
Le Nouvel Esprit Public
Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
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Latest episodes

Jun 23, 2024 • 1h 2min
Décompositions, recompositions
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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en Public à l’École alsacienne le 23 juin 2024.
Avec cette semaine :
Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.
Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.
Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.
DÉCOMPOSITIONS, RECOMPOSITIONS
La dissolution a provoqué diverses ondes de choc. A droite, Les Républicains (LR) se trouvent écartelés entre les partisans d’une alliance avec le Rassemblement national (RN), les tenants de l’indépendance ou les défenseurs du ralliement au camp macroniste. A gauche, les principaux partis ont annoncé, le 13 juin, après plusieurs jours d’intenses négociations, un accord sur les candidatures et le programme commun d’un « nouveau front populaire ». Les macronistes tentent de s’accorder avec la droite modérée en nouant des accords localement, pour faire barrage ici au Rassemblement national, là au Nouveau Front populaire. Edouard Philippe, président d’Horizons, essaie d’avancer ses pions et de marquer sa différence en travaillant à la construction d’une « majorité parlementaire » dans la prochaine Assemblée, qui irait « de la droite conservatrice aux sociaux-démocrates ». Vendredi, il déclarait « c’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle » en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale. Le contraste est très fort entre la condamnation quasi unanime de cette décision par la classe politique et les médias, et ce qu'en disent les Français. Dans un sondage réalisé par Opinionway les 17 et 18 juin, la moitié d'entre eux jugent la décision d'Emmanuel Macron justifiée. La gauche y est la plus opposée, bien qu'une proportion de 40% la juge tout de même justifiée.
L’offre électorale proposée a beau avoir été simplifiée, avec la consécration de trois blocs aux visions du monde antagonistes, les nouvelles alliances électorales et les positionnements fluctuants noués lors de cette campagne de12 jours - la plus courte de la Ve République– rendent difficile la compréhension du jeu électoral. D’autant que le code électoral permet, pour les élections législatives, des triangulaires ou des quadrangulaires au second tour : tous les candidats dépassant 12,5 % des inscrits pouvant se maintenir au second tour. Dans ce paysage, les sondages donnent le RN est en position de force. Selon celui d’Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio, publié jeudi, l'alliance entre le RN et la frange de LR partie avec Éric Ciotti récolterait 34 % des voix au premier tour le 30 juin, soit cinq points devant l'alliance de gauche, le Nouveau Front populaire, estimée à 29 %. Le camp macroniste est estimé à 22 %, soit une remontée par rapport à la plupart des études d'opinion publiées depuis la dissolution. Enfin, les Républicains - hors alliance avec le RN - stagnent à 6 % des voix, tandis que Reconquête ne récolterait que 2 % des scrutins. Selon cette étude, la participation au premier tour serait par ailleurs estimée à 64 %, contre 53,7 % en 2022.
« Les lignes politiques ont plus bougé en sept jours qu’en sept ans », observe Raphaël Llorca, expert associé à la Fondation Jean Jaurès. Cette dissolution a pour effet principal de fragmenter un peu plus un système partisan dominé, selon l’expression du politiste Rémi Lefebvre, par les « partis personnels » depuis 2017 (Renaissance autour d’Emmanuel Macron, LFI et Jean-Luc Mélenchon, le RN et Marine Le Pen…).Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Jun 19, 2024 • 34min
Bada : Elaine Meric, directrice de théâtre et recycleuse de décors
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Une conversation entre et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 30 septembre 2022.
Elaine Meric co-dirige le théâtre de l’Aquarium à la Cartoucherie de Vincennes, et a mis en place un système de ressourcerie et de recyclage des éléments de scénographie, qu’elle explique à Philippe Meyer dans ce bada. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Jun 16, 2024 • 1h 1min
L’Union européenne sort-elle indemne de l’épreuve ? / L’ascension du RN est-elle résistible ?
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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 14 juin 2024.
Avec cette semaine :
Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Michel Eltchaninoff, rédacteur en chef du mensuel Philosophie Magazine.
Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.
Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.
L’UNION EUROPÉENNE SORT-ELLE INDEMNE DE L’ÉPREUVE ?
