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Contact - avec Stéphan Bureau

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Feb 29, 2024 • 1h 25min

« Je suis chanceux d’enseigner dans une université du Kazakhstan où on a une réelle liberté académique. » Entretien avec Jean-François Caron, politologue, professeur à l’université de Nazarbaïev, Kazakhstan.

Jean-François Caron est un professeur de science politique canadien, exilé au Kazakhstan depuis 8 ans, où il enseigne la philosophie politique à l'université Nazarbaïev.  Exil "conscient et volontaire", se plaît-il à dire, sans doute avec une légère envie de provocation ! Il a récemment été "annulé" - sans explication, aucune - deux heures avant de prendre la parole devant un comité de la Chambre des communes qui l'avait invité à témoigner sur l'évolution de la politique étrangère du pays. « Le wokisme est entré de plain-pied au Parlement canadien. » Un exemple de censure flagrant qui fait dire au professeur Caron que la liberté d'expression est peut-être aujourd'hui plus grande dans certains pays totalitaires qu'elle ne l’est au Canada !   Avec le recul, il est convaincu que d’avoir rappelé, lors de certaines entrevues dans les médias, la collaboration entre l’Ukraine et les forces nazies pendant la Seconde Guerre mondiale est très probablement son “crime originel. Une vérité historique qu’il aurait été préférable de taire au début du conflit déclenché en 2022 par la Russie ? Dans cet entretien, Jean-François Caron explique comment la “morale” dispensée par les diplomates canadiens depuis 20 ans a miné le fameux soft power dont le pays s'enorgueillissait. Il revient sur les dangers du communautarisme canadien, la guerre en Ukraine, la crise de la Covid et la tentation du “totalitarisme soft” qui guette nos vieilles démocraties libérales. Le professeur Caron a écrit une douzaine de livres, le plus récent est Homo Superstes, publié aux Presses de l’Université Laval. Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Feb 22, 2024 • 59min

« L'Occident, c’est tout ce que nous avons! » Entretien avec l’écrivain et journaliste Kamel Daoud

Faut-il venir d’un pays qui a traversé la guerre civile et obtenu l’indépendance au bout du fusil pour chérir, sans mauvaise conscience, l’héritage de notre civilisation? Kamel Daoud est Algérien, journaliste, romancier et un observateur unique de ce déclinisme qui nous gangrène.  “ La figure la plus fascinante en Occident, c'est le crucifié, le martyr. Vous êtes une culture à la fois de l'agression et de culpabilité, et c'est pour ça qu'on vous culpabilise très facilement, que vous êtes une société divisée en deux.” Pourtant, avons-nous déjà vu des réfugiés, illégaux, partir de Syrie ou de Libye pour cogner à la porte de l’Arabie Saoudite, de la Russie ou de la Chine ? Comment expliquer que ceux qui nous livrent la guerre sainte rêvent aussi d’envoyer leurs enfants vivre et étudier en Allemagne ou en France ? Des questions fécondes, fascinantes qui émergent dans un des dialogues les plus musclés et exigeants de la courte aventure de Contact. Une conversation sur la crête d’un volcan entre un “arabe” et un “chrétien”, identités courtes et trompeuses qui portent en elles les germes du malentendu.  Kamel Daoud a remporté le Goncourt du premier roman en 2015 avec Meursault, contre-enquête. Il écrit, chaque semaine, un texte éditorial dans le magazine Le Point. Dans notre entretien, il nous parle aussi de son envie de briller, de son respect de l’argent, “toute liberté se paye” et des risques de la pensée commune ; “ce qui nous dispense de penser, c’est d’être avec le troupeau.” Il refuse d’ailleurs, sur la question palestinienne et des attentats du 7 octobre, de se laisser enfermer dans le discours…attendu.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Feb 20, 2024 • 60min

“J’essaie de combattre cette pensée que le racisme définit notre expérience dans la vie.” Entretien avec Murielle Chatelier, cofondatrice de l'Association des Québécois unis contre le racialisme (AQUR)

