

Collège de France - Sélection
Collège de France
Une sélection des enseignements et conférences du Collège de France. Retrouvez l’ensemble des podcasts du Collège de France par professeur sur notre site internet.
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Nov 30, 2023 • 50min
Colloque - La ville du futur : Métropolisation : comment les grandes cités ont pensé et construit leur futur
Grand événementCollège de FranceLa ville du futurAnnée 2023-2£024Colloque - La ville du futur : Métropolisation : comment les grandes cités ont pensé et construit leur futurIntervenant(s)Patrick Boucheron, Professeur du Collège de France------------Le futur est dans la ville. En 2022, 56 % de la population mondiale, soit environ 4,4 milliards d'habitants, vivaient en milieu urbain. Cette tendance, si elle se maintenait, ferait que d'ici 2050, 7 personnes sur 10 seront citadines.Cette concentration humaine est source de richesse économique et culturelle, mais induit évidemment des risques, des fragilités, des inégalités parfois extrêmes. Elle est aussi génératrice d'effets environnementaux indésirables. La Banque mondiale estime que les villes représentent actuellement près des 2/3 de la consommation mondiale d'énergie et 70 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre. Responsable certes, mais aussi victime de l'accélération des changements environnementaux, en particulier climatiques, caractéristiques de l'anthropocène.Ainsi s'impose la nécessité d'adapter les grands ensembles urbains à ces défis environnementaux. Certaines métropoles sont menacées par la montée des eaux océaniques. D'autres – parfois les mêmes – sont menacées par les accidents climatiques extrêmes, précipitations massives génératrices d'inondations brutales, canicules, voire simplement augmentation soutenue des températures moyennes impactant violemment populations et infrastructures urbaines. À ces défis vient s'ajouter la gestion du risque sanitaire : qualité et disponibilité de l'eau, risque épidémique, maladies liées à la pollution. L'« exposome urbain » reste à appréhender dans sa globalité, sans parler des altérations de la biodiversité microbienne, animale et végétale.Ces pressions environnementales, devenues globales – à des degrés variables – à l'échelle planétaire, sont aussi de puissants révélateurs et moteurs d'inégalités, que ce soit dans une seule et même ville où elles creusent un fossé entre populations aisées et populations marginalisées ou entre des villes situées sur des continents et dans des contextes socioéconomiques différents. L'urbanisation galopante est ainsi principalement portée par la poursuite du développement en Afrique et en Asie.Les politiques de la ville devront tenir compte de ces exigences d'adaptation, à l'intersection des impératifs socio-économiques, environnementaux, climatiques et sanitaires, pour bâtir un espace urbain résilient et accueillant pour tous. Elles pourront s'inspirer d'exemples d'adaptabilité de métropoles soumises de longue date aux excès climatiques. L'acceptabilité sociale et économique des adaptations indispensables à la conception de la ville du futur est un autre défi pour les politiques urbaines à venir.Le Collège de France, par le biais de son initiative Avenir Commun Durable, espère apporter une contribution aux réflexions sur ces questions complexes. Pour ce faire, il s'appuie sur un panel large d'intervenants couvrant un vaste champ de disciplines.À quoi donc ressemblera la ville du futur ?L'initiative Avenir Commun Durable bénéficie du soutien de la Fondation du Collège de France, de ses grands mécènes La Fondation Covéa et TotalEnergies et de ses mécènes Faurecia et Saint-Gobain.

