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Ainsi va la ville

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Oct 7, 2019 • 58min

#13 – Les “espaces communs temporaires”

Avec Nicolas Détrie, Directeur de l’association Yes We Camp Contexte : Partout, l’entre-soi est un mode de vie qui prospère, mettant en danger la cohésion sociale. À contrepied de cette tendance ont surgi depuis quelques années des espaces de rencontres et d’échanges qui prennent place dans des sites en friche et favorisent l’implication de chacun, initient des dynamiques collectives et renforcent le pouvoir d’agir des habitants et des collectifs de toutes sortes. Les Grands Voisins à Paris, le 6b à Saint-Denis, l’Hôtel Pasteur à Rennes, Mains d’œuvres à Saint-Ouen, la Friche Miko à Bobigny sont autant d’exemples qui ont pu initier ce mouvement. À l’heure où ces expérimentations essaiment çà et là dans les interstices des villes, dans les zones péri-urbaines et en milieu rural, nous souhaitons encourager le développement de ces lieux partagés, rassembler les explorateurs de ces possibles et contribuer à faire mûrir et réfléchir ce mouvement, sans faire taire la spontanéité qui en est à la base. Il serait tentant de céder aux sirènes de la modélisation de ces lieux, qui ont pour particularité de s’appuyer sur l’existant ainsi que sur l’ensemble des ressources et des besoins d’un territoire. L’obsession de la réplication présente des travers dangereux, et en premier lieu l’oubli du contexte. A terme, la recherche forcenée du passage à l’échelle chez ces acteurs qui empruntent leurs modèles de développement au management et au fantasme de la start-up ne peut que tuer la créativité. Pas de recette magique et pas de franchises possibles pour ces espaces qui incarnent les usages vivants d’une ville et que nous souhaitons voir émerger partout, pour que demain ils ne soient plus exceptionnels mais durables. Pour ce faire, ils ne peuvent se réduire à des lieux de consommation enrobés dans des décors alternatifs et se doivent de proposer des alternatives urbaines, sociales et politiques créatrices de valeur pour tous. Tribune co-signée par Ancoats, coopérative d’entrepreneurs culturels, et l’association Yes We Camp, association créée en 2013 à Marseille, et qui conçoit des projets d’“espaces communs temporaires”. À l’oreille : Keny Arkana – Tous les enfants de Marseille Salif Keita – Moussoulou
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Sep 16, 2019 • 0sec

#12 – La “connardisation” de la ville

Résumé : Nous allons aujourd’hui parler d’un processus. Celui qu’on observe si souvent qu’on ne le commente même plus : Taxiphones, lavomatics, bars PMU et boucheries hallal ferment leurs portes pour laisser s’ouvrir celles des usines à brunchs, des marchands de smoothies et de toute une industrie de la nuit pour la jeunesse dorée des centre-villes. Sur dix, vingt, ou trente ans, viendront emménager aux côtés des pauvres, des précaires et des exclus, d’à peine moins pauvres étudiants de province et des publics alternatifs, plus ou moins artistes, mais toujours un peu schlags, toujours un peu punks. Ils seront bientôt rejoins par divers noctambules, des créatifs toujours un peu plus haut-de-gammes, les travailleurs à moitié pauvres du monde associatifs, ainsi que toutes sortes de free-lances, de jeunes diplômés, de stagiaires. Par la suite, les appartements bientôt libérés de leurs baux locatifs reviendront sur le marché à des prix ouvrant, pour leurs propriétaires, de juteuses plus-value. Quoique souvent de mauvaise facture, ils feront bientôt le bonheur d’astucieux marchands de biens, des représentants les plus successful de la start-up nation, des jeunes ménages qui auront sû s’installer tout de suite au sommet de la pyramide des revenus. AG de copro par AG de copro, ceux-ci entameront la reconquête de chaque façade, de chaque entrée. Ils feront poser pêle-mêle de jolis petits carrelages et, parfois, de bien vicieuses caméras de surveillance. Ils transformeront jusqu’aux boîtes aux lettres, assorties de petites plaques aux typographies proprettes. Avant que vous ne le sachiez, votre immeuble pourri n’en sera plus un : appelez-le, désormais, « résidence ». Invité.e.s : Hugo Christy, urbaniste et auteur et grand repenti : journaliste, promoteur, militant politique Musiques : PNL – Sur paname Starmania – Monopolis Pour aller plus loin : Amélie Bertholet, « La gentrification, moteur de tensions sociales et raciales. Le cas de Brixton », Métropolitiques, 6 mai 2013. Éric Chauvier, Les nouvelles métropoles du désir, Allia, 2016 Anne Clerval, Paris sans le peuple. La gentrification de la capitale, Paris : La Découverte, 2013 Christophe Demazière & Gülçin Erdi & Jacques Galhardo & Olivier Gaudin, « 50 ans après : actualités du droit à la ville d’Henri Lefebvre », Métropolitiques, 5 décembre 2018. Richard Florida, “The Rise of the Creative Class”, Basic Books, 2012, 484 p. Colin Giraud, « Paris gentrifié : les élites contre le peuple ? », Métropolitiques, 20 décembre 2013. Henri Lefebvre, Le droit à la ville, Anthropos, 1968, rééd. Harvey Molotch, “The City as a Growth Machine: Toward a Political Economy of Place”, The American Journal of Sociology, Vol. 82, No. 2. (Sep., 1976), pp. 309-332. Giovanni Semi (traduit par Clément Rivière), « Un regard italien sur la gentrification. Ce qu’elle était, ce qu’elle est, ce qu’elle sera », Métropolitiques, 25 avril 2019.
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Jun 3, 2019 • 0sec