Quand la parole est susceptible d’être perçue, à tort ou à raison, comme une offense raciste ou une micro-agression, plusieurs préfèrent se taire.  Murielle Chatelier, fille d’immigrants haïtiens et cofondatrice de l’Association des Québécois unis contre le racialisme (AQUR), a choisi de ne pas se taire. Pire, elle a une parole dissidente.  Elle refuse d’être réduite à sa couleur de peau et se demande pourquoi nous avons collectivement remis la race au centre du débat. « Vous êtes noir, vous vivez nécessairement du racisme. Vous êtes blanc, vous avez des privilèges. » Éliminer la race pour penser, voire panser, le corps social, devrait plutôt être notre objectif commun. Loin de nier l’existence du racisme au Québec, Murielle est néanmoins convaincue qu’ « aujourd’hui, la race ne peut pas t'empêcher d’accomplir ce que tu as à accomplir. » Ses propos, qu’elle juge pourtant banals, font d’elle une cible de choix sur les réseaux sociaux. « Je ne sais pas combien de fois on m’a traité de nègresse de maison! »  Je suis perçue comme une « traître ».  Cela n’est sans doute pas étranger non plus à sa critique soutenue des formations Équité, Diversité et Inclusion (EDI), de plus en plus imposées dans les milieux de travail.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Feb 15, 2024 • 1h 11min

« Pour la Russie, l'arme principale c'est l'information pour peser sur les destinées mondiales. » Entretien avec David Colon, historien spécialiste de la désinformation

La vérité serait la première victime de la guerre.  Un truisme qui nous est ponctuellement rappelé par les nombreux conflits qui marquent notre actualité. La question, la vraie, est cependant plus inquiétante : la vérité n’est-elle occultée qu’en période de guerre ?  Poser la question, c’est y répondre, malheureusement.  Les fameuses « fake news » ne sont que la plus récente incarnation de ce que nous avons déjà appelé de la propagande.  Désinformation et mésinformation sont aujourd’hui les armes d’intoxication massive employées par les ingénieurs du chaos pour livrer une guerre de tous les instants à des États démunis devant cette menace.  Si elle n’est pas nouvelle, cette menace est augmentée par les outils de la communication moderne et, plus singulièrement, par l’intelligence artificielle générative qui menacerait le bon fonctionnement des démocraties, naturellement plus ouvertes et donc fragiles. « Vous pouvez affaiblir le système immunitaire des sociétés démocratiques. » David Colon, professeur d’histoire à l’Institut d’études politiques, est l’un des grands spécialistes de la guerre de l’information. Il reconnaît volontiers que les Américains ont largement participé à mettre au point les outils modernes de la désinformation, mais redoute davantage l’usage qu’en font les grandes puissances autoritaires d’aujourd’hui : Chine, Russie, Iran et Corée du Nord.  Il n’hésite pas à qualifier le cadre de pensée du renseignement russe de « virus informationnel. »  Il publiait l'automne dernier, La guerre de l’information : Les États à la conquête de nos cerveaux.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Feb 8, 2024 • 1h 33min

« On a utilisé l'Ukraine pour lutter contre la Russie. » Entretien avec Jacques Baud, spécialiste du renseignement

Fallait-il attendre deux ans et compter les morts par centaines de milliers pour réaliser que la Russie n’allait pas perdre la guerre en Ukraine ? Un constat qui confinait tous ceux qui avaient l’audace de le faire au rôle d’apologiste de Vladimir Poutine.  Dans cette perspective, la lecture du réel s’est vite transformée en discours de propagande. La fiche Wikipédia de notre invité, Jacques Baud, ne laisse d’ailleurs pas de place au doute, nous serions en face d’un personnage à la solde de Moscou ! Jacques Baud n’aurait-il pas plutôt annoncé et répété très tôt une vérité que personne ne voulait entendre à l’ouest? Baud a travaillé pour le renseignement stratégique suisse, ancien chef de la doctrine des opérations de la paix de l’ONU, il a aussi collaboré à des programmes de l’OTAN en Ukraine. Selon lui, « la cause ukrainienne est perdue », « Zelensky a fait un pacte avec le diable. » La guerre n’est entretenue par l’Occident que dans l’espoir secret d’affaiblir Moscou. Jacques Baud est l’auteur de plusieurs livres sur le conflit en Ukraine, son plus récent, L’art de la guerre russe est sorti en janvier 2024 aux éditions Max Milo.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Feb 1, 2024 • 1h 23min

