Le Nouvel Esprit Public

Philippe Meyer
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Oct 12, 2020 • 14min

Bada #50 : Et depuis ? Retour en Jordanie (12 octobre 2020)

Nous reformons la ronde des auditeurs qui, entre mars et septembre, nous avaient décrit la situation sanitaire et sociale dans leur pays de résidence et, trois mois après notre premier entretien, nous retrouvons à Amman Alexis Boncenne, en poste pour l’UNICEF. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Oct 11, 2020 • 1h 6min

Macron contre le radicalisme islamiste / Erdogan, encore Erdogan, toujours Erdogan ! / n°162 (11 octobre 2020)

MACRON CONTRE LE RADICALISME ISLAMISTE     Le 2 octobre, le chef de l'État a prononcé un discours aux Mureaux pour annoncer un projet de loi de lutte contre « le séparatisme islamique » finalement intitulé « projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains ». D’emblée, Emmanuel Macron a précisé que « L'islamisme radical est le cœur du sujet ». « Un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République ». Regrettant que la République ait laissé progresser, sans rien faire une « ghettoïsation » des quartiers qui a favorisé l'influence du « séparatisme islamiste », le Président a plaidé pour une hausse des moyens des services publics dans les territoires. « Notre horizon est simple : c'est assurer une présence républicaine au bas de chaque tour, au bas de chaque immeuble, là où nous avions reculé », a-t-ilexpliqué. Pour le président, le « réveil républicain », auquel il appelle consiste notamment à réaffirmer le rôle fondamental de l'école dans l'apprentissage des valeurs de la République et pour cela à rendre obligatoire dès 3 ans l'instruction à l'école, l'instruction à domicile étant « strictement limitée » aux impératifs de santé, à renforcer le contrôle de l'État sur le fonctionnement et le financement des associations cultuelles et pour cela accepter de retoucher à la marge la loi de 1905, à  faire respecter le principe de neutralité dans les services publics et pour cela l'étendre aux transports publics, à tenter de faire émerger un islam de France et pour cela responsabiliser le Conseil français du culte musulman, en particulier dans la formation des imams.  Le rapporteur de l'Observatoire de la laïcité, qui Nicolas Cadène s’est félicité  d’un « remarquable discours » qui a le mérite de reprendre « l'ensemble des préconisations » de l'Observatoire, notamment sur le renforcement du contrôle des financements des mosquées et, surtout, sur la nécessité de restaurer dans les quartiers la mixité sociale. A gauche, le président du Printemps républicain, Amine El-Khatmi, a jugé que « les mots posés » par chef de l'Étatvont « dans le bon sens »..Le ssocialistes demandent davantage de moyens pour les quartiers « que la République abandonne ». Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et diverses associations ont dénoncé un « discours contre les musulmans  Le projet de loi doit être présenté aux représentants des cultes, mi-octobre, avant que le texte définitif ne vienne en conseil des ministres, le 9 décembre. Il sera ensuite transmis à l'Assemblée nationale en janvier 2021. Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro, 8 Français sur 10 jugent positivement ce projet. *** ERDOGAN, ENCORE ERDOGAN, TOUJOURS ERDOGAN !     Le 27 septembre, des combats meurtriers ont éclaté entre les forces azerbaïdjanaises et les rebelles du Haut-Karabakh, soutenue par l’Arménie. L'Azerbaïdjan affirme qu’il s’agit d’une « contre-offensive » après une attaque des séparatistes, lesquels soutiennent qu’ils n’ont fait que répondre à une agression aérienne de Bakou. Le Haut Karabakh, dont les 150 000 habitants sont en majorité arméniens a fait sécession de l'Azerbaïdjan en 1991, au moment de la dislocation de l'URSS. Autour de ce territoire, sept districts azerbaïdjanais sont occupés militairement par les Arméniens. Bakou veut en reprendre le contrôle. Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, a expliqué le 30 septembre que la condition d'un cessez-le-feu était le retrait militaire complet des forces arméniennes des « territoires occupés », soit le Haut-Karabakh et la zone tampon avec l'Arménie. L'Arménie, elle, défend le droit à l'autodétermination des habitants du Haut-Karabakh, dont l’indépendance n’est pas reconnue sur le plan international. Malgré des décennies de médiation américaine, russe et française au sein du Groupe de Minsk, sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, la dispute sur la souveraineté du Haut-Karabakh n'a jamais été résolue. Selon le droit international, l'enclave appartient au territoire azerbaïdjanais. Entretenant une coopération militaire avec l’Azerbaïdjan turcophone, le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré : « Le peuple turc est aux côtés de ses frères azéris, de tout notre cœur et par tous les moyens ». Après la Syrie, laLibye, la question migratoire et les forages en Méditerranée orientale, le Haut-Karabakh devient le nouveau sujet de tension de la Turquie avec ses voisins et alliés.  Lors du sommet de l'Union européenne, les 1er et 2 octobre à Bruxelles, Emmanuel Macron a déclaré « 300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep (situé en Turquie). Ils sont connus, tracés, identifiés, ils viennent de groupes djihadistes qui opèrent dans la région d'Alep. D'autres contingents se préparent, à peu près de la même taille. Une ligne rouge est franchie, c'est inacceptable ». L’Alliance atlantique a dû, le5 octobre, demander à un de ses propres membres, la Turquie, de freiner l'offensive militaire de l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh. Ankara, lui a répondu que l'Otan devrait, elle, « appeler l'Arménie à se retirer » du Haut-Karabakh. Le même jour, les trois ministres des affaires étrangères du groupe de Minsk, le Français Jean-Yves Le Drian, l'Américain Mike Pompeo et le Russe Sergueï Lavrov ont dénoncé « l'escalade de violence inédite et dangereuse ».  Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Oct 10, 2020 • 21min

