

La Maison de la Poésie
Maison de la Poésie Paris
La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...
Episodes
Mentioned books

Mar 6, 2023 • 1h 4min
Seynabou Sonko – Djinns
Lecture par l’auteure avec Marc-Antoine Perrio & Mennel Salaam
Selon sa Mami Pirate, Penda a deux « djinns », l’un est noir, l’autre est blanc. Lequel a réussi à la faire virer de la supérette dans laquelle elle travaille ? Et comme si une mauvaise nouvelle ne pouvait jamais arriver seule, c’est ce même jour que Jimmy, le jeune voisin-ami dont la mère a disparu et sur lequel Penda et sa Mami veillent, est interné en hôpital psychiatrique. Sauver Jimmy, voilà la mission que les deux femmes se donnent. Pour cela il faut que la vielle femme guérisseuse initie sa petite fille aux traditions gabonaises, afin qu’elle puisse laver l’âme de son ami de sa maladie. Tiraillée entre deux cultures et deux croyances, balloté entre l’univers de Mami Pirate et celle des jeunes de son quartier, Penda hésite, tergiverse, essaie. Un premier roman remarquable où les conflits de l’héroïne font écho à ceux de la société actuelle – avec verve, intelligence, humour et tendresse.
« La seule chose à faire pour l’instant c’était d’attendre. Attendre qu’on le laisse sortir et qu’il revienne au quartier par lui-même. Attendre. Un verbe si tendre ne m’avait jamais paru aussi cruel. »
Seynabou Sonko, Djinns
À lire – Seynabou Sonko, Djinns, Grasset, 2023.

Feb 20, 2023 • 50min
Lydie Salvayre – Irréfutable essai de successologie
Rencontre animée par Sylvie Tanette
Comment se faire un nom ? Comment émerger de la masse ? Comment s’arracher à son insignifiance ? Comment s’acheter une notoriété ? Comment intriguer, abuser, écraser, challenger ? Comment mentir sans le paraître ? Comment obtenir la faveur des puissants et leur passer discrètement de la pommade ? Comment évincer les rivaux, embobiner les foules, enfumer les naïfs, amadouer les rogues, écraser les méchants et rabattre leur morgue ? Comment se servir, mine de rien, de ses meilleurs amis ? Par quels savants stratagèmes, par quelles souplesses d’anguille, par quelles supercheries et quels roucoulements gagner la renommée et devenir objet d’adulation ?
Lydie Salvayre croque notre époque obsédée par la performance et la réussite.
« Le succès est le remède universel longuement recherché pour guérir du malheur. »
Lydie Salvayre, Irréfutable essai de successologie
À lire – Lydie Salvayre, Irréfutable essai de successologie, Seuil, 2023.

Feb 20, 2023 • 54min
Constance Debré – Offenses
Rencontre animée par Elisabeth Philippe
« Un meurtre c’est fait pour que quelque chose s’arrête. Est-ce que c’est possible que les choses s’arrêtent, que ce ne soit pas toujours le même aplat de tout, sur le même ton, à la même vitesse qui vous avale, irrespirable, le souffle court, ne plus avoir d’oxygène au cerveau à force, est-ce que c’est possible que tout le monde se taise, que le bébé se taise, que sa mère se taise, que le dealer se taise, que les flics se taisent, que les juges se taisent, que tous ils se taisent. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent de lui, il leur donne son corps, mais qu’il puisse se taire, qu’ils le laissent ne plus répondre. »
« Vous marchez sur nous, je ne sais pas si vous savez. Non je crois que c’est quelque chose que vous avez oublié. Vous vivez de nous, nous sommes le prix de ce que vous êtes, vous ne vous posez pas la question. Vous savez bien pourtant que toute chose a un prix, que c’est comme ça que marche le monde. »
Constance Debré, Offenses
À lire – Constance Debré, Offenses, Flammarion, 2023.

