

Le Nouvel Esprit Public
Philippe Meyer
Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
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Jun 28, 2020 • 1h 6min
Que faire de la convention citoyenne pour le climat ? / Trump : trou d'air ou trou noir ? / n°147
QUE FAIRE DE LA CONVENTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT ? Après neuf mois de travaux, la Convention citoyenne pour le climat a rendu publique ses 149 propositions. Depuis octobre 2019, 150 volontaires tirés au sort accompagnés par 14 experts ont planché sur une question : « Comment réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 dans un esprit de justice sociale » ?Ces 150 citoyens souhaitent une révision par referendum du préambule de la Constitution afin de préciser que « la conciliation des droits, libertés et principes ne saurait compromettre la préservation de l'environnement, patrimoine commun de l’humanité ». Ils veulent également ajouter à l'article premier que « la République garantit la préservation de la biodiversité, de l'environnement et lutte contre le dérèglement climatique » et envisagent la création d’un crime d’écocide, elle aussi par referendum. Ils proposent en outre de créer un Défenseur de l'environnement, à l'image du Défenseur des droits. Un premier chiffrage établit le coût des mesures proposées à 6 milliards d’euros/an. Certaines pourraient avoir un impact positif sur le PNB.La Convention ne s’est pas exprimée sur le nucléaire, ni sur la taxe carbone, elle a pris position sur la nécessité de mettre un terme à l’artificialisation des sols, de conduire une politique de réappropriation des grandes friches industrielles ou des parkings et de réquisition de logements et de bureaux vacants et s’est prononcée pour la la renégociation du Ceta – l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada – afin d’intégrer les objectifs climatiques de l’accord de Paris. Deux propositions ont fait beaucoup parler : la réduction à 28h du temps de travail hebdomadaire, qui n’a pas été votée par les conventionnels et la limitation à 110 km/h de la vitesse sur les autoroutes.Approuvées, quelquefois avec réserves par les écologistes, la gauche et l’extrême gauche, l’ensemble de ces propositions est brocardé à droite et à l’extrême droite. Seront-elles soumises au Parlement ou par référendum ? Le Président doit s'exprimer le 29 juin.***TRUMP : TROU D’AIR OU TROU NOIR ?Le meeting de Donald Trump à Tulsa le 20 juin, dans le bastion républicain de l’Oklahoma, était censé relancer sa campagne pour les présidentielles qui se tiendront le 3 novembre prochain. Il a surtout souligné la mauvaise passe que traverse actuellement le président américain. Donald Trump avait promis une démonstration de force à Tulsa. Toujours soucieux de la taille de ses audiences, il avait assuré qu'il n'y aurait pas un siège vide, lorsqu'il y prendrait la parole. La foule n'a pas été au rendez-vous.Après un printemps marqué par les épreuves, de la crise sanitaire à l'effondrement de l'économie qu'elle a entraîné, en passant par les manifestations contre les violences policières, l'événement était censé relancer la campagne de réélection de Donald Trump. Il a au contraire souligné la mauvaise passe que ce dernier traverse. Éreinté dans un livre de son ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, empêtré dans le limogeage express d'un procureur de New York, le locataire de la Maison Blanche est pour l'instant à la peine dans les intentions de vote, à un peu plus de quatre mois de l'élection présidentielle.La Cour suprême lui a par ailleurs infligé coup sur coup deux camouflets, en étendant les droits des salariés homosexuels et transgenres et en validant les protections accordées par Barack Obama à 700.000 jeunes migrants, les « dreamers », qu'il voulait supprimer. Enfin, Donald Trump continue à nier la réalité de l'épidémie de Covid-19 alors que la maladie progresse dans plusieurs États et que le pays compte plus de 2,2 millions de cas.Selon l'agrégateur de sondages du site RealClearPolitics, le taux d'approbation de l’action du président a chuté de 47 % à 42 % les opinions contraires ont augmenté dans la même proportion. En matière d’économie Donald Trump jouit d'une image favorable : son action dans ce domaine est approuvée par une majorité de personnes interrogées (50 % contre 44 % d'avis opposés), tout comme en matière d'emploi (52 % contre 42 %). En revanche, il est minoritaire à propos de la lutte contre le Covid-19 (43 % contre 52 %), de la réforme de la santé (40 % contre 53 %), et plus encore sur sa « capacité à unifier le pays » (38 % contre 57 %).« Avec la crise politique (procédure de destitution), la crise sanitaire, la crise économique et la crise sociale (le meurtre de George Floyd), l'avance de Donald Trump dans les sondages s'est évaporée. On peut commencer à envisager une Administration Biden », estime Robert Malley, président de l'International Crisis Group.