#10 – Le BondyBlog

Résumé : On dit souvent “pas de nouvelles, bonnes nouvelles”, mais personne ne sait si c’est vrai. Ce qui est sûr, c’est que pour certains endroits, seules les mauvaises nouvelles sont relayées. Les banlieues, par exemple, où vivent un tiers des Français, n’ont les honneurs de la presse que lorsque elles s’enflamment… De toute la presse? Non. Une poignée d’irréductibles journalistes, au Bondy Blog, résiste encore et toujours aux discours hégémoniques, depuis 2005. Pour avoir des nouvelles des banlieues, nous accueillons dans Ainsi Va la Ville Ilyès Ramdani, rédacteur en chef, et Sarah Ichou, reporter. Musiques : Médine – Prose élite France Gall – Résiste
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May 6, 2019 • 0sec

#09 – Le 93, le 6b et l’anthropocène

Invité : Julien Beller, architecte, fondateur du 6B à Saint-Denis (93) Résumé : Si vous voulez voir l’anthropocène, il suffit de faire quelques kilomètres. Au nord de Paris, dans la Plaine Saint-Denis qui a décroché le trophée de la plus vaste friche industrielle d’Europe dans les années 70, se rejoignent en une pointe la Seine et le Canal Saint-Denis, voulu par Napoléon pour développer l’industrie parisienne. Péniches, poids lourds, rocades et le ciel à perte de vue. Sur cette pointe, des herbes folles, des bicoques de mariniers et d’autres de bric et de broc de gens plus ou moins de passage, et un imposant bâtiment de six étages, le 6B. Ancien bâtiment industriel, il accueille lui aussi herbes folles artistiques et bric et broc artisanal, artistes et artisans d’ici ou d’ailleurs, et leurs œuvres. Mais ce sol travaillé de la main industrieuse de l’humain depuis deux siècles va à nouveau se transformer ; l’agglomération parisienne repousse ses limites, un quartier sort de terre. Que vont devenir les herbes folles, les habitants de bric et de broc, leurs vies, leurs créations ? Le 6B va se transformer avec son quartier. L’anthropocène est un devenir. Musiques : Charlotte Day Wilson – Work Nina Simone – Mr Bojangles
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Apr 1, 2019 • 0sec

#08 – Qu’est ce que le “vernaculaire urbain contemporain”?

Invité.e.s : Edith Hallauer, chercheuse en urbanisme. Résumé : « On se souviendra de l’Âge des Professions comme de ce temps où la politique s’est étiolée, tandis que, sous la houlette des professeurs, les électeurs donnaient à des technocrates le pouvoir de légiférer à propos de leurs besoins, l’autorité de décider qui a besoin de quoi, et le monopole des moyens par lesquels ces besoins seraient satisfaits. On s’en souviendra aussi comme de l’Âge de la Scolarité, âge où les gens, pendant un tiers de leur vie, étaient formés à accumuler des besoins sur ordonnance et, pour les deux autres tiers, constituaient la clientèle de prestigieux trafiquants de drogue qui entretenaient leur intoxication. On s’en souviendra comme de l’âge où le voyage d’agrément signifiait un déplacement moutonnier pour aller lorgner des étrangers, où l’intimité nécessitait de s’exercer à l’orgasme sous la direction de Masters et Johnson, où avoir une opinion consistait à répéter la dernière causerie télévisée, où voter était approuver un vendeur et lui demander de “remettre ça”. […] Il y aurait quelques présomptions à prédire si le souvenir de cet âge, où les besoins étaient modelés par les professionnels, sera encensé ou honni. Pour ma part, j’espère qu’on s’en souviendra comme du soir où papa a fait la noce et “claqué” la fortune familiale, obligeant ainsi ses enfants à recommencer à zéro. » Références : Ivan Illich, « Le chômage créateur », in Œuvres complètes Volume II, Paris : Fayard, 2005, p. 51. Extrait tiré de la thèse de Edith Hallauer, “Du vernaculaire à la déprise d’œuvre”. Musiques : Johan Papaconstantino – Tsiftetelix Mélissa Laveaux – Lè Ma Monte Chwal Mwen
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Mar 4, 2019 • 0sec

