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Sep 15, 2022 • 56min

Mohamed Mbougar Sarr (1/3)

Mohamed Mbougar Sarr, écrivain sénégalais couronné du prix Goncourt en 2021, partage son parcours unique et les influences culturelles de son enfance à Dakar. Il discute du rôle du chaos dans sa créativité, et de ses souvenirs d'enfance enrichis par les contes de sa grand-mère. Sarr évoque aussi les humiliations linguistiques héritées de la colonisation, sa vie dans un internat militaire, et l'angoisse que suscite la destruction des bibliothèques. Ce voyage dans sa littérature révèle les liens profonds entre identité et écriture.
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Jul 7, 2022 • 40min

Jakuta Alikavazovic (3/3)

La nuit elle ment Bookmakers #19 - L’autrice du mois : Jakuta AlikavazovicNée à Paris en 1979, Jakuta Alikavazovic est une romancière multirécidiviste suspectée à juste titre de détournements d’attention, de trafic d’énigmes et de corruption d’imaginaires. Elle a reçu en 2008 le Goncourt du premier roman pour « Corps volatils » (L’Olivier) et, en 2021, le prix Médicis de l’essai pour « Comme un ciel en nous » (Stock). Elle a aussi publié d’habiles romans pour la jeunesse et une histoire d’amour inoubliable, « L’Avancée de la nuit ». Mais qui est donc cette érudite « d’un naturel inquiet », souvent vêtue d’un imperméable de détective privé, pour qui « internet est l’ennemi juré de l’écriture », par ailleurs chroniqueuse enjouée pour « Libération » et traductrice anglophone d’Eve Babitz ou de David Forster Wallace ? Pour le savoir, y a qu’à écouter Jakuta. En partenariat avec Babelio. (3/3) La nuit elle mentC’est une histoire d’amour extraordinaire et, au moins pour l’une des deux personnes concernées, très compliquée. À Paris, Paul, dix-huit ans, réceptionniste et étudiant en architecture ayant « coupé les ponts » avec son modeste milieu d’origine, comble un ennui existentiel par quelques « étreintes évasives dans les escaliers de secours ». Une nuit, il rencontre Amélia Dehr, riche héritière de la chaîne d’hôtels qui l’emploie. Panique totale, et début d’une romance brûlante longue durée. « Elle était de ces gens qui détruisent tout et appellent ça de l’art. » Amélia choisira de s’en aller dans ces Balkans « à peine pacifiés » à la recherche de sa mère, Nadia, praticienne d’une poésie à vocation documentaire, partie dans les ruines de la guerre en ex-Yougoslavie pour essayer d’exprimer, par fragments, l’épuration ethnique, la torture, les crimes de masse. Paul tentera de survivre à cette absence, à sa manière.  Publié en 2017 aux éditions de L’Olivier, « L’Avancée de la nuit » a pour racine l’un des silences de la mère de Jakuta Alikavazovic : sa décision d’arrêter d’écrire. « Le silence est un organisme. Il est vivant et il s'infiltre », lit-on dans ce roman fort maîtrisé sur « les secousses sismiques » des traumatismes familiaux. « La fiction représente la distance juste, qui permet de voir. Comme un instrument d'optique », dit l’autrice à propos de cette tragédie intime qui flirte avec l’anticipation, via des puces de surveillance et des voitures sans chauffeur.  Retenu sur les listes du prix littéraire du Monde, du Médicis, du Femina et du Livre Inter, salué comme la « révélation française de l’année » par le magazine Lire, « L’Avancée de la nuit » s’est seulement écoulé à 5800 exemplaires. Il se pourrait que cela change. Récemment traduit aux Etats-Unis, il a été applaudi par l’écrivaine britannique Deborah Levy pour « sa profondeur tenace », qui « met en lumière nos blessures individuelles et collectives, sans jamais dépouiller ses personnages de leurs défauts ni de leurs zones d'ombre ». Il est l'heure de plonger dans la nuit. Enregistrement : avril 22 - Texte, voix, entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Chloé Assous-Plunian, Arnaud Forest, Richard Gaitet, Silvain Gire - Musiques originales : Samuel Hirsch - Clavier, chant : Eve Girard - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Clavier, chant : Eve Girard
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Jul 7, 2022 • 39min

