Choses à Savoir SANTE

Choses à Savoir
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Oct 21, 2025 • 2min

Pourquoi le gène p53 est le plus étudié de tous ?

Le gène p53 est sans doute le plus étudié de tout le génome humain, et pour une raison majeure : il est surnommé le « gardien du génome », tant son rôle est crucial dans la prévention du cancer.Découvert dans les années 1970, p53 code une protéine du même nom qui agit comme un chef d’orchestre de la sécurité cellulaire. Chaque jour, notre ADN subit des milliers d’agressions — causées par les rayons UV, des substances chimiques, ou simplement des erreurs de copie lors de la division cellulaire. Le rôle du gène p53 est de détecter ces anomalies et de décider de la marche à suivre : soit il déclenche la réparation de l’ADN, soit il ordonne à la cellule de cesser de se diviser, soit, en dernier recours, il provoque son autodestruction (l’apoptose).En d’autres termes, p53 empêche les cellules endommagées de devenir cancéreuses. C’est un frein biologique fondamental. Mais lorsqu’il est muté — ce qui arrive dans environ 50 % de tous les cancers humains — ce garde du corps cellulaire cesse de fonctionner. La cellule devient alors libre de se multiplier sans contrôle, d’accumuler d’autres mutations, et de former une tumeur.Cette importance explique pourquoi p53 a fait l’objet de dizaines de milliers de publications scientifiques. Les chercheurs veulent comprendre son mécanisme exact, sa structure, et surtout comment le réactiver lorsqu’il est défaillant.Ce gène n’agit pas seul : il appartient à une famille de gènes apparentés (p63 et p73) qui participent aussi à la régulation de la croissance cellulaire et à la mort programmée. Ensemble, ils forment une véritable armée de surveillance anti-cancer.Au-delà de l’oncologie, p53 est aussi impliqué dans d’autres domaines : le vieillissement, par exemple. Son hyperactivité peut empêcher les cellules de se renouveler correctement, accélérant la sénescence des tissus. C’est donc un équilibre délicat : trop peu de p53, c’est le risque de cancer ; trop, c’est le vieillissement prématuré.Enfin, p53 est devenu une cible thérapeutique majeure. De nouvelles molécules cherchent à restaurer son activité dans les tumeurs où il est muté, ou à imiter ses effets. Certaines thérapies géniques expérimentales tentent même d’introduire une version saine du gène dans les cellules cancéreuses.Ainsi, p53 fascine les chercheurs car il résume à lui seul la complexité de la vie cellulaire : un simple gène capable de décider entre la survie et la mort d’une cellule, et donc, en partie, entre la santé et la maladie. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 20, 2025 • 2min

Quel est le langage secret des jumeaux ?

