

Collège de France - Sélection
Collège de France
Une sélection des enseignements et conférences du Collège de France. Retrouvez l’ensemble des podcasts du Collège de France par professeur sur notre site internet.
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Oct 7, 2021 • 1h 35min
Benoît Peeters - L'Année de la bande dessinée au Collège de France
Benoît PeetersL'Année de la bande dessinée au Collège de FranceBenoît Peeters est né en 1956. Après une licence de philosophie, il a préparé le diplôme de l'École pratique des hautes études sous la direction de Roland Barthes. Titulaire d'une habilitation à diriger les recherches, il est visiting professor à l'université de Lancaster.Spécialiste d'Hergé, il a publié trois ouvrages qui sont devenus des classiques : Le Monde d'Hergé, Hergé fils de Tintin et Lire Tintin, les bijoux ravis. Théoricien et critique aux intérêts éclectiques, il est l'auteur de nombreux essais sur la bande dessinée, le scénario, le storyboard et l'écriture en collaboration, et de monographies sur Rodolphe Töpffer, Jirô Taniguchi et Chris Ware. Il a publié aux éditions Flammarion la première biographie de Jacques Derrida ainsi que Valéry, tenter de vivre et tout récemment Sandor Ferenczi, l'enfant terrible de la psychanalyse.Une longue complicité avec le dessinateur François Schuiten lui a permis de construire avec lui la série de bande dessinée Les Cités obscures. Quinze albums sont parus à ce jour aux éditions Casterman ; ils ont obtenu de nombreux prix et ont été traduits dans le monde entier.En 1837, Rodolphe Töpffer présentait en ces termes son album Monsieur Jabot : « Ce petit livre est d'une nature mixte. Il se compose d'une série de dessins accompagnés d'une ou deux lignes de texte. Les dessins, sans ce texte, n'auraient qu'une signification obscure ; le texte sans les dessins ne signifierait rien. Le tout ensemble forme une sorte de roman, d'autant plus original qu'il ne ressemble pas mieux à un roman qu'à autre chose. » Töpffer était persuadé de l'avenir de cette nouvelle forme de récit, mais il n'aurait jamais pu imaginer l'importance qu'elle allait prendre.Oscillant entre la presse et le livre, l'enfance et l'âge adulte, la caricature et le réalisme, jouant des cases et des strips, du découpage et de la mise en page, des phylactères et des onomatopées, la bande dessinée est un médium à part entière que ni le cinéma, ni le jeu vidéo, ni Internet, n'ont menacé jusqu'à présent. Si le neuvième art a déjà donné naissance à bien des chefs-d'œuvre, de Krazy Kat à Spirou et Fantasio, des Peanuts à Persepolis, des mangas au roman graphique, il est aujourd'hui plus divers et plus vivant que jamais.

Oct 7, 2021 • 46min
Cycle Europe - Ivan Krastev 2/4 : Democratization and Ethnic (De)Homogenization
Samantha BessonDroit international des institutionsCollège de FranceAnnée 2021-2022Ivan Krastev - Conférencier invité - Cycle europe du Collège de France : L'angoisse du déclin. Démocratie, démographie et clivage Est-Ouest en Europe 2/4Democratization and Ethnic (De)HomogenizationThe second lecture focuses on the centrality of the demographic factor in explaining the transformation of European liberal democracies and European welfare states. It argues that while until recently, the relationship between democracy and demography was usually thought of in Malthusian terms (too many people and not enough resources), the demographic shock voiced in parts of Europe today is radically different. It is caused by political fears of demographic decline, depopulation, and a widening gap in opportunities and social attitudes between metropolitan centers and outlying areas. The picture is especially bleak in Central and Eastern Europe, where fertility is low and outmigration is high. The United Nations estimates that since the 1990s, the nations of this region have lost about 6 percent of their collective population, or about eighteen-million persons. If these people formed a country, it would be nearly as populous as the Czech Republic and Hungary combined. The lecture discusses the diverging paths of ethnic homogenization and ethnic diversity in the West of Europe and the East of Europe since World War I and its significance in explaining the nature of Central European populism of today.

