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Blast - L’économie

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Mar 4, 2025 • 44min

Capitalisme : L'apocalypse qui vient

Et si, demain, les pays n’existaient plus ? Si les États-nations, ces piliers de l’organisation politique moderne, cessaient d’exister, non pas sous l’effet d’une guerre ou d’un effondrement brutal, mais par une dissolution méthodique, orchestrée par les forces mêmes qui, autrefois, prospéraient en leur sein ? Et si, au lieu de 200 pays aux frontières bien définies, nous vivions dans un monde morcelé en milliers de micro-juridictions privées, chacune régie non plus par des lois communes, mais par les intérêts d’une poignée de grandes fortunes et d’entreprises multinationales ? Ce scénario n’est pas une pure fiction, mais bien une vision du monde portée par une frange influente de penseurs libertariens, investisseurs et entrepreneurs de la Silicon Valley. Des figures comme Peter Thiel, cofondateur de PayPal et idéologue du techno-libertarianisme, considèrent que les États-nations, avec leurs institutions démocratiques et leurs régulations, sont des entraves à l’innovation et à la liberté économique. Selon eux, la souveraineté ne devrait plus être une donnée politique collective, mais une variable économique que l’on peut acheter, vendre ou redessiner au gré des intérêts privés. Cette vision s’inscrit dans une stratégie bien définie : fragmenter le pouvoir étatique en multipliant les zones d’exception, ces territoires où les lois sont allégées, où l’impôt est réduit à néant, et où les entreprises peuvent opérer sans contraintes démocratiques. Dans Le capitalisme de l’apocalypse, le chercheur Quinn Slobodian analyse comment cette idéologie s’est développée, depuis l’héritage intellectuel de Milton Friedman et l’expérience de Hong Kong jusqu’aux projets de cités flottantes et de paradis fiscaux sur mesure. Il montre que cette dynamique ne relève pas d’un fantasme de milliardaires isolés, mais d’une tendance lourde du capitalisme contemporain, encouragée par des États eux-mêmes, séduits par les promesses de croissance économique et de captation d’investissements. L’auteur met en lumière les liens entre ces enclaves économiques et un projet politique bien plus vaste : celui d’un monde où la démocratie ne serait plus qu’un vestige du passé, remplacée par une gouvernance privée, contractuelle et concurrentielle. En s’appuyant sur des études de cas précis, il démontre que cette évolution est déjà en cours et interroge : sommes-nous face à un nouveau stade du capitalisme ou à un véritable projet de destruction des institutions démocratiques ? Pour répondre à ces questions, Salomé Saqué reçoit Quinn Slobodian sur Blast.
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Jan 28, 2025 • 60min

Néoliberalisme : l'avertissement au nom de la "liberté" - Joseph Stiglitz

N’y aurait-il que la droite ou l’extrême droite, capables de défendre la “liberté” aujourd’hui, alors que les progressistes censureraient, entraveraient les libertés individuelles ? Cette notion de liberté a été accaparée par bon nombre de leaders de droite et d’extrême droite : partout, ils disent défendre la liberté. Aux États-Unis, c’est même devenu la valeur première, ce que beaucoup d’américains qualifient de “liberté absolue”. Les conservateurs affirment leur droit à faire ce qu’ils veulent, dire ce qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent. Et les géants de la tech suivent. Sur Facebook et Instagram, on peut désormais tenir des propos sexistes ou homophobes, car c’est ça la liberté d’expression à la sauce Zuckerberg. Sur X, on peut carrément être néonazi au nom de la liberté d’expression. Bref, pour certains, la liberté c’est le droit d’être raciste, antisémite, ou d’appeler à la haine. Aux États-Unis les conservateurs défendent également la liberté d’avoir des armes à feu, même si cela implique que des enfants soient assassinés dans des écoles. La liberté pour des chefs d’entreprise de mettre la main sur le système de santé, même si ça implique la mort de milliers de citoyens qui ne peuvent pas être soignés. La liberté de créer des monopoles, comme c’est le cas pour les réseaux sociaux, ou Amazon. La liberté d’exploiter des pans entiers de la population, de les payer de manière à ce qu’ils puissent à peine se nourrir. Bref, vous l’aurez compris avec l’exemple états-unien, la liberté de la droite et de l’extrême droite, c’est surtout la liberté de quelques-uns au détriment de celle de tous les autres. Comme le disait le philosophe Isaiah Berlin : “Donner la liberté aux loups, c’est souvent vouer les agneaux à la mort”. Seulement aujourd’hui, quiconque veut critiquer ce modèle est renvoyé au statut de censeur. Et c’est cet accaparement de la notion de liberté par ces courants politiques qui a poussé l’économiste prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz à écrire un livre entier sur le sujet. Selon lui, les conservateurs, droites et extrêmes droites de tous les pays sont au contraire les plus grands fossoyeurs des libertés, et il est urgent de déclencher un débat public digne de ce nom autour de cette notion. Interview avec Joseph Stiglitz en personne sur le plateau de Blast.
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Jan 15, 2025 • 1h 15min

