

Le Nouvel Esprit Public
Philippe Meyer
Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
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Mentioned books

Aug 21, 2022 • 51min
Thématique : Jenny Marx, avec Jérôme Fehrenbach / n°259 / 21 août 2022
Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 6 mai 2022.Avec cette semaine :Jérôme Fehrenbach, inspecteur des Finances, historien et biographe de Jenny Marx.Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit. JENNY MARXJérôme Fehrenbach, vous êtes haut-fonctionnaire, inspecteur des finances et historien. Vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de la France et de l’Allemagne, de l’Ancien régime et l’époque contemporaine. En 2021, vous avez publié Jenny Marx. La tentation bourgeoise, aux éditions Passés composés. Dans cette biographie, vous retracez la vie de la femme de Karl Marx et de sa famille. L’épouse de Marx est née Jenny von Westphalen. Elle est issue d’une famille de noblesse récente mais reçoit une éducation bourgeoise. Vous expliquez que son père est un fonctionnaire « qui avait davantage de goût pour les lettres que pour les circulaires » et qui ne parvint pas à devenir propriétaire terrien. Par la famille de son épouse, Marx a donc côtoyé une petite noblesse urbaine éloignée du modèle nobiliaire allemand, ce qui l’a empêché selon vous de comprendre son rôle dans la société prussienne de l’époque, et sa différence avec la bourgeoisie de son temps.Le rapport du couple Marx à la bourgeoisie traverse votre livre. On y apprend que Karl et Jenny Marx, désargentés et perpétuellement à la recherche de financements, avaient à leur service une domestique, « offerte » à Jenny par sa mère. Vous soulignez aussi les contradictions de l’auteur du Capital qui a vécu pour grande partie grâce aux héritages divers et à l’aide financière de son ami Engels, héritant lui-même de la fortune que son père a bâti dans l’industrie textile. La vie de la famille Marx a été celle de nomades. Ils quittent leur Prusse natale pour s’installer en France où règne une relative liberté d’expression, puis partent en Belgique, chassés par Louis-Philippe à la demande du gouvernement prussien, avant de s’installer à Londres. En Angleterre, ils côtoient de nombreux immigrés qui fuient la répression qui sévit en Europe après le Printemps des peuples.Jenny Marx est tiraillée par toutes ces appartenances : au moment de la guerre franco-prussienne de 1870, elle est partagée entre sa patrie de naissance et sa patrie d’élection, la France, à qui elle reproche d’avoir renié les idéaux de la Révolution. Elle est aussi attachée à la Grande-Bretagne par sa grand-mère maternelle issue de la noblesse écossaise.Le rapport du couple Marx à ces différentes patries est aussi littéraire ; ils ont un goût prononcé pour Shakespeare, mais aussi pour Goethe, Dante et Homère. Jenny Marx était décrite par son époux comme une virtuose dans l’art d’écrire des lettres et vous estimez, Jérôme Fehrenbach, que ses correspondances figurent parmi les plus belles pages de la littérature épistolaire allemande.Dans son éloge funèbre, Engels a dépeint Jenny Marx comme une femme de l’ombre ayant joué un rôle déterminant dans le mouvement révolutionnaire. Mais malgré son goût marqué pour la politique, vous considérez que ce mythe de la baronne rouge est éloigné de la réalité.Jérôme Fehrenbach, vous qui avez écrit plusieurs livres sur des figures issues de l’aristocratie allemande, comme la Princesse palatine ou l’évêque Von Galen, j’aimerais vous demander, pour introduire notre conversation, ce qui a attiré votre attention en premier lieu sur ce personnage de Jenny Marx.
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Aug 17, 2022 • 58min
Bada # 150 : Si vous l’avez manqué : Yves Riesel, musique classique et numérisation / 17 août 2022
Comment est diffusée la musique classique, hors concerts ? Que s’est-il passé lors du passage du microsillon au CD, puis du CD au numérique ? Les amateurs y ont-ils gagné ? Perdu ? Et quoi ? Avec Yves Riesel, fondateur de la plateforme numérique Qobuz et producteur ou créateur de nombreux labels de CD classiques.