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Jun 23, 2020 • 30min
Bada # 35 : Et à San Francisco ? Questions à Jules Fournier
Installé à « Frisco » depuis deux ans, ancien collaborateur de Michel Rocard et conseil en stratégie pour l’un des GAFA qui y tiennent le haut du pavé, Jules Fournier décrit la stratégie de la maire démocrate, aux antipodes de Donald Trump, le comportement de la population, la diversité des situations dans cette petite ville dont le nom est le symbole d’une certaine Amérique, siège des services les plus modernes, pays de Cocagne des opportunités où la Roche Tarpéienne n’est jamais loin du Capitole.
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Jun 21, 2020 • 1h 7min
Macron : où passe son nouveau chemin ? / Erdogan s’installe en Libye / n°146
MACRON : OU PASSE SON « NOUVEAU CHEMIN « ? Dans son allocution du dimanche 14 juin, le président de la République a donné pour cap au pays « L'indépendance de la France pour vivre heureux et vivre mieux. » A deux ans du terme de son mandat, le chef de l’État a ajouté que « les temps imposent de dessiner un nouveau chemin ».Emmanuel Macron n'entend pas pour autant se renier : « Je ne crois pas que surmonter les défis qui sont devant nous consiste à revenir en arrière. » Il rejette donc toute hausse d'impôts. Pour combler un endettement qui atteindra 121% du PIB, il faudra « travailler et produire davantage ». Le chef de l'État entend « tout faire pour éviter au maximum les licenciements », alors que son ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, anticipe la suppression de 800 000 emplois dans les prochains mois. La « reconstruction » économique du pays - terme utilisé à six reprises - devra, dans l’esprit, du président être « écologique », et « solidaire ». Sur le premier point, en soutenant la rénovation thermique des bâtiments, « des transports moins polluants » et les « industries vertes ». Sur le second, en revalorisant les salaires des soignants - des discussions sont ouvertes à ce sujet dans le cadre du Ségur de la santé - et en travaillant sur la dépendance des personnes âgées - le principe de la création d'une branche spéciale au sein de la Sécurité sociale vient d'être mis sur les rails à l'Assemblée nationale. La reconstruction économique devra être également « forte » et « souveraine ». En pleine polémique sur les violences policières, Emmanuel Macron a aussi apporté un soutien sans faille aux forces de l'ordre et fustigé le « communautarisme », prévenant qu'aucune statue ne serait déboulonnée. Le chef de l'État a par ailleurs annoncé l'ouverture d'un nouveau chantier de réformes institutionnelles visant à amplifier la décentralisation. « Tout ne peut pas être décidé si souvent à Paris », a-t-il jugé, en manifestant sa volonté de « donner des libertés et des responsabilités inédites » aux élus locaux, aux hôpitaux ou aux entrepreneurs. Le président a donné rendez-vous au pays en juillet, pour « préciser ce nouveau chemin, lancer les premières actions ». D'ici là, les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental doivent lui faire parvenir leurs contributions, tout comme les 150 membres de la convention citoyenne pour le climat, qui rend ses travaux ce dimanche [21 juin].