Avec philosophie

Marie-Rose Moro, pédopsychiatre et professeure à l'Université Paris-Cité, explore comment Donald Winnicott a révolutionné la pédopsychiatrie. Elle aborde l'impact de l'expérience des évacuations durant la guerre sur le développement des enfants. Le concept de la 'mère suffisamment bonne' et son importance sociale sont discutés, tout comme les différentes formes de trauma, direct et indirect. Moro souligne la nécessité de reconnaître le noyau sain chez les adolescents et l'importance de l'authenticité parentale pour aider à la réparation des traumatismes.

Dans cet échange captivant, on explore comment artistes et écrivains dialoguent à travers les siècles. Frédéric Worms évoque les premières phrases de Kafka, Proust et Beckett comme un éloquant écho de la pensée interconnectée. La thèse d'André Malraux est mise en lumière, soulignant que les artistes parlent aux prédécesseurs plutôt que de simplement reproduire la nature. Il détaille aussi les enchaînements dialogiques entre grands peintres comme Picasso et Cézanne, tout en élargissant le débat aux mathématiciens et à la nature relationnelle de la pensée.

Silvia Lippi, psychanalyste et docteure en psychologie, explore la notion de "mère suffisamment bonne" de Donald Winnicott. Elle souligne l'importance du désir maternel et de la rencontre entre mère et bébé. La discussion aborde la flexibilité de ce concept versus les normes rigides. Lippi examine aussi comment les fonctions maternelles peuvent s'étendre aux pères, et comment la parenté dépasse les genres traditionnels. Enfin, elle analyse la nécessité de défaillances pour la croissance de l'enfant et le lien entre traumatisme et transformation.

Frédéric Worms explore la connexion fascinante entre Proust et Kafka. Il souligne la façon dont la mélancolie de Kafka fait écho à la nostalgie proustienne. La découverte d'un dialogue entre leurs premières phrases révèle un contraste puissant entre innocence pré-guerre et angoisse post-guerre. La discussion sur Prague, comme symbole de culpabilité historique, ajoute une profondeur supplémentaire. La réflexion sur ces deux auteurs nous aide à comprendre notre histoire contemporaine.

Juliet Drouar, thérapeute et essayiste, discute de l'essai de Sarah Schulman sur la distinction entre conflit et agression. Elle souligne comment les traumatismes et les inégalités de pouvoir alimentent la violence. Juliet aborde l'importance d'une écoute empathique et la responsabilité individuelle, tout en plaidant pour une justice transformatrice. Son exploration de la rhétorique, du traumatisme et de l'influence de Peter A. Levine enrichit la conversation, rendant les thèmes accessibles et pertinents pour tous.

La discussion se concentre sur comment surmonter un chagrin d'amour selon Lucrèce. Ce philosophe antique suggère un remède audacieux : aimer de nouveau rapidement. Il remet en question l'idée que l'être aimé est unique et souligne que l'amour est souvent le fruit du hasard. Les illusions créées par l'amour sont démystifiées, montrant que le mieux pour guérir est de banaliser la rupture en se tournant vers une nouvelle passion. Une approche pragmatique et courageuse pour sortir du tourment amoureux.

Laurence Massé est Maîtresse de conférences en littérature française du XVIIIe siècle, tandis que Stéphanie Géhanne-Gavoty enseigne à la Sorbonne et se spécialise également dans cette période. Ensemble, elles explorent 'Zadig' de Voltaire, discutant de l'optimisme philosophique et des thèmes de la liberté et du mal. Leurs échanges mettent en lumière le contexte orientaliste et l'ironie de Voltaire à travers le personnage de Zadig. Elles abordent également la question des malheurs non compensés, particulièrement pour les femmes, et les ambiguïtés de la pensée religieuse de Voltaire.

Frédéric Worms, philosophe et essayiste reconnu pour ses chroniques sur France Culture, explore comment l'indignation peut unir plutôt que diviser. Il explique que l'indignation découle de l'injustice et de la violation de la dignité humaine. Worms aborde également les dangers de l'humiliation dans la quête de dignité et interroge la sélectivité des indignations. En mettant en avant l'importance d'une indignation axée sur le respect universel de toutes les formes de dignité, il nous invite à réfléchir sur notre capacité à créer des liens communs.

Linda Gil est Maître de conférences spécialisée dans l'histoire du livre au XVIIIe siècle, tandis que Maria Susana Seguin, également Maître de conférences, se concentre sur la littérature française de cette période. Elles explorent les thèmes de "Micromégas", notamment la curiosité scientifique et l'influence de savants comme Newton et Émilie du Châtelet. Le conte critique la guerre et le fanatisme religieux, tout en soulignant l'importance de la diversité des opinions scientifiques. Un regard fascinant sur la relativité des perspectives humaines.

Frédéric Worms explore la notion de dignité humaine, insistant sur son importance pour la vie, les soins et l'autonomie. Il aborde les tensions entre la dignité matérielle et celle fondée sur le choix personnel. Le podcast discute aussi de l'humiliation et de la destruction de la dignité à travers la torture. Worms encourage un combat éthique pour préserver la volonté humaine. Enfin, il questionne comment concilier liberté et conditions vitales, soulignant que l'objectif ultime est de respecter à la fois la survie corporelle et les libertés individuelles.