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Apr 28, 2025 • 1h 14min

Perspectives terrestres, scénario pour une émancipation écologiste - Alesandro Pignocchi

Si vous ne savez pas que les mésanges conspirent secrètement pour abolir le capitalisme et qu’il est possible d’entrer dans la tête de Bruno Retailleau grâce à un rituel animiste douloureux, c’est que vous n’avez jamais lu les excellentes et hilarantes bandes-dessinées d’Alessandro Pignocchi. Après La recomposition des mondes et Ethnographies des mondes à venir avec Philippe Descola [1], l’ancien chercheur en sciences cognitives revient avec un projet peut-être encore plus ambitieux. Avec  Perspectives terrestres, Scénario pour une émancipation écologiste, Alessandro Pignocchi propose une hypothèse politique hybride qui ne se satisfait ni d’une pureté révolutionnaire dépendante du « grand soir », ni des illusions réformistes auxquelles plus personne ne croit de toute façon. Il s’agirait de renouer avec les milieux de vie, de territorialiser les forces politiques et de nouer les alliances qui permettent à la fois prendre au sérieux la question de la subsistance et celle du démantèlement de ce qui détruit la vie, la planète et tout le reste. Il s’agirait en somme d’accueillir le devenir émeutier de Marine Tondelier et d’accepter que Jean-Luc Mélenchon puisse au moins diriger un potager. Programme vaste et audacieux qui vient nourrir les questionnements politico-stratégiques.00:00 Présentation 2:20 Lutter par et depuis les affects : diffuser les possibilités de joie et d’intensité de vie 7:36 Reprendre prise sur le monde depuis nos attachements aux territoires, aux milieux de vie et au vivant non-humain 10:25 L’attitude objectivante VS l’attitude subjectivante 17:23 De l’impossibilité de connaître 51 vaches ou comment l’élevage intensif modifie substantiellement le rapport au non-humain 21:35 La pensée du vivant : programme révolutionnaire ou anesthésiant pour bourgeoisie déprimée  29:41 Renverser les coordonnées de la valorisation économique de soi 35:42 Entre le réformisme social-démocrate et le mythe du grand soir : le gradualisme et l’oscillation saisonnière  41:47 Archipels, désertion et autonomie : luxe communale ou alternative pour privilégiés ? 47:36 Face à l’effondrement de l’hypothèse sociale-démocrate : fascisme ou prises de terres 51:14 Territorialiser les forces politiques 55:52 Engager la conflictualité, organiser le démantèlement 1:01:22 Se débarrasser de Retailleau dans un rituel animiste  1:08:07 Réactiver la joie de la grève ouvrière, réactualiser le lieu de la conflictualité politiqueVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Apr 21, 2025 • 1h 7min

Gripper la machine, réparer le monde - Dialogue avec le rabbin Gabriel Hagaï

Gabriel Hagaï est une figure qui tranche au sein du judaïsme français contemporain. Formé à Jérusalem au sein d’une confrérie mystique qui transmet des enseignements ésotériques ancestraux, il est l’un des derniers représentants d’une tradition orthodoxe séfarade marginalisée. Il se revendique Gilet jaune, anarchiste, communiste et anti-matérialiste, et promeut une politique mystique de l’amour inconditionnel. Il vient de publier Itinéraire d’une initiation, le cheminement d’un rabbin qabbaliste aux éditions Vues de l’esprit dont nous avons publié quelques bonnes feuilles.00:00 Présentation 1:18 Qu’est-ce que la Kabbale ?  2:48 Pourquoi la Thora n’est pas la loi mais la voie 5:38 Comment faire le pitch de la Thora en se tenant sur un pied ? 7:51 Pourquoi publier un tel livre dans la situation politique et mondiale actuelle ? 11:17 Déconstruire les projections sur le judaïsme 14:10 Messianisme et sionisme : la question du littéralisme 21:00 « Nous n’attendons pas le messie, le messie nous attend » (et il pourrait être le nom d’un phénomène révolutionnaire) 23:54 Du sionisme culturel au sionisme politique 28:23 Qu’est-ce que l’amour inconditionnel ?  34:38 Peut-on être anarcho-communiste et royaliste ? 38:40 Le soutien des gouvernements européens au sionisme 40:16 La mystique est elle l’espace du dialogue inter-religieux ? 45:03 La tradition mystique contre le littéralisme 47:35 Que reste-t-il des traditions talmudiques séfarades par rapport aux traditions talmudiques ashkénazes ? 52:18 Comment devient-on mystique ? 57:31 « D’abord vivre, ensuite philosopher, mais troisièmement revivre. » 58:38 Qu’est-ce que le tiqqun ? 1:04:34 Quel rapport à la lutte politique ? Gripper la machine, réparer le mondeVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Apr 21, 2025 • 1h 13min

