

Bookmakers : le making-of de la littérature
ARTE Radio
Lecture, écriture, style : Bookmakers est un podcast littéraire qui propose d’écouter les écrivains et les écrivaines détailler leurs secrets d’écriture. C’est le récit d’un récit, les coulisses de fabrication d’un livre majeur dans la carrière d’un auteur ou d’une autrice, qui dévoile sa discipline, son rythme et ses méthodes de travail. C’est quoi, le style ? Comment construit-on une intrigue, un personnage ? Où faut-il couper ? Tous les deux mois, Bookmakers écoute les plus grands écrivains et écrivaines d’aujourd’hui raconter, hors de toute promotion, l’étincelle initiale, les recherches, la discipline, les obstacles, le découragement, les coups de collier, la solitude, la première phrase, les relectures… mais aussi le rôle de l'éditeur, de l’argent, la réception critique et publique, le regard sur le texte des années plus tard. Animé par Richard Gaitet, écrivain et homme de radio, le podcast Bookmakers détruit le mythe d’une inspiration divine qui saisirait les auteurs au petit matin. Il rappelle que l'écriture est aussi un métier, un artisanat, un beau travail. Bookmakers c’est le podcast d’un lecteur affamé de romans, d’essais, de contes, de poèmes, de pièces de théâtre, de bandes dessinées, de romans policiers, de nouvelles, de scénarios, de chansons, de sketchs, de traduction et qui dévore tous les genres avec gourmandise : fantasy, science-fiction, anticipation, polar, thrillers, aventures, récits de voyage, romans de gare, littérature érotique, épopées, odyssées, best-seller, page turners, chick lit, littérature expérimentale, histoire, roman épistolaire, philosophie, mangas, blogs, drame, autofiction, littérature documentaire, roman naturaliste, littérature jeunesse, fables, romans gothiques, romans d’aventures, roman noir, littérature d’espionnage, journaux intimes, biographies, mémoires, littérature du réel, journalisme gonzo, pamphlets ou littérature de contrainte. Il maitrise aussi l’art de l’interview, du silence, du tempo, de la question que personne n’a vu venir, de celle qu’on n’oserait pas poser, de l’hésitation fructueuse, de la remarque de dernière minute, de l’inspiration, de l’écoute, de la répartie, de l’envolée et du triple saut périlleux, mais toujours avec le sourire. Après avoir écouté Bookmakers, non seulement vous aurez une furieuse envie d’écriture, au point de vous mettre derrière votre clavier, voire de vous acheter un stylo neuf et une ramette de papier, mais vous ferez aussi la fortune de la librairie la plus proche de chez vous et la joie des bibliothécaires du voisinage car vous serez pris d’une irrépressible envie de lecture et vous constituerez chez vous des piles de livres à lire pour plus tard.Avec Bookmakers, Richard Gaitet fera de vous un lecteur ou une lectrice insatiable, un critique littéraire aux arguments aiguisés, un spécialiste capable de repérer les alexandrins cachés dans les paragraphes de prose, un athlète du verbe, un as de la note en bas de page, un corneur de page ou un adepte du marque page, un détenteur d’ex libris, un prescripteur ou une prescriptrice capable d’offrir ou de prêter le livre idéal pour chaque circonstance, un adepte de la citation automatique, un lecteur ou une lectrice qui saura naviguer de Daniel Pennac à Mona Cholet en passant par Chloé Delaume, Alice Zeniter, Justine Niogret, Mohamed Mbougar Sarr, Laura Vazquez, Natacha Appanah, Philippe Jaenada, Constance Debré, Bertrand Belin, Wouajdi Mouawad, Pierre Michon, Nancy Huston, Claude Ponti, Céline Minard, Jakuta Alikavazovic, Andre Markowicz, Laurent Chalumeau, Pierre Christin, Maria Pourchet, Alain Damasio, Nicolas Mathieu, Lola lafon, Dany Laferrière, ou Tristan Garcia.Bref, lecteur et non lecteur, lectrice et non lectrice, écrivain en devenir, autrice en germe, libraire dans l’âme, éditeur ou éditrice en devenir, bibliothécaire ou bibliophile, ce podcast est pour vous, un podcast qui vous chuchote la littérature directement dans vos petites oreilles.
