre dans cette voie. En témoigne aujourd’hui « Le Cœur synthétique », son livre le plus accessible, comédie noire du célibat passé 45 ans, grave et légère à la fois, publiée à la rentrée dernière.Qu’il semble loin, le temps où cette héritière de l’Oulipo et des pataphysiciens déclarait : « On peut faire des romans d’aventures avec des moyens plus contemporains qu’un voyage en Egypte. » En 2003, son livre « Corpus Simsi » était composé à partir de captures d’écran de son avatar immergé dans le jeu vidéo « Les Sims » ; en 2004, « Certainement pas » adoptait la structure du Cluedo dans l’hôpital psychiatrique de Sainte-Anne, « fidèle au peuple des pyjamas bleus » ; en 2006, pour « J’habite dans la télévision », Chloé Delaume resta vingt-deux mois devant son petit écran, du lever au coucher, ingurgitant le maximum de publicités et de programmes de téléréalité, pour en ramener « des infos du réel » et une vraie mutation : deux kystes à l’œil, sept kilos supplémentaires et « plus de pensée propre » ; en 2007, elle signait une fan-fiction en hommage à la série « Buffy contre les vampires », inspirée des fameux « livres dont vous êtes le héros », ces romans-jeux interactifs à choix multiples.D’où cette question ludique, qui guide ce troisième et dernier épisode : en quoi ces contraintes l’ont-elles aidées à délier sa langue et libérer son imagination ? Et comment sortir du labo, pour aller sans se renier vers une littérature populaire de qualité ? Enregistrements septembre 20 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Jennifer Anyoh, Stella Defeyder, Richard Gaitet, Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Oct 21, 2020 • 31min

Chloé Delaume : Où le sang nous entraîne (2/3)

Où le sang nous entraîne Bookmakers #5 - L’écrivaine du mois : Chloé DelaumeRéférence de l'autofiction en France, laborantine exigeante de l'écriture, Chloé Delaume, l'autrice du "Cri du sablier",  des "Sorcières de la République", de "Mes bien chères sœurs " et du tout récent "Le Coeur synthétique", est la cinquième invitée du podcast Bookmakers.En partenariat avec Babelio (2/3) Où le sang nous entraîne Quand Chloé Delaume publie à 28 ans « Le Cri du sablier », sa deuxième autofiction aux éditions Farrago, elle réussit l’autopsie de ce « sale crime » de juin 1983, quand elle avait 9 ans : son père qui tua sa mère sous ses yeux, et ce qui suivit, quand, écrit-elle, « Papa s’est nagasakié le crâne ». Avec un courage fou, doublé d’un ahurissant travail sur la langue, elle ausculte ce « lien du sang bien touillé folie en héritage », en « prenant les paragraphes grumeleux à pleines mains », pour « s’amputer du père » tout en « foutant le feu au jardin ».Auréolé du prestigieux prix Décembre et vendu à plus de dix mille exemplaires, cet acte de résilience incroyable, cette enquête introspective assez brève, narrée dans une prose très exigeante (mots rares, vers blancs, syntaxe bousculée), dont les premières pages sont « volontairement au bord de l’illisible » afin de « faire le tri » entre les lecteurs et les « voyeurs », mérite de regarder de près l’écoulement de chaque grain de sable. Comment fait-elle jaillir, comme ça, tous ces alexandrins ? Quel est le rôle des blagues, oui, de son humour « sordide », dans un paysage si funèbre ? Et à quel rythme travaille-t-elle ? Est-il vrai que Madame écrit de nuit, jusqu’à « tomber d’épuisement » sur le clavier, pendant parfois soixante-douze d’affilée ? Et si c’était ça, aussi, le cri du sablier ? Enregistrements septembre 20 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Jennifer Anyoh, Stella Defeyder, Richard Gaitet, Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Oct 21, 2020 • 35min

Chloé Delaume : L’écume des jours premiers (1/3)