La guerre globale contre les peuples - Mathieu Rigouste

« Bienvenue dans la machine sécuritaire. Voici une carte des rouages et un plan d’évasion. » Dans la foulée du documentaire Nous sommes des champs de bataille (disponible prix libre ici, Mathieu Rigouste publie ce 18 avril La guerre globale contre les peuples. Mécanique impériale de l’ordre sécuritaire aux éditions La Fabrique.Lorsque l’on entend le mot « guerre », nous imaginons une situation exceptionnelle qui viendrait suspendre le temps normal de la paix ; on se représente des tranchées, des mortiers et une ligne de front autour de laquelle au moins deux États projettent les hommes à leur solde. Quand on habite en occident, cette guerre est à peu près toujours lointaine, géographiquement ou dans le temps.  Dans son livre, qui est d’abord une enquête, Mathieu Rigouste rebat tout cela et nous démontre que la guerre, ses logiques et ses profits, traverse le temps et l’espace et accompagne depuis toujours l’extension et l’évolution du capitalisme. Surtout, il analyse comment la ligne de front s’est dilatée, comment la guerre ne vise in fine jamais un ennemi mais les populations ; ce qu’il décrit comme le continuum entre guerre et contrôle. Ou comment les mécaniques de la guerre impériale et de l’ordre sécuritaire intérieur se complètent, se brouillent et font système. Dès lors, toutes les distinctions à partir desquelles nous avons pour habitude de lire le monde deviennent désuètes : guerre et paix, fascisme et démocratie, sécurité et population. Ce livre propose quelques nouveaux outils pour s’orienter, « une carte des rouages et un plan d’évasion ».00:00 Intro 1:18 Présentation de « Nous sommes des champs de Bataille » le film et « La guerre globale contre les peuples » le livre 5:10 Comment les formes de la guerre épousent les formes du capitalisme (et vice-versa) 7:41 Le continuum entre guerres extérieures et contrôle des populations 13:13 « La normalité du système c’est l’écrasement de la vie » : biopouvoir, thanatopouvoir, nécropouvoir 18:20 Qu’est-ce que la mécanique impériale de l’ordre sécuritaire ? 23:55 Enquêter sur les penseurs et entrepreneurs de la contre-insurrection 32:25 Conquérir les cœurs et les esprits : les différentes tendances de la contre-insurrection 36:28 La population comme champ de bataille 39:38 Comment se construit le désir de sécurité ? 48:33 La mécanique impériale est-elle toujours logique, rationnelle et profitable ? 57:10 L’internationalisation des soulèvements ET des techniques répressives 1:01:32 La fascisation de l’ordre sécuritaire 1:05:18 « L’IA constitue le support techno-industriel du néo-fascisme sécuritaire » 1:10:35 « Par-delà les frontières de l’apartheid global, Palestine devient plus que jamais le nom d’une détermination des opprimés à résister pour exister et à s’unir pour se libérer. »Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Apr 10, 2025 • 1h 16min

