Bookmakers cover image

Bookmakers

Latest episodes

undefined
Feb 17, 2022 • 35min

Claude Ponti (2/3)

Ponti et ses 120 millions de petits Bookmakers #16 - L'écrivain du mois : Claude PontiClaude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ».Chéri par deux générations de lectrices et lecteurs de toutes tailles, l’art poétique de Claude Ponti fait le pont entre deux rives. D’un côté, le pays du dessin merveilleux – via ses flaques magiques, ses îles touffues et ses arbres sans fin, peuplés de monstres et de petites créatures angoissées mais intrépides. De l’autre, la contrée du langage réinventé, dans la lignée de Lewis Carroll, avec des bagages entiers de mots-valises ou de néologismes éclapatouillants. En partenariat avec Babelio. (2/3) Ponti et ses 120 millions de petitsNotre « Bourlingue-Œil » se promène partout. Dans la caverne à croquis de Monsieur Claude Ponti, nous souhaitons maintenant savoir comment naissent ses histoires. Quelle est la portion d’intuition dans sa ratatouille d’humour, d’aventure et de surréalisme ? Finira-t-il par créditer les marmots qui l’entourent pour leurs inventions langagières involontaires ? D’où vient l’épopée de « Pétronille et ses 120 petits » (1990), fable admirable sur la charge mentale vendue à plus d’1,3 million d’exemplaires, dont plus de la moitié en Asie ? Quelles sont les racines de « L’Arbre sans fin » (1992), ayant su conquérir le cœur de 870 000 lecteurs, via l’odyssée d’une fillette qui, pour la première fois de sa vie, doit faire face à la mort (de sa grand-mère) et au danger (d’une méchante salade géante aux dents pointues) ?Un matin calme, Claude Ponti a déclaré : « Les émotions de l’enfance viennent comme elles veulent, mais je trie en virant les clichés. » En voici un, bien démonté. Quand des journalistes félicitent le roi de la gouache parce qu’il a su « conserver son âme d’enfant », ce vieux sage répond : « Ça me gonfle. Y a des petits cons, chez les enfants, aussi. » Enregistrements : décembre 21 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Lectures : Sabine Zovighian - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Saxophone : Florence Kraus - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Dominique Thbaut et Benoît Thuault pour leur automobile, Lison et Coline pour la lettre et les dessins - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Saxophone : Florence Kraus
undefined
Feb 17, 2022 • 51min

Claude Ponti (1/3)

Le poussin démasqué ! Bookmakers #16 - L'écrivain du mois : Claude PontiClaude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ».Chéri par deux générations de lectrices et lecteurs de toutes tailles, l’art poétique de Claude Ponti fait le pont entre deux rives. D’un côté, le pays du dessin merveilleux – via ses flaques magiques, ses îles touffues et ses arbres sans fin, peuplés de monstres et de petites créatures angoissées mais intrépides. De l’autre, la contrée du langage réinventé, dans la lignée de Lewis Carroll, avec des bagages entiers de mots-valises ou de néologismes éclapatouillants. En partenariat avec Babelio. (1/3) Le poussin démasqué !Sonnons le début de la récré. Quittons Paris, direction la Sarthe et la vallée du Loir, jusqu’à la maison bordée de tilleuls de Claude Ponti. Dans ce premier épisode, le papa rigolmarrant de Tromboline et Foulbazar, de la courageuse Pétronille, du malheureux Okilélé ou du facétieux Blaise le poussin masqué se démasque dans l’intimité de son atelier. Comment ce jeune Vosgien, fils d’une institutrice et d’un ouvrier, a-t-il réussi à survivre à une enfance désastreuse, marquée par l’inceste, la violence et le déni de sa souffrance ? Quel événement a incité ce passionné de psychanalyse, qui se rêvait peintre « maudit », à enchanter les imaginaires ? À quelle heure s’activent les rouages de son cerveau incroyabilicieux ?Détail inventif : lorsque nous cherchons comment stabiliser notre micro sur sa table à dessin, le créateur du génial « Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer » (2008) nous souffle de planter celui-ci dans son pot de pinceaux. C’est parti ! Bookmakers fout l’bazar chez Claude Ponti !  Enregistrements : décembre 21 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Lectures : Sabine Zovighian - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Saxophone : Florence Kraus - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Dominique Thbaut et Benoît Thuault pour leur automobile, Lison et Coline pour la lettre et les dessins - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Saxophone : Florence Kraus
undefined
Dec 15, 2021 • 32min

