Le Nouvel Esprit Public

Philippe Meyer
undefined
Sep 11, 2022 • 1h 1min

Refondation nécessaire ? Concertation possible ? / Tensions à Taïwan / n°262 / 11 septembre 2022

Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 9 septembre 2022.Avec cette semaine :Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. REFONDATION NÉCESSAIRE ? CONCERTATION POSSIBLE ?Le président de la République a lancé jeudi, à Marcoussis dans l’Essonne, le Conseil national de la refondation (CNR), symbole de sa « nouvelle méthode » : le dialogue. Selon l'Élysée, « il s'agit de revivifier notre démocratie et faire face à d'immenses défis », de « recréer la confiance ». Le Haut-Commissaire au Plan et principal allié de LREM François Bayrou (MoDem) en est le secrétaire général. Parmi les thèmes abordés figurent le plein emploi, l’école, la santé, le bien-vieillir et la transition écologique. Destiné à réunir acteurs politiques, syndicats, associations et citoyens pour réfléchir aux grands sujets du moment, le CNR est qualifié de « bidule macroniste » par Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, d’« objet politique non identifié », par le sénateur socialiste Patrick Kanner ou de « saison 2 du bla-bla » par le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. De LR au Rassemblement national en passant par les Verts, les « insoumis », les socialistes et les communistes, tous ont fait savoir qu’ils boycotteraient les discussions. Même l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe sera absent. Le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher redoute que le CNR ne vise à contourner le Parlement. D’autres soulignent une instance à faible valeur ajoutée au regard du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Même si l’Élysée martèle qu’« il s’agit d’une méthode de concertation, et non d’une nouvelle structure ou institution ». En revanche, les principales associations d'élus ont finalement accepté de participer à son lancement après avoir obtenu des réunions régulières avec Emmanuel Macron. Le Medef, La CFDT, la CFE-CGC et la CFTC ont également répondu à l’invitation.L'idée, de ce CNR avait été lancée par Emmanuel Macron juste avant les élections législatives de juin dernier. Le « clin d’œil » au Conseil national de la résistance est assumé. Fondé par Jean Moulin en 1943, il avait adopté en 1944 un programme pour relever la France anéantie par l'occupation nazie. Un programme qui dessinait notamment les contours de l'État-providence. Regroupant tous les mouvements politiques de la Résistance intérieure, ce fut un moment rare d'union nationale avant que la politique et ses divisions ne reprenne ses droits en 1947. « Nous vivons un temps comparable, a assuré Emmanuel Macron. Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle et puis la guerre est là ».La journée de jeudi a démarré par un état de la situation du pays : une présentation des finances publiques par Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, de l’économie par François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, et des enjeux climatiques par Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le climat. Pour François Bayrou « ce qui est en jeu, c'est notre vie pour les années qui viennent et nos raisons de vivre pour les années qui viennent ».***TENSIONS À TAÏWANLa tension est montée d'un cran début août, après à la visite à Taïwan de la présidente américaine de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. En représailles, l'armée chinoise a lancé d'importantes manœuvres militaires, allant jusqu'à simuler un blocus de Taïwan. Le Parti communiste chinois s'insurge contre toute action diplomatique susceptible de conférer une légitimité à Taïwan et réagit avec une agressivité croissante aux visites de responsables occidentaux.L’élection à Taïwan, en 2016, de la démocrate Tsai Ing-wen plus souverainiste que son prédécesseur du Kouomintang traditionnellement ouvert à la Chine, a grandement mécontenté le président chinois Xi Jing Ping. Selon le dernier sondage d'opinion réalisé en juin 2022, seul 2% de la population taïwanaise est favorable à une réunification de l'île et du continent. Xi Jing Ping doit soigner sa stature d'homme fort avant le 20ème Congrès du PCC à l'automne et une session plénière de l'Assemblée nationale populaire en 2023 où il devrait briguer un troisième mandat présidentiel de cinq ans. Selon lui, l’« unification » avec Taïwan est une priorité qui « ne peut être laissée aux générations futures ». Le 10 août, Pékin a publié un Livre blanc consacré à Taïwan, le premier depuis 2000, et « le plus ferme jamais écrit » contre l’indépendance de l’île, d'après le journal nationaliste pékinois Huanqiu Shibao. Le spectre d’un conflit armé opposant Pékin et Taipei plane sur le détroit de Formose depuis 70 ans, lorsque les troupes nationalistes du Kuomintang se sont installées sur l'île, fuyant l'avancée des communistes de Mao.En 2022, Taïwan a porté son budget militaire à un niveau record, près de 15 milliards de dollars, mais selon le think-tank américain Council on Foreign Relations, « les dépenses de la Chine seraient environ vingt-deux fois supérieures à celles de Taïwan ». L’armée chinoise, l’Armée populaire de libération compte plus de deux millions d’hommes et de femmes d’active, dont près d’un million rattachés à l’armée de terre, à quoi s’ajoutent 500.000 paramilitaires mobilisables et 500.000 réservistes. En comparaison, l’armée taïwanaise aligne 169.000 militaires d’active, mais peut compter sur près de 1,66 million de réservistes, selon le rapport 2022 de l’International Institute for Strategic Studies. Début septembre, la Chine a demandé aux Etats-Unis de renoncer « immédiatement » à la vente, pour 1,1 milliard de dollars d'armes à Taïwan menaçant dans le cas contraire de prendre des « contre-mesures ».Traditionnellement, les Etats-Unis avaient adopté une position d’« ambiguïté stratégique » consistant à ne pas dire clairement s’ils défendraient Taïwan en cas d’attaque chinoise. Mais depuis deux ans le président Joe Biden a affirmé à plusieurs reprises que son pays défendrait l’île si la Chine l’attaquait.Le piège de Thucydide, qui veut qu'une puissance dominante soit souvent poussée à entrer en guerre avec une puissance émergente, va-t-il se refermer sur les Etats-Unis et la Chine ? Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Sep 7, 2022 • 28min