Documenter le repli islamophobe en France avec le cinéaste Joseph Paris

C’est avec quelques mois de retard que nous avons découvert Le Repli, formidable film documentaire du cinéaste Joseph Paris. Il y est question d’état d’urgence, de recul des libertés publiques et de l’histoire de l’islamophobie en France. Enthousiasmés, nous avons proposé à Joseph Paris de venir nous raconter son rapport aux archives, au cinéma et aux images du pouvoir. Comment les dévoiler sans s’en faire le relai, comment les réagencer pour les désactiver. Il nous parle aussi de son expérience au près des Femen, jusqu’à leur neutralisation depuis l’intérieur mais aussi de son travail en cours sur le front ukrainien. Comme il y a beaucoup de choses à raconter et de personnes à rencontrer en ce moment, nous passons pendant quelques semaines à un rythme de deux lundisoir par semaine. Celui-ci sera donc diffusé à partir de jeudi 10 avril à 20h. 00:00 intro 1:01 Avec Harun Farocki, penser les images du pouvoir, faire des films comme des essais 6:12 Les Femen et la guerre nue 14:13 Comment les Femen ont été neutralisées depuis l'intérieur en dépolitisant le choix des cibles 21:50 Le repli, un film documentaire sur la montée de l'islamophobie en France29:48 La violence du pouvoir par ses propres images 35:16 Comment le « problème musulman » fut inventé par la gauche en 1983 pour diviser les grèves ouvrières 42:18 De gauche à droite, l'islamophobie d'opportunité 48:47 Respecter l'archive, déchirer et manipuler les images du pouvoir 56:25 Filmer la guerre en Ukraine : la sidération des images militaires 1:00:37 Des images opérationnelles qui ne sont pas faites pour être regardées mais pour être montrées 1:06:15 Ukraine : le dilemme moral des déserteurs 1:11:48 Penser la spécificité des affrontements armés aujourd'huiVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Apr 7, 2025 • 1h 19min

Comment la Chine inventa la gouvernance algorithmique il y a 2400 ans - Romain Graziani

Romain Graziani, philosophe et sinologue, vient de publier Les lois et les Nombres (Gallimard), une enquête épatante qui nous permet de retracer le fil qui relie les formes les plus avancées de la domination contemporaine à ses premiers inventeurs : les stratèges chinois au IVe siècle av. J.-C.Dans cette nouvelle archéologie du pouvoir, le philosophe nous raconte comment la domination impériale chinoise s’est fondée sur un imaginaire politique du calcul, du mesurable, du mécanisme et de la capture fondé sur la primauté des nombres. C’est l’héritage du Légisme (Guan, Shang Yang, Han Fei) qui, à la source de la première fondation de l’Empire, n’a plus cessé de s’étendre jusqu’à aujourd’hui avec le crédit social en Chine ou encore la diffusion de la gouvernance algorithmique partout dans le monde. On fait aussi un petit détour par Mao qui se délirait en Qi Shi Huangdi (le premier empereur) et se revendiquait du légisme en faisant littéralement tout le contraire et n’importe quoi, produisant famines sur famines.Si l’on a longtemps vu dans le logos grec le début de la logification capitaliste du monde, nous pouvons voir dans le FA chinois (la loi ou la norme) le début de la mathématisation algorithmique du gouvernement impérial.  L’étrange phénomène contemporain est le suivant : une idéologie du Nombre d’il y a 23 siècle est en train de réémerger à la vitesse de la poudre sur tout le continent asiatique avec pour effet une formidable réintégration du reste du monde à sa mesure. 00:00 Teaser 1:27 Du légisme chinois au IVe siècle av. J.-C. à la description de l’Empire au XXIème siècle 05:00 Modernité de l'imaginaire politique chinois 07:37 Gouverner par les nombres, dominer sans affect 10'51: Par-delà les valeurs et le pouvoir charismatique, les lois et les nombres 12 :39 Comment la pensée gouvernementale chinoise du IVe siècle av. J.-C. converge avec le management contemporain, le nudge et la surveillance algorithmique 14 :41 D'ailleurs c'est quoi le légisme ? 19:59 « Enrichir l'état , renforcer l'armée » ou comment régner par la guerre et le profit 24:16 Par-delà l'enrichissement, la recherche du contrôle maximal sur la population 27 :32 Comment s'articulent l'art de gouverner et celui de s'enrichir ? 33:17 La souveraineté en pilotage automatique ou naissance de la technocratie 42 :07 De la surveillance céleste à la surveillance numérique 49:50 Les métaphores du pouvoir : la mesure, la mécanique, la capture 55:08 La population chinoise est-elle culturellement plus passive face au pouvoir ? 59:43 Le pouvoir chinois antique et le régime chinois contemporain peuvent-ils être considérés comme des totalitarismes ? 1:02:39 Les trois figures de l'ingouvernable : le saint homme, le justicier errant et le brigand 1:08:45 Mao, le nouvel empereur délirant 1:12:29 Bonus : le non-agir est-il anarchiste ?Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Mar 31, 2025 • 1h 20min