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Aug 14, 2022 • 57min
Thématique : L’agriculture, avec Florence Pinton / n°258 / 14 août 2022
Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 4 mars 2022.Avec cette semaine :Florence Pinton, sociologue et enseignante.David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Le Temps.AGRICULTURE Avec plus de la moitié de son territoire couvert par des activités agricoles, et une production représentant 18% du total européen, la France est le premier pays agricole de l’Union européenne. Alors qu’on compte aujourd’hui environ 400 000 exploitations en France, leur nombre ne cesse de décroître, à un rythme de 2% par an, tandis que leur surface s’étend davantage. 10% des plus grandes exploitations représentent ainsi 45% de la production nationale. La part de l’emploi agricole a fortement diminué en quarante ans, passant de 7% en 1982 à 1,5% aujourd’hui.Cette baisse du nombre d’agriculteurs s’accompagne d’un vieillissement de la profession, dont un tiers des représentants a plus de 60 ans ou atteindra cet âge d’ici cinq ans. La jeune génération représente une faible proportion, avec seulement 1% des agriculteurs âgés de moins de 25 ans, ce qui est imputable en partie à l’allongement des études : un agriculteur sur deux est aujourd’hui titulaire du baccalauréat et plus de 25% sont diplômés de l’enseignement supérieur.Confronté au défi de nourrir 9,7 milliards d’humains à l’horizon 2050 tout en prenant en compte les questions environnementales, le secteur agricole connait des évolutions importantes. L’agriculture biologique se développe en France et représente désormais 8,5% de la surface agricole. La nécessité d’investir pour la mise aux normes des outils de production et l’achat d’instrument plus performants, associée à une augmentation du coût de la terre, a conduit à une augmentation du taux d’endettement des agriculteurs, qui est passé de 35% en moyenne en 1990 à 43% en 2015.Cet endettement a accéléré la financiarisation de l’agriculture, avec des fonds d’investissement et des groupes industriels agroalimentaires effectuant des placements dans le foncier agricole, considéré comme un actif sûr, ou entrant dans le capital d’exploitations importantes. Si les corporate farms, détenues uniquement par des actionnaires, représentent encore une portion infime des exploitations en France, de plus en plus de fermes sortent du modèle familial pour adopter un mode de fonctionnement s’apparentant à celui de firmes industrielles.Au-delà de ces entreprises agricoles, la situation économique des agriculteurs demeure préoccupante, avec près d’un ménage agricole sur cinq vivant sous le seuil de pauvreté. Pour répondre à ce problème, le Parlement a adopté en octobre 2021 la loi EGALIM 2 visant à protéger la rémunération des agriculteurs. Elle prévoit entre autres une sanctuarisation du prix des matières premières au profit des agriculteurs et instaure une clause de révision automatique des prix dans les négociations entre producteurs et acheteurs.Florence Pinton, vous êtes enseignante et chercheuse en sociologie rurale – vous avez été formée chez et par Henri Mendras - et en sociologie de l’environnement. Vous vous intéressez aux conditions d’accès aux ressources naturelles et à leur mode de valorisation, aux politiques de conservation de la biodiversité et à la diffusion de l’agroécologie dans les systèmes agricoles, au Nord comme au Sud. Vous travaillez et vous avez travaillé en France, singulièrement en Bourgogne, mais aussi au Brésil, l’un de vos centres d’intérêt est la transition écologique et les « « systèmes agricoles alternatifs ». De quoi sont faits ces systèmes ?
