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Nov 27, 2024 • 41min

Mona Chollet (3/3)

Une workaholic plus très anonyme Cheffe d’édition au « Monde Diplomatique » de 2007 à 2022, Mona Chollet se décrit – avec euphémisme – comme « plutôt consciencieuse ». Interrogée par « Femme Actuelle », la journaliste explique : « L’aspect robotique du salariat me convenait très bien. Tout comme cette logique rassurante de l’effort récompensé : je me savais le droit de profiter de mes week-ends. » Or, quand le succès de ses livres lui permet de se libérer de cet emploi quotidien, c’est la panique à bord, sur laquelle s’ouvre son dernier essai, « Résister à la culpabilisation » (La Découverte, 2024). Ce « bulldozer » cérébral ajoute : « J’avais oublié l’autonomie. Je m’étais habituée à ce qu’on me dise tous les matins où aller, quoi faire et jusqu’à quelle heure. Organiser soi-même ses journées provoque un grand désarroi. Je me forçais à travailler huit heures par jour et le week-end, pour ne pas me laisser aller (…) Se tuer au travail, faire totalement abstraction de son bien-être, se révèle bien vu. » Bien vu, son propos l’est aussi. Avec un premier tirage de 70 000 exemplaires, « le nouveau Mona Chollet », pour lequel elle refuse les invitations à parler en public, figure déjà parmi les dix meilleures ventes de l’automne. Son livre n’aborde pas seulement la question du sacrifice en entreprise ; parmi ce qu’elle recense comme des « empêchements d’exister », Chollet dissèque les discours misogynes, la mise en accusation des victimes de violences sexuelles, les injonctions éducatives, ou encore « le flicage des mots et des pensées » au sein des sphères militantes.Suivie par 92 000 abonné·e·s sur X, Mona Chollet définit parfois son rapport à l’écriture comme « une drogue en soi, une porte dérobée dans l’horreur de l’époque ». Pour ce troisième et dernier épisode, ouvrons celle du petit bureau – monastique – de la Mona, qui continue de rêver d’une pièce plus grande « dont la fenêtre resterait éclairée jusqu’à une heure avancée de la nuit, pour y faire naître des livres ». L’autrice du mois : Mona CholletNée à Genève en 1973, « obsédée par le fait de lire, de s’informer et de changer le monde », la journaliste suisse Mona Chollet est devenue pour toute une génération de féministes un modèle d’intelligence, de sensibilité et de précision. Depuis le début des années 2000, via une dizaine d’essais érudits (« Beauté fatale », « Sorcières », « Réinventer l’amour »), elle analyse remarquablement les mécanismes de domination (masculine, capitaliste, professionnelle – ou les trois à la fois), en partageant son admiration pour la poésie de Mahmoud Darwich ou la prose engagée de Susan Sontag, pour les séries « Mad Men » ou « La Fabuleuse Madame Maisel », le tout entremêlé de confidences personnelles ou tirées de son cercle d’amies. Elle vit et travaille à Paris. Enregistrements : septembre 2024 - Réalisation : Charlie Marcelet - Mixage : Charlie Marcelet - Illustration : Sylvain Cabot - Chant, beatmaking : Élodie Milo - Musiques originales : Samuel Hirsch - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Gary Salin - Lectures : Delphine Saltel - Production : ARTE Radio
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Nov 27, 2024 • 49min

Mona Chollet (2/3)

