

Transitions Urbaines, par dixit.net
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Bienvenue sur le podcast de dixit.net, une agence de conseil et de recherche urbaine. Nous donnons ici la parole à celles et ceux qui font la ville d'aujourd'hui et de demain.
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May 23, 2023 • 48min
#77 Max Rousseau et Vincent Béal · Territoires en déclin
Mettons de premières lunettes, un peu lugubres. Que voyez vous ? Une grande rue aux façades décrépies, des panneaux “à vendre” sur les vitrines, des feuilles mortes soulevées par une légère brise, et partout, des bâtiments abandonnés. Les enfants sont partis, il ne reste plus que quelques personnes errantes dans ces rues tristes et grises, qui pourtant, il y a longtemps, ont du être resplendissantes.
Mettons maintenant une autre paire de lunettes, aux verres teintés de vert. Que voyez vous ? Des jardins potagers luxuriants, quoiqu’un peu en bazar, des tentatives low-tech d’éoliennes individuelles, des espaces en friche où la nature a repris ses droits. Et ça et là, des jeunes et des moins jeunes qui bavardent sur la nouvelle place du village, une ancienne usine réaffectée en lieu de vie commun et solidaire.
De multiples imaginaires prolifèrent sur les villes en déclin. Certain·es y voient la plus grande des décadences, notamment démographique, qui telle l’épée de Damoclès définit la réussite ou non du mandat du maire. D’autres y projettent la naissance d’une nouvelle société, plus sobre et plus locale, prenant racine dans des solidarités entre voisin·es.
C’est pour sortir de ces images toutes faites de l’effondrement ou de la post-croissance que Max Rousseau et Vincent Béal sont allés arpenter les rues de Cleveland, aux Etats-Unis. Une “ville ordinaire”, comme ils disent, permettant de prendre du recul et de monter en généralité, loin du parc d’attraction des décroissants qu’est peut-être devenue Detroit.
Car il ne faut pas s’y tromper, l’agriculture urbaine luxuriante de Cleveland est une agriculture de subsistance, bien éloignée de nos jardins d’écolo-bobo et de leurs petites tomates bio. Ici, des populations racisées n’ont plus accès au moindre commerce, ou alors bien trop loin de chez elles, ou bien trop chers. Si l’agriculture urbaine peut parfois être utilisée dans un objectif d’attractivité, elle peut aussi être synonyme de survie. En parcourant leur ouvrage, Plus vite que le coeur d’un mortel, on y comprend à quel point des politiques de décroissance peuvent parfois être socialement injustes et racistes.
Les auteurs appellent à des politiques de décroissances planifiées et pensées à travers les ressources internes du territoire. Des stratégies qui seraient tournées vers les besoins de la population déjà là, encore là, et qui prennent appui sur les liens de solidarité qui se créent, malgré tout. Une enquête qui montrent des expérimentations riches, ambiguës, parfois ratées, faites d’ordinaire et de débrouille.
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Pour aller plus loin :
Plus vite que le coeur d’un mortel. Désurbanisation et résistances dans l’Amérique abandonnée, Vincent Béal et Max Rousseau, éditions Grevis (2021)
Déclin urbain. La France dans une perspective internationale, Vincent Béal, Nicolas Cauchi-Duval et Max Rousseau, éditions du croquant (2022)
Sous les pavés la terre, Agricultures urbaines et résistances dans les métropoles, Flamina Paddeu, éditions Seuil (2021)
Hinterland. Nouveau paysage de classe et de conflit aux Etats-Unis, éditions Grevis (2022)
Detropia, documentaire réalisé par Heidi Ewing et Rachel Grady (2012)
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May 15, 2023 • 26min
#76 Arthur Corbin · Rue des Floralies
La rue des floralies portait mal son nom. Avant sa métamorphose, c’est un bout de lotissement des années 1960 niché à l’est de Nantes. Une petite rue de moins deux cents mètres dans son jus, qui dessert une vingtaine de maisons. Les trottoirs sont secs, une poignée d’arbres plantés dans un tarmac d’enrobé luttent pour leur survie, et les voitures se garent ou elle veulent.
Mais elle vient de se transformer cette rue des floralies. Simplement, par le dialogue, 350 m2 ont été gagnés sur le bitume pour constituer 650 m2 d’espace de nature dans la ville, et ce n’est pas rien. C’est juste une rue normale comme des centaines, comme des milliers d’autres. Mais celle-ci a déjà vécu sa métamorphose.
