

Bookmakers : le making-of de la littérature
ARTE Radio
Lecture, écriture, style : Bookmakers est un podcast littéraire qui propose d’écouter les écrivains et les écrivaines détailler leurs secrets d’écriture. C’est le récit d’un récit, les coulisses de fabrication d’un livre majeur dans la carrière d’un auteur ou d’une autrice, qui dévoile sa discipline, son rythme et ses méthodes de travail. C’est quoi, le style ? Comment construit-on une intrigue, un personnage ? Où faut-il couper ? Tous les deux mois, Bookmakers écoute les plus grands écrivains et écrivaines d’aujourd’hui raconter, hors de toute promotion, l’étincelle initiale, les recherches, la discipline, les obstacles, le découragement, les coups de collier, la solitude, la première phrase, les relectures… mais aussi le rôle de l'éditeur, de l’argent, la réception critique et publique, le regard sur le texte des années plus tard. Animé par Richard Gaitet, écrivain et homme de radio, le podcast Bookmakers détruit le mythe d’une inspiration divine qui saisirait les auteurs au petit matin. Il rappelle que l'écriture est aussi un métier, un artisanat, un beau travail. Bookmakers c’est le podcast d’un lecteur affamé de romans, d’essais, de contes, de poèmes, de pièces de théâtre, de bandes dessinées, de romans policiers, de nouvelles, de scénarios, de chansons, de sketchs, de traduction et qui dévore tous les genres avec gourmandise : fantasy, science-fiction, anticipation, polar, thrillers, aventures, récits de voyage, romans de gare, littérature érotique, épopées, odyssées, best-seller, page turners, chick lit, littérature expérimentale, histoire, roman épistolaire, philosophie, mangas, blogs, drame, autofiction, littérature documentaire, roman naturaliste, littérature jeunesse, fables, romans gothiques, romans d’aventures, roman noir, littérature d’espionnage, journaux intimes, biographies, mémoires, littérature du réel, journalisme gonzo, pamphlets ou littérature de contrainte. Il maitrise aussi l’art de l’interview, du silence, du tempo, de la question que personne n’a vu venir, de celle qu’on n’oserait pas poser, de l’hésitation fructueuse, de la remarque de dernière minute, de l’inspiration, de l’écoute, de la répartie, de l’envolée et du triple saut périlleux, mais toujours avec le sourire. Après avoir écouté Bookmakers, non seulement vous aurez une furieuse envie d’écriture, au point de vous mettre derrière votre clavier, voire de vous acheter un stylo neuf et une ramette de papier, mais vous ferez aussi la fortune de la librairie la plus proche de chez vous et la joie des bibliothécaires du voisinage car vous serez pris d’une irrépressible envie de lecture et vous constituerez chez vous des piles de livres à lire pour plus tard.Avec Bookmakers, Richard Gaitet fera de vous un lecteur ou une lectrice insatiable, un critique littéraire aux arguments aiguisés, un spécialiste capable de repérer les alexandrins cachés dans les paragraphes de prose, un athlète du verbe, un as de la note en bas de page, un corneur de page ou un adepte du marque page, un détenteur d’ex libris, un prescripteur ou une prescriptrice capable d’offrir ou de prêter le livre idéal pour chaque circonstance, un adepte de la citation automatique, un lecteur ou une lectrice qui saura naviguer de Daniel Pennac à Mona Cholet en passant par Chloé Delaume, Alice Zeniter, Justine Niogret, Mohamed Mbougar Sarr, Laura Vazquez, Natacha Appanah, Philippe Jaenada, Constance Debré, Bertrand Belin, Wouajdi Mouawad, Pierre Michon, Nancy Huston, Claude Ponti, Céline Minard, Jakuta Alikavazovic, Andre Markowicz, Laurent Chalumeau, Pierre Christin, Maria Pourchet, Alain Damasio, Nicolas Mathieu, Lola lafon, Dany Laferrière, ou Tristan Garcia.Bref, lecteur et non lecteur, lectrice et non lectrice, écrivain en devenir, autrice en germe, libraire dans l’âme, éditeur ou éditrice en devenir, bibliothécaire ou bibliophile, ce podcast est pour vous, un podcast qui vous chuchote la littérature directement dans vos petites oreilles.