#07 – L’essentiel n’est pas la victoire, mais le combat.

Invité.e.s : Cécile Gintrac enseignante en géographie, chercheuse en géographie critique, membre du Comité de vigilance des Jeux Olympiques à Saint Denis. Résumé : « L’essentiel n’est pas la victoire mais le combat, l’important n’est pas de gagner mais de participer ». On connaît tous la devise de Pierre de Coubertin pour lancer les jeux olympiques, à la fin du 19e siècle. Le Grand Paris a remporté l’organisation des jeux de 2024. Entre Paris intramuros, le bois de Boulogne et la ville de Saint Denis, les athlètes convergeront du monde entier pour se disputer les médailles. 2024 c’est loin mais pour certains c’est aujourd’hui. Sur la ville de Saint Denis dans la banlieue Nord déshéritée, ce sont les promoteurs et les chantiers qui convergent. Piscine géante, village olympique flambant neuf, quartiers métamorphosés… Et pour les habitants qui voient arriver ces énormes projets valant des milliards, peut être que les mots de Coubertin changent légèrement de sens…. De quel combat parle-t-on ? Contre qui, contre quoi ? Et surtout, est-il possible pour tous de participer ? » Musiques : Suprême NTM – Seine Saint-Denis Style Joni Mitchell – Big Yellow Taxi
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Dec 14, 2018 • 0sec

#05 – Transidentités et espaces publics

Résumé : Trans : préfixe : « qui traverse l’espace ou la limite, qui est de l’autre côté de la limite »; en particulier :   « qui traverse le lieu géographique ou l’obstacle naturel » voir transalpin, transatlantique, transcontinental, transocéanien/transocéanique, transsaharien, transsibérien… C’est de la géographie, et plus près de nous : transfrontalier, transports en commun… Et puis il y a TRANS. Trans tout seul, les personnes trans. Un changement d’identité intime, individuel, qui paraît très visible mais qui ne l’est pas tant, dans nos rues, nos bars, nos stades. Où sont les trans ? Qu’ont-ils et qu’ont elles à dire de la ville, de son fonctionnement, mais aussi et peut-être surtout à l’immense majorité des urbains, qui bien souvent ne les perçoit que comme une minorité, parmi toutes celles que nous sommes tous et toutes, à un moment ou à un autre, et d’une façon ou d’une autre. Car qui n’est pas trans-quelque chose, dans la foule de la ville ? Invité.e.s : Milan Bonté est doctorant en géographie et travaille sur les espaces publics et les transidentités. Références : Bonté Milan, 2017, “Transidentités et espaces publics parisiens : trouver sa place dans les espaces de l’hétéronormativité”, mémoire de master 2, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, dir. N. Cattan et S. Fol Les travaux de Cha Prieur, et notamment sa thèse, sont des incontournables pour tout.e géographe qui travaille sur les populations queer et LGBTI. Ils permettent de se positionner entre les différentes écoles francophones (géographie du genre, géographie des sexualités) et anglophones (plutôt organisées en “studies” – certains travaux issus des “gender studies” traitant de sujets géographiques et urbains). Ils permettent aussi de lier recherche, situation personnelle et engagement politique. En résumé de ces enjeux, on peut se reporter à l’article Des géographies queers au delà des genres et des sexualités. Voir également les travaux de Marianne Blidon, même s’ils n’ont pas la prétention de fonder une école de pensée (contrairement à ceux de Cha Prieur). Étant donné qu’elle a été la première française à travailler sur les populations LGBT en géographie et qu’elle s’est pris, quasiment seule, un retour de flamme important avec de très nombreuses critiques, elle constitue à elle seule une encyclopédie vivante sur l’expérience des chercheurs/ses en géographie du genre et des sexualités. Elle a répondu à ces critiques par un article scientifique Au niveau des grandes références théoriques sur les populations trans, ce sont surtout des travaux anglophones avec des auteur-e-s très prolifiques et intéressé-e-s par leur impact factor, ce qui ne facilite pas la lecture car ils et elles se répètent beaucoup de travaux en travaux. Mais Petra Doan, Nathalie Oswin et Viviane Namaste sont les “grands noms” du champ d’étude. Viviane Namaste a par exemple écrit cet article précoce dans les années 90, qui nous semble être le premier et presque le seul à décrire l’articulation entre sexisme, homophobie et transphobie dans les espaces publics En dehors de la géographie, quelques travaux de sociologie et de science politique permettent d’appréhender la population concernée et les enjeux liés à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire. Pour la sociologie, Emmanuel Beaubatie décrit dans sa thèse les mobilités sociales des personnes trans liées aux parcours de changement de sexe, et retrace l’histoire de l’évolution des liens entre médecins, associations et personnes trans. Aaron Arnold, un linguiste, donne également une excellente définition du genre dans cet article avec une perspective relationnelle : cela permet de faire les aller-retours conceptuels entre les normes sociales et les trajectoires individuelles (les espaces publics étant les espaces de la rencontre des deux). Du coté de la science politique, la segmentation des politiques publiques “genre”, “urbanisme” et “lgbt” dans les collectivités locales, est appréhendée en s’inspirant des travaux portant sur l’intersectionnalité et son application aux politiques publiques. Notamment, on peut se référer aux travaux d’Antoine Fleury pour la normativité des espaces publics (cet article par exemple.)
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Nov 18, 2018 • 0sec