Jakuta Alikavazovic (2/3)

Louxor j’adore Bookmakers #19 - L’autrice du mois : Jakuta AlikavazovicNée à Paris en 1979, Jakuta Alikavazovic est une romancière multirécidiviste suspectée à juste titre de détournements d’attention, de trafic d’énigmes et de corruption d’imaginaires. Elle a reçu en 2008 le Goncourt du premier roman pour « Corps volatils » (L’Olivier) et, en 2021, le prix Médicis de l’essai pour « Comme un ciel en nous » (Stock). Elle a aussi publié d’habiles romans pour la jeunesse et une histoire d’amour inoubliable, « L’Avancée de la nuit ». Mais qui est donc cette érudite « d’un naturel inquiet », souvent vêtue d’un imperméable de détective privé, pour qui « internet est l’ennemi juré de l’écriture », par ailleurs chroniqueuse enjouée pour « Libération » et traductrice anglophone d’Eve Babitz ou de David Forster Wallace ? Pour le savoir, y a qu’à écouter Jakuta. En partenariat avec Babelio. (2/3) Louxor j’adore« Esme ne pensait pas à ses origines et ses origines, croyait-elle, ne pensaient pas à Esme. La réalité était légèrement différente. » Dans « Le Londres-Louxor », son deuxième roman de littérature générale paru en 2010 aux éditions de L’Olivier et vendu à 2400 exemplaires, Jakuta Alikavazovic suit la jeune Esme Vitch, qui signe des livres qu’elle n’a pas écrit, dont la sœur a disparu, et qui cherche la paix dans un ancien cinéma devenu refuge pour la diaspora bosniaque depuis le siège de Sarajevo. Il faudra à Esme le temps du roman pour trouver sa voie et sa voix. Dans l’intervalle, elle tombera amoureuse (et réciproquement) d’un critique littéraire exigeant, en quête de bouquins « qui lui résistent », qui ne peuvent pas « prendre instantanément la forme d’une anecdote ». C’est l’effet, heureux et rare, produit par les ouvrages de Jakuta Alikavazovic ; difficile de voir, au premier regard, quelles charpentes soutiennent ses intrigues bizarres, d’où proviennent ses personnages récurrents d’intellectuels vaporeux, son goût du clair-obscur, ses phrases brèves et millimétrées, l’élégance de ses références, ou les « trous » de ses fictions – dans lesquelles notre agence de voyages recommande de se jeter, sans risque. Enregistrement : avril 22 - Texte, voix, entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Chloé Assous-Plunian, Arnaud Forest, Richard Gaitet, Silvain Gire - Musiques originales : Samuel Hirsch - Clavier, chant : Eve Girard - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Clavier, chant : Eve Girard
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Jul 7, 2022 • 48min

Jakuta Alikavazovic (1/3)

Tombée du ciel Bookmakers #19 - L’autrice du mois : Jakuta AlikavazovicNée à Paris en 1979, Jakuta Alikavazovic est une romancière multirécidiviste suspectée à juste titre de détournements d’attention, de trafic d’énigmes et de corruption d’imaginaires. Elle a reçu en 2008 le Goncourt du premier roman pour « Corps volatils » (L’Olivier) et, en 2021, le prix Médicis de l’essai pour « Comme un ciel en nous » (Stock). Elle a aussi publié d’habiles romans pour la jeunesse et une histoire d’amour inoubliable, « L’Avancée de la nuit ». Mais qui est donc cette érudite « d’un naturel inquiet », souvent vêtue d’un imperméable de détective privé, pour qui « internet est l’ennemi juré de l’écriture », par ailleurs chroniqueuse enjouée pour « Libération » et traductrice anglophone d’Eve Babitz ou de David Forster Wallace ? Pour le savoir, y a qu’à écouter Jakuta. En partenariat avec Babelio. (1/3) Tombée du cielElle a caché quelque chose au Louvre. Un outil, ou peut-être un insecte. Un mystère de poche introduit en loucedé, au nez et à la barbe des équipes de sécurité, lors de sa nuit au musée dont le récit, intitulé « Comme un ciel en nous », lui a valu le prix Médicis 2021 de l’essai. Vendu à 7300 exemplaires, ce petit livre, son plus personnel à ce jour, est à double fond : Jakuta Alikavazovic y expose ses joyeuses réflexions sur l’art, « cette histoire de fantômes pour grandes personnes », tout en esquissant le portrait pudique de son père monténégrin en « émigré esthétique » venu à Paris pour « s’installer dans la beauté ». Ce nouveau forfait méritait une enquête approfondie sur cette admiratrice d’Hercule Poirot et de Philip Marlowe, qui lit dans son bain et se rêve parfois dans la peau de Raskolnikov, armée d’une hache. Comment s’éveilla sa vocation ? C’est ce que nous allons tenter d’élucider dans la première partie de cette garde à vue sonore. Enregistrement : avril 22 - Texte, voix, entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Chloé Assous-Plunian, Arnaud Forest, Richard Gaitet, Silvain Gire - Musiques originales : Samuel Hirsch - Clavier, chant : Eve Girard - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Clavier, chant : Eve Girard
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May 19, 2022 • 38min