Oct 6, 2021 • 48min
Cycle Europe - Ivan Krastev 1/4 : How Important Is the East-West Divide in Europe? (De l'importance du clivage Est-Ouest en Europe)
Samantha BessonDroit international des institutionsCollège de FranceAnnée 2021-2022Ivan Krastev - Conférencier invité - Cycle europe du Collège de France : L'angoisse du déclin. Démocratie, démographie et clivage Est-Ouest en Europe 1/4How Important Is the East-West Divide in Europe?Europe is a complicated maze with many fault lines and internal divisions. This introductory lecture focuses on several of the faults lines in today's Europe: the North-South Divide; the Density Divide (gap in cultural values and electoral preferences between people living in Europe's metropolitan areas and the rural areas); and the Generation Divide. It argues that while bridging all those divides is critically important for the future of the EU, it is the East-West divide that will have most importance for the preservation of the Union as a liberal-democratic space.

Sep 30, 2021 • 1h 39min
Leçon inaugurale - Alberto Manguel : Europa : le mythe comme métaphore
Alberto ManguelCollège de FranceL'invention de l'Europe par les langues et les cultures (chaire annuelle 2021-2022)Année 2021-2022Leçon inaugurale :Au commencement, il y a le mythe. Zeus s'éprit d'Europa, la fille du roi africain Agénor, et, métamorphosé en taureau, l'emporta en Crète où elle lui donna deux fils. Agénor envoya les deux frères d'Europa à sa poursuite, leur interdisant de réapparaître chez lui sans l'avoir retrouvée. Ils ne revinrent jamais. Le mythe est, au sens essentiel, un déplacement, une métaphore, une traduction, une « parole » (Barthes) qui signifie : « emporté d'un lieu à un autre ».Les mythes sont transformés, altérés, renouvelés pour correspondre aux besoins d'un temps et d'un lieu. Mais ils restent eux-mêmes pour l'essentiel, car ils ne sont pas créés en tant que fabrications de l'imagination humaine, mais (sans vouloir tomber dans un universalisme facile) comme des manifestations concrètes de certaines intuitions primordiales. Au Moyen Âge, Lactantius proposa de banaliser le mythe grec en prétendant que le taureau était simplement le nom d'un bateau. Mais le mythe perdura et en fit lever d'autres dérivés de l'histoire initiale : mythes de souveraineté (Europa, une princesse), de féminité (la bien-aimée de Zeus), de prééminence culturelle (ses frères envoyés à sa recherche) et aussi, plus mystérieusement, d'immigration et d'établissement (Europa, une résidente étrangère). Le contenu de ces mythes constitue peut-être la pierre de touche qui prête aux peuples de l'Europe une identité commune intuitive.Toute définition (celle du mythe, par exemple) nécessite tant une limitation qu'une invention. Une limitation de ce que nous croyons que l'objet de la définition n'est pas, et une invention de ce que nous imaginons susceptible de constituer quelque chose que nous connaissons déjà, puisque nous ne pouvons définir ce que nous n'avons pas encore imaginé. Le mythe d'Europa reflète cette double nécessité.-La chaire annuelle L'invention de l'Europe par les langues et les cultures, créée en partenariat avec le ministère de la Culture (Délégation générale à la langue française et aux langues de France), porte sur les enjeux contemporains de la création intellectuelle et artistique en Europe

Apr 14, 2021 • 59min
Cycle Europe - Luuk van Middelaar 4/4 : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe et l'entrée dans l'Histoire : le récit