Vous ne détestez pas le travail, mais les patrons et le capitalisme

Denis Colombi, sociologue spécialisé dans la pauvreté et le monde du travail, et Nicolas Framont, rédacteur en chef de Frustration et expert en rapports de domination, explorent la souffrance au travail en France. Ils soulignent la déconnexion entre le discours médiatique et la réalité des travailleurs, souvent en détresse psychologique. L'invisibilité des professions féminines et la stigmatisation des difficultés professionnelles sont abordées. Ils plaident pour une prise de conscience collective et questionnent les normes actuelles du capitalisme.
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Dec 10, 2024 • 41min

Couple : Pourquoi les femmes sont les grandes perdantes

Peut-on encore parler d'amour sans parler d'argent ? En 2024, dans les couples hétérosexuels, les femmes continuent de payer un prix élevé, souvent invisible mais bien réel : charge esthétique, contraception, gestion des dépenses, sacrifices professionnels, retraites amoindries, charge mentale et domestique… Même dans les relations qui se veulent égalitaires, les chiffres ne mentent pas : aimer, pour les femmes, coûte cher. Avec leur bande dessinée Le prix à payer, Tiffany Cooper et Lucile Quillet décortiquent ces mécanismes avec clarté. En s’appuyant sur des données chiffrées et des exemples concrets, elles montrent que pour aimer juste, il faut compter. Pas pour diviser, mais pour mieux construire. Cette bande dessinée n’est pas un réquisitoire contre le couple, mais un appel à une réinvention. Parce que l’amour ne devrait jamais appauvrir, mais enrichir. Parce que repenser la répartition des rôles, c’est redonner au couple le potentiel d’être un lieu de liberté et d’égalité. Une lecture essentielle pour celles et ceux qui veulent construire autre chose que des compromis déséquilibrés. Au micro de Salomé Saqué, elles viennent livrer leur analyse pour Blast.
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Dec 10, 2024 • 1h 5min

Couple : Pourquoi les femmes sont les grandes perdantes

Tiffany Cooper, autrice et illustratrice, et Lucile Quillet, journaliste spécialisée dans l'égalité femmes-hommes, abordent les inégalités ékonomiques et émotionnelles dans les couples hétérosexuels. Elles discutent du coût caché de l'amour pour les femmes, entre charge mentale et sacrifices professionnels. Leur bande dessinée, Le prix à payer, illustre la nécessité de réinventer les rôles au sein des couples afin de favoriser liberté et égalité. En redéfinissant les dynamiques relationnelles, elles plaident pour une relation plus juste et enrichissante.
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Oct 15, 2024 • 1h 6min

Et si la fin du capitalisme avait déjà commencé ? - avec Bernard Friot

Bernard Friot, économiste et sociologue reconnu, partage des réflexions intrigantes sur la montée d'une vision anticapitaliste. Il évoque l'émergence d'initiatives de travail coopératif et des luttes pour l'égalité, reliant féminisme et mouvement social. Friot souligne l'importance de réaligner santé publique et sécurité sociale en faveur d'une gestion collective. Il analyse également comment les idées marxistes pourraient éclairer un avenir post-capitaliste, annonçant un changement déjà amorcé dans notre société.
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Sep 24, 2024 • 44min

« Le capitalisme est déjà mort » - avec Yanis Varoufakis

Yanis Varoufakis, économiste et ancien ministre des Finances grec, défend dans son dernier livre l'idée d'un techno-féodalisme, arguant que nous avons basculé dans une ère post-capitaliste. Il critique les géants technologiques qui redéfinissent notre économie à travers la collecte de données. Varoufakis met en lumière les précarités des technoprolos et l'illusion démocratique actuelle, appelant à une transformation sociale et à une réévaluation du capital numérique comme bien commun.
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Jun 26, 2024 • 36min

Le programme du Nouveau Front Populaire va-t-il "mener le pays à la ruine" ? avec Michael Zemmour