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Aug 10, 2022 • 31min
Bada # 149 : Si vous l’avez manqué : Jeanne Herry, du livre au film et du film au théâtre, épisode 2 / 10 août 2022
Dans « Elle l’adore », le premier film de Jeanne Herry sorti en 2014, une esthéticienne mythomane, Sandrine Kiberlain, réalisait son rêve de groupie idolâtre : avoir tout à elle un célèbre chanteur à minettes et à succès, Laurent Laffite. Sur les circonstances chaotiques de ce rapprochement qui va de déboires en désastres, renvoyons nos auditeurs au film. Jeanne Herry est actrice, elle a mis en scène pour la Comédie française, au Théâtre du Vieux Colombier un spectacle qu’elle a conçu à partir des échanges sur les Forums d’Internet, elle a publié chez Gallimard 80 étés, un bref livre sur ses liens d’affection avec les siens. En 2018, son deuxième film, Pupille, avec notamment Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche et Clotilde Mollet a reçu un accueil ému et chaleureux. Il s’agit des premiers mois de Théo, un enfant né sous X, et de tout ce qui peut se mettre ne branle pour quecette vie ne pâtisse pas d’être partie de travers. Il s’agit de tous ceux et de toutes celles qui s’y emploient. Il s’agit d’une femme dans la quarantaine qui avait postulé pour adopter avant que son mariage ne vole en éclats et qui n’a pas renoncé à ce projet. Il s’agit d’une assistante sociale, d’un assistant maternel, de tout un service dont Théo devient le souci, la crainte, la réussite, le centre.
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Aug 7, 2022 • 59min
Thématique : Camus et l’Algérie, avec Agnès Spiquel
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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 8 avril 2022.
Avec cette semaine :
Agnès Spiquel, spécialiste d’Albert Camus.
Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique.
Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.
Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit.
CAMUS ET L’ALGÉRIE
Né le 7 novembre 1913 à Mondovi, dans l’Est de l’Algérie, Albert Camus grandit à Belcourt, quartier populaire de la banlieue d’Alger. Il est élève au lycée Bugeaud puis obtient en 1936 un diplôme d’études supérieures à l’université d’Alger. L’année suivante, il refuse un poste de professeur au collège de Sidi-Bel-Abbès et se tourne vers le journalisme, collaborant au journal Alger républicain à partir de 1938.
Adhérent au Parti communiste de 1935 à 1937, Camus est à l’origine du « Manifeste des intellectuels d’Algérie en faveur du projet Viollette » pour une démocratisation de l’Algérie, une assimilation de la population et l’accès à la citoyenneté française pour un certain nombre de musulmans d’Algérie. Sensible à la question sociale, il réalise en 1939 un reportage de onze articles intitulé « Misère de la Kabylie » dans lequel il décrit la grande pauvreté de cette région.
Albert Camus dénonce la répression que subissent les nationalistes algériens et l’étouffement des revendications du Parti du peuple algérien. En mai 1945, à la suite des émeutes dans le Constantinois, il publie dans Combat plusieurs articles dans lesquels il prend la défense de nationalistes algériens comme Ferhat Abbas et Messali Hadj.
Camus quitte l’Algérie en 1940 ; il revient vivre à Oran quelques mois puis reste en France à partir de la guerre. Avant la Seconde Guerre mondiale, ses amis rapportent qu’il indiquait être de nationalité algérienne lorsqu’il remplissait des fiches d’hôtel à l’étranger. Dans son « Petit guide pour des villes sans passé » publié en 1947, il écrit « J’ai avec l’Algérie une longue liaison qui sans doute n’en finira jamais, et qui m’empêche d’être tout à fait clairvoyant à son égard. »
Son absence de prise de parti en faveur de l’indépendance au moment de la Guerre d’Algérie lui est reproché. En janvier 1956, il propose une trêve civile afin de pacifier provisoirement la situation. Il préconise une solution fédérale dans laquelle l’Algérie serait constituée par des peuples fédérés et reliée à la France. Il dénonce aussi les violences perpétrées pendant la guerre, autant les pratiques de torture et de représailles de l’armée française que les actions terroristes du FLN.
En juin 1958, il publie ses Chroniques algériennes, rassemblant ses articles sur l’Algérie, et une mise au point sur sa position. Il y décrit la politique de la France comme le résultat d’un aveuglement politique ayant conduit à une suite d’échecs. Il meurt deux ans plus tard, en 1960, avant la fin de la guerre et l’exode des pieds noirs.
