

La Pause géopolitique
Anne Battistoni, Major-Prépa
La Pause géopolitique est un podcast qui permet de prendre du recul sur les grands événements géopolitiques contemporains. À partir d'un événement d'actualité, ce podcast propose de mobiliser des concepts de géopolitique pour donner des clés de compréhension sur le monde qui nous entoure.
La Pause géopolitique est animée par Anne Battistoni, ancienne professeur de géopolitique en classe préparatoire, et proposé par Major-Prépa, le site de référence des étudiants en prépa économique et commerciale.
La Pause géopolitique est animée par Anne Battistoni, ancienne professeur de géopolitique en classe préparatoire, et proposé par Major-Prépa, le site de référence des étudiants en prépa économique et commerciale.
Episodes
Mentioned books

Oct 31, 2024 • 47min
Géopolitique du Japon, une puissance si discrète
Le 18 septembre dernier, un triste fait divers a accru les tensions entre le Japon et la Chine. Un enfant japonais de 10 ans aété tué, poignardé sur le chemin de son école à Shenzhen, la grande métropole technologique et industrielle du Sud Est de laChine. Celle-ci parle d’un incident isolé, mais cette attaque a eu lieu le jour anniversaire du début de l’invasion de laMandchourie par le Japon en 1931 et survient 3 mois après l’attaque en juin d’un autre enfant japonais et de sa mère à unarrêt de bus.Elle s’insère dans un climat de dégradation des relations entre les deux pays. Le sentiment antijaponais en Chinea toujours été vivace, nourri de l’héritage de la Seconde guerre mondiale. Depuis un an on observe un regain des tensions et,le 26 août dernier, pour la première fois un avion de reconnaissance de l’Armée chinoise est entré dans l’espace aérienjaponais. Il est vrai que le rapport de force entre les deux Etats a considérablement changé en ½ siècle : à la fin des années1960 le Japon était la troisième puissance économique mondiale – derrière Etats-Unis et URSS, grâce à une croissanceéconomique spectaculaire, deux fois plus rapide que celle des autres pays occidentaux. À l’époque la Chine était un paysfermé, vivant au rythme des révolutions maoïstes, isolé dans la communauté internationale et dont les habitants vivaientpauvrement. En 2010 le PIB de la Chine a dépassé celui du Japon alors N°2. Depuis, la Chine ambitionne d’être numéro 1 dans tous les domaines, développant des ambitions maritimes, elle inquiète le Japon, surtout depuis l’arrivée de Xi Jingping au pouvoir en 2013 menant une politique plus autoritaire et plus agressive. Que peut faire le Japon ?Dans sa Nouvelle histoire du Japon, l’historien Pierre François Souryi écrit en 2023 : « Méprisé par son principal allié les Etats-Unis, à peu près ignoré par les Européens, incapable de s’entendre avec son voisin russe sur une frontière communémentadmise, suscitant toujours autant d’antipathie chez son voisin sud-coréen et menacé de ses fusées par Pyongyang, tenu àdistance par une Chine prompte à raviver les cicatrices de la guerre, le Japon est pour ainsi dire inaudible sur les grandsproblèmes du monde contemporain ».Le bilan est-il vraiment aussi accablant ? pour un pays qui possède pourtant maints critères de puissance ? Revenons àl’actualité.

