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Chaque lundi soir, sur lundimatin, une discussion, une rencontre, un débat...
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Mar 7, 2022 • 1h 32min
Ukraine - Anne Le Huérou, Perrine Poupin et Coline Maestracci
Près de 15 jours après les premières offensives russes en Ukraine, la guerre sature nos espaces publics. Plane dans tous les esprits la menace d’une troisième guerre mondiale d’autant plus terrible qu’elle serait nucléaire. L’anxiété collective conduit à des mouvements de soutien paniqué et souvent non-assuré quant à savoir quoi penser sur ce qui est en train de nous arriver et ce que nous sommes en train de devenir.Le traitement médiatique et politique ne surprend guère. S’affronte l’axe du bien de l’impérialisme démocrate occidental contre l’axe du mal incarné par l’empire russe fascisant mené par un Président dont on pense qu’il serait devenu toujours plus délirant. Dans ce face à face diplomatique qui dure depuis des années, le Président Vladimir Poutine envahit l’Ukraine. Il engage une guerre d’une intensité inégalée en Europe depuis de nombreuses années. Ses forces éminemment puissantes d’un point de vue militaire se heurtent à une résistance tout aussi insoupçonnée qu’obstinée du peuple ukrainien. Les images sont scandaleuses mais fascinantes : Nombre de civils ukrainiens se dressent « malgré tout » : en opposant leurs corps à des chars, en manifestant, en balançant quelques cocktails Molotov sur les blindés, en prenant les armes. Ce retour de la guerre en Europe après la Bosnie, le Kosovo sidère. Mais l’accablement ne suffit jamais.Ce lundisoir tente d’interroger cette guerre en examinant les forces sociales en présence de part et d’autre. Les commentaires qui prévalent jusqu’à-là ne manquent pas de disserter sur les enjeux géopolitiques, les relations internationales et s’hasardent à quelques flous pronostics sur les issues possibles d’un tel conflit. Mais la guerre n’est pas qu’un jeu de nations. Elle engage des peuples, des personnes ordinaires, des mouvements civils qui s’y opposent ou qui s’y joignent. Elle est faite d’affects, d’espoirs politiques, de peurs et de désorientations tant l’effondrement de leur monde engagé depuis tant de temps prend aujourd’hui une forme sinistrement concrète. Elle est aussi affaire de positions : assumer en raison où l’on apporte son soutien. Enfin, elle appelle à réfléchir les racines profondes de ces tentations guerrières. Force est de reconnaître que la guerre économique à coup de politiques étrangères tantôt grossières tantôt obscures devient aujourd’hui une guerre physique dont il n’y a guère à attendre d’apaisement durable. Dans ses jours les plus dramatiques, la nuit est la plus profonde avant l’aube.Plutôt que d’affirmer un jugement clair sur ce qui est en train de nous arriver, il nous faut encore clarifier et tenter de saisir la teneur des rapports de force, les aspirations sociales qui se manifestent dans les camps ukrainiens et russes. Pour nous aider à clarifier la situation, nous avons demandé à trois spécialistes de la région de débattre sur leur compréhension de la guerre en Ukraine.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Feb 28, 2022 • 53min
Comment la pensée logistique gouverne le monde - Mathieu Quet
Cette semaine, nous rencontrons Mathieu Quet qui vient de publier Flux, comment la pensée logistique gouverne le monde aux éditions Zones . Il s’agit de penser cette organisation particulière du monde où la production, l’échange et le contrôle semblent se confondre et tendre vers le même objectif - créer de la valeur, ou « gagner ».L’auteur nous raconte comment la logistique peut nous conduire à « penser comme un centre de tri », comment le géant Maersk s’est retrouvé bien embêté suite à une cyberattaque menée par des ingénieurs informaticiens russes, et comment penser les mouvements plutôt que les circulations peut nous permettre de contrer le régime logistique. « La logistique est cet art du transport et de la circulation qui consiste depuis d’antiques guerres à acheminer des vivres, des armes, des bêtes, des hommes d’un point à un autre sans perdre de vue ce qui compte : gagner. Mais tout comme la guerre se poursuit par d’autres moyens, sur d’autres terrains, la logistique s’est immiscée partout où elle le pouvait. De telle manière qu’il est aujourd’hui difficile de distinguer ce qui ne relèverait pas de sa raison. »Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Feb 20, 2022 • 1h 12min
La psychiatrie et ses folies - Mathieu Bellahsen