Bertrand Blier (2/2)

Tenue de stylo Bookmakers #18 - L’écrivain du mois : Bertrand Blier« Quand on écrit, on est un gangster impuni, jamais attrapé. » Né en 1939 à Boulogne-Billancourt, Bertrand Blier est l’auteur-réalisateur de dix-neuf longs-métrages qui l’ont imposé comme l’un des francs-tireurs du cinéma français, du documentaire « Hitler… connais pas ! » (1963), jusqu’à « Convoi exceptionnel » (2019). Parmi ses hold-ups, citons ses 5,7 millions d’entrées avec un film culte, violent, drôle et choquant, « Les Valseuses » (1974) ; l’Oscar du meilleur film étranger pour « Préparez vos mouchoirs » (1978) ; ses trois Césars du scénario (1980, 1985, 1989), pour « Buffet froid », « Notre histoire » et « Trop belle pour toi », ce dernier film remportant également le Grand Prix du festival de Cannes ; sans oublier le grand prix européen de la Mostra de Venise, pour « 1, 2, 3, soleil » (1993).Entre les tournages, Blier écrit du théâtre et des romans pleins de verve et d’humour désespéré, dont le très réjouissant « Fragile des bronches » (2022, Seghers, avec la collaboration de la journaliste Eva Bester), récit réinventé de son adolescence, entre premier amour, quintes de toux et naissance de sa vocation. En partenariat avec Babelio. (2/2) Tenue de styloBertrand Blier démarre souvent ses scripts en utilisant des poncifs ou des structures dramatiques classiques qu’il « retourne comme un gant », pour « briser les émotions et le confort intellectuel » du public. En soixante ans de carrière, notre hôte s’est appliqué à déconstruire ses récits, piéger et déconcerter le spectateur, comme avec le jeu de massacre de « Buffet froid » (1979), l’histoire d’amour racontée dans le désordre de « Trop belle pour toi » (1989), les labyrinthes métaphysiques spatio-temporels de « Merci la vie » (1991) ou la panique de l’écrivain alcoolique forcé de cohabiter avec son cancer personnifié dans « Le bruit des glaçons » (2010). Souvent inspirées, ses expériences narratives aiment « jouer des impasses, des doutes, des bifurcations », comme l’écrit le critique Vincent Roussel dans « Bertrand Blier, cruelle beauté » (Marest, 2020). » Dans un salon du neuvième arrondissement de Paris, les deux protagonistes du premier épisode se recalent dans leur fauteuil pour le dernier acte de ce dialogue – avant l’entrée d’un troisième personnage, qui était là depuis le début.  NB : afin d’appuyer les propos de Bertrand Blier, ce numéro contient de brefs dialogues tirés des films suivants, dont tous les scénarios ont été écrits par lui : « Laisse aller, c’est une valse », réalisé par Georges Lautner, et « Les Valseuses », « Préparez vos mouchoirs », « Beau-père », « Buffet froid », « Tenue de soirée », « Notre histoire », « Trop belle pour toi », « Merci la vie », « Mon homme », « Les Acteurs », « Combien tu m’aimes ? », « Le Bruit des glaçons » et « Convoi exceptionnel », réalisés par Bertrand Blier. Ces films sont disponibles en DVD/VOD chez Studio Canal. On entendra également Une « version de travail » du monologue introductif de « Beau-père » lue par Bertrand Blier sur une musique de Philippe Sarde, éditée par Universal. Enregistrement : mars 22 - Texte, voix, entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flûte, voix : Maïa Barouh - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Eva Bester - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flûte, voix : Maïa Barouh
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May 19, 2022 • 42min

