

đ Calendrier de l'Avent 21/26 - U comme UrbanocĂšne
Il sâagit dâun concept dĂ©veloppĂ© par Neil Brenner en collaboration avec diffĂ©rents collĂšgues (dont Nikos Katsikis). Ce concept questionne lâĂ©tendue rĂ©elle des villes.
Lorsque nous lisons les statistiques officielles de lâONU, il ressort souvent que les villes occupent 3% de la surface terrestre et accueillent plus de la moitiĂ© de la population globale.
Mais la question Ă mille points est comment dĂ©finir ce quâest une ville et ce que ne lâest plus. Au niveau EuropĂ©en, Eurostat, dĂ©finit une ville comme un territoire densĂ©ment bĂąti, avec une population de plus 50 000 habitant.es et une administration politique associĂ©e.
Le problĂšme est que pour la majoritĂ© des villes dans le monde, cette dĂ©finition nâinclus quâune petite partie du territoire rĂ©ellement influencĂ© par les villes. Dans la majoritĂ© des cas, les banlieus des villes sâĂ©tendent au-delĂ des limites administratives. Les personnes qui viennent travailler et font tourner une ville (les personnes qui travaillent dans les soins, le nettoyage, la collecte des dĂ©chets, etc.) vivent souvent Ă plusieurs dizaines de kms de leur lieu de travail.
En quelques sortes, le territoire oĂč habitent ces travailleur.euses est un territoire servant ou fantĂŽme de la ville. MĂȘme si la ville nâest pas politiquement responsable de ce territoire elle lâinfluence directement. A cause de la ville, ce territoire se voit complĂštement transformĂ©.
Si nous poussons la rĂ©flexion plus loin, quels sont tous les territoires, Ă©cosystĂšmes et personnes qui sont mobilisĂ©s par les villes. Est-ce quâun champ qui nourrit une ville fait en quelque sorte partie de la ville ? Est-ce quâune carriĂšre qui extraie le sable et le gravier pour les constructions dâune ville est assimilĂ© par cette ville ? Etc. etc.
Au final jusquâoĂč sâĂ©tendent les villes et quelles devraient ĂȘtre les responsabilitĂ©s Ă©tendues dâune ville lorsquâelles viennent rĂ©ellement transformĂ©s tous les territoires proches et lointains (pensons Ă un champ de soja qui nourrit du bĂ©tail français pour nourrir un.e citadin.e français.e) ?
Si nous poussons la rĂ©flexion Ă lâextrĂȘme, existe-t-il rĂ©ellement des territoires qui sortent de lâemprise de lâurbain (câest-Ă -dire la ville construite, mais aussi son emprise de pouvoir et ses modes de vies associĂ©s) ? Est-ce que finalement la vie Ă la campagne et tellement diffĂ©rent de celle de la ville, sachant que nous achetons des produits similaires en ayant des habitudes pas si diffĂ©rentes ?
Une fois ce constat fait que nous apprend rĂ©ellement ce concept ou que pouvons nous faire avec celui-ci. En effet, lâidĂ©e nâest pas juste de dire que tout est urbain et nous sommes tou.tes quelque part urbain. Pour moi, ce concept nous appelle Ă se poser rĂ©ellement la question de la gouvernance des ressources, des terres, des emplois au niveau local, national et international. Lors des Ă©pisodes sur lâĂ©change inĂ©gal et de la gĂ©opolitique des ressources, nous avions soulignĂ© quâil faudra trouver des modalitĂ©s justes pour partager les ressources tout en tenant compte du passĂ© colonial mais aussi de lâoppression des villes sur les campagnes.
Vu quâil existe une relation de la poule et de lâoeuf entre les villes et lâĂ©conomie nĂ©olibĂ©rale, nous pouvons nous poser la question Ă quoi ressembleront les territoires qui Ă©changent de maniĂšre juste avec leurs voisins. Est-ce quâun territoire qui abrite plus de 100 000 personnes ou 1 000 000 de personnes est par dĂ©finition un territoire injuste qui approprient des ressources proches et lointaines ?
Il est sĂ»r que les villes dâaujourdâhui nous laissent penser ceci. Mais est-ce une fatalitĂ© ? Une chose est sĂ»r, si nous rĂ©duisons notre demande de ressources et nous relocalisons en partie cette demande, ces Ă©changes pourront ĂȘtre plus apaisĂ©s.
Allez Ă demain pour la lettre V â
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