Episodes
Mentioned books

May 19, 2022 • 42min
Bertrand Blier : Faire valser les codes (1/2)
Faire valser les codes
Bookmakers #18 - L’écrivain du mois : Bertrand Blier« Quand on écrit, on est un gangster impuni, jamais attrapé. » Né en 1939 à Boulogne-Billancourt, Bertrand Blier est l’auteur-réalisateur de dix-neuf longs-métrages qui l’ont imposé comme l’un des francs-tireurs du cinéma français, du documentaire « Hitler… connais pas ! » (1963), jusqu’à « Convoi exceptionnel » (2019). Parmi ses hold-ups, citons ses 5,7 millions d’entrées avec un film culte, violent, drôle et choquant, « Les Valseuses » (1974) ; l’Oscar du meilleur film étranger pour « Préparez vos mouchoirs » (1978) ; ses trois Césars du scénario (1980, 1985, 1989), pour « Buffet froid », « Notre histoire » et « Trop belle pour toi », ce dernier film remportant également le Grand Prix du festival de Cannes ; sans oublier le grand prix européen de la Mostra de Venise, pour « 1, 2, 3, soleil » (1993).Entre les tournages, Blier écrit du théâtre et des romans pleins de verve et d’humour désespéré, dont le très réjouissant « Fragile des bronches » (2022, Seghers, avec la collaboration de la journaliste Eva Bester), récit réinventé de son adolescence entre premier amour, quintes de toux et naissance de sa vocation.En partenariat avec Babelio.(1/2) Faire valser les codes« C’est un métier d’adolescent attardé et rêveur, de marginal… pratiqué avec des acteurs qui sont fous parmi les fous. » Extérieur jour, un après-midi à Paris, près de la gare du Nord : ARTE Radio frappe à la porte de l’un des plus grands cinéastes de ce pays pour une leçon de scénario à domicile qui, bien entendu, ne se passera pas comme prévu.Flegmatique, le scandaleux metteur en scène de « Tenue de soirée » se définit parfois comme un « écrivain de cinéma ». L’extraordinaire musicalité de sa prose goguenarde, à la confluence de Céline, Kafka, Beckett et du roman noir américain, a subjugué trois générations de spectateurs. Et quelques réalisateurs – Quentin Dupieux, Gustave Kervern et Benoît Delépine, Alexandre Astier –, qui se revendiquent de son méta-cinéma, gouailleur et provocateur, lyrique ou grand-guignolesque. Gageons qu’ils apprécieront ce conseil : « Au stade de l’écriture, j’accouche de choses effroyables, impossibles à filmer telles quelles, mais extrêmement jouissives en soi. Ensuite, il faut gommer, peaufiner, équilibrer. Puis inventer les images justes. On peut tout dire, tout faire admettre, si c’est esthétiquement valable. C’est à ce stade qu’on évite le scandale gratuit. »Mais comment ce fils d’acteur célèbre, aux piètres résultats scolaires, s’est-il imposé – façon diesel, lentement d’abord, puis à toute blinde – comme un auteur incontournable du septième art ? C’est le sujet de ce premier épisode qui démarre plutôt calmos.NB : afin d’appuyer les propos de Bertrand Blier, ce numéro contient de brefs dialogues tirés des films suivants, dont tous les scénarios ont été écrits par lui : « Laisse aller, c’est une valse », réalisé par Georges Lautner, et « Les Valseuses », « Préparez vos mouchoirs », « Beau-père », « Buffet froid », « Tenue de soirée », « Notre histoire », « Trop belle pour toi », « Merci la vie », « Mon homme », « Les Acteurs », « Combien tu m’aimes ? », « Le Bruit des glaçons » et « Convoi exceptionnel », réalisés par Bertrand Blier. Ces films sont disponibles en DVD/VOD chez Studio Canal. On entendra également Une « version de travail » du monologue introductif de « Beau-père » lue par Bertrand Blier sur une musique de Philippe Sarde, éditée par Universal.