Sep 26, 2024 • 42min
Le monde en 2024 : lignes de force, lignes de fracture ?
Nous autres, Européens, vivons une période déstabilisante. Nous sommes sans doute le continent le plus préservé des soubresauts politiques, économiques et sociaux par la stabilité de nos institutions, par la protection offerte par l’Union Européenne, par le niveau de vie et la couverture sociale que nous avons construits depuis les décennies de l’après-guerre. Nous avons fortement contribué à proposer au monde un mode de règlement des conflits ou de gestion des biens publics mondiaux basé sur le dialogue, le multilatéralisme, l’édification de règles communes.Or depuis quelques années, ce monde semble en train de s’effondrer. Il est vrai que la guerre s’étend et semble toujours plus proche de nous. A moins de 5 h d’avion de Paris, des combats déchirent l’Est européen, le Caucase, le Proche-Orient, ou le Nord Sahel. Ce sentiment d’un monde qui s’effondre s’explique aussi par la panne du multilatéralisme : le dialogue, la recherche de compromis nous ont permis de vivre en paix au sein de l’Union Européenne or cette capacité à dialoguer entre grandes puissances semble au point mort. Enfin, c’est tout simplement notre place dans le monde qui est aujourd’hui remise en cause lorsque nos tentatives pour proposer des solutions via des normes, des valeurs ou des actions est rejetée.Le monde en 2024 se résume -t-il alors à une géopolitique du désordre ?Tout converge pour donner cette impression : l’extension de la guerre (guerres chaudes et meurtrières, guerres froides porteuse de tensions plus grandes encore), la contestation des démocraties, le regain des protectionnismes, la multiplication des accidents climatiques … Il est donc urgent de chercher l’intelligibilité du monde. Nous savons que nous vivons des crises multiples et que celles-ci sont la traduction du passage d’un monde ancien à un nouveau monde qui est en train de naître. Mais au-delà du recours à cette analyse (inspirée par Gramsci), ne peut-on décrypter les désordres ambiants comme une phase mettant en place de nouveaux acteurs et aussi de nouvelles règles... dessinant un nouveau monde que nous aurions intérêt à prendre en compte, à intégrer le plus rapidement possible pour y trouver notre place.Peter Drucker, l’un des pères du management, disait : « le plus grand danger dans les moments de turbulence, n’est pas la turbulence ; c’est d’agir avec la logique d’hier. » Aussi, mettons-nous au temps présent.

Jun 7, 2024 • 43min
L’Europe centrale, nouveau centre de gravité de l’Union 20 ans après son intégration ?
En avril dernier, les élections présidentielles organisées en Slovaquie aboutissaient à la victoire de Peter Pellegrini, candidatallié au premier ministre nationaliste et populiste Robert Fico. Cette victoire s’est largement jouée sur le thème de la guerreen Ukraine, le nouveau président affirmant qu’il était le candidat de la paix tandis que son adversaire pro-européen allaitprécipiter son pays dans la guerre par son soutien aux Ukrainiens. La Slovaquie se retrouve ainsi dirigée par un duopolepopuliste et nationaliste après la victoire de Robert Fico aux législatives d’octobre 2023. Son gouvernement qui vient par exen mars d’annoncer la suppression de l’instance judiciaire chargée de lutter contre la corruption, s’annonce illibéral. LaSlovaquie rejoint ainsi la Hongrie de Orban à la fois dans la complaisance vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine et le refusd’aider l’Ukraine, et dans la critique de l’action de l’UE et la remise en cause de l’Etat de droit.Qu’en penser ? 20 ans après son entrée dans l’Union, l’Europe de l’Est semble générer des Etats qui freinent laconstruction européenne et qui rejettent un certain nombre de ses valeurs. Pourquoi ?Mais de qui parle-t-on ? L’Europe centrale et orientale a-t-elle encore une identité spécifique ? L’attaque russe sur l’Ukraineen février 2022 et la guerre qui dure depuis plus de deux ans apparaît comme un révélateur des divisions au sein de cetteEurope de l’est. L’euroscepticisme militant des démocraties illibérales (Pologne avant 2023, Hongrie, Slovaquie aujourd’hui)contraste avec l’ europhilie des Etats baltes ou aujourd’hui de la Pologne. Dans ce pays, vous vous en souvenez peut-être lesélections au printemps 2023 ont conduit à la victoire de Donald Tusk à la tête d’une coalition centriste et pro-europe quis’attache depuis à rétablir l’Etat de droit dans le pays.Comment comprendre ces évolutions et ces disparités ? Les spécificités de l’Europe centrale se sont-elles diluées en entrantdans l’Union ou bien cette intégration a-t-elle conduit à une réaffirmation de leur identité propre ? Certes aucun Etat entré ily a 20 ans ne souhaite quitter l’Union, car tous savent ce qu’elle leur apporte. Mais la question est posée : Peut-on passerd’une identité socialiste à une identité européenne facilement, en faisant l’économie d’une affirmation nationale ?Pour le dire brutalement, leur volonté affirmée clairement il y a 20 ans n’était -elle qu’un trompe l’œil masquant l’appât dugain ? en l’occurrence les aides européennes ?

