Soumission chimique : il n’y a pas de “drogue du violeur”
Nov 21, 2024
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Félix Lemaître est un journaliste et écrivain qui a récemment publié un essai sur la soumission chimique. Il discute des réalités souvent invisibles des violences sexuelles, soulignant que 42% des agressions surviennent dans un cadre privé et non seulement lors de fêtes. Lemaître aborde la stigmatisation du GHB, souvent mal compris, et examine comment la culture masculine influence la sexualité et les comportements prédateurs. Il plaide pour une éducation sexuelle meilleure afin de prévenir ces violences, tout en critiquant les stéréotypes associés aux interactions hommes-femmes.
La soumission chimique, souvent associée à des contextes festifs, est en réalité fréquente dans des environnements privés et intimistes.
Le procès de Dominique Pellicot illustre la banalité de la violence sexuelle et les liens entre culture du viol et agression.
Une approche éducative et législative visant à déconstruire les stéréotypes masculins est essentielle pour prévenir la soumission chimique.
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Le procès des viols de Mazan et la soumission chimique
Le procès de Dominique Pellicot, qui a drogué sa femme pour la violer et la faire violer par d'autres hommes, met en lumière la banalité de la violence sexuelle souvent invisibilisée dans la société. Cette affaire révèle également les liens troublants entre la culture du viol et les méthodes utilisées par les agresseurs. En évoquant la soumission chimique, le procès soulève des préoccupations quant à une peur généralisée que ressentent les femmes dans des situations sociales, particulièrement lors de soirées. Les anecdotes personnelles des victimes montrent comment cette culture d'angoisse influence leurs comportements, notamment en ce qui concerne leur vigilance autour de l'alcool et des drogues.
La mystérieuse histoire du GHB
Le GHB est souvent étiqueté comme la 'drogue du violeur', mais cette appellation cache une utilisation plus complexe et moins spécifiquement liée à des agressions. En fait, le GHB a été développé pour des raisons médicales avant de devenir un outil de soumission chimique dans des contextes criminels. La dissociation entre son origine et son usage déviant souligne la nécessité de ne pas réduire la question du viol à un simple produit chimique, mais de se concentrer sur les comportements des agresseurs. Les mythes entourant le GHB contribuent à sa stigmatisation, alors qu'il n'est qu'un des nombreux outils dans une culture de violence sexiste.
La banalisation de la violence et des comportements prédateurs
La normalisation des comportements prédateurs dans les contextes de fête est souvent influencée par des représentations culturelles et médiatiques. Les films de comédie adolescent leur offrent un modèle de masculinité toxique où la manipulation et la prédation deviennent des motifs de plaisanterie. De même, les fraternités américaines illustrent les dangers de cette culture qui valorise la conquête sexuelle au détriment du respect des femmes. Ces comportements sont renforcés par une perception erronée que les femmes qui consomment de l'alcool deviennent disponibles d'une manière qui dénote une forme de consentement.
Éducation, lois et lutte contre la soumission chimique
Pour combattre la soumission chimique, une approche multifacette est nécessaire, touchant l'éducation, le travail des policiers, et le système judiciaire. L'éducation sexuelle devrait commencer tôt, surtout pour les garçons, afin de déconstruire les mythes associés aux comportements prédateurs. Les forces de l'ordre et les professionnels de santé doivent avoir une formation approfondie pour reconnaître et répondre à ces incidents de manière efficace. Les récits de victimes et l'engagement de personnalités engagées, comme les victimes elles-mêmes, mettent en lumière l'importance d'une législation juste et d'une sensibilisation accrue autour des violences faites aux femmes.
Comme en témoigne l’affaire “des viols de Mazan”, 42% des agressions et viols par soumission chimique se déroulent dans un cadre privé. Depuis qu’il s’est ouvert le 2 septembre 2024, ce procès très médiatisé nous pousse à démonter les mythes sur la soumission chimique : elle n’est pas circonscrite aux contextes festifs ou perpétrée seulement par des inconnus avec du GHB - appelé la “drogue du violeur”.
Qui sont ces hommes qui utilisent de la drogue pour agresser des femmes ? Quels sont leurs modes opératoires et leurs motivations ? En quoi les agresseurs par soumission chimique sont un miroir grossissant d’une culture masculine de la sexualité ?
Pour répondre à ces questions, Naomi Titti reçoit Félix Lemaître, journaliste, écrivain, scénariste et auteur de l’essai « La Nuit des hommes. Une enquête sur la soumission chimique » (éd. Les nouveaux jours, JC Lattès, 2024). Alors qu’il croyait partir à la chasse aux monstres dans les bars, les clubs et les festivals, Félix Lemaître a découvert qu’enquêter sur la soumission chimique revenait plutôt à interroger l’apprentissage masculin de la séduction et la construction de leurs fantasmes.
RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ÉMISSION
Retrouvez toutes les références citées dans l’épisode à la page :
Les Couilles sur la table est un podcast de Victoire Tuaillon produit par Binge Audio. Cet entretien a été préparé, mené et monté par Naomi Titti, et enregistré le jeudi 31 octobre 2024 au studio Virginie Despentes de Binge Audio (Paris, 19e). Prise de son, réalisation et mixage : Paul Bertiaux. Supervision éditoriale et de production : Naomi Titti. Production, édition et communication : Marie Foulon avec Lise Niederkorn. Rédaction en chef : Thomas Rozec. Direction de production : Albane Fily. Générique : Théo Boulenger. Identité graphique : Pierre Hatier (Upian). Composition identité sonore : Jean-Benoît Dunckel. Voix identité sonore : Bonnie El Bokeili. Direction des programmes : Joël Ronez.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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