Un Parlement européen solidement ancré à droite, avec, à l’extrême droite, des rangs plus nourris que dans la précédente législature, même s’ils sont pour l’instant répartis en groupes hétéroclites : tel est le tableau présenté par les élections qui se sont déroulées du 6 au 9 juin dans les vingt-sept pays de l’Union européenne. Le Parti populaire européen, qui rassemble les élus conservateurs et de centre droit, reste le groupe le plus puissant, tandis que les sociaux-démocrates perdent du terrain et que les partis verts et libéraux accusent un net recul, au profit de la droite radicale. Un examen géographique offre cependant une autre grille de lecture. La montée de l’extrême droite est spectaculaire en Europe de l’Ouest. Elle s’installe comme force politique dans les trois plus grands pays, tous trois membres fondateurs de l’Union : la France est le cas le plus frappant, avec des scores cumulés qui frisent 40 % des voix pour le Rassemblement national et les autres formations de droite radicale. Mais en Italie aussi, le parti Fratelli d’Italia est arrivé en tête, confortant la présidente du conseil, Giorgia Meloni. Beaucoup plus radicale, l’AfD fait une percée en Allemagne, en particulier dans les Länder de l’Est (40 % des voix en Saxe), même si elle n’arrive que derrière la CDU-CSU au niveau fédéral. En Autriche, le FPÖ est en tête. En Belgique, les nationalistes ont infligé une lourde défaite au gouvernement ; seul contraste, le parti d’extrême droite de Geert Wilders a été battu par la gauche aux Pays-Bas. En revanche, les partis d’extrême droite et leur version illibérale d’Europe centrale postcommuniste ont reculé en Scandinavie : en Suède, au Danemark et en Finlande et dans une zone géographique qui apparaissait comme leur berceau : en Pologne, en Slovaquie ou en Hongrie.
Si mathématiquement, la droite radicale ne dispose pas d'une minorité de blocage dans la nouvelle assemblée, elle est en mesure de faire peser ses idées sur le climat, les migrations, l'élargissement de l'UE, le budget et l'État de droit Les contre-performances des écologistes dans les grands pays de l'UE qui envoient le plus grand nombre d'électeurs à Strasbourg - le groupe passerait de 71 à 53 voix - pèseront sur le « pacte vert » et la décarbonation de l'UE.
Les prochaines étapes seront du 16 au 19 juillet : l'élection du président du Parlement européen ; à partir de septembre : l'élection de la présidence de la Commission européenne ; en octobre-novembre : l'élection des commissaires européens ; le 1er décembre : élection du président du Conseil européen.
L’ASCENSION DU RN EST-ELLE RÉSISTIBLE ?
Dimanche 9 juin, en France, la liste du Rassemblement national aux élections européennes (RN) a obtenu 31,7% des voix. Le RN engrange deux fois plus de voix (14,6%) que la majorité présidentielle. Jordan Bardella donne à son parti son meilleur score à des élections européennes, supérieur de 8 points à celui de 2019. Cette victoire constitue une étape supplémentaire vers la conquête de l'Elysée en 2027, espèrent les stratèges du parti que de nouvelles élections législatives pourraient à nouveau conforter dans les urnes. Depuis plusieurs mois, les dirigeants du RN assuraient se préparer à cette éventualité, auditionnant des candidats dans le cadre d'un « Plan Matignon » destiné à être activé en cas de dissolution. « Le vote Bardella est devenu multi-classes, multi-territoires, multi-générations », indique Vincent Tiberj, sociologue et professeur à Sciences Po Bordeaux. Renforçant ses bases, les votes des ouvriers et des employés, le parti lepéniste est « en progression chez les cadres, les retraités, les catholiques et les électeurs de droite classique », soit « des catégories qui refusaient, moralement, et en termes de compétences, de voter pour ce parti ». Autres progressions notables, selon une analyse de l’institut Ipsos : la liste Bardella gagne neuf points chez les moins de 25 ans, passant de 15 % en 2019 à 26 % des voix en 2024, et dix points dans l’électorat féminin (de 20 % des voix en 2019 à 30 % aujourd’hui). Les scores inhabituellement élevés du RN dans certaines régions, comme la Bretagne, illustrent ces différentes percées. Après s’être implanté, dans les années 2000, dans des territoires historiques de la gauche, au Nord, à l’Est et dans le Sud, le RN écrase désormais l’autre grande famille politique dans des zones fortes que sont le Sud-Est, le Grand-Est ou la Bourgogne.