Nov 30, 2023 • 15min
Colloque - La ville du futur : Discours d'accueil
Grand événementCollège de FranceLa ville du futurAnnée 2023-2£024Colloque - La ville du futur : Discours d'accueilIntervenant(s)Thomas Römer, Professeur et administrateur du Collège de FranceJean-Marie Tarascon, Professeur du Collège de FrancePhilippe Sansonetti, Professeur du Collège de FrancePatrick Boucheron, Professeur du Collège de France------------Le futur est dans la ville. En 2022, 56 % de la population mondiale, soit environ 4,4 milliards d'habitants, vivaient en milieu urbain. Cette tendance, si elle se maintenait, ferait que d'ici 2050, 7 personnes sur 10 seront citadines.Cette concentration humaine est source de richesse économique et culturelle, mais induit évidemment des risques, des fragilités, des inégalités parfois extrêmes. Elle est aussi génératrice d'effets environnementaux indésirables. La Banque mondiale estime que les villes représentent actuellement près des 2/3 de la consommation mondiale d'énergie et 70 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre. Responsable certes, mais aussi victime de l'accélération des changements environnementaux, en particulier climatiques, caractéristiques de l'anthropocène.Ainsi s'impose la nécessité d'adapter les grands ensembles urbains à ces défis environnementaux. Certaines métropoles sont menacées par la montée des eaux océaniques. D'autres – parfois les mêmes – sont menacées par les accidents climatiques extrêmes, précipitations massives génératrices d'inondations brutales, canicules, voire simplement augmentation soutenue des températures moyennes impactant violemment populations et infrastructures urbaines. À ces défis vient s'ajouter la gestion du risque sanitaire : qualité et disponibilité de l'eau, risque épidémique, maladies liées à la pollution. L'« exposome urbain » reste à appréhender dans sa globalité, sans parler des altérations de la biodiversité microbienne, animale et végétale.Ces pressions environnementales, devenues globales – à des degrés variables – à l'échelle planétaire, sont aussi de puissants révélateurs et moteurs d'inégalités, que ce soit dans une seule et même ville où elles creusent un fossé entre populations aisées et populations marginalisées ou entre des villes situées sur des continents et dans des contextes socioéconomiques différents. L'urbanisation galopante est ainsi principalement portée par la poursuite du développement en Afrique et en Asie.Les politiques de la ville devront tenir compte de ces exigences d'adaptation, à l'intersection des impératifs socio-économiques, environnementaux, climatiques et sanitaires, pour bâtir un espace urbain résilient et accueillant pour tous. Elles pourront s'inspirer d'exemples d'adaptabilité de métropoles soumises de longue date aux excès climatiques. L'acceptabilité sociale et économique des adaptations indispensables à la conception de la ville du futur est un autre défi pour les politiques urbaines à venir.Le Collège de France, par le biais de son initiative Avenir Commun Durable, espère apporter une contribution aux réflexions sur ces questions complexes. Pour ce faire, il s'appuie sur un panel large d'intervenants couvrant un vaste champ de disciplines.À quoi donc ressemblera la ville du futur ?L'initiative Avenir Commun Durable bénéficie du soutien de la Fondation du Collège de France, de ses grands mécènes La Fondation Covéa et TotalEnergies et de ses mécènes Faurecia et Saint-Gobain.

Nov 23, 2023 • 1h 3min
Cycle Europe - Justine Lacroix 4/4 : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique - Les droits humains, entre libre marché et principe de responsabilité
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2023-2024Droit international des institutionsConférencier invité - Justine Lacroix : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique 4/4 - Les droits humains, entre libre marché et principe de responsabilitéPrésentationCette série de quatre conférences de Justine Lacroix s'inscrit dans le cadre du cycle Europe du Collège de France. En 2023-2024, ce cycle est consacré au thème L'Europe démocratique.Le recours au répertoire des valeurs est devenu omniprésent tant dans les espaces publics nationaux que dans les stratégies de communication et de mobilisation des institutions européennes. Cette invocation récurrente de nos valeurs communes éclipse le caractère conflictuel des interprétations à donner aux principes qui structurent un espace public démocratique. L'objectif de cette première série de conférences est de se saisir d'un certain nombre de principes proclamés dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne en vue de montrer les tensions dont ils sont porteurs. Il en va ainsi de l'affirmation selon laquelle « l'Union européenne repose sur le principe de la démocratie et de l'État de droit ».Cette association ne semble plus aller de soi comme c'était le cas au début des années 2000, date de proclamation de la Charte. D'où la nécessité de rappeler les liens compliqués, et néanmoins inextricables tissés entre les principes de la liberté individuelle et ceux de l'autodétermination collective (1) et de maintenir le sens des distinctions entre libéralisme, néo-libéralisme et autoritarisme (2). Le préambule de la Charte mentionne également la volonté d'établir un « espace de liberté, sécurité et justice ».Ces trois notions ne se laissent pas aisément concilier à l'heure où