Mon Carnet, l'actu numérique

L'ambassadeur Stéphane Dion se félicite de la présence exceptionnelle du Canada à VivaTech, la qualifiant d’occasion stratégique pour affirmer le leadership canadien en intelligence artificielle, dans un contexte géopolitique incertain. Selon lui, l’expertise du Canada en IA renforce sa réputation de partenaire fiable auprès des Européens, désireux de coopérer plus étroitement. Cette dynamique s’inscrit aussi dans la volonté politique de diversifier les relations économiques au-delà des États-Unis, en renforçant les liens avec l’Europe. Dion encourage les entreprises canadiennes à explorer ce marché en s’appuyant sur les services commerciaux du pays.

Le président de Scale AI, Julien Billot, se réjouit de la plus grande délégation canadienne jamais envoyée à un événement tech, avec plus de 650 participants à VivaTech. Il souligne que cette présence, planifiée bien avant les bouleversements politiques aux États-Unis, tombe à point pour affirmer la place du Canada sur la scène mondiale de l’IA. L’écosystème canadien, selon lui, est désormais mûr pour l’exportation, passé du stade de start-up à celui de scale-up.

À VivaTech 2025, le Canada était à l'honneur, avec une délégation record de 650 participants et plus de 200 entreprises, majoritairement issues du secteur de l’IA. Bruno Guglielminetti et Jérôme Colombain saluent cette forte présence, symbole d’un rapprochement stratégique entre le Canada, la France et l’Europe dans un contexte de désengagement américain. L’édition, marquée par l’enthousiasme du public (165 000 visiteurs), a aussi mis en lumière les paradoxes européens : volonté de souveraineté numérique, mais dépendance persistante aux technologies américaines. Les robots humanoïdes de Unitree, bientôt distribués en France, ont retenu l’attention, tout comme la percée des pays du Maghreb et du Moyen-Orient, en quête de talents. Enfin, les deux collègues ont souligné la maturité croissante de l’événement, devenu incontournable sur la scène tech mondiale.

Jean-François Poulin échange avec Marianne Carpentier, chercheuse UX chez Mozilla, sur un malaise partagé dans le métier : la difficulté à faire reconnaître la valeur stratégique de la recherche UX auprès des milieux d’affaires. Trop souvent cantonnée à un rôle technique ou marginalisé dans les grands projets, la discipline doit repenser son langage, ses livrables et son positionnement. Pour survivre et évoluer, les UX researchers doivent sortir de leur cocon méthodologique et se rapprocher des enjeux d’entreprise, en se positionnant comme de véritables conseillers stratégiques.

Stéphane Ricoul explore comment l’intelligence artificielle peut offrir des leviers concrets au secteur manufacturier, en pleine turbulence depuis 2020. Face aux défis de planification, de qualité, de logistique ou de maintenance, l’IA permet d’anticiper, de stabiliser et de mieux répartir les charges. Loin des promesses spectaculaires, il s’agit d’initiatives ciblées, accessibles, qui redonnent du contrôle dans un environnement instable.

Le rédacteur en chef de We Are Tech Africa, Muriel Edjo, met en lumière 13 pays africains classés parmi les 100 meilleurs écosystèmes de startups au monde, selon Startup Blink. En tête : Afrique du Sud, Kenya et Égypte, cette dernière investissant massivement dans l’éducation numérique et l’IA en classe. Même la Somalie figure au classement, signe d’un changement d’image et de stratégie. Au Burkina Faso, l’application Alliance Pharma facilite l’accès rapide aux médicaments via la géolocalisation des pharmacies. Ces exemples démontrent comment le numérique peut répondre efficacement aux réalités locales et soutenir l’innovation sur le continent.

Thierry Weber revient sur l’investissement de 400 millions de dollars de Microsoft en Suisse pour développer ses infrastructures cloud et IA. Une annonce stratégique, mais qui soulève des questions de souveraineté numérique : bien que les données soient stockées localement, elles restent soumises au droit américain via le Cloud Act. Alors que Microsoft s’impose dans l’écosystème helvétique, des initiatives locales peinent à rivaliser. Pour Weber, cet essor du cloud étranger est autant une opportunité de formation qu’un risque de dépendance numérique préoccupante.

François Sorel célèbre les 25 ans de son émission technologique emblématique « De quoi je me mail », née sur RMC et passée par le podcast, la radio et la télévision. Fier de sa longévité, il souligne la constance de son approche éditoriale et l’attachement du public, dont certains l’écoutent depuis l’adolescence. Sorel évoque sa passion intacte, les grands moments vécus — comme le 11 septembre 2001 —, les bouleversements technologiques marquants (iPhone, Spotify, IA), et les nombreuses figures qui ont contribué à l’émission. Il souhaite poursuivre l’aventure au moins jusqu’aux 30 ans, avec le même plaisir de partager la tech.

Catherine Dupont-Gagnon alerte sur une nouvelle tactique d’espionnage : l’exploitation de Google Calendar par le groupe APT41, lié à la Chine. Ces pirates envoient de fausses invitations contenant des liens malveillants, parfois visibles sans même avoir accepté l’événement. Une fois cliqué, un logiciel espion s’installe discrètement. Ce vecteur, à la fois banal et légitime, rend la menace difficile à détecter. Pour s’en protéger, il faut désactiver l’ajout automatique d’invitations, éviter les liens inconnus et renforcer la sécurité de ses comptes professionnels sensibles.

La sénatrice Julie Miville-Dechêne relance son projet de loi visant à restreindre l'accès des mineurs à la pornographie en ligne, sous le nom de S-209. Cette nouvelle version mise sur des technologies d’estimation d’âge moins intrusives, comme la reconnaissance faciale ou de la main, en plus d’un encadrement rigoureux par des tiers certifiés. Elle insiste sur l’impact négatif des contenus violents sur la sexualité et la perception des jeunes, et réfute les critiques la qualifiant de moraliste. Tout en appelant à une réglementation étendue incluant les médias sociaux, elle espère que le gouvernement intégrera ces mesures dans un cadre législatif plus large, à l’image d’initiatives déjà en place aux États-Unis et en Europe.