Bayon (3/3)

Variations sur Mezzanine Bookmakers #15 - L’écrivain du mois : BayonNé Bruno Taravant en Côte d'Ivoire en 1951, Bayon signe de 1978 à 2015 dans le journal "Libération" des milliers d’articles très écrits sur ses idoles, The Cure, Joy Division, Suicide, Bashung ou Christophe... Chef anticonformiste et généreux des pages musiques du quotidien, alors en plein âge d’or, l’homme sans prénom offre à Libé son record absolu des ventes en 1991 (800 000 ex.) grâce à une interview "post-mortem" de Serge Gainsbourg, qui deviendra le livre "Gainsbourg raconte sa mort" (Grasset, 2001).Adoré ou détesté, ce moine-soldat de la critique, dont la minutie confine à l’entomologie, est aussi l’auteur méconnu d’une œuvre autobiographique intense, sans succès durable et pourtant inoubliable. À lire, outre les ouvrages mentionnés dans ces trois épisodes ("Mezzanine", "Les Animals"), le sidérant "Haut fonctionnaire" (Grasset, 1993), un « mémoire hanté » sur son père diplomate. En partenariat avec Babelio. (3/3) Variations sur MezzanineParmi les obsessions de Bayon, il y a cette quête : celle de « l’élément noble ». « Un ordre immanent » qui force l’écrivain.e à se mettre au boulot. « Quelque chose qui sauve, coûte que coûte. Une raison supérieure. » C’est-à-dire : un détail, une situation, qui échappe à la compréhension, aux conventions, un sujet peu ou jamais traité, dangereux, difficile, bizarre ou franchement scabreux. Examinons de près la noblesse de deux livres emblématiques de Lord B.Nous ouvrons d’abord l’enclos des « Animals », son « autobiographie à quatre pattes » qui lui rapporta le prix Interallié et se vendit à 18 000 exemplaires (Grasset, 1990). Ce deuxième roman retrace et transcende toutes les rencontres de l’auteur avec une bête. Mouette malheureuse dont un enfant brise les ailes avant qu’un autre n’essaye de les rafistoler ; baleine « puante » sur une plage du golfe de Guinée ; chien sale adoré par tous les habitants d’une ville du Togo, qui attrape la rage et soulève une vague virale de panique internationale. Un zoo osé, croqué en chapitres brefs, parfois réduits au strict paragraphe, à trois lignes « visqueuses ».On grimpe ensuite au septième ciel de « Mezzanine » (Grasset, 2009), roman de formation amoureuse et sexuelle déconseillé aux moins de 15 ans, chichement vendu à 1000 exemplaires. C’est sa version de Barbe bleue, verrouillée dans un studio-cloaque de Pigalle où le jeune Bayon vécut pendant sept ans des aventures restituées avec crudité, mais sans céder à la fanfaronnade : le plaisir n’y est jamais consommé, fabuleusement ralenti par une langue « asphyxiante, qui complique l’approche. Tout le plaisir consiste à s’en priver. Le libertinage, c’est aussi ça : des dispositifs complexes, un fétichisme de cérémonial. »Au cours de cette cérémonie sonore, vous entendrez des conseils précieux, comme celui-ci : « Écris à l’eau froide, au pain, au fromage, au raisin, au régime monacal, bonze. Tu n’es pas là, en fait, pour trop rigoler. » Enregistrements : novembre 21 - Entretien, découpage, lectures : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch
undefined
Dec 15, 2021 • 36min

