

La Maison de la Poésie
Maison de la Poésie Paris
La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...
Episodes
Mentioned books

Sep 18, 2023 • 1h 17min
Zeruya Shalev – Stupeur
Rencontre animée par Gisèle Sapiro
Interprètes : Michel Zlotowski & Lior Silberstein
Au chevet de son père mourant, Atara recueille les propos confus de cet homme qui l’a élevée avec sévérité. Il l’appelle Rachel, du nom de sa mystérieuse première épouse, s’adresse à elle par une vibrante déclaration d’amour. Troublée, Atara retrouve sa trace et réveille chez cette femme âgée un douloureux passé dans la lutte armée clandestine. Rachel n’a rien oublié de ces années de résistance contre les Anglais, avant la fondation de l’État d’Israël, et surtout pas le prénom de celle qui aujourd’hui se présente à elle. Mais de qui Atara porte-t-elle le nom ? La rencontre entre ces deux femmes bouleversera de façon inattendue leur existence et liera à jamais leur destin.
En sondant magistralement l’âme humaine, Zeruya Shalev montre comment l’histoire collective d’une société fracturée bouscule les liens privés.
À lire – Zeruya Shalev, Stupeur, trad. de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, Gallimard, 2023.
– Gisèle Sapiro, Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ?, Seuil, 2020.

Jul 20, 2023 • 1h 15min
Ovidie – La chair est triste hélas
Lecture par l’auteure accompagnée de Position Parallèle
Rencontre animée par Kerenn Elkaïm
Lecture musicale & rencontre
« Ce texte n'est ni un essai, ni un manifeste. Il n'est en rien une leçon de féminisme ni un projet de société. (...) Je l'ai pensé comme une série d'uppercuts dans le vide, une gesticulation vaine, les babines retroussées d'un animal blessé qu'on n'ose aider à se redresser. Il est un vernis qui craquelle si on le gratte trop fort et qui laisse apparaître ma laideur et celle des autres, celle qu'on ne peut pas voir. Il est tout ce que je ne peux dire, tout ce que je m'interdis de verbaliser de peur que mes mots dépassent ma pensée. » Il est surtout un texte qui sème magnifiquement le trouble. Militante du mouvement pro-sexe dans les années 1990, l’autrice et réalisatrice Ovidie, figure féministe lumineuse, livre le récit sans fard de la trajectoire qui l’a conduite à sortir de la sexualité.
À lire – Ovidie, La chair est triste hélas, coll. « Fauteuse de trouble », Julliard, 2023.

Jul 12, 2023 • 1h 12min
La Cloche de détresse de Sylvia Plath
Lecture par Constance Dollé
Rencontre avec Jakuta Alikavazovic
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
Esther Greenwood est folle de joie lorsqu’elle décroche un stage dans un magazine de mode new-yorkais. Mais entre les cocktails et les rédaction d’articles, la vie d’Esther commence à lui échapper, notamment lorsqu’elle apprend que le prestigieux atelier d’écriture auquel elle a postulé l’a refusée. Dans la langueur de l’été 1953, elle sombre dans une brutale dépression et se fait interner.
Ce roman semi-autobiographique de Sylvia Plath offre un regard intime, réaliste et déchirant sur la maladie mentale.
Célébré pour son humour noir et son portrait acéré de la société patriarcale des années 1950, ce roman continue de résonner auprès des lecteurs d’aujourd’hui.
« Le silence me déprimait. Ce n’était pas le silence du silence. C’était mon propre silence. »
La cloche de détresse, Sylvia Plath
À lire
– Sylvia Plath, La Cloche de détresse, préface de Jakuta Alikavazovic, trad. de l’anglais (États-Unis) par Caroline Bouet, éd. Denoël, 2023.
– Janet Malcolm, La Femme silencieuse – Sylvia Plath & Ted Hugues, trad. par J. Alikavazovic, éd. du sous-sol, 2023.

Jul 12, 2023 • 1h 3min
Hélène Frappat & Alice Diop
Rencontre animée par Sylvain Bourmeau
Alice Diop est réalisatrice. En 2022, elle réalise Saint Omer, film qui retrace le procès d’une mère qui en 2013 avait laissé sa fille de 15 mois sur une plage de Berck-sur-Mer. Avant cette première fiction, Alice Diop a réalisé plusieurs documentaires, dont Nous (2021), voyage, en suivant le tracé du RER B, dans ces lieux indistincts qu’on appelle la banlieue. Elle est membre du Collectif 50/50 qui œuvre à la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.Dans son nouveau roman, Trois femmes disparaissent, Hélène Frappat s’intéresse à une lignée de stars hollywoodiennes, Tippi Hedren la grand-mère, la fille Melanie Griffith, et la petite fille Dakota Johnson. Une enquête sur la place des femmes à Hollywood, qui révèle les défis auxquels elles sont confrontées de génération en génération.
La réalisatrice et l’autrice se connaissent, elles ont travaillé ensemble autour de la sortie de Saint Omer. Cette soirée sera donc l’occasion de mettre à jour les échos et points de rencontres entre leurs thématiques et démarches respectives.
« Les absents sont les personnes ni vivantes, ni mortes, dont un jugement a constaté “la présomption d’absence” depuis dix ans, la personne ayant « cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence, sans que l’on en ait eu de “nouvelles.” »
Trois femmes disparaissent, Hélène Frappat
À lire – Hélène Frappat, Trois femmes disparaissent, Actes Sud, 2023.