Episodes
Mentioned books

Sep 15, 2021 • 43min
Hervé Le Tellier : Dans la boîte noire (3/3)
Dans la boîte noire
Bookmakers #13 - L’écrivain du mois : Hervé Le TellierNé à Paris en 1957 sous un nom qu’il préfère garder pour lui, Hervé Le Tellier est l’auteur prolifique et « disparate » de trente-huit livres (romans, poésie, théâtre) publiés au Castor Astral, chez JC Lattès ou aux éditions Gallimard. Lauréat du Goncourt et best-seller surprise de l’année 2020 avec « L’Anomalie », cet ex-journaliste scientifique fut de 1991 à 2018 le « Papou » le plus facétieux de France Culture – tout en étant depuis trente ans membre émérite de l’OuLiPo, sémillant cénacle d’ingénieurs du verbe dont il préside aujourd’hui les assemblées généreuses en contraintes créatives.En sus des ouvrages décortiqués dans ces trois épisodes de Bookmakers, citons ses « Contes liquides » publiés aux éditions de L’Attente et lauréats d’un prix de l’humour noir en 2013, qui rassemblent 80 rituels étranges venus de contrées imaginaires et signés d’un mystérieux « Jaime Montestrela », poète lisboète inventé de toutes pièces dont Hervé traduisit les œuvres – alors que Le Tellier, selon nos informations, ne parle pas du tout portugais.En partenariat avec Babelio.(3/3) Dans la boîte noire« Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence et même le génie, c’est l’incompréhension », écrit Victor Miesel, l’auteur de la confession suicidaire intitulée « L’Anomalie » planquée dans la soute du roman « L’Anomalie » d’Hervé Le Tellier, publié en 2020 aux éditions Gallimard. Mesdames et messieurs, prenez donc place à bord du vol Paris/New York AF006. Un jour d’été, ce Boeing 787 pénétra « quelques instants » dans les courants tourbillonnants d’un nuage « supercellulaire » semblable « à des dizaines d’enclumes soulevées par une main invisible ». Tous les passagers en furent notoirement secoués. Car, trois mois plus tôt, sur la même ligne, les mêmes passagers étaient déjà dans ce même avion... Voilà le point de départ de ce conte fantastique et souvent troublant, drôle ou doux-amer, comme si Woody Allen avait signé une saison de « Lost ». Ensuite, « les turbulences ont cessé et le soleil est revenu dans la cabine. C’est aussi la définition du Prozac. » Que s’est-il passé ? Comment ce récit choral très feuilletonnesque, qui carbure à la métaphysique tout en détournant les genres, a-t-il pu séduire les si sérieux jurés du Goncourt et voir en quelques mois ses ventes décoller vers le million d’exemplaires – du jamais vu, dans l’histoire de ce prix, depuis 1984 et « L’Amant » de Marguerite Duras.« Choisir le protocole, agir avec méthode », lit-on à propos du tueur à gages sur lequel s’ouvre ce roman truffé de traits d’esprits, d’hypothèses spirituelles et de samples littéraires plus ou moins dissimulés. C’est ce qu’il convient de définir dans ce troisième et dernier épisode en mode avion, en compagnie toujours aérienne du commandant Le Tellier, suffisamment sage pour nous faire méditer sur cette humble évidence : « Le plus grand danger pour un écrivain, c’est de croire qu’il est écrivain. »
Enregistrements juin-juillet 2021 Entretien, découpage Richard Gaitet Lectures Chloé Assous-Plunian, Richard Gaitet, Silvain Gire, Delphine Saltel Montage Sara Monimart Prise de son, réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch, Charlie Marcelet Guitare & claviers Zeid Hamdan Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Sep 15, 2021 • 44min
Hervé Le Tellier : OuLiPosuccions (2/3)
OuLiPosuccions
Bookmakers #13 - L’écrivain du mois : Hervé Le TellierNé à Paris en 1957 sous un nom qu’il préfère garder pour lui, Hervé Le Tellier est l’auteur prolifique et « disparate » de trente-huit livres (romans, poésie, théâtre) publiés au Castor Astral, chez JC Lattès ou aux éditions Gallimard. Lauréat du Goncourt et best-seller surprise de l’année 2020 avec « L’Anomalie », cet ex-journaliste scientifique fut de 1991 à 2018 le « Papou » le plus facétieux de France Culture – tout en étant depuis trente ans membre émérite de l’OuLiPo, sémillant cénacle d’ingénieurs du verbe dont il préside aujourd’hui les assemblées généreuses en contraintes créatives.En sus des ouvrages décortiqués dans ces trois épisodes de Bookmakers, citons ses « Contes liquides » publiés aux éditions de L’Attente et lauréats d’un prix de l’humour noir en 2013, qui rassemblent 80 rituels étranges venus de contrées imaginaires et signés d’un mystérieux « Jaime Montestrela », poète lisboète inventé de toutes pièces dont Hervé traduisit les œuvres – alors que Le Tellier, selon nos informations, ne parle pas du tout portugais.En partenariat avec Babelio.