Mathieu Bellahsen est psychiatre connu. Les lecteurs de lundimatin le connaissent. En mai 2020, lors du premier confinement, il dénonçait dans nos colonnes une confusion entre confinement sanitaire et isolement psychiatrique. En l’espèce, l’enfermement systématique des patients du service de l’hôpital où il exerçait. Mais on ne s’oppose pas à l’institution impunément : depuis, il a été démis de ses fonctions de chef de pôle.Retour ligne automatiqueDans cet entretien, il revient sur les motivations qui l’ont amené à devenir psychiatre, sur sa vision du soin, et sur les luttes auxquelles il participe contre l’évolution d’une psychiatrie de plus en plus sécuritaire et happée par l’idéologie managériale.Il est l’auteur de La santé mentale (éditions La Fabrique) et La révolte de la psychiatrie avec Rachel Knaebel (éditions La Découverte).Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Feb 15, 2022 • 1h 11min
La vie en plastique, une anthropologie des déchets - Mikaëla Le Meur
« La poubelle jaune ? C’est pour le plastique ! La bleue ? Les déchets papiers ! » Depuis quelques années, on nous a beaucoup appris à trier. Il s’agissait de nous inculquer les « bons réflexes », de nous « sensibiliser » à ces petits gestes du quotidien qui, mis bout-à-bout, font le plus grand bien à la planète. On jette au bon endroit et dans le bon ordre avec la satisfaction morale de commettre le bien, de prendre à bras-le-corps la responsabilité de cette transition écologique sans laquelle nous pourrions nous-mêmes finir dans la mauvaise poubelle. Par-delà cette politique d’invidualisation d’une culpabilité que l’on aurait plutôt envie de faire peser sur les responsables et bénéficiaires de siècles de destruction de la planète, il y a le monde dans lequel nous vivons. Ce lundisoir, nous accueillons l’anthropologue Mikaëla Le Meur, autrice de l’excellent Le mythe du recyclage paru aux éditions Premier Parallèle. Dans « ce carnet de terrain », la chercheuse a suivi la route du plastique au Vietnam. Elle y décrit l’économie et la vie dans des « villes plastiques » submergées de détritus, du sol au plafond. Arrivés par conteneurs depuis l’Occident, les déchets redeviennent une matière dite première. Des travailleurs vietnamiens trient, à leur tour, compactent et refont du plastique avec du plastique.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Feb 7, 2022 • 1h 15min
Déserter la justice
On parle beaucoup de la justice, de ses moyens et de ses fins, du rôle qu’elle joue dans nos vies lorsqu’on s’y retrouve confronté, des illusions qu’elle charrie, de ce qu’elle est censée réparer ou réprimer. S’il est probablement sain d’en penser d’abord du mal, il faut reconnaître que c’est une des institutions que nous connaissons le moins bien de l’intérieur. Pour ce lundisoir, nous avons décidé de nous pencher sur ce que cela signifie d’être juge. Par-delà les représentations et les analyses, il s’agit de comprendre ce que c’est que d’exercer cet étrange métier : juger les autres. Nous avons donc invité une magistrate qui après plus de 15 ans de bons et loyaux services a choisi de déserter la fonction et d’abandonner cette curieuse mission.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Jan 31, 2022 • 1h 17min
Anthropologie, littérature et bouts du monde - Eric Chauvier
Baudelaire qui revient en zombie, une histoire d’amour qui finit en bûcher, un confinement qui va de charybde en scylla… Les trois derniers récits de l’anthropologue Éric Chauvier, non contents de nous avoir fait rire noir tant ils visaient juste, nous ont mis la puce à l’oreille. Nous sommes ainsi allés voir du côté de ses travaux plus « théoriques ». Des anthropologies du quotidien, de l’intime, partant de son expérience personnelle (il a soutenu une thèse d’ethnologie sur sa propre famille) qui se trouvaient écrits, eux, à la première personne. Le chercheur développe ainsi une méthode scientifique et subjective, rigoureuse et hérétique qui lui permet de déplier et décortiquer notre quotidien. A cheval entre la fiction, la littérature et le réel, Eric Chauvier raconte nos vies comme elles s’effondrent intérieurement et se défont objectivement. Sans rien céder au cynisme et à la défaite, son travail restitue dans un grand éclat de rire, ce qu’il reste d’« âme humaine ». Rencontre avec un hétérodoxe qui, depuis la marge, frappe dans le cœur des choses.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Jan 24, 2022 • 1h 30min
La puissance du quotidien : féminisme, subsistance et « alternatives » - Geneviève Pruvost
Partir de la subsistance, du tissu de notre quotidien comme point de départ c’est le pari que font certains d’entre nous en désertant ce monde. Ce soir, nous recevons, Geneviève Pruvost, qui, avec Quotidien politique, essaye justement de comprendre et d’armer ces départs. Il s’agit de se défaire de la dépossession de notre rapport au monde matériel.Faire l’histoire de cette dépossession, c’est s’approprier des contre-récits éco-féministes qui lient, invisibilisation du travail de subsistance, renforcement du patriarcat et émergence du capitalisme. En partant de cette attention de ce qui fait la matérialité de nos vies et en la prenant en charge collectivement, il est possible de reprendre pied dans notre quotidien.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Jan 17, 2022 • 1h 44min
