À la table des négociations 3/4 : Le négoce... ou la guerre !
Mar 26, 2025
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Céline Spector, professeure de philosophie politique à Sorbonne Université, Isabelle Garo, enseignante spécialisée en Marx, et Maxence Brischoux, chercheur au centre Thucydide, explorent la tension entre commerce et conflit. Ils discutent des visions de Montesquieu et Marx sur le rôle du commerce dans la paix et l'exploitation. La conversation aborde aussi les défis contemporains du néolibéralisme, l'importance cruciale de la confiance dans les négociations, et les répercussions de la baisse du taux de profit sur le commerce international.
Montesquieu voyait le commerce comme un moyen de paix, créant des dépendances qui réduisent les conflits entre nations.
Marx critiquait le libre-échange, soulignant qu'il peut exacerber les inégalités et maintenir des luttes de classe sous-jacentes.
Le retour du mercantilisme contemporain remet en question les principes du libre-échange et influence les relations internationales actuelles.
Deep dives
Le commerce comme facteur de paix
Le commerce est souvent perçu comme un instrument favorable à la paix entre les nations. Les théoriciens du XVIIIe siècle, tels que Montesquieu, soutenaient que les échanges commerciaux favorisent une interconnexion des intérêts, ce qui incite les pays à éviter les conflits. En intégrant les nations dans un système d'échanges, cette vision propose que les pays deviennent dépendants les uns des autres, ce qui diminue les chances de guerre. Cependant, certains pensent que cette dépendance peut également révéler des tensions sous-jacentes et des conflits d'intérêts.
L'illusion du libre-échange
Bien que le libre-échange soit souvent glorifié pour ses capacités à créer des richesses partagées, cette notion peut parfois se heurter à la réalité. Des économistes modernes, comme Marx, remettent en question cette vision optimiste, soulignant que la mondialisation et le libre-échange ne profitent pas à tous de manière équitable. Même si le commerce peut générer des bénéfices, il peut aussi exacerber les inégalités et engendrer des conflits. Ainsi, la promesse d'une prospérité mutuelle par le libre-échange pourrait être perçue comme une illusion dans un cadre où la compétition nationale et internationale demeure prédominante.
Le retour de la mentalité mercantiliste
Avec l'émergence de politiques protectionnistes, comme celles mises en œuvre par Donald Trump, on observe un retour à des idées mercantilistes abandonnées au XVIIIe siècle. Ce tournant remet en question les principes de la libre circulation des biens et services, soulignant un changement dans les relations internationales. Les droits de douane imposés par les États-Unis provoquent des réactions en chaîne au niveau mondial, et certains pays se sentent forcés d'adopter une approche similaire pour défendre leurs intérêts. Ce scénario pose la question de savoir si le mercantilisme pourrait redevenir la norme dans le commerce international.
Montesquieu et les vertus du commerce
Montesquieu a argumenté que le commerce favorise la paix en rendant les nations plus interconnectées et dépendantes. Selon lui, la prospérité résultant de ces échanges permettrait de diminuer les conflits, car les nations auraient intérêt à maintenir des relations pacifiques pour protéger leurs échanges commerciaux. Toutefois, Montesquieu a également reconnu les dangers du commerce, notamment son potentiel de dégradation morale et ses effets sur le comportement des individus dans des sociétés commerçantes. Il a donc présenté une vision nuancée, consciente des défis que pose le commerce dans les relations internationales.
Les contradictions dans la mondialisation
Marx, de son côté, souligna les contradictions inhérentes à la mondialisation, notamment celles entre les avantages du commerce libre et les réalités des luttes de classe. Il a alerté sur le fait que le libre-échange ne se produit pas dans un vide moral, mais est souvent accompagné par des dynamiques d'exploitation. Pour Marx, la libération des échanges n’entraîne pas nécessairement de bénéfices pour tous les travailleurs, car le système capitaliste est fondé sur la profitabilité au détriment des conditions de vie des classes ouvrières. Ainsi, la mondialisation actuelle pourrait être perçue comme une continuation de l'exploitation historique sous une forme modernisée.
durée : 00:57:31 - Avec philosophie - par : Géraldine Muhlmann, Nassim El Kabli - Montesquieu voyait dans le commerce un moteur de paix, tandis que Marx y décelait une mécanique d’exploitation. Entre promesse d’harmonie et jeux de pouvoir, la mondialisation ravive ce débat. Faut-il choisir un camp, ou peut-on réinventer le commerce pour qu’il échappe à cette dualité ? - réalisation : Nicolas Berger - invités : Maxence Brischoux Chercheur au centre Thucydide; Isabelle Garo enseignante de philosophie spécialiste de Marx; Céline Spector Philosophe, professeure de philosophie politique à Sorbonne Université
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