On en discute avec Arthur CORBIN, qui était a la manoeuvre pour Nantes Métropole de ce petit chantier qui - on l’espère - va faire beaucoup de petits.
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May 9, 2023 • 41min
#75 Guillaume Ethier · La ville analogique
Et si la Smart City n’était que le dernier avatar en date de l’hygiénisme ? Après la ville haussmannienne, le rêve des cités-jardins, les utopies paternalistes, le déferlement des grands ensembles ou l’idéal pavillonnaire, nous avons subi les promesses de flux régulés par l’Intelligence Artificielle, de rues bardées de caméras et de poubelles connectées.
L’urbanisme donne parfois l’impression d’être une suite de vaines tentatives pour mettre la ville au pas. Mais après avoir nourri les conférences et peuplé les salons professionnels, la Smart City semble à son tour s’étioler, sans avoir vraiment dépassé le statut de pépite marketing. Quand on peine encore à faire disparaître l’habitat indigne ou à réguler le stationnement des trottinettes, qui peut encore croire à une vie urbaine complètement régulée ? La Smart City est la somme d’une impasse écologique, d’un idéal de suroptimisation et de la tentation du contrôle social.
La ville ne sera donc pas intelligente, et à défaut d’être bête, elle restera bordélique et inefficace. Quoi de plus complexe et de moins géré qu’une ville ? On se laisse bercer par l’idée que nos autorités locales pilotent ce vaste ensemble, mais à part quelques fondamentaux qui permettent à l’eau de couler dans nos robinets, aux écoles d’ouvrir et aux tramways de rouler, le reste est le fait de millions de décisions individuelles prises dans un fourmillement créatif et malheureux qui est le propre de la densité urbaine.
Mais l’échec marketing de la Smart City ne dit pas que le numérique n’a rien changé à la ville. Notre vie est désormais scandée par le rythme des notifications, éclairée en permanence par les interfaces et orientée par le point bleu rassurant du GPS. Le numérique a changé nos vies, notre rapport à l’espace, notre économie et nécessairement nos villes.
Guillaume Ethier en prend acte, et n’a ni regrets ni nostalgie d’une ville d’avant. Mais en musicien qu’il est, il introduit du bruit dans la bande-son aseptisée de la ville numérique. Pas des sons désagréables, non, mais des irrégularités que seules autorisent les interfaces analogiques. Ces anomalies aux marges de la ville normalisée et optimisée, ont perduré sous les radars des interfaces acérés de la ville numérique. Mais Guillaume Ethier nous invite à les voir enfin, à les assumer et les déployer. Alors sa ville est lente, tangible, imparfaite. Intime parfois. Il nous invite à la parcourir et a explorer ses intuitions, sans chercher à faire modèle. Mais ce sont de ces interstices que naîtront les innovations dont nous avons besoin pour les combats futurs.
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Pour commander l'ouvrage : https://www.editions-apogee.com/accueil/682-la-ville-analogique.html
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May 2, 2023 • 58min
#74 Olivier Erard · Quels futurs pour la station de ski Métabief ?
Alors qu’une douce chaleur commence à pointer le bout de son nez, que les vestes tombent et que les terrasses se remplissent, remettez votre bonnet et retournons ensemble dans l’hiver, plus ou moins enneigé.
Bienvenu à Métabief, station de ski de le Haut-Doubs, qui amorce une transition pleine de complexité. Métabief, c’est un territoire où les planètes se rencontrent. Alors que des données météorologiques situées annoncent une baisse d’enneigement drastique dans la région au cours des 10-20 prochaines années, la station de ski devrait investir dans de nouveaux télésièges. Etant déjà largement endettée, c’est le moment de faire un temps d’arrêt pour la station et de mettre toutes les cartes sur la table.
En “injectant le virus de la fin du ski”, les acteur·ices de la station décident de passer d’une culture d’investissement, voire de compétition et de surenchérissement, à une culture de la maintenance, pour travailler l’existant. La conjecture pousse la station à prendre soin de ses infrastructures actuelles pour le amener le plus loin possible dans le temps, “jusqu’au bout” de la fin du ski.
Ces décisions ne se prennent pas sans mal. Il faut gérer les angoisses, bien normales, de chacun·e : la fin de la station se rapproche chaque année un peu plus, mais sans savoir ce qui adviendra après. Il n’y a bien sûr aucune date précise, pourtant on sait qu’on se prépare à la fin. Une forme de frénésie s’installe, car il faut profiter de ces moments enneigés comment si c’était les derniers.
