Circular Metabolism Podcast

Aristide Athanassiadis
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Dec 10, 2024 • 3min

đź“… Calendrier de l'Avent 10/26 - J comme Justice Environnementale

📺Ce podcast est 100% indépendant, pour nous aider à le rendre pérenne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcastLe mot d’aujourd’hui pour la lettre J est Justice Environnementale ou l’autre face de la médaille de l’Anthropocène. En effet, lorsqu’on on entend l’expression Anthropocène c’est pour décrire la dégradation de l’état d’habitabilité de la planète pour les sociétés humaines. Un état de vulnérabilité et de destructions d’écosystèmes à cause d’une consommation excessive, trop rapide et trop linéaire de flux de ressources. Mais ce qu’on entend moins souvent est que cette consommation ne profite qu’à une petite partie de la population nationale ou mondiale au dépens du reste. Pire encore, les personnes qui ont le moins contribué aux crises écologiques vont être celles qui vont le plus les subir. Rappelons nous des innondations au Pakistan qui ont impacté une grande partie du pays. Pensons aux Etats insulaires dans les Caraïbes ou dans l’Océan Pacifique qui pourraient voir leurs îles complètement disparaître alors que leurs empreintes carbone et matérielle sont très faibles.Donc quand nous parlons de réduire les consommations excessives et décarbonner nos sociétés, il ne s’agit pas seulement d’un moyen d’arrêter la destruction du vivant, c’est aussi un levier de justice environnementale et sociale. Réduire l’excessif de certaines personnes pour assurer le nécessaire pour la majorité de la planète. Nous pouvons voir par exemple que les personnes avec un revenu inférieur à 6000 $/an (les personnes les 50% les plus pauvres au monde) ne sont responsables que de 7% des émissions globales (Emissions Gap Report 2020) contre 15% pour 1% les plus riches. La bonne nouvelle est qu’un monde juste est a priori un monde plus facile à décarbonner. Une étude a modelisé qu’en théorie si on égalise le monde au niveau économique, la quantité de consommation énergétique ne bouge pas énormément mais le type de consommation bouge. Au lieu de consommer de manière inégale pour les transports aériens et terrestres, nous basculons vers plus de consommation de chaleur et d’électricité pour des logements qui est un secteur a priori plus facile à décarboniser. Circular Metabolism est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonné gratuit ou payant.Une autre bonne nouvelle est que des milliers de personnes se battent tous les jours pour mettre fin à cette injustice environnementale. L’Atlas de l’Injustice Environnementale recense plus de 4 200 cas où des populations locales se sont battent (ou se sont battues) contre des projets d’extractivisme, des projets sur la gestion de l’eau et des déchets, des projets sur la destruction de la biodiversité, etc. Plus localement, une étude récente a documenté plus de 50 ans de luttes écologiques en France. Cette étude recense plus de 160 victoires ces derniers 10 ans et décrit comment ces luttes ont été gagné permettant de s’inspirer pour d’autres luttes futures.Donc de manière théorique, pratique ou de manière éthique, répondre à la crise sociale est une priorité tout aussi urgente de la crise écologique. En France, comme dans le Monde il existe de nombreux exemples passés et présents montrant qu’il est possible de mener et gagner une bataille pour la justice environnementaleAllez à demain pour la lettre K,✌️ Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 9, 2024 • 4min