l'impératif de sécurité conduit au recul d'un certain nombre de libertés (3), et où la place donnée à la liberté d'entreprendre dans l'ensemble européen peut sembler nous éloigner des promesses de l'égalité et des exigences de la justice sociale (4). La conviction qui anime ces conférences est que les droits humains restent pertinents pour penser l'action démocratique en raison de leur indétermination et de leur potentialité autocritique par rapport aux usages dont ils font l'objet et aux conséquences qu'ils peuvent avoir. Loin d'être une communauté monolithique unie autour de valeurs supposées consensuelles, l'Europe démocratique devrait davantage être comprise comme le lieu d'un affrontement civilisé entre diverses interprétations des droits proclamés dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.RésuméPour nombre d'observateurs, le primat conféré aux droits individuels dans l'ensemble européen serait le symptôme d'une renonciation aux promesses de l'égalité et aux exigences de la solidarité sociale. L'usage fait de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne alimenterait un individualisme de la déliaison radicale qui occulte la réalité des rapports de force sur le terrain et néglige les solidarités collectives. Cette critique a une part de vérité. Cependant, le fait que les droits humains aient parfois pu servir d'alibi à l'abandon d'un vrai projet solidaire ne devrait pas conduire à les déserter, mais plutôt à explorer leurs ressources internes qui pourraient venir appuyer des politiques sociales ou écologiques ambitieuses. Cet effort d'élucidation suppose de s'interroger sur les apports et les ambivalences des concepts de « responsabilités » et de « devoirs » mentionnés dans le préambule de la Charte.

Nov 22, 2023 • 59min
Cycle Europe - Justine Lacroix 3/4 : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique - Impératif de sécurité et droits à la sûreté
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2023-2024Droit international des institutionsConférencier invité - Justine Lacroix : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique 3/4 - Impératif de sécurité et droits à la sûretéPrésentationCette série de quatre conférences de Justine Lacroix s'inscrit dans le cadre du cycle Europe du Collège de France. En 2023-2024, ce cycle est consacré au thème L'Europe démocratique.Le recours au répertoire des valeurs est devenu omniprésent tant dans les espaces publics nationaux que dans les stratégies de communication et de mobilisation des institutions européennes. Cette invocation récurrente de nos valeurs communes éclipse le caractère conflictuel des interprétations à donner aux principes qui structurent un espace public démocratique. L'objectif de cette première série de conférences est de se saisir d'un certain nombre de principes proclamés dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne en vue de montrer les tensions dont ils sont porteurs. Il en va ainsi de l'affirmation selon laquelle « l'Union européenne repose sur le principe de la démocratie et de l'État de droit ».Cette association ne semble plus aller de soi comme c'était le cas au début des années 2000, date de proclamation de la Charte. D'où la nécessité de rappeler les liens compliqués, et néanmoins inextricables tissés entre les principes de la liberté individuelle et ceux de l'autodétermination collective (1) et de maintenir le sens des distinctions entre libéralisme, néo-libéralisme et autoritarisme (2). Le préambule de la Charte mentionne également la volonté d'établir un « espace de liberté, sécurité et justice ».Ces trois notions ne se laissent pas aisément concilier à l'heure où l'impératif de sécurité conduit au recul d'un certain nombre de libertés (3), et où la place donnée à la liberté d'entreprendre dans l'ensemble européen peut sembler nous éloigner des promesses de l'égalité et des exigences de la justice sociale (4). La conviction qui anime ces conférences est que les droits humains restent pertinents pour penser l'action démocratique en raison de leur indétermination et de leur potentialité autocritique par rapport aux usages dont ils font l'objet et aux conséquences qu'ils peuvent avoir. Loin d'être une communauté monolithique unie autour de valeurs supposées consensuelles, l'Europe démocratique devrait davantage être comprise comme le lieu d'un affrontement civilisé entre diverses interprétations des droits proclamés dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.RésuméLe préambule de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne mentionne la volonté d'instituer un espace de « liberté, de sécurité et de justice ». Comment articuler ces notions notamment au regard de l'article 6 de cette même charte consacré au droit à la liberté et à la sûreté ? Au cours des deux dernières décennies, l'impératif de sécurité s'est progressivement substitué au droit à la sûreté dans les discours, et parfois les pratiques de nombre d'États européens, au risque de porter atteinte à la liberté politique et de rouvrir la voie à un esprit de vengeance au détriment du sens de la justice. À partir d'une élucidation du sens politique du droit à la sûreté puis des risques attachés à la mise en avant d'un droit à la sécurité, cette conférence se propose de concevoir la sécurité sur le mode d'une libération, à savoir une condition nécessaire à la liberté qui doit être un des objectifs des pouvoirs publics.

