

Club 44 | notre monde en tête-à-têtes
Club 44
Le Club 44 est un centre de débats et de conférences à la pointe de l'actualité.
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Apr 4, 2023 • 1h 43min
Pénuries alimentaires | Alessandro Stanziani
Malgré les prouesses technologiques et la croissance des économies depuis quatre siècles, la faim dans le monde et la pénurie de céréales, de blé en particulier, constituent encore un problème fondamental. Cela s’explique en partie par l’effet combiné des spéculations marchandes et de la géopolitique du blé. Conflits et spéculations donnent lieu à des pénuries extrêmes alors que des millions de tonnes de blé sont détruites chaque année. Alessandro Stanziani suivra ce lien entre marchés et guerres, population et pénurie, à partir du milieu du 17e siècle avec la mise en place des puissances territoriales et des marchés « modernes », puis avec l’essor de l’agriculture dite moderne, avec l’expansion contemporaine de l’Empire russe d’un côté, des empires occidentaux de l’autre, aux Amériques notamment. Des affrontements qui portent essentiellement sur les céréales et qui se poursuivent au 20e siècle, à l’époque de la guerre froide et de la décolonisation, alors même que des marchés spéculatifs globaux se mettent en place. La fin de la guerre froide et la nouvelle globalisation conduisent à cette convergence entre guerres, géopolitique et spéculations autour des céréales et des blés en particulier.
Alessandro Stanziani nous expliquera pourquoi il est faux d’attribuer l’augmentation des prix des céréales et du blé en particulier uniquement à la guerre en Ukraine ou à la pression démographique (argument récurrent depuis le 18e siècle) et, donc, à l’insuffisance de l’offre comme le suggère la théorie économique. Il nous démontrera que ces pénuries sont liées en effet aux relations longues entre marchés, spéculations et tensions géopolitiques.
Alessandro Stanziani est directeur d’études à l’EHESS et directeur de recherche au CNRS (CRH). Il est titulaire de la chaire : Histoire globale des régimes économiques. Il a dirigé deux ouvrages collectifs et publié 150 articles et chapitres d’ouvrage. Il a dernièrement publié « Les métamorphoses du travail contraint » (Paris, Presses de Sciences-Po, 2020) et « Capital Terre. Une Histoire longue du monde d’après » (Actes Sud Payot, 2021). Il a aussi enseigné à Columbia University, à l’Université de Naples, Berlin, Stanford, Princeton, et à l’université de Tokyo (Todai).
Enregistrée le 1er avril 2023 au Club 44

Mar 29, 2023 • 1h 54min
Le travail de l’histoire, un art des déplacements | Patrick Boucheron
L’histoire, aujourd’hui, ne tient plus en place. Saisie par le monde,
troublée par l’effervescence des mémoires, elle aspire à décloisonner
les savoirs et à déplacer les regards. Faut-il s’en inquiéter ? Oui sans
doute si on attend d’elle qu’elle nous conforte dans nos certitudes,
qu’elle rassure nos identités, qu’elle consolide nos continuités.
Mais on peut aussi penser que cette hygiène de l’inquiétude est
susceptible de nous aider à relancer le pari de l’universel. C’est la
position que l’on défendra ici, en s’appuyant sur différents exemples
développés par l’historiographie d’aujourd’hui, notamment pour la
période médiévale, mais pas seulement. En suivant notamment les
voyageurs et les découvreurs, de l’époque antique aux aventuriers
d’un monde devenu clos au XIXe siècle, on cherche aussi à rappeler
que l’histoire est l’art de se ménager des surprises.
Patrick Boucheron est professeur au Collège de France. Membre du comité de rédaction de la revue «L’Histoire» et directeur des publications de la Sorbonne, il s’intéresse à l’écriture et à l’épistémologie de la discipline historique. Il a consacré de nombreux travaux à l’histoire politique et urbaine de l’Italie de la Renaissance, depuis sa thèse «Le Pouvoir de bâtir. Urbanisme et politique édilitaire à Milan, XIVe-XVe siècles» (École française de Rome, 1998). Il a notamment publié « Ce que peut l’histoire » (Fayard, 2016), « Un été avec Machiavel » (Éd. des Équateurs, 2017), « La Trace et l’aura : Vies posthumes d’Ambroise de Milan (IVe-XVIe siècle) » (Seuil, 2019), « Quand l’histoire fait dates : Dix manières de créer l’évènement » (Seuil, 2022). Il est le présentateur de l’émission diffusée sur ARTE «Quand l’histoire fait dates».
En partenariat avec Payot Libraire et dans le cadre du Printemps culturel (PCN)
Enregistrée le 28 mars 2023 au Club 44