L’écume des jours premiers Bookmakers #5 - L’écrivaine du mois : Chloé DelaumeRéférence de l'autofiction en France, laborantine exigeante de l'écriture, Chloé Delaume, l'autrice du "Cri du sablier",  des "Sorcières de la République", de "Mes bien chères sœurs " et du tout récent "Le Coeur synthétique", est la cinquième invitée du podcast Bookmakers.En partenariat avec Babelio (1/3) L’écume des jours premiersElle le dit souvent, sans détour : « J’écris pour exister. Le réel, j’ai du mal. » Chloé Delaume n’est pas seulement cette autrice parisienne, féministe majuscule férue de sorcellerie comme de cold wave, d’humour noir comme de magie noire, grande prêtresse de la sororité qui fête cette année deux décennies de publications noir corbeau : romans, essais, pièces, poèmes, performances, scénarios, chansons ou fan-fiction, des « Mouflettes d’Atropos » (2000) au tout récent « Le Cœur synthétique » (2020). Car celle qui se dépeint parfois comme « la cousine germaine de Morticia Addams », ex-gothique ayant mué dame de Pique en « robe noire stricte de chez Dévastée et talons aiguilles vifs sanglants », est aussi le personnage principal de la plupart de ses ouvrages, alter ego de papier minutieusement construit en réaction aux déflagrations d’une enfance malheureuse, meurtrie par un drame familial extrêmement brutal.Pour survivre, l’adolescente éprise de Racine et de Rimbaud se choisit deux pères de substitution, Boris Vian et Antonin Artaud, qui lui montrent que la langue française est un palais à entretenir de « préoccupations esthétiques ». Choc. Puis c’est dans l’autofiction et les revues de littérature expérimentale assez confidentielles que Chloé Delaume trouve « une force politique, une discipline existentielle » et mille manières d’exploser les codes de la narration, via d’ingénieux dispositifs à contraintes. Dans ce premier épisode, elle nous raconte l’accouchement douloureux d’un brillant et sidérant monstre de fiction : elle-même. Enregistrements septembre 20 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Jennifer Anyoh, Stella Defeyder, Richard Gaitet, Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Sep 17, 2020 • 21min

Tristan Garcia : Tristan, le constructeur (4/4)

Tristan, le constructeur Bookmakers #4 - L’écrivain du mois : Tristan GarciaÀ l’aube de ses 40 ans, Tristan Garcia est déjà l’auteur de quinze ouvrages, dont la puissance d’imagination, la rigueur conceptuelle et la variété laissent pantois. Originaire de Toulouse, ce romancier et professeur de philosophie installé à Lyon se fait connaître à 27 ans avec « La meilleure part des hommes », un « conte moral » sur les ravages du sida dans le Paris des années 90, distingué du prix de Flore et traduit en quatre langues. Dans ses romans, ce fan de science-fiction et de littérature de genre écrit sur nos futurs, l’ultragauche, les sports oubliés ou un singe surdoué, sans oublier ses essais théoriques sur le droit des animaux, l'intensité, le sens du collectif ou la série « Six Feet Under ». En 2015, son recueil magistral de sept histoires fantastiques, paru sous le titre « 7 », reçoit le prix du Livre Inter et s’écoule à 60 000 exemplaires.En partenariat avec Babelio (4/4) Tristan, le constructeur Des romans, des nouvelles et des pavés de métaphysique. Au total : quinze bouquins publiés en l’espace de douze ans, sans oublier des préfaces, des conférences et des articles à la pelle que l’on compile déjà en recueil. À 39 ans, Tristan Garcia dit souvent que l’écriture de tous ses ouvrages – qui auraient grandi « comme un toit de tuile », les uns sous les autres – fut « assez anarchique ». Il dit parfois aussi qu’il lui aura fallu « dans chaque roman, rater quelque chose pour en retirer un savoir-faire ». Mais comment fait-il, sérieusement, pour écrire autant ?Dans ce quatrième et dernier épisode, ce professeur de philosophie lyonnais, qui refuse farouchement de se professionnaliser en tant qu’auteur, ce mélomane et cinéphile compulsif, qui vit sans téléphone et ne s’exprime jamais sur les réseaux, détaille sa relation complexe au milieu littéraire, à l’argent ou à son propre corps, frappé de névralgie faciale en écrivant sept cents pages… sur « l’histoire de la souffrance ». Tristan Garcia imagine enfin l’écrivain qu’il sera en 2040, convoqué par « le tribunal de sa propre jeunesse ». Enregistrements juillet 20 Entretien, découpage et lectures Richard Gaitet Prise de son Arnaud Forest Montage Sara Monimart Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Illustrations Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Sep 17, 2020 • 31min

Tristan Garcia : Un chiffre et des lettres (3/4)