Bayon (2/3)

État critique : du post-punk à Brooklyn Bookmakers #15 - L’écrivain du mois : BayonNé Bruno Taravant en Côte d'Ivoire en 1951, Bayon signe de 1978 à 2015 dans le journal "Libération" des milliers d’articles très écrits sur ses idoles, The Cure, Joy Division, Suicide, Bashung ou Christophe... Chef anticonformiste et généreux des pages musiques du quotidien, alors en plein âge d’or, l’homme sans prénom offre à Libé son record absolu des ventes en 1991 (800 000 ex.) grâce à une interview "post-mortem" de Serge Gainsbourg, qui deviendra le livre "Gainsbourg raconte sa mort" (Grasset, 2001).Adoré ou détesté, ce moine-soldat de la critique, dont la minutie confine à l’entomologie, est aussi l’auteur méconnu d’une œuvre autobiographique intense, sans succès durable et pourtant inoubliable. À lire, outre les ouvrages mentionnés dans ces trois épisodes ("Mezzanine", "Les Animals"), le sidérant "Haut fonctionnaire" (Grasset, 1993), un « mémoire hanté » sur son père diplomate. En partenariat avec Babelio. (2/3) État critiqueDans « Roulette russe » (Fayard, 2016), journal intime de ses mornes envies lors de ses débuts à Libération, Bayon se regarde dans le miroir : « B. a trente ans. Lunettes. Cheveux abîmés. Oreilles aiguisées. Bouche assez présentable. Charnue, vive, dessinée. Mais dents calamiteuses. 60 kilos, problèmes familiaux graves, jadis ou en cours. Sociaux également, donc. Résultat mi-straight mi-cool. Moitié marrant, moitié curé (…) C’est un faux adulte, ou un enfant vieilli. Gaspille ses journées morfondu, mouronnant ou râlant, n’aime rien, ne voit rien, n’attend rien. Sans famille, sans attache, sans foi, sans ami, sans espoir, sans avenir (…) Employé sans ambition, lit, dîne toujours dehors, note sans queue ni tête et sans y croire. Même yeux ouverts, larmes aux yeux. Dort. »Le reste du temps, ce graphomane pathologique griffonne, romance et tape (dur) à la machine. Après moult provocations, le « jeune homme perdu » s’impose et propulse dans les colonnes de Libé ses idoles et ses marottes : Bashung, Murat, Manset, Cure, Joy Division, Suicide, Presley ou l’écrivain américain Hubert Selby Jr., qu’il part interviewer chez lui à Los Angeles pendant quinze jours. « Bookmakers » avant l’heure, leur conversation sur l’écriture et « l’extase du désastre » est intégralement publiée dans le journal puis dans un livre, « Selby de Brooklyn » (1985).Un jour, Bayon confia que son pire ennemi sur le plan littéraire, c’est, bien sûr, sa propre complaisance envers sa « manie du jongle et des roucoulades stylistiques », tout comme « la virtuosité instrumentale est l’ennemie de la musicalité, qui se passe fort bien de brio ». A-t-il réussi, au fil des années et des romans « somnambuliques », à faire sien ce conseil de Verlaine : « Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! » ? C’est le sujet de ce deuxième épisode, qui ne manque pas d’air. Enregistrements : novembre 21 - Entretien, découpage, lectures : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch
undefined
Dec 15, 2021 • 51min

Bayon (1/3)