Apr 17, 2024 • 43min
Inde nationaliste de Narendra Modi : un désir de puissance
Le 26 janvier 2024, Emmanuel Macron était l’invité d’honneur de Narendra Modi pour la fête nationale indienne, qui commémore l’entrée en vigueur de la Constitution en 1950. Macron était un second choix pour Modi, qui avait dans un premier temps convié Joe Biden, mais le président américain s’était finalement désisté tardivement en décembre. Que révèle l’événement ? d’une part que Modi courtise les Occidentaux, tout en les critiquant et en refusant de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; d’autre part que le président français, en connaissance de cause et en dépit de l’évolution autoritaire du régime indien, a souhaité entretenir cette relation privilégiée avec un partenaire stratégique, qui non seulement a le mérite d’être un client de l’industrie de défense française, mais apparaît comme une puissance d’équilibre dans un monde en pleine recomposition. C’est d’ailleurs pour ces mêmes raisons que Modi avait été l’invité d’honneur des cérémonies du 14 juillet dernier à Paris. Alors l’Inde, une puissance indispensable ?

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Apr 2, 2024 • 42min
L’industrie, une arme géopolitique au XXIe siècle ?
Il fut un temps pas si lointain, la fin du XXe siècle, où l’on envisageait sereinement l’avènement de sociétés post-industrielles, où la diminution spectaculaire des emplois industriels dans nos sociétés occidentales nous semblait inévitable et peu dommageable. C’était un signe de modernité alors que nous vivions de plus en plus dans une société de services. Certes, il s’agissait d’une désindustrialisation relative, car la valeur de l’industrie mondiale a doublé entre 1980 et 2005. Mais les emplois partaient ailleurs : entre 2000 et 2004 par exemple, La Chine gagnait 7 millions d’emplois industriels, l’OCDE, les économies développés occidentales en perdaient le même nombre. Il y avait clairement des gagnants et des perdants en termes d’emplois, mais la baisse des prix des produits industriels laissait à penser que tout le monde s’y retrouvait. Cette thématique d’un monde post-industriel laissait croire à la fin de l’industrie. Quelle erreur dommageable ! Ce temps n’est plus.On définit classiquement l’industrie comme l’ensemble des activités économiques qui ont pour objet la production d’énergie et de produits manufacturés, qu’il s’agisse de produits semi-finis ou de biens de consommation. De plus en plus la séparation entre activités industrielles et de services n’est pas facile à opérer et devient artificielle. C’est ce qui explique le jugement de Pierre Veltz en 2017 dans « la société hyper-industrielle » « En réalité nous ne vivons pas la fin de l’industrie mais l’accouchement d’une nouvelle forme de société industrielle très différente de la forme dominante du siècle passé... Je l’appelle Hyper industrielle pour marquer à la fois sa nouveauté et la continuité avec l’histoire longue de l’industrialisation… L’industrie manufacturière, les services, les entreprises du numérique font désormais partie d’un même ensemble, et sont de plus en plus étroitement imbriqués. » Le slogan en vigueur aujourd’hui est celui de la réindustrialisation, en France, comme aux Etats-Unis, ou de l’industrialisation dans les pays du Sud. L’industrie en dépit de ce que l’on avait pu penser est bien le nerf de la guerre de l’économie, de l’emploi mais aussi et c’est un constat plus nouveau de la puissance. C’est une question qui concerne au premier chef l’Europe qui est prise en étau entre l’essor des puissances émergentes et la volonté de réindustrialisation US marquée par l’ inflation réduction act de l’administration Biden en 2022. .Cependant pour l’automobile comme pour d’autres exemples, il est clair que la compétition entre puissances est réelle. La Chine est considérée comme la première puissance industrielle mondiale depuis 2010. La domination chinoise sur l’industrie mondiale est-elle pour autant déjà actée et définitive ?