Un chiffre et des lettres Bookmakers #4 - L’écrivain du mois : Tristan GarciaÀ l’aube de ses 40 ans, Tristan Garcia est déjà l’auteur de quinze ouvrages, dont la puissance d’imagination, la rigueur conceptuelle et la variété laissent pantois. Originaire de Toulouse, ce romancier et professeur de philosophie installé à Lyon se fait connaître à 27 ans avec « La meilleure part des hommes », un « conte moral » sur les ravages du sida dans le Paris des années 90, distingué du prix de Flore et traduit en quatre langues. Dans ses romans, ce fan de science-fiction et de littérature de genre écrit sur nos futurs, l’ultragauche, les sports oubliés ou un singe surdoué, sans oublier ses essais théoriques sur le droit des animaux, l'intensité, le sens du collectif ou la série « Six Feet Under ». En 2015, son recueil magistral de sept histoires fantastiques, paru sous le titre « 7 », reçoit le prix du Livre Inter et s’écoule à 60 000 exemplaires.En partenariat avec Babelio (3/4) Un chiffre et des lettres« La grande forme du roman se déploie quand on essaie d’outrepasser les bornes de son existence, quand on s’extrait de soi, quand on tente d’envelopper plusieurs vies, réelles ou imaginaires. » Dans l’univers multiple des livres de Tristan Garcia, ouvrons maintenant la porte d’entrée la plus claire. Le titre de ce roman, publié en 2015 chez Gallimard, est un chiffre : « 7 », comme le nombre d’histoires qui composent cette suite de « romans miniatures » lisibles de manière indépendante mais qui finissent par laisser apparaître l’architecture d’un grand roman d’imagination, rare et généreux, semblable à sept épisodes de « La Quatrième Dimension ».Sacré du prix du Livre Inter, écoulé à plus de 60 000 exemplaires, il y est question d’une drogue qui permet de se reconnecter à des états antérieurs de conscience, de rouleaux de bois à l’origine de toutes les révolutions musicales du vingtième siècle, d’une mannequin riche et célèbre qui ne doit sa beauté qu’à un jeune homme défiguré, d’une France fantomatique où la révolution prolétarienne a eu lieu, d’extraterrestres, d’hémisphères sous cloches où les gens ne se regroupent plus que par affinités ethniques ou socio-culturelles, ou d’un garçon qui revivra sept fois sa vie du début à la fin…Comment tout ceci s’est-il construit ? Comment fonctionnent les mécanismes de son imagination, jusqu’au passage à la phrase elle-même, chez cet écrivain pour qui la sacro-sainte question du style est toujours secondaire ? Dans ce troisième épisode, Tristan Garcia nous ouvre sa boîte à outils. Enregistrements juillet 20 Entretien, découpage et lectures Richard Gaitet Prise de son Arnaud Forest Montage Sara Monimart Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Illustrations Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Sep 17, 2020 • 41min

Tristan Garcia : La part des choses (2/4)

La part des choses Bookmakers #4 - L’écrivain du mois : Tristan GarciaÀ l’aube de ses 40 ans, Tristan Garcia est déjà l’auteur de quinze ouvrages, dont la puissance d’imagination, la rigueur conceptuelle et la variété laissent pantois. Originaire de Toulouse, ce romancier et professeur de philosophie installé à Lyon se fait connaître à 27 ans avec « La meilleure part des hommes », un « conte moral » sur les ravages du sida dans le Paris des années 90, distingué du prix de Flore et traduit en quatre langues. Dans ses romans, ce fan de science-fiction et de littérature de genre écrit sur nos futurs, l’ultragauche, les sports oubliés ou un singe surdoué, sans oublier ses essais théoriques sur le droit des animaux, l'intensité, le sens du collectif ou la série « Six Feet Under ». En 2015, son recueil magistral de sept histoires fantastiques, paru sous le titre « 7 », reçoit le prix du Livre Inter et s’écoule à 60 000 exemplaires.En partenariat avec Babelio (2/4) La part des choses« Le pic de l’autofiction parisienne m’énervait. Je me suis dit : tente le contre-pied radical, très loin de toi, sur une expérience non-vécue. » Quand Tristan Garcia s’attelle en 2006, à 25 ans, à l’écriture de « La meilleure part des hommes », qui sera son premier roman publié deux ans plus tard aux éditions Gallimard, ce Toulousain straight, pudique et poli, qui ne connaît de Paris que « trois stations de métro », s’efforce d’adopter « une autre manière d’aimer, de parler, de penser ». Et choisit d’entrecroiser, « avec vitesse et impureté », dans les années 90 contaminées par le sida, les langues et les destins d’un écrivain gay toxicomane adepte de l’amour sans capote (fortement inspiré de Guillaume Dustan), d’une figure du militantisme de prévention (on pense vite à Didier Lestrade, fondateur d’Act-Up), d’un philosophe de gauche qui vire réactionnaire (beaucoup y ont vu le parcours d’Alain Finkielkraut) et d’une journaliste de Libé – caricaturale et, de son propre aveu, « ratée » –, qui fait le lien entre les trois.Distingué du très branché prix de Flore et vendu à 50 000 exemplaires, traduit en quatre langues et monté au théâtre, « La meilleure part des hommes » vaudra à Tristan Garcia énormément d’embarras et de malentendus. S’il ne s’agit pas de la meilleure part de son œuvre, cette entrée en littérature riche en enseignements va nous permettre, dans ce deuxième épisode, de réfléchir à des questions capitales pour notre époque : comment se projeter dans un autre genre que le sien ? Et l’usage du mot « pédé » quand on est hétéro, c’est OK ou pas ? Enregistrements juillet 20 Entretien, découpage et lectures Richard Gaitet Prise de son Arnaud Forest Montage Sara Monimart Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Illustrations Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Sep 17, 2020 • 35min

