
lundisoir
Chaque lundi soir, sur lundimatin, une discussion, une rencontre, un débat...
Latest episodes

Dec 29, 2024 • 1h 23min
Avec les mineurs occupants de la Gaîté lyrique: "Tout ce que l'on obtient, c'est par la lutte"
Depuis le 10 décembre, ils sont environs 300 « mineurs non accompagnés » à occuper la Gaîté Lyrique, célèbre salle de spectacle parisienne. Après avoir rejoint la France seuls, souvent au péril de leur vie, ils se sont retrouvés confrontés à toute l'inhumanité des politiques migratoires françaises et au déni de l'accès aux droits les plus élémentaires. Sur le papier, tout mineur présent sur le sol français doit pouvoir bénéficier d'une prise en charge minimale : l'accès à l'école, à des soins, à un toit. Ils sont pourtant des milliers d'enfants sur le territoire à se retrouver à la rue, sans ressource et sans possibilité de se soigner, ils ont donc décidé de lutter. Leur point commun à tous, c'est d'avoir été jeté dans les limbes de l'État de droit. Les services de l'Aide Sociale à l'Enfance se disant incapables d'établir l'authenticité de leurs papiers, même lorsque des cartes d'identité biométriques leur sont présentés, ils sont renvoyés vers un juge afin que celui-ci valide leur qualité d'enfant. Sauf que pour cela, ils doivent patienter des mois, parfois même une année. En attendant, ils doivent survivre dans la rue et dans le froid, n'ont pas le droit d'aller à l'école et ne peuvent pas voir le moindre docteur s'ils tombent malades. Pour ce lundisoir, nous avons invité une douzaine de ces jeunes militants organisés et déterminés qui ont fait de la Gaîté lyrique un point de ralliement depuis lequel trouver des alliés et des soutiens et agréger leurs propres forces pour arracher ce qui leur est dû. Leur assemblée générale se tient chaque jour à 18h, tous les soutiens sont les bienvenus. Leur cagnotte en ligne est ici :https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/100:00 intro1:33 Pourquoi occuper la Gaîté lyrique ?3:41 Comment s'organise l'occupation 5:50 Face à l'inaction des pouvoirs publics, l'auto-organisation7:15 Comment s'organise le quotidien9:29 La genèse du collectif et de la lutte21:17 « On est là parce que la France a pillé chez nous »22:41 Comment fonctionne la « reconnaissance de minorité »25:18 « La place d'un enfant, c'est à l'école »28:32 Les procédures kafkaïennes d'évaluation de la minorité35:50 Les refus de minorité comme stratégies de découragement de l'État français 38:08 La propagande d'extrême droite comme premier soutien des politiques migratoires inhumaines de la France41:02 Grâce à la lutte, une centaine de jeunes ont pu être scolarisés45:47 « Quand on lutte, on obtient des victoires »48:04 Venir en aide aux autres isolés51:53 « On ne va pas changer d'acter de naissance pour faire plaisir à l'ASE » 54:58 Vous attendiez vous à ce que la politique française soit aussi raciste ?58:39 L'organisation des manifestations1:05:27 Exemple de violences policières1:08:07 La menace policière sur l'occupation et le soutien de la direction de la Gaîté lyrique1:09:08 La menace fasciste1:10:51 « Si les gouvernants français savaient que leurs enfants étaient à la rue, ils réagiraient comment ? »1:15:06 Remerciements au soutiens et appels aux volontaires1:16:03 « Si tu manges, tu es en forme pour lutter »1:16:26 Appels à tous ceux qui ont des sentiments humains à venir lutter à leurs côtésVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Dec 16, 2024 • 1h 22min
La division du politique - Bernard Aspe
Vous aimez lundisoir, abonnez vous et partagez!Vous voulez nous soutenir? Une campagne de dons est en cours: https://lundi.am/lundimatin-10-ansLe dernier livre de Bernard Aspe La division du politique, sonne un peu comme un bilan d’étape. Où en sommes-nous ? Outre les différents types de domination et d’exploitation que l’on connaît, plus mortifères que jamais, nous sommes entrain de perdre le monde. Et à vrai dire, non pas seulement ce monde-ci – qu’après tout nous détestons assez pour ne pas pleurer sa disparation annoncée –, mais la condition même de la pluralité des mondes, aussi bien ceux du pouvoir que ceux dont on pouvait encore rêver, il y a peu. Les conditions de possibilité de la révolution s’amenuisent cruellement, non pas seulement parce que les luttes sont faibles, mais aussi parce que le support des mondes est écologiquement menacé.Qui est ce « nous », qui demande où nous en sommes ? C’est là qu’est l’os, le véritable problème politique ; l’articulation d’un « nous » révolutionnaire qui saurait à la fois maintenir les singularités et les unir pour recouvrer enfin, de nouveau, une véritable puissance de frappe. Ce « nous » n’a pas d’autre choix que d’être révolutionnaire – comme le disait le camarade Tronti, « comprend vraiment celui qui hait vraiment ». Mais le parti de la révolution est terriblement divisée. C’est à la fois légitime et regrettable, et il faut en finir avec la crainte de l’unité, le culte du multiple. En somme, il faut cesser de confondre le rival et l’ennemi. Du moins est-ce là une proposition, ouverte mais déterminée. Cette proposition, lancée à la cantonade révolutionnaire, consiste à trouver une condition commune aux différentes subjectivités en rupture, et à définir face à la réalité « le point d’attaque le plus commun qui puisse être trouvé ». Pour cela, il faut trois choses : une analyse des subjectivités d’abord, de leurs divisions aussi bien individuelles que collectives. Ensuite, un diagnostic sur une domination dont il faut prouver qu’elle est bel et bien globale. Enfin, déterminer la forme de l’unité qui pourrait se configurer pour briser cette dernière globalité destructrice. Et ce sans pour autant en revenir à un léninisme poussiéreux, boomer, refusant l’irréductibilité au moins partielles des oppressions. Ce trait d’un, Bernard Aspe propose de le situer dans le refus, non pas du travail, mais de la mise au travail qui capte chaque existence, humaine comme non-humaine, pour l’accaparer et et la broyer dans la grande machine économique. Il s’agit, depuis cette unité minimale, de dégager un espace et une puissance proprement révolutionnaire.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Dec 13, 2024 • 2h 16min
lundi bon sang de bonsoir cinéma - Épisode 1: Ghassan Salhab, Nicolas Klotz, Saad Chakali
C’est parti pour le 1er épisode de lundi bon sang de bonsoir cinéma avec Nicolas Klotz, Saad Chakali et Ghassan Salhab. On y discute, en profondeur, du cinéma d’aujourd’hui, d’hier et de demain ; d’amitié, de guerre et de Joy Division. Le chapitrage ci-dessous offre quelques repères et une orientation. L’épisode 0, Que peut le cinéma au XXIe siècle avec Marie José Mondzain est toujours accessible ici, de Nicolas Klotz on se réfèrera au cheval du Turin… ( le cinéma est une ère géologique, pas une industrie ) quant à l’oeuvre de Ghassan Salhab, on lira volontiers Ghassan Salhab en revenant, métis inauthentiqu de Saad Chakali.00:00 Intro 00:14 Commencer, toujours, par l’amitié quand les ennemis ne finissent plus de s’accumuler 2:40 Ce qui sépare fait le rapport même de l’amitié 5:09 « Quand l’argent domine un tournage, on ne respire plus » 9:36 Beyrouth fantôme : le retour de l’ami qui a trahi la Palestine 12:07 L’engagement, l’amitié, la guerre et l’oubli 14:14 Les trahisons comme ravages 17:03 Peut-on filmer Benjamin Netanyahu ou Bachar al-Assad ? 19:58 Gaza, les images et l’ennemi invisible 27:05 Le cinéma d’aujourd’hui est-il resté bloqué au XIXe siècle ? 28:15 Mosab Abu Toha : Ce que vous trouverez caché dans mon oreille 30:45 Le nouveau monde et la condition atomique 33:38 Ce que l’on ne veut plus faire, ce qu’il ne faut plus faire 35:57 Filmer à travers la guerre 39:00 Le bourreau est la fiction, la victime du côté du documentaire 42:02 La surproduction des images, comment s’en sortir ? 46:16 La 6e extinction et les couches du vivant 47:28 Fernand Deligny : la connivence profonde entre les images et les animaux sauvages 48:56 Mohammed Darwish : l’ami qui empêche de faire les comptes Gaza comme hors champs, le cinéma est toujours du côté de la vie 51:35 Les années 50 et 60 ou l’apparition d’un cinéma politique depuis « les gens » 53:56 Comment recommencer le cinéma ? 58:50 Retrouver la lumière par-delà l’essoreuse des images qui colonisent 1:01:45 « Notre musique c’est celle de tout le monde », Jean-Luc Godard et Michael Witt 1:04:10 Repenser et réinventer la production et la distribution 1:06:44 Joy Division et Ian Curtis, l’ami commun 1:12:33 La solidarité entre les squats de Manchester et de Paris 1:15:04 Joy Division ou le cri étouffé 1:20:42 L’ami qui prend soin et prend la douleur 1:24:28 Peut-on se retirer sans trahir ? 1:28:17 Filmer depuis l’intérieur même de la destruction, désorienter, resituer 1:30:02 « Tant qu’on pense que le cinéma est une industrie, on est foutus » 1:36:19 Le geste cinématographique, la domination par le cinéma 1:40:26 Le cinéma et l’enchevêtrement du temps 1:45:30 Faire un pas de côté pour pouvoir dire le monde 1:55:33 Fuir les malentendus, partir de l’industrie 2:02:18 La voix sur l’épaule, Laurence Chable et François Tanguy 2:12:29 Que peut le cinéma aujourd’hui ? 2:13:23 « A moins qu’il ne faille penser que pour rendre la peine encore plus atroce et plus subtile, l’enfer a été placé en plein cœur du paradis » (Agamben)Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Dec 9, 2024 • 1h 12min
Mayotte ou l'impossibilité d'une île - Rémi Carayol
Il y a cinquante ans, la population de l’archipel des Comores était invitée à se prononcer sur le statut de son territoire. Si trois des quatre îles votèrent massivement pour l’indépendance, Mayotte (Maore), où un courant sécessionniste animé par l’élite créole exerçait un puissant lobbying, vota contre, tandis qu’à Paris l’armée et le « parti colonial » encore très puissant ne voulaient pas perdre cette position stratégique dans l’océan Indien. La France accorda donc l’indépendance aux Comores mais conserva Mayotte, devenue en 2011 le 101e département français à l’issue d’un processus unique de « colonisation consentie ».Tout renvoie à la colonie sur cette île : les ghettos de Blancs, la hiérarchisation raciale au travail comme dans la vie quotidienne, la dépendance économique envers la « métropole », les défaillances des infrastructures mises en lumière par les récentes pénuries d’eau… Entre des Mahorais reniant leur passé pour être « français à tout prix », dont la dérive vers l’extrême droite semble sans fin, des « métros » qui se comportent en terrain conquis et cultivent l’entre-soi, et des Comoriens devenus « étrangers » par l’effet d’une politique d’État délibérée, la violence à Mayotte est le résultat d’un double processus de dislocation et de colonisation. Ce livre raconte les principaux épisodes de cette histoire et dresse un portrait sans concession de « Mayotte française » et du présent colonial qui continue de l’animer.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Dec 9, 2024 • 2h 4min
Syrie: la chute du régime, enfin! Discussion improvisée avec deux révolutionnaires syriens en (ex)exil
L’édition de cette semaine se trouve chamboulée par la chute du régime syrien. Nous avons improvisé, dimanche soir, cette discussion avec deux amis révolutionnaires en (ex-)exil et préparons plusieurs articles sur cet évènement majeur. On publie le live tel quel, le son est un peu ric-rac par moment, si c’est trop pénible à suivre, on le refera au propre dans la journée. Ce qui s’y dit nous semble néanmoins crucial pour comprendre cette séquence historique et s’y repérer, sans bafouiller.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

9 snips
Dec 2, 2024 • 1h 29min
Producteurs ou parasites, « Un fascisme est déjà là » - Michel Feher
Michel Feher, cofondateur de Zone Books et universitaire, explore les thèmes du fascisme contemporain et du productivisme. Il discute de l'idée de « producerisme », qui stigmatise les improductifs comme des parasites. Feher analyse comment la fascisation évolue vers un parasitisme racialisé et critique les implications de l'« impérialisme continental ». Il évoque aussi l'importance d'articuler antifascisme et justice sociale pour faire face aux inégalités modernes, tout en soulignant la nostalgie et l'épuration dans les idéologies néofascistes.

Nov 28, 2024 • 1h 12min
Clausewitz: la guerre peut-elle être populaire? - T. Drebent
Pour nous qui avons vécu la majeure partie de nos existences en temps de « paix », la guerre est une réalité qu’il suffit de regretter, dénoncer ou conjurer. Pourtant, elle est bien là, toujours, y compris derrière chaque dispositif de pacification dont l’existence même doit nous rappeler le retournement de l’aphorisme de Clausewitz par Foucault : « la politique est une continuation de la guerre, par d’autres moyens » (notons que l’invité de ce lundisoir n’est pas du tout convaincu par ce détournement/retournement). Clausewitz donc, c’est ce stratège, officier aristocrate Prussien né à la fin du XVIIIe siècle dont le célèbre De la guerre a servi de livre de chevet à des généraux impériaux autant qu’aux communistes soviétiques (Lénine) ou à l’avant-garde artistique mégalomane et paranoïque (Debord). T. Drebent que nous recevons dans ce lundisoir est tombé dans cette pensée de la stratégie militaire un peu par hasard. Comme il le raconte, les livres de Clausewitz lui sont d’abord tombés des mains jusqu’à ce qu’il y trouve une source presque intarissable de déchiffrement du passé comme du présent, lorsque les actes se doivent de venir continuer la pensée. Il en a fait un livre Clausewitz et la guerre populaire. C’est de tout cela dont on parle avec lui ici.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Nov 25, 2024 • 1h 20min
Faut-il boycotter les livres Bolloré ? Un lundisoir avec des libraires
En juillet dernier, en réaction à la menace d’une prise de pouvoir par le RN, de nombreuses organisations ont annoncé le début d’une campagne intitulée Désarmer l’empire Bolloré. Il s’agissait de trouver des leviers contre la fascisation en cours qui ne se limitent pas à l’isoloir. C’est dans ce contexte que plus de 80 libraires indépendants viennent de signer une tribune la semaine dernière : « Ne laissons pas Bolloré et ses idées prendre le pouvoir sur nos librairies ! ». Il s’agit pour eux de ne pas se rendre complices du « combat civilisationnel » mené par le magnat en faisant disparaître, autant que faire se peut, les livres du groupe Hachette de leurs étales.Outre la prise de position politique que représente cette tribune, elle a aussi le mérite d’ouvrir des questions et des contradictions particulièrement épineuses pour les libraires, signataires ou non. Dans un secteur aussi concentré où cinq gros groupes détiennent l’immense majorité des titres publiés ainsi que toute la logistique de production et de mise en circulation qui va avec, est-ce si facile de tenir une promesse de « boycott » sans se tirer soi-même une balle dans l’étale ? Si Bolloré concentre toutes les attentions de par son empire tentaculaire mis au service de l’extrême droite et de la fascisation des esprits, n’oublie-t-on pas un peu vite les dégâts que produisent aussi ses concurrents ? Et que faire de ces livres (et éditeurs) chers, pris dans les griffes de cette industrie culturelle ? Parce qu’il n’existe aucune réponse simple à toutes ces questions, nous avons invité cinq libraires indépendants pour en discuter, Nicolas de Libertalia, Anaïs du Rideau Rouge, Natacha de L’Atelier, Alexis de Petite Egypte et Martin de Michèle Firk. . Certains ont signé la tribune, d’autres non, mais tous nous éclairent sur leurs techniques et stratégies pour résister et faire que le livre ne puisse être réduit à une simple marchandise.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Nov 24, 2024 • 1h 51min
Contre-anthropologie du monde blanc - Jean-Christophe Goddard
La contre-anthropologie, ça peut être en un sens assez commun la manière dont les indigènes se représentent et critiquent la culture du colon. Pourquoi n’est-ce pas tout bonnement de l’anthropologie ? Parce qu’il ne faut pas trop croire ce que racontent les scientistes blancs déguisés pour quelques semaines en aventuriers. Les pratiques contre-anthropologiques sont des sortes de théâtres où rugit un rire de résistance contre l’esprit de sérieux occidental, dont on se paie allègrement la tête. Il en existe bien des exemples : Jean-Christophe Goddard en a narrés quelques-uns dans son livre, qu’il est venu nous raconter. Les pratiques contre-anthropologiques existent aussi sous forme de discours ; c’est là toute une tradition critique indigène, puissante, protéiforme. Au fond ce qui est critiqué, haï, c’est la destruction systématique des autres mondes. Qui n’ont rien d’idéologiques, sauf à accepter que l’idéologie tue aussi, et que donc les vieux dualismes sont périmés. Ainsi, à propos des suicides indigènes massifs en Guyane : « Derrière chaque suicide, c’est un même cosmocide. » Ce qui est critiqué c’est l’ethnocide colonialiste généralisé, l’extractivisme débridé, le patriarcat occidental exporté – mais aussi tout un tas d’autres institutions, à commencer par l’école ; en ce que tout cela annihile des formes d’autochtonie qui savent, elles, que l’être n’est pas un minerai. Elles le savent encore aujourd’hui, parce que ce serait donner trop de crédit au capitalisme mondial que de le croire absolu : « le choc de la colonisation n’a […] pas réussi à être fatal ». Ce qui est démystifié, moqué, c’est aussi la philosophie blanche. N’est-elle pas pourtant bien inoffensive ? Non : « la métaphysique cartésienne de la "ruine des fondements" est la métaphysique de l’extirpation coloniale. » Le projet colonial euro-occidental, qui n’est autre que le projet de son existence propre, est porté par un vide métaphysique, une métaphysique dangereuse du commencement absolu. Être chez soi dans l’autre, disait le vieux fonctionnaire qui prêchait le retard éternel de l’Afrique – voilà un mot d’ordre sacrément impérial. Contre ça, d’autres ont su se lier autrement aux autres. Les Blancs, eux, ne savent pas : ce sont d’autres gens que les autres. Mais alors pourquoi un énième livre ? Parce qu’« il restera difficile à qui a été élevé dans les livres imprimés, c’est-à-dire dressé par eux, d’en être libéré sans l’être par un livre. » 00:00 : Introduction 1 - Qu’est-ce que la contre-anthropologie ? 3:21 : Contre-anthropologie ou contres-anthropologies ? Des anthropologies plurielles 9:37 : Qu’est-ce qu’un dispositif contre-anthropologique ? Le culte du cargo et le culte N’gaul 14:03 : Qu’est-ce qu’une ontologie ? Ontologie animiste et ontologie naturaliste 15:18 : Les effets politiques de l’ontologie : racisme et ontologie animiste 17:27 : Retour sur le culte N’gaul : « une anthropologie africaine de la blanchité » 24:35 : A propos du culte du cargo. Critique de l’interprétation de J.Rouch. Comment faire de l’anthropologie quand c’est une contre-anthropologie (du monde blanc) ? 2 - « Eclater de rire face aux blancs » : peut-on être à la fois ridicule et dangereux ? 30:28 : Pilima-Macron : comique de l’émancipation et tradition carnavalesque 36:25 : La métaphysique occidentale est-elle risible ou dangereuse ? 39:00 : L’ontologie est meurtre 3 - Pour une critique politique de l’ontologie naturaliste 46:38 : Le nihilisme du monde blanc : une métaphysique du vide ? 48:49 : si l’ontologie détruit, qu’est-ce qui justifie de continuer à parler d’ontologie pour la métaphysique indigène ? 50:43 : La bêtise de la domination 4- Sur la possibilité des alliances - perspectVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Nov 12, 2024 • 2h 8min
10 questions sur la victoire de Trump - Eugénie Mérieau | Michalis Lianos | Pablo Stefanoni
Trump incarne-t-il un élan fasciste de masse ou, paradoxalement, le triomphe d’un individualisme libertarien ?A-t-on affaire, avec lui, à un suprématisme ou bien plutôt un infantilisme politique au service d’une refondation mythique des USA ? L’antagonisme entre fasciste et “wokiste“ est-il le nœud qui divise l’Amérique ou bien la fiction qui recouvre une division plus profonde entre celles et ceux qui se sont insurgés suite à l’assassinat de George Floyd et la panique électorale des propriétaires ? Que peut encore le parti de la subversion, lorsque la droite s’est réapproprié les affects de la rébellion ? La démocratie en Amérique est-elle formellement soluble dans l’illibéralisme ? Sommes nous sur le point d’entrer dans le capital-cloud ou le techno-féodalisme ? Elon Musk relance-t-il le mythe colonial de la conquête de terres vierges dans l’espoir de soumettre une population extraterrestre et rejouer le pacte colonial où métropole démocratique et colonies dictatoriales fonctionnent de concert ? En décrétant la fin de l’Empire, Trump va-t-il ramener la violence coloniale à l’intérieur de ses frontières ? Le paradigme de la guerre civile est-il plus éclairant que celui de la fascisation ? L’humiliation est-elle la condition de possibilité du capitalisme ? L’effondrement de l’hypothèse libérale démocratique et de la mondialisation impériale appellent-ils à repenser la souveraineté ou à propager le communalisme ?Nous vivons un interrègne dont la première des évidences est que les catégories politiques depuis lesquelles nous pensons achoppent. Parce que dans ce clair-obscur, il va bien falloir commencer à y voir quelque chose, nous recevons trois invités. Eugénie Mérieau, constitutionnaliste autrice de La dictature, une antithèse de la démocratie ? et Géopolitique de l’état d’exception, Michalis Lianos, sociologue spécialiste des dynamiques sociales et contestations contemporaines et Pablo Stefanoni, auteur de La rébellion est-elle passée à droite ? et spécialiste des hybridations capitalisto-fascisantes les plus étonnantes. Au vu de la confusion de nos propres intervieweurs, nous avons ajouté un chapitrage sous cette vidéo afin qu’il soit plus simple de naviguer à travers ces deux heures de discussion.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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