Feb 20, 2023 • 59min
Une histoire du vertige - Camille de Toledo & Valentin Mussou
Dialogue entre un écrivain & un violoncelle
« Écoute, le sol se dérobe, les mots dérapent, nous perdons l’équilibre. Partout, nos appuis s’érodent, la vie se dérègle et nous restons suspendus. Nous regardons en-dessous, loin, et nous voyons la Terre, les autres espèces ; mais nous en sommes séparés… Tu vois ? Nous entrons dans le monde des vertiges. Et moi, figure-toi, qu’est-ce que je peux faire à part chercher à la comprendre, cette vie vertigineuse… »
À lire – Camille de Toledo, Une histoire du vertige, Verdier, 2023.

Feb 14, 2023 • 1h 29min
Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d’aujourd’hui, Anthologie
Avec douze écrivains de l'Anthologie
Avec Anne Le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle)
Avec Anna Ayanoglou, Jean d’Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d’une diversité et d’une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D’amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé Le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps
La fenêtre qui donne sur les quais
n’arrête pas le cours de l’eau
pas plus que la lumière n’arrête
la main qui ferme les rideaux
Tout juste si parfois du mur
un peu de plâtre se détache
un pétale touche le guéridon
Il arrive aussi qu’un homme
laisse tomber son corps
sans réveiller personne
Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d’aujourd’hui

Feb 3, 2023 • 39min
Justine Augier – Croire. Sur les pouvoirs de la littérature
Rencontre animée par Sophie Joubert
« Dans un temps d’enfermement et de suspens qui rendait curieusement attentif aux dangers de l’époque, l’envie d’écrire sur la littérature et ses pouvoirs m’a traversée une première fois. Elle naissait d’une croyance familière bien qu’intermittente en la puissance de la littérature face à ce qui enferme, écrase le temps, les identités, la langue, les possibles, les luttes et les espoirs. (…) Puis, à mesure que la vie a repris son cours, cette foi a peu à peu faibli, a fini par perdre de son aura brûlante, et j’ai mis de côté les quelques pages écrites. L’hiver suivant, mon envie s’est imposée de nouveau. Cinq mois plus tôt, nous avions découvert que ma mère souffrait d’une leucémie dont elle allait mourir un mois plus tard. (…) Lors d’une visite, j’ai évoqué l’envie qui m’avait traversée et, des semaines plus tard, alors que nous pressentions une rechute après des mois de rémission, alors que nous attendions dans la chambre les résultats d’une analyse devant confirmer nos craintes, elle a prononcé ces mots : Il faut que tu l’écrives, ce livre sur la littérature et ses pouvoirs. »
Justine Augier
À lire – Justine Augier, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature, Actes Sud, 2023.

Feb 3, 2023 • 54min
Mathieu Lindon – Une archive
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Je suis une archive à moi tout seul », déclare ici Mathieu Lindon avec ironie. Il se raconte donc comme archive vivante témoignant de son père, Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit de 1948 jusqu’à sa mort en 2001, de sa famille et de la « famille des auteurs », dont Sam (Samuel Beckett), Alain Robbe-Grillet, Marguerite Duras, Jean Echenoz, et beaucoup d’autres. C’est un livre qui parle de passion, d’amour et de famille, de pouvoir, de succession et de transmission, de génie, de bonté, d’héroïsme, de ruse et de méchanceté. L’archive en question, c’est la vie d’un petit garçon qui n’a connu que les livres, l’édition, l’écriture. Et qui lui-même devient écrivain. Avec une sincérité sans concession, souvent drôle, parfois féroce, Mathieu Lindon livre un formidable portrait de son père, et de sa relation avec Samuel Beckett notamment, de la vie littéraire et de la vie politique de ces années-là. Il restitue les souvenirs des uns et des autres, pendant l’Occupation, à la Libération, puis l’engagement pendant la guerre d’Algérie. Mais il offre surtout un récit personnel sur l’amour des écrivains et de la littérature, tout en dressant un portrait familial intime qui atteint alors une vérité collective.
À lire – Mathieu Lindon, Une archive, P.O.L., 2023.