Tristan Garcia : Jungles en mémoire (1/4)

Jungles en mémoire Bookmakers #4 - L’écrivain du mois : Tristan GarciaÀ l’aube de ses 40 ans, Tristan Garcia est déjà l’auteur de quinze ouvrages, dont la puissance d’imagination, la rigueur conceptuelle et la variété laissent pantois. Originaire de Toulouse, ce romancier et professeur de philosophie installé à Lyon se fait connaître à 27 ans avec « La meilleure part des hommes », un « conte moral » sur les ravages du sida dans le Paris des années 90, distingué du prix de Flore et traduit en quatre langues. Dans ses romans, ce fan de science-fiction et de littérature de genre écrit sur nos futurs, l’ultragauche, les sports oubliés ou un singe surdoué, sans oublier ses essais théoriques sur le droit des animaux, l'intensité, le sens du collectif ou la série « Six Feet Under ». En 2015, son recueil magistral de sept histoires fantastiques, paru sous le titre « 7 », reçoit le prix du Livre Inter et s’écoule à 60 000 exemplaires.En partenariat avec Babelio (1/4) Jungles en mémoire C’est un homme à la voix juvénile et d’une extrême pudeur, qui surgit en 2008 avec un premier roman très cru aiguisé pour être « une machine de guerre contre l’autofiction ». Quand Tristan Garcia publie à 27 ans « La meilleure part des hommes », un « conte moral » sur les débats, les ébats et les ravages du sida dans le Paris des années 90, ce normalien timide originaire de Toulouse, qui rêve de continents perdus, de dimensions parallèles, de transmigration des âmes et d’amour éternel, part à l’attaque de la littérature de l’intime. Il se « contrefiche de lui-même » et n’a pas « le moindre désir » de reconstituer la « petite prison de ses perceptions », ou de se créer un double de papier qui « boucherait son horizon ».Douze ans plus tard, le paysage est vaste. À l’aube de ses 40 ans, Tristan Garcia est déjà l’auteur de quinze ouvrages, dont la puissance d’imagination, la rigueur conceptuelle et la variété laissent pantois.Dans le désordre : un essai sur la série « Six Feet Under » (« Nos vies sans destin ») ; un recueil magistral de sept histoires fantastiques toutes liées entre elles, paru sous le titre « 7 », un roman sur un activiste d’ultragauche surdoué qui se prend pour le diable (« Faber, le destructeur »), un recueil de nouvelles sur des sports oubliés (« En l’absence de classement final »), une fiction de S.-F. sur un astronaute capable d’arrêter le temps (« Les Cordelettes de Browser »), un roman d’aventures scientifiques en partie rédigé par un singe qui essaie d’écrire en français (« Mémoires de la jungle »), quand il ne s’abîme pas dans « Âmes », sa gigantesque trilogie en cours sur la souffrance à tous les âges du vivant, sans oublier tous les livres théoriques de ce prof’ de philo désormais lyonnais, sur le droit des animaux, l’intensité, le sens du collectif…Mais comment tout a démarré ? Quelle est l’origin story de ce fan encyclopédique de bande dessinée ? De cet ogre de lecture à la mémoire photographique sidérante ? Lui qui créa un héros « dont l’intelligence sans sol ni plafond est une malédiction » ? Quels souvenirs demeurent de son enfance en Algérie ? Parmi tous ses nombreux romans « morts-nés » rédigés à l’adolescence, est-il vrai que l’un met en scène… le kidnapping de Beyoncé ? Enregistrements juillet 20 Entretien, découpage et lectures Richard Gaitet Prise de son Arnaud Forest Montage Sara Monimart Réalisation, musique originale et mixage Samuel Hirsch Illustrations Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Jun 25, 2020 • 36min