Feb 14, 2024 • 45min
Afrique du sud : que reste-t-il des rêves de la nation arc-en-ciel ?
Fin décembre, Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud entre 2009 et 2018, qui dut quitter le pouvoir après des accusations de corruption, a annoncé qu’il ne soutiendrait pas l’ANC aux élections de 2024, affichant clairement son opposition au président Cyril Ramaphosa . Zuma, 81 ans, annonça dans la foulée la création d’un nouveau parti politique, il accuse le président d’être un traître à la cause de l’ANC et d’être vendu « aux intérêts capitalistes blancs ». Cette initiative inquiète, car Jacob Zuma conserve ses supporters notamment dans sa province du KwaZulu-Natal, cherche à récupérer les déçus du gouvernement, manie facilement l’insulte (il a qualifié le gouvernement actuel de gouvernement « de collaborateurs de l’apartheid » ). Personne n’a oublié que les pires troubles de l’Afrique du Sud depuis 30 ans ont eu lieu en 2021, après l’emprisonnement pour outrage au tribunal de Zuma : les violences firent 350 morts et plus d’un milliard d’euros de dégâts. Tout cela laisse augurer une année difficile et tendue jusqu’aux élections qui doivent se tenir entre mai et août. Et il est vrai que la situation sociale difficile - le chômage touche 32 % de la population active - donne des arguments aux opposants. «Nous allons poursuivre notre lutte contre la criminalité et la corruption pour renouveler notre pays qui reste le plus inégalitaire au monde » a promis Cyril Ramaphosa dans un meeting en janvier. Les électeurs lui en laisseront-ils la possibilité ? Étudier l’Afrique du Sud aujourd’hui, c’est se demander ce que sont devenues les promesses de la Nation arc en ciel ? Et d’abord , parler d’une Nation Sud-africaine a-t-il un sens aujourd’hui ? En 1999, le successeur de Mandela, Thabo Mbeki affirmait dans son discours d’investiture : « le XXIe siècle sera africain » . Il portait au nom de son peuple le rêve d’une Renaissance africaine. Dans cette idée d’une renaissance africaine, il y avait l’espoir d’un renouveau du continent en termes de démocratisation ainsi que de développement économique et culturel. En même temps, ce concept permettait à l’Afrique du Sud et son nouveau dirigeant de se projeter sur la scène internationale, d’affirmer son africanité et de répondre à ceux qui estimaient que le gouvernement avait fait trop de concessions à la minorité blanche. Cette promesse de Renaissance africaine était l’espoir d’une dynamique propre à l’Afrique, impulsée par elle à l’heure de la fin de la guerre froide, dans un contexte favorable car les cours des matières premières étaient orientés à la hausse du fait de la forte demande chinoise. Thabo Mbeki, se devait après Mandela d’imprimer sa marque, il choisissait de refuser l’afro-pessimisme, affirmait la volonté de l’Afrique de tenir toute sa place dans la mondialisation. L’Afrique du Sud, mise au ban des nations africaines pendant l’apartheid et qui n’avait rejoint l’Organisation de l’Unité Africaine qu’en 1994, pouvait, du fait de son rang – elle était alors première puissance économique du continent-, prétendre à un leadership.

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Feb 1, 2024 • 41min
Migrations internationales : enjeux et perspectives au XXIe siècle
Fin décembre 2023, le parquet de Paris annonçait qu’un avion d’une compagnie aérienne roumaine Legends Airlines et devant relier les Emirats arabes unis au Nicaragua était bloqué sur un aéroport français à Vatry dans la Marne. A son bord, 303 passagers indiens. Pourquoi avoir stoppé là cet avion qui ne faisait qu’une escale technique pour son carburant ? La police française avait anonymement été informée que ces passagers étaient susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains. Deux hommes à bord de l’avion ont été d’abord arrêtés, ils avaient en leur possession une forte somme d’argent et les passeports de tous les passagers. L’enquête montra qu’il s’agissait d’un projet groupé d’immigration illégale aux Etats-Unis formé par des Indiens qui, pour partie, travaillaient aux Emirats et qui passaient par l’Amérique centrale où ils avaient des facilités de visas. Après 3 jours d’enquête, le 25 décembre, la quasi-totalité des passagers sont repartis en Inde, 25 ont demandé l’asile politique en France.Cette histoire de Noël illustre parfaitement l’ampleur et la complexité du fait migratoire aujourd’hui, mais elle est d’abord celle d’individus ballotés d’un pays à l’autre, de passeurs à d’autres et qui cherchent prioritairement à améliorer leurs conditions d’existence.