L’initial B. B. Bookmakers #15 - L’écrivain du mois : BayonNé Bruno Taravant en Côte d'Ivoire en 1951, Bayon signe de 1978 à 2015 dans le journal "Libération" des milliers d’articles très écrits sur ses idoles, The Cure, Joy Division, Suicide, Bashung ou Christophe... Chef anticonformiste et généreux des pages musiques du quotidien, alors en plein âge d’or, l’homme sans prénom offre à Libé son record absolu des ventes en 1991 (800 000 ex.) grâce à une interview "post-mortem" de Serge Gainsbourg, qui deviendra le livre "Gainsbourg raconte sa mort" (Grasset, 2001).Adoré ou détesté, ce moine-soldat de la critique, dont la minutie confine à l’entomologie, est aussi l’auteur méconnu d’une œuvre autobiographique intense, sans succès durable et pourtant inoubliable. À lire, outre les ouvrages mentionnés dans ces trois épisodes ("Mezzanine", "Les Animals"), le sidérant "Haut fonctionnaire" (Grasset, 1993), un « mémoire hanté » sur son père diplomate. En partenariat avec Babelio. (1/3) L’initial B. B.Bah voyons : voici Bayon. Personne n’écrit comme ça, aujourd’hui en France : préciosité « fin de siècle » des termes et des sentiments, longues phrases savamment architecturées ou, au contraire, sèches et méchantes comme un coup de trique. Par goût (coupable) de la formule, disons qu’il s’agit d’un petit Proust qui aurait beaucoup écouté The Cure ou le punk spirite des bien-nommés Suicide. Le tout, pour servir une exigence morale de vieux sage « au bord du précipice » et dont l’élégance noire a nourri sur trois décennies une dizaine d’ouvrages-confessions, souvent fondés sur des expériences traumatiques : mort d’un petit frère sous ses yeux, coma et trépanation suite à un accident de moto, rupture familiale, dépression aiguë, crâne fracturé après une chute à vélo, « ictus » amnésique.Pour comprendre, il faut remonter la piste de l’initial B. B. jusqu’aux origines de sa recherche du temps perdu. S’enfoncer dans la jungle du jeune Bruno. Dans ce premier épisode, Bayon retire son bâillon et parle Côte d’Ivoire, Togo, Gabon – où il étudie Kafka tout en exerçant, l’été, un job d’inspecteur forestier. Avant Paris, où ce « Rimbaud de pochette-surprise » compose « debout, empoisonné de migraines, de café et bière, en une dizaine de jours » un premier roman maudit intitulé « Retour d’enfer », dont la publication lui fait honte et qui ressortira en version expurgée sous le titre « Le Lycéen » (Quai Voltaire, 1988). Élève B., au tableau. Enregistrements : novembre 21 - Entretien, découpage, lectures : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch
undefined
Nov 17, 2021 • 42min

Lydie Salvayre (3/3)