Bada #49 : Et depuis ? Retour à Tokyo (10 octobre 2020)

Nous reformons la ronde des auditeurs qui, entre mars et septembre, nous avaient décrit la situation sanitaire et sociale dans leur pays de résidence et, six mois après notre premier entretien, nous retrouvons Karyn Nishimura au Japon, où elle est journaliste et podcasteuse. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Oct 8, 2020 • 23min

Bada # 48 : Et depuis ? Retour à San Francisco (8 octobre 2020)

Nous reformons la ronde des auditeurs qui, entre mars et septembre, nous avaient décrit la situation sanitaire et sociale dans leur pays de résidence et, trois mois après notre premier entretien, nous retrouvons Jules Fournier, ancien collaborateur de Michel Rocard et conseil en stratégie pour l’un des GAFA qui tiennent le haut du pavé. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Oct 4, 2020 • 1h 12min

Etats-Unis : des élections sous conditions / Élections sénatoriales et recomposition politique / n°161 (4 octobre 2020)

ETATS-UNIS : DES ELECTIONS SOUS CONDITIONS.     Dans un contexte de triple crise - sanitaire, économique et raciale- la campagne électorale pour les présidentielles américaines a pris un tour chaotique avec le premier débat, le 29 septembre, entre le président américain et l'ancien vice-président. Un débat jugé par la presse américaine comme le pire dans l'histoire récente du pays. Selon la chaîne de télévision « CNN » le perdant a été la démocratie, tandis que le magazine Time a titré « Annulez les deux prochains débats ». Depuis plusieurs mois, Donald Trump est à la peine dans les sondages. Il accuse un retard important et durable : entre 4,5 et 10 points sur son concurrent démocrate, tandis que 65 % des Américains déclarent ne pas avoir confiance en lui pour la gestion de la pandémie. Donald Trump est également rejeté massivement par l’électorat féminin : d'après un récent sondage duWashington Post et ABC News, Joe Biden est en tête de 24 points chez les femmes, contre seulement 4 chez les hommes. Toutefois, le mode indirect du scrutin ne permet pas de tirer des conclusions sûres de ces sondages. En 2016, ils prédisaient justement une victoire en voix d’Hilary Clinton que de mini-déplacements locaux ont finalement infirmée.  De nombreux observateurs se demandent si Donald Trump acceptera les résultats des urnes, s’ils lui étaient défavorables. Lors d’un point de presse le 23 septembre, lorsqu’il lui a été demandé s’il était prêt à s’engager pour un transfert pacifique du pouvoir dans le cas d’une défaite, le président des Etats-Unis a refusé de répondre par l’affirmative. « Nous allons devoir voir ce qui se passe », s’est-il contenté d’assurer. Il a également averti qu'il était persuadé que les tribunaux allaient jouer un rôle déterminant dans l'élection. Un contexte qui rend d'autant plus importante la nomination d'une nouvelle juge à la Cour suprême, en remplacement de Ruth Bader Ginsburg décédée le 18 septembre, Au sommet de la hiérarchie judiciaire, la Cour peut avoir à arbitrer des litiges électoraux, y compris, le résultat de la présidentielle du 3 novembre. Donald Trump a affirmé que « la seule manière dont il pourrait perdre l'élection serait qu'elle soit truquée ».