Nov 16, 2023 • 51min
Cycle Europe - Justine Lacroix 2/4 : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique - Le libéralisme autoritaire ou l'identification des contraires
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2023-2024Droit international des institutionsConférencier invité - Justine Lacroix : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique 2/4 - Le libéralisme autoritaire ou l'identification des contrairesPrésentationCette série de quatre conférences de Justine Lacroix s'inscrit dans le cadre du cycle Europe du Collège de France. En 2023-2024, ce cycle est consacré au thème L'Europe démocratique.Le recours au répertoire des valeurs est devenu omniprésent tant dans les espaces publics nationaux que dans les stratégies de communication et de mobilisation des institutions européennes. Cette invocation récurrente de nos valeurs communes éclipse le caractère conflictuel des interprétations à donner aux principes qui structurent un espace public démocratique. L'objectif de cette première série de conférences est de se saisir d'un certain nombre de principes proclamés dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne en vue de montrer les tensions dont ils sont porteurs. Il en va ainsi de l'affirmation selon laquelle « l'Union européenne repose sur le principe de la démocratie et de l'État de droit ».Cette association ne semble plus aller de soi comme c'était le cas au début des années 2000, date de proclamation de la Charte. D'où la nécessité de rappeler les liens compliqués, et néanmoins inextricables tissés entre les principes de la liberté individuelle et ceux de l'autodétermination collective (1) et de maintenir le sens des distinctions entre libéralisme, néo-libéralisme et autoritarisme (2). Le préambule de la Charte mentionne également la volonté d'établir un « espace de liberté, sécurité et justice ».Ces trois notions ne se laissent pas aisément concilier à l'heure où l'impératif de sécurité conduit au recul d'un certain nombre de libertés (3), et où la place donnée à la liberté d'entreprendre dans l'ensemble européen peut sembler nous éloigner des promesses de l'égalité et des exigences de la justice sociale (4). La conviction qui anime ces conférences est que les droits humains restent pertinents pour penser l'action démocratique en raison de leur indétermination et de leur potentialité autocritique par rapport aux usages dont ils font l'objet et aux conséquences qu'ils peuvent avoir. Loin d'être une communauté monolithique unie autour de valeurs supposées consensuelles, l'Europe démocratique devrait davantage être comprise comme le lieu d'un affrontement civilisé entre diverses interprétations des droits proclamés dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.RésuméDans la période récente, une formule s'est imposée dans nombre de cercles universitaires et militants pour désigner l'Union européenne : celle d'un libéralisme autoritaire qui serait inscrit dans le logiciel néo-libéral ou ordo-libéral des traités européens. L'origine de l'expression remonte aux derniers jours de la République de Weimar quand le juriste Hermann Heller la mobilise en réponse à un discours de Carl Schmitt devant le patronat allemand. Intitulé « État fort et économie saine », ce discours de Schmitt de 1933 donnerait, pour nombre d'auteurs, le motif fondamental qui informe les politiques développées dans le cadre de l'Union européenne depuis plus d'un demi-siècle. Pourtant, la thèse d'une affinité conceptuelle et politique entre Schmitt et l'ordo-libéralisme allemand et, au-delà, avec le néolibéralisme et la construction européenne soulève trois difficultés majeures qui ont trait aux rapports entre Schmitt et le libéralisme, à un usage abusif du concept d'autoritarisme et à une réduction du libéralisme à une défense de l'ordre du marché. D'où l'importance de maintenir le sens des distinctions entre constitutionnalisme du marché et autoritarisme, entre libéralisme, néolibéralisme et capitalisme afin d'éviter de faire d'un oxymore une des clés d'appréhension du monde contemporain.