La cryptophasie, littéralement « langage caché », est un phénomène fascinant observé chez certains jumeaux, en particulier les jumeaux monozygotes, c’est-à-dire issus du même œuf. Elle désigne la création d’un langage secret, connu et compris uniquement d’eux. Ce phénomène, à mi-chemin entre la linguistique et la psychologie, intrigue les chercheurs depuis des décennies.Tout commence très tôt dans l’enfance, souvent vers l’âge de deux ou trois ans, quand les jumeaux apprennent à parler. Plutôt que d’adopter la langue des adultes, ils inventent leur propre système de communication. Ce langage peut inclure des mots déformés, des onomatopées, des sons répétitifs, des gestes ou des mimiques qui, pour un observateur extérieur, paraissent dénués de sens. Pourtant, entre les jumeaux, ces échanges sont parfaitement compréhensibles.Les spécialistes estiment qu’environ 40 % des jumeaux développent, à un degré plus ou moins marqué, une forme de cryptophasie. Elle s’explique par la relation unique entre eux : une proximité extrême, une forte imitation réciproque et souvent une exposition linguistique réduite, car ils passent beaucoup de temps ensemble sans l’intervention constante d’adultes. Les jumeaux apprennent donc à se parler « entre eux » avant de parler « aux autres ».Ce phénomène n’est pas sans conséquence sur le développement du langage. Les enfants cryptophasistes peuvent présenter un léger retard dans l’acquisition du vocabulaire ou de la grammaire standard. En revanche, leur communication entre eux est souvent d’une richesse surprenante : fluide, expressive, dotée de règles implicites que seul le duo maîtrise. Les chercheurs parlent d’un « écosystème linguistique autonome ».La cryptophasie s’est illustrée dans plusieurs cas célèbres. L’un des plus étudiés est celui de June et Jennifer Gibbons, surnommées « les jumelles silencieuses ». D’origine galloise, elles refusaient de parler à quiconque sauf entre elles, utilisant un dialecte si particulier qu’aucun linguiste ne parvint à le décrypter entièrement. Leur lien exclusif fut à la fois leur refuge et leur prison.Avec le temps, la plupart des jumeaux abandonnent spontanément leur langage secret, surtout à l’entrée à l’école, quand ils sont confrontés à la langue commune. Mais la cryptophasie laisse souvent des traces : une complicité silencieuse, une intuition mutuelle qui dépasse les mots.En somme, la cryptophasie n’est pas seulement un jeu linguistique d’enfants : c’est une preuve touchante de la force du lien gémellaire, capable de créer, littéralement, un monde à part. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 19, 2025 • 2min

Etes-vous atteint de cybercinétose ?

La cybercinétose, ou mal du virtuel, provoque des symptômes désagréables comme des nausées et des vertiges. Ce phénomène survient lorsque notre cerveau reçoit des informations sensorielles contradictoires, notamment entre la vision et l'oreille interne. Comprendre son origine nécessite de plonger dans notre gestion de l'équilibre. Avec jusqu'à 60 % des utilisateurs de réalité virtuelle touchés, la sensibilité varie selon chaque individu. Les développeurs explorent des solutions pour atténuer ce mal, mettant en avant l'importance d'un ancrage dans le réel.
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Oct 16, 2025 • 2min

Quelles sont les 4 habitudes à adopter pour vivre plus longtemps ?

Qui n’a jamais rêvé de vivre centenaire, et surtout, en bonne santé ? La question fascine depuis longtemps les chercheurs. Récemment, une vaste analyse menée par l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie a passé au crible 34 études observationnelles sur la longévité. Résultat : quatre habitudes simples semblent jouer un rôle déterminant pour atteindre un âge avancé tout en restant autonome.Première habitude : rester physiquement actif. L’étude montre que l’exercice régulier, même modéré, est associé à une baisse significative du risque de mortalité. Pas besoin d’un marathon : marcher, jardiner, ou simplement bouger chaque jour suffit déjà à entretenir les muscles, le cœur et les os. Le mouvement est un véritable médicament naturel.Deuxième facteur clé : maintenir des liens sociaux solides. Les centenaires ne vivent pas en isolement. Famille, amis, communauté : le tissu relationnel agit comme un rempart contre la solitude, qui elle-même augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de dépression et même de démence. Le message est clair : entretenir ses relations est aussi vital que surveiller son alimentation.Troisième habitude : nourrir son esprit. La longévité n’est pas seulement une affaire de corps, mais aussi de cerveau. Lire, apprendre, jouer d’un instrument ou résoudre des énigmes stimule la plasticité cérébrale et protège contre le déclin cognitif. Les personnes qui gardent une curiosité intellectuelle et une activité mentale régulière vivent non seulement plus longtemps, mais mieux.Enfin, quatrième pilier : adopter une attitude positive face à la vie. Les chercheurs australiens insistent sur l’impact majeur de l’optimisme. Les personnes qui abordent l’avenir avec confiance et qui cultivent la gratitude résistent mieux au stress et développent une meilleure santé cardiovasculaire. L’état d’esprit devient ainsi un véritable facteur biologique de longévité.Ces quatre habitudes — bouger, rester connecté aux autres, stimuler son esprit et cultiver l’optimisme — ne sont pas de simples conseils de bien-être. Elles reposent sur des données solides issues d’une synthèse scientifique portant sur plusieurs dizaines de milliers de participants.En résumé, la recette pour vivre centenaire ne se trouve pas seulement dans nos gènes, mais surtout dans nos choix de vie quotidiens. Si l’on devait retenir une leçon de cette étude australienne, c’est que la longévité n’est pas une loterie : elle se construit pas à pas, sourire après sourire, geste après geste. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 15, 2025 • 2min

Qu'est-ce que le “ver de dent” ?