đź“… Calendrier de l'Avent 9/26 - I comme Infrastructure

Le mot d’aujourd’hui pour la lettre I est Infrastructure.Un des autres concepts que je traite régulièrement dans le podcast est la question d’infrastructures. Quand on parle d’infrastructures on pense souvent à un ingénieur en casque de chantier, des bétonneuses et des excavateurs. On pense à des ponts, des routes et des aéroports, etc. Présenté comme ça, le mot infrastructure ne paraît pas être un sujet essentiel pour mieux comprendre les crises que nous traversons.Mais derrière ces artefacts se cache une des questions les plus épineuses pour nos sociétés.Avant de me plonger sur pourquoi le choix des infrastructures est un sujet d’importance sociétale, il faut peut-être rapeller certaines notions.Les infrastructures sont ces artefacts qui transforment les flux d’un état vers un autre (par ex. une centrale à charbon génère de l’électricité via la combustion de charbon) ou les transportent d’un endroit vers un autre (par ex. des réseaux énergétiques, d’eau, de transport routier/rail). Mais les infrastructures sont également des stocks ou des réservoirs de matières (par ex. une centrale à charbon est composée de béton, acier, cuivre, et autres matériaux). Finalement, ces infrastructures facilitent ou permettent certaines pratiques et modes de vies (pensez routes pour véhicules individuelles vs. pistes cyclables pour vélos).Du coup, les infrastructures consomment des flux pour être construites mais aussi et surtout un moteur ou facilitateur de consommation de flux. Dans les territoires urbanisés nous pouvons même dire que sans infrastructures nous ne pouvons pas consommer de flux (mis à part quelques exceptions telles qu’un potager).Cependant toute infrastructure n’est pas égale, ni en termes de besoin de matière, ni en satisfaction de besoins, ni en mobilisations de flux. Certaines engendrent la consommation de “mauvais” flux (infrastructures d’énergies fossiles) et certaines de “bons” flux (infrastructures cyclistes).Si ce n’était pas suffisamment compliqué, il faut ajouter un aspect temporel aux infrastructures. Souvent, les infrastructures ont une durée de vie de quelques dizaines d’années voire quelques centaines d’années. En soi, faire des stocks qui durent c’est une bonne chose. Mais cela veut également dire qu’une société peut se vérouiller dans une consommation de mauvais flux ou une consommation excessive de flux le temps de remplacer une infrastructure. De même, ce vérouillage technique peut nous pousser à maintenir certaines infrastructures en vie mais pour les maintenir nous devons continuer à consommer des matériaux.Vous voyez le cercle vicieux ?Pour conclure, pourquoi le choix des infrastructures est éminemment politique voire idéologique ? Parce que les infrastructures déterminent le champ des possibles. Le tout à l’eau est une évidence aujourd’hui au point où les alternatives sont difficiles à imaginer. Il existe de nombreux moyens de satisfaire un besoin essentiel mais avec une intensité materielle très différente. Comme nous l’avons vu avec les manifestations pour les méga-bassines, les infrastructures sont au coeur de nos enjeux et nous devons démocratiser et repolitiser leur choix.Allez à demain pour la lettre J,✌️ Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 8, 2024 • 3min

