
Littératures comparées - William Marx
La littérature est un fait universel, d'extension mondiale et d'envergure transhistorique, quoique sous des modalités extrêmement diverses : l'étude de ses variations est l'objet de cette chaire, dans la lignée des enseignements de littérature comparée apparus en Europe et en Amérique dès le XIXe siècle. Lecture de textes de toutes origines et de tout statut, analyses littéraires et indispensables mises en contexte sont mises au service de ce voyage immobile et du dépaysement qui l'accompagne. L'exercice de l'admiration n'y est pas non plus interdit.L'objectif est d'entrouvrir la porte de la bibliothèque mondiale et d'en parcourir quelques rayonnages afin de faire de nous des lecteurs sans limite, capables de lire par-delà la littérature, en nous dégageant de notre propre historicité, selon un processus de défamiliarisation. Car c'est en réalité la notion même de littérature qui fait problème, avec tout ce qu'elle implique de présupposés et d'usages historiquement datés et géographiquement localisés : en gros, l'Europe des deux derniers siècles. C'est pourquoi l'intitulé de la chaire a été mis au pluriel, et il y est proposé l'étude non pas de la, mais des littératures, dont il convient de postuler d'abord la diversité, non seulement linguistique, mais culturelle et anthropologique.Les recherches de la chaire Littératures comparées portent ainsi sur l'évolution, dans la longue durée, des systèmes esthétiques et du statut de la littérature depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours ainsi que sur leur variation selon les cultures, avec des travaux portant entre autres sur la tragédie grecque, le nô japonais et les littératures asiatiques, l'humanisme médiéval et renaissant, les Lumières, les arts classiques et romantiques, le modernisme européen et la littérature contemporaine. La critique génétique et l'édition de manuscrits sont aussi mises à contribution, avec des travaux notamment sur Paul Valéry et T. S. Eliot.
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Feb 26, 2020 • 57min
04 - Construire, déconstruire la bibliothèque
William MarxLittératures comparéesCollège de FranceAnnée 2019-2020Construire, déconstruire la bibliothèqueL'histoire de la littérature est difficilement séparable de celle des bibliothèques dans lesquelles sont lues les œuvres littéraires ou qui nous les ont transmises. L'œuvre singulière, particulière, existe à peine par elle-même : elle se détache toujours sur un fond plus ou moins perceptible d'autres œuvres, d'autres textes, parmi lesquels elle fait sens et qui orientent notre compréhension. Toute lecture se fonde sur une comparaison au moins implicite. Comment de telles bibliothèques, matérielles ou immatérielles, se sont-elles constituées depuis l'Antiquité classique ? Comment fonctionnent-elles ? Peut-on concevoir d'autres bibliothèques, d'autres étagères, d'autres listes ou canons, où figureraient d'autres textes que nous ne connaissons pas, perdus, oubliés, négligés ? Qui sait si ces bibliothèques autres ne permettraient pas aussi de donner un sens différent aux textes que nous connaissons – ou croyons connaître –, et d'en renouveler suffisamment la lecture, les enseignements et les plaisirs qu'ils nous donnent ?

Feb 19, 2020 • 58min
03 - Construire, déconstruire la bibliothèque
William MarxLittératures comparéesCollège de FranceAnnée 2019-2020Construire, déconstruire la bibliothèqueL'histoire de la littérature est difficilement séparable de celle des bibliothèques dans lesquelles sont lues les œuvres littéraires ou qui nous les ont transmises. L'œuvre singulière, particulière, existe à peine par elle-même : elle se détache toujours sur un fond plus ou moins perceptible d'autres œuvres, d'autres textes, parmi lesquels elle fait sens et qui orientent notre compréhension. Toute lecture se fonde sur une comparaison au moins implicite. Comment de telles bibliothèques, matérielles ou immatérielles, se sont-elles constituées depuis l'Antiquité classique ? Comment fonctionnent-elles ? Peut-on concevoir d'autres bibliothèques, d'autres étagères, d'autres listes ou canons, où figureraient d'autres textes que nous ne connaissons pas, perdus, oubliés, négligés ? Qui sait si ces bibliothèques autres ne permettraient pas aussi de donner un sens différent aux textes que nous connaissons – ou croyons connaître –, et d'en renouveler suffisamment la lecture, les enseignements et les plaisirs qu'ils nous donnent ?

Feb 12, 2020 • 57min
02 - Construire, déconstruire la bibliothèque
William MarxLittératures comparéesCollège de FranceAnnée 2019-2020Construire, déconstruire la bibliothèqueL'histoire de la littérature est difficilement séparable de celle des bibliothèques dans lesquelles sont lues les œuvres littéraires ou qui nous les ont transmises. L'œuvre singulière, particulière, existe à peine par elle-même : elle se détache toujours sur un fond plus ou moins perceptible d'autres œuvres, d'autres textes, parmi lesquels elle fait sens et qui orientent notre compréhension. Toute lecture se fonde sur une comparaison au moins implicite. Comment de telles bibliothèques, matérielles ou immatérielles, se sont-elles constituées depuis l'Antiquité classique ? Comment fonctionnent-elles ? Peut-on concevoir d'autres bibliothèques, d'autres étagères, d'autres listes ou canons, où figureraient d'autres textes que nous ne connaissons pas, perdus, oubliés, négligés ? Qui sait si ces bibliothèques autres ne permettraient pas aussi de donner un sens différent aux textes que nous connaissons – ou croyons connaître –, et d'en renouveler suffisamment la lecture, les enseignements et les plaisirs qu'ils nous donnent ?

