
Ainsi va la ville
Avec ses invité.e.s (des chercheurs, des écrivains et des praticiens de la ville), Paul Citron, urbaniste et chercheur, discute des problématiques de la ville contemporaine, afin de mieux la comprendre (et de mieux la changer) !
Latest episodes

Oct 9, 2023 • 56min
#53 – Qui fait le trottoir ? Avec Isabelle Baraud-Serfaty
Contexte
« “Pour lire l’avenir des villes, regardez le trottoir !”, titrait un éditorialiste américain. Depuis quelques années dans les métropoles européennes, les fontaines rafraichissantes, les micro-plateformes de compostage urbain, les bornes de recharge électriques témoignent ainsi des nouveaux usages de la rue, sous l’effet de la transition écologique, tandis que la multiplication sur les trottoirs des trottinettes en free-floating, des chariots de livraison Amazon, des livreurs de repas portant des sacs isothermes de couleur orange, violette ou turquoise atteste que les plateformes numériques participent de plus en plus à la fourniture de services aux habitants.
Si le trottoir constitue de fait un sismographe de l’évolution des villes, c’est sans doute parce qu’il est fondamentalement un entre-deux. Sur le plan spatial, il est l’espace entre la chaussée et la base des façades des immeubles ou des maisons. Sur le plan juridique, il est en principe, en tout cas en France, de domanialité publique, mais les riverains peuvent avoir des obligations d’entretien. Il est également hybride du point de vue de la distinction marchand/non marchand : en tant que composante de l’espace public, le trottoir est fondamentalement considéré comme non marchand, libre d’accès et gratuit. Pourtant, depuis longtemps, nombreux sont ceux qui gagnent leur vie sur le trottoir : prostituées, mendiants, boutiquiers et cafetiers qui y déploient leurs étals et leurs terrasses.
Espace de l’entre-deux, le trottoir est de fait l’espace du jeu, au sens mécanique du terme (espace nécessaire qui permet l’assemblage des éléments d’un mécanisme). Il est ainsi l’espace qui rend possible l’ajustement de la ville aux évolutions qu’elle subit. »
Cet extrait est tiré d’un livre intitulé « Trottoirs ! une approche économique, historique et flâneuse », paru cette année aux éditions Apogées, et écrit par Isabelle Baraud-Serfaty.
À l’oreille
Quand on arrive en ville – Starmania
The Sidewalks of New York (East Side, West Side) – Shannon Quartet

Jul 10, 2023 • 52min
#52 – Qui sont les nouveaux urbanistes ? avec Thibaut Vullin
Contexte
« Si l’objectif de mixité peut être globalement perçu comme une contrainte sur un îlot, il constitue l’opportunité première des projets de l’Économie Sociale et solidaire. En effet, les multiplicités d’usages contribuent à renforcer la convivialité et l’attractivité d’un site. Les expériences conduites dans le cadre des urbanismes tactiques et temporaires permettent ainsi de prototyper des dispositifs plus pérennes et économiquement stabilisés (…). De plus, il s’avère que les acteurs locaux sont les plus à même de se mobiliser pour solutionner les problématiques foncières des collectivités. Leur capacité à structurer les expertises avec les habitants et les usagers participent à la (re)construction d’actions citoyennes, pour passer d’une démocratie participative idéelle à une démocratie active et effective. Les citoyens, les associations, les corps intermédiaires ont ainsi la possibilité d’agir localement pour la cité. (…)
Les initiatives se multiplient grâce à une réglementation plus ouverte à l’innovation, des collectivités et des opérateurs curieux de ces expérimentations. L’ESS a également développé ces dernières années de solides expertises et outils opérationnels, à l’instar des foncières solidaires. Les Organismes fonciers solidaires, comme à Lille, permettent de dissocier la propriété du foncier de l’emprise bâti pour lutter contre la spéculation foncière. À travers ces expérimentations, visant à replacer l’habitant et l’usager au centre des projets, les acteurs de l’ESS ont acquis une légitimité à se positionner sur le foncier des collectivités ou les fonciers atypiques hors marchés.
L’ESS doit investir durablement le champ de l’urbanisme et de l’immobilier, pour constituer désormais un vecteur de développement local à part entière et venir prendre la place qui est la sienne : le sur-mesure, la proximité, l’efficience sociétale.
Les opérateurs publics et privés pourraient mieux appréhender ces changements structurels et ne pas considérer l’ESS comme la cinquième roue du projet urbain. En contrepartie, les acteurs de l’innovation sociale ont le devoir de renforcer leurs compétences en matière de projets urbains. Ils doivent prendre conscience des rôles qu’ils auront à jouer à court terme dans un urbanisme toujours plus complexe dans un contexte de raréfaction foncière et de tension économique, voire de défiance citoyenne.”
Musiques
Nina Simone – Sinnerman
Feu! chatterton – Côté Concorde