Mar 27, 2023 • 1h 49min
Le 1er mars, une histoire européenne ? | Sylvie Aprile et Irène Herrmann
Cette rencontre s’inscrit dans le programme des festivités commémoratives organisées par le canton de Neuchâtel en 2023. Elle inaugure un cycle de réflexion composé de trois séances thématiques qui se tiendront au printemps dans des institutions culturelles emblématiques du canton. Chacune d’entre elles verra deux spécialistes, aussi bien suisses qu’internationaux, dialoguer, entre eux et avec le public, autour des enjeux locaux, transnationaux et globaux des révolutions du milieu du XIXe siècle et de leurs inscriptions dans le temps.
La première conférence qui aura lieu au Club 44 interrogera notamment l’inscription de la révolution neuchâteloise non seulement dans le processus révolutionnaire helvétique ayant abouti en septembre 1848 à la création de la Suisse moderne, mais aussi dans le mouvement du Printemps des peuples ayant suscité de profondes mutations politiques dans l’ensemble de l’Europe.
Sylvie Aprile est professeure d’histoire contemporaine à l’Université Paris Nanterre. Elle est spécialiste de l’histoire politique et sociale de l’Europe du XIXe siècle, et en particulier de l’histoire des révolutions de 1848.
Irène Herrmann est professeure d’histoire transnationale de la Suisse à l’Université de Genève. Elle est spécialiste de la gestion des conflits, des usages partisans du passé, des mécanismes conceptuels et de la réception du politique dans la Suisse des XIXe et XXe siècles.
En partenariat avec la Société d’histoire et d’archéologie du canton de Neuchâtel (SHAN), la Société d’histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle (RH19) et le NCCR – On the move.
Enregistrée le 24 mars 2023 au Club 44

Mar 23, 2023 • 1h 42min
"Frères migrants" | Patrick Chamoiseau
Dans un dialogue avec Eva Baehler, Patrick Chamoiseau évoque «Frères migrants» (Seuil, 2017), un texte à mi-chemin entre l’essai et le manifeste réfléchissant au drame des flux migratoires actuels. S’il rend hommage aux innombrables errants en provenance d’Irak, d’Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan ou encore de Syrie, refoulés aux portes de l’Europe ou réduits à survivre de manière indigne au cœur même des jungles urbaines et périurbaines des villes occidentales, «Frères migrants» se révèle toutefois bien plus qu’une ode de circonstance. Chamoiseau y dénonce avec virulence la « barbarie néo-libérale qui a verrouillé le monde », un système déshumanisant qu’il situe dans le sillage de l’idéologie coloniale. Le gouffre méditerranéen où tant de migrants s’abîment encore ravive ainsi le souvenir de la traite atlantique, de la déportation et de l’asservissement massif de ceux qu’Édouard Glissant appelait les « migrants nus », dépossédés de tout. Mais face aux barbaries d’hier et d’aujourd’hui, Chamoiseau refuse de céder au désenchantement ou à l’oubli : par l’écriture poétique, il tente au contraire d’esquisser la voie d’un autre imaginaire relationnel.
Né à Fort-de-France (Martinique) en 1953, couronné du prix Goncourt pour son roman Texaco (Gallimard, 1992), Patrick Chamoiseau est l’une des grandes voix de la littérature contemporaine. Son œuvre éclectique comporte des contes, des manifestes, des essais historiques et autobiographiques dont la langue, hautement poétique, est marquée par la culture créole. Dans ses publications les plus récentes, « Le Conteur, la nuit et le panier » (Seuil, 2021) et « Le Vent du nord dans les fougères glacées » (Seuil, 2022), Patrick Chamoiseau revient sur la figure fondatrice du conteur antillais tout en expérimentant les possibilités formelles, poétiques et relationnelles offertes par ce qu’il nomme des « organismes narratifs ".
Eva Baehler enseigne le français au Lycée Blaise-Cendras. Elle a consacré sa thèse de doctorat à la question de l’intertextualité dans l’œuvre de Patrick Chamoiseau.