Pendant des siècles, un mal de dents n’était pas seulement une douleur : c’était, croyait-on, l’œuvre d’un petit intrus terrifiant… le « ver de dent ».Cette croyance est l’une des plus anciennes de l’histoire de la médecine. On en trouve la trace chez les Sumériens il y a plus de 5 000 ans, mais aussi chez les Mayas, dans les textes hindous, et même en Europe, où elle s’est maintenue jusqu’au XVIIIᵉ siècle. Partout, l’idée était la même : si une dent fait mal, c’est parce qu’un ver minuscule s’y est installé et la ronge de l’intérieur.Les symptômes semblaient confirmer cette théorie. Une rage de dents donne l’impression que quelque chose creuse et gratte à l’intérieur. Et comme on ne pouvait pas voir ce qui se passait réellement, l’explication du ver était la plus logique. Certaines descriptions anciennes affirment même que l’on pouvait apercevoir le ver en retirant un morceau de dent cariée… en réalité, il s’agissait souvent de nerfs ou de débris de tissus, mal interprétés.Cette idée du « ver de dent » a influencé les pratiques médicales pendant des siècles. Dans de nombreuses cultures, les guérisseurs tentaient de chasser le parasite à l’aide de rituels, de plantes, ou même de fumigations censées faire sortir le ver de sa cachette. En Europe médiévale, on pouvait appliquer sur la dent malade des mélanges de miel, de cendres ou d’herbes, dans l’espoir d’« étouffer » le coupable.Il faut attendre l’essor de la médecine moderne et surtout l’invention du microscope, au XVIIᵉ siècle, pour que la théorie soit sérieusement remise en question. On découvre alors que les véritables responsables ne sont pas des vers, mais des bactéries, qui dégradent l’émail et provoquent des caries. Au XVIIIᵉ siècle, la science finit par balayer la vieille croyance, même si elle reste encore vivace dans certaines régions du monde.Aujourd’hui, l’histoire du « ver de dent » peut nous sembler naïve. Mais elle illustre bien une constante : quand la science ne peut pas encore expliquer un phénomène, l’imagination prend le relais. Et dans le cas du mal de dents, il fallait bien trouver une raison à cette douleur insupportable.En résumé, si nos ancêtres ont cru si longtemps aux vers de dents, c’est parce que la douleur était réelle, mais les moyens d’observation manquaient. Une croyance universelle, qui rappelle à quel point la médecine a parcouru un long chemin pour comprendre et traiter la douleur dentaire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 14, 2025 • 2min

Pourquoi devons-nous le traitement du diabète aux chiens ?