« Si vous n’êtes pas dans la pensée unique, vous êtes forcément un traîte.» Entretien avec Alain Juillet, expert en géopolitique et ex-DGSE

Que nous réserve l’année 2024? Alain Juillet, ancien patron des services secrets français, et animateur dynamique d’une chaîne YouTube consacrée aux grands enjeux géo-politiques, accepte de faire un vaste tour d’horizon des principaux événements qui risquent de marquer notre actualité au cours des prochains mois. D’entrée de jeu, nous abordons dans cet épisode le conflit à Gaza et les risques qu’il fait peser à la paix mondiale. « Le 7 octobre est l'histoire d'un mépris total des Israéliens envers leurs adversaires. »  Israël par un excès  « d’hubris » pourrait-il aller trop loin dans sa lutte, légitime, aux actions terroristes du Hamas? Les escarmouches à répétition entre les rebelles houthis et l’armada occidentale chargée de protéger le transport maritime pourraient-elles déclencher une nouvelle guerre?   Les coûts de transport engendrés par cette escalade risquent-ils d’avoir un impact inflationniste sur nos économies? Les hypothèses d’effets domino donnent le vertige, notre invité conserve, lui, la tête froide devant ce qu’il décrit comme une configuration “exceptionnelle”. L’ombre de Beijing sur Taiwan, les élections en Russie et aux États-Unis et l’impasse en Ukraine sont aussi au menu de ce numéro de Contact très protéiné!Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Jan 30, 2024 • 1h 1min

« Aujourd’hui, ce qui fait le label d’un bon journaliste, c’est aussi les plaintes en diffamation. »

Denis Robert est une des grandes légendes, bien vivante, du journalisme d’enquête. L’affaire Clearstream, cette banque des banques, une boîte noire où l’argent circule sous l’écran radar des autorités, c’est lui. Une grosse affaire qui éclabousse pas mal de monde au début des années 2000 et vaut au journaliste une soixantaine de procès. Le prix à payer pour fouiller là où il ne le faut pas!  C’est d’ailleurs le problème du fameux quatrième pouvoir aujourd’hui, il hésiterait beaucoup à investir dans le travail d’investigation.  Robert explique qu’il faut aussi comprendre que la presse  est pour beaucoup entre les mains d’un petit groupe d’individus puissants qui ont, bien entendu, des intérêts à protéger.  “Les scoops à BFM ou CNews, c’est peanuts!” Denis Robert dirige maintenant un média indépendant, Blast, qui continue à faire du travail d’enquête.  Les millions “investis” par le Qatar pour arroser quelques personnalités influentes en France ont beaucoup été dans le collimateur de Blast. Un travail qui a généré son lot… de procès. “Il faut des ronds” pour lutter contre cette forme de censure explique Robert et faire confiance à la Justice.  À ce jour, elle lui donne plutôt raison.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Jan 25, 2024 • 1h 4min

« Nous ne vivons pas une époque sexiste, mais une époque misandre. » Entretien avec la journaliste et essayiste Noémie Halioua