​A cause de la pandémie, beaucoup d’Américains vont voter par correspondance. Entre les réticences de Donald Trump et les problèmes d’organisation liés au Covid-19, ce vote à distance s’annonce compliqué. Au-delà du duel politique, le vote par correspondance fait planer l’incertitude sur les résultats de la présidentielle. Les règles varient en effet d’un Etat à l’autre, dépouiller des votes par correspondance prend du temps et des retards de courrier sont à craindre : le scrutin intervient alors que les services postaux sont en difficulté après des restructurations lancées par leur nouveau patron, Louis DeJoy, un proche de Donald Trump. Selon Rick Hasen, spécialiste du droit des élections et professeur à l'université de Californie à Irvine « le plus probable, c'est que le nom du président ne soit connu qu’une semaine après les élections.Et, en cas de défaite, Trump dénoncerait des fraudes ».*** ELECTIONS SENATORIALES ET RECOMPOSITION POLITIQUE     Près de la moitié des sièges du Sénat, 172 sur 348, étaient à pourvoir dimanche 27 septembre dans 58 départements de métropole, en Guyane et dans quatre collectivités d'outre-mer. Quelque 87 000 grands électeurs étaient appelés à voter, dont 95% sont issus des conseils municipaux. Selon les premières projections – car il faut attendre le 5 octobre pour savoir où certains élus décideront de siéger -, le groupe Les Républicains conserve et même consolide sa première place au Sénat où la droite est majoritaire depuis 2014, avec le renfort du groupe Union centriste. Les Républicains qui remettaient en jeu 76 sièges sur les 144 qu'ils détenaient regroupent désormais 152 sénateurs, tandis que les Centristes sont passés de 51 à 55 sièges. L’ancien président du groupeLes Républicains, Bruno Retailleau, réélu avec 70,8 % des voix en Vendée, a été reconduit le 1er octobre dans ses fonctions de président du groupe. Les socialistes demeurent le deuxième contingent du Sénat, mais n’ont plus que 65 élus contre 71 sortants. Les résultats d'Europe Écologie Les verts dans plusieurs grandes villes au second tour des municipales lui offre six sièges dans le Rhône, le Bas-Rhin, les Bouches-du-Rhône, en Ille-et-Vilaine et en Gironde. Avec leurs 5 alliés ex-socialistes ou ex-EELV, les écologistes ont puformer un groupe dont le président, Guillaume Gontard est un nouvel élu venu de l’Isère. Après les européennes en 2019 et les municipales en 2020, les sénatoriales sont le troisième scrutin où Europe Écologie Les Verts bénéficie d’une bonne dynamique politique.  Le groupe La République en Marche, faiblement représentée au Sénat, a perdu quatre sièges sur 23. Les deux membres du gouvernement en lice, Sébastien Lecornu dans l'Eure et Jean-Baptiste Lemoyne dans l'Yonne, ont été élus et son président François Patriat, a été réélu de justesse en Côte-d’Or. Ce recul du parti présidentiel signe selon le sénateur socialiste du Val-d’Oise Rachid Témal « l’échec de l’implantation territoriale de La République en marche et un nouvel échec pour la politique du gouvernement ». Peu concerné par le renouvellement (3 sur 16 sénateurs), le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste à majorité communiste « se renforce », avec des sièges confirmés dans les Côtes-d'Armor et en Seine-Maritime, et de nouveaux élus dans les Bouches-du-Rhône et en Dordogne. Quant au Rassemblement National, son unique représentant conserve son siège en rassemblant au-delà de sa formation. Réélu le 1er octobre pour un quatrième mandat, le Président du Sénat, Gérard Larcher, a affirmé au soir de l’élection que la chambre haute sera « un contre-pouvoir exigeant, participant à un rééquilibrage des pouvoirs au profit des collectivités ». Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Sep 27, 2020 • 1h 11min