Notre sorcière bien-aimée En 2017, dans le secret nocturne de son laboratoire, Mona Chollet jette dans son chaudron mental les ingrédients de la réhabilitation d’une figure populaire : la sorcière. Publié l’année suivante aux éditions La Découverte, son ouvrage « Sorcières : la puissance invaincue des femmes » se souvient de ces dizaines de milliers de féminicides perpétrés du XVe au XVIIe siècle, en Europe, qui visèrent principalement les célibataires sans enfant. Chollet interroge en profondeur ce « coup porté à toutes les velléités d’indépendance féminine », la « haine » des cheveux blancs, la criminalisation de la contraception et de l’avortement, en s’appuyant autant sur les romans de Toni Morrison que sur le film « Liaison fatale ». Elle y affine son geste : « J’écris pour faire émerger des sujets qui n’étaient parfois même pas identifiés, en affirmant leur pertinence, leur dignité. Je suis une aimable bourgeoise bien élevée et cela m’embarrasse de me faire remarquer. Je sors du rang quand je ne peux pas faire autrement, quand mes convictions et aspirations m’y obligent. J’écris pour me donner du courage. »  Abracadabra ! Le livre devient un grimoire de référence traduit en quinze langues et vendu à 380 000 exemplaires. Son nom se mue en incantation. D’où la nécessité d’interroger ses sortilèges, la structure de ses best-sellers qu’elle situe « entre le développement personnel et la politique », son usage des citations ou sa réticence au « terrain », en naviguant des podiums de « Beauté fatale » (sur les clichés véhiculés par l’industrie de la mode et la presse féminine, sorti en 2012 et vendu à 120 000 exemplaires) jusqu’à « Réinventer l’amour » (sur les impasses et les violences des relations hétérosexuelles, sorti en 2021 et vendu à 200 000 exemplaires), en passant par son petit préféré, « Chez soi » (sur « la sagesse des casaniers », sorti en 2015 et vendu à 65 000 exemplaires). Turlututu, chapeau pointu, n’attendons plus : envolons-nous sur le balai de cette sorcière bien-aimée, qui nettoie de nombreuses pensées poussiéreuses !  L’autrice du mois : Mona CholletNée à Genève en 1973, « obsédée par le fait de lire, de s’informer et de changer le monde », la journaliste suisse Mona Chollet est devenue pour toute une génération de féministes un modèle d’intelligence, de sensibilité et de précision. Depuis le début des années 2000, via une dizaine d’essais érudits (« Beauté fatale », « Sorcières », « Réinventer l’amour »), elle analyse remarquablement les mécanismes de domination (masculine, capitaliste, professionnelle – ou les trois à la fois), en partageant son admiration pour la poésie de Mahmoud Darwich ou la prose engagée de Susan Sontag, pour les séries « Mad Men » ou « La Fabuleuse Madame Maisel », le tout entremêlé de confidences personnelles ou tirées de son cercle d’amies. Elle vit et travaille à Paris.  Enregistrements : septembre 2024 - Réalisation : Charlie Marcelet - Mixage : Charlie Marcelet - Illustration : Sylvain Cabot - Chant, beatmaking : Élodie Milo - Musiques originales : Samuel Hirsch - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Gary Salin - Lectures : Delphine Saltel - Production : ARTE Radio
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Nov 27, 2024 • 53min

Mona Chollet (1/3)

Le sourire de Mona, lisant  « J’écris pour y voir plus clair. Et, en fonction, changer mes comportements, ma perception, ma vie. » D’où proviennent les intuitions de Mona Chollet ? Comment « décantent » ses idées, comment « vagabonde » son imagination ? Quelle est sa dette envers l’écrivaine canadienne Nancy Huston ou l’essayiste française Annie Le Brun ? De quelle façon cette grande timide a-t-elle été « sauvée par internet » ? Dans ce premier épisode du premier numéro de « Bookmakers » consacré aux essais, remontons aux origines de la prodige genevoise : son premier journal autoproduit, sa passion inattendue pour « Star Wars », son ennui à l’école du journalisme de Lille, son année à « Charlie Hebdo », la création décisive du site « Périphéries » ou son arrivée au « Monde Diplo ». Avant d’évoquer ses deux premiers ouvrages : « Marchands et citoyens », sur « les usages créatifs et désintéressés » du web (L’Atalante, 2001), et « La tyrannie de la réalité », sur notre besoin physiologique de rêve (Calmann-Lévy, 2004). Des essais qui restaient à transformer, déjà ornés du sourire de Mona, lisant.  L’autrice du mois : Mona CholletNée à Genève en 1973, « obsédée par le fait de lire, de s’informer et de changer le monde », la journaliste suisse Mona Chollet est devenue pour toute une génération de féministes un modèle d’intelligence, de sensibilité et de précision. Depuis le début des années 2000, via une dizaine d’essais érudits (« Beauté fatale », « Sorcières », « Réinventer l’amour »), elle analyse remarquablement les mécanismes de domination (masculine, capitaliste, professionnelle – ou les trois à la fois), en partageant son admiration pour la poésie de Mahmoud Darwich ou la prose engagée de Susan Sontag, pour les séries « Mad Men » ou « La Fabuleuse Madame Maisel », le tout entremêlé de confidences personnelles ou tirées de son cercle d’amies. Elle vit et travaille à Paris.  Enregistrements : septembre 2024 - Réalisation : Charlie Marcelet - Mixage : Charlie Marcelet - Illustration : Sylvain Cabot - Chant, beatmaking : Élodie Milo - Musiques originales : Samuel Hirsch - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Gary Salin - Lectures : Delphine Saltel - Production : ARTE Radio
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Sep 17, 2024 • 39min

