Il s'agit d''une proposition récente qui cherche à répondre à un problème mondial : l’imposition des ultra-riches. Elle tire son nom de Gabriel Zucman, économiste français installé aux États-Unis, professeur à l’Université de Berkeley et spécialiste reconnu de la fiscalité internationale et des inégalités. Ses travaux portent depuis des années sur l’évasion fiscale, les paradis fiscaux et la concentration des richesses.
Le principe de la taxe est simple en apparence : instaurer un impôt mondial minimal sur les milliardaires. Concrètement, Zucman propose de prélever 2 % par an sur la fortune nette des individus les plus riches de la planète. Cet impôt ne viserait pas les classes moyennes ou même les simples millionnaires, mais exclusivement les milliardaires : environ 3 000 personnes dans le monde, représentant à elles seules une part colossale de la richesse mondiale. Selon Zucman, ces patrimoines colossaux sont si concentrés que les cibler permettrait de générer des recettes considérables sans toucher la vaste majorité des citoyens.
Pourquoi une telle taxe ? Parce qu’aujourd’hui, les milliardaires paient proportionnellement beaucoup moins d’impôts que les citoyens ordinaires. Grâce aux sociétés écrans, aux holdings, aux niches fiscales et à l’optimisation internationale, leur taux effectif d’imposition est souvent très faible, parfois inférieur à 10 %. À l’inverse, les classes moyennes supportent une charge fiscale bien plus lourde. Selon Zucman, cette situation mine la justice sociale et alimente le sentiment d’injustice dans les sociétés démocratiques.
L’économiste avance que cette taxe pourrait générer environ 250 milliards de dollars de recettes par an au niveau mondial. De quoi financer des politiques publiques globales, comme la lutte contre le changement climatique, l’éducation ou la santé. Elle serait également un instrument pour réduire les inégalités extrêmes, qui se sont accentuées depuis les années 1980.
Mais une telle proposition soulève de nombreux défis. Comment s’assurer que tous les pays acceptent de la mettre en place ? Comment calculer précisément la fortune des plus riches, souvent dissimulée dans des structures complexes ? Et surtout, quelle autorité internationale serait chargée de collecter et de redistribuer ces fonds ?
Malgré ces obstacles, la « taxe Zucman » a trouvé un certain écho. Elle a été évoquée lors des discussions du G20 en 2024, et plusieurs responsables politiques, en Europe comme aux États-Unis, s’y intéressent. Pour ses partisans, elle représente une réforme nécessaire, adaptée à la mondialisation. Pour ses opposants, elle serait irréaliste ou contre-productive, risquant de décourager l’investissement.
Quoi qu’il en soit, cette idée illustre une tendance forte : la fiscalité du XXIᵉ siècle ne peut plus se penser seulement à l’échelle nationale, mais doit se concevoir à l’échelle mondiale.
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