(2/3) OuLiPosuccions« Nous appelons littérature potentielle la recherche de formes, de structures nouvelles. » Le 24 novembre 1960, l'écrivain Raymond Queneau et un scientifique bibliophile nommé François Le Lionnais fondent une société secrète : le Selitex, « Séminaire de Littérature Expérimentale » qui, à l'initiative du professeur Albert-Marie Schmidt, fut vite rebaptisé OuLiPo. Késako ? « L’Ouvroir de Littérature Potentielle » s’est donné pour mission d’inventer, de mettre en pratique et de répertorier toute une gamme d’exercices stylistiques, guidés par de curieuses contraintes, afin « d’éveiller, libérer, stimuler l’imagination », de « trouver des mots neufs » ou de générer des effets rythmiques, poétiques ou comiques. L’exemple le plus célèbre de cette gymnastique est le roman « La Disparition » de Georges Perec (1968), entièrement écrit en lipogramme, c’est-à-dire en l’absence d’une lettre, la plus courante de notre langue : le « e ». Trois ans plus tard, le bon Georges n’utilisera plus que cette voyelle pour composer un autre roman, « Les Revenentes ».Les oulipien.ne.s se comparent parfois à un « rat, qui aurait construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir ». Attention cependant : ce n’est « ni une école, ni un mouvement, ni une avant-garde ». Il s’agit plutôt d’un laboratoire, que ces grands enfants souriants auraient caché au cœur d’une cour de récréation textuelle, en se réunissant un jeudi par mois à la Bibliothèque Nationale de France, à Paris, en public, pour présenter leurs travaux farfelu-diques.Dans ce deuxième épisode conçu comme une opération d’« ouliposuccion », nous allons entendre le président Le Tellier énoncer les règles invisibles qui donnèrent naissance aux poésies bizarres de son recueil « Zindien », ainsi qu’aux inventeurs fêlés qui peuplent les nouvelles de sa remarquable « Encyclopaedia inutilis ». Il explicitera également la discipline qui lui a permis de produire mille réponses à cette question cruciale : à quoi tu penses ?, rassemblées dans son ouvrage « Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable », vendu à plus de vingt mille exemplaires au fil des rééditions. Oulip-hip-hip, hourrah !
Enregistrements juin-juillet 2021 Entretien, découpage Richard Gaitet Lectures Chloé Assous-Plunian, Richard Gaitet, Silvain Gire, Delphine Saltel Montage Sara Monimart Prise de son, réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch, Charlie Marcelet Guitare & claviers Zeid Hamdan Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Sep 15, 2021 • 47min
Hervé Le Tellier : Un sourire indéfinissable (1/3)
Un sourire indéfinissable
Bookmakers #13 - L’écrivain du mois : Hervé Le TellierNé à Paris en 1957 sous un nom qu’il préfère garder pour lui, Hervé Le Tellier est l’auteur prolifique et « disparate » de trente-huit livres (romans, poésie, théâtre) publiés au Castor Astral, chez JC Lattès ou aux éditions Gallimard. Lauréat du Goncourt et best-seller surprise de l’année 2020 avec « L’Anomalie », cet ex-journaliste scientifique fut de 1991 à 2018 le « Papou » le plus facétieux de France Culture – tout en étant depuis trente ans membre émérite de l’OuLiPo, sémillant cénacle d’ingénieurs du verbe dont il préside aujourd’hui les assemblées généreuses en contraintes créatives.En sus des ouvrages décortiqués dans ces trois épisodes de Bookmakers, citons ses « Contes liquides » publiés aux éditions de L’Attente et lauréats d’un prix de l’humour noir en 2013, qui rassemblent 80 rituels étranges venus de contrées imaginaires et signés d’un mystérieux « Jaime Montestrela », poète lisboète inventé de toutes pièces dont Hervé traduisit les œuvres – alors que Le Tellier, selon nos informations, ne parle pas du tout portugais.En partenariat avec Babelio.(1/3) Un sourire indéfinissable Que savons-nous d’Hervé Le Tellier ? Je me souviens de ses 233 points de vue sur la Joconde – celui du médecin, d’un amateur de puzzle, de Lacan ou de Marguerite Duras – écrits pour les besoins de son ouvrage « Joconde jusqu’à cent et plus si affinités ». Je me souviens de 115 « dialogues socratiques de qualité » entre un maître et son disciple relativement idiot, regroupés dans le très zen « Demande au muet ». Je me souviens d’une liste de 40 véritables souvenirs amoureux, offerts à une ancienne amante le jour de ses 40 ans, insérés dans son roman « Assez parlé d’amour » qui s’écoula à vingt-six mille exemplaires. Je me souviens aussi de sa passion pour « Je me souviens » de Georges Perec, tout comme je me souviens de sa fausse correspondance avec 4 présidents de la République, révélée au grand jour dans « Moi et François Mitterrand ». Je me souviens enfin du Goncourt obtenu en 2020 pour « L’Anomalie », ses 40 traductions et son million d’exemplaires vendus, qui bouleversa un peu l’existence de ce romancier, poète et dramaturge parisien de 64 ans.Mais quelle est l’origine, l’abscisse et l’ordonnée de cet ancien professeur de mathématiques ? Quels auteurs consolèrent l’enfant seul que vingt mille lecteurs découvrirent dans son émouvant récit autobiographique, « Toutes les familles heureuses » ? A-t-il réellement assuré la sécurité du groupe The Clash ? Ce sont quelques-uns des sujets mis en équation dans ce premier épisode, avec l’humour en exposant.