Covid : le tour de vis / Une nouvelle donne au Moyen-Orient / n°160 (27 septembre 2020)

COVID : LE TOUR DE VIS           Le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé le 23 septembre, une série de nouvelles mesures pour lutter contre la pandémie de Covid, faisant étatd'une situation épidémique « globalement dégradée ». La France sera désormais divisée en plusieurs zones d'alerte dans lesquelles les restrictions, réévaluées tous les quinze jours, pourront être durcies. Soixante-neuf départements sur 101 sont en zone d'alerte. Aix-Marseille et la Guadeloupe ont été placées en « zone d'alerte maximale », l'échelon le plus haut avant le passage en état d'urgence sanitaire : les bars, les restaurants et tous les établissements recevant du public, sauf s'il existe un protocole sanitaire strict, y sont fermés depuissamedi. Onze métropoles – Paris, Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, plus Bordeaux, Lyon et Nice, qui s'y trouvaient déjà – ont été placées en « zone d'alerte renforcée ». Cela signifie à partir de lundi la fermeture des bars à 22 heures ; l’abaissement de la capacité d'accueil maximale des rassemblements à 1.000 personnes ; l’interdiction des grands événements déclarés ; l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes dans l'espace public ; la fermeture des salles de sport et des gymnases ; la fermeture de toutes les salles des fêtes et salles polyvalentes. Si la situation ne s'améliore pas, d'autres métropoles pourraient passer à ce niveau, a prévenu Olivier Véran, en citant « Tours, Strasbourg, Dijon et Clermont-Ferrand ». Et « si la situation se dégrade encore », de nouvelles villes pourraient être mises en alerte maximale. La Commissaire européenne à la Santé demande aux États-membres de durcir "immédiatement" leurs politiques de contrôle de l'épidémie de Covid-19 jugeant la situation "préoccupante".      L'annonce des nouvelles mesures a suscité de vives réactions notamment chez les élus locaux qui reprochent d’abord au gouvernement un manque de concertation. L'Association des maires de France a déploré « un retour en arrière dans l'esprit de concertation » entre l'Etat et les maires. A Marseille, des élus et des habitants sont en colère et considèrent les nouvelles restrictions comme une « punition ». Ils réclament un délai de dix jours avant leur mise en œuvre. Les critiques sont également économiques. Dans le secteur de la restauration, tout cela sonne comme une « catastrophe économique », redoute la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal. La Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille-Provence parle elle d'un « reconfinement économique ». A Paris, le premier adjoint de la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire dénonce « un risque économique immense », tandis que la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a dit avoir protesté auprès du gouvernement et du préfet. Auditionné le 24 septembre au Sénat par la commission d'enquête sur la gestion de la crise du coronavirus, le ministre de la Santé s’est défendu de ces critiques en affirmant « à un moment, le principe de responsabilité doit primer ».*** UNE NOUVELLE DONNE AU MOYEN ORIENT     Moins d'un mois après la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis, officialisée le 13 août, une deuxième monarchie du golfe Persique, Bahreïn, saute le pas de la reconnaissance diplomatique de l'Étathébreu. L'annonce a été faite le 11 septembre, dans un communiqué conjoint de la présidence américaine, de la Couronne bahreïnie et du gouvernement israélien. Le petit archipel devient le quatrième État arabe à établir des relations officielles avec Israël, après les Émirats arabes unis, la Jordanie en 1994 et l'Égypte en 1979. Ces accords appelés par Washington « Accords d'Abraham », du nom du patriarche des trois religions monothéistes, ont été rédigés par Jared Kushner, le gendre du président américain. Donald Trump les a signés en tant que médiateur. Ils ne mettent pas fin à un conflit puisque les Émirats arabes unis et Bahreïn n'ont jamais été en guerre contre Israël. Les deux pays du Golfe ont obtenu leur indépendance tous deux en 1971, bien après la guerre des Six Jours de 1967. Les traités officialisent une normalisation avec l'État hébreu et une coopération qui était effective mais niée depuis plusieurs années. Lors de la signature, le Président américain a évoqué l'avènement d'un « nouveau Moyen-Orient » tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de son côté qualifié ces accords de « tournant de l'histoire » estimant qu'ils pouvaient « mettre fin au conflit israélo-arabe une fois pour toutes ». Pour sa part, Bahreïn a appelé à une solution à deux États entre Israéliens et Palestiniens. Quant aux Émirats arabes unis, ils ont remercié Netanyahu « d'avoir stoppé l'annexion des Territoires palestiniens ». L'Autorité palestinienne considère ces accords comme des « coups de poignard dans le dos ». Un membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine Ahmed Majdalani a déclaré : « Selon nos estimations, quatre ou cinq pays arabes pourraient être prêts, après Bahreïn et les Émirats arabes unis, à aller de l'avant pour instaurer une paix imaginaire. » S’il n’a pas précisé les noms de ces pays, des sources palestiniennes ont fait référence à Oman, au Soudan, à la Mauritanie et au Maroc. L’Iran et la Turquie ont également condamné ces accords. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé les Émirats arabes unis d’avoir « trahi » les pays arabes, tandis que le ministre des Affaires étrangères iranien a estimé que « les dirigeants de Bahreïn seront désormais complices des crimes » d’Israël. Pour la première fois depuis 1948, la Ligue arabe, convoquée à la demande des Palestiniens, n'a pas condamné les initiatives des Émirats arabes unis et de Bahreïn. L'Arabie saoudite, elle, n'a toujours pas réagi. En revanche, alors même que la cérémonie était toujours en cours à la Maison-Blanche, les sirènes ont retenti dans le sud d'Israël où deux roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Sep 20, 2020 • 1h 5min