Mar 23, 2023 • 1h 40min
Conférence aux élèves du Lycée Blaise-Cendrars | Patrick Chamoiseau
Patrick Chamoiseau en dialogue avec Eva Baehler.
Né à Fort-de-France (Martinique) en 1953, couronné du prix Goncourt pour son roman Texaco (Gallimard, 1992), Patrick Chamoiseau est l’une des grandes voix de la littérature contemporaine. Son œuvre éclectique comporte des contes, des manifestes, des essais historiques et autobiographiques dont la langue, hautement poétique, est marquée par la culture créole. Dans ses publications les plus récentes, « Le Conteur, la nuit et le panier » (Seuil, 2021) et « Le Vent du nord dans les fougères glacées » (Seuil, 2022), Patrick Chamoiseau revient sur la figure fondatrice du conteur antillais tout en expérimentant les possibilités formelles, poétiques et relationnelles offertes par ce qu’il nomme des « organismes narratifs ".
Enregistrée le 21 mars 2023 au Club 44

Mar 15, 2023 • 1h 47min
L’agroécologie. Des pistes d’action pour faire face à la crise environnementale | table ronde
Table ronde avec : Alexandre Aebi, Danielle Rouiller, Diary Ratsimanrihaja. Modération : Jérémie Forney.
L’agroécologie se caractérise par une agriculture respectueuse des dynamiques naturelles, adaptée aux conditions locales, dans leurs dimensions environnementales et sociales. Elle veut œuvrer aussi en faveur de la santé humaine et de la sécurité alimentaire. Elle évite ainsi dans la mesure du possibles les pesticides et elle se pratique à une petite échelle, misant sur la coopération, et fonctionnant le plus souvent grâce aux circuits courts.
Cette table ronde nous permettra de saisir la multiplicité des pratiques dites « agroécologiques ». Elle mettra en lumière comment elles ouvrent des pistes d’action concrètes et efficaces en regard de la crise environnementale. Il s’agit de réfléchir collectivement aux moyens de renforcer ces initiatives positives et d’augmenter la durabilité de nos systèmes alimentaires.
En collaboration avec les Artisans de la transition. Dans le cadre de la campagne œcuménique de carême 2023 des trois œuvres d’entraide des Eglises : l’EPER, Action de Carême et Être Partenaires.
La table ronde est modérée par Jérémie Forney, professeur au département d’ethnologie à l’Université de Neuchâtel, spécialiste du monde agricole suisse.
Alex Aebi est Maître d’Enseignement et de Recherche en agroécologie à l’Université de Neuchâtel. Après une thèse de doctorat en entomologie, il s’est tourné vers une recherche plus appliquée en dirigeant un groupe travaillant sur la lutte biologique et les insectes invasifs à l’Agroscope. Il y a 6 ans, il a pris ses fonctions à l’Université de Neuchâtel où il est responsable d’un bachelor en biologie ethnologie. Il s’est formé en sciences sociales en menant des projets de recherche, au côté de professeurs de l’Institut d’ethnologie.
Diary Ratsimanarihaja, est née et a grandi à Madagascar, où elle a poursuivi des études pour devenir ingénieure agronome. Un choix pertinent dans un pays où 80% de la population dépend de l’agriculture. Elle s’est ensuite spécialisée en agroéconomie et obtient un diplôme de l’IHEID Genève en Politique et pratique du développement. Elle est actuellement membre de la coordination d’Action de Carême à Madagascar. En tant que responsable des thématiques agroécologie et changements climatiques, elle met son savoir et son énergie au service des populations locales dans le but de renforcer leur sécurité alimentaire et leur autonomie économique.
Depuis plus de 20 ans, Danielle Rouiller, agricultrice bio s’occupe de l’ancien domaine de l’Ecole d’Agriculture du site Evologia à Cernier. Elle s’engage activement pour des systèmes de production durables.
Enregistrée le 14 mars 2023 au Club 44