Enregistrements juin-juillet 2021 Entretien, découpage Richard Gaitet Lectures Chloé Assous-Plunian, Richard Gaitet, Silvain Gire, Delphine Saltel Montage Sara Monimart Prise de son, réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch, Charlie Marcelet Guitare & claviers Zeid Hamdan Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

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Jun 25, 2021 • 53min
Alain Damasio : Hors de lui (3/3)
Alain Damasio, écrivain lyonnais né en 1969, est connu pour ses romans audacieux et ses réflexions philosophiques. Dans cette conversation, il partage ses luttes créatives et l'importance de la solitude dans son processus d'écriture. Il évoque comment l'art et la nature influencent son œuvre, tout en discutant de ses futurs projets, comme une série télévisée. Damasio aborde également l'évolution de la représentation féminine dans ses écrits, révélant une prise de conscience personnelle et critique. Un échange riche et inspirant!

Jun 25, 2021 • 54min
Alain Damasio : Zoomer sur la Zone (2/3)
Zoomer sur la Zone
Bookmakers #12 - L’écrivain du mois : Alain DamasioNé à Lyon en 1969 sous le nom d’Alain Raymond, ce fils d’un carrossier et d’une professeure d’anglais rêvait, adolescent, « de changer la société ». Mais sa timidité l’empêche de s’engager pleinement dans les cercles militants. Alors pour exprimer sa « rage », ce lecteur compulsif de philosophie (Nietzsche, Foucault, Deleuze) va se brancher avec intensité sur un champ d’expression qu’il ne pratique quasiment jamais dans ses lectures : le roman, pour sa capacité à actionner « du désir, de la joie » et de nouveaux affects pour des luttes fertiles.Il en écrira seulement trois en vingt ans, disponibles au catalogue d’une maison indépendante, La Volte : « La Zone du Dehors » (1999), « La Horde du Contrevent » (2004) et « Les Furtifs » (2019). Trois ambitieux pavés conceptuels au souffle narratif étourdissant, trois laboratoires du style riches en néologismes, en jeux de mots ou en allitérations, trois « long-sellers » qui, complétés par le recueil de nouvelles « Aucun souvenir assez solide » (2012) et toutes les rééditions en poche chez Gallimard, atteignent aujourd’hui un total d’1,2 million de livres vendus, sans compter les traductions. Alain Damasio a publié ce printemps aux éditions Rageot la refonte d’une nouvelle de 2014, « Scarlett et Novak », narrant l’agression d’un jeune homme privé de son intelligence artificielle.En partenariat avec Babelio.(2/3) Zoomer sur la Zone« Ce que je vous propose, c’est un monde dangereux, inconfortable et fou. » Entrons alors dans « La Zone du Dehors », le premier roman d’Alain Damasio écrit entre 22 et 26 ans et publié d’abord en deux tomes, en 1999, aux éditions CyLibris. Prenons la direction d’un satellite imaginaire de Saturne, au cœur d’une colonie terrienne où la vie ne tourne plus très rond : les habitants y sont classés, « clastrés », hiérarchisés et rebaptisés tous les deux ans selon leur respect des normes et leur efficacité au travail. « Souriez, vous êtes gérés. » Soumis, ces citoyens se fliquent et se dénoncent les uns les autres, sans pour autant jouir d’une liberté de circuler, sinon par « accès sélectifs » dans un « couvre-feu général » – tandis que « tout ce qui dérange ou heurte a été éradiqué ».Située en 2084, pile un siècle après l’action du roman « 1984 » de George Orwell, cette dystopie politique est une dénonciation des sociétés de contrôle qui, au début des années 90, « frappaient à la porte », selon l’expression de Gilles Deleuze. Anticipant la reconnaissance faciale, la traçabilité, les assistants vocaux ou la notation des individus, ce « bréviaire de combat » de 650 pages avait pour « unique but », affirme l’auteur, « de comprendre, en Occident, pourquoi et comment se révolter ». Heureusement, dans l’ombre, un groupuscule nommé La Volte, « joyeux bordel » de poètes et de radieux « rad-zonards » vu comme une organisation terroriste par la « fange gouvernementale », prépare sa « volution » pour dynamiter cette ville d’esclaves, en se battant pour la vitalité du collectif, « sans techno-prothèses », étant donné que « le confort est un danger » et l’individu, « une camisole ».Sorti dans une indifférence quasi complète avec à peine cinq cents exemplaires vendus en cinq ans, « La Zone du Dehors » sera réédité – et partiellement réécrit – en 2007 par une maison d’édition nommée… La Volte, pour atteindre aujourd’hui les cent mille copies écoulées. Dans ce deuxième épisode, Alain Damasio dévoile la « machinerie » de cette très impressionnante entrée en littérature, portée par une énergie étrange qu’il lui fallut apprendre à métaboliser : sa « fougue froide ».