***ERDOGAN S’INSTALLE EN LIBYE En Libye, la chute, le 5 juin, des dernières positions du maréchal Khalifa Haftar en Tripolitaine a marqué la fin de son offensive lancée le 4 avril 2019 pour en renverser le gouvernement libyen d'accord national (GAN) de Fayez al-Sarraj. Il s'en est fallu de peu qu'il y parvienne, avec ses troupes de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) et avec l'aide des mercenaires russes, membres du fameux groupe Wagner, dont le nombre a pu dépasser le millier, ainsi qu’avec l’appui de l’Egypte, de la France et des Emirats arabes unis. Mais Faïez Sarraj s'est trouvé un allié plus puissant encore : Recep Tayyip Erdogan, auquel il a encore rendu visite à Ankara le 4 juin. C'est à la Turquie, à ses drones et aux quelques 7.000 hommes des milices syriennes qu'elle a fait venir d'Idlib que Sarraj doit son salut. Le 28 novembre 2019, Erdogan a conclu, à Istanbul, un accord de coopération militaire et sécuritaire avec Fayez al-Sarraj. Les deux hommes s’inscrivent dans la mouvance des Frères musulmans. Bien qu'étant le chef d’un gouvernement reconnu officiellement par l'ONU, Sarraj était à l'époque au plus mal, retranché à Tripoli, et attaqué par le maréchal Haftar, maître de la Cyrénaïque. En décembre 2019, le président turc a assorti son soutien armé d'un accord de démarcation maritime. Par le biais de ce pacte, la Turquie s'arroge des droits de forage d'hydrocarbures en Méditerranée orientale. Un projet que la Grèce, Chypre, l'Egypte, les Emirats arabes unis et la France ont condamné, le jugeant illégal. La Libye est le premier producteur d’hydrocarbure africain, devant le Nigeria et l'Algérie.Cet accord visait aussi, à moyen terme pour la Turquie, à se faire donner quatre bases stratégiques en territoire libyen : les aérodromes militaires de Watiya (proche de la frontière tunisienne) et de Joufra (charnière entre la Tripolitaine et le Fezzan), les ports de Misrata et de Syrte (afin de contrôler par le sud la Méditerranée centrale). Le 2 janvier 2020, Erdogan obtenait du Parlement d'Ankara l'autorisation d'envoyer en Libye des forces turques qui ont emmené comme supplétifs plusieurs milliers de djihadistes, devenus oisifs dans la poche d'Idlib (au nord-ouest de la Syrie, à la frontière de la Turquie). Sans attendre, elles s'y déployèrent, permettant aux milices du gouvernement libyen d’union nationale de chasser progressivement de Tripolitaine les forces du maréchal Haftar. Au milieu de la Méditerranée, à 400 kilomètres des côtes siciliennes, la Libye occupe une position stratégique, contrôlant à la fois son robinet énergétique et la filière des migrants subsahariens qui transitent par le corridor libyen.
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Jun 16, 2020 • 23min
Bada # 34 : Et au Brésil ? Questions à Christian Pouillaude
Christian Pouillaude animateur du blog https://dictionnaireamicaldujardinoceanique.wordpress.com décrit la pandémie au Brésil, les bons débuts de la politique conduite par un ministre de la santé limogé pour n’avoir pas considéré la Covid-19 comme une grippette et pour avoir préconisé un confinement que Jair Bolsonaro jugeait contraire à la reprise économique, il raconte le « coup d’État statistique » du président brésilien, le « cabinet de la haine » et les « bolsominions » qui s’emploient autour de lui à décrédibiliser toute information non conforme à ses désirs, leur maîtrise des réseaux sociaux; il rapporte comment, dans les favelas, les patrons des réseaux de drogue ont assuré le confinement et même le couvre-feu, tandis que, dans les banlieues, à l’inverse, les leaders des réseaux de racketteurs ont imposé le non confinement; il constate qu’il ne reste guère comme contrepouvoir que la Cour suprême.