Le retour de la dépense publique / « La mer la plus dangereuse du monde » / n°159 (20 septembre 2020)

LE RETOUR DE LA DÉPENSE PUBLIQUE       Le Premier ministre a présenté le 3 septembre un plan de relance, de 100milliards d’euros dont l’objectif est de retrouver dès 2022 le niveau d'avant-crise, soit l'équivalent de 4 points de croissance. Le plan vise également àpréparer la France de 2030. « 100 milliards, c'est considérable, a déclaré Jean Castex, c'est presque quatre fois plus que le plan de relance de 2008 ». Le même jour, François Bayrou a été nommé Haut-commissaire au Plan. Une mesure qui marque la renaissance du Commissariat du Plan, effectif de 1946 à 2006.  Baptisé France Relance, le plan comporte trois piliers. La transition écologique avec 30 milliards d'euros ; la compétitivité et l'innovation pour 35 milliards ; et le dernier baptisé « cohésion sociale et territoriale » bénéficiera également de 35 milliards d'euros. L'exécutif espère, avec ce plan, créer 160 000 emplois supplémentaires en 2021, alors que 800 000 destructions de postes sont attendues en 2020. « Nous dépasserons largement les 10 % de taux de chômage dans les mois qui viennent. Nous voulons revenir en dessous à début 2022 », a précisé Bruno Le Maire.  Le plan sera financé par un recours massif à la dette. L'Europe doit y contribuer pour 40 milliards d’euros. Il ne sera pas financé par des augmentations d'impôts, assure le Premier ministre. Le choix assumé du gouvernement est donc de laisser filer la dette et de miser sur le retour de la croissance pour la résorber. « C’est le temps de la dépense publique », affirme-t-on désormais à Bercy. Le temps de remettre sur pied l'économie française, la dette publique devrait rester à 120% du PIB, un ratio que le ministère de l'Economie et des Finances souhaite ne voir baisser qu'à partir de 2025. Selon l'Insee, le coût de la crise a été porté à hauteur de 56 % par les administrations publiques, de 40 % par les entreprises et de seulement 4 % par les ménages. Un sondage de l'institut Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et Franceinfo, indique que 71 % des Français jugent que c'est « un bon plan de relance ». Ils sont tout aussi favorables (70 %) à la répartition de la somme et sont également près de deux sur trois à penser que ce plan permettra de « protéger les entreprises » avec efficacité, et même de « favoriser l'insertion professionnelle et l'emploi des jeunes ». Ils sont néanmoins une courte majorité (52 %) à croire en sa capacité à favoriser la transition écologique. 68% de sondés ne croient pas à la promesse du gouvernement de ne pas augmenter les impôts et 51 % craignent le poids de la dette pour les générations futures.*** « LA MER LA PLUS DANGEREUSE DU MONDE »   Le 10 août, la Turquie a envoyé un navire de prospection sismique, escorté de navires de guerre, pour sonder les fonds marins d’une zone qu’elle dispute à la Grèce, à la recherche d’hydrocarbures. En réponse, Athènes a déclenché des manœuvres navales, auxquelles ont répondu des exercices militaires turcs, accompagnés d’une surenchère de menaces entre la Turquie, la Grèce, Chypre, mais aussi la France qui a dépêché dès le 13 août à Chypre deux Rafale et deux bâtiments de la marine nationale, en soutien à la Grèce. Ce bras de fer n’est que le dernier acte d’un conflit latent depuis des décennies entre la Grèce et la Turquie au sujet du partage des eaux en mer Egéeet en Méditerranée orientale. Il porte notamment sur la notion de zone économique exclusive instaurée en 1982 par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, dite de Montego Bay, qui n’a jamais été signée par la Turquie. La Grèce la revendique, la Turquie la rejette. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan a déclaré début septembre : « Ils vont comprendre que la Turquie est assez forte politiquement, économiquement et militairement pour déchirer les cartes et les documents immoraux ». Le conflit gréco-turc a pris une tout autre dimension avec la découverte, ces dix dernières années, d’importantes réserves de gaz naturel en Méditerranée orientale. Réserves dont la Turquie n’a pas bénéficié, faute, estime-t-elle, d’une reconnaissance de ses droits sur certaines zones disputées. Elle revendique le droit d'exploiter des gisements d'hydrocarbures dans une zone maritime qu'Athènes estime relever de sa souveraineté. Le 10 septembre, Emmanuel Macron a réuni en Corse six de ses homologues des pays européens riverains de la Méditerranée – l’Italie, l’Espagne, le Portugal, Malte, la Grèce et Chypre - pour tenter de constituer un front commun européen face à une Turquie dont il déplore qu'elle ne soit « plus un partenaire dans cette région ». Paris et Athènes entendent porter ces tensions au cœur de l'agenda de l'Union, lors du prochain sommet européen des 24 et 25 septembre, avec à la clé la menace de sanctions contre la Turquie. D'ici le sommet, les Européens espèrent pousser la Turquie, qui dispose du levier migratoire pour faire pression sur l'UE, à discuter les termes d'un accord avec la Grèce sous médiation allemande. Début septembre, la Méditerranée orientale, a été qualifiée de « mer la plus dangereuse du monde » par l'agence Bloomberg. Une position partagée par le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, selon qui « la moindre étincelle pourrait conduire à une catastrophe ». Le soutien diplomatique et militaire de Paris à Athènes ne se démentant pas, les deux pays ont finalisé le 12 septembre un accord prévoyant notamment la livraison à la Grèce de 18 avions de combat Rafale. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Sep 13, 2020 • 1h 1min