Enregistrement mai 2021 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Musique additionnelle Arnaud Forest Machines Clément Cliquet Illustration Sylvain Cabot Remerciements Jeanne Robet Production ARTE Radio

Jun 25, 2021 • 54min
Alain Damasio : Souvenirs solides (1/3)
Souvenirs solides
Bookmakers #12 - L’écrivain du mois : Alain DamasioNé à Lyon en 1969 sous le nom d’Alain Raymond, ce fils d’un carrossier et d’une professeure d’anglais rêvait, adolescent, « de changer la société ». Mais sa timidité l’empêche de s’engager pleinement dans les cercles militants. Alors pour exprimer sa « rage », ce lecteur compulsif de philosophie (Nietzsche, Foucault, Deleuze) va se brancher avec intensité sur un champ d’expression qu’il ne pratique quasiment jamais dans ses lectures : le roman, pour sa capacité à actionner « du désir, de la joie » et de nouveaux affects pour des luttes fertiles.Il en écrira seulement trois en vingt ans, disponibles au catalogue d’une maison indépendante, La Volte : « La Zone du Dehors » (1999), « La Horde du Contrevent » (2004) et « Les Furtifs » (2019). Trois ambitieux pavés conceptuels au souffle narratif étourdissant, trois laboratoires du style riches en néologismes, en jeux de mots ou en allitérations, trois « long-sellers » qui, complétés par le recueil de nouvelles « Aucun souvenir assez solide » (2012) et toutes les rééditions en poche chez Gallimard, atteignent aujourd’hui un total d’1,2 million de livres vendus, sans compter les traductions. Alain Damasio a publié ce printemps aux éditions Rageot la refonte d’une nouvelle de 2014, « Scarlett et Novak », narrant l’agression d’un jeune homme privé de son intelligence artificielle.En partenariat avec Babelio.(1/3) Souvenirs solidesÀ 51 ans, Alain Damasio apparaît souvent comme une sorte d’oracle chatoyant. Il est, en France, le seul écrivain de science-fiction à qui tous les médias tendent leurs micros, ravis de se faire expliquer le présent pour déjouer les pièges du futur. Sa bonhommie solaire, volontiers rieuse, contraste avec la fermeté de ses convictions politiques (anticapitaliste et écolo, fervent soutien des ZAD ou des Gilets Jaunes) et la lucidité de ses analyses sur notre dépendance dramatique aux réseaux, la novlangue abêtissante de la start-up nation ou le dernier eye-liner de Big Brother. « J’ai toujours revendiqué la S.-F. comme un genre majeur, qui connaît aujourd’hui un âge d’or » puisque notre « vécu technologique » est désormais « total, quotidien, permanent », en raison de ce petit objet rectangulaire que nous avons en poche du matin au soir, le smartphone, noir miroir d’une humanité sous surveillance.Mais quelle a été la formation de cet artiste qui, pour écrire, doit sempiternellement s’isoler, seul et longtemps, dans les gorges du Verdon, le Vercors, le Cap-Corse, à Groix, Porquerolles ou Ouessant ? Ce quinqua dans le vent pour qui la randonnée est aussi importante, au sein de son processus créatif, que la prose de Mallarmé ? Ce passionné de football « structuré par l’épreuve » qui affirme apprendre à organiser ses phrases en regardant jouer l’Argentin Lionel Messi ? Pour le savoir, « Bookmakers » s’est rendu au domicile d’Alain Damasio, à Marseille, le temps d’une visite furtive – dont voici la première partie, à l’extrême-amont de sa mémoire.