Parlez-vous fragnol ? Bookmakers #14 - L’écrivaine du mois : Lydie SalvayreNée en 1948, Lydie Salvayre vit et écrit dans un village du Gard où se trouve un châtaigner sous lequel elle aime « refaire le monde et dire des bêtises pendant des heures entre copains ». Sacrée du Goncourt en 2014 pour « Pas pleurer » (Le Seuil), cette ancienne psychiatre a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels « La compagnie des spectres » (1997, prix Novembre, diatribe éruptive contre les saloperies du régime de Vichy, vendu à 85 000 exemplaires) ou le bouleversant « Marcher jusqu’au soir » (Stock, 2017), récit de sa nuit devant « L’Homme qui marche » de Giacometti, prétexte au dévoilement de l’ombre inexpliquée de toute sa bibliographie : son père. À la rentrée 2021, elle a publié « Rêver debout », ode à « l’insurrection permanente » de Don Quichotte. Pour elle, « écrire sans colère ou révolte est inconcevable ». En partenariat avec Babelio. (3/3) Parlez-vous fragnol ?« On me dit qu’elle avançait comme un bateau, droite et souple comme une voile. On me dit qu’elle avait un corps de cinéma et portait dans ses yeux la bonté de son cœur. » Au début de son roman « Pas pleurer », Lydie Salvayre décrit sa mère, Montserrat Montclus Vaqué, née en 1921 dans une famille de petits paysans catalans. « Aujourd’hui elle est vieille, le visage ridé, le corps décrépit, la démarche égarée, vacillante, elle souffre de troubles de la mémoire, mais elle garde absolument intacts les souvenirs de cet été 36 où a lieu l’inimaginable, et qui fut sans aucun doute l’unique aventure de son existence. » L’inimaginable, c’est la guerre civile espagnole (1936-1939) que l’autrice reconstitue avec fièvre en s’appuyant sur deux témoignages : celui de l’écrivain français Georges Bernanos qui dénonça la répression militaire « massacrant des misérables » avec la bénédiction de l’Église catholique, et celui de sa maman qui « remue les cendres de sa jeunesse perdue » quand elle vécut à 15 ans une « expérience libertaire » pleine d’allégresse dans l’utopie des terres temporairement mises en commun. Au creux de cette Espagne en feu, l’épopée de « Montse » nous est parfois contée dans une langue « transpyrénéenne » au rythme inouï, le « fragnol » : un français « estropié » par des ibérismes accidentels de toute beauté. Publiée en 2014 aux éditions du Seuil, cette « autobiographie par anticipation fictive » (selon le critique Dominique Viart), qui narre la rencontre de ses parents, leur engagement auprès des républicains et, in fine, leur exil forcé et leur installation en France dans des conditions extrêmement précaires, fut sacrée du Goncourt et s’écoula à 410 000 exemplaires. Au cours de ce dernier épisode, nous allons voir ce qu’il faut de joie – et de travail – pour ne pas pleurer. Enregistrements : septembre 2021 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet - Lectures : Anne Steffens - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet
undefined
Nov 17, 2021 • 32min

Lydie Salvayre (2/3)

Remise de médaille Bookmakers #14 - L’écrivaine du mois : Lydie SalvayreNée en 1948, Lydie Salvayre vit et écrit dans un village du Gard où se trouve un châtaigner sous lequel elle aime « refaire le monde et dire des bêtises pendant des heures entre copains ». Sacrée du Goncourt en 2014 pour « Pas pleurer » (Le Seuil), cette ancienne psychiatre a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels « La compagnie des spectres » (1997, prix Novembre, diatribe éruptive contre les saloperies du régime de Vichy, vendu à 85 000 exemplaires) ou le bouleversant « Marcher jusqu’au soir » (Stock, 2017), récit de sa nuit devant « L’Homme qui marche » de Giacometti, prétexte au dévoilement de l’ombre inexpliquée de toute sa bibliographie : son père. À la rentrée 2021, elle a publié « Rêver debout », ode à « l’insurrection permanente » de Don Quichotte. Pour elle, « écrire sans colère ou révolte est inconcevable ». En partenariat avec Babelio. (2/3) Remise de médailleDans « Rêver debout », son dernier livre écrit « en un mois et demi » et sorti à la rentrée aux éditions du Seuil, Lydie Salvayre déclare sa flamme à l’auteur espagnol de « Don Quichotte », saluant au passage la façon dont Cervantès « règle leur compte à tous ces écrivains qui débitent des livres comme si c’était des beignets (…) balayant d’un même coup de torchon (…) les littérateurs fielleux qui n’excellent que lorsqu’ils découvrent les défauts des autres (…), les faiseurs de rimailles qui sucrent leurs poèmes de pétales de rose, d’aurores nimbées d’or, de tendres oisillons et autres mièvreries de la même mélasse (…) et très spécialement les écrivains qui, pour fournir un peu de densité au néant de leurs pages, les tartinent d’Écriture sainte. » Lydie convie ensuite d’autres moulins à vent au bal des imposteurs, raillant par exemple « les auteurs révoltés quémandeurs de bourses d’État, les biographes fouille-poubelles, les habiles qui romancent le malheur des autres pour attendrir le cœur de leur clientèle nantie » ou encore « les belles âmes qui font leur miel d’un fait divers bien saignant ». Avec cette élégante précaution : « Je préfère ne pas allonger la liste, de peur de m’y retrouver. » Mais alors, qu’a-t-elle écrit, parmi plus d’une vingtaine d’ouvrages en trois décennies de publications ? Elle qui compose ses romans… calfeutrée dans son lit ? Elle qui ne rouvre jamais ses bouquins une fois terminés ? Dans le désordre, car Salvayre aime ça : une farce cruelle exceptionnelle, « La Médaille », qui dénonce les mécanismes de domination d’un patronat post-orwellien ; un « Hymne » à la musique « brûlante » et au « désir de bataille » de Jimi Hendrix ; un délicieux « Petit traité d’éducation lubrique » destiné à instruire « les analphabètes du sexe » ; ou encore « Famille », huis clos meurtrier de 39 pages sur un grand garçon parano coincé entre des parents rudes et les chaînes d’info en continu, dont une première version fut publiée en 2002 et qui vient de reparaître aux éditions Tristam.Sellons nos ânes et nos chevaux. Dans ce deuxième épisode, l’Ingénieuse fille d’Hidalgos entraîne encore, à 73 ans, nos âmes au combat.  Enregistrements : septembre 2021 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet - Lectures : Anne Steffens - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet
undefined
Nov 17, 2021 • 49min