Jun 26, 2023 • 56min
#51 – Dans les boites noires de la smart city, avec Cécile Diguet et Fanny Lopez
Contexte
« Portées par la numérisation de l’économie, l’explosion des échanges de données, du Cloud et des objets connectés, les infrastructures numériques seront l’un des plus importants poste de consommation électrique au 21e siècle. Les prévisions les plus pessimistes atteignent pour 2030 un maximum de consommation de 51% d’électricité mondiale dédié au secteur informatique. Nouvelle étape de l’urbanisme de réseaux, la ville numérique a souvent été analysée en termes d’usages et de pratiques, de services et d’évènements, laissant au deuxième plan la spatialité et l’impact énergétique de ses infrastructures. Quelques 15 ans après l’émergence du concept de smart city créé par les industriels de Cisco et IBM, la prospective économique et urbaine s’est affairée à la mise en place de ce produit infrastructurel global. Les entreprises privées se sont rapprochées des opérateurs historiques de l’urbain pour tenter de rassembler, stocker, trier, analyser les données qui permettraient de maintenir et d’optimiser la ville des flux, et de contrer les crises – technique, idéologique, climatique et énergétique. (…) Le numérique permettra-t-il d’économiser de l’énergie ? (…) quelles sont les perspectives d’intégration architecturales et urbaines des centres de données ? Est il possible de mieux intégrer ces infrastructures aux territoires urbains et ruraux ? (…) comment faire émerger des récits urbains et spatiaux alternatifs à ceux de la smart city ? »
Ces considérations sont tirées de l’introduction d’un livre paru récemment aux éditions Métispresses, intitulé « Sous le feu numérique, spatialité et énergie des data center » et écrit par Fanny Lopez et Cécile Diguet.
À l’oreille
Arne Vinzon – Poteaux électriques
Chocolate Remix – Ni una menos

May 15, 2023 • 47min
#50 – Accueillir un centre d’hébergement dans un lieu hybride, avec Plateau Urbain – Partie 2
Partie 2
Contexte
Après deux ans de travail, de réunions, de dépôt de dossiers, de commissions de sécurité, de négociations et de renégociations, et avec le soutien de tous les acteurs locaux et institutionnels, la coopérative Plateau Urbain a enfin réussi à ouvrir un centre d’hébergement… temporaire (!) dans le bâtiment « Opale » à Montreuil, mis à disposition par le promoteur Axe Immobilier.
Pourquoi cette ouverture du centre d’hébergement, pourtant si nécessaire en ces temps de crise du logement, a eu lieu deux longues années après l’installation des autres occupants de cet ensemble d’immeubles ? Malgré le soutien de la ville de Montreuil (élus et techniciens), du propriétaire Axe immobilier, de la préfecture, et bien sûr de l’opérateur Cité Caritas, pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour parvenir à donner à ces anciens bureaux une fonction si utile et si évidente, puisque voulue par l’ensemble des parties prenantes ?
Alors que les professionnels de la ville ont pour habitude de louer les expérimentations consistant à mélanger des activités sociales comme un centre d’hébergement avec d’autres fonctions urbaines comme des ateliers d’artistes, d’artisans, des bureaux d’associations, cet épisode vient rappeler que l’urbanisme contemporain, ses règles, ses règlements, n’est pas toujours adapté aux projets qui ne rentrent pas dans les cases.
Quand on fait de l’urbanisme, on sait que les questions techniques et réglementaires peuvent parfois faire avorter les projets les plus généreux, mais quand l’entêtement presque militant (car dépourvu de logique économique) permet de trouver les bonnes cases, il paraît nécessaire de documenter ces pratiques de manière précise, afin que d’autres puissent un jour les réutiliser.
Cette émission a donc pour objet de raconter l’histoire du montage du centre d’hébergement au sein du tiers lieu Opale, et j’ai le plaisir d’accueillir l’équipe de la coopérative Plateau Urbain qui est venu à bout de cette équation complexe : Aude Nzana Ekani responsable de site et responsable technique, Gautier le Bail, Directeur technique, Pierre Chicoisne, responsable développement, et Alice Gendre, responsable de site.
Que les auditeurs nous pardonnent le caractère technique de la conversation qui va suivre, mais elle nous semble nécessaire pour avancer collectivement vers une ville plus solidaire.
Autres liens utiles
Le projet sur le site actu.fr
Le communiqué de presse de la ville de Montreuil, Axe Immobilier, Cité Caritas et Plateau Urbain

