La chute des bourses peut-elle faire reculer Trump? - L'intégrale -
Apr 4, 2025
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Dans cette discussion, Dominique Seux, expert économique, Florentin Collomp, correspondant à Bruxelles, Sylvie Matelly, économiste géopolitique, et Lucie Robequain, analyste politique américaine, explorent les impacts des nouvelles taxes douanières de Trump sur les marchés mondiaux. Ils discutent des conséquences de la chute des bourses sur l'économie américaine et européenne, des tensions commerciales croissantes avec la Chine, et des défis posés à la solidarité européenne face à un protectionnisme radical.
La chute dramatique des marchés boursiers, perdant plus de 2000 milliards de dollars, illustre l'impact immédiat des nouvelles taxes douanières de Trump.
La stratégie protectionniste de Trump, bien que critiquée même par certains membres de son parti, reflète sa conviction d'une renaissance économique américaine à long terme.
L'Union européenne, face aux tensions commerciales, peine à élaborer une réponse unifiée, révélant la complexité des intérêts nationaux divergents parmi ses membres.
Deep dives
Effets de la guerre commerciale sur les marchés
Une chute dramatique des marchés boursiers a été constatée, perdant plus de 2000 milliards de dollars en une journée à Wall Street. Cette réaction a été déclenchée par les nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump, qui ont surpris de nombreux analystes financiers. En conséquence, JP Morgan a estimé à 60% le risque d'une récession mondiale due à ces barrières douanières. Les craintes concernant la santé économique mondiale soulignent l'impact d'une guerre commerciale en cours entre les États-Unis et d'autres pays, notamment la Chine.
Réactions de Trump face à la crise boursière
Donald Trump semble déterminé à poursuivre son agenda protectionniste malgré la chute des marchés. Son approche est alimentée par une nostalgie pour un passé industriel américain et une conviction que ces mesures, bien que douloureuses à court terme, sont essentielles pour redresser l'économie à long terme. Même au sein de son propre parti, des voix s'élèvent pour contester sa stratégie, soulignant le risque que ces démarches puissent nuire aux économies locales. Ce sentiment de détermination témoigne néanmoins de la vision de Trump pour que l'Amérique retrouve sa grandeur industrielle.
Impact sur les consommateurs américains
Les nouveaux droits de douane devraient directement toucher les consommateurs par le biais d'une augmentation des prix des produits importés, notamment des fruits et légumes provenant du Canada et du Mexique. Les Américains, déjà affectés par l'inflation, craignent des hausses de prix qui grèveront significantement leur pouvoir d'achat. Les sentiments d'inquiétude se multiplient parmi la population, alors que la chute boursière menace les économies de retraite et les investissements à long terme des ménages. La détermination de Trump à aller de l'avant avec ses mesures commerciales pourrait créer un impact socio-économique considérable.
Réponses européennes à la politique de Trump
Face à l'escalade des tensions commerciales, l'Union européenne tente de formuler une réponse coordonnée, mais ses actions prennent du temps. Les dirigeants européens, comme Emmanuel Macron, lancent des appels à la solidarité et encouragent les entreprises à suspendre temporairement leurs investissements aux États-Unis. Cependant, des intérêts nationaux divergents compliquent l'atteinte d'un consensus, le bloc européen s'adaptant lentement aux changements de circonstances. Cette situation met en évidence le besoin d'une stratégie européenne unifiée pour répondre à la menace de Trump tout en évitant des répercussions négatives pour ses propres économies.
Conséquences économiques pour l'Allemagne
L'Allemagne, première puissance exportatrice de l'Union européenne, est particulièrement vulnérable face à ces nouveaux droits de douane. Les PME allemandes, essentielles à l'économie nationale, risquent de voir leurs commandes diminuer drastiquement, entraînant potentiellement des licenciements massifs. Les conséquences de la guerre commerciale avec les États-Unis, couplées à d'autres défis économiques, soulèvent des inquiétudes quant à la résilience de l'économie allemande. Des experts soulignent que si Trump persiste dans sa politique douanière, cela pourrait avoir des répercussions graves sur le nombreux secteurs qui dépendent des exportations vers le marché américain.