Faut-il croire à l'intelligence artificielle ? Mathieu Corteel

En l’espace de quelques années, l’intelligence artificielle s’est immiscée, qu’on le veuille ou non, dans tous les interstices de nos existences. Dissimulée dans les « app » qui nous guident, nous ambiancent ou font les devoirs de mathématiques à notre place, elle optimise les frappes de l’armée israélienne et peut nous offrir des conseils avisés dans nos relations affectives. Sait-on pourtant exactement ce qu’est l’IA ? Comment elle fonctionne, ce qu’elle peut, ce qu’elle ne pourra jamais et ce qu’elle pourra peut-être ? Mathieu Corteel est philosophe et historien des sciences, il publie cette semaine Ni dieu ni IA (La découverte). Au gré d’un inquiétant voyage à la rencontre de cerveaux plongés dans des cuves, de robots dactylographes, de perroquets stochastiques, de policiers quantiques et de chatbots psychopathes, l’auteur propose d’« ouvrir le capot » pour comprendre les rouages, les paradoxes et les illusions tant épistémiques que techniques au cœur de cette nouvelle technologie. De là, s’ouvrent quelques questions éminemment politiques et les désaccords logiques : peut-on séparer la mauvaise IA qui contrôle, ordonne, gouverne de la bonne qui soigne sans commettre d’erreur de diagnostic et réduit la pollution des embouteillages ? Faut-il y voir l’opportunité de gagner du temps pour certaines tâches ingrates ou la menace d’une destruction méthodique de toute expérience et créativité humaine ? Faut-il voir dans l’IA en même temps que le dernier avatar du capitalisme cognitiviste l’émergence possiblement émancipatrice d’une commune intelligence collective ? On en discute dans ce lundisoir.00:00 Coucou ChatGPT2:46 De quoi parle-t-on lorsqu'on parle des IA ? Une petite généalogie6:59 Pourquoi nous vivons dans un gigantesque laboratoire dont nous sommes les cobayes11:13 Les illusions totémistes de l'IA nous plongent dans un univers de non-sens avec des conséquences graves17:24 Qu'est-ce que l'IA n'est pas ? Pourquoi l'analogie entre langage et mathématiques est un leurre20:24 L'IA est indifférente au monde et amorale.23:32 Comment l'IA nous dépossède en écrasant notre expérience du monde. L'exemple de la musique32:13 Peut-il exister des agencements de l'IA émancipateurs ? (Mathieu Corteel pense que oui, nous plutôt que non)38:26 Quoi qu'il en soit les usages aliénants de l'IA sont massivement majoritaires et les garde fous inexistants41:12 Causalité et fausses corrélations : taux de suicide, consommation de margarine et police prédictive45:00 Que serait un bon usage de l'IA ?51:50 A-t-on déjà vu un nouveau dispositif technologique être limité dans ses usages ? 52:45 Les ordinateurs peuvent-ils faire l'amour entre eux ? Qu'elles illusions affectives nous vend l'IA ?58:58 L'IA c'est des stats et des probabilités qui pénètrent techniquement nos représentations du monde et de nous-mêmes1:00:42 La mutation du capitalisme vers le capitalisme cognitif. L'IA au service de la réaction. Pour une grande démission1:08:02 Les limites matérielles et physiques de l'IA dans un monde fini. Pourquoi Bluesky ne rend pas nécessairement moins idiot que twitter1:12:29 Et si la valorisation de chaque interstice de la vie n'était pas le stade suprême de l'économie ?1:15:06 Comment sortir des paradoxes pragmatiques ? Peut-on réenchanter la démocratie avec présidents robots ?Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Mar 25, 2025 • 2h 2min