Jul 12, 2023 • 1h 29min
Didier Eribon – Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple
Rencontre animée par Antoine Idier
Il y a quelques années, la mère de Didier Eribon est entrée en maison de retraite. Après plusieurs mois au cours desquels elle a peu à peu perdu son autonomie physique et cognitive, Didier Eribon et ses frères ont dû se résoudre à l’installer, malgré ses réticences, dans un établissement médicalisé. Mais le choc de l’entrée en maison de retraite fut trop brutal et, quelques semaines seulement après son arrivée, elle y est décédée. Après la mort de sa mère, Didier Eribon reprend le travail d’exploration personnelle et théorique qu’il avait entrepris dans Retour à Reims après la mort de son père. Il analyse le déclin de sa mère, ce qui l’amène à réfléchir sur la vieillesse et la maladie, sur nos rapports aux personnes âgées et à la mort, mais aussi sur l’expérience du vieillissement. Il s’interroge également sur les conditions de l’accueil des personnes dépendantes. Il montre que si l’expérience du vieillissement nous est très difficile à penser, c’est parce qu’il s’agit d’une expérience-limite dans la philosophie occidentale, dont l’ensemble des concepts semblent se fonder sur une exclusion de la vieillesse. Eribon reparcourt également la vie de sa mère, et notamment les périodes où elle était femme de ménage, ouvrière puis retraitée, la saisissant dans toute sa complexité, de sa participation aux grèves à son racisme obsessionnel. Il conclut sa démarche en faisant de la vieillesse le point d’appui d’une réflexion sur la politique : comment pourraient se mobiliser des personnes qui n’ont plus de mobilité ni de capacité à prendre la parole et donc à dire « nous » ? Les personnes âgées peuvent-elles parler si personne ne parle pour elles, pour faire entendre leur voix ?
À lire – Didier Eribon, Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple, Flammarion, 2023.

Jul 12, 2023 • 1h 22min
Camille Laurens – Inventer le désir
Rencontre animée par Gisèle Sapiro
Camille Laurens est l’autrice de dix romans, parmi lesquels Dans ces bras-là (prix Femina 2000), Romance nerveuse et Celle que vous croyez, adapté au cinéma par Samy Nebbou. Elle a aussi écrit des récits, dont Philippe, des essais, notamment Les fiancées du diable, consacré aux femmes terrifiantes dans l’art, et La petite danseuse de 14 ans, autour de la célèbre sculpture de Degas. Elle est traduite en une trentaine de langues. Nous la recevons à l’occasion de la publication d’une partie de son œuvre en collection Quarto. Écrire, pour Camille Laurens, c’est enfreindre la loi du silence – et la recommandation familiale, celle de se taire. Écrire, c’est jouer avec la richesse des mots et les circonvolutions de la langue. Écrire, c’est sa réponse à un désir impérieux, celui de vivre et d’être en vie. Par les documents personnels et le choix d’entretiens rassemblés dans ce volume s’érige un pont entre vie et écriture, fiction et réalité, présence et absence, véritable fil d’Ariane tendu au lecteur, destiné à déambuler dans l’œuvre « labyrinthique » de Camille Laurens, depuis son premier roman Index (1991) jusqu’à Fille (2020).
« Il n’y a jamais eu pour moi de grande différence entre le désir d’aimer et le désir d’écrire. C’est le même élan vital, le même besoin d’éprouver la matérialité de la vie. Aimer, écrire : rester vivante. »
Inventer le désir, Camille Laurens
À lire – Camille Laurens, Inventer le désir, Gallimard (Quarto), 2023.

Jul 12, 2023 • 1h 27min
L’Île Équinoxe, Anthologie poétique de Jean Fanchette
Lecture par Anna d'Annunzio
Entretien avec Philippe Rey & J.M.G. Le Clézio (en duplex des Etats-Unis)
Entretien animé par Julien Viteau
« La poésie de Jean Fanchette est exigeante, elle est authentique dans chacune de ses paroles, dans la richesse de son rythme, la valeur de ses mots. Il n’est pas indifférent que dans le monde moderne, imbu de théorie et assourdi de certitudes, ce soit cette voix très ancienne, qui charrie toute la complexité et l’originalité de la culture mauricienne, il n’est pas indifférent que ce soit cette voix-là qui nous donne foi dans la poésie. » J. M. G. Le Clézio
L’Île Équinoxe, anthologie poétique de Jean Fanchette, (Île Maurice 1932 – Paris 1992) poète, éditeur et neuro-psychanalyste rassemble, selon le plan laissé par avant sa mort, les différents recueils composant son œuvre poétique. Empreints de rigueur formelle, ces écrits disent la nostalgie de l’île d’origine, abandonnée très tôt pour la patrie d’exil : « Je ne suis pas d’ici. Je ne suis plus d’ailleurs. » Cet arrachement ne laisse plus au poète qu’une « identité provisoire ». L’Île Équinoxe est traversée par la voix vibrante d’un homme qui, grâce à l’aventure du poème, peut se réapproprier un monde perdu.
« Je suis debout dans la trouble lumière
Arrimé à de petites choses, une odeur, une couleur
L’odeur du vent traverse l’espace salé de la lagune qui habite en moi,
Qui bat dans mon sang vagabond d’hémisphères »
L’Ile Equinoxe : Poèmes 1954-1991, Jean Fanchette
À lire – Jean Fanchette, L’Île Equinoxe, (préface de J.M.G. Le Clézio, postface de Michel Deguy), réédition chez Philippe Rey, 2023.