Agnès Spiquel Courdille vous enseignez la littérature, vous avez collaboré à l’édition des œuvres de Camus dans La Pléiade, vous êtes un membre très actif de la société d’études camusiennes qui compte des membres dans 24 pays à travers les cinq continents, vous en étiez la présidente jusqu’en 2020. Dans un entretien au Monde, en 2012, vous déclariez. : « Le Premier Homme. Dans ce roman, pourtant inachevé, complètement nourri de la vie et de l'expérience de Camus lui-même, vous percevrez l'intensité de ses souvenirs d'enfance, son amour pour l'Algérie, son déchirement devant la guerre, sa méditation sur la dignité des pauvres, son questionnement sur le dur chemin à inventer pour devenir un homme ; tout cela dans une écriture somptueuse, tantôt nette et sèche, tantôt frémissante et lyrique, toujours gorgée de vie et de sensation. » Comment caractériseriez-vous la place de l’Algérie dans l’œuvre de Camus ?Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Aug 3, 2022 • 39min
Bada # 148 : Si vous l’avez manqué : Jeanne Herry, de la scène à la caméra de la caméra à l’édition épisode 1 / 3 août 2022
Dans « Elle l’adore », le premier film de Jeanne Herry sorti en 2014, une esthéticienne mythomane, Sandrine Kiberlain, réalisait son rêve de groupie idolâtre : avoir tout à elle un célèbre chanteur à minettes et à succès, Laurent Laffite. Sur les circonstances chaotiques de ce rapprochement qui va de déboires en désastres, renvoyons nos auditeurs au film. Jeanne Herry est actrice, elle a mis en scène pour la Comédie française, au Théâtre du Vieux Colombier un spectacle qu’elle a conçu à partir des échanges sur les Forums d’Internet, elle a publié chez Gallimard 80 étés, un bref livre sur ses liens d’affection avec les siens. En 2018, son deuxième film, Pupille, avec notamment Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche et Clotilde Mollet a reçu un accueil ému et chaleureux. Il s’agit des premiers mois de Théo, un enfant né sous X, et de tout ce qui peut se mettre ne branle pour quecette vie ne pâtisse pas d’être partie de travers. Il s’agit de tous ceux et de toutes celles qui s’y emploient. Il s’agit d’une femme dans la quarantaine qui avait postulé pour adopter avant que son mariage ne vole en éclats et qui n’a pas renoncé à ce projet. Il s’agit d’une assistante sociale, d’un assistant maternel, de tout un service dont Théo devient le souci, la crainte, la réussite, le centre.
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Jul 31, 2022 • 1h
Thématique : Juan Carlos, avec Laurence Debray / n°256 / 31 juillet 2022
Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 29 avril 2022.Avec cette semaine :Laurence Debray, auteure, historienne et réalisatrice de documentaires.Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit.JUAN CARLOS Laurence Debray, vous êtes auteure, historienne et réalisatrice de documentaires. Juan Carlos est une figure qui vous intéresse de longue date : vous avez consacré votre mémoire de maîtrise en Sorbonne à son rôle dans la transition démocratique espagnole, puis vous avez écrit un premier livre à son sujet en espagnol en 2000. En 2013, vous avez publié une biographie en français de Juan Carlos d’Espagne chez Perrin et, plus récemment, vous lui avez consacré un roman, Mon roi déchu, paru chez Stock en 2021.Votre rapport à Juan Carlos est teinté d’affection : vous racontez avoir accroché un portrait de lui dans votre chambre, que votre père Régis Debray a remplacé par une photo de François Mitterrand. Mais, dépassant l’admiration de la jeune fille, vous avez enquêté sur ce personnage clé de la transition démocratique espagnole.Dans la biographie que vous avez consacré à Juan Carlos, vous brossez, le portrait d’« un homme devenu animal politique au bénéfice de la démocratie » et vous affirmez que ce monarque vous a « redonné confiance dans la politique », insistant sur la capacité qu’a eu son régime, en apparence désuet, à assurer une transition progressive de l’Espagne après la mort de Franco.Vous revenez sur l’enfance et la formation de