De ce score, le président de la République a déduit la nécessité de dissoudre l'Assemblée nationale. À gauche comme à droite, petites négociations et grandes manœuvres sont lancées pour définir, en urgence, une stratégie de campagne pour les législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet. La gauche propose un Front populairedont la constitution et le programme ont jusqu’à présent laissé sur la touche Raphaël Glucksmann bien que sa liste ait fait presque fait jeu égal avec celle de Renaissance. LFI, malgré un score plus faible de moitié, ne semble en pâtir ni dans la distribution des candidatures, ni dans l’élaboration du programme.
Le patron de Les Républicains, Éric Ciotti a provoqué une tempête chez les siens en appelant, mardi, à rejoindre Marine Le Pen. La tête de liste LR, François-Xavier Bellamy, après s’être dressé contre Ciotti a déclaré qu’entre le RN et LFI, il choisirait le RN.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Jun 12, 2024 • 21min
Bada : Gilles Taquet, directeur de galerie (2/2)
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Une conversation entre Gilles Taquet et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 31 mai 2024.
Épisode 2 :
Dans ce deuxième épisode consacré à la galerie Roger-Viollet et à son directeur Gilles Taquet, notre invité évoque l’actualité de la galerie. Son activité d'exposition est récente : aussi permet-elle à un public varié de découvrir ses collections. Mais cette facette n’a pas remplacé son activité première : particuliers comme professionnels poussent la porte du magasin pour y acheter des clichés qu’on ne saurait trouver ailleurs.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Jun 9, 2024 • 59min
Thématique : Emmaüs, avec Tarek Daher
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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 12 avril 2024.
Avec cette semaine :
Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France.
Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.
Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.
EMMAÜS
Tarek Daher, vous êtes délégué général d’Emmaüs France. Diplômé de Sciences Po et des universités Paris I et Dauphine, vous débutez votre carrière dans le domaine du conseil, notamment sur les politiques publiques d’emploi et de formation professionnelle et sur les questions d’aménagement du territoire. Vous dirigez ensuite le Mouvement des Régies sept ans durant : il rassemble 130 associations, 10 000 salariés et 2 500 bénévoles intervenant principalement dans les quartiers populaires et le monde rural. Vous êtes un familier de l’économie sociale et solidaire et c’est en tant que tel qu’en 2023, vous êtes recruté par Emmaüs pour y diriger l'activité française.
Le Mouvement Emmaüs, fondé par l’abbé Pierre en 1949, compte aujourd’hui 300 structures indépendantes en France. Les communautés Emmaüs, longtemps des espaces de non droit, sont aujourd’hui très nombreuses et les compagnons au nombre de 5.000. Emmaüs fonctionne en autonomie et ne reçoit pas de subvention : aussi porte-t-elle toujours son projet originel, celui de l’accueil inconditionnel. Dans l’association, une valeur prime, celle du travail.
Parmi les activités du mouvement, des fermes pour réinsérer les détenus en leur offrant, pour la dernière année de leur peine, une période de travail salarié et responsable. L’action sociale de la Fondation Abbé Pierre, pour aider au logement des défavorisés, les SOS Familles Emmaüs qui luttent contre le malendettement des ménages en situation de précarité. Enfin, Emmaüs Solidarité coordonne à la fois accueils de jour et hébergements généralistes et spécialisés : centres d’hébergement d’urgence et de stabilisation, maisons relais, pensions de famille, centres d’hébergement et de réinsertion sociale et centre d’accueil pour demandeurs d’asile.
Depuis l’Abbé Pierre, Emmaüs n’a pas cessé d’évoluer. Quels sont à vos yeux les points principaux de cette évolution et comment Emmaüs s’inscrit-il dans cette économie sociale et solidaire qui représente 10% du PIB ?Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Jun 5, 2024 • 17min
Bada : Gilles Taquet, directeur de galerie (1/2)
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Une conversation entre Gilles Taquet et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 31 mai 2024.
