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Bienvenue sur le podcast de dixit.net, une agence de conseil et de recherche urbaine. Nous donnons ici la parole à celles et ceux qui font la ville d'aujourd'hui et de demain.
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Jul 10, 2023 • 48min
#81 Nicolas Quantin · Visite du quartier de l'Abbaye à Grenoble
La cité de l’Abbaye à Grenoble, c’est une quinzaine de bâtiments qui bientôt fêteront leur centenaire, pourtant rien ne présageait qu’ils passent ce cap. Quand des pathologies structurelles sont diagnostiquées en 2011, les locataires sont progressivement relogés par le bailleur social dans la perspective d’une tabula rasa permettant de relancer un nouveau cycle immobilier optimisé pour les normes constructives du moment. Mais il en faut du temps pour reloger plus de 200 familles. Près d’une décennie pendant laquelle les volets se sont fermés un à un, mais les esprits ouverts. Progressivement le maintien de la plupart des bâtiments s’est imposé comme une évidence. C’est sans doute le témoignage d’un changement d’époque, mais aussi d’une démarche de projet qui a su instiller un doute créatif en posant des questions simples et essentielles. Pourquoi démolir ce qui fonctionne ? Que peut-on faire de mieux à la place ? Alors le problème patrimonial du bailleur est progressivement devenu un enjeu urbain, puis un projet urbain aux contours encore flous.
Car garder l’existant c’est accepter l’incertitude, assumer le bricolage et se lancer dans l’aventure sans connaître la fin de l’histoire. C’est aussi prendre le temps, mais sans laisser du vide. Puisque le quartier est vivant, le projet doit respecter les dynamiques qui y vivent, et même en initier de nouvelles. L’occupation temporaire de l’îlot central des « Volets Verts » s’est donc imposé comme un moyen d’occupation des lieux et de préfiguration des usages futurs. Cinq dispositifs très différents (appropriation et préfiguration des espaces publics, présence des services publics, activités sociales et solidaires, actions socio-culturelles et hébergement inclusif) occupent donc les lieux pour trois à cinq ans, animés autour d’une gouvernance partagée associant les pilotes du projet urbain, les occupants et les riverains.
Inutile de chercher à tirer de grandes généralités d’un projet aussi contextuel, tissé pas à pas. À part peut-être que structurer une démarche transitoire demande d’y consacrer du temps, beaucoup de temps, quitte sans doute à ralentir le projet urbain. Mais si tout était allé vite, il ne resterait rien de la Cité. Peut-être faut-il prendre le temps de laisser mûrir les projets au contact des usages ? Et s’il fallait ralentir ?
Allons visiter la Cité de l’Abbaye en compagnie de Nicolas Quantin, chef de projet pour la ville de Grenoble, de Pascal Dobias, directeur de la Maison des Habitants Abbaye-Jouhaux et de Nicolas Tixier, de Bazar Urbain, du groupement de Maitrise d’œuvre Urbaine.
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Jun 26, 2023 • 38min
#80 Vincent Cotté · La rue commune
Quand on est attentif aux annonces des prémices de l’adaptation de nos villes au climat qui vient, on oscille entre les chiffres aussi importants que théoriques d’arbres à planter avant le fin du mandat, ou d’ambitieuses transformations d’espaces publics emblématiques qui vont de la place de la Mairie au boulevard qui change de peau pour accueillir un tramway.
Tout ça est bel et bien, mais l’adaptation de nos villes passe par la transformation de tous les espaces publics, même les plus banals. C’est a ça que s’attaque le projet Rue Commune, engagé dans le développement d’un guide qui doit permettre de transformer la rue métropolitaine ordinaire. Pourquoi celle-là ? Par ce qu’elle est aujourd’hui dédiée aux flux et au stationnement, alors que la proximité des transports en commun efficaces et le faible taux d’équipement des ménages en voiture permet d’envisager aujourd’hui un autre horizon.
On en discute avec Vincent Cottet, Paysagiste-urbaniste, associé chez Richez_Associés.