Nov 15, 2023 • 51min
Cycle Europe - Justine Lacroix 1/4 : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique - Une démocratie sans libertés ? Réflexions sur la notion de démocratie illibérale
Samantha BessonCollège de FranceAnnée 2023-2024Droit international des institutionsConférencier invité - Justine Lacroix : Les valeurs de l'Europe et l'indétermination démocratique 1/4 - Une démocratie sans libertés ? Réflexions sur la notion de démocratie illibéralePrésentationCette série de quatre conférences de Justine Lacroix s'inscrit dans le cadre du cycle Europe du Collège de France. En 2023-2024, ce cycle est consacré au thème L'Europe démocratique.Le recours au répertoire des valeurs est devenu omniprésent tant dans les espaces publics nationaux que dans les stratégies de communication et de mobilisation des institutions européennes. Cette invocation récurrente de nos valeurs communes éclipse le caractère conflictuel des interprétations à donner aux principes qui structurent un espace public démocratique. L'objectif de cette première série de conférences est de se saisir d'un certain nombre de principes proclamés dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne en vue de montrer les tensions dont ils sont porteurs. Il en va ainsi de l'affirmation selon laquelle « l'Union européenne repose sur le principe de la démocratie et de l'État de droit ».Cette association ne semble plus aller de soi comme c'était le cas au début des années 2000, date de proclamation de la Charte. D'où la nécessité de rappeler les liens compliqués, et néanmoins inextricables tissés entre les principes de la liberté individuelle et ceux de l'autodétermination collective (1) et de maintenir le sens des distinctions entre libéralisme, néo-libéralisme et autoritarisme (2). Le préambule de la Charte mentionne également la volonté d'établir un « espace de liberté, sécurité et justice ».Ces trois notions ne se laissent pas aisément concilier à l'heure où l'impératif de sécurité conduit au recul d'un certain nombre de libertés (3), et où la place donnée à la liberté d'entreprendre dans l'ensemble européen peut sembler nous éloigner des promesses de l'égalité et des exigences de la justice sociale (4). La conviction qui anime ces conférences est que les droits humains restent pertinents pour penser l'action démocratique en raison de leur indétermination et de leur potentialité autocritique par rapport aux usages dont ils font l'objet et aux conséquences qu'ils peuvent avoir. Loin d'être une communauté monolithique unie autour de valeurs supposées consensuelles, l'Europe démocratique devrait davantage être comprise comme le lieu d'un affrontement civilisé entre diverses interprétations des droits proclamés dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.RésuméAu cours de la dernière décennie, la montée de régimes politiques à la fois électifs et autoritaires a donné du crédit à l'idée selon laquelle l'État de droit et le respect des libertés ne seraient que les formes d'une limitation libérale de la démocratie. Ce postulat, que partagent aussi bien les critiques que de nombreux défenseurs des droits humains, peut alimenter soit le repli inconditionnel sur les droits humains contre les aléas de la démocratie, soit la revendication d'une démocratie supposée plus authentique où la volonté du peuple primerait sur les libertés individuelles. Mais il ne s'agit là que d'un contresens (ou d'un subterfuge) qui manque le sens de l'expérience démocratique, confond le peuple avec l'affirmation d'une identité homogène et rabat les droits de l'homme du seul côté du libéralisme.