Delphine de Vigan : Mes heures souterraines (3/3)

Mes heures souterraines Bookmakers #3 - L’écrivaine du mois : Delphine de ViganElle a vendu plus d’un million d’exemplaires de « Rien ne s’oppose à la nuit », son « No et moi » est déjà un classique, Delphine de Vigan est la troisième invitée du podcast Bookmakers sur les écrivain.e.s au travail. Comment s’autoriser soi-même à écrire puis à rendre public des secrets familiaux ? Où se situe la frontière entre la vérité et la fiction ? Loin d’une banale causerie-promo en plateau, une émission fouillée, alerte et précise sur les livres et le métier d’écrire.En partenariat avec Babelio (3/3) Mes heures souterraines« Le succès, confie Delphine de Vigan à propos du million d’exemplaires vendus de "Rien ne s’oppose à la nuit", je l’ai vécu comme une peur. C’est vertigineux. Comme un tourbillon malgré tout joyeux. Je le souhaite à n’importe quel auteur. En même temps, il y a quelque chose de dangereux. Si j’avais connu un succès pareil plus tôt, je n’aurais probablement pas pu réécrire derrière. » En pleine élaboration de son prochain roman (policier), celle qui se décrit comme « une hypersensible en voie d’apaisement, une hyperactive en voie de ralentissement, une hyper-susceptible en quête d’auto-dérision » revient ici, dans cette troisième et dernière partie, sur sa vie d’autrice avant et après les triomphes éditoriaux, sur son style « fluide » porté par « une grande économie de moyens », sur l’imprévisible aide à l’écriture de son lave-linge et de son lave-vaisselle, voire sur une étrange affaire… de radio fantôme. Le tout, naturellement, d’après une histoire vraie. Enregistrements juin 2020 Entretien, découpage Richard Gaitet Montage Sara Monimart Lectures Ariane Brousse, Richard Gaitet Réalisation, prise de son, musique originale et mixage Samuel Hirsch Illustrations Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Jun 25, 2020 • 37min

Delphine de Vigan : Rien qu’une humble vérité (2/3)

Rien qu’une humble vérité Bookmakers #3 - L’écrivaine du mois : Delphine de ViganElle a vendu plus d’un million d’exemplaires de « Rien ne s’oppose à la nuit », son « No et moi » est déjà un classique, Delphine de Vigan est la troisième invitée du podcast Bookmakers sur les écrivain.e.s au travail. Comment s’autoriser soi-même à écrire puis à rendre public des secrets familiaux ? Où se situe la frontière entre la vérité et la fiction ? Loin d’une banale causerie-promo en plateau, une émission fouillée, alerte et précise sur les livres et le métier d’écrire.En partenariat avec Babelio (2/3) Rien qu’une humble vérité « Si j’ai écrit ce livre, c’est aussi parce que durant toute mon enfance, j’ai entendu des gens dirent : il faudra écrire sur cette famille. » En 2010, Delphine de Vigan s’engage toute entière dans l’écriture – qui ne dura que neuf mois – d’un roman prenant pour cadre et personnages sa tribu « joyeuse et dévastée ». Le temps d’offrir, plus précisément, un « cercueil de papier » à sa mère bipolaire, qu’elle rebaptise Lucile. « Rien ne s’oppose à la nuit » s’ouvre sur la découverte du corps de celle-ci, quelques jours après son suicide, par Delphine elle-même. La romancière interroge longuement ses oncles et ses tantes, enclenche le processus mais très vite, « l’élan » se brise. Quelle énergie faut-il pour faire naître un roman de deuil ? Comment s’autoriser soi-même à écrire puis à rendre public des secrets familiaux ? Comment « rapiécer les trous » de la mémoire ? Où se situe la frontière entre la vérité et la fiction ? Est-ce un soulagement d’écrire tout ça, vraiment ? Les réponses se trouvent dans cette deuxième partie de Bookmakers, pour laquelle Delphine de Vigan a, pour la première fois, relu à voix haute certains passages parmi les plus durs de son livre. Enregistrements juin 2020 Entretien, découpage Richard Gaitet Montage Sara Monimart Lectures Ariane Brousse, Richard Gaitet Réalisation, prise de son, musique originale et mixage Samuel Hirsch Illustrations Sylvain Cabot Production ARTE Radio
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Jun 25, 2020 • 27min