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Jun 20, 2023 • 42min
#79 Thomas Benoit · Animer les rez-de-chaussée vacants
Nous voilà à Crêt-de-Roc. La sonorité du nom pourrait nous amener sur un chemin de randonnée, mais non. Il s’agit d’un quartier précaire à Saint-Etienne, qui a subit de plein fouet la désindustrialisation. Dans une ville marquée au fer rouge par cette image, certains quartiers l’ont encore plus senti passée que d’autres, et restent bien éloignés de la capitale du design, cet imaginaire nouvellement créée.
Pourtant, il ne s’y passe pas rien dans ces quartiers. L’Etat y intervient, via l’ANRU notamment, pour réhabiliter des logements et en faire des espaces décents pour celles et ceux qui y logent. Mais rien n’y fait, les grilles des magasins sont toujours baissées et les couleurs de la rue ont des teintes peu chatoyantes. Ces espaces de rez-de-chaussée, à hauteur des yeux, font toute la différence, et définissent le dynamisme ou l’agonie d’une rue. C’est long et complexe de faire revivre ces espaces si spécifiques : il faut négocier avec chaque propriétaire, trouver des porteur·ses de projet qui tiennent la route, repenser les espaces pour séparer les entrées entre les logements dans le étages et le commerce du bas… Il y a de la demande, mais ça coince, ça n’avance pas.
C’est une association de quartier, Rue du Développement Durable (RDD), qui se positionne pour faire bouger les choses. Elle devient médiatrice entre les porteur·ses de projet et les propriétaires. Le discours est accessible, mais assez solide et expert pour être crédible. Le parcours de l’association est semé d’embuches, ce qui lui a permit d’apprendre de ses erreurs et de se renforcer. Comme cette tentative avortée de créer une foncière solidaire Crêt de Liens pour racheter les rez-de-chaussée vacants du quartier. La motivation était là, les habitant·es soutenaient le projet, mais les biens n’étaient pas mis en vente : peur de gérer une copropriété et peur de nouveaux usages. Les porteur·ses de projet n’étaient pas ceux qu’attendaient les propriétaires : un bar fait trop de bruit, un artisan qui débute a peu de moyen…
Alors tant pis ! Si les acteur·ices du territoire ne veulent pas fonctionner via une foncière, qu’à cela ne tienne, on fait différemment et on rebondit. RDD a développé d’autres outils d’accompagnement et de médiation sur le long terme, en proposant de l’animation de quartier plus ponctuelle, mais tout au long de l’année, et du portage locatif.
Si tous les rideaux métalliques ne sont pas tous remontés, la rue bouge et un vent de renouveau se déploie. Parfois, dans des espaces laissés à l’abandon, quelques habitant·es se retroussent les manches et font naître de belles solidarités. Sans fanfare, sans révolution, juste avec de petits moyens, mais qui rendent la rue d’en bas un peu plus passante et joyeuse.
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Pour aller plus loin :
- Le site de Rue du Développement Durable
- La ville inoccupée. Enjeux et défis des espaces urbains vacants, de Nadia Arab et Yoann Miot (Presse de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 2020)
- L'urbanisme transitoire à la sauce lilloise, dixit.net, avril 2021
- Pas de vacance pour la vacance, dixit.net, mai 2022
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May 23, 2023 • 46min
#78 Sophie Poirier · Le signal : amour et recul du trait de côte
La mer avance, doucement, sur nos littoraux, où nous avons construit si près, pour être toujours plus proche d’elle. Tout en détruisant lentement les écosystèmes qui la maintenait au large.
Le recul du trait de côte, bien que la formule soit imagée, fait peur à tout le monde. On y perçoit cette belle maison bourgeoise, cette maison de vacance pleine de sable ou même cette petite cabane de pêche, s’effondrer d’un bloc ou sombrer sous les vagues. C’est aussi un sujet très technique, car de quoi parle-t-on exactement ? De la mer qui monte ? Du sable, des cailloux, du sol qui s’effritent, qui s’étiolent ? Du corail qui ne fait plus rempart ? Des digues qui faiblissent ? Un peu de tout ça ?