đź“… Calendrier de l'Avent 8/26 - H comme Histoire Environnementale

Le mot d’aujourd’hui pour la lettre H est Histoire Environnementale.Pour ceux et celles qui suivent le podcast rĂ©gulièrement, vous savez que j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment l’histoire environnementale qui est une sous-discipline de l’histoire qui se focalise sur l’interrelation entre les sociĂ©tĂ©s humaines et leurs environnements. Cela peut prendre diffĂ©rentes formes mais de manière gĂ©nĂ©rale nous Ă©tudions un sujet ou un flux mĂ©tabolique Ă  travers une pĂ©riode et une gĂ©ographie donnĂ©e.Par exemple, dans Technocritiques François Jarrige Ă©tudie la Technique durant plus de deux siècles principalement en Europe Occidentale. FrĂ©dĂ©ric Graber et Fabien Locher ont co-Ă©dite un livre sur l’histoire de propriĂ©tĂ© sur plusieurs siècles en Europe, Etats-Unis et l’Asie. Sabine Barles Ă©tudie les dĂ©chets urbains en France de 1790 Ă  1970. Nelo Magalhaes Ă©tudie l’histoire environnementale des grandes infrastructures française durant les deux derniers siècles.Enfin bon vous comprenez l’idĂ©e. Maintenant, pourquoi je trouve ces Ă©tudes tellement intĂ©ressantes ?Pour de nombreuses raisons. Comme me disait Sabine Barles, on ne peut pas comprendre le prĂ©sent en regardant simplement vers le passĂ©. Il n’existe pas une corrĂ©lation directe ou un chemin unique entre le passĂ© et le prĂ©sent.Il faut plutĂ´t commencer Ă  Ă©tudier un sujet depuis le passĂ© jusqu’à aujourd’hui.La diffĂ©rence est peut-ĂŞtre subtile mais en regardant depuis le passĂ© vers aujourd’hui nous nous apercevons de toutes les dĂ©cisions prises devant chaque carrefour qui s’est prĂ©sentĂ© Ă  nous. L’état prĂ©sent de nos sociĂ©tĂ©s et territoires a Ă©tĂ© construit par une sĂ©rie de dĂ©cisions en dĂ©pit d’autres. A tout moment il y a eu des perdants et des gagnants. A tout moment il y a eu une alternative qui a Ă©tĂ© balayĂ©e au profit de la situation actuelle.Donc ce travail minutieux de lecture d’archives et une mine d’or pour comprendre comment et pourquoi les sociĂ©tĂ©s et territoires ont pris des dĂ©cisions et comment nous en sommes arrivĂ©s Ă  consommer et polluer de telle manière. On apprend Ă©videmment qu’il n’existe pas de dĂ©terminisme. Si Eugène Poubelle, prĂ©fĂ©t de la Seine, n’avait pas rendu obligatoire l’utilisation de rĂ©cipients de dĂ©chets mĂ©nagers Ă  la fin du 19ème siècle, nous aurions peut-ĂŞtre encore des chiffoniers et une rĂ©utilisation plus intense de ces flux. Si en hiver 1963, le lobby des routes et des poids lourds n’avaient pas prĂ©sentĂ© l’élargissement, le renouvellement et l’approfondissement des routes comme la seule alternative pour sortir le pays de la crise, nous n’aurions peut-ĂŞtre pas un pays rempli d’autoroutes.Circular Metabolism est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonnĂ© gratuit ou payant.Chacun de ces livres Ă©tudie une facette particulière de notre mĂ©tabolisme en dĂ©taillant les couches et les Ă©vĂ©nements politiques, technologiques, Ă©conomiques, idĂ©ologiques qui se sont combinĂ©s afin d’arriver Ă  notre Ă©tat actuel.Chacun de ces livres ouvre nos yeux non seulement Ă  la complexitĂ© des transitions socio-Ă©cologiques mais aussi Ă  toutes les alternatives possibles qui s’offrent Ă  nous.Le passĂ© ne peut certainement pas nous dire Ă  quoi va exactement ressembler le futur mais permet de nous donner des pistes sur les composantes et les Ă©tapes d’une transition. Le passĂ© est riche en enseignements et nous permet d’ouvrir le champ des futurs possibles. Il faut encore une fois souligner que le prĂ©sent n’était pas prĂ©dĂ©terminĂ© par le passĂ©, et par consĂ©quence que le futur ne l’ai pas plus par le prĂ©sent.Pour plus d’informations sur la question d’histoire environnementale, je vous renvoie vers de nombreux Ă©pisodes (voir ci-dessous).Allez Ă  demain pour la lettre I,✌️   HĂ©bergĂ© par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 7, 2024 • 3min

