Valérie Manteau, écrivaine, éclaire les enjeux du procès de Mazan en explorant la culture du viol. Elle aborde les contradictions entre l'image de "bons pères de famille" et la réalité des violences sexuelles. Le podcast discute des témoignages poignants et des dynamiques familiales dysfonctionnelles, tout en soulignant le déni persistant des proches. Manteau analyse comment la sociétalisation des normes de genre façonne les comportements violents et interroge la responsabilité collective face à ces tragédies.
La culture du viol alimente des mythes où les femmes sont souvent perçues comme partiellement responsables des violences qu'elles subissent.
Les témoignages des proches des accusés révèlent un conflit entre loyauté personnelle et la reconnaissance de la réalité des violences sexuelles.
Deep dives
La question de la violence sexuelle
Le podcast aborde la difficile question de la violence sexuelle et du viol, en mettant l'accent sur la complexité des relations entre les victimes et leurs agresseurs. En réflexion sur le procès des 51 accusés de viol, il est mis en avant que de nombreuses femmes peuvent être des proches des violeurs, ce qui les rend également moins conscients de la possibilité que leurs partenaires ou proches commettent de tels actes. L’impact de la culture du viol est exploré, où les femmes sont souvent perçues comme responsables de la violence subie, alimentant ainsi des mythes sociaux puissants et dévastateurs. Par exemple, la manière dont certains accusés sont décrits par leurs familles comme des personnes aimantes et fiables illustre le choc et le déni qui peut persister au sein des proches des accusés.
Le rôle des témoins dans le procès
Les témoignages des proches des accusés, principalement des femmes, révèlent des dynamiques complexes où l'amour et la loyauté entrent en conflit avec la réalité des accusations de viol. Beaucoup des proches qui sont venus témoigner affirment leur difficulté à croire à la culpabilité de leurs partenaires, souvent en se basant sur leurs expériences personnelles et sur la vision idéalisée des relations. Cette défense de l'accusé par ses proches peut être interprétée de plusieurs manières, soit comme une complicité, soit comme une incapacité à reconnaître la réalité des violences sexuelles. Ce phénomène met en lumière la manière dont la société structure les relations et comment la loyauté personnelle peut parfois mener à la minimisation des comportements violents.
La psychologie des agressions sexuelles
L'épisode examine également la psychologie des auteurs de violences sexuelles, mettant en lumière le fait que beaucoup d'entre eux ont eux-mêmes été victimes de violence dans leur enfance. Cependant, il est souligné que ce passé douloureux ne doit pas être utilisé pour excuser leurs actes, mais plutôt pour en comprendre les racines. Des experts en psychologie témoignent que la plupart des agressés sexuels ne montrent pas de signes de maladies mentales et sont capables de contrôler leurs actions, ce qui complique l’idée selon laquelle seul un 'monstre' pourrait commettre de telles violences. Cette analyse révèle que les agressions sexuelles sont souvent perpétrées par des individus qui ressemblent à tout un chacun, rendant le déni social encore plus crucial.
Les impacts de la culture du viol
Le podcast met en lumière le rôle prédominant de la culture du viol dans le façonnement des attitudes envers les violences sexuelles. Cette culture perpétue des mythes, notamment l'idée que les victimes sont en partie responsables de leur agression par leurs comportements ou décisions. Il est noté que les scénarios de la pornographie influencent particulièrement les attitudes sur le consentement et l'objectivation des corps féminins, normalisant ainsi les comportements sexuels violents. En fin de compte, il est impératif d'examiner et de contester ces discours afin de favoriser des changements structurels qui protègent les victimes et réduisent les violences dans la société.
Comment expliquer que tant d’hommes perçus comme de “bons pères de famille”aient pu violer une femme shootée à son insu aux anxiolytiques ? Si Gisèle Pelicot est tombée d’aussi haut en découvrant les viols infligés par son ex-mari et ses 50 co-accusés, c’est parce qu’elle a grandi, comme nous tou·tes, dans une culture du viol qui nous empêche de voir la réalité des violences sexuelles en face.
Les 51 accusés du procès Mazan avaient-ils des dispositions psychiques qui les ont poussés à la violence ? Qu’est-ce que leur entourage raconte de leurs relations avant la découverte des faits ? Y avait-il des signaux avant-coureurs qu’on n’a pas su repérer ?
Dans ce deuxième épisode d’Après Mazan, on revient sur la quête de vérité de la cour, qui a tenté de répondre à ces questions en s’appuyant sur les expertises psychiatriques et psychologiques, les témoignages des proches et les interrogatoires de personnalité des accusés. Avec cette étape cruciale du procès, Naomi Titti et la journaliste Juliette Campion, l’écrivaine Valérie Manteau, la philosophe Manon Garcia, la professeure Mathilde Levesque et le psychiatre Walter Albardier saisissent par quels moyens on tente de faire sens de ces violences collectivement… et ce qu’on manque de voir.
RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ÉPISODE ET RESSOURCES POUR ALLER PLUS LOIN
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« Après Mazan » est une série documentaire de Naomi Titti, produite par Binge Audio en 2025 et diffusée dans Les Couilles sur la table, un podcast créé par Victoire Tuaillon. Entretiens, écriture, récit et supervision éditoriale : Naomi Titti. Prise de son, réalisation et mixage : Paul Bertiaux. Production et édition : Marie Foulon. Communication : Lise Niederkorn et Léna Fourgeau. Générique : Théo Boulenger. Identité graphique : Marion Lavedeau (Upian). Rédacteur en chef : Thomas Rozec. Responsable de production éditoriale : Charlotte Baix. Direction de production : Albane Fily. Responsable administrative et financière : Adrienne Marino. Composition identité sonore : Jean-Benoît Dunckel. Guitare : Thomas Gomez. Piano : Djuna Patin. Voix identité sonore : Bonnie El Bokeili. Direction des programmes : Joël Ronez.