May 15, 2023 • 1h 10min
#49 – Accueillir un centre d’hébergement dans un lieu hybride, avec Plateau Urbain – Partie 1
Partie 1
Contexte
Après deux ans de travail, de réunions, de dépôt de dossiers, de commissions de sécurité, de négociations et de renégociations, et avec le soutien de tous les acteurs locaux et institutionnels, la coopérative Plateau Urbain a enfin réussi à ouvrir un centre d’hébergement… temporaire (!) dans le bâtiment « Opale » à Montreuil, mis à disposition par le promoteur Axe Immobilier.
Pourquoi cette ouverture du centre d’hébergement, pourtant si nécessaire en ces temps de crise du logement, a eu lieu deux longues années après l’installation des autres occupants de cet ensemble d’immeubles ? Malgré le soutien de la ville de Montreuil (élus et techniciens), du propriétaire Axe immobilier, de la préfecture, et bien sûr de l’opérateur Cité Caritas, pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour parvenir à donner à ces anciens bureaux une fonction si utile et si évidente, puisque voulue par l’ensemble des parties prenantes ?
Alors que les professionnels de la ville ont pour habitude de louer les expérimentations consistant à mélanger des activités sociales comme un centre d’hébergement avec d’autres fonctions urbaines comme des ateliers d’artistes, d’artisans, des bureaux d’associations, cet épisode vient rappeler que l’urbanisme contemporain, ses règles, ses règlements, n’est pas toujours adapté aux projets qui ne rentrent pas dans les cases.
Quand on fait de l’urbanisme, on sait que les questions techniques et réglementaires peuvent parfois faire avorter les projets les plus généreux, mais quand l’entêtement presque militant (car dépourvu de logique économique) permet de trouver les bonnes cases, il paraît nécessaire de documenter ces pratiques de manière précise, afin que d’autres puissent un jour les réutiliser.
Cette émission a donc pour objet de raconter l’histoire du montage du centre d’hébergement au sein du tiers lieu Opale, et j’ai le plaisir d’accueillir l’équipe de la coopérative Plateau Urbain qui est venu à bout de cette équation complexe : Aude Nzana Ekani responsable de site et responsable technique, Gautier le Bail, Directeur technique, Pierre Chicoisne, responsable développement, et Alice Gendre, responsable de site.
Que les auditeurs nous pardonnent le caractère technique de la conversation qui va suivre, mais elle nous semble nécessaire pour avancer collectivement vers une ville plus solidaire.
Autres liens utiles
Le projet sur le site actu.fr
Le communiqué de presse de la ville de Montreuil, Axe Immobilier, Cité Caritas et Plateau Urbain

May 8, 2023 • 54min
#48 – En finir avec les idées fausses sur l’habitat, avec Catherine Sabbah
Contexte
« Habiter, voilà un mot bien difficile à définir, qui pourtant parle à chacun d’entre nous. « D’où viens-tu ? » « Où vis-tu ? » Ce sont les premières questions que l’on pose et qui nous aident parfois à comprendre « qui es-tu ? » (…) Pour les uns, habiter correspond à la possession et l’accumulation, la délimitation d’un périmètre entre son espace, légal, pérenne, choisi, et le reste du monde. Pour d’autres, cela signifie au contraire ouvrir portes et fenêtres et partager. (…)
Le terme « habiter » permet également de penser la responsabilité d’être sur Terre, en tant que membre des vivants, inscrit dans une relation étroite et permanente avec l’habitat des autres, de tous les autres habitants, présents dans la nature et plus ou moins proche de nous. (…) Au nom du progrès, du développement des sociétés, nous avons énormément détruit, en construisant. (…) Notre manière d’habiter, à nous humains, est en crise. (…).
[En France], tandis que le nombre de sans-abri augmente, le nombre de logements construits diminue. La crise du logement n’est donc pas une vue de l’esprit. Pourquoi alors le sujet n’occupe-t-il pas dans le débat public, la place qu’il mériterait au regard de son importance pour chaque citoyen, chaque citoyenne, chaque famille ? »
Ce texte est extrait de l’introduction d’un livre paru en mars 2023 aux éditions de l’atelier, intitulé « En finir avec les idées fausses sur l’habitat », et écrit par Catherine Sabbah.
Pour aller plus loin
En finir avec les idées fausses sur l’habitat – De la chambre au territoire, Catherine Sabbah
Le site de l’institut des hautes études pour l’action dans le logement
À l’oreille
Madness – Our House
Franz Ferdinand – This Fire