Pierre Michon (3/3)

Pierrot le ouf Bookmakers #31 - L’auteur du mois : Pierre MichonNé en 1945 dans un hameau de la Creuse, Pierre Michon se voit parfois comme « le dernier écrivain du XIXe siècle ». En 1984, il publie ses fameuses « Vies minuscules » aujourd’hui considéré comme un classique, départ d’une œuvre exigeante constituée d’une douzaine de livres brefs portés par son goût des histoires en costumes, où sont peints les malheurs de Van Gogh (« Vie de Joseph Roulin ») ou les « infimes effets » du génie de Rimbaud (« Rimbaud le fils »). Détail : parmi ses protagonistes, il y a toujours un Pierre, un Pierrot, un Piero, un Piotr – ou un Robes/Pierre, comme dans « Les Onze » (2009), récompensé du grand prix de l’Académie française.  En 2023, ses fans ont vu leurs joues rougir. Après quatorze ans de quasi-silence bibliographique, Pierre Michon a « scandaleusement dégainé » un nouveau livre, intitulé « La Petite Beune ». Un texte « érotomane » de 74 pages, suite directe d’un roman pas plus gros de 1995, « La Grande Beune ». Si vous avez manqué le début : en 1961, près de la grotte de Lascaux, un instituteur de 20 ans prénommé Pierre nourrit un désir terrible pour une buraliste de quinze ans son aînée, Yvonne, qui ressemble à Ava Gardner dans « La Comtesse aux pieds nus ». Publiées chez Verdier, « Les deux Beune » ainsi rassemblées se sont vendues à 25 000 exemplaires et firent, comme à l’époque de « Vies minuscules », la Une du « Monde des livres » qui parla de « miracle ». Pour Michon, « construire une phrase est un dispositif de désir ». Pour nourrir le feu de ce troisième épisode, l’ami Pierrot évoque aussi bien « les chocolats métaphysiques » de Pessoa que ses relations avec ses éditeurs, tout en répondant à trois questions de sa jeune consœur Maria Pourchet. Et nous invite à méditer ce mantra fourré à la dynamite : « Pour écrire, il faut vouloir percer quelque mur, croire que prodigieusement les mots vont y entamer une brèche. » Hier comme aujourd’hui, le Mich’ allume la mèche. Enregistrements : juin 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prises de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Timothée Lerolle - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Timothée Lerolle - Musiques originales : Samuel Hirsch - Batterie, synthétiseurs : Ricky Hollywood - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Yann Potin
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Sep 17, 2024 • 40min

Pierre Michon (2/3)

