Podcast Mosaïque avec Antoine Mercier

Il y a trois mois, la psychanalyste Sonya Zadig appelait sur Mosaïque les musulmans à « briser le silence » face au 7 octobre.Dans un nouvel entretien introspectif, elle révèle l’origine de la haine entre Juifs et musulmans. Haine qui rencontre, selon elle, son point culminant dans leur représentation respective du « sacrifice » d’Isaac. Elle explore les voies et les moyens de briser l’enfermement matriciel que produit la culture islamique. Pour un musulman en effet, « appartenir à la "Oumma", c’est faire corps avec le même et rejeter tout ce qui n’est pas soumis à la loi d’Allah. » Dans ce cadre hermétique, « la figure du Juif en tant qu’elle convoque la différence et l’altérité assumée devient insupportable ».Comment, dans ces conditions, sortir de la matrice ?Pour Sonya Zadig, c’est la femme musulmane qui détient de la clé de la libération : « L’islam accèdera à la modernité par la femme ».

Grâce à l’abstention des États-Unis, le Conseil de sécurité des Nations-Unis vient d’adopter une résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Le fossé se creuse entre Israël et les Nations. D’un côté, la très grande majorité des Israéliens s’accorde sur la nécessité de mener à son terme l’offensive contre le Hamas. De l’autre, la communauté internationale juge cet objectif illégitime et qualifie d’ « intolérables » les moyens mis en œuvre pour l’atteindre. Comment comprendre cette incompréhension grandissante ? Dans un entretien qui plonge au cœur de l’antijudaïsme chrétien, l’historien Jacques Ehrenfreund, titulaire de la chaire d’histoire des Juifs et du judaïsme à l’université de Lausanne, explique pourquoi les Juifs sont aujourd’hui encore accusés de n’avoir pas compris le message universaliste du christianisme : en faisant la guerre, Israël est à nouveau considéré comme porteur d’une menace pour la paix et pour l’unité du monde. Vous retrouvez le texte d’une conférence sur ce thème donnée au MahJ par Jacques Ehrenfreund sur le site de la revue K en cliquant sur le lien suivant : https://k-larevue.com/le-retour-de-la-guerre-les-juifs-et-la-crise-de-lhistoire/

Raphaël Bécache a 25 ans. Le 7 octobre, quand son responsable d’unité l’a appelé, il était à Paris. Il devait rentrer au plus vite. Son unité allait être mobilisée sur le front. Dès le lendemain, il retrouve ses camarades. Quelques jours plus tard, il est envoyé à Gaza. Dans un entretien étonnant de fraîcheur et de maturité, il nous raconte son engagement et nous révèle l’état d’esprit d’une génération qui s’est levée spontanément mais « en professionnels » pour défendre Israël. Il dit ses attentes et ses espoirs pour l’après-guerre et en appelle à "moins de certitudes et à plus de nuances". Mais Raphaël Bécache se bat également sur le front de l’information. Il dirige l’Association « Diploact » qui s’est donnée pour mission de combattre l’image négative d’Israël à travers le monde et en particulier sur les campus occidentaux. Et l’on se prend à rêver que cette génération devienne le nouveau visage d’Israël.

Comment fêter Pourim après le 7 octobre ? Jonathan Weizman, consultant en innovation et spécialiste de droit talmudique, a accepté pour Mosaïque de se lancer dans le difficile exercice qui consiste à mêler tradition et actualité. Dans un entretien audacieux, il fait le parallèle entre l’histoire que nous raconte le livre d’Esther et la période que nous traversons. Parmi les points communs : une intention génocidaire venue de Perse, un même voilement de la présence divine, et le déguisement conçu comme dévoilement d’identité. La différence fondamentale réside toutefois dans le fait que Pourim s’est déroulé en exil tandis que le 7 octobre a atteint Israël sur sa terre. Et s’il fallait en conclure que l’assimilation aux Nations était aussi un risque pour les Israéliens ? Et si Pourim cette année était pour eux l’occasion de faire tomber les masques d'emprunt pour se déguiser en ce qu’ils sont vraiment ?

La mobilisation exceptionnelle des jeunes dans l’armée au lendemain du 7 octobre, au regard de l'appel à la désertion qui l'a précédée, a fortement impressionné la société israélienne. Dans un plaidoyer pour un renouveau identitaire, l’avocate Brigitte Ullmo-Bliah, présidente de la Midreshet Yehuda Manitou, voit dans cet élan spontané une manifestation de la singularité d'Israël. En se montrant capable de faire face à la barbarie, Israël se démarque ainsi de l‘affaissement de la volonté de lutter qui domine en Occident. Elle démontre que la véritable force d’Israël réside dans un retour à ses propres valeurs et à son identité collective qui, comme l’avait enseigné Manitou, passe par un renouveau de son hébraïté.