Apr 24, 2023 • 54min
#47 – La ville a-t-elle un genre ? avec Lucile Biarotte
Contexte
“Les programmes d’urbanisme se penchant sur l’émancipation des femmes ne sont pas connus de manière systématique. Nombre d’entre eux ont pourtant vu le jour dans le monde entier depuis les années 1980, avec l’objectif de mieux inclure les femmes dans les espaces urbains et leur conception, aux niveaux politique, professionnel et citoyen. Or ces programmes « demeurent largement inconnus, sauf à l’intérieur de réseaux particuliers […] en attendant qu’une chercheuse s’attaque à la tâche d’en faire l’inventaire, de les classifier, de les analyser et de les interpréter, [ils] demeureront du domaine de l’anecdotique et du cas particulier » (Piché, 1989, p. 115).
Sans avoir l’ambition d’en réaliser un inventaire exhaustif, je propose de tisser des liens entre la centaine d’initiatives d’aménagement destinées aux femmes que j’ai recensées à travers le monde, du début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui.”
Ce texte est extrait d’un article intitulé Féminismes et aménagement : influences et ambiguïtés, paru en 2017 dans Les Annales de la Recherche Urbaine, sous la plume de Lucile Biarrotte.
Pour aller plus loin
Page de présentation de Lucile Biarrotte
[S]CITY – Science & the City, Dégenrer l’urbanisme : un entretien avec Lucile Biarrotte, 21 juillet 2021.
Biarrotte Lucile. Féminismes et aménagement : influences et ambiguïtés. La diffusion internationale d’initiatives d’urbanisme dédiées à l’émancipation des femmes . In: Les Annales de la recherche urbaine, N°112, 2017. Le genre urbain. pp. 26-35;
La liste de diffusion Urba.genre
À l’oreille
Les Parisiennes – C’est tout de même malheureux. Archive INA
Ella Fitzgerald – ‘Tain’t What You Do (It’s The Way That You Do It)

Mar 27, 2023 • 55min
#46 – Le futur des zones commerciales, avec Laura Jehl
Contexte
« Le développement du commerce périurbain a été impulsé par l’émergence d’une production et d’une consommation de masse, permise par la démocratisation de l’automobile et du réfrigérateur. (…).
Le commerce de la grande distribution s’est diffusé de manière extrêmement rapide dans les périphéries françaises. (…) Depuis, cette forme de commerce périphérique n’a cessé de croître et est devenue dominante en France puisqu’elle représente 47 % des surfaces commerciales, soit 34 millions de mètres carrés selon Cushman et Wakefield (20165), et 70 % du chiffre d’affaires du commerce de détail (estimation : Madry, 20166). (…)
Ces zones commerciales proposent des paysages composés de « boîtes » aveugles accompagnées de leurs vastes parkings, construites selon les principes d’une économie de la construction et les opportunités d’un foncier accessible et peu cher. Elles ont induit de fortes mutations spatiales des territoires, laissant apparaître des « entrées de villes » standardisées, « indifférenciables de laideur » (Delobez et Péron, 19918) et qualifiées de « France moche » par la presse française (De Jarcy et Remy, 20109). (…) Aujourd’hui, ce modèle commercial, qui s’est démultiplié dans les périphéries, doit entièrement se réinventer (…) dans ses fonctions, ses usages et son urbanité, à travers des projets de restructuration complexes qui réinterrogent l’urbanisme commercial traditionnel. »
Ce texte est constitué d’extraits d’un article intitulé « Restructurer les zones commerciales périphériques face aux mutations du commerce », paru en 2019 dans la revue internationale d’urbanisme, sous la plume de Laura Jehl.
Pour aller plus loin
ORF, 2020, Rapport sur l’évolution du foncier commercial en Île-de-France
JEHL, 2019, Restructurer les zones commerciales périphériques face aux mutations du commerce : objectifs, méthodes et nouveaux jeux d’acteurs, Riurba.
À l’oreille
Vald – Urbanisme
Sofi Tukker – Matadora