Lydie Salvayre (1/3)

Sa déclaration Bookmakers #14 - L’écrivaine du mois : Lydie SalvayreNée en 1948, Lydie Salvayre vit et écrit dans un village du Gard où se trouve un châtaigner sous lequel elle aime « refaire le monde et dire des bêtises pendant des heures entre copains ». Récompensée par le Goncourt en 2014 pour « Pas pleurer » (Le Seuil), cette ancienne psychiatre a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels « La compagnie des spectres » (1997, prix Novembre, diatribe éruptive contre les saloperies du régime de Vichy, vendue à 85 000 exemplaires) ou le bouleversant « Marcher jusqu’au soir » (Stock, 2017), récit de sa nuit devant « L’Homme qui marche » de Giacometti, prétexte au dévoilement de l’ombre inexpliquée de toute sa bibliographie : son père. À la rentrée 2021, elle a publié « Rêver debout », ode à « l’insurrection permanente » de Don Quichotte. Pour elle, « écrire sans colère ou révolte est inconcevable ». En partenariat avec Babelio. (1/3) Sa déclarationElle a le goût « des choses qui mordent, des orties, des mauvaises herbes, des pensées féroces ». Fille de deux réfugiés politiques espagnols, Lydie Salvayre a grandi dans une cité HLM de Haute-Garonne et n’a jamais vu ses parents entrer dans une librairie. En 1969, elle coupe court à ses études de lettres pour devenir, pendant plus de trente ans, psychiatre, pédopsychiatre puis directrice d’un centre médical à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Cette lectrice assidue de Beckett, Colette, Rabelais ou l’Autrichienne Elfriede Jelinek confie avoir « appris à parler… après avoir écrit ». En toute logique, ses personnages ont souvent des difficultés à s’exprimer. Son court premier roman, « La Déclaration », focalisé sur un homme « épuisé jusqu’à l’âme » des suites d’un chagrin d’amour, sort en 1990… l’année de ses 42 ans. Et cette « déclaration de guerre » contre toute forme de « pathos romantique » porte en son sein l’œuvre à venir : présence crue des corps, malheurs psychiques, grossièretés qui côtoient « le beau dire », critique tranchante de « l’esprit compétitif des mâles », hantise des humiliations de son « peuple d’ouvriers » et humour noir en pagaille. Mais par quel heureux hasard la littérature est-elle arrivée dans la vie de Lydie, pour lui donner, affirme-t-elle, « une légitimité » ? Quels sont les points communs entre l’écriture et la thérapie psychanalytique ? Un roman lu à 10 ans peut-il encore provoquer chez l’adulte des émotions fortes ? Ce sont quelques-uns des motifs évoqués lors de cette première séance – pardon, de ce premier épisode. Enregistrements : septembre 21 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet - Lectures : Anne Steffens - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet
undefined
Oct 20, 2021 • 27min