Enregistrement mars 22 Texte, voix, entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Flûte, voix Maïa Barouh Illustration Sylvain Cabot Remerciements Eva Bester Production ARTE Radio

Mar 17, 2022 • 41min
Maria Pourchet : Feu à volonté (3/3)
Feu à volonté
Bookmakers #17 - L'écrivaine du mois : Maria PourchetNée en 1980 à Épinal (Vosges), Maria Pourchet est romancière et scénariste. Après des études de sociologie, une thèse sur la médiatisation des écrivains et des missions dans l’industrie du conseil qui l’ont « desséchée », cette Parisienne d’adoption réalise à 30 ans son rêve obsessionnel de petite fille : écrire. Depuis 2012, elle a publié six romans sur les drames de l’incommunicabilité entre les êtres, empreints d’un humour assez désinvolte, parmi lesquels « Champion » (Gallimard, 2015) et surtout « Feu » (Fayard, 2021), vendu à 50 000 exemplaires.En partenariat avec Babelio.(3/3) Feu à volonté« Tu vas me foutre en l’air », confie son héroïne dans la pénombre d’un théâtre après une partie de sexe triste. Ce fut l’un des succès surprise de la rentrée 2021, avec 50 000 exemplaires écoulés, cinq traductions, pléthore d’articles élogieux et des nominations pour les prix Goncourt, Renaudot, Interallié, Décembre et de Flore. Paru aux éditions Fayard, « Feu », le sixième roman de Maria Pourchet, démarre comme une histoire d’amour très mal barrée. Laure, prof’ d’université de 40 ans, mariée et mère de deux enfants, s’ennuie à crever ; elle rencontre Clément, banquier solitaire et désabusé de 50 piges « au corps noueux, blanc tirant sur le vert », qui n’a d’yeux que pour son vieux clébard baptisé Papa. Ces deux personnes prennent le risque de se brûler. Attraction désastre.Le canevas est archétypal, mais ce qui change tout, c’est la manière : à chaque phrase ou presque, souvent très resserrée, le désespoir progresse d’un cran. Via des observations fort bien senties ou des saillies d’humour noir comme autant de grenades jetées dans le plumard d’une bourgeoisie chiantissime. Au fil d’une narration qui alterne le point de vue des deux protagonistes jusqu’au double dénouement inattendu, cette « mid-life crisis » est aussi traversée – ou plutôt : revitalisée – par un troisième personnage, Vera, 17 ans. La fille aînée de Laure refuse d’« aller au dressage, de marcher au pas, tout ça pour se faire monter plus tard et à la fin se faire bouffer » ; ce destin de « Petit Poney ».De l’étincelle aux cendres, ce troisième et dernier épisode s’intéresse au processus de combustion d’un roman déjà classique. « Feu » à volonté. Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points.
Enregistrements janvier 22 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Baptiste Dupin Montage Sara Monimart, Baptiste Dupin Lectures Richard Gaitet, Delphine Saltel Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Târ Sogol Mirzaei Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Mar 17, 2022 • 36min
Maria Pourchet : Rome en 3650 jours (2/3)
Rome en 3650 jours
Bookmakers #17 - L'écrivaine du mois : Maria PourchetNée en 1980 à Épinal (Vosges), Maria Pourchet est romancière et scénariste. Après des études de sociologie, une thèse sur la médiatisation des écrivains et des missions dans l’industrie du conseil qui l’ont « desséchée », cette Parisienne d’adoption réalise à 30 ans son rêve obsessionnel de petite fille : écrire. Depuis 2012, elle a publié six romans sur les drames de l’incommunicabilité entre les êtres, empreints d’un humour assez désinvolte, parmi lesquels « Champion » (Gallimard, 2015) et surtout « Feu » (Fayard, 2021), vendu à 50 000 exemplaires.En partenariat avec Babelio.