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Jun 14, 2020 • 1h 10min
Racisme : ils n’en souffraient pas tous, mais tous étaient frappés / n°145
RACISME : ILS N’EN SOUFFRAIENT PAS TOUS, MAIS TOUS ÉTAIENT FRAPPÉS L’onde de choc provoquée par la mort de George Floyd aux Etats-Unis continue de se propager en France. Le 2 juin, devant le tribunal judiciaire de Paris, 20.000 personnes, selon la Préfecture de police, au moins 60.000, selon les organisateurs, se sont rassemblées à l'appel du comité La vérité pour Adama du nom du jeune homme de 24 ans, mort en 2016, lors de son interpellation par des gendarmes dans des circonstances qui font encore aujourd’hui l’objet d’une information judiciaire. Le comité Adama est devenu le symbole le plus connu en France de la lutte contre les violences policières. Personne n'avait vu venir l'ampleur de la mobilisation, qui se poursuit dans plusieurs villes de France. Depuis plusieurs semaines, la dénonciation de certaines pratiques policières et les accusations de racisme à l'encontre des forces de l'ordre se multiplient. Sur plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des insultes proférées par des policiers - utilisant des termes à caractère raciste - alimentent un débat sur l'interprétation à faire de ces comportements : faut-il y voir le fait d'agents isolés à sanctionner individuellement ou le symptôme d'un mal plus profond, structurel, au sein de l'institution policière ? Au-delà de l’affaire Adama Traoré la question est posée dans le calme ou avec passion du caractère institutionnel des violences policières et du caractère « systémique » du racisme. « Il s'agit de dire que le racisme est détachable des individus pour être le fait d'une institution ou d'un système, selon Fabien Jobard, sociologue et directeur de recherche au CNRS. Ici, le racisme est le produit d'un cumul de processus, notamment historiques, avec une histoire de la police fortement marquée par la guerre d'Algérie et la chasse aux travailleurs d'Afrique du Nord, et d'une organisation économique et sociale, qui veut que la jeunesse masculine sans diplôme, occupant l'espace public, est principalement formée de descendants de l'immigration post-coloniale ». Saisi d'une affaire relative à des violences policières sur des jeunes noirs et d'origine maghrébine de Paris, commises entre l'été 2013 et l'été 2015, le Défenseur des droits, Jacques Toubon a formulé, le 12 mai dernier, des observations devant le tribunal judiciaire de Paris plaidant pour une analyse « systémique » des discriminations qu'ont subies ces jeunes. Le ministère de l'intérieur, s'il condamne les cas individuels, refuse de parler de « racisme diffus dans la police », comme l'a déclaré le secrétaire d'État Laurent Nunez. Lors des questions d'actualité au gouvernement, le 2 juin, Christophe Castaner a défendu la police « qui protège dans ce pays les femmes et les hommes de tout, y compris du racisme ». L’ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira a jugé pour sa part que, contrairement aux États-Unis, où l’aspect systémique du racisme ne fait plus beaucoup débat, « chez nous, des personnes meurent d’avoir rencontré des policiers, pas d’avoir rencontré la police ».
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Jun 9, 2020 • 23min
Bada # 33 : Et au Vanuatu ? Questions à Frédéric Ducarme
A 16 320 kilomètres de l’appartement où nous enregistrons notre conversation hebdomadaire, Frédéric Ducarme peut revendiquer le titre de « notre plus lointain auditeur », en tout cas, il peut le disputer aux 242 fidèles que nous comptons en Nouvelle Zélande. Chercheur du Muséum National d'Histoire Naturelle, et professeur au Lycée Français de Port-Vila, il parcourt les 80 îles de cet archipel de 300 000 âmes qui a pu se protéger de la Covid-19. Les anciens « protecteurs » du Vanuatu, la France et le Royaume-uni ne sont plus présents que par quelques traditions sympathiques. La Chine, elle, est proche, présente et pressante : « une amie qui vous veut du bien » ?