Comment Israéliens et Palestiniens vivent-ils l’épreuve de la guerre ? Dans un entretien étincelant, le psychanalyste Daniel Sibony évoque les deux souffrances qui se font face. D’un côté, la population de Gaza impliquée dans le projet mortifère d’effacer Israël. De l’autre, un peuple en deuil d’une image de soi et en lutte pour la préservation de son existence. D’un côté une loi narcissique qui enclot l’identité et ne laisse aucune place à l’altérité. De l’autre, une loi qui ouvre sur la dimension symbolique et rend possible le rapport éthique à autrui. Dans ce combat, les Nations observent Israël comme un funambule sur son fil. Parfois en espérant sa chute. Le plus souvent en attendant qu’il réussisse.

Après plus de 5 mois de guerre, ne faut-il pas soulever des interrogations sur la réussite de la riposte israélienne à Gaza ? La question est devenue d’autant plus légitime que le soutien américain parait atteindre ses limites. Rafah est dorénavant considérée comme une « ligne rouge » pour la communauté internationale. Dans un entretien à la fois lucide et serein, le journaliste et essayiste Michel Gurfinkiel explique pourquoi la guerre de Gaza est nécessairement longue. Il explore les risques d’une situation particulièrement inflammable où les conflits sont comme emboités les uns dans les autres. Il dévoile enfin les raisons de l’ambivalence du soutien américaine et les contradictions internes de la position de l’administration démocrate. Et si le Plan Biden visant à établir un « protectorat international » sur Gaza pour relancer « la solution à deux États » faisait fi des intérêts vitaux d’Israël ?

Pourquoi le monde occidental soutient-il avec tant d’insistance la cause palestinienne ? Pourquoi finance-t-il des institutions connues pour être corrompues et terroristes, comme l'UNRWA ? Pourquoi demande-t-il avec véhémence l’arrêt de la riposte israélienne ? Dans un entretien qui puise aux sources bibliques, le Rav Simsovic répond à ces questions. Selon lui, le monde occidental ne soutient pas les Palestiniens mais se sert d’eux pour combattre Israël. Et si, aujourd'hui encore, il voulait priver Israël d'une victoire totale à Gaza ? Un constat qui ne se fonde pas sur une simple analyse socio-politique mais sur une lecture de l’histoire à la lumière de la tradition. Il importe qu’Israël renoue avec son identité pour pouvoir jouer le rôle que les Nations attendent de lui.

Depuis le 7 octobre, les actes antisémites enregistrés en France ont augmenté de 1000% et de 235% aux États-Unis. Dans un entretien vibrant et synthétique, Dov Maïmon, directeur de recherche à l’Institut politique du peuple juif, rend compte de cette recrudescence et en explique les mécanismes. Partant du principe que « les États n’ont pas d’amis mais seulement des intérêts », il affirme que l’empathie envers les enfants palestiniens et la diminution de leur souffrance ne sont pas le moteur des principaux acteurs que sont l’Iran, le Hamas, le Qatar, la Chine où les Islamistes. Il s’interroge également sur le discours « d’apaisement » des puissances occidentales, les États-Unis et la France en particulier, qui, pour des raisons économiques et électorales, cherchent à ménager « la chèvre et le chou ». Vu sous cet angle, la montée de l’antisémitisme, amplifiée par les réseaux sociaux, serait principalement le résultat d’une instrumentalisation des acteurs internationaux au service de leur propres intérêts stratégiques ou idéologiques. Parmi les moyens de résister à la vague, deux spécialités juives : l’humour et la prière.

Après 5 mois de guerre à Gaza, comment mesurer l’impact du 7 octobre sur la société israélienne ? « L’institut politique du peuple juif » qui rassemble à Jérusalem une équipe multidisciplinaire composée de sociologues, d’anthropologues, de statisticiens et d’experts en stratégie vient de publier une enquête qui tente de répondre à cette question. Dans un entretien étayé et enjoué, le directeur de recherche Dov Maïmon en rapporte les principaux enseignements. Le moment a été vécu par de nombreux Israéliens comme une apocalypse. Non pas au sens d’une « fin du monde » mais plutôt comme une révélation sur le sens du monde. Les juifs d’Israël se sont sentis seuls et abandonnés. Ceux qui pensaient être "libérés" de leur judéité ont été rattrapés par leur identité. Les autres ont pris conscience de leur fragilité. L’immense majorité s’est mise à prier et à lire des psaumes. Tous ont vécu un sursaut identitaire qui pourrait changer la face du monde.