L'opuscule majuscule Bookmakers #31 - L’auteur du mois : Pierre MichonNé en 1945 dans un hameau de la Creuse, Pierre Michon se voit parfois comme « le dernier écrivain du XIXe siècle ». En 1984, il publie ses fameuses « Vies minuscules » aujourd’hui considéré comme un classique, départ d’une œuvre exigeante constituée d’une douzaine de livres brefs portés par son goût des histoires en costumes, où sont peints les malheurs de Van Gogh (« Vie de Joseph Roulin ») ou les « infimes effets » du génie de Rimbaud (« Rimbaud le fils »). Détail : parmi ses protagonistes, il y a toujours un Pierre, un Pierrot, un Piero, un Piotr – ou un Robes/Pierre, comme dans « Les Onze » (2009), récompensé du grand prix de l’Académie française.  C’est son « premier soleil ». Un livre vénéré, cent fois commenté, étudié à l’université, qui fête cette rentrée ses quarante étés. Un premier roman devenu classique, à la croisée de Faulkner et de Flaubert, publié par Gallimard en 1984 après deux ans de querelles internes, où un abbé meurt de ses excès, où des paysans s’échinent « près un rameau décharné de glycine » en rêvant d’Afrique ou d’Amérique. « Vies minuscules » de Pierre Michon, c’est l’entrée en littérature du fils de l’institutrice d’un village rural, le « salut » tant espéré d’un lettré tapageur jadis porté sur la bouteille, qui de son propre aveu « se traîna jusqu’à 40 ans à ne rien foutre de ses dix doigts ». Michon se retroussa pourtant les manches pour accoucher de huit petites biographies sur de merveilleux modestes. Un coup de maître selon la critique, longtemps boudé par le public, sans doute refroidi par ces longues phrases pleines de points-virgules et d’imparfait du subjonctif, qui souvent touchent au sublime. Pour ce deuxième épisode, Pierre Michon retourne dans les coulisses de son chef-d’œuvre inaugural, vendus tous formats confondus à 185 000 exemplaires. S’est-il piégé lui-même en démarrant trop fort ? A-t-il été muséifié de son vivant par trop de colloques dithyrambiques consacrés à son œuvre ? Est-il encore hanté par cette phrase de Balzac placée en ouverture d’un de ses livres : « Tu pourras être un grand écrivain, mais tu ne seras jamais qu’un petit farceur » ? Pour le savoir, soulevons l’opercule de cet opuscule majuscule. Enregistrements : juin 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prises de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Timothée Lerolle - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Timothée Lerolle - Musiques originales : Samuel Hirsch - Batterie, synthétiseurs : Ricky Hollywood - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Yann Potin
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Sep 17, 2024 • 52min

Pierre Michon (1/3)

Le roi du bois Bookmakers #31 - L’auteur du mois : Pierre MichonNé en 1945 dans un hameau de la Creuse, Pierre Michon se voit parfois comme « le dernier écrivain du XIXe siècle ». En 1984, il publie ses fameuses « Vies minuscules » aujourd’hui considéré comme un classique, départ d’une œuvre exigeante constituée d’une douzaine de livres brefs portés par son goût des histoires en costumes, où sont peints les malheurs de Van Gogh (« Vie de Joseph Roulin ») ou les « infimes effets » du génie de Rimbaud (« Rimbaud le fils »). Détail : parmi ses protagonistes, il y a toujours un Pierre, un Pierrot, un Piero, un Piotr – ou un Robes/Pierre, comme dans « Les Onze » (2009), récompensé du grand prix de l’Académie française.  Pierre Michon a longtemps cru aux muses qui, depuis l’Antiquité, soufflent aux artistes le vent de l’inspiration. Mais ces divinités furent capricieuses avec ce natif de la Creuse. Écrire l’a longtemps « épuisé ». À chaque fois, il a eu le sentiment de « jouer sa peau », terrorisé que son « don » puisse disparaître. « Le roi vient quand il veut », dit-il : c’est l’image-titre de son brillant recueil d’entretiens sur la littérature (Albin Michel, 2007), le roi personnifiant ici le talent ou plutôt « la Grâce ». Pour lui, l’écrivain⸱e qui bataille tous les jours avec ses personnages, qui s’arrache les cheveux à faire tenir un dialogue, « désacralise la relation à l’écriture », réduite à devenir « aussi ordinaire et triviale que dormir, se nourrir ou pisser ». C’est contre cette idée que s’est construit ce podcast, pour lequel écrire est un artisanat discipliné, qu’il faut documenter, creuser. Il est donc savoureux de commencer cette cinquième saison de « Bookmakers » par une visite au cœur du Limousin, au domicile du maître, à une heure de Châteauroux. Une maladie respiratoire a bouleversé son rythme de travail, désormais plus serein. Du haut de ses 79 ans, le maître nous attend dans sa mansarde, espiègle sous ses atours de « dieu fatigué », un carnet noir à portée de main, son ordinateur cuivré sur les cuisses, bossant sur un mystérieux livre « d’amour ». Nos micros posés au pied de son lit parfumé à la menthe, il sera question, dans ce premier épisode, de la chaînette de Salammbô, d’un arbre qui pousse d’un ventre biblique ou d’un premier roman inachevé en forme de « space opéra mâtiné d’ethnologie » intitulé « Les Grands Dieux ». Dans le ciel et sur la terre, les muses s’amusent.  Enregistrements : juin 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prises de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Timothée Lerolle - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Timothée Lerolle - Musiques originales : Samuel Hirsch - Batterie, synthétiseurs : Ricky Hollywood - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Yann Potin
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Jun 19, 2024 • 50min