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Jun 7, 2020 • 1h 3min
Un mort noir de plus, un mort noir en trop / Donald Trump contre l’OMS / n°144
UN MORT NOIR DE PLUS, UN MORT NOIR EN TROPLe 25 mai un policier de Minneapolis a été filmé alors qu'il écrasait de son genou pendant neuf minutes le cou d'un Africain-Américain, George Floyd jusqu’à ce que mort s’ensuive. Dans son agonie, Floyd a gémi qu'il ne parvenait plus à respirer, une plainte qui rappelle les derniers mots d'Eric Garner, dont le décès, en 2014, a contribué à donner naissance au mouvement Black Lives Matter « les vies noires comptent ». La mort de Floyd est survenue seulement trois jours après l'arrestation en Géorgie de trois hommes accusés d'avoir traqué et assassiné un jeune Noir, Ahmaud Arbery, alors qu'il faisait son jogging.À Minneapolis, les manifestants ont déferlé dans les rues, et la police a réagi beaucoup plus durement que face aux contestataires anticonfinement armés jusqu'aux dents. Dans la soirée du 27 mai, les manifestations pacifiques ont dégénéré en émeutes. Le lendemain, le gouverneur démocrate du Minnesota appelait en renfort la Garde nationale. La colère provoquée par la mort de George Floyd à Minneapolis a continué de s'étendre, embrasant quelque 40 grandes villes du pays. Certaines ont dû instaurer un couvre-feu.Face à ces troubles, le président américain a menacé de déployer l'armée pour venir à bout de ce qu'il a qualifié de « terrorisme intérieur ». Il pourrait mettre en œuvre une loi de 1807, qui n’a pas été appliquée depuis 30 ans. Cette éventualité a semé le trouble dans l’institution militaire. L’ancien Secrétaire d’État à la défense, l’ex-général des marines, James Mattis, a publié, mercredi, une tribune incendiaire accusant le président de diviser le pays. « Je n’ai jamais imaginé qu’on ordonnerait à des soldats de violer les droits constitutionnels de leurs concitoyens », écrit-il dans le magazine The Atlantic. L’amiral Mullen, ex-chef d’état-major des armées, le général Allen, ancien patron de la coalition contre Daech et l’actuel chef d’état-major se sont prononcé contre le président. Mark Esper, l’actuel Secrétaire à la défense, a, lui aussi, pris ses distances avec la menace de la militarisation brandie par le président américain. Selon le New York Times, 40% des effectifs de l’armée américaine sont des « personnes de couleur ». Barak Obama a estimé que les noirs ont joué un rôle prépondérant pour « réveiller » le pays. ***DONALD TRUMP CONTRE L’OMS Le président Trump a annoncé le 29 mai « mettre fin à la relation » entre son pays et l'Organisation mondiale de la santé (l'OMS. Il accuse l'organisation onusienne de se montrer depuis le début de la pandémie trop indulgente avec la Chine, où le coronavirus est apparu en décembre avant de se répandre sur la planète. La décision était redoutée mais attendue : après avoir gelé son financement en avril, puis l'avoir sommée, mi-mai, de se réformer en profondeur dans les 30 jours, Donald Trump a finalement privé l’OMS d'une part essentielle de son maigre budget et menacé ainsi des programmes de santé dans les pays les plus pauvres.Née en 1948, l'OMS est une énorme machine de 7.000 employés présente dans le monde entier. Ses missions sont tributaires des crédits accordés par ses États membres et les dons de bienfaiteurs privés. Dotée de 2,8 milliards de dollars par an (5,6 milliards sur l'exercice biennal 2018-2019), l'OMS a « le budget d'un hôpital de taille moyenne dans un pays développé », a déploré son directeur général, l'Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus. Avec 893 millions de dollars apportés sur la période 2018-2019, (15 % du budget), les États-Unis en sont le premier bailleur de fonds, devant la fondation Bill et Melinda Gates, premier contributeur privé, l'Alliance du vaccin Gavi, le Royaume-Uni et l'Allemagne, et loin devant la Chine et ses 86 millions.La contribution américaine va essentiellement en Afrique et au Moyen-Orient. Environ un tiers de ces contributions co-finance les opérations de lutte contre les urgences sanitaires, le reste étant d'abord consacré aux programmes d'éradication de la poliomyélite, à l'amélioration de l'accès aux services de santé et à la prévention et la lutte contre les épidémies. L'annonce américaine a stupéfié la communauté scientifique. Richard Horton, rédacteur en chef de la revue médicale britannique The Lancet, l'a qualifiée de « folle et terrifiante », estimant que « le gouvernement américain joue au voyou en pleine urgence humanitaire ».Une question demeure sans réponse pour le moment : quand et comment les Etats-Unis couperont-ils concrètement les vivres à l’OMS ? Dans un tweet publié le 29 mai, Lawrence Gostin, professeur au O'Neill Institute for National and Global Health Law à l'université de Georgetown et collaborateur de l'OMS, a jugé la décision du président américain « illégale » à deux titres : les Etats-Unis ont signé et ratifié un traité d'adhésion à l'OMS et les crédits sont votés par le Congrès américain.