Enregistrements mai 2021 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Musiques additionnelles Charlie Marcelet Machines Clément Cliquet Illustration Sylvain Cabot Remerciements Jeanne Robet Sample du jeu « Remember me » de Jean-Maxime Morris, scénarisé par Alain Damasio et Stéphane Beauverger, avec une musique d’Olivier Derivière. ©CAPCOM CO., LTD. 2013 ALL RIGHTS RESERVED. Production ARTE Radio

Apr 23, 2021 • 39min
Sylvain Prudhomme : Le plein de Super (3/3)
Le plein de Super
Bookmakers #11 - L’écrivain du mois : Sylvain PrudhommeNé en 1979, Sylvain Prudhomme vit et travaille à Arles. Après une série de livres cosmopolites et expérimentaux dont nous parlerons beaucoup dans ce numéro, ce bref professeur de lettres est remarqué en 2014 avec « Les Grands », roman de deuil et d’amour en hommage au légendaire orchestre de Guinée-Bissau, le Super Mama Djombo. Son art du sensible se déploie ensuite autour des deux frères de « Légende » (2016) et le succès vient avec « Par les routes » (2019), hymne à la liberté d’un auto-stoppeur évanescent, influencé par les travaux de l’écrivain et plasticien Edouard Levé ; le roman décroche le prix Femina et s’écoule à près de cent mille copies.Traducteur d’une biographie de Pancho Villa, à son aise dans les forêts de l’Ariège autant que dans les salons de coiffure afro de Château d’Eau, Sylvain Prudhomme vient de publier un recueil de nouvelles écrites en confinement : « Les Orages ».En partenariat avec Babelio.(3/3) Le plein de Super À 30 ans, Sylvain Prudhomme part vivre au Sénégal pour diriger deux ans durant l'Alliance française d’une ville du sud, Ziguinchor, posée sur les rives du fleuve Casamance. Il y rencontre certains musiciens d’un orchestre « mythique » de Guinée-Bissau, Super Mama Djombo, fabuleusement populaire dans les années 70-80, qui connut la ferveur des stades en tournant dans toute l’Afrique de l’Ouest, en Amérique latine, à Cuba ou en Europe. Mémoires chaloupées des espoirs d’une nation au lendemain de son indépendance, leurs chansons bercent le séjour de l’écrivain. Prudhomme fera du Mama Djombo les héros magnifiques du roman « Les Grands » (Gallimard), qui le révèle en 2014, vendu à ce jour à dix-huit mille exemplaires. Il invente pour l’occasion un personnage central, le guitariste Saturnino Bayo dit « Couto », « mélange d’ancienne gloire grisonnante et de branleur impénitent », « seigneur invariablement désœuvré, invariablement fauché, le putain de patron de la dalle au ventre », qui dès la première phrase apprend la mort de son amour de jeunesse, la chanteuse Dulce (fictive, elle aussi). Vétérans et nouvelles recrues du groupe décident alors d’improviser un concert en son honneur, le soir même – alors qu’un coup d’Etat se prépare.Roman de deuil à la sensualité rare, « Les Grands » lance Couto un jour et une nuit dans Bissau, au gré de ses souvenirs romantiques ou politiques, dans un « mélange de peine et d’excitation », entre les manguiers fourrés de chauve-souris, les gamins qui jouent au foot, les braseros qui éclairent les visages et les « mille accidents du sol ». La narration résonne d’une oralité jamais chiquée – et l’âge d’or de l’orchestre, comme sa progressive dislocation, y palpite beaucoup mieux ainsi que dans une biographie. « Tu nous a demandé d’envoyer la dynamite mon vieux, tu vas être servi. » Mais comment trouver la note juste, dans le boucan des anecdotes en pagaille ? C’est le sujet de ce troisième et dernier épisode.
Enregistrement mars 2021 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Saxophone Michaël Havard Lectures Christophe Brault Illustration Sylvain Cabot Remerciements Bintou Simporé et Benoît Thuault, pour l’utilisation des extraits du live de Sylvain Prudhomme avec Malan Mané et Djon Motta dans l’émission « Néo Géo » sur Radio Nova (26/11/14) Production ARTE Radio

Apr 23, 2021 • 42min
Sylvain Prudhomme : Sentiers en chantiers (2/3)
Sentiers en chantiers
Bookmakers #11 - L’écrivain du mois : Sylvain PrudhommeNé en 1979, Sylvain Prudhomme vit et travaille à Arles. Après une série de livres cosmopolites et expérimentaux dont nous parlerons beaucoup dans ce numéro, ce bref professeur de lettres est remarqué en 2014 avec « Les Grands », roman de deuil et d’amour en hommage au légendaire orchestre de Guinée-Bissau, le Super Mama Djombo. Son art du sensible se déploie ensuite autour des deux frères de « Légende » (2016) et le succès vient avec « Par les routes » (2019), hymne à la liberté d’un auto-stoppeur évanescent, influencé par les travaux de l’écrivain et plasticien Edouard Levé ; le roman décroche le prix Femina et s’écoule à près de cent mille copies.Traducteur d’une biographie de Pancho Villa, à son aise dans les forêts de l’Ariège autant que dans les salons de coiffure afro de Château d’Eau, Sylvain Prudhomme vient de publier un recueil de nouvelles écrites en confinement : « Les Orages ».En partenariat avec Babelio.