Mar 6, 2023 • 58min
#45 – Les architectes conseils de l’État veulent re-politiser la ville, avec Hélène Reinhard
Contexte
« Les grandes métropoles du 21e siècle sont parfois perçues très négativement, qualifiées d’êtres ingouvernables, chaotiques, sièges de désordres et d’inégalités, de monstres qui ne cessent de s’étendre sans jamais répondre aux besoins de leurs habitants. Une jungle. Cette perception, les grandes villes occidentales s’en sont plutôt prémunies jusqu’à aujourd’hui, grâce à une existence ancienne, beaucoup d’investissements publics, une croissance contrôlée et une forte règlementation. Cependant, la pression d’un monde dont la métamorphose se précipite – pour le dire rapidement, sous la double influence d’un changement climatique accéléré et d’un capitalisme mondialisé et immatériel – font douter de la pérennité d’un tel modèle et déjà les coutures craquent. L’occident, malgré ses problématiques d’étalement urbain, d’entrées de villes défigurées, d’ultra-densité de certaines villes et de paupérisation d’autres, semblait avoir une sorte de contrôle sur les espaces. Mais il est aujourd’hui, lui aussi, confronté à la ville tentaculaire, mouvante, déséquilibrée, génératrice d’inégalités et d’injustices dont on oublie parfois les habitants qui, quelles que soient leurs conditions, sont à la recherche d’une forme de bonheur d’être sur terre. (…)
Nos villes et nos villages, si policés, deviennent une exception sur une planète qui abrite des territoires mouvementés où l’informel, le spontané, prennent le dessus. La souplesse de cet informel, la force de ce spontané, comment allons-nous pouvoir les intégrer, ici en Europe, sans perdre pour autant le contrôle et la maîtrise de l’urbanisme ? Comment faire cohabiter ces forces divergentes pour n’en faire qu’une ? (…)
Les architectes-conseils de l’État ont un rôle à jouer dans ce contexte. Les valeurs que nous portons et défendons depuis longtemps déjà prennent tout leur sens aujourd’hui, et continueront à guider notre travail auprès des territoires français. »
Ce texte est issu d’un discours de Hélène Reinhard, architecte et ancienne présidente de l’association des Architectes Conseils de l’État, lors de leur séminaire à Barcelone fin 2021.
Pour aller plus loin
Le site des Architectes Conseils de l’État
Les actes du colloque de Barcelone
Le site de Sol Architecture

Feb 13, 2023 • 54min
#44 – La transition Foncière, avec Jean Guiony
Contexte
« Il faut sauver les sols. Les sols vivants sont un pilier indispensable de la transition écologique : parce que nous vivons dessus, parce qu’ils nous protègent des catastrophes naturelles et des phénomènes climatiques extrêmes, parce qu’ils stockent d’immenses quantités de CO2, parce qu’ils abritent 25% de la biodiversité mondiale, ou, parce qu’enfin, ils sont le support d’un patrimoine naturel et paysager. L’artificialisation, le recul du trait de côte, l’érosion, les chaleurs extrêmes et même la désertification sont en progression rapide en Europe. Il y a urgence à changer de paradigme sur cette ressource qui est avant tout notre habitat en tant qu’espèce. (…) Or ce pilier qu’est le sol a longtemps été invisibilisé, tantôt à cause de son évidence même, tantôt à cause de sa sensibilité politique. Dispersé également, dans des vocables multiples : sobriété foncière, nature en ville, lutte contre l’artificialisation, végétalisation, désimperméabilisation, lutte contre l’érosion et la désertification. (…) La transition écologique, si elle est énergétique, est aussi foncière. (…) Les sols vivants sont la nouvelle frontière et doivent devenir, aussi, la nouvelle filière de la transition écologique. »
Ce texte est extrait de l’avant propos d’un ouvrage intitulé « La transition Foncière », ouvrage collectif à paraitre aux éditions de l’Aube, écrit par Amélie Le Bot, Maxence Naudin, Capucine Madelaine, Claire Bach et Louise Eymard, sous la direction de Jean Guiony.
Musiques
Calypso Rose – Abatina
Kourosh Yaghmaei – Saraabe Toe