Delphine de Vigan : Osez, osez Delphine : la naissance de l'écriture (1/3)

Osez, osez Delphine : la naissance de l'écriture Bookmakers #3 - L’écrivaine du mois : Delphine de ViganElle a vendu plus d’un million d’exemplaires de « Rien ne s’oppose à la nuit », son « No et moi » est déjà un classique, Delphine de Vigan est la troisième invitée du podcast Bookmakers sur les écrivain.e.s au travail. Comment s’autoriser soi-même à écrire puis à rendre public des secrets familiaux ? Où se situe la frontière entre la vérité et la fiction ? Loin d’une banale causerie-promo en plateau, une émission fouillée, alerte et précise sur les livres et le métier d’écrire.En partenariat avec Babelio (1/3) Osez, osez Delphine ​Ses romans sont longtemps nés la nuit, quand les enfants sont couchés, quand plus rien ne s’y oppose : « Les jolis garçons » puis « Un soir de décembre », sortis en 2005, narrent tous deux les désordres amoureux de cadres urbains bon chic bon genre. Le succès surgit par surprise deux ans plus tard via « No et moi », belle histoire d’amitié entre une ado surdouée et une clocharde de dix-huit ans, qui reçoit le prix des libraires avant de connaître une trentaine de traductions et une adaptation à l’écran par Zabou Breitman, l’emportant à long terme sur les cimes du million d’exemplaires vendus puisque nos enfants l’étudient désormais à l’école. Son sens de l’observation sociale s’épaissit dans « Les Heures souterraines » (2009), roman tendu du burn out, du harcèlement moral et des solitudes qui se croisent sans jamais se rencontrer, lui valant sa première nomination pour le Goncourt.Mais d’où vient cette grande blonde à bottines, littérairement parlant ? Quelle fut la place de ce journal intime tenu pendant dix-sept ans et qui sommeille encore dans une cave ? Est-il vrai que cette conversation contient un bref extrait de son premier-premier roman, humoristique et jamais publié ? Ce sont quelques-uns des attraits de cette conversation avec Delphine de Vigan, héritière d’Annie Ernaux et de James Salter, entre introspection ciselée et drames existentiels, qui ouvrit un jour l’un de ses livres avec ce fragment de Roland Barthes : « Savoir que l’écriture ne compense rien, ne sublime rien, qu'elle est précisément là où tu n'es pas – c'est le commencement de l'écriture. »« Rien ne s’oppose à la nuit » (éditions JC Lattès, 2011)C’est avec ce roman-portrait sur « l’origine de la souffrance » de sa mère bipolaire, écrit dans « l’état de choc » imposé par le suicide de celle-ci, que Delphine de Vigan s’impose en librairies ; en lice pour le Goncourt, l’ouvrage remporte le prix du roman Fnac, celui des lectrices du magazine Elle et lui ouvre la voie d’une littérature à la fois populaire et exigeante, touchant au cœur à nouveau un million de personnes par sa vulnérabilité à ciel ouvert et l’extrême délicatesse de cette enquête familiale qui intègre les « errances narratives » de l’autrice, au plus près des émotions, avec pudeur et précision. Le triomphe du livre suivant, vraie-fausse autofiction « pour se jouer du lecteur » parue sous le titre ironique « D’après une histoire vraie » (750 000 exemplaires vendus, prix Renaudot et Goncourt des lycéens 2015, adapté au cinéma par Roman Polanski) à propos d’une romancière à succès vampirisée par une admiratrice, consolide pour de bon l’aura de ses récits tourmentés.  Enregistrements juin 20 Entretien, découpage Richard Gaitet Montage Sara Monimart Lectures Ariane Brousse, Richard Gaitet Réalisation, prise de son, musique originale et mixage Samuel Hirsch Illustrations Sylvain Cabot Production ARTE Radio

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