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2020-2021Droit international des institutionsConférencier invité - Luuk van Middelaar : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe et l'entrée dans l'Histoire : le récit – Exercice géopolitique (4)Date : 14 avril 2021PrésentationCette série de quatre conférences inaugure le cycle Europe. Il est consacré au thème « L'Europe géopolitique : actes et paroles ».Nous aborderons dans ce cycle Europe les aspirations de l'Union européenne, en tant qu'ensemble, à se montrer comme un acteur respecté sur la scène mondiale et à peser davantage sur le cours des événements. Ce vœu d'une Europe plus « géopolitique », plus « stratégique », voire « souveraine », exprimé depuis quelques années par de nombreux dirigeants (dont le président français et la présidente de la Commission), ne se traduit que difficilement dans les actes. Afin de remédier à cette situation, la doctrine bruxelloise tend à regarder du côté des réformes institutionnelles ou d'une adaptation des politiques. Nous suggérons, au contraire, qu'il convient en premier lieu d'effectuer un changement d'ethos, de mentalité et de vision du monde. Afin de retrouver un rôle d'acteur, l'Europe doit sortir de la pensée universaliste et intemporelle où elle a trouvé refuge après 1945, tant sur le plan des valeurs que sur celui de l'économie. Elle doit assumer la finitude de l'espace et du temps, réapprendre le langage du pouvoir, entamer, en somme, une vraie métamorphose libératrice – aussi douloureuse qu'elle puisse être.L'expérience enseigne toutefois que seule la nécessité pourra faire sortir les Européens de leur place privilégiée dans les coulisses de l'Histoire ; choc après choc, pas à pas. Plutôt que d'ajouter au chœur des exhortations qui se font entendre régulièrement, nous examinerons comment les Européens réagissent depuis 2015 aux événements disruptifs et réorganisent leur Union en conséquence.Quatre thèmes principaux illustrent ce réveil à contrecœur : découverte de la finitude territoriale, dans la reconnaissance d'une frontière extérieure commune, notamment à l'occasion des crises ukrainienne (2014-2015) et migratoire (2015-2016), et lors de l'intimidation turque en Méditerranée orientale (2020) ; découverte de la finitude économique, vivement ressentie sous le choc de la rareté médicale lors de la pandémie de covid -19, et plus largement dans une nouvelle dépendance vis-à-vis de la Chine de Xi Jinping ; découverte de la finitude temporelle et de la solitude, enfin, qui se joue dans le lent abandon par les États-Unis de leur rôle de protecteur du continent européen. Ces découvertes, tâtonnements et pertes d'innocence successifs ne pourront déboucher sur une Europe actrice et maîtresse de son destin que s'ils sont accompagnés d'un récit. N'est-ce pas là la plus ancienne façon de s'inscrire dans le temps, le meilleur moyen de transformer la douleur de la finitude en une force ? Sans souveraineté narrative, pas d'autonomie stratégique.Ces quatre exercices de géopolitique seront reliés par quelques thèmes transversaux : nouvelle importance de la publicité et de l'espace public ; glissements de pouvoir entre États européens, notamment entre la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ; réformes institutionnelles et rapport droit/politique au sein des instances de l'Union.

Apr 7, 2021 • 57min
Cycle Europe - Luuk van Middelaar 3/4 : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe et l'Amérique : la solitude
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2020-2021Droit international des institutionsConférencier invité - Luuk van Middelaar : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe et l'Amérique : la solitude – Exercice géopolitique (3)Date : 7 avril 2021PrésentationCette série de quatre conférences inaugure le cycle Europe. Il est consacré au thème « L'Europe géopolitique : actes et paroles ».Nous aborderons dans ce cycle Europe les aspirations de l'Union européenne, en tant qu'ensemble, à se montrer comme un acteur respecté sur la scène mondiale et à peser davantage sur le cours des événements. Ce vœu d'une Europe plus « géopolitique », plus « stratégique », voire « souveraine », exprimé depuis quelques années par de nombreux dirigeants (dont le président français et la présidente de la Commission), ne se traduit que difficilement dans les actes. Afin de remédier à cette situation, la doctrine bruxelloise tend à regarder du côté des réformes institutionnelles ou d'une adaptation des politiques. Nous suggérons, au contraire, qu'il convient en premier lieu d'effectuer un changement d'ethos, de mentalité et de vision du monde. Afin de retrouver un rôle d'acteur, l'Europe