Mar 8, 2023 • 59min
Bord de scène suivant le spectacle "Le Souper" | Julia Perazzini et Vinciane Despret
Bord de scène suivant le spectacle "Le Souper" au Temple allemand , en compagnie de Julia Perazzini et Vinciane Despret. Dans le cadre de Big bounce, un partenariat entre le Centre de culture ABC, le Théâtre populaire romand et le club 44.
Comédienne, performeuse, ventriloque, transformiste d'exception, Julia Perazzini imagine dans sa pièce « Le Souper », un dialogue avec son frère décédé. L'artiste invoque et désamorce sa propre peur de la mort pour l'offrir en miroir aux spectateurs et, une fois n'est pas coutume, l'envisager comme une puissance d’activation du vivant.
En conversant avec l'absent, Julia Perazzini élabore une déroutante alchimie entre souffle, corps et voix, qui réveille notre relation avec l’invisible, l’irrationnel, donne la parole aux recoins endeuillés ou figés de nous-mêmes. Elle méduse l'étrangeté, voire la légitimité, de la frontière entre ce qui est dit “absent” et dit “présent”.
Pouvons-nous transgresser les règles des possibles connexions entre les êtres ? Il y va de la constitution d'un “nous”.
Elle n'a pas connu ce frère, disparu avant qu'elle ne naisse. C'est ainsi dans un grand vent de liberté formelle, mais avec pudeur et délicatesse, que l'artiste s'autorise à rêver que la vitalité de son frère pourrait réinsuffler de la vie là où les choses sont gelées, révélant ce terreau créatif et incorruptible de nos parties enfouies.
Vinciane Despret est philosophe, et passionnée par l'éthologie. Elle a participé à plusieurs projets pluridisciplinaires proposés par le Théâtre de Vidy à Lausanne. Elle est notamment l'auteure de « Au bonheur des morts », qui a fortement inspiré la création de Julia Perazzini. La veille, elle est au Club 44, dans le cadre de BIG BOUNCE pour la conférence « Si les animaux écrivaient, pourrions-nous les lire ? »
Enregistré au Centre de culture ABC (Temple allemand) le 25 mai 2022.

Feb 22, 2023 • 1h 51min
La guerre froide réchauffée | Alexandre Vautravers
La guerre froide réchauffée, un an de guerre en Ukraine, et après ? | Conférence d'Alexandre Vautravers.
Le conflit armé le plus grave depuis un demi-siècle ébranle les certitudes et les « progrès » réalisés depuis l’éclatement de l’URSS. Quels sont les objectifs, les enjeux, les leçons ? À quels scénarios peut-on s’attendre? Et comment cette guerre pourrait-elle se conclure ? Il faut réapprendre à lire le monde. Les « dividendes de la paix » sont révolues depuis longtemps et le monde se réarme. L’usage de la force se banalise. On reparle désormais de sécurité, d’État et de frontières. Quels impacts sur la communauté internationale, la paix et le droit, la mondialisation et l’économie de demain ? Le conflit en Ukraine annonce t-il d’autres conflits, encore plus considérables et existentiels ?
Depuis 2015, Alexandre Vautravers est chargé de mission au Département de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS) de l’État de Genève. Chargé des questions touchant à l’organisation et à la réforme de la police et de la protection civile. il est aujourd’hui responsable de la coordination de la réponse genevoise à la situation ukrainienne. Colonel d’état-major général (EMG) et commandant en second de la brigade mécanisée 1 jusqu’en 2019, Alexandre Vautravers est depuis 2006 rédacteur en chef de la Revue militaire suisse (RMS+). Depuis 2019, il sert aussi en tant que sous-chef d’état-major auprès du chef de l’Armée suisse, au sein de l’état-major militaire stratégique (MSS). Ancien chef de bataillon et expérimenté dans les missions de soutien à la paix, il est également directeur scientifique du Centre d’Histoire et de Prospective Militaires (CHPM) à Pully. Alexandre Vautravers a créé et coordonné le programme de CAS/MAS en Sécurité globale et résolution des conflits à l’Université de Genève, après avoir enseigné dans plusieurs universités à Accra, Beijing, Londres, Oxford ou Téhéran. Il enseigne de plus les Relations internationales à Genève depuis 2006. Docteur en Histoire et en Sciences économiques, ses domaines de recherche et de publication sont les relations internationales et les questions de sécurité, l’évolution des conflits armés et celle de la technologie de l’industrie d’armement ainsi que les questions humanitaires.
Enregistrée le 21 février 2023 au Club 44