📅 Calendrier de l'Avent 7/26 - G comme Géopolitique de Ressources

Le mot d’aujourd’hui pour la lettre G est Géopolitique des Ressources.Pour revenir sur un point discuté lors de la lettre F, nous nous rendons compte que la majorité des villes, territoires et pays doivent importer une grande partie de leurs flux pour satisfaire des besoins essentiels (et superflus). Des métaux, des produits finis, des carburants, des flux alimentaires et de construction tout un tas de flux venant proche ou de loin. De manière générale, les flux qui pèsent lourds comme l’eau, les matériaux de construction et en moindre mesure les flux alimentaires, viennent souvent de pas très loin, de quelques dizaines de kms. Mais pour des flux où la ressource se fait rare on peut vite venir importer de milliers de kms plus loin. En effet, nous n’avons pas ou plus des teneurs importantes en métaux, des forêts denses ou des aliments exotiques proche de nous. Ceci n’est pas nouveau. Même dans l’Antiquité, une fois qu’on avait puisé nos ressources locales on faisait du commerce voire la guerre avec d’autres pays ou empires pour en récupérer.Ce qui est différent aujourd’hui est que nous avons tous besoin des mêmes ressources (par exemple des métaux pour la transition énergétique) mais ces ressources sont concentrés dans quelques pays tels que le Chili, la Bolivie ou l’Australie. Par ailleurs, avoir des ressources, ne veut pas dire qu’elles seront automatiquement utilisées. Il faut que leur exploitation soit économiquement viable et socialement acceptable. En effet, le taux de pollution lié à l’extraction de certaines ressources peut conduire à la fermeture de certaines mines. D’un autre côté, il existe certaines ressources telles que le pétrole, le gaz naturel et le charbon qu’il serait urgent d’arrêter d’utiliser mais malheureusement elles sont encore largement disponibles (dans le cas du charbon pendant plus d’un siècle).Dans un cas comme dans un autre, nous avons un problème de gouvernance et de géopolitique de ressources. Nous avons soit trop peu de ressources que nous devons partager, soit trop de ressources que nous devons arrêter d’utiliser. Alors que faire ? Comment distribuer justement ? Comment forcer des pays riches en ressources d’arrêter leurs exploitations ? Et bin franchement, je n’ai pas beaucoup d’idées. Par un rachat et une nationalisation de ces ressources et assumer la perte financière ? Par un traité de non prolifération au niveau de l’ONU un peu comme le nucléaire ? Une charte, comme le protocole de Montréal pour l’élimination de molécules nocives ? Un quota par pays fixé par l’ONU et les besoins à satisfaire tenant en compte les émissions et les consommations passées ? Voilà certaines idées en vrac et il existe certainement plein de recherches sur la question (je suis preneur), mais il me semble qu’il s’agit d’un des enjeux les plus essentiels à traiter afin d’assurer une justice sociale et maintenir un maximum la paix au niveau mondial. Comme d’habitude, sobriété, renouvelable, circularité et relocalisation sont les 4 piliers sur lesquels nous pouvons nous reposer. Pour plus d’informations sur cette question de géopolitique de l’énergie je vous renvoie vers l’épisode avec Emmanuel Hache.Allez à demain pour la lettre H,✌️ Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 6, 2024 • 4min

đź“… Calendrier de l'Avent 6/26 - F comme Flux

Quand on dĂ©crit de l’état d’une sociĂ©tĂ© ou d’un pays on utilise souvent les flux Ă©conomiques ou de flux dĂ©mographiques pour expliquer certaines Ă©volutions. Mais on oublie souvent parler de parler du socle matĂ©riel de nos sociĂ©tĂ©s ou en d’autres mots les flux physiques qui sont extraits localement, les flux qui sont importĂ©s et exportĂ©s ou des flux de pollutions gĂ©nerĂ©s sous forme gazeuse, liquide ou solide.Dans son quotidien, chaque pays ou territoire, a besoin d’eau, d’énergie, de nourriture, de matĂ©riaux de construction, de biens divers et variĂ©s pour faire tourner la machine. Une fois ces flux consommĂ©s, les ressources sont soit emprisonnĂ©es sous formes de routes ou de bâtiments, soit deviennent des dĂ©chets, des eaux usĂ©es ou des gaz Ă  effets de serre, soit sont exportĂ©s vers d’autres pays et territoires.Pour illustrer tout ça, je vous propose d’étudier ensemble le bilan de flux de matières d’lle-de-France pour l’annĂ©e 2021. C’est une Ă©tude de l’L'Institut Paris Region effectuĂ©e par CitĂ©Source qui vient de sortir avant-hier1. Je salue d’ailleurs les collègues dans les deux structures (LĂ©o Mariasine, Martial Vialleix, Vincent Augiseau).Bref, en regardant cette illustration, nous apprenons que la rĂ©gion Ile-de-France a importĂ© environ 82 millions de tonnes soit 6.6 tonnes / personne. Attention, il s’agit ici d’importations directes, celles qui traversent physiquement les frontières de la rĂ©gion. Mais comme on l’a vu la plus grande fraction des flux importĂ©s sont des produits finis qui engendrent des extractions d’en d’autres pays. Si on les prend en compte, l’empreinte matĂ©rielle de la rĂ©gion francilienne alors s’élève Ă  148 Mt, soit 12 t/hab.Le deuxième flux qui est consommĂ© dans la rĂ©gion sont les extractions locales qui reviennent Ă  environ 23 millions de tonnes soit 1.9 tonnes / personne. Parmis ces 23 Mt, les granulats reprĂ©sentent 7 Mt, le blĂ© 2 Mt, etc.Lorsqu’on ajoute les deux valeurs on obtient qu’environ 105 Mt rentrent dans le mĂ©tabolisme francilien. Une fois consommĂ©s ces flux, ont quatre possibles futurs.1/ Ils sont transformĂ©s et exportĂ©s (environ 44.2 Mt)2/ Ils sont Ă©mis dans l’air Ă  travers la combustion des combustibles fossiles (environ 32.4 Mt)3/ Ils deviennet des dĂ©chets (50 Mt) et parfois recyclĂ©s (9 Mt)4/ Ils restent dans le territoire sous forme de stock bâti (25 Mt)Que nous apprend cette Ă©tude ?1/ on voit le cĂ´tĂ© insoutenable de la chose. Il s’agit d’un mĂ©tabolisme complètement ouvert qui dĂ©pend d’importations non renouvelables. 2/ la rĂ©gion continue massivement Ă  construire ce qui entraĂ®ne la consommation de nouveaux flux futurs de combustibles. 3/ le recyclage et l’extraction locale ne peuvent pas rĂ©pondre Ă  la voracitĂ© de nos besoins. Pour les trois cas, il faudra rĂ©duire la voilure tant au niveau de nouvelles constructions qu’au niveau des flux non-renouvalables importĂ©s et exportĂ©s.Allez Ă  demain pour la lettre G,✌️ HĂ©bergĂ© par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 6, 2024 • 4min