Bada # 153 : Les questions du public (fin de l’abondance) / 7 septembre 2022

Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l’École alsacienne le 4 septembre 2022.Avec cette semaine :David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Sep 4, 2022 • 1h 5min

Fin de l’abondance, crise ou défi ? / n°261 / 4 septembre 2022

Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l’École alsacienne le 4 septembre 2022.Avec cette semaine :David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.Fin de l’abondance, crise ou défi ? En conseil des ministres, le 24 août, le président a annoncé la « fin de l’abondance, de l’insouciance et des évidences ». La « fin de l’abondance », c’est celle de l’accès aux matières premières et aux produits « qui nous semblaient perpétuellement disponibles », a reconnu Emmanuel Macron. La crise sanitaire puis le conflit ukrainien ont réduit la voilure des échanges internationaux et l’espoir d’une mondialisation heureuse. C’est aussi l’accès à l’eau, raréfié en raison du réchauffement climatique, mais également celui aux « liquidités sans coût », a ajouté le chef de l’Etat. Les taux d’intérêt négatifs appartiennent désormais au passé. « Nous aurons à en tirer les conséquences en termes de finances publiques », a prévenu M. Macron. Il y a cinquante ans, le Club de Rome, un cercle de responsables économiques et politiques occidentaux, lançait un cri d'alarme. Reprenant le discours « malthusien » d'un révérend, Thomas Robert Malthus, auteur d'un Essai sur le principe de population publié à Londres en 1798, il affirmait : « Si les rythmes de croissance et donc la surconsommation des réserves se poursuivent, les limites seront atteintes au siècle prochain. » Après le choc pétrolier de 1973, Pierre Messmer, alors Premier ministre, ne disait pas autre chose en annonçant, la fin de l'énergie illimitée et bon marché.Après un été marqué par la canicule, la sécheresse et des incendies de forêt hors norme, l'enjeu est au cœur de la rentrée politique de la Première ministre, à travers un entretien au Parisien, le 28 août, son discours aux entrepreneurs, le 29, puis un séminaire ministériel à l'Élysée, le 31. Devenue plus populaire que le président, elle aura la lourde tâche de vendre aux Français son grand plan pour une sobriété choisie plutôt que subie, une sobriété juste et équitablement répartie. Pour le court terme, il convient d’« arrêter dès maintenant toutes les consommations d'énergies qui ne sont pas indispensables ». Dans ce but, elle en a appelé à « la responsabilité collective » : État, collectivités publiques, entreprises, associations et particuliers. Pour le plus long terme, le gouvernement prépare « un plan global et complet : se déplacer, se nourrir, produire, se loger, consommer », a détaillé Élisabeth Borne. Celui-ci sera élaboré « à l'automne », secteur par secteur, avec les ministres concernés. Trois premiers chantiers vont être lancés « dès septembre » : la forêt, l'eau et la production d'énergies décarbonnées, qu'il s'agisse du nucléaire ou de l'accélération du déploiement des sources renouvelables. Son suivi sera réalisé par le nouveau secrétaire général à la planification écologique, Antoine Pellion.En annonçant « la fin de l'abondance », Emmanuel Macron a réalisé une improbable union des oppositions ; les uns criant à l'insulte pour les plus modestes, privés d'abondance ; les autres dénonçant un discours aux résonances décroissantes. Selon un sondage Elabe publié le 24 août, les trois premiers mots évoqués par les sondés pour qualifier cette rentrée sont « lassitude », « nostalgie » et « tristesse », la « sérénité » ne pointant qu'en quatrième position. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Aug 31, 2022 • 22min