BOJO reprend sa parole / Sauvages ? / n°158 (13 septembre 2020)

BOJO REPREND SA PAROLE   Mardi 8 septembre, a débuté à Londres le huitième round de négociations sur l'accord commercial post-Brexit entre les équipes de Michel Barnier, côté bruxellois, et de David Frost, côté britannique. Si le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, près de quatre ans après un référendum marquant la fin de presque cinquante ans d'appartenance à l'Union européenne, il reste régi par la réglementation européenne jusqu'à la fin de l'année. Les négociations sur l’accord de libre-échange butent toujours sur les deux mêmes sujets : la pêche, car les pêcheurs britanniques souhaitent interdire à leurs homologues européens de venir puiser dans leur zone territoriale, et les conditions de concurrence équitable (normes sociales, environnementales, aides d'État). Dimanche 6 septembre, le Financial Times a annoncé que Londres envisageait d'adopter une nouvelle loi rendant caducs plusieurs aspects essentiels de l'accord de sortie de l'Union européenne signé voilà moins d'un an et entérinant la sortie du pays de l'UE. Un texte dans lequel figuraient la facture de divorce, les les droits des citoyens européens au Royaume-Uni et des citoyens britanniques dans l'UE, ainsi que des dispositions pour éviter le retour d'une frontière dure entre l'Irlande du Nord et la république d'Irlande. Interrogé lundi par les députés sur les révisions que le gouvernement comptait introduire mercredi, le secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, a reconnuque « cela viole le droit international d'une manière très spécifique et limitée ». Le Premier ministre britannique a prévenu, pour sa part, qu'il était prêt à assumer un « no deal » si aucun accord commercial n'était trouvé avec l'UE d'ici au 15 octobre. S’il jouit d'une majorité de 80 voix à la Chambre des communes, Boris Johnson a perdu 26 points dans les sondages depuis le début de la pandémie (39% d'opinions favorables contre 54% de défavorables, selon le sondage YouGov publié début septembre). L'opinion publique britannique est par ailleurs loin d'être favorable au « no deal ». Selon un sondage Yougov publié lundi, seulement un quart des Britanniques pense qu'il s'agirait d'un « bon résultat. La moitié estime au contraire qu'une telle issue serait « mauvaise » voire « très mauvaise » pour le pays. Le Royaume-Uni exporte 47 % de ses produits vers l'UE, laquelle n'exporte que 8% des siens outre-Manche. Le gouvernement britannique a calculé qu'un Brexit sans accord réduirait le PIB de 7,6 % à horizon de quinze ans, alors qu'un accord de libre-échange permettrait de limiter la casse à 4,9 %. Une nouvelle session de négociations est prévue le 28 septembre, avant un Conseil européen les 15 et 16 octobre qui devrait entériner, ou pas, un accord.*** SAUVAGES ?   Alors que de nombreux épisodes d'agressions, notamment contre des élus,ou de casse ont occupé l'actualité au cours de l'été, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a déclaré le 24 juillet : « Il faut stopper l'ensauvagement d'une certaine partie de la société. » Le 1er septembre, le ministre de la Justice, ÉricDupond-Moretti a estimé que « l'ensauvagement, est un mot qui (...) développe le sentiment d'insécurité ». Or « pire que l'insécurité, il y a le sentiment d'insécurité » qui est « de l'ordre du fantasme » et est nourri par « les difficultés économiques » et « certains médias ». Le même jour, le Premier ministre Jean Castex appeler à « fermer le ban » en précisant que « le vrai sujet, en revanche, c'est bien celui de mobiliser face à la montée des violences et de l'insécurité. Mercredi Le Président Macron a demandé à ses ministres de « ne pas créer de polémiques ». Le locataire de l’Elysée parle, lui, de « banalisation de la violence ». Un sondage Ifop paru le 7 septembre montre que 70 % des Français trouvent l'emploi du terme « ensauvagement » justifié.  Si ces dernières années, on constate une hausse des violences envers les personnes, à l’intérieur de cette catégorie, certains faits connaissent une augmentation tandis que d'autres diminuent. Le nombre des violences sexuelles a nettement augmenté selon les statistiques du ministère de l'Intérieur (+ 11 % en 2017, + 19 % en 2018 et + 12 % en 2019), sans doute à cause de la « libération » de la parole qui conduit les victimes à dénoncer plus fréquemment les faits. S'agissant des autres violences, l'évolution est plus contrastée : le nombre de vols avec violences constatés recule (-5 % en 2017, - 7 % en 2018 et - 2 % en 2019), tandis que le nombre de coups et blessures volontaires augmente (+ 4 % en 2017, + 8 % en 2018 et encore + 8 % en 2019) ; pour ces derniers, la hausse est surtout due à l'augmentation du nombre de violences intrafamiliales (+ 14 % en 2019). Dans Slate, l’avocat pénaliste Philippe-Henry Honegger parle « d’effet de loupe » dûs à des médias et des réseaux sociaux devenus amplificateurs artificiels d’une violence en réalité en baisse » Il en appelle au concept de pensée domestiquée, que Lévi-Strauss opposait à la pensée sauvage, pensée domestiquée qui se caractérise par sa capacité en partant d’observations générales à en déduire des règles à partir desquelles elle interprétera chaque événement comme faisant partie d’un tout, et non à extrapoler chaque événement isolé pour établir une nouvelle loi ». Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Sep 9, 2020 • 25min

