Phobie dʹimpulsion: une peur irrationnelle de (se) nuire
Jan 6, 2025
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Paolo Cordera, psychothérapeute et coordinateur des troubles anxieux aux HUG, partage son expertise sur la phobie d'impulsion. Il explique comment cette peur irrationnelle, souvent mal comprise, peut mener à des pensées intrusives déstabilisantes. Les nouvelles mamans et leur lutte contre ces pensées sont aussi évoquées, illustrant le lien entre amour et anxiété. Cordera évoque l'importance de la thérapie cognitive et comportementale pour dissocier pensées et actions, offrant des clés pour apprivoiser ces craintes.
La phobie d'impulsion se manifeste par des pensées intrusives qui causent une détresse psychologique sans jamais se réaliser dans la réalité.
La thérapie cognitivo-comportementale permet de dissocier les pensées des actions redoutées, facilitant ainsi la gestion des phobies d'impulsion à travers un soutien approprié.
Deep dives
Les phobies d'impulsion et leurs enjeux
Les phobies d'impulsion, souvent méconnues, peuvent amener à des pensées intrusives provoquant une réelle détresse psychologique. Ces pensées, bien qu'anxiogènes, ne se réalisent pratiquement jamais, mais leur confinement dans le silence et la honte accentue la souffrance des individus concernés. Mara, une jeune femme ayant subi diverses expériences traumatisantes, explore comment ces pensées intrusives peuvent interférer avec son quotidien, créant une sensation d'impuissance même dans des situations banales. La méconnaissance de ce trouble contribue à l'isolement et à la souffrance des personnes qui en souffrent, soulignant l'importance d'une meilleure sensibilisation et d'une conversation ouverte autour de ces thématiques importantes.
Impact des expériences traumatisantes
Mara partage son parcours de vie difficile, marqué par des épisodes d'anxiété, d'anorexie et des séjours en hôpital psychiatrique, exacerbés par un passé d'agressions et d'interventions médicales. Cette accumulation d'expériences traumatisantes a forgé une culpabilité persistante, la reliant à la vulnérabilité mentale et au regard des autres. Le lien entre ses phobies d'impulsion et ses expériences passées s'est avéré un facteur clé de son détresse psychologique, associant son sentiment de responsabilité à la souffrance. Ainsi, vivre avec ces charges émotionnelles n’est pas seulement douloureux, mais construit une image déformée de soi-même en tant que personne responsable de ses épreuves.
La nécessité de la thérapie et du soutien
Dans sa quête de guérison, Mara a exploré différentes thérapies, se concentrant sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour faire face à ses phobies d'impulsion. Ce type de thérapie aide à dissocier les pensées des actions redoutées, soulignant que les pensées intrusives ne doivent pas être interprétées comme des intentions malveillantes. Un soutien psychologique adéquat, comme la TCC ou l'EMDR, a montré son efficacité dans la réduction de l'anxiété exacerbée par des expériences passées, offrant aux patients des outils pour mieux gérer leurs pensées. Ce parcours, marqué par des échecs et des succès, nécessite du temps et de la patience, mais il souligne l'importance d'un soutien continu dans le processus de guérison.
Relations interpersonnelles et responsabilités
Mara révèle que ses phobies d'impulsion sont souvent dirigées vers ses proches, alimentées par un fort attachement. Ce lien émotionnel intense avec ses amis et sa famille crée une dualité entre son désir de protéger et sa peur de leur faire du mal à travers des pensées intrusives. Ce phénomène peut être perçu comme le 'vertige de l'amour', où le souci du bien-être des autres se mélange à des préoccupations anxieuses sur sa capacité à contrôler ses actes. Ainsi, la phobie d'impulsion devient un reflet complexe des attentes qu'elle se fixe envers ses responsabilités et son engagement émotionnel envers ceux qu'elle aime.
Mara, 24 ans, vit avec des phobies d’impulsion. Traverser un pont à pied est pour elle un défi immense : elle craint que ses bras ne se saisissent de la rambarde pour la jeter dans le vide. Engager une discussion devient tout aussi difficile, par peur irrationnelle d’embrasser son interlocuteur. Ces pensées ne reflètent ni ses intentions ni sa personnalité. La phobie d’impulsion, un trouble classé parmi les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), se manifeste par des pensées intrusives: la peur de se blesser, de nuire à autrui ou de commettre un acte gravement inapproprié. Selon Paolo Cordera, psychothérapeute et coordinateur du programme spécialisé pour les troubles anxieux et les TOC aux HUG, ces pensées, bien que bouleversantes, ne se concrétisent jamais. Une psychothérapie, parfois associée à un traitement pharmacologique, permet de dissocier les pensées des actions et d’apprendre à gérer les comportements d’évitement.
Journaliste: Adrien Zerbini
Réalisation: José Moreno
Production: Pauline Vrolixs
Attachée de production: Andreia Glanville
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