(2/3) Rome en 3650 joursDans « Toutes les femmes sauf une », son roman semi-autobiographique sur l’accouchement, la maternité et ses injonctions (Pauvert, 2018), Maria Pourchet observe, en se remémorant son adolescence : « J’essaie d’écrire et c’est le seul repos que je connaisse. La seconde de calme inouïe qui succède au point, après la phrase qu’on voulait dire. Je connais cet endroit comme on connaît sa propre chair. » Cette brève confession d’une jeune mère au bout du rouleau, qui refuse de reproduire sur sa fille la litanie des paroles que la société jette aux oreilles féminines, ne fut pas de tout repos pour elle. « Ce livre blessera. Je l’ai retenu, j’ai serré les dents, j’avais les jetons. C’est passé. Je n’ai plus peur. Je n’ai pas le choix. » Son écriture au scalpel ne flirte plus, ici, avec l’ironie. Sa colère dissèque les vacheries répétées par des générations de femmes « haineuses envers leur genre » et « méchantes avec toutes les excuses de la Terre ». Baigné de sang et de ressentiment, ce cri sera entendu par 9000 lecteurs et lectrices, et salué du prix « révélation » de la Société des Gens De Lettres.Il aura fallu trois livres à Maria Pourchet pour atteindre une telle mise à nue. Après deux romans d’apprentissage poliment farfelus (« Avancer », vendu à 2600 exemplaires, « Rome en un jour », vendu à 6400 exemplaires), la trentenaire commence à trouver sa voix avec le doux-amer « Champion », en 2015 (6700 exemplaires vendus). Ce grand déballage d’un ado gouailleur des années 90, placé en centre de repos, qui s’invente un ami sous la forme d’un loup de Sibérie, attire davantage l’attention des critiques et libraires. Et prépare l’accueil des « Impatients » en 2019, qui sera son dernier roman publié dans la collection Blanche de Gallimard, écoulé à 12 000 exemplaires, mais qu’elle n’« aime pas ».Ce deuxième épisode revient sur une petite décennie au cours de laquelle Maria Pourchet « fait ses classes » ; la preuve, si nécessaire, qu’on ne peut guère bâtir Rome en un jour. Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points.
Enregistrements janvier 22 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Baptiste Dupin Montage Sara Monimart, Baptiste Dupin Lectures Richard Gaitet, Delphine Saltel Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Târ Sogol Mirzaei Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Mar 17, 2022 • 56min
Maria Pourchet : Illusions gagnées (1/3)
Illusions gagnées
Bookmakers #17 - L'écrivaine du mois : Maria PourchetNée en 1980 à Épinal (Vosges), Maria Pourchet est romancière et scénariste. Après des études de sociologie, une thèse sur la médiatisation des écrivains et des missions dans l’industrie du conseil qui l’ont « desséchée », cette Parisienne d’adoption réalise à 30 ans son rêve obsessionnel de petite fille : écrire. Depuis 2012, elle a publié six romans sur les drames de l’incommunicabilité entre les êtres, empreints d’un humour assez désinvolte, parmi lesquels « Champion » (Gallimard, 2015) et surtout « Feu » (Fayard, 2021), vendu à 50 000 exemplaires.En partenariat avec Babelio.(1/3) Illusions gagnées Un jour, Maria Pourchet a déclaré : « J’aime par dessus-tout la ville, le silence, oublier l’heure et quel jour on est, commencer un roman, la forêt, l’argent qui tombe du ciel, l’Italie, les tables de 6 ou 8, boire du vin (du Sud) dans des verres très très fins, être amoureuse, dormir, relire les romans de Jean Echenoz des années 80, les illusions, les hommes de ma vie, relire les romans de Philippe Djian des années 80, relire Flaubert, constater que j’ai le temps pour ça, ranger un placard et nettoyer les nids de serpents. »Dix ans après son premier roman au titre programmatique (« Avancer », Gallimard, 2012), que trouve-t-on dans les placards de cette femme « saturée de livres » ? Qu’a-t-elle retenu de la langue des vipères, dans la campagne vosgienne de son enfance ? D’où lui vient ce goût de la réplique cinglante, cet art consommé de la punchline qui fit en partie le succès de son roman le plus récent, « Feu » (Fayard, 2021) ? De quoi fut-elle « sauvée » en découvrant Romain Gary et son double, Émile Ajar ?Voici venue l’heure d’interroger, en profondeur, cette romancière et scénariste dont les six livres, teintés d’ironie et d’un regard bien renseigné propre à sa formation de sociologue, mettent en scène des personnages de profs, de publicitaires, de P.-D.-G., de môme paumé ou de mère sévère, qui ne savent pas – ou plus – se parler. Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points.