Banditisme, sabotages et théorie révolutionnaire - L’histoire d’Os Cangaceiros avec Alèssi Dell’Umbria

Cette semaine, nous vous proposons un lundisoir exceptionnel depuis le bar la Plaine à Marseille. On reçoit Alèssi Dell’Umbria afin qu’il nous raconte l’incroyable histoire du groupe Os Cangaceiros, mythique et mystérieuse association de malfaiteurs, théoriciens révolutionnaires autodidactes, émeutiers transnationaux et saboteurs au grand cœur. Ou comment une bande de jeunes, fans de rock et de football, et qui refuse d’aller à l’usine, se lance dans une vie de clandestinité, d’arnaques aux banques à l’échelle industrielle et de campagnes de sabotages en soutien au luttes en cours dans les prisons, les usines et les banlieues.Si la revue publiée par le groupe a pu continuer de se diffuser dans quelques recoins de l’internet, pendant très longtemps, cette histoire est restée mal connue, probablement parce qu’Os Cangaceiros est parvenu à disparaître sans jamais que le ministère de l’Intérieur et la BRB, lancés à ses trousses, ne parviennent à le rattraper. Passé le délai de prescription, Alèssi Dell’Umbria a décidé de s’y coller et de revenir sur cette époque de scandales, d’audace et de tumultes dans un livre passionnant « Du fric ou on vous tue ! » aux Éditions des mondes à faire. On lui a proposé de nous raconter tout ça, autour d’une anisette.Alèssi Dell’Umbria est l’auteur, entres autres, de C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005, Histoire universelle de Marseille, De l’an mil à l’an deux mille, Tarentella ! Possession et dépossession dans l’ex-royaume de Naples, Antimatrix.Les trois numéros de la revue Os Cangaceiros, le recueil L’incendie Millénariste et le dossier des Treize milles belles évoqués dans l’entretien sont tous consultables dans l'article paru sur lundimatin.00:00 intro1:27 Os Cangaceiros, une association de malfaiteurs, lettrés et politisés3:58 Rock'n roll, bagarres, refus du travail et arnaques aux banques5:40 La fondation du groupe 8:15 Le choix de la clandestinité et de l'action directe dans le reflux politique des années 80 et sous le mitrerrandisme11:43 Penser et élaborer théoriquement depuis les luttes en cours et le refus diffus du travail 17:08 Échapper à la reproduction du capital, repenser le prolétariat20:42 Politiser la délinquance (blousons noirs, banlieusards, vols de voitures et braquages)27:40 1ère vague d'actions en soutien aux mutineries dans les prisons : « La liberté est le crime qui contient tous les crimes » (blocages et attaques de trains de luxes, incendies d'entreprises qui font travailler les prisonniers, destructions d'imprimeries de journaux qui calomnient la révolte)32:56 Des actions exemplaires plutôt que symboliques. La théorie du scandale34:42 : Soutien à George Courtois, Patrick Thiolet, Abdel Karim Khalki et la prise en otage du palais de justice de Nantes (Sabotages du métro parisien)41:58 La dépendance à l'écho médiatique43:17 Football, hooliganisme, violence de rue et politique (ce à quoi la gauche ne comprend rien)50:30 La nécessité de voyager à travers le monde pour aller à la rencontre des soulèvements et tisser des amitiés comme des solidaritVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Mar 20, 2025 • 1h 40min