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Jun 2, 2020 • 25min
Bada # 32 : Et en Australie ? Questions à François Vantomme
Rédacteur en chef du Courrier australien, créé en 1892 et devenu en 1940 le journal de la résistance dans le Pacifique, François Vantomme décrit la réaction dans l’île-continent à une pandémie qui a relégué au second plan des incendies d’une ampleur et d’une durée sans précédent. Comment a réagi le gouvernement si sévèrement jugé pendant les mois de feux de brousse, en quoi la pandémie ajoute-t-elle à la crise économique née de la catastrophe précédente ? Comment la Chine a-t-elle réagi à l’attitude australienne à son égard ?
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May 31, 2020 • 1h 4min
Élections sans conviction / Bruxelles : salto avant / n°143
ÉLECTIONS SANS CONVICTION Le Premier ministre a annoncé le 22 mai, que le second tour des élections municipales, qui concernera 4 922 communes, arrondissements ou secteurs et environ 16,5 millions d'électeurs, aura lieu le dimanche 28 juin. Cette décision, comme l'a précisé Édouard Philippe, est « réversible ». Le conseil scientifique sera appelé à réévaluer la situation épidémique dans les semaines précédant le scrutin et une « clause de revoyure » est prévue, « sans doute dans deux semaines ». Dans l'hypothèse où la situation sanitaire ne permettrait pas la tenue du second tour à la date envisagée, un projet de loi permet le report des municipales, en reprenant intégralement le processus, au plus tard en janvier 2021.Le conseil scientifique, qui considère que la situation sanitaire s’est « nettement améliorée », juge « difficile d’anticiper ». Ni pour ni contre, il a laissé à l'autorité politique la responsabilité de la décision, tout en formulant plusieurs recommandations : il estime que « l'organisation de la campagne électorale devra être profondément modifiée » et qu'il est « possible et nécessaire de sécuriser les opérations électorales proprement dites afin de réduire les risques qui leur sont associés ». Le Premier ministre entend poursuivre la concertation avec les associations d'élus et les partis politiques « pour organiser en toute sûreté les opérations électorales proprement dites » et « pour adapter la campagne à la situation sanitaire ». « La sincérité du scrutin, donc le bon déroulement de la campagne, est une des conditions sine qua non au bon fonctionnement d'une démocratie », insiste M. Philippe.Il s'est dit prêt à l'assouplissement des règles relatives aux procurations, pour en faciliter le recueil. Il ne s'est pas prononcé sur la possibilité de passer d'une à deux procurations établies en France par mandataire, ce qui supposerait une adaptation législative. En revanche, il s'est montré très réservé sur l'extension du vote par correspondance, rappelant que, si celui-ci avait été supprimé en 1975, c'était pour endiguer des fraudes électorales. Les maires sortants se sont félicités de la tenue du second tour en juin, notamment à droite et au Parti socialiste, cependant certains partis, notamment La France Insoumise et le Rassemblement National, s’inquiètent des conditions de la campagne.Prétendre que le niveau municipal constitue le nec plus ultra d’une démocratie réellement participative et proche des citoyens est une blague, un artifice de communication -c’est à dire de propagande dont sont également bénéficiaire les maires encensés et le président de la république qui se donne ainsi les apparences de la proximité-. C’est une blague, parce que le niveau municipal est celui où la corruption fait le plus de ravages, y compris dans de petites municipalités, parce qu’en choisissant l’intercommunalité plutôt que la fusion des communes, on a organisé l’irresponsabilité, préféré une fois de plus les dépenses de fonctionnement (notamment en personnel) aux dépenses d’investissement et introduit la bureaucratie au front de bœuf dans les rares endroits du pays où elle n’avait pas pu prospérer.