Nov 14, 2023 • 1h 53min
Grand événement - Cérémonie de remise des prix du Collège de France 2023
Grand événement - Cérémonie de remise des prix du Collège de France 2023Le Collège de France décerne chaque année des prix scientifiques à des chercheuses et des chercheurs choisis pour l'excellence de leurs parcours. Une cérémonie publique de remise des prix s'est tenue dans le grand amphithéâtre Marguerite de Navarre, le mardi 14 novembre 2023.https://www.college-de-france.fr/fr/actualites/ceremonie-de-remise-des-prix-du-college-de-france-2023Sept jeunes chercheurs, récompensés par les prix scientifiques 2023 du Collège de France, participeront à la table ronde « Jeunes chercheurs : à quoi sert la recherche aujourd'hui ? ». Ce débat sera précédé d'une cérémonie de remise des prix, en présence de Mme Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.Créateurs, curieux, innovants, les chercheurs élargissent nos connaissances et notre capacité à agir sur le monde. En 2023, la France compte 300 000 chercheurs, 74 000 doctorants, 265 écoles doctorales et 35 organismes de recherche. Nos scientifiques publient dans les revues scientifiques mondiales les plus reconnues et affichent, selon Campus France, « le quatrième indice d'impact le plus fort au monde ».Pourtant, depuis plusieurs années, dans les médias ou les réseaux sociaux, circule une véritable défiance vis-à-vis de l'activité scientifique, de ses résultats comme de ses applications. Certains redoutent un décrochage français dans la recherche mondiale. D'autres regrettent une baisse générale de la culture scientifique en France. Ces phénomènes interrogent la place qu'occupe la recherche dans la société et la capacité des chercheurs à partager non seulement les connaissances qu'ils produisent, mais aussi leurs pratiques et le sens de leur vocation.Le 14 novembre 2023, de 18 h 30 à 20 h 30, le Collège de France invite, à l'occasion d'une table ronde modérée par Caroline Lachowsky, journaliste à RFI, sept jeunes chercheuses et chercheurs issus des sciences expérimentales, des mathématiques ou des sciences humaines, tous lauréats des prix du Collège de France, pour débattre, confronter leurs expériences et leurs analyses, sur l'utilité, la finalité et le sens qu'ils donnent aujourd'hui à leurs recherches et à la recherche.Découvrir les lauréats Naveen Kanalu Ramamurthy, historien spécialiste de l'Empire mogholPrix du Collège de France pour les jeunes chercheuses et les jeunes chercheurs=> Découvrez son entretien : « La période de 1650 à 1720 est peut-être la plus controversée dans l'histoire de l'Inde. » Olimpia Cutinelli-Rendina, économisteSélim Natahi, paléoanthropologuePrix de la Fondation Hugot du Collège de France Mathilde Montaubin, chercheuse en droitBourse Anna Caroppo – Fondation du Collège de France Julien Ablain, biologiste cancérologuePrix Delheim Florent Ginhoux, biologiste immunologuePrix Lacassagne Piet Lammers, mathématicienPrix du cours PeccotLe prix de la Fondation Hugot du Collège de France 2023 a été décerné à Olimpia Cutinelli-Rendina, économiste, et à Sélim Natahi, paléoanthropologue.Le prix Delheim 2023 a pour vocation d'encourager de jeunes chercheurs en biologie à poursuivre dans les laboratoires du Collège de France des travaux visant à répondre aux grands défis posés à l'humanité. Il a été remis à Julien Ablain, biologiste cancérologue.Le prix Lacassagne 2023, qui récompense les travaux et encourage la carrière de jeunes chercheurs en biologie, a été remis in absentia à Florent Ginhoux, biologiste immunologue.Mathilde Montaubin, chercheuse en droit, s'est vu remettre la bourse Anna Caroppo – Fondation du Collège de France 2023. Cette bourse accompagne de jeunes et talentueuses chercheuses, en leur permettant de poursuivre, pendant une année, leur formation par la recherche au sein des équipes du Collège de France dans les domaines des sciences humaines.Le prix Claude-Antoine Peccot 2023 a été remis à Piet Lammers, mathématicien. Il récompense chaque année de jeunes mathématiciens, de moins de trente ans, s'étant distingués dans l'ordre des mathématiques.Le prix du Collège de FranceLe Pr Dario Mantovani remettant le prix au lauréat 2023 du prix du Collège de France : Naveen Kanalu RamamurthyLe prix du Collège de France pour les jeunes chercheuses et les jeunes chercheurs