📅 Calendrier de l'Avent 5/26 - E comme Echange Inégal

📺Ce podcast est 100% indépendant, pour nous aider à le rendre pérenne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcastLe concept d’aujourd’hui est l’échange inégal. Ce concept développé par un compatriote grec Argyrios Emmmanouil souligne l’échange inégal de flux entre territoires de périphéries et des territoires de centre. Les territoires du centre, les plus riches et les plus “industrialisés”, récupèrent des matières premières et de la main d’oeuvre à bas coût de la part des territoires de la périphérie afin d’y réexporter des biens et des services à coût élevé. Cet accaparement de ressources, de main d’oeuvre et de terres par les territoires industrialisés était surtout développé au niveau des pays mais nous pouvons très bien appliqué ceci quand on parle des relations inégales entre les villes et les campagnes.Les villes sont des territoires ouverts qui viennent se servir de manière abondante voire prédatrice aux territoires avoisinants. Nous pouvons mal imaginer aujourd’hui une ville fonctionner sans des territories fantômes ou servants. Entre les mines, les champs, les usines, les territoires urbains profitent du travail et des écosystèmes lointains pour développer et assoir leur pouvoir. Mais du coup que faisons nous face à ce constat ? Il est sûr que tous les territoires ne va pouvoir venir auto-suffisants sur tous les flux. Donc quels sont les modes de gouvernances à adopter pour gérer des stocks finis et localisés sur certains territoires. Ces stocks peuvent être des ressources primaires venant de mines et des ressources secondaires venant du recyclage. Dans le cadre de la transition énergétique à venir, il serait important d’être particulièrement soucieux et soucieuse de la continuation des échanges inégaux du passé entre l’Amérique Latine (par ex.) et les Etats-Unis et l’UE. A titre d’exemple, les exportations physiques nettes de l’Amérique Latine vers le reste du monde sont passées de 6 à 610 millions de tonnes entre 1900 et 2016 avec une partie de plus en plus importante de métaux nécessaires pour la transition énergétique. Une autre manière de voir ces chiffres est qu’entre 2014 et 2016, l’Amérique Latine a exporté plus qu’au cours des trois siècles de domination coloniale. Que ce soit pour la transition énergétique ou les relations villes-campagnes, il devient essentiel de pouvoir réfléchir à la juste valeur de flux, de terres et d’écosystèmes mobilisés dans les échanges. Et par valeur, ce n’est évidemment pas que de la valeur économique. Nous n’allons pas faire revivre une espèce ou une société disparue avec des euros. Un moyen pour soulager la pression de ces échanges est bien évidemment de travailler sur l’auto-suffisance territoriale grâce à la sobriété (ou décroissance des flux), la réutilisation des ressources secondaires locales, et finalement l’utilisation de ressources locale renouvelables. Si vous voulez en apprendre plus sur la questions des échanges inégaux je vous renvoie aux épisodes avec Raj Patel et Farhana Sultana.A demain pour la lettre F.✌Sources : Emmanouil, A. (1969). L'échange inégal. Essai sur les antagonismes dans les rapports économiques internationaux. Maspero.Wallerstein, I. (2004). World-Systems Analysis: An Introduction. Duke University Press.Infante-Amate, J., Urrego-Mesa, A., Pinero, P., & Tello, E. (2022). The open veins of Latin America: Long-term physical trade flows (1900–2016). Global Environmental Change, 76, 102579. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 5, 2024 • 3min

