La Maison de la Poésie
Maison de la Poésie Paris
La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...
Episodes
Mentioned books

Mar 8, 2024 • 25min
Créatine de Victor Malzac
Lecture musicale avec Charly Mitch
Dans un monologue cavalcadant, un homme nous raconte son histoire : la solitude de l’adolescence et la difficulté à aborder une fille, les relations tendues avec un père envahissant, une mère transparente, une ville périphérique où il n’y a rien à faire. En bref, l’horizon limité d’une existence promise à un ennui incommensurable. Pourtant un jour, tout va changer pour lui. Le jour où il voit pour la première fois Arnold Schwarzenegger au cinéma. Il le sait, il le comprend, il vient de trouver un sens à sa vie : il lui faut prendre toujours plus de muscle et devenir une “machine de guerre”.
Victor Malzac fait parler un homme en proie à la misère sentimentale et sexuelle – et dépeint du même coup toutes les injonctions qui pèsent sur les garçons pour qu’ils deviennent des hommes. Drolatique, curieusement tendre et électrisant, Créatine est le premier roman d’un poète qui sait muscler ses phrases comme personne.
« C’est plutôt ridicule d’avoir pour modèle un homme comme mon père, et professeur de français en plus, non, mon modèle c’était Schwarzenegger, c’était Conan le Barbare comme tout le monde. »
Victor Malzac, Créatine
À lire – Victor Malzac, Créatine, coll. « Scribes », Gallimard, 2024.

Mar 8, 2024 • 55min
Fantastique histoire d’amour de Sophie Divry
Lecture par l’autrice
Rencontre animée par Sophie Joubert
Bastien exerce comme inspecteur du travail à Lyon. Lorsqu’un accident terrible survient dans une entreprise de recyclage de plastique, il doit aller faire un constat sur place. Il fait alors face, sans le savoir, à une découverte scientifique aussi fabuleuse que terrifiante.
Maïa est journaliste scientifique. Elle se débat pour apporter de l’intelligence dans un milieu où on lui demande parfois de vendre du sensationnel. Lorsqu’elle décide d’écrire sur le cristal scintillateur, un matériau développé dans un centre de recherche nucléaire, elle ne s’attend pas à être transportée dans une aventure aussi palpitante que dangereuse.
Maïa et Bastien, tous les deux embrigadés malgré eux dans cette affaire, sont les deux protagonistes de ce roman haletant comme une série… et comme une fantastique histoire d’amour.
À lire – Sophie Divry, Fantastique histoire d’amour, Seuil, 2024.

Mar 8, 2024 • 57min
Pas sérieux s’abstenir de Claire-Lise Gaillard
Lecture par Nicolas Gény commentée par l’autrice
Il a fallu près de deux siècles pour que le marché de la rencontre connaisse la vitalité et la légitimité que lui donne aujourd’hui l’ère numérique. Les registres d’agences matrimoniales et l’examen de la presse dédiée aux annonces permettent de lever le voile sur ce domaine de réputation douteuse. Par leurs silences entendus et leurs connotations équivoques, les annonces ne renseignent-elles pas ce qui est communément perçu comme admis, désirable ou au contraire inacceptable ? Indices de la transformation des sociétés, elles révèlent les évolutions du marché matrimonial – qu’il s’agisse de l’équilibre changeant entre enjeux économiques et amour romantique, du poids des stéréotypes de genre, ou des failles grandissantes de la société bourgeoise patriarcale.
Une soirée spéciale Saint-Valentin bien sûr !
À lire – Claire-Lise Gaillard, Pas sérieux s’abstenir, Histoire du marché de la rencontre (XIXe-XXe siècle), coll “Interdépendances”, CNRS éditions, 2024.