Bertrand Blier (1/2)

Faire valser les codes Bookmakers #18 - L’écrivain du mois : Bertrand Blier« Quand on écrit, on est un gangster impuni, jamais attrapé. » Né en 1939 à Boulogne-Billancourt, Bertrand Blier est l’auteur-réalisateur de dix-neuf longs-métrages qui l’ont imposé comme l’un des francs-tireurs du cinéma français, du documentaire « Hitler… connais pas ! » (1963), jusqu’à « Convoi exceptionnel » (2019). Parmi ses hold-ups, citons ses 5,7 millions d’entrées avec un film culte, violent, drôle et choquant, « Les Valseuses » (1974) ; l’Oscar du meilleur film étranger pour « Préparez vos mouchoirs » (1978) ; ses trois Césars du scénario (1980, 1985, 1989), pour « Buffet froid », « Notre histoire » et « Trop belle pour toi », ce dernier film remportant également le Grand Prix du festival de Cannes ; sans oublier le grand prix européen de la Mostra de Venise, pour « 1, 2, 3, soleil » (1993).Entre les tournages, Blier écrit du théâtre et des romans pleins de verve et d’humour désespéré, dont le très réjouissant « Fragile des bronches » (2022, Seghers, avec la collaboration de la journaliste Eva Bester), récit réinventé de son adolescence entre premier amour, quintes de toux et naissance de sa vocation. En partenariat avec Babelio. (1/2) Faire valser les codes« C’est un métier d’adolescent attardé et rêveur, de marginal… pratiqué avec des acteurs qui sont fous parmi les fous. » Extérieur jour, un après-midi à Paris, près de la gare du Nord : ARTE Radio frappe à la porte de l’un des plus grands cinéastes de ce pays pour une leçon de scénario à domicile qui, bien entendu, ne se passera pas comme prévu. Flegmatique, le scandaleux metteur en scène de « Tenue de soirée » se définit parfois comme un « écrivain de cinéma ». L’extraordinaire musicalité de sa prose goguenarde, à la confluence de Céline, Kafka, Beckett et du roman noir américain, a subjugué trois générations de spectateurs. Et quelques réalisateurs – Quentin Dupieux, Gustave Kervern et Benoît Delépine, Alexandre Astier –, qui se revendiquent de son méta-cinéma, gouailleur et provocateur, lyrique ou grand-guignolesque. Gageons qu’ils apprécieront ce conseil : « Au stade de l’écriture, j’accouche de choses effroyables, impossibles à filmer telles quelles, mais extrêmement jouissives en soi. Ensuite, il faut gommer, peaufiner, équilibrer. Puis inventer les images justes. On peut tout dire, tout faire admettre, si c’est esthétiquement valable. C’est à ce stade qu’on évite le scandale gratuit. » Mais comment ce fils d’acteur célèbre, aux piètres résultats scolaires, s’est-il imposé – façon diesel, lentement d’abord, puis à toute blinde – comme un auteur incontournable du septième art ? C’est le sujet de ce premier épisode qui démarre plutôt calmos. NB : afin d’appuyer les propos de Bertrand Blier, ce numéro contient de brefs dialogues tirés des films suivants, dont tous les scénarios ont été écrits par lui : « Laisse aller, c’est une valse », réalisé par Georges Lautner, et « Les Valseuses », « Préparez vos mouchoirs », « Beau-père », « Buffet froid », « Tenue de soirée », « Notre histoire », « Trop belle pour toi », « Merci la vie », « Mon homme », « Les Acteurs », « Combien tu m’aimes ? », « Le Bruit des glaçons » et « Convoi exceptionnel », réalisés par Bertrand Blier. Ces films sont disponibles en DVD/VOD chez Studio Canal. On entendra également Une « version de travail » du monologue introductif de « Beau-père » lue par Bertrand Blier sur une musique de Philippe Sarde, éditée par Universal. Enregistrement : mars 22 - Texte, voix, entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flûte, voix : Maïa Barouh - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Eva Bester - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Flûte, voix : Maïa Barouh
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Mar 17, 2022 • 41min

