

Contact - avec Stéphan Bureau
Les Productions de la Tête Chercheuse Inc.
Stéphan Bureau mène de longs entretiens avec des invités qui pensent, créent ou façonnent notre monde. Dans l’air du temps sans être dans l’actualité brûlante, Contact se veut une tribune plurielle pour sortir des sentiers battus du prêt-à-penser.
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Nov 20, 2025 • 1h 4min
« C’est comme si depuis 40 ans, nos dirigeants voulaient installer l’instabilité. Ils appellent ça fluidité, mobilité, flexibilité, et ça empêche les gens de dormir la nuit. » Entretien avec l'homme politique français François Ruffin
François Ruffin est à ranger dans la catégorie des politiques atypiques. Homme de gauche, il refuse de se faire épingler une étiquette. Après avoir marché aux côtés de Jean-Luc Mélenchon chez les Insoumis, il a rompu le cordon, incapable peut-être de se soumettre aux diktats d’un chef. Journaliste devenu député de la Somme, fondateur du journal Fakir et réalisateur de Merci Patron, François Ruffin rappelle d’emblée d’où il vient : un territoire meurtri par les délocalisations et longtemps ignoré par les médias. « Il est certain que je suis né par la critique des médias, moi », dit-il, en évoquant ces années où « je voyais partir les usines de chez moi […] et on n’en disait rien ». C’est ce silence qui l’a poussé à créer son propre journal et à adopter un regard frontal sur la réalité sociale : « Je suis rentré dans le journalisme par ce que j’ai considéré comme étant un mensonge par omission, un mensonge géant par omission. » Au fil de l’entretien, Ruffin laisse aussi apparaître un territoire plus intime : celui d’un homme façonné par l’expérience de l’humiliation. « Je ressens vachement fort l’humiliation… j’ai comme des antennes qui vibrent à l’humiliation », confie-t-il. Cette sensibilité devient chez lui un ressort politique majeur, qui donne son sens à son travail de représentation : « Représenter ceux qui ne sont pas représentés. » Une mission qui s’enracine dans sa propre histoire familiale et dans ce qu’il appelle son « cœur à gauche ». Ruffin décrit la mondialisation comme la grande fracture politique du dernier demi-siècle : « La mondialisation trace comme un fil à couper le beurre entre les vainqueurs et les vaincus. » Il reproche à la gauche d’avoir fermé les yeux sur cette réalité et d’avoir manqué de courage : Elle « a nié ces enjeux », laissant aux populismes de droite le soin de capter la colère.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

Nov 13, 2025 • 1h 7min
« Je pense que d’une manière inconsciente, je me suis auto-saboté. » Entretien avec Guillaume Lemay-Thivierge
Three strikes and you're out. Trois prises. « J’ai été tassé complètement de mon milieu artistique, de ma vie de travail, je n’ai plus eu accès à absolument rien. » Guillaume Lemay-Thivierge a été retiré au bâton et envoyé directement aux douches, avec l'ordre de ne plus se présenter sur le terrain. C'était en mars 2024. Après avoir refusé de se faire vacciner, l'interruption d'un Gala des Gémeaux et la publication d'un post qui se voulait « drôle » sur ses réseaux où il enlace un bouleau sur lequel est gravé le mot « nègre », le populaire comédien est annulé. Canceled. Ses excuses et son explication ne passent pas la rampe. Dix-neuf mois plus tard, il accepte, pour la première fois, de répondre à toutes les questions, sans faux-fuyants. « Je pense que d’une manière inconsciente, je me suis auto-saboté. » Une rencontre où je lui expose mes doutes — j'en ai —, et qui révèle une histoire, avec ses nombreux rebondissements, beaucoup plus complexe qu'elle n'y paraît.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

Nov 6, 2025 • 1h 15min
« Les femmes veulent un homme gentil et simple 28 jours dans le mois, et trois jours dans le mois, un tueur » Entretien avec l’écrivaine Nancy Huston
Dans cet entretien, Nancy Huston revient sur la réception houleuse de son plus récent essai, Les Indicibles, accusé par certains milieux néo-féministes d’essentialisme. Huston y voit pourtant une tentative de réhabiliter la biologie comme composante fondamentale de la condition humaine et des rapports entre les sexes. Selon elle, la négation des différences biologiques entre hommes et femmes empêche de comprendre la réalité des comportements sexuels et des dynamiques de pouvoir, notamment la persistance des violences et des malentendus amoureux. Elle affirme que le désir, loin d’être purement individuel, reste enraciné dans la reproduction et la continuité du vivant. Cette position, qu’elle qualifie de « contre-intuitive » dans un monde hyper-individualiste, s’oppose aux approches culturelles qui, selon elle, ont fini par devenir quasi religieuses. En rappelant la part animale, instinctive et biologique du rapport entre les sexes, Huston plaide pour une lucidité nécessaire afin d’éviter que l’humanité ne se déconnecte complètement du réel. L’écrivaine déplore le boycott médiatique dont son livre a fait l’objet - signe selon elle d’un climat intellectuel où certaines idées ne peuvent plus être discutées sans être disqualifiées. Refusant de répondre à ses détracteurs, Huston affirme que Les Indicibles constitue en soi sa réponse : une défense du dialogue et de la complexité face à une époque qu’elle juge intolérante à la nuance.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