Laura Vazquez (3/3)

En long, en large et en chemins de traverse Bookmakers #30 - L'autrice du mois : Laura Vazquez.Née en 1986 à Perpignan, Laura Vazquez écrit des poèmes, parfois peuplés d’êtres minuscules et de corps endommagés, publiés en revues, qu’elle lit depuis le début des années 2010 sur la plupart des scènes poétiques de l’Hexagone, traduits en chinois, anglais, espagnol, portugais, norvégien, néerlandais ou arabe. Son premier roman, « La Semaine perpétuelle », sorti en 2021 aux éditions du sous-sol, est distingué d’une mention spéciale du prix Wepler et vendu à dix mille exemplaires. En 2023, elle obtient – à 36 ans – le Goncourt de la poésie pour « Le Livre du Large et du Long », une « épopée versifiée » de 400 pages, en cinq actes, écoulée à cinq mille exemplaires. Elle vit et travaille à Marseille. Laura Vazquez (3/3)Pour résumer « La Semaine perpétuelle », son premier roman, Laura Vazquez écrit : « On y trouve des fantômes, des insectes, des téléphones, beaucoup de pourriture, le corps mort d’un oiseau, des éponges, des personnes qui n’ont plus beaucoup de dents, de la crème, un veau qui pleure et qui s'endort, des rires du Moyen-âge, des enfants contre des murs, des chiens jumeaux, la douleur en personne, des moines dans la neige, des émojis qui rient aux larmes, des robots, des chansons, des pilules calmantes, parfois dieu, un peu de lumière, une fontaine, des croutes. » Dédiée à son chat, cette « Semaine » dure effectivement une semaine – dans la vie de Salim, un adolescent cloitré dans sa chambre, qui poste des poèmes et disserte sur le monde en direct de sa chaîne YouTube, jusqu’au jour où son inquiétude pour sa grand-mère adorée le force à réintégrer la réalité. Sous ses vidéos, les commentaires s’enchaînent, comme les histoires de cette corne d’abondance de bizarrerie, où les images peuvent blesser, où toute chose possède un esprit. Dans ce troisième et dernier épisode, nous évoquerons aussi l’énigme du « Livre du large et du long », où l’héroïne se coupe un doigt « pour parler à un ami » et pour lequel Laura n’a « pas été loin de perdre la boule » ; sa première pièce de théâtre, « Zéro », une « tragédie lesbienne » à paraître en novembre toujours aux éditions du sous-sol ; ou un autre ouvrage à venir aux éditions sun/sun, inspiré d’une photo du musée Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt. Vaste est la Vazquez. Enregistrement : avril-mai 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Mathilde Guermonprez et Marine Vlahovic - Montage : Mathilde Guermonprez - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Samuel Hirsch, Timothée Lerolle, Claire Richard - Musiques originales : Samuel Hirsch - Guitare : Raphaël Morel-Novak - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Jean-Baptiste Imbert, Samuel Leroy-Vergnes - Production : ARTE Radio - Samuel Hirsch, Raphaël Morel-Novak
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Jun 19, 2024 • 39min

Laura Vazquez (2/3)