Maria Pourchet (3/3)

Feu à volonté Bookmakers #17 - L'écrivaine du mois : Maria PourchetNée en 1980 à Épinal (Vosges), Maria Pourchet est romancière et scénariste. Après des études de sociologie, une thèse sur la médiatisation des écrivains et des missions dans l’industrie du conseil qui l’ont « desséchée », cette Parisienne d’adoption réalise à 30 ans son rêve obsessionnel de petite fille : écrire. Depuis 2012, elle a publié six romans sur les drames de l’incommunicabilité entre les êtres, empreints d’un humour assez désinvolte, parmi lesquels « Champion » (Gallimard, 2015) et surtout « Feu » (Fayard, 2021), vendu à 50 000 exemplaires. En partenariat avec Babelio. (3/3) Feu à volonté« Tu vas me foutre en l’air », confie son héroïne dans la pénombre d’un théâtre après une partie de sexe triste. Ce fut l’un des succès surprise de la rentrée 2021, avec 50 000 exemplaires écoulés, cinq traductions, pléthore d’articles élogieux et des nominations pour les prix Goncourt, Renaudot, Interallié, Décembre et de Flore. Paru aux éditions Fayard, « Feu », le sixième roman de Maria Pourchet, démarre comme une histoire d’amour très mal barrée. Laure, prof’ d’université de 40 ans, mariée et mère de deux enfants, s’ennuie à crever ; elle rencontre Clément, banquier solitaire et désabusé de 50 piges « au corps noueux, blanc tirant sur le vert », qui n’a d’yeux que pour son vieux clébard baptisé Papa. Ces deux personnes prennent le risque de se brûler. Attraction désastre. Le canevas est archétypal, mais ce qui change tout, c’est la manière : à chaque phrase ou presque, souvent très resserrée, le désespoir progresse d’un cran. Via des observations fort bien senties ou des saillies d’humour noir comme autant de grenades jetées dans le plumard d’une bourgeoisie chiantissime. Au fil d’une narration qui alterne le point de vue des deux protagonistes jusqu’au double dénouement inattendu, cette « mid-life crisis » est aussi traversée – ou plutôt : revitalisée – par un troisième personnage, Vera, 17 ans. La fille aînée de Laure refuse d’« aller au dressage, de marcher au pas, tout ça pour se faire monter plus tard et à la fin se faire bouffer » ; ce destin de « Petit Poney ».De l’étincelle aux cendres, ce troisième et dernier épisode s’intéresse au processus de combustion d’un roman déjà classique. « Feu » à volonté. Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points. Enregistrements : janvier 22 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Baptiste Dupin - Montage : Sara Monimart, Baptiste Dupin - Lectures : Richard Gaitet, Delphine Saltel - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Târ : Sogol Mirzaei - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Târ : Sogol Mirzaei
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Mar 17, 2022 • 36min

Maria Pourchet (2/3)