récompense l'excellence du parcours et le caractère novateur de ses contributions à la recherche publique d'un jeune chercheur. Le prix 2023 avait pour thème « Rencontres des civilisations ». Il a été remis à Naveen Kanalu Ramamurthy, historien spécialiste de l'Empire moghol, par le Pr Dario Mantovani, président du jury.Table rondeTable ronde réunissant les lauréats des prix du CdF 2023La soirée s'est poursuivie par une table ronde modérée par Caroline Lachowsky, journaliste à RFI, autour du thème « Jeunes chercheurs : à quoi sert la recherche aujourd'hui ? ». Les lauréats ont pu exprimer leur vision des liens entre recherche scientifique et société.Conclusion de la cérémonieMme Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la RechercheLa soirée s'est conclue par une intervention de Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Nov 9, 2023 • 1h 8min
Leçon inaugurale - Laurent Coulon : Les voies ouvertes à l'égyptologie
Laurent CoulonCivilisation de l'Égypte pharaoniqueAnnée 2023-2024Collège de FranceLeçon inaugurale - Laurent Coulon : Les voies ouvertes à l'égyptologieLa civilisation de l'Égypte pharaonique se déploie le long du Nil sur une durée de presque 3 500 ans, mais son empreinte dépasse largement ces limites temporelles et géographiques si l'on inclut ses périodes de formation et son influence sur les civilisations voisines et postérieures, jusqu'à la nôtre. La discipline qui étudie cette civilisation, l'égyptologie, est née en 1822 avec le déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion qui enseigna, quelques années plus tard, au Collège de France, sa vision déjà très aboutie de ses développements futurs.Tout en s'inscrivant dans la tradition perpétuée depuis lors, l'inauguration de la chaire Civilisation de l'Égypte pharaonique fournit l'occasion de s'interroger sur la situation de l'égyptologie à l'aube du troisième siècle de son existence. D'un côté, elle est indubitablement portée par le dynamisme de l'archéologie en Égypte et soutenue par l'intérêt continu qu'y porte notre société, amplifié par une médiatisation hors norme. De l'autre, elle fait l'objet de discours d'appropriation contradictoires ou de remise en cause de ses fondements historiques.Conscient de ces enjeux, l'égyptologue peut, au-delà de la nécessaire érudition, mieux définir son positionnement et enrichir son approche grâce aux apports de l'anthropologie et du comparatisme, permettant dans le même temps que sa discipline contribue davantage aux débats actuels des sciences humaines et sociales. En suivant ces perspectives, les premières directions de l'enseignement dispensé privilégieront deux thématiques au cœur de la définition de la civilisation pharaonique : le développement du culte d'Osiris d'une part, le rôle de l'éloquence et le fonctionnement de la société de cour d'autre part.

Oct 11, 2023 • 58min
Conférence - Yossi Maurey : Paris, la nouvelle Jérusalem : la liturgie de la Sainte-Chapelle
Thomas RömerCollège de FranceMilieux bibliquesAnnée 2023-2024Conférence - Yossi Maurey : Paris, la nouvelle Jérusalem : la liturgie de la Sainte-ChapelleYossi Maurey, Professeur associé, chef du département de musicologie, vice-doyen à la recherche à la faculté des sciences humaines, université hébraïque de JérusalemDès l'origine, Jérusalem a eu une immense importance dans la liturgie chrétienne médiévale. La cité céleste joue un rôle central dans l'eschatologie chrétienne. Jérusalem est une ville admirée, imaginée, commentée et nourrie par les Écritures. L'exégèse patristique et les théologiens médiévaux ont assuré la synthèse et la continuité entre la Jérusalem de l'Ancien Testament et celle du Nouveau, conférant à la première une nouvelle signification chrétienne. Et pourtant, la célébration de la Jérusalem céleste dans la liturgie n'a pas remis en cause la nécessité de s'emparer de la Jérusalem terrestre, comme le démontre clairement toute l'entreprise de la croisade. La parenté spirituelle allait de pair avec une parenté matérielle, et les reliques de Jérusalem devinrent des objets de dévotion et des pierres angulaires d'églises et de villes. Durant ma conférence, j'examinerai les manières dont la liturgie et la musique médiévales ont façonné et concrétisé la notion de la Jérusalem céleste, fournissant un élément essentiel aux projets idéologiques