Sophie Divry (3/3)

Lucifer et savoir-faire Bookmakers #13 - L’écrivaine du mois : Sophie Divry Née en 1979 à Montpellier, Sophie Divry vit et travaille à Lyon. Diplômée de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, cette « catho de gauche » de 42 ans a d’abord musclé ses convictions écologiques anticapitalistes dans les colonnes du journal « La Décroissance », avant d’être « dévorée » par le désir d’écrire. Consciente que le roman est, selon les mots de Virginia Woolf, « la plus indépendante, la plus élastique et la plus prodigieuse des formes littéraires », celle qui déteste les voitures a mis le turbo et signé huit livres depuis 2010, dont le très remarqué « La Condition pavillonnaire » (2014, éditions Noir sur Blanc). Au printemps 2021, elle a publié « Curiosity » suivi de « L’Agrandirox » et sa mémé confinée, une nouvelle aussi drôle et bizarre qu’un épisode de « La Quatrième Dimension ». En partenariat avec Babelio. (3/3) Lucifer et savoir-faireÀ l’automne 2014, quand Sophie Divry reçoit la mention spéciale du prix Wepler pour son roman « La Condition pavillonnaire », elle rappelle dans son discours que tout.e écrivain.e a ses « démons », jadis énumérés par Jacques Roubaud : « Le démon de la digression et de la parenthèse, le démon de la procrastination, le démon des plans ; le démon de l'originalité absolue, qui trompe souvent les artistes ; le démon de la cohérence ; le démon de la description : le démon de l’érudition » Le livre qui suivra, intitulé avec malice « Quand le diable sortit de la salle de bain » (Noir sur Blanc, 2015), sera donc un « roman improvisé, interruptif et pas sérieux » dédié « aux improductifs, aux enfants, aux affamés, aux rêveurs, aux mangeurs de nouilles et aux défaits ». Autofiction piégée voire « complètement brindezingue », le bouquin s’attache aux galères de Sophie, une drôle d’autrice trentenaire, qui se fait du souci dans son appartement lyonnais de douze mètres carrés. Pauvre, mais pas malheureuse, elle part à la recherche d’un emploi pour calmer sa faim. Ce qui aurait pu être le départ d’un roman tire-larmes sur la précarité se transforme en coffre aux trésors d’une extraordinaire richesse comique. Son démon personnel, « Lorchus », sort (effectivement) de sa salle de bain pour pervertir et désorienter le récit, tout comme sa mère, son éditrice, son meilleur ami ou l’écrivain Pierre Bergounioux, qui n’arrêtent pas d’intervenir. S’y entrechoquent alors, avec une joie contagieuse : un conte pour enfants, une fable médiévale, un calligramme salace dessiné sur deux pages, des néologismes à foison, les ingrédients nécessaires pour un bon « contemplage de plafond », des jeux typographiques ou des chats pornographiques. Héritière énergique d’une littérature « de la dèche » où se télescopent les reportages de George Orwell « à Paris et à Londres », « Amer Eldorado » de Raymond Federman ou « La Faim » du Knut Hamsum, Divry déplie ici, selon ses vœux, un « grand rire sardonique dans le fond de l’abîme ». Et ça marche ! Ce roman férocement marrant, que n’importe quel.le auteur.e en herbe devrait se procurer pour se souvenir que tous les cadres peuvent être explosés, demeure à ce jour sa meilleure vente (15 000 exemplaires).Dans ce troisième et dernier épisode, nous allons voir comment, au-delà de la farce, elle est parvenue à faire sienne ce conseil du peintre Jean Dubuffet, qu’il convient de lire avec une voix de diablotin : « L’art doit toujours un peu faire rire et un peu faire peur. Tout, mais pas ennuyer. » Enregistrement : avril 2021 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Lectures : Chloé Assous-Plunian, Christophe Brault, Emma Broughton - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flugabone : Brice Perda - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flugabone : Brice Perda
undefined
Oct 20, 2021 • 37min