(2/3) Sentiers en chantiers« Bien sûr il faudrait se lever, tenter quelque chose, une sortie, une bonne douche (…) Mais le drap est si doux. » En 2007, l’année de ses 28 ans, Sylvain Prudhomme a une bonne raison de sortir de son lit. Les éditions du Serpent à plumes publient son premier roman, « Les Mâtinées d’Hercule », écrit deux ans auparavant. Soit le monologue existentiel d’un narrateur un peu délirant qui, tout simplement, refuse de quitter son plumard et gamberge sous la couette à propos de l’amour, la mort, ses projets pour la journée qu’il abandonne non sans culpabilité, mais aussi de sa libido, de sa compagne baptisée « Pépée », des pantoufles de celle-ci, ou de son métier. Car ce zigue est ingénieur, vous vous rendez compte ? Ce patachon fabrique des propulseurs. Ce n’est pas rien. Mais Hercule se voit comme « un bon à rien, une sangsue des marais, un concombre de rivière inoffensif ».Formidablement absurde, aussi tendre que débraillé, ce texte est l’une des curiosités glanées dans la rivière des débuts méconnus de Sylvain Prudhomme. Suivront une virée en Tanzanie, « Tanganyika Project » (éditions Léo Scheer, 2010), qui dérive vite en laboratoire oulipien dans lequel il tente de « capturer » les rues ; « L’Affaire Furtif » (Burozoïque, 2010), sur l’épopée maritime d’artistes radicaux qui font sécession avec la société ; puis « Là, avait dit Bahi », « roman vrai » qui marque en 2012 son entrée dans la collection L’Arbalète de Gallimard, composé d’une seule phrase de 199 pages, après un mois en Algérie dans la cabine d’un camionneur septuagénaire. Tels sont les chantiers « un peu conséquents » et les sentiers enchantés de ce deuxième épisode. En route !
Enregistrement mars 2021 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Saxophone Michaël Havard Lectures Christophe Brault Illustration Sylvain Cabot Remerciements Bintou Simporé et Benoît Thuault, pour l’utilisation des extraits du live de Sylvain Prudhomme avec Malan Mané et Djon Motta dans l’émission « Néo Géo » sur Radio Nova (26/11/14) Production ARTE Radio

Apr 23, 2021 • 49min
Sylvain Prudhomme : Au départ de ses routes (1/3)
Au départ de ses routes
Bookmakers #11 - L’écrivain du mois : Sylvain PrudhommeNé en 1979, Sylvain Prudhomme vit et travaille à Arles. Après une série de livres cosmopolites et expérimentaux dont nous parlerons beaucoup dans ce numéro, ce bref professeur de lettres est remarqué en 2014 avec « Les Grands », roman de deuil et d’amour en hommage au légendaire orchestre de Guinée-Bissau, le Super Mama Djombo. Son art du sensible se déploie ensuite autour des deux frères de « Légende » (2016) et le succès vient avec « Par les routes » (2019), hymne à la liberté d’un auto-stoppeur évanescent, influencé par les travaux de l’écrivain et plasticien Edouard Levé ; le roman décroche le prix Femina et s’écoule à près de cent mille copies.Traducteur d’une biographie de Pancho Villa, à son aise dans les forêts de l’Ariège autant que dans les salons de coiffure afro de Château d’Eau, Sylvain Prudhomme vient de publier un recueil de nouvelles écrites en confinement : « Les Orages ».En partenariat avec Babelio.(1/3) Au départ de ses routesVoici un drôle de garçon, solaire et humble, pudique et généreux – dont le premier texte achevé, à vingt ans et des brouettes, fut une étude méticuleuse du bigorneau, sur cent pages, en forme d’autoportrait non prémédité. Jamais édité, le texte semblait crier : vous allez voir ce que vous allez voir, ce matin calme où Sylvain Prudhomme se déciderait à sortir de sa coquille. On a vu ! Depuis 2007 et la sortie des « Mâtinées d’Hercule », voire depuis 2003 et le recueil de contes « du pays tammari » qu’il est parti recueillir avec des copains sur les montagnes du Bénin, ses livres se suivent et ne se ressemblent presque pas. À 42 ans, l’auteur itinérant de « Par les routes » – lauréat 2019 du prix Femina, près de cent mille exemplaires vendus – a déjà signé une dizaine d’ouvrages qui affirment, selon ses propres termes, son « goût du lointain, de l'utopie, des vies solitaires, des cabanes, des friches, des villes construites à la va-comme-je-te-pousse… et la réserve de possibles qu'elles offrent ».La « réserve ». L’expression reviendra plusieurs fois dans cette conversation, pour parler de toutes les histoires qu’il a encore en lui. Ce natif de La Seyne-sur-Mer (Var) compare aussi sa pratique de l’écriture à un « barrage » qui, à intervalles réguliers, doit s’ouvrir pour que s’écoule « le tumulte du fleuve » de ses perceptions, personnages et situations. Cette métaphore aquatique n’a rien d’un hasard, puisqu’une part notable de son imaginaire s’est constituée près d’un lac mythique, le Tanganyika, « terrain d’explorations, peuplé de bêtes et de héros », au cours d’une enfance africaine qu’il raconte ici pour la première fois – avant de rendre hommage à de grands maîtres-nageurs : Francis Ponge, Claude Simon et Valère Novarina.