Bada # 152 : Si vous l’avez manqué : comment l’anticléricalisme affecte la préservation du patrimoine des églises parisiennes et comment démythifier le baron Haussmann (2/2) / 31 août 2022

Alexandre Gady est historien de l'architecture, professeur à Sorbonne université, directeur du centre André Chastel et président d'honneur de la société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France. Il relate comment l’anticléricalisme latent affecte la préservation du magnifique patrimoine des églises parisiennes et comment démythifier le baron Haussmann. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Aug 28, 2022 • 1h 3min

Thématique : les Téméraires, avec Bart Van Loo / n°260 / 28 août 2022

Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 8 avril 2022.Avec cette semaine :Bart Van Loo, écrivain, auteur de Les Téméraires Quand la Bourgogne défiait l’Europe.Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Les Téméraires, quand la Bourgogne défiait l’EuropeBart Van Loo, vous êtes écrivain, vous avez enseigné le français et écrit plusieurs livres sur l’histoire et la littérature française. Vous êtes aussi Belge, néerlandophone, et marié à une Bourguignonne. Votre dernier livre est dédié à votre femme : « À mon épouse bourguignonne, rentrée chez elle en Flandre ». Dans cet ouvrage vous retracez l’histoire des ducs de Bourgogne et montrez leur rôle dans la genèse des Plats Pays, qui deviendraient plus tard les Pays-Bas et la Belgique. Ce livre, traduit en français sous le titre Les Téméraires. Quand la Bourgogne défiait l’Europe, s’est vendu à plus de 300 000 exemplaires dans plusieurs pays européens. Remarquant que la Bourgogne est souvent laissée pour compte dans l’histoire de France, et également mal connue en Belgique, vous avez entrepris de revenir sur les traces des ducs bourguignons : Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Bien que vous ayez fait des études de philologie romane, c’est ici plus en conteur que vous traversez les siècles, de l’arrivée des Burgondes en Occident en 506 à la naissance de Charles Quint en 1500. Le duché de Bourgogne est né autour de la région française du même nom, et même plus précisément de la Bourgogne-Franche-Comté « réunifiée » par la réforme administrative de 2016 qui a reproduit de manière fortuite des frontières proches de celles du royaume de Gondebaud aux Ve et VIe siècles. Mais les efforts des ducs de Bourgogne aux XIVe et XVe siècles se sont surtout déployés vers les Plats Pays : des terres marécageuses des Flandres, ils ont su faire une région prospère que vous qualifiez même de berceau du capitalisme en Europe occidentale. Les ducs de Bourgogne ont progressivement unifié ces territoires qui forment ce qu’on appelle à partir de Charles le Téméraire les « Dix-Sept Provinces » et qui deviendront au XVIe siècle les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies. Ils y mènent des réformes juridiques, financières, et répriment fréquemment les soulèvements des villes comme Bruges et Gand. L’histoire du duché de Bourgogne que vous racontez, c’est aussi celle de ses rapports avec la France, marqués par des guerres et des meurtres. Celui de Jean sans Peur qui ordonne l’assassinat de Louis d’Orléans en 1407, avant d’être à son tour exécuté en 1419, en présence du Dauphin de France, le futur Charles VII. En pleine Guerre de Cent Ans, l’Angleterre s’immisce dans ces rivalités, et les Bourguignons oscillent entre alliances avec les Anglais et réconciliation avec la France, comme ce fut le cas à Arras en 1435. Votre fresque retrace toutes les stratégies d’alliance et de mariages qui ont permis, le hasard aidant, que le dernier bourguignon soit aussi le plus grand roi de l’époque moderne, régnant sur un empire immense, Charles Quint. Pour introduire notre conversation, j’aimerais vous demander, Bart Van Loo, quel accueil ce livre qui aborde à la fois l’histoire des Pays-Bas, de la Belgique, de la France et, dans une moindre mesure de l’Angleterre, a reçu dans ces différents pays. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Aug 24, 2022 • 29min

Bada # 151 : Si vous l’avez manqué : Alexandre Gady : comment l’amour du patrimoine et de Paris vient à un jeune banlieusard (1/2) / 24 août 2022

Alexandre Gady est historien de l'architecture, professeur à Sorbonne université, directeur du centre André Chastel et président d'honneur de la société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France. Il relate comment l’amour du patrimoine et de Paris vient à un jeune banlieusard et en quoi consiste cet amour. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Aug 21, 2022 • 51min