De plus en plus réelle Bookmakers #30 - L'autrice du mois : Laura VazquezNée en 1986 à Perpignan, Laura Vazquez écrit des poèmes, parfois peuplés d’êtres minuscules et de corps endommagés, publiés en revues, qu’elle lit depuis le début des années 2010 sur la plupart des scènes poétiques de l’Hexagone, traduits en chinois, anglais, espagnol, portugais, norvégien, néerlandais ou arabe. Son premier roman, « La Semaine perpétuelle », sorti en 2021 aux éditions du sous-sol, est distingué d’une mention spéciale du prix Wepler et vendu à dix mille exemplaires. En 2023, elle obtient – à 36 ans – le Goncourt de la poésie pour « Le Livre du Large et du Long », une « épopée versifiée » de 400 pages, en cinq actes, écoulée à cinq mille exemplaires. Elle vit et travaille à Marseille. Laura Vazquez (2/3)Entre 2014 et 2021, Laura Vazquez publie ses poèmes surréalistes dans de nombreuses revues, ou sous la forme de plaquettes aux titres étranges : « Défense et illustration de rien », « La vérité n’est pas un problème » ou encore « La compréhension du langage de toutes les créatures y compris les virus ». La plupart figure aujourd’hui dans l’anthologie intitulée « Vous êtes de moins en réels » (Points, 2021), vendue à cinq mille exemplaires, qui ne contient – a priori – pas un gramme d’autobiographie. L’autrice confie : « Quand j’écris, ce n’est pas la personne limitée habituelle, avec mes goûts, mes envies, mes répulsions. Je tente de me débarrasser de toute forme de volonté. Je ne pense pas. Je suis une impression qui dépasse mes pensées. Il y a une vibration. Comme le cœur d’un nourrisson. Je me relis et je me dis : tiens, qui a écrit ça ? Quand je disparais, la réjouissance est extraordinaire. C’est ce que doit ressentir une araignée qui fait bien son travail. » Dans ce deuxième épisode, examinons comment la tarentule qui n’abuse pas des virgules réussit à tisser, sur sa page, l’équilibre entre le sens et la sensation, la logique du rêve, sa pratique de la métrique, les leçons de l’Argentine Alejandra Pizarnik, la revue « Muscle » qu’elle coanime tous les deux mois depuis dix ans, ou ces ateliers d’écriture hebdomadaires qu’elle a lancés sur Facebook, en 2020, avec succès. Enregistrement : avril-mai 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Mathilde Guermonprez et Marine Vlahovic - Montage : Mathilde Guermonprez - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Samuel Hirsch, Timothée Lerolle, Claire Richard - Musiques originales : Samuel Hirsch - Guitare : Raphaël Morel-Novak - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Jean-Baptiste Imbert, Samuel Leroy-Vergnes - Production : ARTE Radio - Samuel Hirsch, Raphaël Morel-Novak
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Jun 19, 2024 • 50min

Laura Vazquez (1/3)

La main heureuse Bookmakers #30 - L'autrice du mois : Laura Vazquez.Née en 1986 à Perpignan, Laura Vazquez écrit des poèmes, parfois peuplés d’êtres minuscules et de corps endommagés, publiés en revues, qu’elle lit depuis le début des années 2010 sur la plupart des scènes poétiques de l’Hexagone, traduits en chinois, anglais, espagnol, portugais, norvégien, néerlandais ou arabe. Son premier roman, « La Semaine perpétuelle », sorti en 2021 aux éditions du sous-sol, est distingué d’une mention spéciale du prix Wepler et vendu à dix mille exemplaires. En 2023, elle obtient – à 36 ans – le Goncourt de la poésie pour « Le Livre du Large et du Long », une « épopée versifiée » de 400 pages, en cinq actes, écoulée à cinq mille exemplaires. Elle vit et travaille à Marseille. Laura Vazquez (1/3)Ses poèmes sans rimes parlent de médecins fétichistes, d’un chien cassé, du ciel « taré » ou du poids de la voix dans l’air. Depuis dix ans, Laura Vazquez travaille six jours sur sept en « pliant sa langue » pour atteindre quelque chose « qui la dépasse ». Dans « Le Livre du Large et du Long », elle prête les mots suivants à sa narratrice : « Parfois je me dis, lorsque j’écris je pèle. Pèle une grande forme circulaire transparente, c’est une goutte sans limite, elle flotte dans mon esprit et j’en pèle des couches. Elles tombent comme des épluchures. » Comment expliquer l’aura de Laura Vazquez, qui épluche ses intuitions « en avançant dans la brume » ? Quel a été le parcours de cette fille d’employé·e·s de supermarché, qui a « souvent eu l’impression d’avoir du retard, de devoir lire énormément », et qui cite les grands anciens de la Grèce Antique, Homère, Lucrèce ou Démocrite ? Dans ce premier épisode, l’autrice évoque ses premiers textes (des prières, pour sauver sa grand-mère), sa scolarité hasardeuse, deux années en Espagne où elle gagne sa vie en chantant dans la rue France Gall ou Barbara, ou la sortie en 2014 de son premier livre, « La main de la main » aux éditions Cheyne, auréolé du prix de la Vocation.  Enregistrement : avril-mai 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Mathilde Guermonprez et Marine Vlahovic - Montage : Mathilde Guermonprez - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Samuel Hirsch, Timothée Lerolle, Claire Richard - Musiques originales : Samuel Hirsch - Guitare : Raphaël Morel-Novak - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Jean-Baptiste Imbert, Samuel Leroy-Vergnes - Production : ARTE Radio - Samuel Hirsch, Raphaël Morel-Novak
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Apr 17, 2024 • 53min