Feb 5, 2020 • 59min
01 - Construire, déconstruire la bibliothèque
William MarxLittératures comparéesCollège de FranceAnnée 2019-2020Construire, déconstruire la bibliothèqueL'histoire de la littérature est difficilement séparable de celle des bibliothèques dans lesquelles sont lues les œuvres littéraires ou qui nous les ont transmises. L'œuvre singulière, particulière, existe à peine par elle-même : elle se détache toujours sur un fond plus ou moins perceptible d'autres œuvres, d'autres textes, parmi lesquels elle fait sens et qui orientent notre compréhension. Toute lecture se fonde sur une comparaison au moins implicite. Comment de telles bibliothèques, matérielles ou immatérielles, se sont-elles constituées depuis l'Antiquité classique ? Comment fonctionnent-elles ? Peut-on concevoir d'autres bibliothèques, d'autres étagères, d'autres listes ou canons, où figureraient d'autres textes que nous ne connaissons pas, perdus, oubliés, négligés ? Qui sait si ces bibliothèques autres ne permettraient pas aussi de donner un sens différent aux textes que nous connaissons – ou croyons connaître –, et d'en renouveler suffisamment la lecture, les enseignements et les plaisirs qu'ils nous donnent ?

Jan 23, 2020 • 1h 14min
Leçon inaugurale - William Marx : Littératures comparées : Pour une bibliothèque mondiale
William MarxLittératures comparéesCollège de FranceAnnée 2019-2020Leçon inauguralePour une bibliothèque mondialeUne nouvelle chaire intitulée Littératures comparées est confiée à l'historien de la littérature, écrivain et essayiste William MARX.Ancien élève de l'École normale supérieure et agrégé de lettres classiques, William MARX, né en 1966, est passé par de nombreuses universités françaises, dont l'université Paris Nanterre, où il fut professeur de 2009 à 2019, et étrangères, en Amérique du Nord, en Europe ou encore au Japon. Il est l'auteur d'une centaine d'articles portant notamment sur l'Antiquité classique, sur la littérature et les arts depuis le XIXe siècle autour de la question du modernisme, ainsi que sur l'histoire et l'épistémologie des études littéraires.Spécialiste des traditions littéraires française, anglo-américaine, italienne et germanique, comme des littératures grecque et latine, William MARX est aussi un philologue reconnu, qui a établi des éditions critiques, comme celle du dernier tome de l'édition des Cahiers 1894-1914 de Paul Valéry (Gallimard, 2016), et celle des notes de T.S. Eliot sur le cours d'Henri Bergson au Collège de France.Lauréat de l'Académie française, membre honoraire de l'Institut universitaire de France, membre du conseil scientifique du Wissenschaftskolleg zu Berlin (Allemagne), dont il a été fellow, régulièrement invité dans les universités étrangères, William MARX est l'auteur de nombreux ouvrages et essais traduits en une dizaine de langues, parmi lesquels : Un savoir gai (Minuit, 2018), La Haine de la littérature (Minuit, 2015), Le Tombeau d'Œdipe (Minuit, 2012), Vie du lettré (Minuit, 2009), L'Adieu à la littérature (Minuit, 2005), Les Arrière-gardes au XXe siècle (dir., PUF, 2004), Naissance de la critique moderne (Artois Presses Université, 2002). Ses ouvrages sont publiés aux États-Unis et dans le monde anglophone par Harvard University Press et Verso Books.« Ma recherche en littérature est née d'un malaise ressenti dès les années de lycée. Je ne voyais pas l'intérêt des études littéraires telles qu'elles m'étaient proposées (...). Je me demandais, en somme, à quoi servait le discours sur la littérature. Et longtemps je me le suis demandé.Après avoir passé un baccalauréat scientifique, j'hésitai longuement entre les sciences et les lettres, comme Hercule à la croisée des chemins, et n'optai pour la voie littéraire qu'afin d'approfondir ma connaissance des langues et de la culture antiques, tout en gardant le sentiment intime d'une certaine inadéquation aux études que je menais ou, du moins, d'un autre possible qui eût pu s'ouvrir à leur place. Ce sentiment me poursuivit jusqu'à l'agrégation de lettres classiques. Et je ne réussis à m'en débarrasser que le jour où je décidai de faire de cette interrogation presque existentielle la base même de mon travail (...) De là vient que l'essentiel de mes travaux propose une mise en évidence et une critique des a priori qui gouvernent notre perception de la littérature. Et cette interrogation quant à la légitimité du discours sur la littérature se double de la conviction comparatiste que seul l'éloignement temporel, spatial et culturel peut permettre une meilleure appréciation de la réalité la plus familière. »William MARX