Thématique : Jenny Marx, avec Jérôme Fehrenbach / n°259 / 21 août 2022

Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 6 mai 2022.Avec cette semaine :Jérôme Fehrenbach, inspecteur des Finances, historien et biographe de Jenny Marx.Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit. JENNY MARXJérôme Fehrenbach, vous êtes haut-fonctionnaire, inspecteur des finances et historien. Vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de la France et de l’Allemagne, de l’Ancien régime et l’époque contemporaine. En 2021, vous avez publié Jenny Marx. La tentation bourgeoise, aux éditions Passés composés. Dans cette biographie, vous retracez la vie de la femme de Karl Marx et de sa famille. L’épouse de Marx est née Jenny von Westphalen. Elle est issue d’une famille de noblesse récente mais reçoit une éducation bourgeoise. Vous expliquez que son père est un fonctionnaire « qui avait davantage de goût pour les lettres que pour les circulaires » et qui ne parvint pas à devenir propriétaire terrien. Par la famille de son épouse, Marx a donc côtoyé une petite noblesse urbaine éloignée du modèle nobiliaire allemand, ce qui l’a empêché selon vous de comprendre son rôle dans la société prussienne de l’époque, et sa différence avec la bourgeoisie de son temps.Le rapport du couple Marx à la bourgeoisie traverse votre livre. On y apprend que Karl et Jenny Marx, désargentés et perpétuellement à la recherche de financements, avaient à leur service une domestique, « offerte » à Jenny par sa mère. Vous soulignez aussi les contradictions de l’auteur du Capital qui a vécu pour grande partie grâce aux héritages divers et à l’aide financière de son ami Engels, héritant lui-même de la fortune que son père a bâti dans l’industrie textile. La vie de la famille Marx a été celle de nomades. Ils quittent leur Prusse natale pour s’installer en France où règne une relative liberté d’expression, puis partent en Belgique, chassés par Louis-Philippe à la demande du gouvernement prussien, avant de s’installer à Londres. En Angleterre, ils côtoient de nombreux immigrés qui fuient la répression qui sévit en Europe après le Printemps des peuples.Jenny Marx est tiraillée par toutes ces appartenances : au moment de la guerre franco-prussienne de 1870, elle est partagée entre sa patrie de naissance et sa patrie d’élection, la France, à qui elle reproche d’avoir renié les idéaux de la Révolution. Elle est aussi attachée à la Grande-Bretagne par sa grand-mère maternelle issue de la noblesse écossaise.Le rapport du couple Marx à ces différentes patries est aussi littéraire ; ils ont un goût prononcé pour Shakespeare, mais aussi pour Goethe, Dante et Homère. Jenny Marx était décrite par son époux comme une virtuose dans l’art d’écrire des lettres et vous estimez, Jérôme Fehrenbach, que ses correspondances figurent parmi les plus belles pages de la littérature épistolaire allemande.Dans son éloge funèbre, Engels a dépeint Jenny Marx comme une femme de l’ombre ayant joué un rôle déterminant dans le mouvement révolutionnaire. Mais malgré son goût marqué pour la politique, vous considérez que ce mythe de la baronne rouge est éloigné de la réalité.Jérôme Fehrenbach, vous qui avez écrit plusieurs livres sur des figures issues de l’aristocratie allemande, comme la Princesse palatine ou l’évêque Von Galen, j’aimerais vous demander, pour introduire notre conversation, ce qui a attiré votre attention en premier lieu sur ce personnage de Jenny Marx. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Aug 17, 2022 • 58min

Bada # 150 : Si vous l’avez manqué : Yves Riesel, musique classique et numérisation / 17 août 2022

Comment est diffusée la musique classique, hors concerts ? Que s’est-il passé lors du passage du microsillon au CD, puis du CD au numérique ? Les amateurs y ont-ils gagné ? Perdu ? Et quoi ? Avec Yves Riesel, fondateur de la plateforme numérique Qobuz et producteur ou créateur de nombreux labels de CD classiques. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Aug 14, 2022 • 57min

