Denys Arcand souligne la disparition imminente du cinéma traditionnel face à l'essor de la communication numérique et des nouvelles technologies.
Le réalisateur exprime son inquiétude concernant l'inversion des rôles entre élèves et enseignants, qui pourrait affaiblir l'autorité académique et la transmission des connaissances.
Avec l'âge, Arcand ressent une sérénité qui lui permet de privilégier sa vision artistique plutôt que de rechercher la validation externe de ses films.
Deep dives
L'évolution du rôle de l'élève et du professeur
La dynamique entre enseignants et élèves a évolué, soulignant une inversion des rôles traditionnels. Autrefois, critiquer un professeur pouvait mener à l'expulsion, alors qu'aujourd'hui, des étudiants sont souvent pris au sérieux lorsqu'ils remettent en question leurs enseignants. Cette situation témoigne d'un changement sociétal où la voix des élèves est valorisée, parfois même au détriment de l'autorité académique. L'intervenant pointe une inquiétude sur cette inversion de valeur, craignant que cela ne mène à l'affaiblissement des vérités enseignées.
La carrière cinématographique à travers les âges
Le réalisateur discute de son parcours et des changements qu'il a observés tout au long de sa carrière. Il affirme que malgré le passage du temps, sa passion pour le cinéma et la manière dont il collabore avec les acteurs n'ont pas fondamentalement changé. Cependant, il note que l'âge apporte une certaine sérénité, lui permettant de se détacher des attentes quant à la réception de ses films. Cela reflète une évolution personnelle qui l'incite à privilégier sa vision artistique plutôt que la validation externe.
Les défis de la liberté d'expression dans l'éducation
La discussion aborde la question délicate de la liberté d'expression dans le contexte académique moderne. Le réalisateur évoque des préoccupations concernant les conséquences de certains mots ou phrases, qui peuvent mener à des sanctions sévères, soulignant ainsi les tensions autour de la sensibilité croissante sur les campus. Cette tendance à la censure préoccupe, car elle remet en question l'ouverture d'esprit nécessaire à l'éducation. En conséquence, certains craignent un climat où la capacité de dialoguer librement est entravée.
L'impact de la culture contemporaine sur le cinéma
Le réalisateur s'inquiète de l'évolution de la culture et de son impact potentiel sur l'avenir du cinéma. Il suggère que la montée de la communication numérique et les tendances modernes pourraient mener à la disparition du cinéma traditionnel tel qu'on le connaît. Au lieu de films réalisés avec des narratives suivies et une projection dans des salles classiques, il envisage un avenir où le cinéma deviendra marginal, d'abord tourné avec des technologies personnelles. Ce changement fondamental pourrait redéfinir la manière dont les histoires sont racontées et vécues par le public.
Les changements sociétaux et l'identité personnelle
Le réalisateur partage son expérience personnelle concernant l'évolution de son enfant par rapport à son identité de genre, une transformation qui a suscité réflexion et questionnement. Il exprime ses préoccupations quant à cette évolution, se demandant si cela pourrait être une mode passagère. Malgré la reconnaissance et le respect de son enfant, il lutte avec la complexité des changements dans les normes sociales et la diversité d'identités. Cela soulève des interrogations sur l'acceptation et la compréhension dans une société en constante évolution.
Cette prophétie n'est pas celle d'un observateur distant, c'est le grand réalisateur québécois Denys Arcand qui le dit lors de son passage à Contact. Il ne se veut pas pessimiste mais plutôt réaliste, peut-être un peu fataliste aussi, comme il l'a souvent été tout au long de sa carrière. Derrière les scénarios qu'il signe, la sensibilité du documentariste aux bruissements de l'époque n'est jamais très loin. Le wokisme, la peur des mots, la censure, la décolonisation, rien n'échappe à son regard attentif dans Testament, son dernier film. Après un succès au box-office québécois, il a été accueilli très favorablement par la critique française. À 82 ans, le réalisateur du Déclin de l'empire américain, des Invasions barbares et du Confort et l'indifférence, goûte aux doux plaisirs de la vie accomplie. Une sérénité qui lui donne une rare liberté de parole. « À mon époque, si je m'étais plaint de mon professeur, j'aurais été congédié, moi, de l'université. Alors que là, c'est l'inverse. C'est le monde à l'envers. »