lundi bon sang de bonsoir cinéma, épisode 3: Jean-Luc Godard

Avec Alexia Roux, Saad Chakali, Mehdi Benallal & Guillermo KozlowskiJean-Luc Godard ne sera jamais le nom propre d’un auteur consacré, mais le nom commun d’une pensée partagée, sésame ou schibboleth pour le cinéma qui vient et dont nous avons besoin : le partage au nom du commun et ce qu’il départage au nom de l’égalité. Quand il eût fini les Histoire(s) du cinéma, Godard disait qu’il n’avait aucun public, sinon des spectateurs, peut-être 100.000 dans le monde, ses amis : l’amitié pour ce qui se pense sous ce nom. Avec ce cinéaste, c’est comme avec les communistes selon le bon mot de José Bergamin, on ira jusqu’à la mort sans faire un pas de plus.Le cinéma à le suivre, on peut se l’imaginer ainsi, à l’instar du tiers-état selon l’abbé Sieyès. Qu’est-il ? Rien. Que veut-il ? Tout. Que peut-il ? Quelque chose. Ce peu qu’il peut est sa dernière puissance, le miracle de donner ce que l’on n’a pas - les images, les idées. Liberté (le droit de citer contre le droit d’auteur et les citations à comparaître des procureurs). Égalité (contre toutes les hiérarchies). Phraternité (comme Marie José Mondzain nous a appris à l’écrire) pour les métaphores, ces transports en commun.Si le cinéma a gagné (il est partout), il a perdu aussi (Auschwitz-Hiroshima) et il ne cesse pas d’être encore défait aujourd’hui (Gaza-IA). Le cinéma de Godard est le moins au centre car il est le plus au milieu, par où tout bifurque et tout recommence. Alors on recommencera par le milieu, moins nombril qu’ombilic : la crise et la critique qui est d’abord autocritique, la modernité contre elle-même, le legs des premiers romantiques et un retour sur la politique des auteurs, pas un autoritarisme mais une politique des marges. Une pensée par accords discordants, opérant par rapports à la fois destituants et constituants. Des montages d’images dialectiques qui sont toujours des démontages critiques. Une pensée remontée à démonter le terrain miné des clichés. Des faux-raccords pour faire fuser les correspondances. Des courts-circuits pour interrompre la bêtise des automatismes. Le sabotage poétique de toutes les chaînes d’asservissement, chaînes conjugales, chaînes d’usine, chaînes de télévision, toutes les chaînes d’esclaves.Godard ? Le cinéma ne divertit pas, il divise. De deux choses, pas l’une pour montrer la troisième, l’invisible qu’il y a entre toi et moi - l’image qui revient de loin en donnant la main à celle d’après. Champ/contrechamp/hors-champ, une trinité. Godard juif, Godard arabe et ce sont les trois personnes. Sinon, on ne comprendra jamais que ce que l’on hait en l’autre, n’est autre que soi-même. Le cinéma est un art pacifique, il est fait pour rapprocher. Son cinéma ? À l’épreuve des conflictualités, au contraire de la guerre.00:00 Jean-Luc Godard, un nom commun comme un mot de passe03:12 L'amitié contre la notion « fasciste » de public06:50 Un cinéma qui ne raconte pas d'histoire10:57 Entrer dans le cinéma par sa porte de sortie14:12 L'ami dont on se méfie17:06 Il ne s'agit pas de savoir ce qu'est le cinéma mais ce qu'il peut et ce qu'il expérimente21:43 « Si je me suis bien fait comprendre, c'est que je me suis mal exprimé »26:28 Le visible et l'énergie sombre31:44 La crise, Homère et le geste paysan (plus rien ne va de soi, tout devient compliqué)36:04 Debord, le grand mensonge et le renfrognement 42:40 Critique de la critique de la séparation46:54 L'émancipation, la question juive, la question arabe51:49 Le caractère spectaculaire du film « La société du spectacle »56:02 La vie s'éloigne dans une représentation...58:39 La prisonnière du désert, les gestes qui sVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Mar 18, 2025 • 1h 40min

Universités : une cocotte-minute prête à exploser ? Un lundisoir avec Bruno Andreotti, Romain Huët et l’Union Pirate

