Hélène Sallon, correspondante du Monde au Liban et experte de la Syrie, explore la transition politique en Syrie après la chute de Bachar Al-Assad. Elle aborde les défis de sécurité du nouveau pouvoir mené par Ahmed Al-Charaa, s'interrogeant sur sa capacité à établir un gouvernement inclusif. Les ambitions contradictoires d'Al-Charaa pour une démocratie et les tensions entre communautés sont mises en lumière. Enfin, Sallon évoque les droits des femmes et des minorités dans ce contexte de changement.
La Syrie connaît un mélange complexe de joie et de douleur après la chute de Bachar Al-Assad, marquée par des pertes humaines persistantes et une célébration de la liberté d'expression.
La transition politique en Syrie, sous Ahmed Al-Charaa, est incertaine et nécessite un recensement avant d'envisager de réelles élections dans trois à quatre ans.
Deep dives
Ambiance de liberté et de tristesse en Syrie
L'ambiance en Syrie, un mois après la chute de Bachar Al-Assad, est marquée par un mélange d'euphorie et de tristesse. Bien que la population célèbre la libération après des décennies de dictature, la joie est atténuée par le souvenir des disparus et des victimes de la guerre. Près de 4000 personnes ont été libérées des prisons, mais beaucoup d'autres restent introuvables, suscitant une douleur persistante au sein des familles. Ce contexte complexe crée une atmosphère où la liberté d'expression est célébrée, mais où la réalité des pertes humaines reste au cœur des préoccupations collectives.
Défis de la sécurité et réorganisation militaire
La sécurité en Syrie est devenue un défi urgent avec l'effondrement des forces d'Assad, nécessitant la mise en place d'une nouvelle armée sous l'égide de Hayat Tahrir al-Sham. Le nouveau ministre de la Défense est chargé de créer cette armée, avec un processus de démobilisation pour les anciens soldats d'Assad. Bien que des quartiers de Damas aient été sécurisés, la présence policière et militaire reste insuffisante, laissant encore des zones vulnérables au chaos. La reconstruction de la sécurité est donc une priorité absolue pour le nouveau régime, tout en cherchant à intégrer les anciennes forces dans la nouvelle structure.
Une transition politique incertaine
La transition politique en Syrie est actuellement marquée par une grande incertitude, avec un agenda qui reste flou pour les prochaines élections. Ahmed al-Shara, le nouveau leader, évoque une période d'attente qui pourrait aller jusqu'à trois ou quatre ans avant la tenue de véritables élections, en raison de la nécessité d'un recensement de la population déplacée. Parallèlement, il propose une conférence de dialogue national pour impliquer diverses factions et représentations, mais mettre en œuvre cela s'avère compliqué par le manque de connaissance des dynamiques sociopolitiques syriennes. La communauté internationale observe de près ces évolutions, cherchant une réelle ouverture de la part des nouvelles autorités.
Après la joie de la libération, les Syriens oscillent désormais entre espoir et craintes. Cela fait maintenant plus d’un mois que le dictateur Bachar Al-Assad a été chassé du pays par une coalition menée par les rebelles du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC).
Le nouveau dirigeant, Ahmed Al-Charaa, s’est engagé à mener une transition démocratique. Un défi d’autant plus grand que le pays est morcelé après plus de dix ans de guerre. Pour l’heure, il s’est entouré de proches, anciens djihadistes et technocrates conservateurs. Alors, peut-on croire à la volonté affichée par HTC de mettre en place un Etat de droit ? Les nouveaux ministres ont-ils déjà pris des décisions importantes ? Et qu’en est-il des droits des femmes et des minorités religieuses ?
Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Hélène Sallon, correspondante du Monde au Liban et envoyée spéciale à Damas, dresse le portrait des nouveaux détenteurs du pouvoir en Syrie et nous raconte les dessous de cette transition politique historique.
Un épisode de Claire Leys. Réalisation : Florentin Baume. Suivi éditorial : Adèle Ponticelli. Présentation : Jean-Guillaume Santi. Musiques : Amandine Robillard et Epidemic Sound.