C dans l'air du 4 avril 2025 - La chute des bourses peut-elle faire reculer Trump?
L’onde de choc du virage protectionniste radical opéré par les États-Unis est ressentie dans le monde entier, et affole les marchés mondiaux. De Tokyo à Paris, les grands indices boursiers ont plongé. La bourse de New York a bouclé jeudi sa pire séance depuis mars 2020, en pleine pandémie de Covid. Un jeudi noir qui a de quoi donner des sueurs froides aux Américains qui sont trois foyers sur cinq à détenir des actions, et en particulier les retraités dont les pensions sont en partie indexées sur les marchés.
Mercredi, depuis les jardins de la Maison Blanche, Donald Trump muni d’un tableau a détaillé par le menu les taxes douanières qu’il entend imposer sur tous les produits importés aux Etats-Unis, allant de 10 % à 50 % selon les pays d’origine au nom de sa "déclaration d'indépendance économique". La Chine et l’Union européenne sont parmi les plus lourdement sanctionnés, la première écopant de 34 %, et l’UE de 20 %. Ce à quoi Pékin a choisi de répliquer très vite en annonçant, ce vendredi, des taxes de 34 % sur tous les produits américains arrivant en Chine. Parallèlement, 16 entreprises américaines ont été placées sur une liste noire qui les empêchera de s'approvisionner en Chine. Le ministère chinois du Commerce a aussi annoncé des contrôles à l’exportation sur sept éléments de terres rares, y compris le gadolinium, utilisé notamment pour les IRM, et l’yttrium, dans l’électronique grand public.
Cette décision a, une nouvelle fois, plongé les marchés boursiers et économiques dans le rouge. En Europe, à la mi-journée la Bourse de Francfort chutait de 5,61 %, Paris de 4,66 % et Londres de 4,24 %. Zurich s’enfonçait de 5,57 %, Milan dégringolait de 7,74 % et Madrid de 6,29% alors que l'Union européenne prépare la riposte, tout en privilégiant encore la négociation. Les nouvelles taxes annoncées par le président américain sont "un coup dur" pour l’économie mondiale, a souligné ce jeudi, la présidente de la Commission européenne. Cependant, "il n’est pas trop tard pour répondre aux préoccupations par les négociations", a déclaré Ursula von der Leyen, soulignant que le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, était "en contact permanent" avec ses homologues américains.
En France, Emmanuel Macron a réuni dans la journée les "représentants des filières impactées" à l'Elysée et a appelé les entreprises françaises à suspendre tous leurs projets d'investissements aux Etats-Unis jusqu'à ce que l'annonce sur une hausse massive des droits de douane à l'encontre de l'Union européenne soit "clarifiée". En Allemagne, le chancelier allemand Olaf Scholz et son ministre de l'Economie se sont montrés alarmistes sur les conséquences de la hausse des droits de douane décidée par Donald Trump, appelant l'Europe à montrer "ses muscles", tout en évitant de riposter comme une "tête brulée".
Alors quelle forme prendra cette riposte européenne ? Quels secteurs sont concernés ? Avec quelles conséquences ? Nos journalistes se sont rendus en Allemagne où les entreprises sont plus dépendantes encore des États-Unis que lors du premier mandat de Donald Trump. Le pays a écoulé l'année dernière pour 161 milliards d'euros de marchandise sur le marché américain, soit plus de 10 % du commerce extérieur contre 8,5 % en 2016. Premier secteur impacté : l'automobile. Nous sommes également allés à Brownsville au Texas où Elon Musk y a installé sa base SpaceX.
Les experts :
- Dominique SEUX - Editorialiste - Les Echos - Lucie ROBEQUAIN - Directrice de la rédaction – La Tribune dimanche , La Tribune - Sylvie MATELLY - Economiste et directrice de l’Institut Jacques Delors - Florentin COLLOMP - Journaliste spécialiste des questions européennes Le Figaro