Sophie Poirier vient frôler ces enjeux, ces questionnements, mais en prenant un pas de côté important, sous l’angle de l’amour et du deuil. C’est l’histoire d’une rencontre, en 2014, à Soulac-sur-Mer. C’est l’histoire d’une passion, d’une obsession même, non pas avec un humain, mais avec un bâtiment. Avec un bloc de béton en lente dégradation. Cet immeuble, qui a été le rêve de nombreuses familles dans les années 70, s’appelle le Signal. Il a fallut faire le deuil de sa première vie, quand ses occupants ont dû plier bagage à la hâte sur arrêté préfectoral, car il menaçait de s’écrouler. Il faut dire que chaque année, les vagues se rapprochaient toujours un peu plus. Mais il a aussi fallut faire le deuil de sa seconde vie, où abandonné face aux vagues, le bâtiment a accueillit, illégalement, celles et ceux qui cherchaient un refuge, un endroit de fête, ou la découverte de l’interdit.
Cet immeuble est tristement devenu célèbre, créant un précédent dans les expulsions face au risque du recul du trait de côte, souvent cité comme l’exemple à ne pas suivre. Sophie Poirier a raconté un autre versant de son histoire, lui redonnant couleurs et odeurs, ce qu’on oublie bien souvent, nous autres professionnel·les de la fabrique des territoires.
Ce regard poétique et compulsif prend bien plus aux tripes que n’importe quel rapport technique alarmiste, posant encore une fois la force des récits pour nous transformer. Et même si le Signal a bel et bien été détruit, le récit de cette rencontre n’en reste pas moins d’actualité face à toutes les ruines que nous avons construites et dont il nous faut nous occuper, avec soin.
Mais là, à l’abri dans cette voiture qui tangue sous les assauts du vent, avec devant les yeux Le Signal et la mer déchaînée, je comprends, c’est nous qui sommes dans la tourmente. C’est nous qu’il faut plaindre.
Pour commander l'ouvrage : https://www.leslibraires.fr/livre/20069700-le-signal-recit-d-un-amour-et-d-un-immeuble-sophie-poirier-inculte-derniere-marge
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May 23, 2023 • 48min
#77 Max Rousseau et Vincent Béal · Territoires en déclin
Mettons de premières lunettes, un peu lugubres. Que voyez vous ? Une grande rue aux façades décrépies, des panneaux “à vendre” sur les vitrines, des feuilles mortes soulevées par une légère brise, et partout, des bâtiments abandonnés. Les enfants sont partis, il ne reste plus que quelques personnes errantes dans ces rues tristes et grises, qui pourtant, il y a longtemps, ont du être resplendissantes.
Mettons maintenant une autre paire de lunettes, aux verres teintés de vert. Que voyez vous ? Des jardins potagers luxuriants, quoiqu’un peu en bazar, des tentatives low-tech d’éoliennes individuelles, des espaces en friche où la nature a repris ses droits. Et ça et là, des jeunes et des moins jeunes qui bavardent sur la nouvelle place du village, une ancienne usine réaffectée en lieu de vie commun et solidaire.
De multiples imaginaires prolifèrent sur les villes en déclin. Certain·es y voient la plus grande des décadences, notamment démographique, qui telle l’épée de Damoclès définit la réussite ou non du mandat du maire. D’autres y projettent la naissance d’une nouvelle société, plus sobre et plus locale, prenant racine dans des solidarités entre voisin·es.
C’est pour sortir de ces images toutes faites de l’effondrement ou de la post-croissance que Max Rousseau et Vincent Béal sont allés arpenter les rues de Cleveland, aux Etats-Unis. Une “ville ordinaire”, comme ils disent, permettant de prendre du recul et de monter en généralité, loin du parc d’attraction des décroissants qu’est peut-être devenue Detroit.