L’histoire est aussi méconnue que fascinante, et elle remonte au tout début du XXᵉ siècle.Le diabète était alors une maladie dramatique : sans traitement, les malades voyaient leur état se dégrader inexorablement, jusqu’à la mort. Les médecins savaient que le problème était lié au pancréas, mais ils ignoraient encore le rôle précis de cet organe. C’est ici qu’entrent en scène… les chiens.Dès 1889, deux chercheurs allemands, Oskar Minkowski et Joseph von Mering, pratiquent l’ablation du pancréas chez un chien. Quelques jours plus tard, ils remarquent que l’animal présente tous les signes caractéristiques du diabète : soif intense, urines sucrées, amaigrissement rapide. C’était la première démonstration claire que le pancréas joue un rôle central dans la régulation du sucre dans le sang.Mais il faudra attendre 1921 pour que l’étape décisive soit franchie. Frederick Banting, un jeune médecin canadien, et Charles Best, un étudiant, travaillent à Toronto sous la direction du professeur John Macleod. Leur objectif : isoler la mystérieuse substance produite par le pancréas et responsable de la régulation du glucose. Après de nombreux essais, toujours sur des chiens, ils parviennent à extraire une hormone qu’ils baptisent insuline.Les premiers tests sont menés directement sur des chiens rendus diabétiques en laboratoire. Les résultats sont spectaculaires : les animaux, condamnés sans traitement, retrouvent une vie presque normale après injection d’insuline. Cette découverte révolutionnaire ouvre alors la voie aux premiers essais sur l’homme dès 1922, avec le même succès. Le diabète, jusque-là fatal, devient une maladie chronique que l’on peut contrôler.Grâce à ces expériences, Banting et Macleod reçoivent le prix Nobel de médecine en 1923. Ils partagent aussitôt une partie de leur récompense avec Best et le biochimiste Collip, qui avait aidé à purifier l’insuline.Il est frappant de constater que sans les chiens, rien de tout cela n’aurait été possible. Leur rôle fut déterminant à chaque étape : démontrer l’origine du diabète, tester l’extraction de l’insuline et prouver son efficacité.En résumé, si aujourd’hui des millions de personnes dans le monde peuvent vivre avec le diabète, c’est en grande partie grâce à ces animaux. Une histoire qui rappelle combien la recherche médicale doit parfois ses avancées les plus cruciales à nos compagnons à quatre pattes. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 13, 2025 • 2min

Peut-on manger les coquilles d’œufs ?

À première vue, l’idée peut sembler étrange, voire peu appétissante. Pourtant, cette fine carapace blanche qui protège le jaune et le blanc n’est pas un simple emballage jetable : elle contient des ressources nutritives insoupçonnées.La coquille d’œuf est composée à près de 95 % de carbonate de calcium. C’est exactement le même minéral qui constitue nos os et nos dents. En termes de densité de calcium, c’est même l’une des sources naturelles les plus concentrées : une coquille d’œuf moyenne en contient environ deux grammes, soit deux fois plus que l’apport quotidien recommandé pour un adulte. De quoi intriguer les chercheurs en nutrition.Mais peut-on vraiment la consommer telle quelle ? La réponse est oui, mais pas sans précautions. D’abord, la coquille crue peut contenir des bactéries comme la salmonelle. Elle ne doit donc jamais être ingérée directement sortie de l’œuf. La méthode la plus sûre consiste à la faire bouillir quelques minutes pour éliminer tout risque, puis à la laisser sécher. Ensuite, on peut la réduire en poudre très fine à l’aide d’un mortier ou d’un mixeur. Ce “complément maison” se mélange facilement à un yaourt, une soupe ou même à la pâte d’un gâteau.Les études montrent que le calcium issu de la coquille est bien absorbé par l’organisme, parfois même mieux que certaines formes synthétiques présentes dans les compléments alimentaires. On a aussi découvert que la coquille renferme des oligo-éléments intéressants comme le magnésium, le zinc ou le fluor, qui participent à la solidité des os. C’est pourquoi, dans certains pays, on recommande cette poudre de coquille pour prévenir l’ostéoporose, notamment chez les personnes âgées.Cependant, attention : manger des coquilles d’œufs n’est pas une solution miracle. Une consommation excessive peut provoquer des troubles digestifs ou des calculs rénaux à cause d’un excès de calcium. Et tout le monde n’a pas envie de transformer sa cuisine en laboratoire pour stériliser et moudre ses coquilles.En résumé, oui, on peut manger les coquilles d’œufs, mais sous forme de poudre stérilisée et en quantité raisonnable. Ce n’est pas un aliment du quotidien, mais plutôt un complément ponctuel, naturel et économique. Une belle preuve que même ce que l’on considère comme un simple déchet peut, en réalité, devenir une ressource précieuse pour la santé. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 12, 2025 • 2min

Quel organe du corps humain ne vieillit pas ?