Épisode 1 :
Nous recevons pour ce nouveau Bada Gilles Taquet, directeur de la galerie Roger-Viollet. Au cours de ce premier épisode, notre invité expose les débuts de ce qui était auparavant une agence, son histoire singulière et en particulier celle de ses fondateurs, Hélène Roger-Violet et son mari Jean Fischer. Gilles Taquet nous apprend également l’ampleur de la singulière boutique rue de Seine qui détient aujourd'hui plus de six millions de photographies.
Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Jun 2, 2024 • 1h 2min
Israël/Palestine : que doit vouloir et que peut faire la France ? / Évolutions du texte sur la fin de vie
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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 31 mai 2024.
Avec cette semaine :
Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique.
Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l’Intérieur.
Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.
ISRAËL/PALESTINE : QUE DOIT VOULOIR ET QUE PEUT FAIRE LA FRANCE ?
En 1974, la France, pionnière sur la question israélo-palestinienne, s'est prononcée en faveur de l'admission de l'Organisation de libération de la Palestine à l'ONU en tant que membre observateur. En 1982, François Mitterrand a été le premier président à exprimer devant le parlement israélien, la Knesset, le projet de création d'un État palestinien. La France a par la suite voté en faveur du statut d'État observateur non-membre aux Nations unies en 2012, et en faveur du déploiement du drapeau palestinien à l'ONU en 2015. Comme on le lit sur le site du ministère des Affaires étrangères : Paris s'en remet aux résolutions adoptées au sein de l'ONU, et défend donc « une solution à deux États (résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations unies), une solution juste pour les réfugiés (résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies), la fin de l'occupation israélienne (résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies) et la préservation du statut de Jérusalem (résolutions 476 et 478 du Conseil de sécurité des Nations unies) ». La page a été mise à jour pour la dernière fois en 2020.
Le 18 octobre dernier, la France a été un des seuls pays occidentaux du Conseil de sécurité des Nations unies à voter le projet porté par le Brésil, d’une résolution condamnant l'attaque terroriste du Hamas, exigeant la libération des otages, mais aussi l’ouverture urgente d'un accès humanitaire et le rappel de la perspective de la création des deux États. La France a également voté les résolutions présentées par les Émirats arabes unis pour accorder de nouveaux droits à l'État « observateur » de Palestine au sein des Nations unies.
Le 21 mai, la France a apporté son soutien à la demande du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’un mandat d’arrêt contre le premier ministre de l’État hébreu, Benyamin Nétanyahou, et Yoav Gallant, son ministre de la Défense, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas. Cependant, « ces demandes simultanées ne doivent pas créer d'équivalence entre le Hamas et Israël, a expliqué le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. D'un côté, vous avez un groupe terroriste qui s'est félicité des attaques du 7 octobre. Et de l'autre côté, vous avez un état démocratique qui doit respecter le droit international ».
En revanche, à l’Assemblée nationale, l’initiative du député MoDem du Loiret Richard Ramos de transformer le groupe d’études à vocation internationale France-Palestine en groupe d’amitié a été rejeté le 15 mai. Et si, le 22 mai, la Norvège, l'Irlande et l'Espagne ont reconnu l'État palestinien, rejoignant les 139 pays qui ont déjà reconnu cet État (sur les 193 que compte l’ONU), la France a refusé de se joindre à ce mouvement. Le chef de la diplomatie française a estimé que la décision, quoique « non tabou », devait « intervenir au bon moment » et « permettre une avancée décisive sur le plan politique ». Dans un tweet, il a rappelé « les priorités de la France : libération immédiate des otages, cessez-le-feu, aide humanitaire massive et deux États vivant en paix et en sécurité ».