Car il ne faut pas s’y tromper, l’agriculture urbaine luxuriante de Cleveland est une agriculture de subsistance, bien éloignée de nos jardins d’écolo-bobo et de leurs petites tomates bio. Ici, des populations racisées n’ont plus accès au moindre commerce, ou alors bien trop loin de chez elles, ou bien trop chers. Si l’agriculture urbaine peut parfois être utilisée dans un objectif d’attractivité, elle peut aussi être synonyme de survie. En parcourant leur ouvrage, Plus vite que le coeur d’un mortel, on y comprend à quel point des politiques de décroissance peuvent parfois être socialement injustes et racistes.
Les auteurs appellent à des politiques de décroissances planifiées et pensées à travers les ressources internes du territoire. Des stratégies qui seraient tournées vers les besoins de la population déjà là, encore là, et qui prennent appui sur les liens de solidarité qui se créent, malgré tout. Une enquête qui montrent des expérimentations riches, ambiguës, parfois ratées, faites d’ordinaire et de débrouille.
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Pour aller plus loin :
Plus vite que le coeur d’un mortel. Désurbanisation et résistances dans l’Amérique abandonnée, Vincent Béal et Max Rousseau, éditions Grevis (2021)
Déclin urbain. La France dans une perspective internationale, Vincent Béal, Nicolas Cauchi-Duval et Max Rousseau, éditions du croquant (2022)
Sous les pavés la terre, Agricultures urbaines et résistances dans les métropoles, Flamina Paddeu, éditions Seuil (2021)
Hinterland. Nouveau paysage de classe et de conflit aux Etats-Unis, éditions Grevis (2022)
Detropia, documentaire réalisé par Heidi Ewing et Rachel Grady (2012)
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May 15, 2023 • 26min
#76 Arthur Corbin · Rue des Floralies
La rue des floralies portait mal son nom. Avant sa métamorphose, c’est un bout de lotissement des années 1960 niché à l’est de Nantes. Une petite rue de moins deux cents mètres dans son jus, qui dessert une vingtaine de maisons. Les trottoirs sont secs, une poignée d’arbres plantés dans un tarmac d’enrobé luttent pour leur survie, et les voitures se garent ou elle veulent.
Mais elle vient de se transformer cette rue des floralies. Simplement, par le dialogue, 350 m2 ont été gagnés sur le bitume pour constituer 650 m2 d’espace de nature dans la ville, et ce n’est pas rien. C’est juste une rue normale comme des centaines, comme des milliers d’autres. Mais celle-ci a déjà vécu sa métamorphose.
On en discute avec Arthur CORBIN, qui était a la manoeuvre pour Nantes Métropole de ce petit chantier qui - on l’espère - va faire beaucoup de petits.
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May 9, 2023 • 41min
#75 Guillaume Ethier · La ville analogique
Et si la Smart City n’était que le dernier avatar en date de l’hygiénisme ? Après la ville haussmannienne, le rêve des cités-jardins, les utopies paternalistes, le déferlement des grands ensembles ou l’idéal pavillonnaire, nous avons subi les promesses de flux régulés par l’Intelligence Artificielle, de rues bardées de caméras et de poubelles connectées.
L’urbanisme donne parfois l’impression d’être une suite de vaines tentatives pour mettre la ville au pas. Mais après avoir nourri les conférences et peuplé les salons professionnels, la Smart City semble à son tour s’étioler, sans avoir vraiment dépassé le statut de pépite marketing. Quand on peine encore à faire disparaître l’habitat indigne ou à réguler le stationnement des trottinettes, qui peut encore croire à une vie urbaine complètement régulée ? La Smart City est la somme d’une impasse écologique, d’un idéal de suroptimisation et de la tentation du contrôle social.