Enregistrements janvier 22 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Baptiste Dupin Montage Sara Monimart, Baptiste Dupin Lectures Richard Gaitet, Delphine Saltel Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Târ Sogol Mirzaei Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Feb 17, 2022 • 38min
Claude Ponti : Au pied-bleu de la lettre (3/3)
Au pied-bleu de la lettre
Bookmakers #16 - L'écrivain du mois : Claude PontiClaude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ».Chéri par deux générations de lectrices et lecteurs de toutes tailles, l’art poétique de Claude Ponti fait le pont entre deux rives. D’un côté, le pays du dessin merveilleux – via ses flaques magiques, ses îles touffues et ses arbres sans fin, peuplés de monstres et de petites créatures angoissées mais intrépides. De l’autre, la contrée du langage réinventé, dans la lignée de Lewis Carroll, avec des bagages entiers de mots-valises ou de néologismes éclapatouillants.En partenariat avec Babelio.(3/3) Au pied-bleu de la lettreEn 2016, pour l’album « Le Mystère des Nigmes », Claude Ponti met en scène « la kastatroffe » d’une tribu de Souris Archivistes : toutes les lettres de leurs livres ont été remplacées par des pattes de mouches ! Qui a bien pu commettre ce crime linguistique ? Les mouches ? Pourquoi cette violence contre les mots ? Comment retrouver les pages perdues ? Et l’auteur, maître du sous-texte symbolique, de s’interroger avec nous : « Sans la mémoire de ce qui est arrivé, comment savoir ce qu’on a détesté et le refuser ? »Onze ans plus tôt, en 1995, Claude Ponti publie aux éditions de l’Olivier un premier roman dont nous déconseillons la lecture aux enfants. Dans « Les pieds-bleus », le dessinateur se dévoile sous les traits d’Hercule, ado d’un village des Vosges au début des années 60. Il évoque frontalement les sévices d’un père qui « signe » son gosse à coups de rallonge électrique, les ravages de l’alcoolisme, la démission d’une mère, le racisme ordinaire et les abus d’un grand-père à la « vieille peau de linge sale pourri » qui menace de le tuer. Sans oublier quelques histoires lugubres liées à l’Occupation découvertes par Hercule et ses copains, qui se consolent en rêvant d’être Apaches dans les grottes souterraines du « territoire Pied-Bleu ».Dans ce troisième et dernier épisode, Claude Ponti revient sur la « rage » qui l’animait au moment d’écrire – en trois mois – ce roman si triste et si puissant, qui permet de mieux appréhender sa fabrique de monstres en pagaille. Nous nous attarderons enfin sur sa pratique de l’écriture inclusive, dont il est l’un des pionniers, également en avance sur la question du genre de ses « héroïns et héroïnes ». Tendez l’oreille ! C’est extrafoudingue ! Il y a tant de choses à écouter derrière la porte de l’auteur de « L’Écoute-aux-portes ».
Enregistrements décembre 21 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Sabine Zovighian Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Saxophone Florence Kraus Illustration Sylvain Cabot Remerciements Dominique Thbaut et Benoît Thuault pour leur automobile, Lison et Coline pour la lettre et les dessins Production ARTE Radio

Feb 17, 2022 • 35min
Claude Ponti : Ponti et ses 120 millions de petits (2/3)
Ponti et ses 120 millions de petits
Bookmakers #16 - L'écrivain du mois : Claude PontiClaude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ».Chéri par deux générations de lectrices et lecteurs de toutes tailles, l’art poétique de Claude Ponti fait le pont entre deux rives. D’un côté, le pays du dessin merveilleux – via ses flaques magiques, ses îles touffues et ses arbres sans fin, peuplés de monstres et de petites créatures angoissées mais intrépides. De l’autre, la contrée du langage réinventé, dans la lignée de Lewis Carroll, avec des bagages entiers de mots-valises ou de néologismes éclapatouillants.En partenariat avec Babelio.(2/3) Ponti et ses 120 millions de petitsNotre « Bourlingue-Œil » se promène partout. Dans la caverne à croquis de Monsieur Claude Ponti, nous souhaitons maintenant savoir comment naissent ses histoires. Quelle est la portion d’intuition dans sa ratatouille d’humour, d’aventure et de surréalisme ? Finira-t-il par créditer les marmots qui l’entourent pour leurs inventions langagières involontaires ? D’où vient l’épopée de « Pétronille et ses 120 petits » (1990), fable admirable sur la charge mentale vendue à plus d’1,3 million d’exemplaires, dont plus de la moitié en Asie ? Quelles sont les racines de « L’Arbre sans fin » (1992), ayant su conquérir le cœur de 870 000 lecteurs, via l’odyssée d’une fillette qui, pour la première fois de sa vie, doit faire face à la mort (de sa grand-mère) et au danger (d’une méchante salade géante aux dents pointues) ?Un matin calme, Claude Ponti a déclaré : « Les émotions de l’enfance viennent comme elles veulent, mais je trie en virant les clichés. » En voici un, bien démonté. Quand des journalistes félicitent le roi de la gouache parce qu’il a su « conserver son âme d’enfant », ce vieux sage répond : « Ça me gonfle. Y a des petits cons, chez les enfants, aussi. »
Enregistrements décembre 21 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Sabine Zovighian Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Saxophone Florence Kraus Illustration Sylvain Cabot Remerciements Dominique Thbaut et Benoît Thuault pour leur automobile, Lison et Coline pour la lettre et les dessins Production ARTE Radio

Feb 17, 2022 • 51min
Claude Ponti : Le poussin démasqué ! (1/3)
Le poussin démasqué !