Le foie a toujours intrigué les médecins et les chercheurs, car on dit souvent qu’il est le seul organe du corps humain qui ne vieillit pas. Cette affirmation n’est pas un mythe : elle repose sur des observations scientifiques assez étonnantes.Le foie, situé sous les côtes à droite, est un véritable laboratoire biologique. Il filtre les toxines, régule le métabolisme, stocke le glucose et participe à la digestion grâce à la bile. On pourrait croire qu’avec une telle charge de travail, il s’use vite. Or, c’est tout l’inverse : son fonctionnement reste remarquablement stable avec l’âge, du moins chez un individu en bonne santé.La raison principale se trouve dans sa capacité de régénération. C’est l’un des rares organes capables de se reconstruire presque intégralement après une lésion. On connaît l’expérience de greffe où un donneur vivant peut céder jusqu’à 70 % de son foie : en quelques mois, l’organe reprend sa taille et ses fonctions. Ce processus s’explique par un renouvellement cellulaire constant. Là où d’autres tissus voient leurs cellules se diviser de moins en moins avec le temps, les cellules hépatiques, elles, gardent cette faculté intacte.Des études menées à partir de la radiocarbone, une méthode qui permet de “dater” l’âge des cellules, ont montré que, même chez des personnes âgées, les cellules du foie ne dépassent jamais une dizaine d’années. En clair, le foie se renouvelle en permanence et se maintient “jeune” tout au long de la vie. Contrairement au cœur ou au cerveau, qui accumulent les dégâts du temps, le foie efface régulièrement les traces du vieillissement cellulaire.Évidemment, cette résistance n’est pas absolue. L’alcool, certaines maladies chroniques ou l’excès de graisses peuvent provoquer des lésions irréversibles comme la cirrhose ou le cancer. Mais si l’on met de côté ces agressions, le foie reste l’un des organes les plus fidèles et les plus stables.En résumé, on dit que le foie ne vieillit pas parce qu’il a une jeunesse biologique entretenue par son renouvellement constant. Il ne garde pas les stigmates du temps, mais redémarre sans cesse à zéro. C’est une exception fascinante dans notre organisme et une des raisons pour lesquelles la recherche médicale s’y intéresse de près : comprendre pourquoi et comment le foie garde cette capacité pourrait ouvrir des pistes pour ralentir le vieillissement d’autres organes. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 9, 2025 • 3min

Pourquoi les sœurs Genain sont-elles devenues un cas emblématique de la psychiatrie ?

Dans l’histoire de la psychiatrie, rares sont les cas qui ont marqué autant que celui des sœurs Genain. Nées en 1930 dans le Midwest américain, ces quadruplées monozygotes – donc génétiquement identiques – ont toutes développé une schizophrénie vers l’âge de 24 ans. Leur histoire a fasciné les chercheurs, car elle semblait offrir un « laboratoire naturel » pour comprendre l’origine de cette maladie mentale complexe.Dès les années 1950, les sœurs furent intensivement étudiées par le National Institute of Mental Health (NIMH). L’idée était simple : si quatre individus partageant le même patrimoine génétique présentent la même pathologie, cela suggère un rôle majeur de la biologie et de l’hérédité. Mais ce qui intrigua encore davantage, c’est que la sévérité de la maladie variait d’une sœur à l’autre. Deux furent gravement handicapées par leurs symptômes, tandis que les deux autres conservèrent une certaine autonomie. Cela a renforcé l’hypothèse que, si la génétique est déterminante, l’environnement module la gravité et l’expression des troubles.Les chercheurs ont longtemps présenté les sœurs Genain comme une « preuve vivante » du caractère héréditaire de la schizophrénie. Elles ont ainsi été mentionnées dans d’innombrables manuels et articles scientifiques. Cependant, à mesure que l’on en apprenait davantage sur leur histoire personnelle, un autre récit a émergé, beaucoup plus sombre et nuancé.Les Genain – un pseudonyme choisi pour préserver leur anonymat – ont grandi dans une famille profondément dysfonctionnelle. Leur père, autoritaire et abusif, les a maltraitées psychologiquement et physiquement. Des témoignages suggèrent aussi des abus sexuels. La mère, soumise et distante, n’a pas protégé ses filles. Dans ce contexte de traumatisme répété, il devient difficile de considérer la schizophrénie des quadruplées comme uniquement le produit de leurs gènes.Aujourd’hui, les spécialistes regardent ce cas avec beaucoup plus de prudence. Oui, la concordance entre les quatre sœurs souligne l’importance du facteur génétique dans la schizophrénie. Mais leur enfance marquée par la violence et la peur a sans doute été un puissant catalyseur. Le cas des Genain illustre donc parfaitement ce que l’on appelle le modèle « vulnérabilité-stress » : une prédisposition biologique peut exister, mais c’est l’interaction avec des événements traumatisants ou un environnement délétère qui détermine l’émergence et la sévérité de la maladie.Ainsi, les sœurs Genain rappellent aux chercheurs et aux cliniciens qu’aucune explication ne peut être purement génétique ou purement environnementale. Leur histoire tragique est devenue un avertissement : derrière les données scientifiques se cachent toujours des vies marquées par la souffrance et la complexité humaine. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Oct 8, 2025 • 2min