Thématique : L’agriculture, avec Florence Pinton / n°258 / 14 août 2022

Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 4 mars 2022.Avec cette semaine :Florence Pinton, sociologue et enseignante.David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Le Temps.AGRICULTURE Avec plus de la moitié de son territoire couvert par des activités agricoles, et une production représentant 18% du total européen, la France est le premier pays agricole de l’Union européenne. Alors qu’on compte aujourd’hui environ 400 000 exploitations en France, leur nombre ne cesse de décroître, à un rythme de 2% par an, tandis que leur surface s’étend davantage. 10% des plus grandes exploitations représentent ainsi 45% de la production nationale. La part de l’emploi agricole a fortement diminué en quarante ans, passant de 7% en 1982 à 1,5% aujourd’hui.Cette baisse du nombre d’agriculteurs s’accompagne d’un vieillissement de la profession, dont un tiers des représentants a plus de 60 ans ou atteindra cet âge d’ici cinq ans. La jeune génération représente une faible proportion, avec seulement 1% des agriculteurs âgés de moins de 25 ans, ce qui est imputable en partie à l’allongement des études : un agriculteur sur deux est aujourd’hui titulaire du baccalauréat et plus de 25% sont diplômés de l’enseignement supérieur.Confronté au défi de nourrir 9,7 milliards d’humains à l’horizon 2050 tout en prenant en compte les questions environnementales, le secteur agricole connait des évolutions importantes. L’agriculture biologique se développe en France et représente désormais 8,5% de la surface agricole. La nécessité d’investir pour la mise aux normes des outils de production et l’achat d’instrument plus performants, associée à une augmentation du coût de la terre, a conduit à une augmentation du taux d’endettement des agriculteurs, qui est passé de 35% en moyenne en 1990 à 43% en 2015.Cet endettement a accéléré la financiarisation de l’agriculture, avec des fonds d’investissement et des groupes industriels agroalimentaires effectuant des placements dans le foncier agricole, considéré comme un actif sûr, ou entrant dans le capital d’exploitations importantes. Si les corporate farms, détenues uniquement par des actionnaires, représentent encore une portion infime des exploitations en France, de plus en plus de fermes sortent du modèle familial pour adopter un mode de fonctionnement s’apparentant à celui de firmes industrielles.Au-delà de ces entreprises agricoles, la situation économique des agriculteurs demeure préoccupante, avec près d’un ménage agricole sur cinq vivant sous le seuil de pauvreté. Pour répondre à ce problème, le Parlement a adopté en octobre 2021 la loi EGALIM 2 visant à protéger la rémunération des agriculteurs. Elle prévoit entre autres une sanctuarisation du prix des matières premières au profit des agriculteurs et instaure une clause de révision automatique des prix dans les négociations entre producteurs et acheteurs.Florence Pinton, vous êtes enseignante et chercheuse en sociologie rurale – vous avez été formée chez et par Henri Mendras - et en sociologie de l’environnement. Vous vous intéressez aux conditions d’accès aux ressources naturelles et à leur mode de valorisation, aux politiques de conservation de la biodiversité et à la diffusion de l’agroécologie dans les systèmes agricoles, au Nord comme au Sud. Vous travaillez et vous avez travaillé en France, singulièrement en Bourgogne, mais aussi au Brésil, l’un de vos centres d’intérêt est la transition écologique et les « « systèmes agricoles alternatifs ». De quoi sont faits ces systèmes ? Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
undefined
Aug 10, 2022 • 31min

Bada # 149 : Si vous l’avez manqué : Jeanne Herry, du livre au film et du film au théâtre, épisode 2 / 10 août 2022

Dans « Elle l’adore », le premier film de Jeanne Herry sorti en 2014, une esthéticienne mythomane, Sandrine Kiberlain, réalisait son rêve de groupie idolâtre : avoir tout à elle un célèbre chanteur à minettes et à succès, Laurent Laffite. Sur les circonstances chaotiques de ce rapprochement qui va de déboires en désastres, renvoyons nos auditeurs au film. Jeanne Herry est actrice, elle a mis en scène pour la Comédie française, au Théâtre du Vieux Colombier un spectacle qu’elle a conçu à partir des échanges sur les Forums d’Internet, elle a publié chez Gallimard 80 étés, un bref livre sur ses liens d’affection avec les siens. En 2018, son deuxième film, Pupille, avec notamment Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche et Clotilde Mollet a reçu un accueil ému et chaleureux. Il s’agit des premiers mois de Théo, un enfant né sous X, et de tout ce qui peut se mettre ne branle pour quecette vie ne pâtisse pas d’être partie de travers. Il s’agit de tous ceux et de toutes celles qui s’y emploient. Il s’agit d’une femme dans la quarantaine qui avait postulé pour adopter avant que son mariage ne vole en éclats et qui n’a pas renoncé à ce projet. Il s’agit d’une assistante sociale, d’un assistant maternel, de tout un service dont Théo devient le souci, la crainte, la réussite, le centre.  Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

The AI-powered Podcast Player

Save insights by tapping your headphones, chat with episodes, discover the best highlights - and more!
App store bannerPlay store banner
Get the app