Bookmakers #16 - L'écrivain du mois : Claude PontiClaude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ».Chéri par deux générations de lectrices et lecteurs de toutes tailles, l’art poétique de Claude Ponti fait le pont entre deux rives. D’un côté, le pays du dessin merveilleux – via ses flaques magiques, ses îles touffues et ses arbres sans fin, peuplés de monstres et de petites créatures angoissées mais intrépides. De l’autre, la contrée du langage réinventé, dans la lignée de Lewis Carroll, avec des bagages entiers de mots-valises ou de néologismes éclapatouillants.En partenariat avec Babelio.(1/3) Le poussin démasqué !Sonnons le début de la récré. Quittons Paris, direction la Sarthe et la vallée du Loir, jusqu’à la maison bordée de tilleuls de Claude Ponti. Dans ce premier épisode, le papa rigolmarrant de Tromboline et Foulbazar, de la courageuse Pétronille, du malheureux Okilélé ou du facétieux Blaise le poussin masqué se démasque dans l’intimité de son atelier. Comment ce jeune Vosgien, fils d’une institutrice et d’un ouvrier, a-t-il réussi à survivre à une enfance désastreuse, marquée par l’inceste, la violence et le déni de sa souffrance ? Quel événement a incité ce passionné de psychanalyse, qui se rêvait peintre « maudit », à enchanter les imaginaires ? À quelle heure s’activent les rouages de son cerveau incroyabilicieux ?Détail inventif : lorsque nous cherchons comment stabiliser notre micro sur sa table à dessin, le créateur du génial « Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer » (2008) nous souffle de planter celui-ci dans son pot de pinceaux. C’est parti ! Bookmakers fout l’bazar chez Claude Ponti !
Enregistrements décembre 21 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Lectures Sabine Zovighian Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Saxophone Florence Kraus Illustration Sylvain Cabot Remerciements Dominique Thbaut et Benoît Thuault pour leur automobile, Lison et Coline pour la lettre et les dessins Production ARTE Radio

Dec 15, 2021 • 32min
Bayon : Variations sur Mezzanine (3/3)
Variations sur Mezzanine
Bookmakers #15 - L’écrivain du mois : BayonNé Bruno Taravant en Côte d'Ivoire en 1951, Bayon signe de 1978 à 2015 dans le journal "Libération" des milliers d’articles très écrits sur ses idoles, The Cure, Joy Division, Suicide, Bashung ou Christophe... Chef anticonformiste et généreux des pages musiques du quotidien, alors en plein âge d’or, l’homme sans prénom offre à Libé son record absolu des ventes en 1991 (800 000 ex.) grâce à une interview "post-mortem" de Serge Gainsbourg, qui deviendra le livre "Gainsbourg raconte sa mort" (Grasset, 2001).Adoré ou détesté, ce moine-soldat de la critique, dont la minutie confine à l’entomologie, est aussi l’auteur méconnu d’une œuvre autobiographique intense, sans succès durable et pourtant inoubliable. À lire, outre les ouvrages mentionnés dans ces trois épisodes ("Mezzanine", "Les Animals"), le sidérant "Haut fonctionnaire" (Grasset, 1993), un « mémoire hanté » sur son père diplomate.En partenariat avec Babelio.(3/3) Variations sur MezzanineParmi les obsessions de Bayon, il y a cette quête : celle de « l’élément noble ». « Un ordre immanent » qui force l’écrivain.e à se mettre au boulot. « Quelque chose qui sauve, coûte que coûte. Une raison supérieure. » C’est-à-dire : un détail, une situation, qui échappe à la compréhension, aux conventions, un sujet peu ou jamais traité, dangereux, difficile, bizarre ou franchement scabreux. Examinons de près la noblesse de deux livres emblématiques de Lord B.Nous ouvrons d’abord l’enclos des « Animals », son « autobiographie à quatre pattes » qui lui rapporta le prix Interallié et se vendit à 18 000 exemplaires (Grasset, 1990). Ce deuxième roman retrace et transcende toutes les rencontres de l’auteur avec une bête. Mouette malheureuse dont un enfant brise les ailes avant qu’un autre n’essaye de les rafistoler ; baleine « puante » sur une plage du golfe de Guinée ; chien sale adoré par tous les habitants d’une ville du Togo, qui attrape