Feb 3, 2023 • 1h 29min
« Parler avec les rivières » avec Jacques Darras & Pierre Vinclair
Parler avec les rivières. Plutôt que des rivières ou aux rivières. Les rivières sont naturellement bavardes mais nous ne les écoutions pas. Très peu de rivières dans les poèmes ou les romans jusqu’alors. Or, il a fallu qu’elles s’assèchent, soudain l’été dernier – comme si elles faisaient unanimement grève tout à coup ! — pour que nous les entendions. Les rivières, les fleuves sont pourtant depuis toujours notre respiration extérieure. Nos propres corps sont faits d’eau et participent par conséquent au grand circuit de l’eau. Ne pas l’entendre alimentait à notre insu notre sècheresse. Les deux poètes parleront parallèlement l’un à l’autre mais aussi en confluence. Ils partent de sources différentes. Le premier, l’aîné, Jacques Darras conduit depuis plus de quarante ans un cycle de 8 poèmes, achevé en 2022, irrigué par un petit fleuve côtier de la Manche, la Maye. Il vient de publier un recueil de 20 gouaches et 20 poèmes « Je suis une rivière » où il déplore et chante à la fois la fragilité menacée de son héroïne. Son cadet Pierre Vinclair, a vécu en résidence dans la presqu’île de Singapour sur les rives de la Singapore River, la suivant, la décrivant, la dépliant dans un court livre, Bumboat, publié dans la collection « Les Passeurs d’Inuits », que dirige Jacques Darras. Au contraire de la Maye, la Singapore River est une rivière urbaine, marchante, marchande, dont Pierre dresse un portrait objectif, pour ne pas dire objectiviste. Soit la rencontre de deux littératures aux antipodes l’une de l’autre.
Jacques Darras
l’eau verte épaisse où le
soleil se prend les pieds
dans ses rayons comme un vinyle d’eau renversée
et l’on descend avec
le hoquet de l’histoire
le peuple hirsute des
quatre coins de l’Asie venu
faire du milieu fructifier
l’argent le long
de la rivière et dans le temps
Pierre Vinclair, Bumboat
À lire – Jacques Darras, Le Chœur maritime de la Maye, Le Castor Astral, 2022
– Je suis une rivière, éditions de la librairie du labyrinthe, 2022 – Quatre à quatre vers le Nord, Cours toujours éditions, 2022. Pierre Vinclair, Bumboat, coll. « Les Passeurs d’Inuits », Le Castor Astral, 2022, L’éducation géographique, Flammarion, 2022.

Feb 3, 2023 • 1h 12min
Marie-Hélène Lafon – Les sources
Rencontre animée par Sylvie Tanette
La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l’érable, mais elle n’entre pas dans la maison. Elle n’y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l’après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c’est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu’elle a de la chance avec la lumière d’octobre, la cour de la maison, l’érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu’à elle dans l’air chaud et bleu.
Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée de tous.
À lire – Marie-Hélène Lafon, Les sources, éd. Buchet-Chastel, 2023.

Feb 1, 2023 • 54min
Jennifer Haigh – Mercy Street
Rencontre animée par Elise Lépine
Interprète : Marie Furthner
Dans la ville de Boston, la clinique de Mercy Street offre un nouveau départ aux femmes désireuses d’avorter. C’est là que Claudia travaille depuis des années. Chaque jour, elle affronte la peur et la détresse de nombreuses patientes aux destinées bouleversées. À cela s’ajoute la détermination des militants anti-avortement dont la présence quotidienne aux alentours de la clinique rend l’ambiance tendue, sinon dangereuse. Pour faire face à cette pression constante, Claudia fréquente un sympathique dealer d’herbe, Timmy, qui compte parmi ses clients un jeune homme introverti et solitaire. Sur une plateforme en ligne, ce dernier se met au service d’un gourou pro-vie qui commence à développer une fixation sur Claudia.Poignant, juste et d’une actualité brûlante, Mercy Street explore les ambiguïtés et les failles d’une société au bord de l’explosion. Un livre salué par l’enthousiasme de Richard Ford “Jennifer Haigh est la meilleure romancière de notre époque” dit-il.
À lire – Jennifer Haigh, Mercy Street, trad. de l’anglais (États-Unis) par Janique Jouin-de Laurens, éd. Gallmeister, 2023.