Afropessimisme, fin du monde et communisme noir - Norman Ajari
Dans son poème The second coming, William B. Yeats décrit la fin de notre temps. Le faucon n’entend plus le fauconnier, le centre ne tient plus, tout se disloque. La vague teintée de sang se répand et partout, la cérémonie de l’innocence se noie. Les meilleurs ne croient plus en rien, pendant que les pires se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises. Norman Ajari n’est pas poète, il est philosophe, mais il parle dans le fond de la même chose que Yeats. Les polémiques suscitées avec beaucoup d’entrain par la réaction française autour du « wokisme », de la pensée « décoloniale » et de « l’indigénisme » sont généralement considérées pour ce qu’elles sont : des démonstrations de bêtise un peu gênantes qui font néanmoins et efficacement office de diversion politique autant que de passerelle vers l’électorat faisandé de l’extrême droite. Mais elles ne sont peut-être pas que cela. Il faut concéder une intuition juste aux réactionnaires : leur monde s’échappe, le centre ne tient plus et tout le petit cirque de l’innocence touche à sa fin. À la suite de La dignité ou la mort (La Découverte), Norman Ajari vient de publier Noirceur (Divergences), livre dans lequel il se fait le passeur d’un courant de pensée et des débats qui l’animent : l’afropessimisme. Essentiellement présente aux États-Unis et encore très peu traduite en français, cette « pensée » est peut-être d’abord une stratégie : ne rien attendre. Parce que la dette de l’esclavage et de ce qui en perdure est inexpugnable, parce que la civilisation ne sera jamais autre chose que sa domination propre, ne plus y croire, sauf à sa fin. Noirceur tente de tracer une ligne, du refus de l’intégration et de la reconnaissance identitaire, fonder l’autonomie et viser le communisme. De l’un à l’autre un seul obstacle : le monde tel qu’il s’effondre. C’est ce dont nous discutons ce lundisoir.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Jan 17, 2022 • 1h 12min
Contre-pouvoirs habitants en Métropole [GRAPE]
Le 23 janvier 2021 à la Parole Errante à Montreuil, une centaine de personnes sont venues regarder La Bataille de la Plaine (film de Primitivi), écouter et prendre part à la table ronde qui s'en est suivie (sur les luttes urbaines et la métropole), puis boire un verre et discuter avec des ami.e.s, des inconnu.e.s. Cela, en plein couvre-feu.Ce reportage est une archive sonore de ce rassemblement organisé par le Groupe de Recherche et d’Action sur la Production de l’Espace, et des débats qui s'y sont tenus.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

Jan 3, 2022 • 1h 42min
L’étrange et folle aventure de nos objets quotidiens - Jeanne Guien, Gil Bartholeyns et Manuel Charpy
Grilles-pains, machines à coudre, gobelets, déodorants, smartphones et tant d’autres objets disparates envahissent nos vies ordinaires, saturent nos espaces domestiques, transforment nos manières de faire et s’entassent dans les recoins les plus étroits de nos logements. Il y a sans doute intérêt à en faire leur histoire ; à saisir par quels processus ils se sont imposés dans la vie ordinaire jusqu’à devenir tout à fait banals. Alors qu’ils sont devenus souvent nécessaires à la vie, nous n’avons guère leur intelligence : nous n’en comprenons que peu leur fonctionnement et nous sommes généralement empêchés de les réparer si bien qu’ils nous placent dans des situations concrètes et ordinaires de dépossession. Ce soir, trois invités viennent débattre de ces questions autour de leurs récents ouvrages : Jeanne Guien (2021) publie aux éditions divergences Le consumérisme à travers ses objets. Gobelets, vitrines, mouchoirs, smartphone et déodorants tandis que Gil Bartholens et Manuel Charpy sortent L’étrange et folle aventure du grille-pain, de la machine à coudre et de ceux qui s’en servent aux éditions Premiers parallèles (2021). Ces deux ouvrages ouvrent de passionnantes réflexions sur la façon dont ces objets norment nos corps, forment nos subjectivités ou renforcent la distribution sexuée du travail domestique. Mais plus massivement encore, ils aident à penser les mutations du capitalisme et du consumérisme dont la vocation première est de s’étendre et coloniser nos vies ordinaires jusqu’à placer chacun sous des formes multiples de dépendance. C’est ainsi que cette histoire de ces objets banals aide à mieux comprendre notre époque et ses aliénations ordinaires. Mais Jeanne Guien, Gil Bartholens et Manuel Charpy ne se contentent pas de poser un diagnostic sur notre époque ; ils tracent également d’heureuses perspectives pour réfléchir des pratiques de résistance et pour questionner les façons de se libérer de ce quotidien colonisé. Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.