Jan 4, 2024 • 41min
L’Argentine : un condensé des maux de l’Amérique latine ?
L’Amérique latine a disparu largement de nos horizons dans une actualité chargée. En élisant le 19 novembre dernier un étonnant trublion Javier Milei, celui que l’on surnomme le Trump de la Pampa, celui qui se surnomme lui-même « El Loco » le fou, l’Argentine a surpris, choqué voire découragé plus d’un observateur averti pour qui le pays semble tomber de Charybde en Sylla, aller de mal en pis.Et pourtant, en 1910 lorsque l’Argentine célébrait le centenaire de son indépendance, elle recevait des délégations du monde entier venu admirer la modernisation accélérée de ce pays qui accueillait des immigrants européens venant chercher fortune. Elle exportait grains et viande pour sa prospérité, construisait des villes, des chemins de fer. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, l’Argentine était considérée comme un pays riche, elle était la 10e puissance économique mondiale. En 1986, lorsque le géographe Yves Lacoste fixait sur un planisphère la limite Nord/Sud, isolant les pays développés et les pays sous-développés, il prenait soin de détacher l’Argentine du reste de l’Amérique Latine et de le classer dans les pays développés. Depuis, les dernières décennies auront été le temps des désillusions, du déclin. L’Argentine a rejoint l’Amérique latine en quelque sorte dans une histoire ponctuée de crises financières, politiques, de mal développement. Si la démocratie a tenu depuis 40 ans, l’élection de Milei qui entend dynamiter le système traduit une immense colère de la population. Pourquoi ? Comment en est-on arrivé là ? Visiblement, la décision des BRICS menée par la Chine, en août dernier de faire entrer l’Argentine dans le groupe des BRICS + à partir de janvier 2024 n’a pas pesé pour les Argentins. En appartenant à ce groupe restreint de 11 puissances du Sud global, le pays trouvait pourtant là une reconnaissance, même si, il faut l’avouer ce choix surprit tant le pays était largement sorti des radars des journalistes. L’Argentine compte-t-elle sur la scène internationale ? Au soir de son élection, Javier Milei annonçait « Aujourd’hui, nous adoptons le modèle de la liberté pour redevenir une puissance mondiale ». Et pourtant, l’un des points clés de son programme est l’abandon de la monnaie nationale au profit du dollar : est-ce cohérent ? mais vouloir bâtir une puissance en confiant totalement sa politique monétaire à un autre Etat n’est pas la seule surprise du programme du nouveau président argentin.

Dec 21, 2023 • 42min
La Chine est-elle une puissance impérialiste ?
Le 13 janvier prochain se déroulent à Taiwan les élections présidentielles. Le vice-président, membre du parti progressiste indépendantiste, l’emportera-t-il au risque de froisser la Chine ? Taiwan est une question cruciale, l’Alsace Lorraine du XXIe siècle disait la politologue Thérèse Delpech, une province chinoise aux yeux de Pékin qui doit revenir dans le giron de la Chine populaire. Mais quand ? À quel point Xi Jinping est-il prêt à aller à l’affrontement ? Maintenant que la Chine a atteint la puissance, maintenant que Xi est le maître incontesté du pays ayant établi d’une main de fer la dictature omniprésente du parti communiste, (nous l’avions évoqué dans un ancien podcast), interrogeons-nous sur ses projets et ses ambitions. La puissance, pourquoi faire ? Peut-on encore croire le discours chinois officiel présentant la Chine comme une puissance pacifiste, n’ayant jamais recherché ni accompli par le passé de conquêtes militaires ? Pourquoi un tel effort pour moderniser l’Armée Populaire de Libération si ce n’est pour s’en servir un jour prochain ? Alors la Chine est-elle une puissance impérialiste ?

Nov 23, 2023 • 41min
Mers et Océans : nouvelles compétitions géopolitiques ?
Les océans recouvrent 72 % de notre planète, justement surnommée la planète bleue. Cette partie du monde a longtempséchappé aux emprises des États ; c’est sur terre que les États exerçaient leur souveraineté, fixaient des frontières,établissaient leur population. D’une certaine manière, on pourrait dire que les mers étaient spontanément anarchiques : lesactivités humaines s’y déployaient loin du contrôle des gouvernants, laissant beaucoup d’initiatives aux hommes.Aujourd’hui, les océans représentent de multiples enjeux : ils sont déterminants pour la circulation des marchandises, deshommes – migrants- comme des informations – câbles sous marins - ; ils recèlent des ressources indispensables, exploitées –pêches, hydrocarbures offshore – ou prometteuses - métaux rares - ; ils jouent un rôle déterminant dans les équilibresclimatiques planétaires, enfin ils sont le lieu de confrontation stratégique et où s’expriment vivement des rivalités entrepuissances.Avec de tels enjeux, on assiste à une banalisation géopolitique des mers et océans. Qu’est-ce que cela veut dire ? Au fond,qu’ils deviennent des territoires comme les autres, que les États s’efforcent de borner, d’exploiter, de surveiller et quirévèlent l’aristocratie des puissances. Mais, et c’est cela qui est intéressant aussi à étudier, nous sommes aujourd’hui dansune période clé où s’expriment une tension forte entre d’un côté les ambitions des États pour mieux contrôler et exploiterces étendues marines et de l’autre côté la résistance de la communauté internationale, d’ONG qui, par des traités négociés,cherchent à les protéger. Les mers deviendront-elles des territoires comme les autres ?