***BRUXELLES : SALTO AVANT Le 27 mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté au Parlement européen un plan de relance de 750 milliards d'euros pour aider le continent à sortir d'une récession sans précédent. Cette mesure s'ajoute aux 540 milliards d'euros de prêts d'urgences déjà consentis par l'UE et aux 1.000 milliards d'euros que la Banque centrale européenne (BCE) s'est engagée à injecter dans le système financier. Pour financer son plan, la Commission européenne empruntera sur les marchés 750 milliards d'euros, qui viendront abonder le budget européen, dont certains programmes seront renforcés et d'autres créés pour faire face à la situation.Sur cette somme, 500 milliards d'euros seront transférés, par le canal du budget européen, aux Etats membres qui ont été les plus affectés par le Covid-19, comme l'avaient imaginé Paris et Berlin. Pour en bénéficier, les pays devront présenter un plan d'investissements et de réformes, qui devra être compatible avec les priorités politiques de la Commission européenne, à savoir le « green deal », la transition écologique et une plus grande souveraineté européenne. Ils devront également tenir compte des recommandations que fait une fois par an la Commission à chacun des Vingt-Sept.Pour l'heure, la Commission a réservé une enveloppe à laquelle pourra prétendre chacun des Vingt-Sept. Ainsi l'Italie pourra-t-elle se voir accorder jusqu'à près de 82 milliards d'euros de subventions, l'Espagne jusqu'à 77 milliards, la France 39 milliards, la Pologne 38 milliards, l'Allemagne 29 milliards… Ursula von der Leyen a également prévu un volant de prêts, de 250 milliards d'euros, dont elle a également prévu une préallocation – soit 91 milliards pour l'Italie, 63 milliards pour l'Espagne, 26 milliards pour la Pologne, rien pour la France ou l'Allemagne. A terme, donc, la Commission se verra rembourser ces 250 milliards.La Commission devra trouver les moyens de rembourser les 500 milliards de subventions qu'elle aura accordés. Elle prévoit de commencer à payer ses dettes à partir de 2028, et jusqu'en 2058.Le projet de la Commission de mutualiser la dette nécessite l’accord des Vingt-Sept. Cela suppose un revirement de l’attitude des pays dits « frugaux » - Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche - qui se sont jusqu'à présent opposés à une telle idée.
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May 28, 2020 • 26min
Bada #31 : Et au Chili ? Questions à Manuel Antonio Garreton, sociologue et professeur à l’Université du Chili
La pandémie est survenue dans un Chili secoué depuis l’automne 2019 par un mouvement social d’une très grande ampleur. Son l’aboutissement provisoire devait être une consultation populaire sur une nouvelle constitution. Cette échéance a dû être reportée en raison du Covid-19. Manuel Antonio Garreton revient sur ce mouvement et sur la situation créée par ce report. Il relate les limites des réponses à la pandémie, la nécessité de l’action publique dans un pays qui en a les moyens mais pas (encore) la volonté et il examine les différences et les ressemblances entre le Chili et ses voisins, l’Argentine, le Pérou et le Bolivie.
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