La ville ne sera donc pas intelligente, et à défaut d’être bête, elle restera bordélique et inefficace. Quoi de plus complexe et de moins géré qu’une ville ? On se laisse bercer par l’idée que nos autorités locales pilotent ce vaste ensemble, mais à part quelques fondamentaux qui permettent à l’eau de couler dans nos robinets, aux écoles d’ouvrir et aux tramways de rouler, le reste est le fait de millions de décisions individuelles prises dans un fourmillement créatif et malheureux qui est le propre de la densité urbaine.
Mais l’échec marketing de la Smart City ne dit pas que le numérique n’a rien changé à la ville. Notre vie est désormais scandée par le rythme des notifications, éclairée en permanence par les interfaces et orientée par le point bleu rassurant du GPS. Le numérique a changé nos vies, notre rapport à l’espace, notre économie et nécessairement nos villes.
Guillaume Ethier en prend acte, et n’a ni regrets ni nostalgie d’une ville d’avant. Mais en musicien qu’il est, il introduit du bruit dans la bande-son aseptisée de la ville numérique. Pas des sons désagréables, non, mais des irrégularités que seules autorisent les interfaces analogiques. Ces anomalies aux marges de la ville normalisée et optimisée, ont perduré sous les radars des interfaces acérés de la ville numérique. Mais Guillaume Ethier nous invite à les voir enfin, à les assumer et les déployer. Alors sa ville est lente, tangible, imparfaite. Intime parfois. Il nous invite à la parcourir et a explorer ses intuitions, sans chercher à faire modèle. Mais ce sont de ces interstices que naîtront les innovations dont nous avons besoin pour les combats futurs.
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May 2, 2023 • 58min
#74 Olivier Erard · Quels futurs pour la station de ski Métabief ?
Alors qu’une douce chaleur commence à pointer le bout de son nez, que les vestes tombent et que les terrasses se remplissent, remettez votre bonnet et retournons ensemble dans l’hiver, plus ou moins enneigé.
Bienvenu à Métabief, station de ski de le Haut-Doubs, qui amorce une transition pleine de complexité. Métabief, c’est un territoire où les planètes se rencontrent. Alors que des données météorologiques situées annoncent une baisse d’enneigement drastique dans la région au cours des 10-20 prochaines années, la station de ski devrait investir dans de nouveaux télésièges. Etant déjà largement endettée, c’est le moment de faire un temps d’arrêt pour la station et de mettre toutes les cartes sur la table.
En “injectant le virus de la fin du ski”, les acteur·ices de la station décident de passer d’une culture d’investissement, voire de compétition et de surenchérissement, à une culture de la maintenance, pour travailler l’existant. La conjecture pousse la station à prendre soin de ses infrastructures actuelles pour le amener le plus loin possible dans le temps, “jusqu’au bout” de la fin du ski.
Ces décisions ne se prennent pas sans mal. Il faut gérer les angoisses, bien normales, de chacun·e : la fin de la station se rapproche chaque année un peu plus, mais sans savoir ce qui adviendra après. Il n’y a bien sûr aucune date précise, pourtant on sait qu’on se prépare à la fin. Une forme de frénésie s’installe, car il faut profiter de ces moments enneigés comment si c’était les derniers.
Olivier Erard, directeur du Syndicat Mixte du Mont d’Or et responsable ingénierie de transition à la station**,** nous raconte comment lui et ses équipes, d’un petit cercle de convaincus, ont réussi à embarquer leurs élu·es, les commerçant·es et les habitant**·**es dans cette nouvelle aventure. Une aventure de deuil et de renoncements à un passé idéalisé, à un présent instable, mais aussi à une certaine vision du future. Pourtant, ces abandons viennent multiplier les possibilités et redonner de la force à un territoire pour davantage se choisir. Si il devient évident que la transformation est nécessaire, de multiples voies sont possibles, et rien n’est encore tracé : des activités quatre-saisons qui ne remplaceront jamais totalement l’économie de la station de ski ? Une place plus grande accordée au pâturage ? Un territoire moins densément peuplé rendu à des formes de nature ? Un peu de tout ça ? De nouvelles voies à créer collectivement qui n’existent sûrement pas encore.