Nancy Huston (3/3)

Branchée sur 100 000 virevoltes Bookmakers #29 - L'autrice du mois : Nancy HustonNée en 1953 à Calgary (Canada), Nancy Huston est l’autrice de plus de 70 livres depuis 1979, publiés pour la plupart aux éditions Actes Sud. Parmi son flot de romans, essais, poèmes, pièces de théâtre, scénarios, chansons et traductions, citons « Journal de la création » (1990, captivante étude de couples d’écrivain·e·s), « Instruments des ténèbres » (1996, Goncourt des lycéens et du prix du Livre Inter, vendu à 130 000 exemplaires), « Lignes de faille » (2006, prix Femina, écoulé à 400 000 exemplaires rien qu’en France et traduit en quarante-cinq langues) ou « Bad Girl » (2014, formidable « autobiographie intra-utérine » qui éclaire toute son œuvre). Depuis 1973, elle vit et travaille à Paris. Nancy Huston (3/3)Pendant vingt ans, Nancy Huston a écrit tous ses textes en français, sa langue d’adoption. Puis – à partir de « Cantique des plaines » (1993), l’intrépide Canadienne s’est remise à écrire directement dans sa langue maternelle, l’anglais, avant… de traduire elle-même en français le roman du moment, avec de très nombreux allers-retours entre les deux versions. Au final, seule la version française parvient à ses éditeurs et éditrices. C’est « deux fois plus de boulot », mais les problèmes rencontrés dans une langue solutionnent ceux rencontrés dans l’autre. « Être dedans-dehors, dit-elle, c'est la position idéale. Si on se confond trop avec sa culture, on ne peut pas se mettre à distance pour l'analyser. » Une tournure d’esprit qu’elle partage avec l’Irlandais Samuel Beckett, désigné comme son « frère » et son « pied » dans un curieux livre hommage, « Limbes / Limbo ». Il sera aussi question d’un autre exilé grandiose, l’auteur de « La Promesse de l’aube », à propos duquel Nancy imagina le très précis « Tombeau de Romain Gary », qui lui montra qu’il fallait « non pas laisser derrière soi deux ou trois livres, mais toute une étagère ». Dans ce troisième et dernier épisode, l’autrice de « La Virevolte » raconte également sa routine quotidienne. « Être seule du matin au soir, ne vivre qu’avec des personnes imaginaires, vous trouvez cela normal ? Les gens normaux vivent dans un monde à trois dimensions. Moi, j’en ai une quatrième. Avec une autre circulation des significations. Si je n’ai pas ma dose de solitude dans la journée, je deviens très malheureuse et méchante. »  Enregistrement : mars 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Juliette Cordemans - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Clavecin : Thomas Loupias - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Emma Bouvier, Victoire Tuaillon - Production : ARTE Radio - Samuel Hirsch

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