Olivier Erard, directeur du Syndicat Mixte du Mont d’Or et responsable ingénierie de transition à la station**,** nous raconte comment lui et ses équipes, d’un petit cercle de convaincus, ont réussi à embarquer leurs élu·es, les commerçant·es et les habitant**·**es dans cette nouvelle aventure. Une aventure de deuil et de renoncements à un passé idéalisé, à un présent instable, mais aussi à une certaine vision du future. Pourtant, ces abandons viennent multiplier les possibilités et redonner de la force à un territoire pour davantage se choisir. Si il devient évident que la transformation est nécessaire, de multiples voies sont possibles, et rien n’est encore tracé : des activités quatre-saisons qui ne remplaceront jamais totalement l’économie de la station de ski ? Une place plus grande accordée au pâturage ? Un territoire moins densément peuplé rendu à des formes de nature ? Un peu de tout ça ? De nouvelles voies à créer collectivement qui n’existent sûrement pas encore.
C’est pourquoi le Syndicat Mixte a décidé d’y dédier une ingénierie spécifique pour écouter tous les acteur·ices, orchestrer leurs envies et leurs besoins. C’est accepter la complexité du problème, sans “solutionisme”. C’est prendre le temps du vide, sans vouloir le remplir trop vite, pour laisser des idées nouvelles, farfelues, mais aussi réalistes, émergées. Cet entretien est aussi le récit d’apprentissages personnels et d’une volonté de faire autrement, en équipe, collectivement.
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Pour aller plus loin :
Métabief prépare son avenir : du ski aux activités quatre saisons, ANCT, septembre 2022
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Apr 11, 2023 • 29min
#73 Anne Lefranc · Une ville dense ET désirable ?
C'est l'un de ces dilemmes qu'il nous faut résoudre pour progresser. Peut-on créer une ville à la fois dense et désirable ? C'est le pari de la publication de l'ADEME autour de la ville 3D, pour « dense, durable et désirable ».
Je suis Sylvain Grisot, urbaniste fondateur de dixit.net, et j’échange aujourd'hui avec Anne Lefranc de l'ADEME, qui a coordonné ce guide.
En fait, la ville dense et désirable existe déjà, comme le montrent les nombreux exemples présentés dans le guide. Mais il n'y a pas de recette miracle pour y parvenir, seulement une boîte à outils où chacun devra trouver celui qui s'adaptera le mieux à ses besoins. Nous sommes engagés dans une longue période d'expérimentation, qui fait évoluer très rapidement les pratiques sans que l'on prenne pleinement conscience de l'ampleur des changements. La preuve en est, ce guide de l'ADEME date de 2018, et l'édition de 2023 devait être une simple mise à jour. Mais compte tenu des évolutions dans la compréhension des enjeux et des pratiques depuis cinq ans, une refonte complète s'est imposée. Parions que la troisième édition qui paraîtra peut-être dans quelques années témoignera de notre capacité à trouver les chemins de cette ville à la fois dense et désirable.
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Bonne écoute !
Pour aller plus loin :
Guide « faire la ville 3 D »
Le grand défi écologique Ademe sur le ZAN (mars 2022) : Intervention du réalisateur Geoffrey Couanon du film documentaire « Douce France » ainsi que plusieurs autres intervenants (dont Sylvain 😉), avec le replay de la conférence.
Le site Expérimentations Urbaines dont l’expérimentation ZAN (22 territoires)
Toutes les ressources, les fiches projets (cartographie) et les replay des ateliers de l'ADEME sur le ZAN
Documentaires de Cyril Dion à voir sur Arte, autour de 3 étapes pour lutter contre le changement climatique « résister- s’adapter - regénérer »

Mar 27, 2023 • 36min
#72 Aude Le Gallou · Tourisme des espaces délaissés
Entretien avec la chercheuse Aude Le Gallou, qui travaille sur la géographie urbaine, les friches urbaines et l'exploration urbaine, plus communément appelé "l'urbex". Nous avons parlé d'esthétique de l'abandon, de performances des corps, de tourisme plus ou moins légal, et de photographie. Pour découvrir tous nos podcasts et nos publications, rendez vous sur dixit.net.