La jeune journaliste et essayiste Noémie Halioua était très consciente qu'en dénonçant la "chasse au masculin", elle transgressait une frontière interdite. "C'est un livre scandale!" L'amour hétérosexuel est aujourd'hui montré du doigt, battu en brèche par une poignée de néo-féministes qui, comme l'avant-garde du peuple de Lénine en d'autres temps, fomenteraient une révolution, sexuelle cette fois-ci.  L'hétéropatriarcat comme vice constitutif et indépassable des rapports amoureux entre hommes et femmes est dans le collimateur.  L'histoire de La Belle au bois dormant n'est-elle pas d'ailleurs la mise en scène banale de la culture du viol ? Comme en d'autres temps révolutionnaires, Halioua pense que nous traversons une période de terreur, une terreur qui s'impose dans la zone intime, jusque sous les draps. Il faudrait purger les rapports “hétéro-amoureux” de toute forme d'inégalité, abolir la souffrance et paramétrer les sentiments pour arriver à un équilibre, aussi terne qu'impossible, dans les rapports de pouvoir au sein du couple.  Non, dit Halioua, le pouvoir dans le couple hétéro n'est pas un monopole masculin, pas davantage que la souffrance en soit un féminin ! Noémie Halioua est Chef de service du média Factuel, auteure de plusieurs livres, dont L'Affaire Sarah Halimi et Les uns contre les autres. Son plus récent, La terreur jusque sous nos draps, a été publié chez Plon le 15 janvier 2024.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Jan 23, 2024 • 1h 12min

« L'indépendance, c’est la capacité à ne jamais accepter un ordre. » Entretien avec Didier Maïsto, ancien patron de Sud-Radio et journaliste indépendant

“La liberté d’expression appartient au passé.”  L’avertissement est formulé par Didier Maïsto, ancien patron et architecte du succès de Sud-Radio, une radio qui a beaucoup bousculé le paysage, souvent très politiquement correct, des grands médias français.  L’homme à le sens de la formule: “ Au fur et à mesure que nos écrans télé se sont aplatis, l’info a perdu en profondeur.”  La déferlante Gilets jaunes marque un point de rupture dans l’itinéraire jusque-là assez conforme de ce patron de presse, certes un peu différent.  Maïsto attribue la montée des colères citoyennes aux gouvernements et aux médias qui ne joueraient plus leur rôle. « Ils empoisonnent et polluent les sujets, ils les maltraitent. »  Dans un monde normé et numérisé, les autorités feraient de nous « des moutons ».  Il montre tout particulièrement du doigt  la nouvelle réglementation européenne - Digital Services Act- qui donne de vastes pouvoirs de censure aux autorités de Bruxelles au nom de la lutte, toujours légitime, à la désinformation. Didier Maïsto a choisi de laisser son job de patron à Sud-Radio à l’automne 2020, de prendre ses distances par rapport au monde des médias “mainstream”. Il est aujourd’hui journaliste indépendant. Un choix de cohérence qui se paie cash dans la vie privée.  La colère et l’engagement du citoyen journaliste produisent leur lot de dommages collatéraux.  Didier Maïsto a écrit plusieurs livres. Son dernier, Passager clandestin, publié en 2020, est un récit biographique en forme de pamphlet sur la corruption du monde médiatico-politique.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
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Jan 18, 2024 • 1h 7min

« Je me sens blessé par l'identitarisme. » Entretien avec le traducteur, éditeur et poète André Markowicz

S'il y avait vraiment quelque chose de réductible à ce que l'on appelle l' « âme russe », André Markowicz en serait certainement un des meilleurs interprètes. Il est, à coup sûr, un des plus grands traducteurs des géants de la littérature qui construisent la Russie moderne.  Markowicz arrive sur les écrans radars en s'engageant dans le projet un peu fou de traduire tout l'œuvre de Dostoïevski, en dix ans. Un pari audacieux qu'il remporte sur lui-même et qui participe à faire de son éditeur, Actes Sud, un joueur conséquent de la république des lettres. Le traducteur et poète est devenu, à sa manière, chroniqueur de guerre depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Tous les jours, il commente sur sa page Facebook l'actualité de ce conflit sombre qui a volé la vie à des centaines de milliers de Russes et d'Ukrainiens. Il estime que Vladimir Poutine doit être défait et « humilié ». Toute forme d'atermoiement et d'ouverture à une solution négociée ne ferait que consacrer la logique belliqueuse de Moscou.  Markowicz publiait le printemps dernier un petit essai aux allures de pamphlet, Et si l'Ukraine libérait la Russie?Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

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