Sophie Divry (2/3)

Battons pavillon Bookmakers #13 - L’écrivaine du mois : Sophie Divry Née en 1979 à Montpellier, Sophie Divry vit et travaille à Lyon. Diplômée de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, cette « catho de gauche » de 42 ans a d’abord musclé ses convictions écologiques anticapitalistes dans les colonnes du journal « La Décroissance », avant d’être « dévorée » par le désir d’écrire. Consciente que le roman est, selon les mots de Virginia Woolf, « la plus indépendante, la plus élastique et la plus prodigieuse des formes littéraires », celle qui déteste les voitures a mis le turbo et signé huit livres depuis 2010, dont le très remarqué « La Condition pavillonnaire » (2014, éditions Noir sur Blanc). Au printemps 2021, elle a publié « Curiosity » suivi de « L’Agrandirox » et sa mémé confinée, une nouvelle aussi drôle et bizarre qu’un épisode de « La Quatrième Dimension ». En partenariat avec Babelio. (2/3) Battons pavillonDans « La Condition pavillonnaire » (Noir sur Blanc, 2014), Sophie Divry suit, sur toute une vie, les désirs puis l’ennui métaphysique d’une femme incapable de se dire heureuse. Demandez le programme : « D’abord devenir propriétaire, puis aménager, puis se reproduire » dans la « voie sans issue » du pavillon familial. Hélas, au sein de ce faux remake contemporain de « Madame Bovary », M. A. déprime sec, dans la cuisine aussi fort qu’au boulot. Elle cherche des exutoires (yoga, adultère, engagement dans l’humanitaire) en imaginant combler la « béance » de son existence par un « capital de sensations pures » ; elle veut que la société la « remplisse ». « Cela pose la question du bonheur », dit l’autrice, de « l’idéal d’une vie réussie ». M. A. a fait tout ce que la société lui demandait, mais à mi-parcours, « elle ne sait plus quoi faire d’elle-même ». Ce grand roman triste (vendu à seulement 8000 exemplaires) remportera la mention spéciale du prix Wepler. La densité de son regard, sa puissance émotionnelle, son acuité psycho-sociologique qui emprunte autant à Simone de Beauvoir qu’aux « Choses » de Georges Perec, font que la tentation d’offrir en masse une telle œuvre est énorme. Mais on hésite : cette histoire ordinaire pourrait bien flinguer le moral de personnes persuadées d’être « normales ». Pour encourager les indécis.es qui risqueraient de louper l’un des romans français majeurs de la décennie, où chaque phrase semble abriter « une bombe », visitons sans condition, dans ce deuxième épisode, toutes les pièces de ce pavillon. Enregistrement : avril 2021 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Lectures : Chloé Assous-Plunian, Christophe Brault, Emma Broughton - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flugabone : Brice Perda - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flugabone : Brice Perda

Get the Snipd
podcast app

Unlock the knowledge in podcasts with the podcast player of the future.
App store bannerPlay store banner

AI-powered
podcast player

Listen to all your favourite podcasts with AI-powered features

Discover
highlights

Listen to the best highlights from the podcasts you love and dive into the full episode

Save any
moment

Hear something you like? Tap your headphones to save it with AI-generated key takeaways

Share
& Export

Send highlights to Twitter, WhatsApp or export them to Notion, Readwise & more

AI-powered
podcast player

Listen to all your favourite podcasts with AI-powered features

Discover
highlights

Listen to the best highlights from the podcasts you love and dive into the full episode