Pourquoi connaissons-nous tous le “kama muta” ?

Le terme « kama muta » vient du sanskrit et signifie littéralement « ému » ou « ému jusqu’aux larmes ». Derrière ce mot se cache un concept encore peu connu du grand public, mais de plus en plus étudié par les psychologues : une émotion universelle, caractérisée par une sensation de chaleur au cœur, des frissons, parfois des larmes, et un profond sentiment de connexion avec les autres.Contrairement à des émotions comme la joie ou la tristesse, le kama muta n’a pas un nom établi dans la plupart des langues modernes. Pourtant, chacun l’a déjà ressenti. C’est ce qui nous saisit lorsqu’on voit une vidéo d’un soldat retrouvant sa famille, quand on assiste à un acte de générosité inattendu, ou lorsque l’on se sent porté par un chœur qui chante d’une seule voix. Le kama muta est l’émotion de l’élévation, de l’appartenance et de l’unité.Des chercheurs, notamment le psychologue américain Alan Fiske, ont tenté de le définir et de le mesurer. Ils le décrivent comme une réaction à ce qu’ils appellent une « communal sharing relationship », autrement dit un moment où un lien social ou affectif se renforce soudainement. Ce peut être une déclaration d’amour, un geste de solidarité, ou même l’impression de communier avec quelque chose de plus grand que soi, comme la nature ou une expérience spirituelle.Physiologiquement, le kama muta s’accompagne de signes assez typiques : des larmes d’émotion, des frissons dans la nuque ou les bras, une chaleur dans la poitrine. Ce sont des indicateurs corporels que les chercheurs utilisent pour identifier cette émotion. Elle se distingue du simple attendrissement par son intensité et par ce sentiment soudain d’être profondément relié aux autres.Pourquoi s’y intéresser ? Parce que le kama muta joue un rôle central dans nos vies sociales. En déclenchant ce sentiment d’unité, il favorise la cohésion des groupes, le développement de relations solides, la motivation à aider autrui. On pourrait dire que c’est l’émotion qui « cimente » les liens humains. Elle est universelle : on l’observe dans toutes les cultures, même si chaque société lui donne des formes et des contextes différents.Dans le monde moderne, marqué par l’individualisme et l’isolement, le kama muta est souvent recherché à travers la musique, les films, les cérémonies ou les réseaux sociaux, où circulent quantité de vidéos émouvantes. Ressentir cette émotion, ce n’est pas seulement un moment agréable : c’est aussi une manière de se rappeler notre besoin fondamental de lien et de solidarité.En somme, le kama muta est l’émotion de l’être-ensemble, ce frisson qui nous traverse quand nous réalisons que nous ne sommes pas seuls, mais profondément connectés aux autres et au monde. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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