EVOLUTIONS DU TEXTE SUR LA FIN DE VIE
Le projet de loi relatif à « l'accompagnement des malades et de la fin de vie » a été présenté le 10 avril 2024 en Conseil des ministres. Il est articulé autour de trois grands axes : l'aide à mourir à proprement parler, les soins palliatifs et l'accompagnement, les droits des patients et de leurs aidants. Le 17 mai, au terme d'une intense semaine de débats, le texte a été approuvé à main levée par une commission spéciale. Débattu dans l'hémicycle depuis lundi, le texte comprend des critères d’accès à l’aide à mourir élargis à la faveur d’amendements portés en commission par la gauche, mais aussi par une partie des députés de la majorité présidentielle. La formulation du critère selon lequel, le patient devra être atteint d'une pathologie incurable qui menace ses jours « à court ou moyen terme » a fait l'objet de critiques de spécialistes de la fin de vie, car jugée trop floue. Elle a été réécrite par les députés de la commission spéciale qui ont préféré la notion d'affection « en phase avancée ou terminale ». Ce changement rend éligibles à l’aide à mourir des personnes atteintes d’affections incurables dont l’espérance de vie peut être de plusieurs années. C’est le cas de certaines maladies neurodégénératives. « Cela peut conduire à inclure de nombreuses pathologies non mortelles qui sortent de la philosophie du projet de loi. Le gouvernement proposera donc d’y revenir », a indiqué le Premier ministre Gabriel Attal, dans La Tribune dimanche. En revanche, les quatre autres critères encadrant le droit à l’aide à mourir demeurent inchangés. Il faut être majeur, résider en France ou être de nationalité française, être capable d'exprimer ses dernières volontés avec discernement et souffrir de douleurs insupportables ou réfractaires au traitement.
Sur l’autre volet du projet de loi, qui prévoit le développement des soins palliatifs, le gouvernement s’est voulu rassurant. La ministre de la Santé, Catherine Vautrin a rappelé que 1,1 milliard d’euros supplémentaires sur dix ans seront consacrés au secteur financé à hauteur de 1,6 milliard d’euros.
Plusieurs sondages décrivent des Français majoritairement favorables à la légalisation d'une forme d'aide à mourir. L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité a salué l’avènement du projet de loi. La gauche également, ainsi que la majorité des députés macronistes. Le monde médical est divisé. Plusieurs associations de soignants se déclarent contre le texte et les opposants au projet les plus virulents demeurent les équipes de soins palliatifs. Les évêques français se sont prononcés contre le projet. Compte-tenu de la sensibilité du sujet, tous les groupes de l’Assemblée nationale laisseront à leurs membres la liberté de vote. Le Parti socialiste, les écologistes et les députés « insoumis » ont annoncé leur volonté de poursuivre l’assouplissement du texte au cours des débats, qui doivent durer quinze jours au Palais-Bourbon. La procédure d’urgence n’ayant pas été demandée, les allers-retours entre députés et sénateurs peuvent durer des mois.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

May 29, 2024 • 57min
Bada : Nouvelle-Calédonie, avec Jean-François Merle
Cette émission est une rediffusion.
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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 15 décembre 2021.
Avec :
Jean-François Merle, conseiller d’Etat honoraire et ancien collaborateur de Michel Rocard.
Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.
Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit.
Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.
NOUVELLE-CALÉDONIE : UNE PAGE MAL TOURNÉE
Le 12 décembre 2021, les habitants de Nouvelle-Calédonie ont été appelés pour la troisième fois à s’exprimer par référendum sur l’indépendance de leur île. Située à 1 400km à l’Est de l’Australie, elle est une collectivité d’Outre-Mer française à statut particulier. Le territoire a conservé des séquelles de sa colonisation, fracturé entre d’un côté au nord et dans les îles Loyauté des populations indigènes kanakes, principale force indépendantiste, et au sud une large majorité de « Caldoches », descendants d’Européens, fournissant le gros des forces loyalistes. L’opposition historique entre ces deux camps a dégénéré et basculé dans le sang au cours des années 80, avant d’aboutir à la négociation, puis aux accords de Matignon-Oudinot en 1988 dont les visées étaient de pacifier les relations en entamant un processus d’émancipation. Dix ans plus tard, l’accord de Nouméa accordait une relative autonomisation à ces îles du Pacifique, en les dotant d’institutions propres et en leur promettant trois referendums sur leur indépendance dans les vingt ans. Si au cours des deux précédentes consultations, en 2018 et 2020, une majorité de Calédoniens a voté en faveur d’un maintien dans la République, l’écart s’est progressivement réduit et le « non » à la question « Voulez- vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » ne l’a emporté l’an dernier qu’à 53,3% des voix. (56,4% en 2018).Le référendum du 12 décembre s’est traduit par un non à l’indépendance à 96,49% des voix et 3,4% de oui. Ses suites sont frappées d’incertitudes diverses en raison d’un appel au boycott d’une majorité des mouvements indépendantistes, qui souhaitaient un report du scrutin en arguant d’une situation sanitaire ne permettant pas le déroulement optimal de la consultation. Cet appel a été largement suivi puisque le taux de participation s’est établi à 43,90% cette année, contre près de 86% lors de la dernière consultation en 2020. Autant d’éléments qui complexifient les négociations nécessaires à la définition d’un nouveau statut pour le Caillou.L’île est placée au cœur de tensions entre la Chine et ses voisins en Asie, à la fois pour ses ressources, dans la mesure où elle concentre 15% des réserves mondiales de nickel, et son emplacement privilégié en Océanie, alors que l’Empire du Milieu tisse progressivement des liens par ses Nouvelles Routes de la Soie vers l’Europe.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

May 26, 2024 • 59min
L’Ukraine à la peine / Nouvelle-Calédonie : la tourmente
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Avec cette semaine :
Nicolas Baverez, essayiste et avocat.
Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.
Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.
L’UKRAINE À LA PEINE
La Russie a lancé le 10 mai une offensive surprise contre Kharkiv, deuxième ville du pays, emportant de l'aveu de l'état-major ukrainien des « succès tactiques ». L’Ukraine a été prise de court, ses forces étant affaiblies par le manque d'armements et d'hommes, du fait notamment de la lenteur de l'aide européenne et de l'arrêt quasi-total pendant des mois de celle venant des États-Unis.
En visite à Kyiv, le 15 mai, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken a, pour la première fois, laissé entendre que les forces ukrainiennes pourraient frapper le territoire russe avec des armes fournies par les Etats-Unis. Depuis le début du conflit, les alliés de l’Ukraine étaient inflexibles : interdiction d’utiliser leurs missiles, drones ou obus pour bombarder des cibles situées hors du territoire souverain du pays. Seul le sol ukrainien – comprendre la Crimée et la partie du Donbass occupées par les Russes – pouvait être visé. Imposée par peur d’une escalade avec Moscou, cette restriction était respectée par Kyiv, qui dépendait trop des livraisons occidentales pour enfreindre la règle fixée par ses alliés. L’offensive lancée le 10 mai par Moscou dans la région de Kharkiv a changé la donne. Antony Blinken a également annoncé une aide militaire de 2 milliards de dollars pour renforcer les capacités de défense de l'Ukraine. Elle provient de l'enveloppe de 60 Mds de dollars en faveur de l'Ukraine, récemment approuvée par le Congrès américain après des mois de blocage. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rappelé que la défense aérienne constituait « le plus gros problème » de l'Ukraine, et son « plus grand déficit ». Selon lui, l'Ukraine aurait besoin de deux systèmes Patriot supplémentaires pour défendre Kharkiv. Les États-Unis ne sont pas les seuls à se mobiliser en faveur de l’Ukraine : le 13 mai, le chancelier allemand Olaf Scholz et ses homologues des pays nordiques ont appelé à renforcer d'urgence l'aide à l'Ukraine, alors que la France a annoncé la livraison à venir d'un nouveau lot de missiles Aster sol-air à Kyiv. Mardi, l’Union européenne a validé l'utilisation des revenus issus des avoirs russes gelés, soit 3Mds€ cette année dont 90% devraient aller aux forces armées ukrainiennes. Réunis depuis jeudi à Stresa en Italie, les ministres des finances du G7 discutent d'un plan américain visant à accorder à l'Ukraine jusqu'à 50 Mds de dollars de prêt garanti par les futurs bénéfices générés par les actifs russes immobilisés.
Selon le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Christopher Cavoli, la Russie n'aurait pas les forces suffisantes pour aboutir à une percée majeure dans son offensive en cours en Ukraine. Dimanche, l'état-major ukrainien affirmait que les attaques russes dans la région de Kharkiv avaient été « légèrement ralenties ». Toutefois l'Organisation mondiale de la santé a indiqué mardi que plus de 14.000 personnes ont été déplacées en raison des combats.