📅 Calendrier de l'Avent 4/26 - D comme Décroissance

📺Ce podcast est 100% indépendant, pour nous aider à le rendre pérenne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcastLe concept d’aujourd’hui est la décroissance. Comme disait Timothée Parrique dans notre entretien, l’intérêt principal de la décroissance est qu’il s’agit d’un mot obus. Lorsqu’on utilise le mot décroissance on ne tourne pas autour du pot. La crise socio-écologique d’aujourd’hui est majoritairement dûe à une croissance économique effrénée et aveugle.Effrénée car elle ne fait qu’augmenter (car le but du système économique est de produire et consommer toujours plus) et aveugle car le paramètre principal pour mesurer la croissance économique est le PIB qui ne distingue pas les activités qui contribuent au bien-être, de celles qui détruisent l’habitabilité de la planète (pire encore on ne mesure pas ce qui compte comme les tâches ménagères, le soin, l’amitié, l’amour, etc.).Donc, il y a un concensus pour dire que nous devons réduire nos émissions (et normalement notre croissance car pour le moment il n’existe aucun pays qui arrive à découpler croissance économique et pollutions dans les délais impartis).Mais alors quand on parle de décroissance de quoi parle-t-on ? Certes nous devons réduire mais quoi ? Qui doit réduire ? Et où ? Evidemment ces questions sont riches de sens et surtout nous amènent vers des questions essentiellement démocratiques et de valeurs sociétales. Quoi réduire ? Cela dépend de ce que nous en tant que société nous entendons comme besoin essentiel et comme besoin superflu. Par exemple, nous pouvons être d’accord qu’un hôpital ou une école sont des fonctions essentiels comparé à un jet privé. Dans tous les cas, nous allons devoir poser cette question collectivement et réfléchir aux modes de gouvernance pertinents pour implémenter les résultats.Qui doit réduire ? Les personnes qui consomment au-delà des seuils établis plus haut. En somme, les personnes riches du Nord et parfois du Sud Global. Mais évidemment nous n’allons pas demander à une société ne possédant pas des infrastructures essentielles de réduire leurs flux.Où réduire ? Une des problème de la décroissance est qu’elle n’est que très peu territorialisée. Quels territoires ou quelles parties d’un territoire doivent décroître ? Quelles sont les conséquences spatiales de la décroissance ? A quoi ressemble une ville ou une campagne décroissante ?Pour trouver certaines réponses à ces questions je vous renvoie aux épisodes avec Timothée Parrique, Cédrid Durand, et Federico Savini.A demain pour la lettre E.✌https://youtu.be/Sj1HaLmFgeEhttps://youtu.be/z72xXqbQlC8https://youtu.be/vPf-H2n5JB0 Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 5, 2024 • 3min