Rome en 3650 jours Bookmakers #17 - L'écrivaine du mois : Maria PourchetNée en 1980 à Épinal (Vosges), Maria Pourchet est romancière et scénariste. Après des études de sociologie, une thèse sur la médiatisation des écrivains et des missions dans l’industrie du conseil qui l’ont « desséchée », cette Parisienne d’adoption réalise à 30 ans son rêve obsessionnel de petite fille : écrire. Depuis 2012, elle a publié six romans sur les drames de l’incommunicabilité entre les êtres, empreints d’un humour assez désinvolte, parmi lesquels « Champion » (Gallimard, 2015) et surtout « Feu » (Fayard, 2021), vendu à 50 000 exemplaires. En partenariat avec Babelio. (2/3) Rome en 3650 joursDans « Toutes les femmes sauf une », son roman semi-autobiographique sur l’accouchement, la maternité et ses injonctions (Pauvert, 2018), Maria Pourchet observe, en se remémorant son adolescence : « J’essaie d’écrire et c’est le seul repos que je connaisse. La seconde de calme inouïe qui succède au point, après la phrase qu’on voulait dire. Je connais cet endroit comme on connaît sa propre chair. » Cette brève confession d’une jeune mère au bout du rouleau, qui refuse de reproduire sur sa fille la litanie des paroles que la société jette aux oreilles féminines, ne fut pas de tout repos pour elle. « Ce livre blessera. Je l’ai retenu, j’ai serré les dents, j’avais les jetons. C’est passé. Je n’ai plus peur. Je n’ai pas le choix. » Son écriture au scalpel ne flirte plus, ici, avec l’ironie. Sa colère dissèque les vacheries répétées par des générations de femmes « haineuses envers leur genre » et « méchantes avec toutes les excuses de la Terre ». Baigné de sang et de ressentiment, ce cri sera entendu par 9000 lecteurs et lectrices, et salué du prix « révélation » de la Société des Gens De Lettres. Il aura fallu trois livres à Maria Pourchet pour atteindre une telle mise à nue. Après deux romans d’apprentissage poliment farfelus (« Avancer », vendu à 2600 exemplaires, « Rome en un jour », vendu à 6400 exemplaires), la trentenaire commence à trouver sa voix avec le doux-amer « Champion », en 2015 (6700 exemplaires vendus). Ce grand déballage d’un ado gouailleur des années 90, placé en centre de repos, qui s’invente un ami sous la forme d’un loup de Sibérie, attire davantage l’attention des critiques et libraires. Et prépare l’accueil des « Impatients » en 2019, qui sera son dernier roman publié dans la collection Blanche de Gallimard, écoulé à 12 000 exemplaires, mais qu’elle n’« aime pas ». Ce deuxième épisode revient sur une petite décennie au cours de laquelle Maria Pourchet « fait ses classes » ; la preuve, si nécessaire, qu’on ne peut guère bâtir Rome en un jour. Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points. Enregistrements : janvier 22 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Baptiste Dupin - Montage : Sara Monimart, Baptiste Dupin - Lectures : Richard Gaitet, Delphine Saltel - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Târ : Sogol Mirzaei - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Târ : Sogol Mirzaei
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Mar 17, 2022 • 56min

Maria Pourchet (1/3)

Illusions gagnées Bookmakers #17 - L'écrivaine du mois : Maria PourchetNée en 1980 à Épinal (Vosges), Maria Pourchet est romancière et scénariste. Après des études de sociologie, une thèse sur la médiatisation des écrivains et des missions dans l’industrie du conseil qui l’ont « desséchée », cette Parisienne d’adoption réalise à 30 ans son rêve obsessionnel de petite fille : écrire. Depuis 2012, elle a publié six romans sur les drames de l’incommunicabilité entre les êtres, empreints d’un humour assez désinvolte, parmi lesquels « Champion » (Gallimard, 2015) et surtout « Feu » (Fayard, 2021), vendu à 50 000 exemplaires. En partenariat avec Babelio. (1/3) Illusions gagnées Un jour, Maria Pourchet a déclaré : « J’aime par dessus-tout la ville, le silence, oublier l’heure et quel jour on est, commencer un roman, la forêt, l’argent qui tombe du ciel, l’Italie, les tables de 6 ou 8, boire du vin (du Sud) dans des verres très très fins, être amoureuse, dormir, relire les romans de Jean Echenoz des années 80, les illusions, les hommes de ma vie, relire les romans de Philippe Djian des années 80, relire Flaubert, constater que j’ai le temps pour ça, ranger un placard et nettoyer les nids de serpents. » Dix ans après son premier roman au titre programmatique (« Avancer », Gallimard, 2012), que trouve-t-on dans les placards de cette femme « saturée de livres » ? Qu’a-t-elle retenu de la langue des vipères, dans la campagne vosgienne de son enfance ? D’où lui vient ce goût de la réplique cinglante, cet art consommé de la punchline qui fit en partie le succès de son roman le plus récent, « Feu » (Fayard, 2021) ? De quoi fut-elle « sauvée » en découvrant Romain Gary et son double, Émile Ajar ? Voici venue l’heure d’interroger, en profondeur, cette romancière et scénariste dont les six livres, teintés d’ironie et d’un regard bien renseigné propre à sa formation de sociologue, mettent en scène des personnages de profs, de publicitaires, de P.-D.-G., de môme paumé ou de mère sévère, qui ne savent pas – ou plus – se parler. Le podcast Bookmakers devient une collection de livres !Nicolas Mathieu, Alice Zeniter et Maria Pourchet nous dévoilent les coulisses de la fabrication de leurs œuvres.Comment travaillent-ils leur plume ? Ils nous détaillent leurs secrets d'écriture, de leur discipline, à leur rythme de travail.Une coédition ARTE Éditions / Points. Enregistrements : janvier 22 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Baptiste Dupin - Montage : Sara Monimart, Baptiste Dupin - Lectures : Richard Gaitet, Delphine Saltel - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Târ : Sogol Mirzaei - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Târ : Sogol Mirzaei
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Feb 17, 2022 • 38min