« L’université est en crise », c’est ce que l’on dit ou que l’on nous dit depuis maintenant des décennies. En plus d’être en ruines, elle est désormais ruinée et soumise à des mesures d’austérités aux effets toujours plus dévastateurs : réduction des budgets, fermeture de formations, hausse des frais d’inscription, gel des recrutements, abandon des rénovations, etc. Comme nous en discuterons dans ce lundisoir, tout cela était pourtant prévu et programmé avant d’être orchestré.Mais l’université, en France, c’est aussi les étudiants, les mouvements, les occupations, les blocages et le débordement. Ce moment privilégié de l’existence où on a le temps de se rencontrer, de penser et de commencer à s’organiser. En tous cas historiquement. Depuis plusieurs semaines, un début de mouvement pointe son nez, des AG sont organisées partout, certains campus sont bloqués ou occupés, comme à Rennes 2. Pour discuter de tout cela, nous accueillons Bruno Andreotti, physicien, animateur du séminaire politiques des sciences et fin connaisseur de la néo-libéralisation de la recherche et de l’enseignement. Depuis le campus de Rennes 2, on suivra Fanny Le Nué et Fabien Tallec de l’Union Pirate, pour comprendre où en est la mobilisation. Et si dans l’air vicié du moment, l’explosion de la cocotte-minute étudiante pouvait nous ramener un grand vent d’air frais ? Lundi 17, l’AG de Rennes 2 vient de voter le blocage de l’université.00:00 Introduction – L'état des universités2:43 Depuis le campus de Rennes 2 avec l'Union Pirate : historique de la mobilisation en cours8:53 Histoire de l'université ou comment elle est née d'une grève qui a duré 3 ans 11:30 Comment le pouvoir s'est transféré des universités aux grandes écoles et pourquoi l'idée d'université n'existe pas dans l'espace public12:33 À l'origine des réformes de l'université : le modèle élitiste états-uniens et la volonté de revanche sur mai 1968 et sur la réforme Devaquet stoppée par la mort de Malik Oussekine et un mouvement étudiant de masse16:41 Le rapport des économistes Aghion Cohen de 2004 qui a théorisé et programmé la destruction des universités19:55 Comment l'idée d'autonomie a été détournée puis retournée en son contraire22:48 La dualité du système français : d'un côté les vacataires en grande précarité, de l'autre les titulaires encore protégés25:09 L'horizon des réformes : enrichir les enseignements privés et augmenter les frais d'inscription pour toujours plus de sélection sociale30:09 Depuis le campus de Rennes : qu'est-ce que les plans d'austérité font aux universités ?36:58 Pour éviter tout mouvement étudiant de masse, la stratégie « incrémentale » des gouvernements successifs (ou comment ne jamais inscrire publiquement les petites réformes dans leur plan général)40:09 Qu'est-ce que l'HCÈRES (Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur) et pourquoi il est l'outil et la tactique de mise au pas des universités50:43 Comment la mise sous pression des étudiants dès Parcoursup influe sur leur capacité de mobilisation54:43 « La pression mise sur les ados est internalisée » - La précarisation subjective57:26 Comment la précarisation et les angoisses sur l'avenir produit une génération sous cocotte-minute (la stratégie de la bouée normative)1:06:19 Depuis le campus de Rennes 2 : comment vit-on la précarité matérielle et subjective ?1:14:26 Qu'est-ce qui empêche la jeunesse de se soulever et pourquoi elle ne peut que finir par se révolter1:20:58 Comment les attaques contre laVous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
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Mar 14, 2025 • 60min

Un film, l’exil, la palestine - Un vendredisoir autour de Vers un pays inconnu de Mahdi Fleifel

« Vers un pays inconnu », c’est le titre du dernier film de Mahdi Fleifel, réalisateur palestinien, une fiction qui aurait dû être un documentaire, en salles depuis le 13 mars. Dans les rues d’Athènes, aux côtés de deux cousins palestiniens, le film nous projette dans toute la brutalité et l’humanité que charrie l’expérience de l’exil, par-delà le misérabilisme comme les bons sentiments. L’attente et la débrouille, l’errance et les arrangements avec sa propre conscience, pas de happy end, que des plans serrés, au ras du réel. Le chemin escarpé vers un avenir meilleur ; ce qu’il en coûte dans un monde mauvais.  On en discute avec Frank Barat, producteur exécutif du film, dans ce lundisoir qui se tient exceptionnellement un vendredi. Dépéchez-vous d’aller voir le film si vous souhaitez qu’il reste sur les écrans. Dure loi du marché et du cinéma.Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.

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