doit sortir de la pensée universaliste et intemporelle où elle a trouvé refuge après 1945, tant sur le plan des valeurs que sur celui de l'économie. Elle doit assumer la finitude de l'espace et du temps, réapprendre le langage du pouvoir, entamer, en somme, une vraie métamorphose libératrice – aussi douloureuse qu'elle puisse être.L'expérience enseigne toutefois que seule la nécessité pourra faire sortir les Européens de leur place privilégiée dans les coulisses de l'Histoire ; choc après choc, pas à pas. Plutôt que d'ajouter au chœur des exhortations qui se font entendre régulièrement, nous examinerons comment les Européens réagissent depuis 2015 aux événements disruptifs et réorganisent leur Union en conséquence.Quatre thèmes principaux illustrent ce réveil à contrecœur : découverte de la finitude territoriale, dans la reconnaissance d'une frontière extérieure commune, notamment à l'occasion des crises ukrainienne (2014-2015) et migratoire (2015-2016), et lors de l'intimidation turque en Méditerranée orientale (2020) ; découverte de la finitude économique, vivement ressentie sous le choc de la rareté médicale lors de la pandémie de covid -19, et plus largement dans une nouvelle dépendance vis-à-vis de la Chine de Xi Jinping ; découverte de la finitude temporelle et de la solitude, enfin, qui se joue dans le lent abandon par les États-Unis de leur rôle de protecteur du continent européen. Ces découvertes, tâtonnements et pertes d'innocence successifs ne pourront déboucher sur une Europe actrice et maîtresse de son destin que s'ils sont accompagnés d'un récit. N'est-ce pas là la plus ancienne façon de s'inscrire dans le temps, le meilleur moyen de transformer la douleur de la finitude en une force ? Sans souveraineté narrative, pas d'autonomie stratégique.Ces quatre exercices de géopolitique seront reliés par quelques thèmes transversaux : nouvelle importance de la publicité et de l'espace public ; glissements de pouvoir entre États européens, notamment entre la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ; réformes institutionnelles et rapport droit/politique au sein des instances de l'Union.

Apr 1, 2021 • 52min
Leçon inaugurale - Frédéric Magniez - Informatique et sciences numériques (chaire annuelle)
Frédéric MagniezCollège de FranceInformatique et sciences numériques (chaire annuelle)Leçon inaugurale : Algorithmes quantiques : quand la physique quantique défie la thèse de Church-TuringTous les calculs informatiques sont actuellement exécutés sur des ordinateurs contraints par les lois de la physique newtonienne, dite encore physique classique. Cependant, comme l'a suggéré Richard Feynman dans les années 80, un ordinateur quantique pourrait tirer profit des phénomènes de superposition et d'intrication de la physique quantique afin d'accélérer ses calculs. Alors que des prototypes d'ordinateur quantique encore très limités voient progressivement le jour, start-up, grandes entreprises du numérique et aussi gouvernements orientent peu à peu leur recherche, stratégie et financement afin d'être prêts à exploiter le potentiel de ce futur ordinateur.En partant des premiers paradoxes quantiques, la leçon inaugurale et le cours prononcé dans le cadre de cette chaire présenteront les fondements de la cryptographie et de la communication quantiques. Ensuite, nous introduirons les concepts du calcul quantique par le biais des circuits, qui nous permettront de présenter les principales méthodes algorithmiques quantiques : mise en évidence de propriétés algébriques permettant de déchiffrer les messages secrets, et optimisation ouvrant la voie à un vaste champ d'applications algorithmiques. Puis nous aborderons les limites du calcul quantique, qu'elles soient théoriques ou liées aux technologies actuelles. Enfin, nous terminerons en décrivant une partie de la recherche actuelle motivée par l'utilisation à court terme de prototypes d'ordinateurs quantiques limités, mais pouvant potentiellement trouver des applications concrètes, comme notamment en intelligence artificielle ou encore en usage décentralisé de type Internet.