Claude Ponti (3/3)

Au pied-bleu de la lettre Bookmakers #16 - L'écrivain du mois : Claude PontiClaude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ».Chéri par deux générations de lectrices et lecteurs de toutes tailles, l’art poétique de Claude Ponti fait le pont entre deux rives. D’un côté, le pays du dessin merveilleux – via ses flaques magiques, ses îles touffues et ses arbres sans fin, peuplés de monstres et de petites créatures angoissées mais intrépides. De l’autre, la contrée du langage réinventé, dans la lignée de Lewis Carroll, avec des bagages entiers de mots-valises ou de néologismes éclapatouillants. En partenariat avec Babelio. (3/3) Au pied-bleu de la lettreEn 2016, pour l’album « Le Mystère des Nigmes », Claude Ponti met en scène « la kastatroffe » d’une tribu de Souris Archivistes : toutes les lettres de leurs livres ont été remplacées par des pattes de mouches ! Qui a bien pu commettre ce crime linguistique ? Les mouches ? Pourquoi cette violence contre les mots ? Comment retrouver les pages perdues ? Et l’auteur, maître du sous-texte symbolique, de s’interroger avec nous : « Sans la mémoire de ce qui est arrivé, comment savoir ce qu’on a détesté et le refuser ? »Onze ans plus tôt, en 1995, Claude Ponti publie aux éditions de l’Olivier un premier roman dont nous déconseillons la lecture aux enfants. Dans « Les pieds-bleus », le dessinateur se dévoile sous les traits d’Hercule, ado d’un village des Vosges au début des années 60. Il évoque frontalement les sévices d’un père qui « signe » son gosse à coups de rallonge électrique, les ravages de l’alcoolisme, la démission d’une mère, le racisme ordinaire et les abus d’un grand-père à la « vieille peau de linge sale pourri » qui menace de le tuer. Sans oublier quelques histoires lugubres liées à l’Occupation découvertes par Hercule et ses copains, qui se consolent en rêvant d’être Apaches dans les grottes souterraines du « territoire Pied-Bleu ».Dans ce troisième et dernier épisode, Claude Ponti revient sur la « rage » qui l’animait au moment d’écrire – en trois mois – ce roman si triste et si puissant, qui permet de mieux appréhender sa fabrique de monstres en pagaille. Nous nous attarderons enfin sur sa pratique de l’écriture inclusive, dont il est l’un des pionniers, également en avance sur la question du genre de ses « héroïns et héroïnes ». Tendez l’oreille ! C’est extrafoudingue ! Il y a tant de choses à écouter derrière la porte de l’auteur de « L’Écoute-aux-portes ». Enregistrements : décembre 21 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Lectures : Sabine Zovighian - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Saxophone : Florence Kraus - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Dominique Thbaut et Benoît Thuault pour leur automobile, Lison et Coline pour la lettre et les dessins - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Saxophone : Florence Kraus

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