Enregistrement mars 2021 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Saxophone Michaël Havard Lectures Christophe Brault Illustration Sylvain Cabot Remerciements Bintou Simporé et Benoît Thuault, pour l’utilisation des extraits du live de Sylvain Prudhomme avec Malan Mané et Djon Motta dans l’émission « Néo Géo » sur Radio Nova (26/11/14) Production ARTE Radio

Mar 19, 2021 • 39min
Pierre Jourde : Absolutely Maréchalous (3/3)
Absolutely Maréchalous
Bookmakers #10 - L’écrivain du mois : Pierre JourdeNé à Créteil en 1955, Pierre Jourde vit et travaille à Paris. Romancier « complexe », poète aux haïkus « tout foutus », théoricien du « double » ou de « l’authenticité », ce rigoureux professeur de lettres n’est que « secondairement », dit-il, le critique impitoyable que Saint-Germain-des-Prés découvrit avec l’essai « La littérature sans estomac » (L’Esprit des Péninsules, 2002) récompensé par l’Académie Française.Sa reconnaissance fut aussi tardive que l’œuvre est prolifique. Pour se mettre en jambes, on lira d’abord son récit burlesque d’alpinisme amateur, « Le Tibet sans peine » (Gallimard, 2008), avant d’attaquer « Pays perdu » (L’Esprit des Péninsules, 2003, récit intime de son Auvergne « épique »), suivi du compte-rendu de la violente réception de ce texte, formulé dans « La première pierre » (Gallimard, Grand-Prix Jean Giono 2013). Les plus vaillant.e.s chemineront ensuite vers le déchirant « Winter is coming » (2017, ode au fils disparu) ou la somme de toutes ses obsessions : « Le Maréchal absolu » (2012).En partenariat avec Babelio.(3/3) Absolutely Maréchalous« Je n’ai pas voulu être aimé. J’ai voulu être craint, jalousé, admiré. J’ai voulu étonner. Mais qu’est-ce qui va rester ? » La plupart des textes de Pierre Jourde sont fondés, en grande partie, sur la présence du mal, incarné par un personnage diabolique, inquiétant, monstrueux. Et l’empereur définitif de son enfer littéraire trône en majesté dans son roman « Le Maréchal Absolu », publié en 2012 chez Gallimard. Une fresque maboule de 728 pages sur l’ivresse du pouvoir et ses dérives totalitaires, posée sur les épaules grabataires du Maréchal Alessandro Y, occulte président à vie de la république imaginaire d’Hyrcasie, « croquemitaine clownesque recroquevillé dans son royaume microscopique », « un port et quatre kilomètres carrés d’une vieille cité de tourisme, de corruption et de prédation », assiégé par la rébellion, mélange mi-cocasse mi-coriace du Kadhafi final et du « Père Ubu » d’Alfred Jarry.Empêtré dans un crépuscule grand-guignolesque, le tyran s’adresse à son dernier confident, le fidèle Manfred-Célestin, pour un monologue baroque et bouffon, un fleuve de paroles piégées, trouées par un savant pastiche de roman d’espionnage aux chausse-trappes permanents, constellé de sosies, de traîtres, de jumeaux et d’agents dormants. Pierre Jourde y accomplit la synthèse de ses recherches narratives et stylistiques, gorgée d’amples phrases précises et imagées, qui n’excluent pas des envolées pleines de gouaille qu’on croirait tirées des comédies de Bertrand Blier.Ce pari « absurde », si rare, est le résultat de dix-sept années de travail et de plans sans cesse recommencés. Mais ce roman ne fut lu, à sa sortie, que par 3200 curieux. Penchons-nous malgré tout, dans ce troisième et dernier épisode, sur l’obstination de ce « polygraphe fou », avant d’évoquer un livre d’une terrible tristesse : « Winter is coming » (Gallimard, 2017), bouleversant récit des onze derniers mois de son fils Gabriel, mort à vingt ans d’un cancer extrêmement rare. Dans l’un des derniers souvenirs rapportés, Pierre Jourde écrit : « Tu dors tranquille dans le hamac, le vent parfumé se glisse dans tes boucles. Tu agites la main derrière nous, avant de rentrer avec ta tante dans l’ombre de la maison. »
Enregistrement février 2021 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage, musiques originales Samuel Hirsch Guitare, claviers, drone Matthieu Lesenechal Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio