Bookmakers : le making-of de la littérature

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Aug 26, 2025 • 54min

Bertrand Belin : le trésor du requin à plumes (3/3)

Fantaisie comique, passion digression Bertrand Belin écrit des livres comme d’autres nagent en eaux libres : il en a le souffle, la souplesse et l’endurance, au gré des marées montantes de son imagination. Dans son bonnet de bain, déjà cinq romans et un curieux recueil de « souvenirs », tous publiés ces dix dernières années aux éditions POL. Sa petite entreprise ne connaît pas la crampe et forme déjà un tout cohérent, sérieux dans sa phrase, libre dans la diversité de ses formes, irrigué par sa fantaisie comique, sa passion digression, son plaisir de la répétition, son goût gourmand du mot rare et les ombres tenaces de sa jeunesse.Dans « Requin » (2015), un homme banal retarde sa noyade par le flot de ses pensées, qui séduiront près de dix mille lecteurs et lectrices. Dans « Littoral » (2016), l’occupation d’un port par une armée rebat les cartes de l’héroïsme. Dans « Grands carnivores » (2019), fable habile sur le capitalisme carnassier centré sur deux frères que tout oppose, sa verve déploie du mordant pour croquer de bien tristes puissants adeptes de « logorrhées vipérines » et de « galimatias venimeux ». Et dans « La figure » (2025), son roman le plus long, l’alter ego de Bertrand enquête sur le « poison » de son passé.« Dans les livres », dit-il, « je peux être aventureux dans la spéculation, faire usage de mauvaise foi, fabriquer des dispositifs, des bazars rhétoriques qui ne peuvent se passer du temps long. La chanson est un canif de poche, le roman un service complet avec louche et fourchette à poisson. » Pour ce troisième et dernier épisode, ce « grand-duc » passe à table et plonge dans ses pages « le feu au cœur ».L’auteur du mois : Bertrand BelinNé en 1970 à Auray, Bertrand Belin est musicien, écrivain et acteur, toujours à la recherche « du mot juste, du beau geste ». Depuis vingt ans, du premier album remarqué qui porte son nom (2005) à « Tambour Vision » (2022), sans oublier « Hypernuit » (grand prix de l’académie Charles-Cros en 2010), ce drôle d’oiseau du Morbihan, au timbre grave et envoûtant, « survole nos villes et nos campagnes » avec, sous son aile, de mystérieuses ritournelles. « Que dit-on en chantant que l'on ne saurait dire en parlant simplement ? Pourquoi chanter une chose ? », se demandait-il en 2012 dans son premier livre, un court essai intitulé « Sorties de route ». Bertrand Belin est également l’auteur d’une poignée de brefs romans intrigants aux éditions POL. Il vit à Paris et publiera en octobre 2025 son huitième album solo, « Watt », annoncé comme « tendre, grave et gracieux, avec des divertissements ». Enregistrement avril 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Mathilde Guermonprez Montage Mathilde Guermonprez, Étienne Bottini Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Vibraphone Cyprien Noble Illustration Sylvain Cabot Remerciements Loyse Dodinot-Plunian, Loo Hui Phang, Mina Souchon
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Aug 26, 2025 • 56min

Bertrand Belin : dans son moulin à paroles (2/3)

Le chanteur vif-argent et son usine intime Énigmatique de sa personne, dans ses effets fort économe, l’homme (comme son verbe) désarçonne. Pour Bertrand Belin, « les chansons sont faites d’une substance instable, comme de la nitroglycérine, à transporter en essayant de ne pas trop en renverser ». L’auteur rapide de « Lentement » et de « Glissé-redressé » négocie donc « avec la plasticité des mots », apprécie « les syntaxes un peu dégradées, les contraires, les accidents de grammaire », dynamite les interprétations en s’estimant « contenu dans une nécessaire discrétion ». Dans ses chansons, il « parle en fou » ou affronte, « résigné, devant le mal », un colosse parental. Et ajoute : « J’aime l’opacité. Beaucoup. L’incompréhensible et le merveilleux que cela comprend. Pour faire jaillir des possibilités de sens qui ne sont pas le fruit de la raison. »En conséquence, ses vers « bêchent la terre gelée » de sentiments complexes ou dessinent « des silhouettes » : celles de clochards sur des bancs « mal gaulés » ou celle d’une femme « moitié folle, qui donne des ordres au soleil ». Son minimalisme, qui flirte parfois avec l’hermétisme, lui permet ainsi de diminuer « le risque du compromis ». Car « trop en dire » le « déçoit toujours ».Sûr de sa force « bertran-quille » portée par son flegme vocal désormais légendaire, le chanteur vif-argent nous ouvre ici les portes de son usine intime, le moulin de Belin, lui qui affirme que ses textes… « ne sont pas écrits, passant directement de l’esprit à l’enregistrement ». Dans ce deuxième épisode, nous essaierons de le croire sur parole(s).L’auteur du mois : Bertrand BelinNé en 1970 à Auray, Bertrand Belin est musicien, écrivain et acteur, toujours à la recherche « du mot juste, du beau geste ». Depuis vingt ans, du premier album remarqué qui porte son nom (2005) à « Tambour Vision » (2022), sans oublier « Hypernuit » (grand prix de l’académie Charles-Cros en 2010), ce drôle d’oiseau du Morbihan, au timbre grave et envoûtant, « survole nos villes et nos campagnes » avec, sous son aile, de mystérieuses ritournelles. « Que dit-on en chantant que l'on ne saurait dire en parlant simplement ? Pourquoi chanter une chose ? », se demandait-il en 2012 dans son premier livre, un court essai intitulé « Sorties de route ». Bertrand Belin est également l’auteur d’une poignée de brefs romans intrigants aux éditions POL. Il vit à Paris et publiera en octobre 2025 son huitième album solo, « Watt », annoncé comme « tendre, grave et gracieux, avec des divertissements ». Enregistrement avril 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Mathilde Guermonprez Montage Mathilde Guermonprez, Étienne Bottini Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Vibraphone Cyprien Noble Illustration Sylvain Cabot Remerciements Loyse Dodinot-Plunian, Loo Hui Phang, Mina Souchon
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Aug 26, 2025 • 56min

Bertrand Belin : l'oiseau fait son nid (1/3)

Aux origines de Belin Dans cet épisode 1 aux origines de Belin, le crooner breton revient sur le « tissage sauvage des fils de son destin », son enfance atlantique dans une baie au parfum de varech parcourue à BMX, sa lignée de pêcheurs, ses disques de Thiéfaine ou son jeu de guitare qui, à 15 ans, déchaînait les passions dans les rades de Quiberon avec un groupe nommé Les Démons. Le sel de son « hypernuit ».Mais comment l’écriture est-elle venue aux yeux et à la bouche de ce transfuge de classe alors que l’appartement familial ne comptait pour tout livre qu’une série d’encyclopédies ? Qu’a-t-il de commun avec le héros du roman « Martin Eden » de Jack London ? Comment ce titulaire d’un BEP-CAP électricien est-il passé d’un quotidien de musicien de studio – pour Bénabar ou Régine – à sa place convoitée de fils fantasmé de Bashung et de Brigitte Fontaine, chouchou de la critique, auquel il ne manque aujourd’hui qu’un succès populaire ? Pour le savoir, prenons le temps, Bertrand.L’auteur du mois : Bertrand BelinNé en 1970 à Auray, Bertrand Belin est musicien, écrivain et acteur, toujours à la recherche « du mot juste, du beau geste ». Depuis vingt ans, du premier album remarqué qui porte son nom (2005) à « Tambour Vision » (2022), sans oublier « Hypernuit » (grand prix de l’académie Charles-Cros en 2010), ce drôle d’oiseau du Morbihan, au timbre grave et envoûtant, « survole nos villes et nos campagnes » avec, sous son aile, de mystérieuses ritournelles. « Que dit-on en chantant que l'on ne saurait dire en parlant simplement ? Pourquoi chanter une chose ? », se demandait-il en 2012 dans son premier livre, un court essai intitulé « Sorties de route ». Bertrand Belin est également l’auteur d’une poignée de brefs romans intrigants aux éditions POL. Il vit à Paris et publiera en octobre 2025 son huitième album solo, « Watt », annoncé comme « tendre, grave et gracieux, avec des divertissements ». Enregistrement avril 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Mathilde Guermonprez Montage Mathilde Guermonprez, Étienne Bottini Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Vibraphone Cyprien Noble Illustration Sylvain Cabot Remerciements Loyse Dodinot-Plunian, Loo Hui Phang, Mina Souchon
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Jun 5, 2025 • 48min

Nathacha Appanah : L’apanage du pied de biche (3/3)

À ses débuts, Nathacha Appanah croyait que « l’écriture est une île ». Elle prendra vite conscience des « bourrasques extérieures » d’une existence dédiée à « travailler sur la langue, sans étouffer sa géopolitique ». Pour elle, « l'inspiration, c’est comme l'amour, ça se nourrit, ça s'assèche, ça prend des tournures auxquelles on ne s’attendait pas. » Or, après quatre premiers romans publiés entre 2003 à 2007, l’autrice d’« En attendant demain » traverse huit ans de doutes, sans ajouter une ligne à sa bibliographie. Nathacha, hôtesse de son art, s’est formée seule, en interrogeant parfois consœurs et confrères, pour comprendre comment « construire un texte qui serait visible de loin : de la complexité à l’envers, de la simplicité à l’endroit ».Sa simplicité subtile s’exprime pleinement dans « Rien ne t’appartient » (Gallimard, 2021), plongée dans l’enfer moral d’une pension pour « filles gâchées », qu’elle mit seize ans à écrire, après des frissons dans la jungle d’un reportage au Sri Lanka. Focalisées sur la trajectoire d’une jeune femme à qui la société veut interdire de danser, de rire ou d’aimer à gorge déployée, ces 173 pages, écoulées à 30 000 exemplaires, ont de quoi faire pousser des frangipaniers dans l’œil des autorités religieuses de toute obédience. Avec cette certitude : les mots « ont le pouvoir du pied de biche ou du marteau : celui d’ouvrir les narrations closes ». Dans ce troisième et dernier épisode, Nathacha Appanah lève aussi une part du voile sur ce mystérieux conclave de Saint-Germain-des-Prés : le comité de lecture de Gallimard.L’autrice du mois : Nathacha AppanahNée en 1973 à Mahébourg (île Maurice), Nathacha Appanah est une romancière, journaliste et traductrice dont l’œuvre reflète depuis 2003 « la vie des non-puissants, des outsiders, la vie qui passe parfois comme un ruban gris, sans aspérités, sans saveur ». Traduite en dix-sept langues, récompensée par vingt-trois prix littéraires dont treize pour « Tropique de la violence » (Gallimard, 2016), cette grande admiratrice de Virginia Woolf et d’Annie Ernaux a confié, à propos de son art de l’incarnation : « J’aspire à déployer une trame aussi délicate et complexe qu’une toile d’araignée, où je serais un vieux, un ado en taule, une mère célibataire, une meurtrière ou une taiseuse et que ce soit tellement bien écrit que l’on m’oublie, moi. » Elle vit à Paris et publiera fin août « La nuit au cœur », un roman sur trois femmes « qui courent, qui luttent », victimes de la violence de leur compagnon. Enregistrement avril 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Mathilde Guermonprez Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Voix, percussions Charles-Baptiste Illustration Sylvain Cabot Remerciements Céline Develay-Mazurelle, Vanadis Feuille, Mina Souchon
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Jun 5, 2025 • 1h 2min

Nathacha Appanah : Cantiques de nos violences (2/3)

« La littérature ressemble à un labyrinthe rempli des bruits que font les histoires qui n’ont pas été racontées », clame Nathacha Appanah dont le premier roman, « Les rochers de Poudre d’Or », sort l’année de ses 30 ans (Gallimard, 2003). Un premier tour de piste qui résonne comme un tour de force, pour évoquer les malheurs méconnus de centaines de milliers d’Indiens et d’Indiennes venu(e)s chercher fortune dans les Antilles ou sur l’île Maurice, et n’y récoltant qu’un travail forcé dans les champs des colons. L’ouvrage reçoit le prix RFO et se vendra, au fil des années, à vingt mille exemplaires.Prolifique et, dit-elle, « sentimentale », celle dont les ouvrages dépassent rarement deux cents pages veut « prendre des risques de livre en livre », dans le fond comme dans la forme. Ce deuxième épisode aborde la tragédie passionnelle de « Blue Bay Palace » (2004), l’amitié initiatique du « Dernier frère » (2007, L’Olivier) ou le brutal récit choral de « Tropique de la violence », sur l’extrême précarité des mineurs isolés de Mayotte, 101e département français où l’autrice vécut deux ans. Vendu à 130 000 exemplaires, adapté au cinéma, au théâtre et en bande dessinée, ce roman reste la référence littéraire pour comprendre ce territoire malmené de notre République. « J’ai toujours peur que les mots m’échappent », dit pourtant celle dont le patronyme contient trois h, comme autant de haches aptes à trancher les clichés.L’autrice du mois : Nathacha AppanahNée en 1973 à Mahébourg (île Maurice), Nathacha Appanah est une romancière, journaliste et traductrice dont l’œuvre reflète depuis 2003 « la vie des non-puissants, des outsiders, la vie qui passe parfois comme un ruban gris, sans aspérités, sans saveur ». Traduite en dix-sept langues, récompensée par vingt-trois prix littéraires dont treize pour « Tropique de la violence » (Gallimard, 2016), cette grande admiratrice de Virginia Woolf et d’Annie Ernaux a confié, à propos de son art de l’incarnation : « J’aspire à déployer une trame aussi délicate et complexe qu’une toile d’araignée, où je serais un vieux, un ado en taule, une mère célibataire, une meurtrière ou une taiseuse et que ce soit tellement bien écrit que l’on m’oublie, moi. » Elle vit à Paris et publiera fin août « La nuit au cœur », un roman sur trois femmes « qui courent, qui luttent », victimes de la violence de leur compagnon. Enregistrement avril 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Mathilde Guermonprez Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Voix, percussions Charles-Baptiste Illustration Sylvain Cabot Remerciements Céline Develay-Mazurelle, Vanadis Feuille, Mina Souchon
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Jun 5, 2025 • 58min

Nathacha Appanah : Style Maurice (1/3)

« Au détour d’une route », Nathacha Appanah a fait surgir de « l’horizon flou » de son pays natal des fleurs couleur de feu et des personnages décidés à faire mentir leur destin. D’abord journaliste, elle quitte Maurice pour Grenoble en 1998 et dira à la revue XXI : « Dans les rédactions, j’étais la seule à être née à l’étranger. Certains de mes responsables s’étonnaient de la qualité de mon travail, de ma maîtrise du français. Il n’était pas rare que je sois assimilée à une figure de carte postale, à une "fille des îles" – avenante, bonne cuisinière mais pas très maligne (…) Je croisais les personnes à la peau foncée tôt le matin, dans le métro, dans le bus, je les entrevoyais dans les cuisines des restaurants, dans les cages d’escalier. J’avais du mal à me défaire de cette impression que nous étions cantonnés aux marges de la société. »C’est pourtant la marge qui fait tenir les pages, comme disait Godard. Dans ce premier épisode, Nathacha Appanah raconte sa passion « de groupie » pour Albert Camus ou sa pratique assidue, adolescente, de la course à pied… comparable à l’écriture en termes d’endurance, de souffle et de virages à négocier. « J’ai toujours aimé courir, confia-t-elle à L’Express. Démarrer plus vite que son ombre, sprinter de bout en bout, ne rien lâcher, finir par terre s’il le faut. Peu de choses, à la télé, m’émeuvent autant qu’un relais 4×100 mètres. Avant le départ, j’ai le cœur qui s’emballe, les mains moites, je plisse les yeux, j’oublie de respirer. Comment maintenir le feu dans les jambes, la précision de l’esprit ? » C’est toute la question de cette interview-marathon. Trois, deux, un, restez !L’autrice du mois : Nathacha AppanahNée en 1973 à Mahébourg (île Maurice), Nathacha Appanah est une romancière, journaliste et traductrice dont l’œuvre reflète depuis 2003 « la vie des non-puissants, des outsiders, la vie qui passe parfois comme un ruban gris, sans aspérités, sans saveur ». Traduite en dix-sept langues, récompensée par vingt-trois prix littéraires dont treize pour « Tropique de la violence » (Gallimard, 2016), cette grande admiratrice de Virginia Woolf et d’Annie Ernaux a confié, à propos de son art de l’incarnation : « J’aspire à déployer une trame aussi délicate et complexe qu’une toile d’araignée, où je serais un vieux, un ado en taule, une mère célibataire, une meurtrière ou une taiseuse et que ce soit tellement bien écrit que l’on m’oublie, moi. » Elle vit à Paris et publiera fin août « La nuit au cœur », un roman sur trois femmes « qui courent, qui luttent », victimes de la violence de leur compagnon. Enregistrement avril 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son, montage Mathilde Guermonprez Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Voix, percussions Charles-Baptiste Illustration Sylvain Cabot Remerciements Céline Develay-Mazurelle, Vanadis Feuille, Mina Souchon
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Mar 26, 2025 • 57min

Daniel Pennac : Vercors à corps (3/3)

Vercors à corps Pennac, on l’a vu dans le Vercors. En train de tirer à l’arc ou de s’enfermer pour écrire dans sa cabane de moyenne montagne. « Seul avec moi-même dans le travail, à l’intérieur de la langue, c’est une bataille. Quand ça ne sort pas, c’est désespérant, de l’ordre de la constipation mentale. » Ce troisième et dernier épisode montre comment, après plus de cinquante livres, la flèche qui pointe au bout de ses « doutes proliférants » – les couacs de Pennac – finit toujours par atteindre le centre de la cible. En s’attardant sur « Journal d’un corps », publié en 2012 et vendu à 340 000 exemplaires, roman inouï dans lequel un homme toute sa vie « cultive l’art de regarder » les évolutions de sa chair, de sa santé, de ses tripes. En se faufilant dans le trou de souris du scénario d’« Ernest & Célestine », ce film d’animation sublime réalisé la même année par Benjamin Renner, Stéphane Aubier et Vincent Patar d’après les albums illustrés de Gabrielle Vincent, récompensé à Cannes et aux Césars, qui enchanta 800 000 spectateurs en salles. Ou en parcourant ce drôle d’objet sorti en octobre 2024, « Mon assassin », sur l’origine de ses personnages, qui a déjà séduit soixante mille fans. Sans peine et sans trac !L'auteur du mois : Daniel PennacNé à Casablanca en 1944, Daniel Pennac a choisi le roman « pour ne pas avoir à trop se fréquenter ». Il est l’auteur adoré de la saga « Malaussène », comédies policières cosmopolites sur une famille tapageuse de Belleville, vendue à 6,7 millions d’exemplaires rien qu’en France (huit tomes, 1985-2022, Gallimard). On lui doit également des romans pour enfants drôlement chouettes (« Cabot-Caboche », « L’œil du loup », 1982-1984), un bref essai sur la lecture intitulé « Comme un roman » (1,1 million d’exemplaires, 1992) ou des scénarios de bande dessinée pour Tardi, Florence Cestac ou la série Lucky Luke. Sacré par l’Académie Française en 2023 pour l’ensemble de son œuvre lumineuse, il vit et travaille à Paris, ainsi que dans son Vercors chéri.RemerciementsBlandine Rinkel, Vincent Schneegans, Maxime Su Ribera. Enregistrements janvier 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Mathilde Guermonprez Montage Gary Salin & Mathilde Guermonprez Lecture Samuel Hirsch Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Piano Maison Pierō Illustration Sylvain Cabot
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Mar 26, 2025 • 50min

Daniel Pennac : le grand marchand de prose (2/3)

Le grand marchand de prose C’est l’histoire pétaradante d’une famille de Belleville aux parents absents, d’une tribu débraillée de sapajous qui crèche dans une ancienne quincaillerie riche en dingueries rue de la Folie-Regnault. Au cœur battant de ce bazar : Benjamin Malaussène, qui veille sur six frères et sœurs (Louna, Thérèse, Clara, Jérémy, Verdun et « Le Petit », né·e·s d’une mère voyageuse et d’un père inconnu à chaque fois différent), sur le chien Julius à l’odeur insupportable, sur son neveu et sa nièce (Maracuja et « C’est Un Ange »), avant d’être père lui-même – grâce à la jolie Julie – d’un bambin tout simplement baptisé « Monsieur Malaussène ».Malicieuse et sans gêne mais jamais malsaine, la bienheureuse smala Malaussène, née du cerveau-hamac de Daniel Pennac, fête cette année ses 40 piges, depuis la sortie en 1985 d’un premier tome affamé, « Au bonheur des ogres », dans la légendaire Série Noire de Gallimard, qu’il quittera pour la collection « Blanche » suite au succès de « La petite marchande de prose », sacré du prix du Livre Inter 1990. Dans ce deuxième épisode, « Bookmakers » vous ouvre les coulisses d’une commedia dell’arte authentiquement populaire de deux mille pages, « vraisemblablement » terminée en 2022 avec « Terminus Malaussène », pour savoir ce que ce grand marchand de prose avait « dans le cigare » au moment d’enfanter de tels zouaves. En scène, les Malaussène !L’auteur du mois : Daniel PennacNé à Casablanca en 1944, Daniel Pennac a choisi le roman « pour ne pas avoir à trop se fréquenter ». Il est l’auteur adoré de la saga « Malaussène », comédies policières cosmopolites sur une famille tapageuse de Belleville, vendue à 6,7 millions d’exemplaires rien qu’en France (huit tomes, 1985-2022, Gallimard). On lui doit également des romans pour enfants drôlement chouettes (« Cabot-Caboche », « L’œil du loup », 1982-1984), un bref essai sur la lecture intitulé « Comme un roman » (1,1 million d’exemplaires, 1992) ou des scénarios de bande dessinée pour Tardi, Florence Cestac ou la série Lucky Luke. Sacré par l’Académie Française en 2023 pour l’ensemble de son œuvre lumineuse, il vit et travaille à Paris, ainsi que dans son Vercors chéri.RemerciementsBlandine Rinkel, Vincent Schneegans, Maxime Su Ribera. Enregistrements janvier 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Mathilde Guermonprez Montage Gary Salin & Mathilde Guermonprez Lecture Samuel Hirsch Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Piano Maison Pierō Illustration Sylvain Cabot
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Mar 26, 2025 • 54min

Daniel Pennac : un passé carabiné (1/3)

Passé carabiné Élève Pennac, au tableau ! Montez sur l’estrade et récitez-nous la leçon de votre vie : celle du cancre absolu à la mémoire de gruyère, du dernier de la classe nul en calcul comme en orthographe, qui fut « sauvé » par une poignée de professeurs autant que par son talent pour « l’affabulation », le mythe du petit menteur provençal qui devint – vingt-cinq ans durant – un prof de français à l’écoute des « ados en péril » doublé d’un écrivain prolifique parmi les plus lus de son pays. Contez-nous en vrac, comme à la fin de votre essai « Chagrin d’école » (prix Renaudot 2007, vendu à 1,2 million d’exemplaires), comment « une hirondelle assommée est une hirondelle à ranimer ».Dans ce premier épisode, l’auteur de « La fée carabine » revient sur le « salopard » qui lui inspira l’enseignant si sévère des aventures collégiennes de « Kamo » (1991-1992), sur le braquage d’un coffre-fort qui l’envoya en pension, sur le livre qui lui fut providentiellement « commandé » en classe de troisième, sur son premier ouvrage publié à 29 ans, en 1973 (une attaque contre le « virilisme débile » du service militaire) ou sur ses deux romans jamais réédités de « politique burlesque » imaginés avec le Roumain Tudor Eliad. Sortez les cahiers : place à la masterclass du jeune octogénaire aux « lunettes de Geppetto », à l’heure de ChatGPT.L’auteur du mois : Daniel PennacNé à Casablanca en 1944, Daniel Pennac a choisi le roman « pour ne pas avoir à trop se fréquenter ». Il est l’auteur adoré de la saga « Malaussène », comédies policières cosmopolites sur une famille tapageuse de Belleville, vendue à 6,7 millions d’exemplaires rien qu’en France (huit tomes, 1985-2022, Gallimard). On lui doit également des romans pour enfants drôlement chouettes (« Cabot-Caboche », « L’œil du loup », 1982-1984), un bref essai sur la lecture intitulé « Comme un roman » (1,1 million d’exemplaires, 1992) ou des scénarios de bande dessinée pour Tardi, Florence Cestac ou la série Lucky Luke. Sacré par l’Académie Française en 2023 pour l’ensemble de son œuvre lumineuse, il vit et travaille à Paris, ainsi que dans son Vercors chéri.RemerciementsBlandine Rinkel, Vincent Schneegans, Maxime Su Ribera. Enregistrements janvier 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Mathilde Guermonprez Montage Gary Salin & Mathilde Guermonprez Lecture Samuel Hirsch Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Piano Maison Pierō Illustration Sylvain Cabot
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Jan 29, 2025 • 41min

Justine Niogret : viser juste (3/3)

Viser juste Sa parole est tranchante et son regard, lucide. À la sortie en 2018 aux éditions du Seuil du « Syndrome du varan », son premier livre de littérature « générale », Justine Niogret disait : « C'est que dalle de tuer un dragon avec une épée. Ça l'est beaucoup moins d'essayer d'être heureuse. Tuer un berserker, ces guerriers fauves et surpuissants que l’on trouve dans les grands manuscrits de la mythologie nordique, ce n'est souvent que la première épreuve ; la véritable histoire commence après. Tuer une partie de soi pour avancer, c'est bien pire. Je les ai tués, mes dragons. »Dans cet inoubliable roman « post-traumatique » de 180 pages, l’autrice raconte le cauchemar quotidien d’une fille qui subit, de la part de ses parents et jusqu’à ses 17 ans, négligences et maltraitances, famine et humiliations, violences physiques, sexuelles et psychologiques. « L’angoisse et la méfiance » deviennent alors ses « états naturels » ; « J’ai fait ma guerre, et elle a été longue. » En résulte cette pierre de colère froide, semblable aux grands lézards indonésiens, à propos de laquelle l’écrivaine Chloé Delaume affirma : « Récit d’une enfance saccagée, où la puissance de l’écriture fait acte de résilience. » Justine Niogret pense presque toujours que les mots, quand ils sont dits, sont « lourds et maladroits – comme des dindons, face aux rapaces et aux aigrettes que sont les mots écrits. Ce silence de réflexion, elle le trouve « totalement dénué d’agressivité, d’ego, de masques et de preuves à apporter » ; tout ce qu’elle reproche à l’oral.Quand elle était petite, elle voulait être « exploratrice » mais à l’époque, elle a eu « un immense chagrin en comprenant que tout était déjà cartographié ». Dans ce troisième et dernier épisode, nous sentirons pourtant combien ses mondes semblent infinis. En parcourant les mangroves de « Bayuk », ce roman d’aventures pour ados publié en 2022 aux éditions 404, en traversant l’éprouvante banquise de « Quand on eut mangé le dernier chien », sorti en 2023 aux éditions Au Diable Vauvert et vendu à 4000 exemplaires, ou en attendant sa version de l’histoire de Calamity Jane, focalisée sur la femme oubliée derrière la légende héroïque. De jour comme de nuit, Justine vise juste.L’autrice du mois : Justine NiogretNée à Paris en 1979, Justine Niogret « trouve les adultes assez fragiles : il suffit d'avoir des chaussettes dépareillées pour leur faire peur ». Depuis le coup d’estoc de son roman médiéval « Chien du heaume », Grand Prix 2010 de l’Imaginaire au festival des Étonnants voyageurs de Saint-Malo, elle enchaîne les aventures comme autant de conquêtes sur les littératures de genre : fiction postapocalyptique (« Gueule de truie »), dystopie robotique (« Cœurs de rouille »), péripéties vaudous (« Bayuk ») ou tragédie polaire (« Quant on eut mangé le dernier chien »), dans le sillage de Tolkien, Lovecraft ou Margaret Atwood. Elle vit et travaille à Quimper. Enregistrement novembre 2024 Mise en ligne 29 janvier 2025 Entretien, découpage Richard Gaitet Prise de son Mathilde Guermonprez Montage Gary Salin Lectures Isild Le Besco Réalisation, mixage Charlie Marcelet Musiques originales Samuel Hirsch Flûte, vielle à roue, tambours Grégoire Terrier Illustration Sylvain Cabot

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