« C'est l'accusation de racisme et d'islamophobie qui paralyse systématiquement les personnes. » Entretien avec l'auteur et anthropologue Florence Bergeaud-Blackler
Oct 5, 2023
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Cette rencontre avec Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue et chercheuse au CNRS, met en lumière son expérience face aux menaces pour ses travaux sur le prosélytisme musulman. Elle aborde la paralysie générée par les accusations de racisme et d'islamophobie dans le débat public. Les discussions sur l'autocensure dans l'enseignement et la montée des valeurs islamiques en Europe sont également captivantes. Enfin, elle souligne l'influence des Frères musulmans sur la politique occidentale et l'importance d'une recherche académique libre et objective.
L'autocensure de Florence Bergeaud-Blackler, façonnée par la peur d'accusations de racisme, a limité ses recherches sur le frérisme pendant des années.
Le frérisme représente un mouvement d'influence tentant d'établir une société islamique en Europe, impactant profondément l'identité des générations d'immigrés musulmans.
L'intimidation des frères musulmans, illustrée par des cas comme celui de Samuel Paty, crée une culture de la peur qui entrave le débat public sur l'islam.
Deep dives
L'impact de l'autocensure sur la recherche
L'autocensure a profondément influencé la carrière de l'invitée dans ses recherches sur le prosélytisme musulman. Pendant des années, elle a ressenti la pression d'être stigmatisée comme raciste, ce qui l'a poussé à éviter certains sujets dans ses écrits. Ce n'est qu'après les attentats de 2015 qu'elle a décidé de briser ce silence, réalisant la nécessité de parler ouvertement des dangers liés au frérisme. Cette prise de conscience a marqué un tournant décisif dans sa capacité à aborder librement des questions délicates dans son travail.
Le frérisme et ses enjeux sociétaux
Le frérisme, véritable mouvement d'influence, cherche à établir une société islamique en Europe, une démarche qui a été systématiquement ignorée. L'invitée explique qu'il est compliqué de s'attaquer directement à cette confrérie secrète, car ses membres ne s'identifient jamais ouvertement comme tels. Depuis les années 60, la confrérie a réussi à s'imposer dans l'imaginaire collectif de trois générations d'immigrés musulmans, impactant leur identité et leurs comportements. Les implications de cette transformation s'étendent au-delà de la communauté musulmane, touchant la société non musulmane qui voit sa liberté d'expression et ses valeurs menacées.
L'acclimatation à la société charia compatible
La création d'une société dite 'charia compatible' semble être un objectif primordial pour le frérisme, qui vise à modifier les valeurs et les lois des sociétés occidentales. Cette acclimatation se fait progressivement, notamment à travers des pratiques tel que le halal qui influencent les comportements des individus. L'invitée souligne que ces changements sont souvent présentés comme des choix individuels, mais dissimulent une pression sociale et idéologique forte. La normalisation de ces pratiques, perçues comme des droits ou des choix, constitue en réalité une étape vers une vision islamiste au sein de sociétés non musulmanes.
L'utilisation de l'intimidation comme stratégie
L'intimidation joue un rôle clé dans la tactique des frères musulmans pour imposer leurs idées et influencer les comportements des non-musulmans. L'invitée évoque des cas comme l'assassinat de Samuel Paty, qui a généré une atmosphère de peur parmi les enseignants, les poussant à s'auto-censurer sur des sujets sensibles. Cette stratégie vise à restreindre les discussions sur l'islam et à faire obstacle à la critique, créant une culture d'évitement qui se propage dans les salles de classe.Ainsi, l'effet de l'intimidation se manifeste au-delà des menaces directes, touchant même ceux qui pourraient aborder ces questions de manière académique ou informative.
Le rôle complexe des médias et de l'université
Les médias et les institutions universitaires jouent un rôle ambivalent face à la montée du frérisme et aux critiques qui l'entourent. L'invitée partage son expérience d'annulation de conférences en raison de menaces, illustrant la pression à laquelle sont confrontés ceux qui cherchent à aborder ce sujet. Elle souligne également que certains médias favorisent une vision déformée, souvent influencée par des groupes qui souhaitent discréditer les critiques du frérisme. Ce climat de peur et de désinformation nuit à la capacité de l'université et des médias à explorer ces questions de manière objective, laissant un vide dans le débat public.
Cette semaine à Contact, Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chercheuse au CNRS et auteure du livre Le Frérisme et ses réseaux : L'enquête (2023). Menacée de mort pour ses révélations sur ce qu'elle nomme « le plan » des Frères musulmans pour l'islamisation du monde, elle vit escortée 24/7 par les forces de l'ordre.