la rage et soulève une vague virale de panique internationale. Un zoo osé, croqué en chapitres brefs, parfois réduits au strict paragraphe, à trois lignes « visqueuses ».On grimpe ensuite au septième ciel de « Mezzanine » (Grasset, 2009), roman de formation amoureuse et sexuelle déconseillé aux moins de 15 ans, chichement vendu à 1000 exemplaires. C’est sa version de Barbe bleue, verrouillée dans un studio-cloaque de Pigalle où le jeune Bayon vécut pendant sept ans des aventures restituées avec crudité, mais sans céder à la fanfaronnade : le plaisir n’y est jamais consommé, fabuleusement ralenti par une langue « asphyxiante, qui complique l’approche. Tout le plaisir consiste à s’en priver. Le libertinage, c’est aussi ça : des dispositifs complexes, un fétichisme de cérémonial. »Au cours de cette cérémonie sonore, vous entendrez des conseils précieux, comme celui-ci : « Écris à l’eau froide, au pain, au fromage, au raisin, au régime monacal, bonze. Tu n’es pas là, en fait, pour trop rigoler. »
Enregistrements novembre 21 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Dec 15, 2021 • 36min
Bayon : État critique : du post-punk à Brooklyn (2/3)
État critique : du post-punk à Brooklyn
Bookmakers #15 - L’écrivain du mois : BayonNé Bruno Taravant en Côte d'Ivoire en 1951, Bayon signe de 1978 à 2015 dans le journal "Libération" des milliers d’articles très écrits sur ses idoles, The Cure, Joy Division, Suicide, Bashung ou Christophe... Chef anticonformiste et généreux des pages musiques du quotidien, alors en plein âge d’or, l’homme sans prénom offre à Libé son record absolu des ventes en 1991 (800 000 ex.) grâce à une interview "post-mortem" de Serge Gainsbourg, qui deviendra le livre "Gainsbourg raconte sa mort" (Grasset, 2001).Adoré ou détesté, ce moine-soldat de la critique, dont la minutie confine à l’entomologie, est aussi l’auteur méconnu d’une œuvre autobiographique intense, sans succès durable et pourtant inoubliable. À lire, outre les ouvrages mentionnés dans ces trois épisodes ("Mezzanine", "Les Animals"), le sidérant "Haut fonctionnaire" (Grasset, 1993), un « mémoire hanté » sur son père diplomate.En partenariat avec Babelio.(2/3) État critiqueDans « Roulette russe » (Fayard, 2016), journal intime de ses mornes envies lors de ses débuts à Libération, Bayon se regarde dans le miroir : « B. a trente ans. Lunettes. Cheveux abîmés. Oreilles aiguisées. Bouche assez présentable. Charnue, vive, dessinée. Mais dents calamiteuses. 60 kilos, problèmes familiaux graves, jadis ou en cours. Sociaux également, donc. Résultat mi-straight mi-cool. Moitié marrant, moitié curé (…) C’est un faux adulte, ou un enfant vieilli. Gaspille ses journées morfondu, mouronnant ou râlant, n’aime rien, ne voit rien, n’attend rien. Sans famille, sans attache, sans foi, sans ami, sans espoir, sans avenir (…) Employé sans ambition, lit, dîne toujours dehors, note sans queue ni tête et sans y croire. Même yeux ouverts, larmes aux yeux. Dort. »Le reste du temps, ce graphomane pathologique griffonne, romance et tape (dur) à la machine. Après moult provocations, le « jeune homme perdu » s’impose et propulse dans les colonnes de Libé ses idoles et ses marottes : Bashung, Murat, Manset, Cure, Joy Division, Suicide, Presley ou l’écrivain américain Hubert Selby Jr., qu’il part interviewer chez lui à Los Angeles pendant quinze jours. « Bookmakers » avant l’heure, leur conversation sur l’écriture et « l’extase du désastre » est intégralement publiée dans le journal puis dans un livre, « Selby de Brooklyn » (1985).Un jour, Bayon confia que son pire ennemi sur le plan littéraire, c’est, bien sûr, sa propre complaisance envers sa « manie du jongle et des roucoulades stylistiques », tout comme « la virtuosité instrumentale est l’ennemie de la musicalité, qui se passe fort bien de brio ». A-t-il réussi, au fil des années et des romans « somnambuliques », à faire sien ce conseil de Verlaine : « Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! » ? C’est le sujet de ce deuxième épisode, qui ne manque pas d’air.