Jul 12, 2023 • 1h 6min
Violette d’Urso – Même le bruit de la nuit a changé
Lecture musicale par l’autrice & Adrian Edeline
Rencontre animée par Camille Thomine
« J’ai passé des années à être déçue par tout le monde parce que tout le monde n’était pas mon père. » Anna, l’héroïne du premier roman de Violette d’Urso, est encore une enfant quand son père meurt brutalement. Elle remplit son absence par quelques objets hétéroclites, par des histoires qu’on lui a racontées et par son puissant imaginaire. Jeune femme, elle comprend qu’elle ne sait pas quoi faire de cette « souffrance de déracinée ». Cette douleur se révèle à elle par le corps : sans le savoir, « j’avais commencé la destruction de ma vitalité à tout juste six ans. » À partir d’un répertoire qui lui a appartenu, elle arpente les villes d’Italie, d’où son père était originaire, et remonte pas à pas l’histoire de sa famille. C’est à la rencontre de cet homme qu’elle doit aller. Et c’est un véritable personnage de roman qui l’attend.
À lire – Violette d’Urso, Même le bruit de la nuit a changé, Flammarion, 2023.

Jul 12, 2023 • 1h 23min
« Dans la splendeur d’une nuit haïtienne » avec Dany Laferrière
« J’ai toujours rêvé d’une biographie qui exclurait les dates et les lieux pour ne tenir compte que des émotions ou des sensations, mêmes fugaces. La première fois que j’ai vu une libellule. La fois que je suis entré dans la mer en ignorant qu’il fallait savoir nager. La fois que j’ai assisté à l’exécution d’un prisonnier politique près du cimetière de Port-au-Prince. Le dernier regard de ma mère me voyant partir en exil. Ma première promenade dans la cour de l’Académie. Et toutes les fois que j’ai regardé dans un ciel étoilé en espérant trouver la Niña Estrellita. »
Dany Laferrière
Dany Laferrière nous entraîne dans une merveilleuse lecture-conférence-projection avec sa poésie et ses poètes préférés. Une façon joyeuse de saluer un parcours exceptionnel d’écrivain (37 livres et de multiples distinctions depuis 1985) et de conjuguer un compagnonnage ainsi que nos anniversaires : il y a dix ans tout juste il ouvrait la programmation de la Maison de la Poésie devenue “scène littéraire”, il y a dix ans également, il entrait à l’Académie Française. Pardon pour les dates, place à l’émotion.
« Je marcherai
s’il le faut
toute la nuit
afin de me
rendre disponible
à l’imprévu. »
Dans la splendeur de la nuit, Dany Laferrière
À lire
– Dany Laferrière, Vers d’autres rives, éd. de l’Aube 2019
– Dans la splendeur de la nuit, Points, 2022
– Petit traité du racisme en Amérique, Grasset, 2023.

Jul 12, 2023 • 59min
Maylis de Kerangal – « Rouge »
Lecture par l’autrice
À l’occasion d’un prix littéraire canadien qui lui a été attribué, Maylis de Kerangal a été invitée à composer un recueil de textes : c’est cet Archipel qui paraît aujourd’hui. Y sont rassemblés des fictions, des essais et des récits, des « îles » aux formes et histoires différentes, qui tiennent ensemble par une unité sous-jacente, un « même climat, un même idiome, une même origine géologique. » En ouverture, la novela « Rouge » serait l’île principale où s’ancre la langue, sa possibilité d’exploration et de suspension. La narratrice y déploie un souvenir, une expérience personnelle vécue à la fin des années 1980 d’un dimanche où elle a été embauchée comme hôtesse à l’hippodrome de Longchamp.
Différencier, spécifier, individualiser : il s’agit toujours d’en découdre avec les généralités, de rompre avec les stéréotypes qui débrident la haine, là où singulariser apporte l’affect qui la combat.
“Danseurs, plongeurs, descripteurs” – Un archipel, Maylis de Kerangal
À lire – Maylis de Kerangal, Un archipel. Fiction, récits, essais, Les Presses de l’Université de Montréal, 2023.