đź“… Calendrier de l'Avent 3/26 - C comme Ciment

📺Ce podcast est 100% indépendant, pour nous aider à le rendre pérenne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcastLe mot d’aujourd’hui est un matériau plutôt qu’un concept. Ce matériau est un liant hydraulique (un matériau qui devient de la colle quant on rajoute de l’eau) qui est très largement répandu sur la planète. Avec 4,1 Gt produit en 2023, il s’agit probablement du matériau transformé le plus produit sur la planète. Mais outre son omniprésence, le ciment est problématique pour l’environnement sur différents points. Premièrement, et de manière importante, le ciment est par essence un matériau polluant. En effet, le ciment est majoritairement obtenu en chauffant du carbonate de calcium (CaCO3) autour de 1400°-1500°C (il faut aussi ajouter un peu de gypse et des adjuvents mais c’est un détail). Une fois chauffé on obtient de la chaux active CaO et du CO2. Donc même si nous décarbonons les fours nous allons tout de même avoir des émissions.Deuxièmement, les cimenteries utilisent majoritairement des combustibles fossibles qui eux aussi contribuent aux émissions atmosphériques. Les deux points combinés font qu’une tonne de ciment produite est responsable d’environ 0,7 tonne de CO2 en place le ciment comme responsable d’environ 4-5% des émissions de CO2 globales. Le troisième point est un peu plus complexe. Les cimenteries sont en quelque sorte responsables du maintien de différents déchets. Les fours de cimenteries sont souvent la destination finale de pleins de produits que nous ne savons pas recycler ou polluants. Panneaux de bois vernis, carcasses animales, peintures, … Tout ce qui ce brûle peut y passer et les cimentiers s’y retrouvent via des certificats verts. Et pareil, on utilise souvent des déchets des incinérateurs comme les cendres volantes et les déchets sidérurgiques comme le laitier comme ingrédients pour substituer le ciment (le rendre plus vert). Alors c’est sûr, grâce aux cimenteries on prend en charge certains déchets (plutôt que les mettre en décharge). Mais en prenant en charge ces déchets on repousse l’écheance de restreindre la production des déchets ou en d’autres mots répondre aux enjeux de manière systémique.Alors que faire ? On peut remplacer le ciment et le béton par des matériaux bio- et géo-sourcés et on peut réduire les constructions nouvelles. Cette question est évidemment très en lien avec l’Accumulocène mentionné pour la lettre A.Si vous voulez en apprendre plus sur le ciment je vous renvoie aux épisodes avec Armelle Choplin et Guillaume Habert.A demain pour la lettre D.✌https://youtu.be/NDJ7OL1Cu6U?si=k7p6wDMbNQtv1uQ9https://youtu.be/39o3th5FFTA?si=enGfz-ATv2knzmnt Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 2, 2024 • 4min

📅 Calendrier de l'Avent 2/26 - B comme Biorégions

📺Ce podcast est 100% indépendant, pour nous aider à le rendre pérenne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcastCela fait des années que j’entends parler des Biorégions. Pendant longtemps, j’ai cru qu’il s’agissait d’un concept qui avait pour but de trouver des territoires à l’intérieur desquels nous pouvions vivre de manière auto-suffisante.A l’intérieur d’un bassin versant, nous pouvions être auto-suffisant.e.s en eau, produire la nourritoure nécessaires pour les habitant.es localement, relocaliser tous les déchets localement, etc.Mais j’avais tord. Après une discussion avec Mathias Rollot (voir ci-dessous), j’ai compris que les biorégions (contrairement aux écorégions) est la combinaison d’un territoire et d’un projet politique ou d’un projet d’habiter un territoire. C’est tant une philosphie qu’une géographie. Et une biorégion peut-être retrouver dans un territoire urbain qu’un territoire rural. Il s’agit d’une reconnaissance des capacités d’un territoire et des (ré-)habitant.es de se rencontrer et cohabiter.Donc attention les biorégions s’éloignent de cette vision nostalgique du retour à la campagne. C’est un projet plus radical et plus puissant car il questionne toutes les facettes de l’habitat. Et d’ailleurs les biorégions sont fondamentalement anti-racistes et anti-capitalistes (donc il ne s’agit pas ici d’un repli sur soi).Je vous invite à découvrir le concept des Biorégions via mon entretien avec Mathias et les ouvrages suivants.Sources : Rollot, M., & Schaffner, M. (2021). Qu'est-ce qu'une biorégion?. Wildproject.Sinaï, A. (2023). Réhabiliter le monde. Pour une politique des biorégions. Seuil, coll.«Antropocène».Cochet, Y., Sinaï, A., & Thévard, B. (2019). Biorégions 2050. L’Île-de-France après l’effondrement. Institut Momentum. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Dec 1, 2024 • 4min

Calendrier de l'Avent 1/26 - A comme Accumulocène

📺Ce podcast est 100% indépendant, pour nous aider à le rendre pérenne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcastSources : Krausmann, F., Lauk, C., Haas, W., & Wiedenhofer, D. (2018). From resource extraction to outflows of wastes and emissions: The socioeconomic metabolism of the global economy, 1900–2015. Global environmental change, 52, 131-140.https://ourworldindata.org/grapher/global-gdp-over-the-long-run Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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