Mar 31, 2021 • 58min
Cycle Europe - Luuk van Middelaar 2/4 : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe face à la Chine : la rareté
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2020-2021Droit international des institutionsConférencier invité - Luuk van Middelaar : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe face à la Chine : la rareté – Exercice géopolitique (2)Date : 31 mars 2021PrésentationCette série de quatre conférences inaugure le cycle Europe. Il est consacré au thème « L'Europe géopolitique : actes et paroles ».Nous aborderons dans ce cycle Europe les aspirations de l'Union européenne, en tant qu'ensemble, à se montrer comme un acteur respecté sur la scène mondiale et à peser davantage sur le cours des événements. Ce vœu d'une Europe plus « géopolitique », plus « stratégique », voire « souveraine », exprimé depuis quelques années par de nombreux dirigeants (dont le président français et la présidente de la Commission), ne se traduit que difficilement dans les actes. Afin de remédier à cette situation, la doctrine bruxelloise tend à regarder du côté des réformes institutionnelles ou d'une adaptation des politiques. Nous suggérons, au contraire, qu'il convient en premier lieu d'effectuer un changement d'ethos, de mentalité et de vision du monde. Afin de retrouver un rôle d'acteur, l'Europe doit sortir de la pensée universaliste et intemporelle où elle a trouvé refuge après 1945, tant sur le plan des valeurs que sur celui de l'économie. Elle doit assumer la finitude de l'espace et du temps, réapprendre le langage du pouvoir, entamer, en somme, une vraie métamorphose libératrice – aussi douloureuse qu'elle puisse être.L'expérience enseigne toutefois que seule la nécessité pourra faire sortir les Européens de leur place privilégiée dans les coulisses de l'Histoire ; choc après choc, pas à pas. Plutôt que d'ajouter au chœur des exhortations qui se font entendre régulièrement, nous examinerons comment les Européens réagissent depuis 2015 aux événements disruptifs et réorganisent leur Union en conséquence.Quatre thèmes principaux illustrent ce réveil à contrecœur : découverte de la finitude territoriale, dans la reconnaissance d'une frontière extérieure commune, notamment à l'occasion des crises ukrainienne (2014-2015) et migratoire (2015-2016), et lors de l'intimidation turque en Méditerranée orientale (2020) ; découverte de la finitude économique, vivement ressentie sous le choc de la rareté médicale lors de la pandémie de covid -19, et plus largement dans une nouvelle dépendance vis-à-vis de la Chine de Xi Jinping ; découverte de la finitude temporelle et de la solitude, enfin, qui se joue dans le lent abandon par les États-Unis de leur rôle de protecteur du continent européen. Ces découvertes, tâtonnements et pertes d'innocence successifs ne pourront déboucher sur une Europe actrice et maîtresse de son destin que s'ils sont accompagnés d'un récit. N'est-ce pas là la plus ancienne façon de s'inscrire dans le temps, le meilleur moyen de transformer la douleur de la finitude en une force ? Sans souveraineté narrative, pas d'autonomie stratégique.Ces quatre exercices de géopolitique seront reliés par quelques thèmes transversaux : nouvelle importance de la publicité et de l'espace public ; glissements de pouvoir entre États européens, notamment entre la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ; réformes institutionnelles et rapport droit/politique au sein des instances de l'Union.

Mar 24, 2021 • 1h 5min
Cycle Europe - Luuk van Middelaar 1/4 : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe face aux voisins russe et turc : la frontière
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2020-2021Droit international des institutionsConférencier invité - Luuk van Middelaar : L'Europe géopolitique : actes et paroles - L'Europe face aux voisins russe et turc : la frontière - Exercice géopolitique (1)Date : 24 mars 2021PrésentationCette série de quatre conférences inaugure le cycle Europe. Il est consacré au thème « L'Europe géopolitique : actes et paroles ».Nous aborderons dans ce cycle Europe les aspirations de l'Union européenne, en tant qu'ensemble, à se montrer comme un acteur respecté sur la scène mondiale et à peser davantage sur le cours des événements. Ce vœu d'une Europe plus « géopolitique », plus « stratégique », voire « souveraine », exprimé depuis quelques années par de nombreux dirigeants (dont le président français et la présidente de la Commission), ne se traduit que difficilement dans les actes. Afin de remédier à cette situation, la doctrine bruxelloise tend à regarder du côté des réformes institutionnelles ou d'une adaptation des politiques. Nous suggérons, au contraire, qu'il convient en premier lieu d'effectuer un changement d'ethos, de mentalité et de vision du monde. Afin de retrouver un rôle d'acteur, l'Europe doit sortir de la pensée