Mar 8, 2024 • 1h 17min
La Vie précieuse d’Yrsa Daley-Ward
Lecture par l'autrice & Julia Kerninon
Rencontre animée par Jennifer Padjemi
Années 80 dans le nord de l’Angleterre. Yrsa grandit avec son frère Roo et sa mère infirmière. Démunie, leur mère les confie à leurs grands-parents, membres de l’Église Adventiste du 7e jour. Au fil des ans, Yrsa subit, de façon insidieuse puis frontale et traumatique, l’emprise des hommes sur son corps transformé.
Le récit d’Yrsa est le contrepied poétique et touchant au male gaze, par la voix mutante d’une enfant, d’une sœur, d’une ado, d’une escort, d’une poétesse dans l’âme, d’une femme en plein empowerment. La Vie précieuse est un ultra-moderne récit de formation, qui rappelle les effets de composition cinglants de la réalisatrice Michaela Coel (série I May Destroy You) et les envolées pleines de vie et de rage de Kae Tempest.
Libre, déterminée, militante féministe et intersectionnelle, Yrsa Daley-Ward a imposé sa voix dans le monde entier, saluée par le Pen Prize du meilleur roman autobiographique. Elle a par ailleurs collaboré avec Beyoncé en 2020 pour le film et l’album Black is King.
« Jusqu’ici, j’ai tout aimé, même les choses les plus terribles. »
Yrsa Daley-Ward, La Vie précieuse.
À lire
– Yrsa Daley-Ward, La vie précieuse, trad. de l’anglais par Julia Kerninon, éd. La Croisée, 2024.
– Julia Kerninon, Sauvage, L’Iconoclaste, 2023.

Feb 28, 2024 • 58min
Aliène de Phœbe Hadjimarkos Clarke
Lecture par l'autrice & rencontre animée par Sylvie Tanette
Fauvel a perdu un œil suite à un tir de LBD. Elle accepte de garder la chienne du père d’une de ses amies dans une maison isolée à la campagne. Hannah n’est pas un chien comme les autres, c’est le clone d’une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Elle suscite les peurs et les reproches muets du village, à mesure qu’on découvre au matin des animaux massacrés, et qu’elle-même rentre parfois ensanglantée.
Cette situation est le point de départ d’un récit de traque et de cauchemar délicatement progressif. Au fil d’une pseudo-enquête hallucinée, le roman explore les notions de domination, d’animalité et de violence. À travers la proximité, voire l’amalgame entre animaux et humains, Aliène questionne la nature de ce qui est caché, la vie animale, et surtout l’instinct de peur. Tel est le véritable fil du récit, rarement traité avec autant de nuance et de force.
« Ainsi il existe encore des lieux sur ce continent et dans ce pays qui est malencontreusement le mien, dans la mesure où cent fois préférable aurait été de naître apatride ou de ne pas naître du tout, il existe encore des lieux qui ressemblent à l’image idéale que l’on s’en fait. »
Phœbe Hadjimarkos Clarke, Aliène.
À lire – Phoebe Hadjimarkos Clarke, Aliène, éd. du sous-sol, 2024.

Feb 28, 2024 • 45min
On a peur mais ça va d’Andrea Thominot
Rencontre animée par Simon Paye
Avec On a peur mais ça va, prix de la Vocation 2023, Andrea Thominot signe son premier livre chez Cheyne éditeur. Dans ce texte, l’auteur abandonne le « je », devenu impersonnel et choisit le « on » pour porter la voix de la jeunesse d’aujourd’hui. Il imagine d’autres manières de parler du corps, de respirer, d’avancer. Sa poésie se fait l’écho de ces voix hésitantes, qui ne savent plus comment faire, qui se réveillent dans plusieurs corps. Ces voix qui doutent, heurtent, brûlent, cherchent la douceur et l’harmonie « on ne sait plus où ».
Dans On a peur mais ça va, il s’agit de tentatives. D’essayer et de s’essayer, sans certitude. De reprendre souffle. De reprendre courage aussi. Andrea Thominot donne voix à ce « on », à cette communauté qui redoute l’avenir. Mais avance coûte que coûte.
“on garde des secrets.
on se garde du temps en trop après minuit
on se garde un endroit sur la peau qu’on n’a jamais blessé
on a des recettes secrètes
avec du café, du poivre, de la menthe verte
on fait un poison qui nous soigne
on recrache de la terre qui s’est accumulée
dans nos poumons
on recrache la terre les racines la roche
on ne s’étouffe plus,
on peut presque dire qu’on respire.”
Andrea Thominot, On a peur mais ça va
À lire – Andrea Thominot, On a peur mais ça va, éd. Cheyne, 2023.