et aux constructions physiques salués comme la « Nouvelle Jérusalem ».Cette conférence sera consacrée à la manière dont l'une des reliques majeures de la chrétienté, la Couronne d'épines, est devenue en France un objet de dévotion personnelle et nationale, malgré sa valeur universelle et l'intérêt qu'y portaient les fidèles d'autres pays. De son lieu d'origine à Jérusalem, et après deux siècles au palais byzantin de Constantinople, la Couronne fut transférée en France en 1239. Le 11 août, le jeune roi Louis IX (r. 1226-70) et sa suite la recueillent à Villeneuve-l'Archevesque, non loin de la ville de Sens. Louis défile pieds nus et vêtu d'une tunique dans les rues de la ville, arborant la Couronne acquise depuis peu. La France a revendiqué cette dernière au milieu du XIIIe siècle, dans le cadre d'une campagne qui impliquait la construction d'une magnifique chapelle et l'élaboration de nouvelles liturgies devant attirer l'attention sur elle. C'est ainsi que la Sainte-Chapelle fut conçue spécifiquement pour l'exposer, avec d'autres reliques. Située dans l'enceinte du palais royal de l'île de la Cité, il s'agissait une église privée qui, comme nous le verrons, a renforcé le statut de Paris en tant que centre religieux. Si la France n'a pas été le premier pays à posséder la Couronne d'épines, elle a été la première à exploiter sa valeur potentielle de relique – qu'elle a, en sorte, « activée ». Le transfert de la Couronne et d'autres reliques à Paris a marqué le début d'une nouvelle ère pour la France, et pour le roi Louis en particulier. Les liturgistes, les compositeurs, et les représentants de la royauté, qui ont rapidement saisi toute l'importance des attributs de la Passion du Christ nouvellement acquis, ont entrepris de les intégrer dans un récit qui mettait en avant la France, Paris et son roi et les idéalisait.Grâce aux poètes, aux compositeurs, aux liturgistes et aux copistes animés par la volonté de tirer un profit politique et théologique d'une relique extraordinaire, la Couronne a été « activée » par les mots et la musique, et rendue, pour ainsi dire, parlante. Par leur travail, l'idée selon laquelle Dieu aurait choisi les Français de préférence aux autres nations pour recevoir la Couronne, et réservé un rôle particulier à Paris dans le plan du salut, a pu rayonner.Il ressort de la liturgie de la Sainte-Chapelle que, pour Louis IX, la possession de la Couronne lui garantissait une place dans l'éternité, ainsi qu'à la France. Il n'en souhaita pas moins, une fois le bâtiment achevé, prolonger sa quête du salut spirituel dans une entreprise terrestre, dont il pensait certainement qu'elle compléterait la précédente. Ce fut sa première croisade. Après avoir affirmé en mots et en musique l'affinité spirituelle de Paris et Jérusalem, Louis était résolu à ajouter un maillon à la chaîne reliant les Francs aux Byzantins puis aux personnages de l'Ancien Testament dans une narration continue. En ce sens, nous pourrions interpréter la liturgie de la Couronne et des reliques comme la préfiguration d'une trajectoire physique allant de la nouvelle Terre sainte à l'ancienne, et vice-versa.

Jun 27, 2023 • 1h 2min
Leçon de clôture - Jean-Noël Robert : Philologie, Hiérologie, Hiéroglossie
Jean-Noël RobertCollège de FrancePhilologie de la civilisation japonaiseAnnée 2022-2023Leçon de clôture - Jean-Noël Robert : Philologie, Hiérologie, HiéroglossieDate : 27 juin 2023Après une duodécennie d'enseignement et de recherche au Collège de France, Jean-Noël Robert retrace avec enthousiasme son parcours consacré à la philologie japonaise. Grâce à ce domaine d'étude, il a pu mettre en lumière la dialectique sino-japonaise scellée par la doctrine bouddhique qui, du haut Moyen Âge à l'époque moderne, a insufflé sa dynamique à la civilisation du Soleil levant. Cette dialectique s'est traduite par un apport fondamental de la culture écrite chinoise dans les sphères à la fois littéraires et religieuses dont le Japon a su éviter l'emprise totale en instituant, dès les plus anciens textes, la langue japonaise comme langue des dieux autochtones, et donc irréductible à l'apport continental. Au-delà de l'exemple sino-japonais, l'auteur propose d'étendre son approche « hiéroglossique » à d'autres aires culturelles et linguistiques pour mieux comprendre notre monde actuel.