Feb 21, 2023 • 1h 39min
Artiste, photographe, éditrice : un double parcours | Géraldine Lay
Geraldine Lay revient sur sa carrière de photographe auteur en parlant de sa formation, de ses influences et de la façon dont a évolué son travail au fil des résidences, de ses découvertes personnelles et aussi de ses contacts avec le milieu de l’édition qu’elle fréquente au quotidien comme éditrice dans le domaine de la photographie. Durant cette conférence, elle témoigne des rapports particuliers qui se nouent avec les artistes, les conservateurs et les historiens dans ce domaine. Et elle s’interroge sur la spécificité de l’édition photographique, sur son évolution, et sa place aujourd’hui dans l’édition artistique en général.
La conférence est suivie des projections de la Nuit de la Photo.
En partenariat avec la Nuit de la Photo dans le cadre de sa 10e édition. www.nuitdelaphoto.ch
Originaire de Bourgogne, Géraldine Lay a obtenu une maîtrise d’Histoire de l’art à Lyon II en 1994, avant d’être diplômée en 1997 de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles où elle réside depuis. Elle a débuté son expérience professionnelle au service fabrication Beaux-livres des éditions Actes Sud, dont elle deviendra responsable à partir de 2000 après une formation aux métiers du livre à Nantes, le CECOFOP. En 2019, elle a été nommée éditrice pour la Photographie et l’Art contemporain au sein de la même maison d’édition. Elle poursuit en parallèle un travail de photographe, représentée par la Galerie le Réverbère à Lyon depuis 2005. Son travail, est le fruit de la manière singulière dont elle recourt à la photographie pour illustrer son appréhension du monde.
Enregistrée le 18 février 2023 au Club 44

Feb 20, 2023 • 32min
Failles ordinaires | Vernissage de l'exposition de Géraldine Lay
Vernissage de l’exposition de Géraldine Lay
Commissariat : Galerie Le Réverbère, Lyon et Nuit de la Photo
S’immerger dans le réel et lui donner le souffle d’une fiction, affronter ses contemporains en auteur plus qu’en spectateur, le travail de Géraldine Lay rejoint l’ambition de l’écrivain quand, dans sa démarche de photographe, cohabitent la rigueur descriptive et les saveurs du style. Nourrie d’une passion pour le cinéma et pour la peinture, l’œuvre ancre la photographie dans une recherche profonde sur l’esprit des lieux tel que l’incarnent celles et ceux qu’on y croise, passants ou autochtones. Visitée dans ses latitudes septentrionales, parcourue d’Helsinki à Saint-Pétersbourg et au Nord de l’Angleterre, la vieille Europe prête ses décors à la figuration involontaire des gens, groupes ou individus, qui laisse d’abord croire à une mise en scène. Or, cette aptitude à la fiction feinte par l’instantané qui fige, confortée par le jeu de lumières pleines ou obliques, opère dans l’ensemble des essais jouant sur la ligne qui sépare la réalité cernée par l’artiste et la pièce qu’elle en restitue. Avec les séries « Où commence la scène », « Un mince vernis de réalité » nous ne sommes jamais loin des « Failles ordinaires », où le vrai paraît si vrai qu’on le met en doute avant d’adhérer à l’image, pleinement. Assemblées dans l’exposition, les photographies de villes du Nord ou de résidences en France sont représentatives de la manière singulière dont elle recourt à la photographie pour illustrer son appréhension du monde, plus sensible que documentaire, aussi juste qu’esthétique. (Hervé Le Goff)
Exposition du 17.02 au 6.04.2023
À la suite de la présentation de l’exposition, sera projetée la série Far East de Géraldine Lay ainsi que 2 séries de photographes proches de G. Lay tirées de la programmation de la Nuit de la Photo.
En partenariat avec la Nuit de la Photo dans le cadre de sa 10e édition. www.nuitdelaphoto.ch
Enregistrée le 17 février 2023 au Club 44