Feb 28, 2024 • 1h 28min
Quitter Hurlevent de Laurence Werner David
Rencontre animée par Sébastien Rongier
Il est des romans qui sont des enquêtes aussi littéraires que psychanalytiques, des dialogues qui entremêlent les livres et les destins.
Lucie est psychiatre. Elle retrouve les traces d’un ancien patient, Hector. Elle décide de comprendre qui est la figure paternelle qui a détruit et hanté le jeune homme et découvre sur le chemin des landes anglaises, une histoire familiale, celle des Brontë qui mêle les névroses à la littérature, la nuit romantique à la fragilité des sentiments.
Par les lieux qu’il choisit, les zones d’ombres qu’il arpente mais aussi par la force des victoires intimes, Quitter Hurlevent est un roman sur la beauté et le danger de vivre.
Une soirée proposée par remue.net
« Fourrant ma montre dans ma poche, je m’assieds à la table de jeux. Maintenant j’ai tout mon temps pour savoir ce qu’il s’est passé cet après-midi du 4 juillet 2016, en bas de la colline de Hurlevent. »
Laurence Werner David, Quitter Hurlevent.
À lire
– Chez Quidam : Laurence Werner David, Quitter Hurlevent, 2024
– Un autre dieu pour Violette, réédition 2024.

Feb 28, 2024 • 1h 3min
En glanant dans les champs désolés d’Eugène Green
Lecture par l’auteur
Rencontre animée par Victor Pouchet
En glanant dans les champs désolés est un choix de poèmes écrits par Eugène Green pendant les deux premières décennies du siècle présent. Le cinéaste et écrivain y cherche à renouer avec une certaine tradition poétique, qu’il a tenté de définir dans son essai En faisant, en trouvant (2022). Ces pièces tantôt lyriques, tantôt contemplatives, tantôt comiques, écrites en vers métriques, souvent avec des rimes, et même en utilisant des formes fixes, invitent le lecteur à les lire à haute voix, et sont fondées, comme les films de l’auteur, sur l’idée de la présence qui se révèle dans le verbe incarné.
Je suis né pauvre et nu, ce qui est très courant,
Mais je me suis trouvé sans langue ni pays,
Sans troupeau, sans berger, et sans ami,
Et ainsi j’ai zoné à travers mon enfance.
Dans ce désert je ne voyais de beau
Que les arbres, les fleurs, les animaux
Eugène Green, En glanant dans les champs désolés
À lire – Eugène Green, En glanant dans les champs désolés, Champ Vallon, 2023.

Feb 28, 2024 • 54min
Grand Seigneur de Nina Bouraoui
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Je ne sais pas ce que déclenche la mort d’un père, je ne sais pas si je vais me briser, me tordre ou grandir, m’élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j’espère être meilleure, progresser, j’espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j’espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (…) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »
Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l’écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d’aimer, une façon de vivre et d’observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l’existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu’il emporte. C’est le bouleversant récit d’une perte et d’un rendez-vous par la mémoire et l’amour.
À lire – Nina Bouraoui, Grand Seigneur et Le désir d’un roman sans fin, J.C. Lattès 2024.

Feb 21, 2024 • 1h 2min
Sans valeur de Gaëlle Obiégly
Lecture par l’autrice
Gaëlle Obiégly, qui a l’art de poser sur le monde un regard joyeusement décalé, s’intéresse dans ce texte à ce qu’elle « trimballe » avec elle. Que ce soit dans un sac à dos ou à bandoulière, dans ses bibliothèques, dans ses lieux de vie, dans sa tête ou dans son corps, quelle valeur donner à ce qui la constitue, intérieurement et extérieurement ? Et que faire lorsqu’elle croise sur sa route un « petit tas d’ordures » qui lui semble posséder une richesse sans nom ? Le « sauver » déjà, de sa condition de déchets, l’analyser ensuite, comme un objet protéiforme, plein d’histoires et de symboles. L’incarner, en somme, et tâcher de le comprendre en s’adressant à ce qu’il renvoie – : « Qui es-tu, petit tas d’ordures ? »
Dans le cadre des Nuits de la lecture.
« Triant laborieusement, j’ai passé plusieurs mois à discriminer ce qui a de la valeur et ce qui ne vaut rien. D’un côté ce qui est destiné au paradis des archives ; de l’autre ce qui est voué à disparaître dans le néant des ordures. »
Gaëlle Obiégly, Sans valeur.
À lire – Gaëlle Obiégly, Sans valeur, éd. Bayard, 2024.