C’est pourquoi le Syndicat Mixte a décidé d’y dédier une ingénierie spécifique pour écouter tous les acteur·ices, orchestrer leurs envies et leurs besoins. C’est accepter la complexité du problème, sans “solutionisme”. C’est prendre le temps du vide, sans vouloir le remplir trop vite, pour laisser des idées nouvelles, farfelues, mais aussi réalistes, émergées. Cet entretien est aussi le récit d’apprentissages personnels et d’une volonté de faire autrement, en équipe, collectivement.
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Pour aller plus loin :
Métabief prépare son avenir : du ski aux activités quatre saisons, ANCT, septembre 2022
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Apr 11, 2023 • 29min
#73 Anne Lefranc · Une ville dense ET désirable ?
C'est l'un de ces dilemmes qu'il nous faut résoudre pour progresser. Peut-on créer une ville à la fois dense et désirable ? C'est le pari de la publication de l'ADEME autour de la ville 3D, pour « dense, durable et désirable ».
Je suis Sylvain Grisot, urbaniste fondateur de dixit.net, et j’échange aujourd'hui avec Anne Lefranc de l'ADEME, qui a coordonné ce guide.
En fait, la ville dense et désirable existe déjà, comme le montrent les nombreux exemples présentés dans le guide. Mais il n'y a pas de recette miracle pour y parvenir, seulement une boîte à outils où chacun devra trouver celui qui s'adaptera le mieux à ses besoins. Nous sommes engagés dans une longue période d'expérimentation, qui fait évoluer très rapidement les pratiques sans que l'on prenne pleinement conscience de l'ampleur des changements. La preuve en est, ce guide de l'ADEME date de 2018, et l'édition de 2023 devait être une simple mise à jour. Mais compte tenu des évolutions dans la compréhension des enjeux et des pratiques depuis cinq ans, une refonte complète s'est imposée. Parions que la troisième édition qui paraîtra peut-être dans quelques années témoignera de notre capacité à trouver les chemins de cette ville à la fois dense et désirable.
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Bonne écoute !
Pour aller plus loin :
Guide « faire la ville 3 D »
Le grand défi écologique Ademe sur le ZAN (mars 2022) : Intervention du réalisateur Geoffrey Couanon du film documentaire « Douce France » ainsi que plusieurs autres intervenants (dont Sylvain 😉), avec le replay de la conférence.
Le site Expérimentations Urbaines dont l’expérimentation ZAN (22 territoires)
Toutes les ressources, les fiches projets (cartographie) et les replay des ateliers de l'ADEME sur le ZAN
Documentaires de Cyril Dion à voir sur Arte, autour de 3 étapes pour lutter contre le changement climatique « résister- s’adapter - regénérer »

Mar 27, 2023 • 36min
#72 Aude Le Gallou · Tourisme des espaces délaissés
Entretien avec la chercheuse Aude Le Gallou, qui travaille sur la géographie urbaine, les friches urbaines et l'exploration urbaine, plus communément appelé "l'urbex". Nous avons parlé d'esthétique de l'abandon, de performances des corps, de tourisme plus ou moins légal, et de photographie. Pour découvrir tous nos podcasts et nos publications, rendez vous sur dixit.net.
Pour aller plus loin :
Géographie des lieux abandonnés. De l’urbex au tourisme de l’abandon : perspectives croisées à partir de Berlin et Détroit, Aude Le Gallou, 2021
Urbex. Le phénomène de l'exploration urbaine décrypté, Nicolas Offenstadt (Albin Michel, 2022)
Urbex RDA. L'Allemagne de l'Est racontée par ses lieux abandonnés, Nicolas Offenstadt (Albin Michel, 2019)
Photographies de Romain Meffre et Yves Marchand
Urbex Europe, 35 lieux secrets et abandonnés en France et en Europe Photographies et illustrations de l'auteur, de Timothy Hannem (Arthaud, 2019)
Les photos de Diane Dufraisy
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