universaliste et intemporelle où elle a trouvé refuge après 1945, tant sur le plan des valeurs que sur celui de l'économie. Elle doit assumer la finitude de l'espace et du temps, réapprendre le langage du pouvoir, entamer, en somme, une vraie métamorphose libératrice – aussi douloureuse qu'elle puisse être.L'expérience enseigne toutefois que seule la nécessité pourra faire sortir les Européens de leur place privilégiée dans les coulisses de l'Histoire ; choc après choc, pas à pas. Plutôt que d'ajouter au chœur des exhortations qui se font entendre régulièrement, nous examinerons comment les Européens réagissent depuis 2015 aux événements disruptifs et réorganisent leur Union en conséquence.Quatre thèmes principaux illustrent ce réveil à contrecœur : découverte de la finitude territoriale, dans la reconnaissance d'une frontière extérieure commune, notamment à l'occasion des crises ukrainienne (2014-2015) et migratoire (2015-2016), et lors de l'intimidation turque en Méditerranée orientale (2020) ; découverte de la finitude économique, vivement ressentie sous le choc de la rareté médicale lors de la pandémie de covid -19, et plus largement dans une nouvelle dépendance vis-à-vis de la Chine de Xi Jinping ; découverte de la finitude temporelle et de la solitude, enfin, qui se joue dans le lent abandon par les États-Unis de leur rôle de protecteur du continent européen. Ces découvertes, tâtonnements et pertes d'innocence successifs ne pourront déboucher sur une Europe actrice et maîtresse de son destin que s'ils sont accompagnés d'un récit. N'est-ce pas là la plus ancienne façon de s'inscrire dans le temps, le meilleur moyen de transformer la douleur de la finitude en une force ? Sans souveraineté narrative, pas d'autonomie stratégique.Ces quatre exercices de géopolitique seront reliés par quelques thèmes transversaux : nouvelle importance de la publicité et de l'espace public ; glissements de pouvoir entre États européens, notamment entre la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ; réformes institutionnelles et rapport droit/politique au sein des instances de l'Union.

Mar 4, 2021 • 58min
Leçon inaugurale - Sonia Garel : Système immunitaire et dynamique du cerveau
Sonia GarelNeurobiologie et immunitéCollège de FranceAnnée 2020-2021Leçon inaugurale de Sonia GarelSystème immunitaire et dynamique du cerveauDepuis une vingtaine d'années, de très nombreuses études mettent en évidence une réelle contribution du système immunitaire à la construction et au fonctionnement du cerveau ainsi qu'au développement des pathologies neurologiques et psychiatriques. C'est le cas, par exemple, lors de la progression de maladies neurodégénératives, notamment la maladie d'Alzheimer. Cette contribution passe, d'une part, par l'action de cellules immunitaires extérieures au cerveau et de facteurs sécrétés qui peuvent directement moduler l'activité neuronale. D'autre part, des études ont mis en évidence le rôle central des microglies dans l'assemblage des circuits, la régulation de la transmission synaptique, la formation ou l'élimination de synapses pendant les différentes phases de la vie : le développement, l'apprentissage et la neurodégénérescence. Un nombre croissant d'études montrent que les microglies participent à presque toutes les maladies neurologiques et psychiatriques. Par leur sensibilité à des signaux systémiques comme l'inflammation, ou à l'environnement microbien, ou à celui du microbiote, les microglies constituent donc une véritable interface entre l'environnement corporel et les circuits cérébraux dans les contextes physiologiques et pathologiques.Jusqu'au tournant de ce siècle, les immunologistes et neurobiologistes ont travaillé en parallèle dans la construction des savoirs. Aujourd'hui, autour des enjeux de l'intégration de ces nouvelles données dans l'exploration du fonctionnement du cerveau et du système nerveux, autour du lien à faire entre les études sur la physiologie normale et celles centrées sur les pathologies, il apparaît essentiel de développer une approche systémique qui intègre tous les acteurs présents, dont les cellules immunitaires, et de considérer le cerveau dans sa dynamique de construction et d'évolution. Il s'agira d'établir un nouveau schéma neuro-glio-immunitaire du développement, de la physiologie et de la pathologie des circuits cérébraux. Caractériser ces interactions neuro-immunitaires est source d'espoir – mais également de fantasmes – pour le développement de nouvelles approches thérapeutiques ciblant différents types de pathologies. C'est pourquoi il semble primordial de replacer les faits scientifiques au cœur de la discussion : il nous faudra définir clairement les enjeux de ce rapprochement, et préciser ce qui est établi dans des modèles animaux mais reste à explorer chez l'homme, afin d'accompagner la progression des savoirs et des connaissances de manière rationnelle.