Enregistrements novembre 21 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio

Dec 15, 2021 • 51min
Bayon : L’initial B. B. (1/3)
L’initial B. B.
Bookmakers #15 - L’écrivain du mois : BayonNé Bruno Taravant en Côte d'Ivoire en 1951, Bayon signe de 1978 à 2015 dans le journal "Libération" des milliers d’articles très écrits sur ses idoles, The Cure, Joy Division, Suicide, Bashung ou Christophe... Chef anticonformiste et généreux des pages musiques du quotidien, alors en plein âge d’or, l’homme sans prénom offre à Libé son record absolu des ventes en 1991 (800 000 ex.) grâce à une interview "post-mortem" de Serge Gainsbourg, qui deviendra le livre "Gainsbourg raconte sa mort" (Grasset, 2001).Adoré ou détesté, ce moine-soldat de la critique, dont la minutie confine à l’entomologie, est aussi l’auteur méconnu d’une œuvre autobiographique intense, sans succès durable et pourtant inoubliable. À lire, outre les ouvrages mentionnés dans ces trois épisodes ("Mezzanine", "Les Animals"), le sidérant "Haut fonctionnaire" (Grasset, 1993), un « mémoire hanté » sur son père diplomate.En partenariat avec Babelio.(1/3) L’initial B. B.Bah voyons : voici Bayon. Personne n’écrit comme ça, aujourd’hui en France : préciosité « fin de siècle » des termes et des sentiments, longues phrases savamment architecturées ou, au contraire, sèches et méchantes comme un coup de trique. Par goût (coupable) de la formule, disons qu’il s’agit d’un petit Proust qui aurait beaucoup écouté The Cure ou le punk spirite des bien-nommés Suicide. Le tout, pour servir une exigence morale de vieux sage « au bord du précipice » et dont l’élégance noire a nourri sur trois décennies une dizaine d’ouvrages-confessions, souvent fondés sur des expériences traumatiques : mort d’un petit frère sous ses yeux, coma et trépanation suite à un accident de moto, rupture familiale, dépression aiguë, crâne fracturé après une chute à vélo, « ictus » amnésique.Pour comprendre, il faut remonter la piste de l’initial B. B. jusqu’aux origines de sa recherche du temps perdu. S’enfoncer dans la jungle du jeune Bruno. Dans ce premier épisode, Bayon retire son bâillon et parle Côte d’Ivoire, Togo, Gabon – où il étudie Kafka tout en exerçant, l’été, un job d’inspecteur forestier. Avant Paris, où ce « Rimbaud de pochette-surprise » compose « debout, empoisonné de migraines, de café et bière, en une dizaine de jours » un premier roman maudit intitulé « Retour d’enfer », dont la publication lui fait honte et qui ressortira en version expurgée sous le titre « Le Lycéen » (Quai Voltaire, 1988). Élève B., au tableau.
Enregistrements novembre 21 Entretien, découpage, lectures Richard Gaitet Prise de son, montage Sara Monimart Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Illustration Sylvain Cabot Production ARTE Radio