Pour aller plus loin :
Géographie des lieux abandonnés. De l’urbex au tourisme de l’abandon : perspectives croisées à partir de Berlin et Détroit, Aude Le Gallou, 2021
Urbex. Le phénomène de l'exploration urbaine décrypté, Nicolas Offenstadt (Albin Michel, 2022)
Urbex RDA. L'Allemagne de l'Est racontée par ses lieux abandonnés, Nicolas Offenstadt (Albin Michel, 2019)
Photographies de Romain Meffre et Yves Marchand
Urbex Europe, 35 lieux secrets et abandonnés en France et en Europe Photographies et illustrations de l'auteur, de Timothy Hannem (Arthaud, 2019)
Les photos de Diane Dufraisy
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12 snips
Mar 7, 2023 • 37min
#71 Agathe Ottavi et Solène Champroy · Co-construire l'urbanisme culturel
Bonjour, je suis Frédérique Triballeau, urbaniste chez dixit.net. Qu'est-ce que l'urbanisme culturel ? En quoi peut-il être un prétexte pour enquêter sur les territoires et co-construire des projets avec les habitant.es ? Nous avons parlé de tout cela avec Agathe Ottavi, de l'agence Cuesta et Solène Champroy, de l'agance Esopa, à l'occasion de la sortie de leur "Guide pour la co-construction d'un projet culturel municipal avec les habitants", dans le cadre du programme Territoires en commun, de l'ANCT.
Vous pouvez retrouver toutes nos publications et nos podcasts sur dixit.net. Bonne écoute !
Pour aller plus loin :
Guide pour la co-construction d'un projet culturel municipal avec les habitants, novembre 2022 : https://www.dropbox.com/s/xxs2wbeb4ihdyzb/Cuesta_guide_num%C3%A9rique_final.pdf?dl=0
Les RIM 6/7 avril à Brest : https://www.lesrim.com/
La démarche Vieillir vivant : https://vieillir-vivant.org/
Le projet "Marbre d’ici" de Stefan Shankland : https://marbredici.org/
Le podcast les Flamands roses, qui retrace l’expérience Territoires en commun, produit par Emilie Wadelle : https://shows.acast.com/les-flamants-roses/episodes
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Mar 7, 2023 • 28min
#70 Nicolas Reverdido · Transfert, de la culture dans la ville
Bonjour, je suis Sylvain Grisot, urbaniste fondateur de dixit.net. Aujourd'hui, nous parlons de Transfert, un projet d'urbanisme temporaire culturel, installé sur les anciens abattoirs de Rezé, au sud de Nantes. Ses portes viennent de se fermer pour laisser place au projet urbain de Pirmil les Isles, c'est donc le bon moment pour rebrousser chemin et partager les apprentissages de la démarche. Nicolas Reverdito, directeur de Pick Up Production, nous raconte l'histoire de Transfert, durant ces cinq années mouvementées, entre pandémie mondiale, fêtes en pleine air et élections municipales.
Vous pouvez retrouver toutes nos publications et nos podcasts sur dixit.net. Bonne écoute !
Pour aller plus loin :
La ville pas chiante, Ariella Masboungi et Antoine Petitjean (Editions Le Moniteur, 2021)
La contre culture domestiquée, Luca Pattaroni (Métispresses, 2021)
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Feb 28, 2023 • 42min
#69 Mikael Goupil et Cécile Monnerais · Réhabiliter le quartier du Gros Chêne
1 500 logements, dont 1 400 logements sociaux. 1 200 à réhabiliter, dans 10 tours de 15 étages. Des chiffres qui donnent le tournis pour parler du quartier du Gros Chêne, à Rennes, qui accueille une nouvelle station de métro. Mikael Goupil et Cécile Monnerais, du bailleur social Archipel Habitat, nous font visiter une des tours qui vient d'être réhabilitée. Le parti pris est simple : ne pas démolir et faire un programme neuf sans faire du neuf. Bonne visite !
Pour aller plus loin :
Présentation du projet par Archipel Habitat
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Feb 22, 2023 • 19min
#68 Patrick Henry · Pour un urbanisme des sols
Echange avec Patrick Henry, architecte urbaniste, professeur à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, autour de son ouvrage “Des tracés aux traces, pour un urbanisme des sols” aux Editions Apogée.
Pour en savoir plus : https://www.editions-apogee.com/architecture-urbanisme/673-du-trace-aux-traces-pour-un-urbanisme-des-sols-.html
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