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Oct 30, 2025 • 1h 13min
Le scepticisme opportuniste : « Puisque je ne sais pas ce qui est vrai ou faux, autant croire ce qui m’arrange » Entretien avec le sociologue Gérald Bronner
Dans cette discussion enrichissante, Gérald Bronner, sociologue à la Sorbonne, explore les dangers de la désinformation à l'ère numérique. Il évoque la 'post-réalité' et ses conséquences sur la société, soulevant des questions sur notre capacité à distinguer le vrai du faux. Bronner analyse le 'scepticisme opportuniste', où les gens croient ce qui leur convient dans un contexte de croyances fragiles. Il prône l'importance de la pensée critique et des méthodes scientifiques pour naviguer dans un monde de plus en plus complexe et incertain.

Oct 23, 2025 • 1h 11min
« Normalement, on est capable de faire des prévisions sur 2, 3, 5 ans. En ce moment, quand tout peut changer avec un tweet, il faut reconnaître qu’il y a une incertitude qu’on n’a jamais connue. » Entretien avec l’économiste et prévisionniste François Trahan
Dans cet épisode, l’économiste et prévisionniste François Trahan revient à Contact pour une troisième participation très attendue. Sa parole suscite toujours un vif intérêt depuis ses déclarations marquantes sur les risques de crise économique et financière en 2024. Il revient sur l’évolution du contexte mondial, les décisions controversées de la Fed et les conséquences structurelles d’une économie américaine toujours plus endettée. François Trahan analyse les grands bouleversements récents : le retour des politiques tarifaires américaines, la fragilité du marché de l’emploi et l’impact des changements démographiques sur l’inflation. Il met aussi en lumière l’incertitude exceptionnelle qui règne sur les marchés où un simple tweet présidentiel peut désormais ébranler l’équilibre économique mondial. Pour lui, les prochains mois seront marqués par un paradoxe : des marchés boursiers dopés à court terme, mais bâtis sur des fondations structurellement fragiles. Enfin, le prévisionniste aborde les transformations profondes du système économique liées à l’intelligence artificielle et à la transition énergétique. Si ces innovations portent une promesse de productivité, elles pourraient aussi accentuer les inégalités et générer de nouvelles pressions inflationnistes. Fidèle à sa vision lucide, Trahan conclut que nous vivons une époque « formidable » au sens plein du terme : extraordinaire, complexe et potentiellement périlleuse.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

Oct 16, 2025 • 55min
« Les populistes parlent au peuple, et ceux qui ne parlent pas au peuple semblent décontenancés à l’idée que le peuple existe » Entretien avec le professeur de criminologie Alain Bauer
Alain Bauer propose une lecture critique de l’histoire française et de la géopolitique mondiale. Selon lui, la France n’a jamais connu de transformations politiques majeures sans violence. De la Révolution française à Mai 68, en passant par la décolonisation, l’État n’a jamais négocié avant que la contestation ne devienne irréversible. « L’État a peur de la négociation, il veut se montrer fort », explique-t-il. Cette culture du rapport de force façonne encore aujourd’hui le rapport des citoyens aux institutions et à la politique. Pour Bauer, la violence est souvent, et malheureusement, dans l’histoire inévitable. Elle a permis aux Français de devenir citoyens et de construire une démocratie. Le progrès social, en France comme ailleurs, passe souvent par des crises et des confrontations, plutôt que par des processus doux. Le criminologue se tourne ensuite vers la scène internationale. Le monde est devenu multipolaire, avec le retour ou l’émergence de puissances comme la Russie, la Chine, la Turquie ou l’Iran. La Chine, pour sa part, combine technologie avancée et masse militaire pour démontrer sa puissance, notamment vis-à-vis de Taiwan et des États-Unis. Washington et l’OTAN, en retard sur les technologies militaires comme les drones, peinent à interpréter ces démonstrations de force. Pour Bauer, la diplomatie contemporaine se caractérise par la volonté de gagner plutôt que de négocier, quand comprendre les intentions et l’histoire des acteurs est essentiel pour anticiper les crises. Entre analyse historique et prospective géopolitique, Alain Bauer offre ainsi une réflexion éclairante sur le rôle de la violence, de l’État et des rapports de force dans le monde d’aujourd’hui.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