NOUVELLE-CALÉDONIE : LA TOURMENTE
Pillages, incendies, échanges de tirs... La Nouvelle-Calédonie est secouée depuis le 13 mai par des émeutes qui ont déjà fait six victimes et de considérables dégâts qui pèsent sur la vie quotidienne des populations. Elles vont avoir de lourdes conséquences pour l'économie locale déjà traversée par une grave crise du nickel, qui représente plus de 25% des emplois du « Caillou », et près de 20% de son PIB et qui a connu en 2023 une baisse de prix de 45%. Afin de rétablir l’ordre, le président de la République a annoncé l'état d'urgence, entré en vigueur le 15 mai à Nouméa. Il consiste en un couvre-feu nocturne, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool ainsi que l'interdiction de l’application TikTok.
La Nouvelle-Calédonie est devenue un Territoire d'outre-mer en 1946 et les Kanak ont obtenu la nationalité française, puis le droit de vote. Les violences qui ont opposé indépendantistes kanaks et loyalistes caldoches dans les années 1980, ont trouvé un apaisement en 1988 à travers les accords de Matignon négociés par Michel Rocard, accords qui organisaient un rééquilibrage économique et un partage du pouvoir politique. En 1998 l’accord de Nouméa a doté l'archipel d'un statut unique dans la République française reposant sur une autonomie progressive et sur trois référendums. Le premier, en 2018, voit le non à l'indépendance l'emporter à 56,7%, ce que confirme le deuxième, en 2020 (53,26% de non). En 2021 le non l'emporte à 96,5%, mais les indépendantistes contestent la validité du scrutin, marqué par une forte abstention (56,1 %) en pleine épidémie de Covid-19. Jusqu’à présent seuls les électeurs inscrits sur listes avant 1998 et leurs descendants étaient reconnus par le code électoral de Nouvelle-Calédonie pour les élections régionales. En votant un projet d’élargissement du corps électoral aux résidents depuis au moins dix ans, l’Assemblée nationale et le Sénat ont ouvert la voie à une réforme constitutionnelle qui devrait être approuvée par le Congrès. Les indépendantistes la rejettent, estimant qu'elle lèse le poids électoral du peuple autochtone Kanak. Quelque 271.400 habitants, selon le dernier recensement de 2019, vivent dans l'archipel. Parmi eux, 29% de la population est issue de la communauté européenne, dont les Caldoches, descendants des colons blancs. Les Kanak, premiers habitants du pays, sont progressivement devenus minoritaires sur l’archipel avec 41% de la population aujourd’hui, tandis que l’on compte 30 % d’habitants originaires d’îles du Pacifique ou répondant à la catégorie « autres ».
Jeudi à Nouméa, le chef de l’État, à défaut de retirer le projet de réforme du corps électoral, s’est engagé à ne pas le « passer en force ». En cas d’accord politique global, il souhaite que le projet soit soumis au vote des Néocalédoniens. Conditionnant la fin de l’état d’urgence à la levée des barrages, il a aussi annoncé la mise en place d’une « mission de médiation et de travail » pour remettre tous les acteurs politiques autour de la table, avec la promesse d’un État « impartial ».Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

May 22, 2024 • 46min
Bada « Si vous l’avez manqué » : Yves Jeuland, documentariste
Avec Yves Jeuland, réalisateur de documentaires : « Paris à tout prix »(sur les municipales de 2001) « Les Gens du Monde » (sur les journalistes du quotidien du soir), « Il est minuit, Paris s’éveille » (sur les cabarets de l’après-guerre), « Le Président » (sur Georges Frèche) «Un Temps de président », (sur François Hollande), « Un Français nommé Gabin », « Bleu blanc rose » (sur les espoirs et les désespoirs du monde homosexuel), « Charlie Chaplin, le génie de la liberté »... ces quelques titres d’un catalogue qui en compte plus de trente donnent une idée de l’éclectisme d’Yves Jeuland , réalisateur à qui chacun reconnaît une exceptionnelle capacité à se fondre dans le paysage humain qu’il filme et une curiosité qui conduit ses spectateurs d’étonnements en découverte et de découverte en compréhension. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.