Le programme économique du Nouveau Front populaire a provoqué une véritable levée de boucliers médiatiques et politiques. Dès le lendemain de l’annonce des réformes promises par le front populaire, de nombreux médias enchaînaient les gros titres : “une catastrophe économique”, “un retour de l’argent magique”, “des dépenses folles”, “un programme pas du tout adapté”, “une insulte à notre intelligence”, “un contrat de dupes” voire carrément “un délire total” pour le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Bref, que ce soit dans la bouche du ministre de l’économie, où dans celle des nombreux journalistes, éditorialistes et analystes, dans beaucoup de médias la rengaine est la même : le programme économique du NFP ne serait pas rationnel, applicable ou sérieux, il même serait carrément dangereux et mènerait à l’effondrement de toute l’économie. Pourtant, il est soutenu par plusieurs économistes de renom à l’image de Julia Cagé ou Thomas Piketty, qui estiment qu’il est cohérent et rationnel. Entre autres mesures : → augmentation du SMIC de 200 euros, pour atteindre 1 600 euros. → indexation des salaires sur l’inflation → abrogation de la dernière réforme des retraites puis objectif de retraites à 60 ans → blocage des prix des produits première nécessité (énergie et alimentation notamment) → augmentation du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté → hausse de 10 % du point d’indice des fonctionnaires. → dans l’agriculture, négociations commerciales en garantissant un prix plancher et rémunérateur aux agriculteurs et en taxant les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution. → rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique » qui pourrait venir frapper les activités les plus écocides → rétablissement de l’« exit tax », venant taxer les plus-values de cession des entreprises délocalisées, annulée par Emmanuel Macron. → suppression des « niches fiscales inefficaces, injustes et polluantes ». → réforme de l’impôt sur l’héritage, en instaurant un héritage maximal et en rendant cet impôt plus progressif pour mettre à contribution les très hauts patrimoines, de plus en plus concentrés. Alors tout ceci est-il faisable ? Réponse avec l'un des plus grands spécialistes français du financement de l'État social, l'économiste Michaël Zemmour.
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Mar 12, 2024 • 40min

Économie : Il n'y a aucune fatalité, que des choix politiques - avec Heu?reka

Le gouvernement vient d’annoncer un plan d’économie de 10 milliards d’euros sur les dépenses de l'État pour 2024. Le ministre de l’économie a été très clair : “il va falloir se serrer la ceinture”. Sur l’investissement dans la transition écologique, sur l’aide à l’accès au logement, la recherche, l’enseignement supérieur et le budget de la police nationale, ou encore les remboursements pour les personnes atteintes d’affections longues durée. Et tout ça se fait au nom du pragmatisme. Cette énième annonce s’inscrit pourtant dans le courant économique que suit le gouvernement depuis des années : c’est un choix politique, et non une fatalité. En faisant régulièrement intervenir des arguments d’autorité impliquant qu’il n’y aurait pas d’autre alternative (comme cela a été le cas lors de la réforme des retraites), le gouvernement promeut une vision de l’économie comme une science dure, inflexible : un domaine réservé aux experts, que la majorité des gens ne pourrait pas comprendre. Pourtant, l’économie, c’est précisément une succession de choix, et parce que les décisions politiques régissent quasiment tous les aspects de notre vie quotidienne, il est indispensable de comprendre les tenants et les aboutissants de cette discipline. C’est le projet de Gilles Mitteau, ancien trader à Wall Street devenu vulgarisateur économique, qui entend nous permettre de comprendre le système économique et appréhender les enjeux actuels comme l’emprise de la finance (qu’il a connue de l’intérieur), la crise écologique, ou encore la dépendance énergétique – afin d’interroger les règles que l’on nous a présentées en lois immuables. Salomé Saqué l’interroge à propos de son ouvrage : “Tout sur l’économie, ou presque”, aux éditions Payot.
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Feb 27, 2024 • 46min

Changer la monnaie : l'enjeu du siècle ?

"On ne changera pas la société simplement en changeant la monnaie, mais on ne la changera pas non plus sans changer la monnaie.” Cette citation est extraite du livre “Le pouvoir de la monnaie”, dont il est question dans cette émission. L’ouvrage rappelle l’importance de la création monétaire, explique qu’il s'agit là de l’un des enjeux démocratiques les plus importants du siècle, et qu’il est indispensable de changer la monnaie, et vite, pour faire face aux enjeux de notre temps. En quoi consiste le processus de création monétaire ? Quelles sont les limites de ce système, comment pourrions-nous créer de l’argent autrement ? Comment s’en saisir collectivement ? Éléments de réponse dans cette nouvelle émission avec Salomé Saqué, avec Augustin Sersiron, docteur en sciences économiques et en philosophie politique.

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