Oct 9, 2025 • 1h 10min
« La posture apocalyptique n’a pas de valeur explicative ni analytique ». Entretien avec le géopolitologue Frédéric Encel
Le monde s'embrase, des fronts ukrainiens aux rivalités dans le Pacifique, et la peur d’une escalade totale est devenue un lieu commun. Pourtant, notre invité, le géopolitologue, essayiste et professeur à Sciences Po, Frédéric Encel, coupe court à la panique. Pour lui, la Troisième Guerre mondiale n’aura pas lieu, à court ou à moyen terme, car il manque un facteur fondamental : l’absence d’alliances militaires globales qui pourraient déclencher la logique domino du « syndrome de l’été 14 ». Nous décortiquons, avec sa grille de lecture, les foyers de tension actuels. Encel révèle le danger de ces forces qui, en France comme ailleurs, sont des « forces du chaos », fascinées par l’impérialisme et la violence. Il analyse la guerre en Ukraine, insistant sur le fait que Vladimir Poutine n'agit que par calcul et en prenant de faibles risques. Il pose une dure réalité sur la table : face aux nationalismes irréconciliables en présence, la perspective d'une nation ukrainienne sans la Crimée est une issue incontournable que la diplomatie devra pourtant envisager. Cette leçon de clarté s'étend jusqu'aux derniers plans de paix à Gaza. Frédéric Encel compare la « guerre des plans » pour Gaza : tandis que le plan français est davantage un simple « discours » sur la nécessité de deux États, le plan de Donald Trump comporte des propositions « plus concrètes, plus abouties ». Il constate un basculement de l’opinion américaine frappée par les images de destruction à Gaza, mais rappelle la nature « très évanescente » de l’émotion occidentale. Une conversation essentielle pour décrypter un monde où les analyses se succèdent, mais où les fondamentaux, eux, changent si lentement : comme le rappelle Encel, de la bataille de Kadesh à l'ère des drones, « il y a une course permanente vers l’avantage », et jamais vers l'immobilisme.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

Sep 25, 2025 • 1h 13min
« Nous vivons la période la plus dangereuse de l’histoire de l’Europe et de l’humanité ». Entretien avec le diplomate Vladimir Fédorovski
IMPORTANT: Entretien enregistré il y a 15 jours, avant les intrusions répétées dans l'espace aérien de plusieurs pays de l'OTAN. Le conflit ukrainien dure maintenant depuis trois ans et demi. Alors que les tentatives de médiation échouent et que la guerre s’enlise, une question se pose : et si la lecture occidentale de la Russie était erronée depuis le début ? Notre invité, Vladimir Fédorovski, est un familier des plateaux de télévision en France. Diplômé de l'Institut des relations internationales de Moscou et ancien diplomate soviétique, il a été au cœur des événements, au plus près de Mikhaïl Gorbatchev, au moment de la Perestroïka. Né d’un père russe et d’une mère ukrainienne, ce prolifique auteur, connu pour des livres comme « Le Roman du Kremlin » ou « Poutine, l’itinéraire secret », apporte un éclairage unique. Dans cet entretien, il critique le manque de nuances de plusieurs médias et expose une vérité qui dérange : les relations entre Moscou et Washington n’auraient jamais été aussi tendues que sous la dernière administration Biden. Une discussion sur l’histoire, les dessous de la diplomatie et le futur de la géopolitique.Pour de l’information concernant l’utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

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Sep 18, 2025 • 1h 21min
Enfant-roi : « Aujourd’hui, ça peut prendre jusqu’à 35 ans pour devenir adulte ». Entretien avec le chercheur Samuel Veissière
Samuel Veissière, anthropologue et clinicien à l'UQAM, abordé la question essentielle de l'éducation moderne. Il explique comment une parentalité positive a engendré une génération d'enfants-rois, manquant d'autonomie et de tolérance à la frustration. La crise de santé mentale est également mise en avant, révélant une vulnérabilité exacerbée. De plus, Veissière explore l'angoisse masculine et les enjeux de la modernité, tout en plaidant pour la réintroduction de rites de passage pour mieux gérer les tensions intergénérationnelles.

Sep 3, 2025 • 1h 25min
Transidentité: «Ouvrir les têtes avant d’ouvrir les corps». Le cri du cœur de l’ex-sexologue Jocelyne Robert
Jocelyne Robert, ancienne sexologue et pionnière de l'éducation à la sexualité, aborde des questions brûlantes autour de la transidentité. Elle plaide pour la nécessité d’ouvrir les têtes avant d'intervenir médicalement, notamment chez les jeunes. Robert s'inquiète de l'influence sociale sur l'identité des adolescents et critique les lacunes dans l'éducation sexuelle. Sa démission de l'Ordre des sexologues raise le débat sur la frontière entre expertise et censure, tout en appelant à une écoute approfondie et à la prudence dans l'accompagnement des jeunes.