Juan Carlos, qui devient très jeune un objet de négociations entre son propre père, Don Juan, et Franco, qui dirige l’Espagne depuis 1936. Juan Carlos comprend mieux que son père la nécessité de s’accommoder avec le franquisme pour que les Bourbons puissent revenir au pouvoir en Espagne et, face à un père qui promeut un modèle de monarchie constitutionnelle libérale, Juan Carlos n’a pas de mal à adopter un discours conservateur conforme aux souhaits du dictateur. Ces efforts sont récompensés : en 1969, Franco désigne Juan Carlos comme son successeur.Il devient roi d’Espagne en novembre 1975 et, malgré l’indifférence du peuple espagnol et la méfiance de l’opinion publique étrangère à son égard, il entreprend de démocratiser le régime. Juan Carlos autorise les partis politiques en 1977 puis dote l’Espagne d’une Constitution limitant les pouvoirs du roi en 1978.Le héros de la transition démocratique espagnole a depuis perdu de sa superbe, fragilisé par différents épisodes ayant déplu aux Espagnols, de la chasse à l’éléphant au Botswana aux scandales financiers touchants la famille royale, en passant par ses aventures extra-conjugales. Juan Carlos a abdiqué en 2014, cédant le trône à son fils Felipe. Soupçonné de corruption, il s’est ensuite exilé à Abu Dhabi en 2020. Laurence Debray, vous avez rencontré ce roi déchu dans son exil à Abu Dhabi et en avez tiré un roman paru en 2021.Dans une lettre ouverte adressée à Juan Carlos en 2020, publiée dans le quotidien El Mundo (puis en français dans Le Figaro), vous invitiez l’ancien monarque à relativiser l’opprobre qui le frappe en Espagne : « Dans quelques décennies, une autre génération d’Espagnols se souviendra de vous comme l’homme qui incarna la réconciliation, la modernisation, la démocratie. Peut-être même qu’ils vous remercieront ». Pour introduire notre conversation, j’aimerais donc vous demander, Laurence Debray, si vous croyez véritablement que Juan Carlos va faire l’objet d’un retour en grâce dans la mémoire espagnole.
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Jul 27, 2022 • 30min
Bada # 147 : Si vous l’avez manqué : Christophe Leribault, de quoi est faite la carrière d’un conservateur du patrimoine, quels sont les engagements d’un directeur de musée ? / 27 juillet 2022
Conservateur général du patrimoine et directeur du Petit Palais, autrement dit Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Depuis 2000, il a été commissaire d’expositions comme « Les Anglais à Paris au 19ème siècle », « Napoléon et le Louvre », « Delacroix et la photographie », « Les Impressionnistes à Londres, artistes français en exil » « Paris romantique » et il sera bientôt celui d’« Ilya Répine, le peintre de l’âme russe ». De quoi est faite la carrière d’un conservateur du patrimoine, quels engagements sont ceux d’un directeur de musée, comment la pandémie a-t-elle affecté les expositions du Petit Palais, comment et quand peuvent-elles reprendre ? Comment rappeler aux Parisiens et aux visiteurs l’intérêt et la valeur des collections permanentes, de leur 50.000 œuvres abritées dans un bâtiment lumineux et surprenant ?
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Jul 24, 2022 • 59min
Thématique : Henry Kissinger, avec Jérémie Gallon / n°255 / 24 juillet 2022
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Jul 20, 2022 • 27min
Bada # 146 : Si vous l’avez manqué : Sara Gurcel (épisode 2) : deux remarquables écrivains nord-américains contemporains : Philip Meyer et Michael Christie / 20 juillet 2022
C’est à Sarah Gurcel que les éditeurs ont confié la traduction de deux des plus remarquables écrivains nord-américains contemporains : Philipp Meyer (Un Arrière-goût de rouille et Le Fils) et Michael Christie (Lorsque le dernier arbre). Avec quel bagage s’embarque-t-elle pour ces traversées au long cours que sont les traductions ? Sarah Gurcel est aussi comédienne : elle raconte comment ces deux activités se nourrissent l’une l’autre car la traduction est aussi un métier physique.
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