#04 – Le Grand Paris, c’est nous!

Résumé : Désormais nul ne l’ignore plus, Médine l’a bien fait savoir: “c’est nous le Grand Paris”. Mais le Grand Paris, c’est quoi? Un mégaprojet de développement urbain et économique? Des kyrielles de camions sur les routes d’Ile-de-France, transportant des kilotonnes de remblais extrudés par des milliers d’ouvriers sur des centaines de machines, aux 4 coins de la banlieue? Des centaines de nouveaux immeubles, des pôles de transports au milieu des barres et des pavillons jusqu’alors silencieux? Qu’est-ce que c’est, le Grand Paris? Une métropole mondiale? Des plans triomphalistes présentés par des élus ravis devant des buffets avec des nappes en papier? Des milliards d’euros, comme s’il en pleuvait? Des piles de dossiers dans des étages de bureau? C’est nous le Grand Paris, d’accord. Reste à y voir un peu plus clair. Alexandre Faure a enquêté pendant 5 ans sur la question avec les outils de l’urbanisme, mais aussi de la science politique et de la philosophie. C’est l’homme de la situation. Invité.e.s : Alexandre FAURE, Chargé de recherche – Fondation France-Japon de l’EHESS et Doctorant – École des Hautes Études en Sciences Sociales Musiques : Les feux de Paris, Jean Ferrat Grand Paris, Médine
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Jan 1, 1970 • 0sec

#02 – YA+K

Invité.e.s : Le collectif YA+K
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Jan 1, 1970 • 0sec

#06 – Qui produit la ville de demain ?

Résumé: Tu as des billets en papier, un pion, et c’est parti. Boulevard de Belleville: 6000 francs. Pas cher, tu places une maison. Gare St Lazare, 20 000, mais plus rentable. Tu achètes. Tu touches tes loyers, tu batis un hôtel, tu payes à la banque, tu fais fortune – sauf case prison, et là, adieu bénéfices. Ton but: amasser à travers la ville. Avenue Foch, rue Paradis, boulevard St Michel, maisons vertes, hôtels rouges. Ton but: ruiner tes concurrents. Ton but: obtenir le monopole, en multipliant les opérations immobilières. Tu connais ce jeu, comme tout le monde, le Monopoly. Inventé au coeur des USA en pleine crise des années 30, il a conquis le monde, dépassé la Guerre froide. Au point qu’on vive aujourd’hui, dans nos villes mondialisées, comme sur un plateau de Monopoly planétaire? Mais qui détient la banque, et qui a les cartes? Invité.e.s: Leila Hassaine est doctorante à l’Université d’Aix-Marseille. ELle achève une thèse intitulée “Qui produit la ville de demain ? Privatisation et Financiarisation de la production urbaine à Monterrey (Mexique).” Musiques: Show Me The Money – Percussion Junction What About Di Working Class – Linton Kwesi Johnson

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