Hommes trans : devenir des hommes comme les autres ?
Apr 5, 2024
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Les hommes trans partagent leurs expériences uniques de transition et interrogent la masculinité. La discussion explore l'intersectionnalité, notamment les défis des hommes trans racialisés. Des stéréotypes sur la transition sont remis en question, tout comme les violences transphobes. Les émotions liées à la première injection de testostérone illustrent les luttes vécues. Enfin, les préjugés entourant les identités de genre sont déconstructed pour promouvoir une compréhension plus profonde de ces trajectoires.
Les hommes trans vivent une transformation unique des codes de la masculinité, questionnant les normes apprises durant leur socialisation en tant que femmes.
L'accès aux soins médicaux et traitements hormonaux pour les hommes trans en France est souvent complexe et humiliant, malgré la véritable nécessité d'alignement identitaire.
L'intersectionnalité influence les parcours des hommes trans, particulièrement ceux issus de minorités raciales, confrontés à des discriminations multiples liées à leur identité.
Deep dives
Une perspective sur les masculinités trans
Les masculinités trans représentent une expérience unique et profonde de transformation de genre, souvent méconnue par le grand public. Contrairement à la perception généralisée, ce n'est pas un phénomène marginal mais plutôt une réalité touchant entre 20 000 et 60 000 personnes en France, selon les dernières estimations. La transition des hommes trans inclut souvent des apprentissages sociaux sur les codes masculins, tel que le fait d'adopter une attitude moins polie ou de changer la manière de sourire, faisant écho à la complexité des dynamiques de genre. Cette expérience d'apprentissage et d'adaptation met en lumière une compréhension nuancée de la masculinité par ceux qui l'exploitent après ayant été socialisés en tant que femmes.
Les défis de la transition en France
Le parcours de transition pour un homme trans en France est marqué par des obstacles significatifs, y compris l'accès aux traitements hormonaux et aux soins médicaux. Ce processus, souvent considéré comme complexe et humiliant, nécessite de passer par des critères stricts imposés par les autorités médicales et judiciaires. L'idéalisation de la transition est souvent remise en question par des témoignages d'individus qui soulignent que personne ne change de genre par désir de s'approprier un privilège ou pour le plaisir. Cela souligne la nature sérieuse et personnelle de ces décisions, souvent motivées par un besoin d'alignement entre leur identité de genre et leur perception de soi.
Les inégalités entre hommes et femmes trans
Il existe des différences marquées dans les parcours de transition entre hommes et femmes trans, avec des femmes souvent contraintes de renoncer à leurs désirs de transition en raison des sanctions sociales. Les hommes trans peuvent engager leur transformation plus tôt, en grande partie parce qu'ils rencontrent moins de violence sociale au début de leur parcours, ce qui leur permet de naviguer plus tranquillement vers leur identité. En effet, la stigmatisation subie par les femmes trans dès leurs jeunes années peut conduire à des traumatismes et à un report significatif de la transition à l'âge adulte. C'est un écart qui est, au-delà des simples chiffres, lié aux tensions et aux violences relationnelles qu'elles subissent dès l'enfance.
Intersectionnalité et parcours trans
L'intersectionnalité joue un rôle crucial dans les expériences des hommes trans, en particulier ceux issus de minorités raciales. Les hommes trans racialisés peuvent faire face à des défis additionnels qui exacerbent leurs luttes, incluant des discriminations qui relèvent non seulement de leur genre mais aussi de leur race. Par exemple, des hommes trans noires ou arabes peuvent rencontrer des obstacles en matière d'emploi et de reconnaissance administrative, qui ne sont pas les mêmes que ceux rencontrés par les hommes trans blancs. Cela souligne l'importance de considérer les diverses couches de discrimination que subissent ces individus en raison de leur identité complexe et multiple.
Transformations de l'identité et de la sexualité
La transition de genre peut induire des changements significatifs dans l'orientation sexuelle des individus, notamment pour les hommes trans qui étaient souvent perçus comme des femmes lesbiennes avant leur transition. Après la transition, un nombre croissant d'hommes trans déclarent des partenaires masculins, ce qui témoigne d'une dynamique évolutive de l'identité sexuelle liée à leur nouveau genre. Ce phénomène met au jour le lien entre genre et sexualité, suggérant que les deux ne sont pas dissociables mais interconnectés dans la construction de l'identité personnelle. Cela remet en question les idées traditionnelles sur la binarité de genre et encourage une réflexion plus profonde sur la manière dont les transitions de genre influencent l'expression sexuelle.
Alors qu’ils représentent une part minime de la population, les hommes transgenres ont une connaissance unique de ce que ça implique, devenir un homme. Après avoir été désignés comme des filles à la naissance et traités comme telles, ils cultivent un rapport ambigu avec les codes de la masculinité lorsqu’ils entament un parcours de transition, oscillent entre adhésion et remise en question de ces codes.
Les hommes trans sont-ils des hommes différents des autres ? Comment l’appartenance raciale ou l’orientation sexuelle impactent les parcours des hommes trans ? Quelle place pour les hommes trans dans les communautés queer et féministes ? Dans un monde patriarcal, pourquoi vouloir devenir un homme ?
Pour répondre à ces questions, Tal Madesta reçoit le sociologue Emmanuel Beaubatie, chercheur au CNRS et docteur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Dans son ouvrage « Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre » (éd. La Découverte, 2021), l’invité retrace les trajectoires sociales plurielles des personnes trans pour mieux mettre en lumière la fabrique du genre, et donc celle de la masculinité. Car que l’on soit un homme cis ou trans, on ne naît pas homme : on le devient.
Les Couilles sur la table est un podcast de Victoire Tuaillon produit par Binge Audio. Cet entretien a été préparé et mené par Tal Madesta, et enregistré le jeudi 29 février 2024 au studio Virginie Despentes de Binge Audio (Paris, 19e). Prise de son : Paul Bertiaux. Réalisation : Quentin Bresson. Production : Naomi Titti. Montage : Tal Madesta. Édition : Lucile Leboutet & Naomi Titti. Marketing et communication : Jeanne Longhini et Lise Niederkorn. Générique : Théo Boulenger. Identité graphique : Pierre Hatier (Upian). Composition identité sonore : Jean-Benoît Dunckel. Voix identité sonore : Bonnie El Bokeili. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.
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