Entendez-vous l'éco ?

Vincent Charlet, économiste et délégué général de La Fabrique de l'industrie, discute des compromis nécessaires entre ambition climatique et compétitivité de l'UE. Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politiques énergétiques, analyse les enjeux des négociations et les mécanismes des crédits carbone. Lucas Chancel, économiste et spécialiste des inégalités, met en lumière le lien entre énergie, accessibilité sociale et les tensions historiques autour de ce bien essentiel. Ils évoquent aussi les leçons des privatisations et la nécessité d'un contrôle public pour éviter les inégalités.

Lucas Chancel, économiste et professeur à Sciences Po, explore les enjeux de l'inégalité face à l'énergie, un bien essentiel. Il discute de l'absence de sécurité sociale de l'énergie, des tensions entre bien public et rente énergétique, et des implications des privatisations. Chancel évoque également l'héritage des économistes comme Malthus et Ricardo sur la répartition des ressources. En fin de compte, il souligne l'importance d'une gestion publique pour garantir l'accès à tous et le rôle crucial de l'État dans l'investissement.

L'Allemagne fait face à une désindustrialisation devant la concurrence chinoise. La suppression de 13 000 postes chez Bosch illustre ce déclin. Le choc énergétique lié à la guerre en Ukraine augmente encore les coûts. Les discussions sur le libre-échange s'intensifient, avec des voix pour et contre, et le Mittelstand appelle à des droits de douane contre la Chine. Un retour vers le protectionnisme rappelle les choix de Bismarck au XIXe siècle. Ainsi, l'économie et la politique s'entrelacent dans ce défi moderne.

Vincent Charlet, économiste et délégué général de La Fabrique de l'industrie, et Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politiques énergétiques à l’Institut Jacques Delors, analysent le compromis européen visant une réduction de 90 % des émissions de CO2 d'ici 2040. Ils évoquent les concessions liées à la compétitivité, la complexité des négociations dues aux crises actuelles et l'impact de l'opinion publique sur les priorités climatiques. Charlet souligne le besoin d'un réalisme face aux engagements passés, tandis que Nguyen explore les effets des normes sur l'industrie.

Annabelle Grelier, journaliste spécialisée, explore la liaison entre la concentration des richesses et la crise climatique. Elle révèle que les ultra-riches sont responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre, tout en expliquant que les plus pauvres subiront 74% des pertes climatiques d'ici 2050. Grelier aborde le lobbying des investisseurs sur les politiques climatiques et met en garde contre le financement privé de la transition, qui pourrait aggraver les inégalités déjà présentes.

Karine Nishimura, correspondante de Radio France à Tokyo, partage des détails fascinants sur la politique du travail au Japon. Elle explore comment la Première ministre Sanae Takaichi veut conforter l'image de travailleurs acharnés, au détriment de l'équilibre vie pro/vie perso, avec un soutien populaire fort. Karine aborde la pénurie de main-d'œuvre touchant divers secteurs, les défis d'intégration des travailleurs étrangers, et le plan technologique pour compenser le manque de personnel. Les heures supplémentaires pourraient également être augmentées, remettant en question le futur du travail.

Timothée David, économiste, démystifie l’idée que la dette de l’État peut être comparée à celle d'une famille. Il explique que l'État a une existence illimitée et finance sa dette par un réemprunt constant. Contrairement aux ménages, l'État peut déterminer ses recettes via des impôts. La discussion aborde aussi le risque de défaut et les conséquences d'un marché qui refuse de prêter, en s'appuyant sur la crise grecque. David souligne enfin que la dette peut être acceptable si elle finance des investissements, et évoque les débats entre économistes sur cette analogie.

Bruno Duvic, correspondant à Rome, dévoile les conditions de travail alarmantes dans l'agriculture italienne. Sylvia Guaraldi, responsable syndicale, révèle les pratiques d'exploitation dans la récolte de tomates et le secteur viticole. Marco Omizzolo, sociologue spécialiste des agro-mafias, explique le rôle des trafiquants dans le recrutement international de travailleurs. Ensemble, ils discutent des caporaux, des fraudes liées aux dispositifs d'immigration et de l'implication criminelle dans la filière agricole.

Catherine Pétillon, journaliste économique, et Pierre Madec, économiste à l'OFCE, examinent les conséquences du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Ils discutent d'une augmentation alarmante de la pauvreté et des inégalités. Pierre met en lumière comment les nouvelles franchises médicales aggravent la situation des plus fragiles en les poussant à renoncer aux soins. Catherine dénonce également l'absence de mesures pour le médico-social, laissant certaines populations en difficulté sans soutien adéquat.

Alain Supiot, professeur émérite au Collège de France et spécialiste du droit social, explore le rôle crucial de l'État social dans notre société. Il aborde la nécessité de protéger les plus pauvres et l'importance historique des droits liés aux accidents du travail. Supiot discute des limites du marché, en s'inspirant de Polanyi, et analyse les variations des modèles sociaux à travers le monde. Il propose de redonner au droit social son pouvoir face au néolibéralisme et souligne l'impact de la numérisation sur la liberté au travail.