Bada # 47 : Le Liban sous pression (9 septembre 2020)

Une émission de Philippe Meyer. Les échanges avec le public de l’enregistrement du 6 septembre 2020. Avec David Djaïz, Nicole Gnesotto, Michaela Wiegel et Lionel Zinsou Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Sep 6, 2020 • 1h 8min

Le Liban sous pression / n°157 (6 septembre 2020)

LE LIBAN SOUS PRESSION​Une explosion de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium a soufflé, le 4 août, les installations du port de Beyrouth et fortement endommagé le centre-ville,faisant 190 morts et au moins 6 500 blessés Elle s’est produite dans un Liban en proie à une grave crise politico-financière et à une corruption endémique. 50 % des Libanais vivent au-dessous du seuil de pauvreté.Le 6 août, le Président Macron s’est rendu à Beyrouth. Il s’est engagé à revenir le 1er septembre pour un « point d’étape » sur la mise en œuvre de l’aide internationale, mais aussi des réformes qui conditionnent ces aides et que réclament les Libanais dans la rue depuis plusieurs mois. Lors de son deuxième voyage à Beyrouth, le 1er septembre, centenaire de la proclamation du « Grand Liban » sous mandat français en 1920, le chef de l'État a obtenu des représentants des partis libanais plusieurs engagements : un gouvernement sera formé dans un délai de quinze jours, sous la direction du nouveau Premier ministre, Mustapha Adib. Il devrait s’agir d'un gouvernement « de mission », avec « des personnalités compétentes, formé comme un collectif indépendant, qui aura le soutien de toutes les formations politiques », a préciséEmmanuel Macron. Une déclaration devra formaliser cette démarche commune, avec une feuille de route détaillée comprenant notamment l'audit effectif de la Banque du Liban, la mise en place de la régulation de l'électricité, et la composition de l'autorité de lutte contre la corruption. Au cours de la deuxième quinzaine d'octobre, une conférence internationale devrait être organisée à Paris, en soutien au Liban pour la phase de reconstruction. Au même moment, une réunion des principaux chefs politiques libanais se tiendra dans la capitale française. Après ces rendez-vous, un déplacement à Beyrouth de Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française, est envisagé pour novembre. Emmanuel Macron a promis d'effectuer en décembre une troisième visite dans la capitale libanaise.     Paris a insisté pour que soit établi un échéancier de réformes avant tout versement des 9,2 milliards d'euros promis lors de la conférence Cèdre, la conférence de soutien au Liban parrainée par la France en avril 2018. Disposant d’une majorité dont au Parlement, les principaux chefs de parti libanais ont encore la capacité d'entraver le chemin des réformes. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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